Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Rambuteau (rue de)

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Rambuteau (rue de).

Commence à la rue du Chaume, nos 15 et 19 ; finit maintenant aux rues des Piliers-aux-Potiers-d’Étain, no 30, et Pirouette, no 2, et doit se terminer à la place de la Pointe-Saint-Eustache. Le dernier impair est 75 ; le dernier pair, 70. Sa longueur est de 747 m. — De 1 à 17 et de 2 à 12, 7e arrondissement, quartier du Mont-de-Piété ; de 19 à 61 et de 14 à 54, 7e arrondissement, quartier Sainte-Avoie ; de 63 à 75 et de 56 à 70, 6e arrondissement, quartier des Lombards. La partie comprise entre les rues Saint-Denis et des Piliers n’est pas encore numérotée. Le côté gauche et le côté droit entre les rues de Mondétour et Pirouette, dépendent du 4e arrondissement, quartier des Marchés ; le surplus du côté droit est du 5e arrondissement, quartier Montorgueil.
§ Ier. — Historique de la rue.

Au nombre des projets proposés par la Commission des Artistes, instituée sous la république, on remarque le percement d’une rue de 10 m. de largeur qui, prolongeant la rue de Paradis au Marais, et formant un coude à sa jonction avec la rue Beaubourg, devait aboutir à la place de la Pointe-Saint-Eustache.

À l’administration actuelle appartient l’honneur d’avoir exécuté ce percement, qui est sans contredit le plus utile de tous ceux dont la réalisation a été effectuée depuis un demi-siècle.

Une ordonnance royale du 5 mars 1838 porte ce qui suit : « Louis-Philippe, etc… Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit : Article 1er. L’administration municipale de la ville de Paris est autorisée à ouvrir une rue de grande communication dans cette ville, à partir de la rue de Paradis-au-Marais jusqu’à la place de la Pointe-Saint-Eustache. Les alignements de cette rue, dont la largeur est fixée à 13 m., sont arrêtés suivant le tracé des lignes rouges sur le plan ci-annexé. L’exécution des d. alignements est déclarée d’utilité publique. — Art. 2. Le préfet du département de la Seine, agissant au nom de la ville de Paris, est autorisé à acquérir, soit de gré à gré, soit par voie d’expropriation, conformément à la loi du 7 juillet 1833, les immeubles ou portions d’immeubles dont l’occupation serait nécessaire pour effectuer le percement de la nouvelle rue. » — On a commencé immédiatement l’ouverture de cette rue, qui sera prochainement terminée au moyen de l’expropriation des immeubles situés dans la rue de la Tonnellerie, depuis le no 105 jusqu’à la place de la Pointe-Saint-Eustache. — Conduite d’eau dans la plus grande partie. — Éclairage au gaz : entre les rues du Chaume et Saint-Martin (compe Lacarrière) ; surplus (compe Française).

Les habitants des quartiers traversés par cette voie publique voulant donner à M. le comte de Rambuteau un témoignage de leur reconnaissance, ont demandé à l’administration supérieure l’autorisation d’inscrire aux angles de cette rue, le nom du magistrat auquel la ville de Paris devait déjà de nombreuses améliorations. Cette autorisation a été accordée par décision royale du 2 novembre 1839.

M. Claude-Philibert Barthelot, comte de Rambuteau, conseiller d’état, pair de France, est préfet de la Seine depuis le 22 juin 1833.

Sur la façade d’une maison de cette nouvelle voie publique, au no 49, a été placé un buste de Jacques Cœur avec cette inscription :

À Jacques Cœur ;
Probité, prudence, désintéressement.

Cet homme, l’égal des princes, l’argentin de Charles VII, le soutien de la France, l’ennemi des Anglais, était fils d’un obscur marchand de la cité de Bourges. L’or du riche banquier fut aussi puissant que le fer des plus vaillants capitaines, et sans l’appui de Jacques Cœur, peut-être que Charles VII n’eût jamais reconquis son royaume.

§ II. — Établissement religieux et voies publiques renfermés dans la rue de Rambuteau.

Couvent Sainte-Avoie. — Dans un acte passé devant l’official de Paris, le samedi avant Noël de l’année 1288, il est dit : que Jean Sequence, chefcier ou capitarius de Saint-Merri avait acheté avec la veuve Constance, une maison rue du Temple (c’était alors le nom de la rue Sainte-Avoie), dans le but d’y fonder une communauté de pauvres femmes âgées au moins de 50 ans. Le même acte porte qu’ils donnèrent cette propriété avec les appartenances et dépendances, sous la condition de reconnaître pour supérieur et administrateur le chefcier de Saint-Merri. Sans appartenir à un ordre religieux, ces femmes vivaient en communauté, soumises à des statuts et règlements particuliers. Elles suivirent en 1662 la règle des religieuses Ursulines. Ce couvent, supprimé en 1790, devint propriété nationale et fut vendu le 4 thermidor an V, à la charge par l’acquéreur de livrer le terrain nécessaire au percement d’une rue projetée. Cette clause a reçu son exécution et facilité le percement d’une partie de la rue dont nous nous occupons.

Dans le parcours de la rue de Rambuteau a été comprise la rue des Ménétriers. Cette voie publique, construite dès le commencement du XIIIe siècle, portait le nom de rue aux Jongleurs ; au XVe siècle, c’était la rue des Ménétriers. — Une décision ministérielle du 2 messidor an VIII, signée L. Bonaparte, avait fixé la largeur de cette voie publique à 8 m. Cette largeur fut portée à 10 m. en vertu d’une ordonnance royale du 20 mars 1828. En 1840, la rue des Ménétriers a été élargie et confondue dans la rue de Rambuteau.

La rue de la Chanverrerie, à laquelle nous avons consacré un article spécial, a été aussi confondue en 1814, dans la rue de Rambuteau.