Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/André-des-Arts (rue Saint-)

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André-des-Arts (rue Saint-).

Commence à la rue de la Vieille-Bouclerie, no 2, et à la place du Pont-Saint-Michel, no 52 ; finit aux rues de l’Ancienne-Comédie, no 1, et Dauphine, no 65. Le dernier impair est 79 ; le dernier pair, 80. Sa longueur est de 422 m. — 11e arrondissement, quartier de l’École-de-Médecine.

Le territoire de Laas, couvert de vignes, fut aliéné en 1179, par Hugues, abbé de Saint-Germain-des-Prés, à la charge d’y construire des maisons. Plusieurs rues furent promptement ouvertes. L’une d’elles, qui touchait à l’oratoire de Saint-Andéol prit le nom de Saint-Andéol-de-Laas, dont on fit bientôt Saint-André-de-Laas. — En 1332, cette voie publique s’appelait rue Saint-Germain-des-Prés. Depuis, on la nomma rue Saint-André-des-Arts.

La partie de cette voie publique comprise entre les rues de la Vieille-Bouclerie et Mâcon fut appelée, au XVe siècle, rue de la Clef, en raison, dit Sauval, de Perrinet-le-Clerc, qui jeta les clefs de la ville par dessus la porte Buci, pour favoriser l’entrée des Bourguignons dans Paris. — Une décision ministérielle du 19 pluviôse an VIII, signée L. Bonaparte, fixa la moindre largeur de cette voie publique à 10 m. — Cette largeur est portée à 12 m. en vertu d’une ordonnance royale du 6 mai 1836. — Une autre ordonnance royale du 21 novembre 1837, a déclaré d’utilité publique l’exécution immédiate de l’alignement de la partie de cette rue comprise entre la place Saint-André-des-Arts et celle du pont Saint-Michel ; en conséquence, la ville de Paris a été autorisée à acquérir à l’amiable ou par voie d’expropriation, les maisons du côté gauche de ladite rue, portant les nos 5, 7, 11, 13, 15, 17, 19, 21, 23, 25 et 27. Cette amélioration a été complètement exécutée en 1841. Outre ces propriétés, celles qui portent les numéros ci-après sont alignées : 71, 73, 75 ; 2, 18, 20, 22, 24 et 30. — Égout depuis la place du pont Saint-Michel jusqu’à la rue Git-le-Cœur. — Conduite d’eau depuis la place du pont Saint-Michel jusqu’à la rue de l’Éperon. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).

La porte Buci était située dans la rue Saint-André-des-Arts, près celle Contrescarpe. Sa construction, commencée en 1209, n’était pas encore terminée lorsque Philippe-Auguste la donna à l’abbaye Saint-Germain-des-Prés, en dédommagement des terrains qu’il avait fallu prendre à ces religieux pour la construction de la nouvelle enceinte de Paris. Elle fut appelée porte Saint-Germain jusqu’en 1352. À cette époque, Jean, abbé de Saint-Germain-des-Prés, la vendit à Simon de Buci, premier président au Parlement. Elle acquit, au commencement du XVe siècle, une triste célébrité par la trahison de Perrinet-le-Clerc. Quelques Parisiens, excités par la faction de Bourgogne, allèrent secrètement, au nombre de sept ou huit, trouver à Pontoise le seigneur de l’Isle-Adam, gouverneur de cette ville pour le duc de Bourgogne et convinrent avec lui du jour, de l’heure et du lieu où ce commandant se présenterait sous les murs de Paris, avec toutes les troupes qu’il pourrait réunir. Dans la nuit du 28 au 29 mai 1418, l’Isle-Adam, suivi de huit cents soldats, arrive sans être aperçu jusqu’à la porte Buci. Perrinet-le-Clerc, qui a dérobé à son père la clef de cette porte, introduit les Bourguignons. Ces derniers, que l’obscurité favoris, s’avancent en silence jusqu’au Châtelet. Là, douze cents Parisiens les rejoignent ; alors de concert, ils s’écrient : Nostre-Dame-la-Paix !… Vive le Roi !… Vive le Dauphin ! Les séditieux, dont le nombre s’accroît à chaque instant, se portent en fureur à l’hôtel Saint-Paul, en brisent les portes, pénètrent jusqu’au roi. Ce malheureux prince, dont les chagrins avaient augmenté la folie, les regarde d’un air insouciant, et ne sait pas répondre aux questions qui lui sont adressées. Ne pouvant rien en tirer, les conjurés le jettent sur un cheval et vont le montrer au peuple.

À la nouvelle de ce malheur, le connétable d’Armagnac se réfugie rue des Bons-Enfants, chez un maçon qui eut la lâcheté de le livrer. — Tanneguy-Duchâtel, prévôt de Paris, parvient à sauver le Dauphin, le transporte à la bastille Saint-Antoine, puis le conduit à Melun, où il fut en sûreté. Le 12 juin 1418, le connétable d’Armagnac, le chancelier de Marie, l’évêque de Coutances son fils, furent massacrés à la Conciergerie, et leurs corps dépouillés restèrent exposés plusieurs jours aux outrages d’une troupe furieuse. Le nombre des prisonniers qui, par suite de ces événements, perdirent la vie par l’eau, par le fer et par le feu, se monta à quinze cent dix-huit. La porte Buci fut fermée quelque temps après cette catastrophe. François 1er la fit rouvrir ; on l’abattit en 1672, en vertu d’un arrêt du 19 août de cette année. — Au no 30 était situé le collége d’Autun. Il fut fondé, en 1341, par le cardinal Bertrand, évêque d’Autun. En 1764, il fut réuni au collége Louis-le-Grand. Ses bâtiments, devenus propriété de l’État, ont été vendus le 28 mars 1807.