Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/221-230

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Fascicules du tome 1
pages 211 à 220

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 221 à 230

pages 231 à 240


ALÊNIER. s. m. Ouvrier qui fait & vend des alênes, & des aiguilles. Subulæ artifex.

ALENOIS. adj. C’est une épithète qu’on donne à une espèce de cresson, qu’on appelle cresson alenois. Nasturtium. Voyez Cresson.

☞ ALENTAKEN. Petite province de Livonie, dans l’Esthonie, entre le golfe de Finlande & le lac de Peypus.

☞ ALENTEJO. Provincia inter Tagum & Anam. Province de Portugal, nommée autrement, entre Tejo & Guadiana, parce qu’elle est entre les rivières du Tage & de la Guadiana. Elle est frontière d’Espagne vers le levant. Ce pays est si fertile, qu’on l’appelle le grenier de Portugal.

ALENTIR. v. a. Rendre un mouvement plus lent, une action plus lente. Lentitudinem afferre, inducere ; Lentiorem reddere. Il ne faut qu’augmenter le nombre des roues dans une horloge, ou charger son balancier, pour alentir son mouvement. La vieillesse alentit, rend les hommes lents. On dit aujourd’hui ralentir. Alentir est suranné.

ALENTI, IE. part.

ALENTOUR, adv. Aux environs. Circùm.

A l’éclat de ses yeux, les rochers d’alentour,
Tout durs, tout froids qu’ils sont furent touchés d’amour. Men.
Remplit de ses regrets tous les lieux d’alentour.

Saraz.

☞ Ce mot s’emploie toujours sans régime. On ne dit point à l’entour de la table, mais autour.

Mais comme préposition il vieillit ; & en sa place on dit autour.

Ses fils alentour de sa table
Font une couronne agréable. God.

☞ ALEOPHANGINES. adj. Nom de certaines pilules dont on trouve la préparation dans la Pharmacopée de Londres.

ALEP. Quelques uns écrivent ALEB. Alepum. Ville considérable de Syrie, à 120 lieues à l’orient d’Alexandrette, qui lui sert de port. Alep est une ville très-marchande, & l’abord de toutes les nations d’Europe & d’Asie. Quoiqu’Alep soit soumis au Turc, il y a un très-grand nombre de Chrétiens, soit Catholiques Romains, soit Grecs ou Orientaux, du rit grec. La plûpart des Géographes disent, qu’elle est la ville archiépiscopale, que les Anciens nommoient Berrhœa ou Berœa, Bérée : quelques-uns la prennent pour Hierapolis, d’autres pour Chalibon, & d’autres pour Larisse, Larissa. Les Transactions philosophiques, T. I, p. 652, disent que la longitude d’Alep est à-peu-près la même chose que celle de Moscou : qui est de 30 degrés 45′. Alep est une des principales villes de l’Empire Ottoman. Quelques-uns l’on appelée Béroan. Les habitans prétendent que le nom d’Alep, qu’elle porte aujourd’hui, est tiré du mot arabe Halep, qui signifie lait, de l’hébreu Hheleb. La raison qu’ils en apportent est l’opinion qu’ils ont qu’Abraham faisoit élever ses troupeaux dans ce pays fertile en pâturages du côté de la Caramanie. La ville est belle, bien bâtie, bien peuplée, & très-riche par le commerce qu’elle fait continuellement avec les Indes & la Perse, qui y envoient tout ce que ces royaumes ont de plus précieux. Le peuple y est très-doux, plus poli qu’ailleurs, & spirituel. Mém. des Miss. du Lev. Tom. IV, p. 19 & 20. On compte dans Alep deux cent mille ames ou environ, parmi lesquelles il y a 50000 Chrétiens, tant maronites, qu’Arméniens & Grecs, sans y comprendre un grand nombre de François que le commerce y attire. Ib. p. 37. Alep, selon le P. Feuillée, a de longitude 54°, 51′, 33″, & de latitude 35°, 45′, 23″.

Le Beglerbey d’Alep, Alepensis Præfectura, est la province dont Alep est la capitale. Elle comprend la partie septentrionale de la Syrie, & l’orientale de la Cilicie.

☞ ALEPH. Première lettre de l’alphabet hébreu, d’où l’on a formé l’alpha des Syriens & des Grecs.

☞ ALEPHANGINES (pilules). Terme de Pharmacie par lequel on désigne certaines pilules stomacales & purgatives, composées de substances odoriférantes, telles que la cannelle, la noix de muscade, le bois odorant, le girofle, &c.

ALEPIN. s. m. Nom de Religieux Maronites. Alepinus. Le Monastère de Marelischa ou de S. Elie sur le Narh-Nadischa, est composé de Religieux Maronites qu’on appelle Alepins. Ils sont presque les seuls qui méritent de porter le nom de Religieux. Mém. des Miss. du Lev. Tom. IV, p. 264. Un saint Prêtre nommé Abdalla, les y établit sur la fin du dernier siècle. Il prit particulièrement conseil du P. Bazire, Missionnaire Jésuite, pour donner une forme & une conduite religieuse à ses freres. Il fut leur premier supérieur. On le tira ensuite malgré lui de son monastère, pour le faire Evêque. Ib. Les religieux Alepins font deux ans de noviciat ; ils ne mangent jamais de viande ; ils sont très-pauvrement vêtus : ils chantent l’Office à minuit. Ils emploient une partie du jour à la culture de la terre, & aux offices domestiques ; ils rendent chaque jour matin & soir, compte de leur conscience à leur Supérieur. Ils observent leur règle avec une scrupuleuse exactitude, & particulièrement un silence & un jeune rigoureux. Rarement voient-ils le monde. Les femmes n’entrent jamais dans leur église. S’il arrive que quelque religieux se relâche & démente sa vocation, le supérieur lui conseille de se retirer, eût-il dix ans de profession. Le supérieur a le pouvoir de le dispenser de ses vœux. Ib. Il y a aussi des Alepins au monastère de S. Antoine.

ALERCE. s. m. Arbre du Chili, en Amérique. Ces arbres sont plus gros & plus ronds que le cyprès. Leur bois est rouge, mais avec le temps il perd la vivacité de sa couleur, & prend celle du noyer. Ces arbres sont d’une grosseur prodigieuse, & on en voit de 12 brasses de tour, des branches desquels on fait jusqu’à 600 planches longues de 20 pieds, & larges de deux palmes & demie. Pour faire ces planches on ne se sert point de la scie, mais on les fend avec la coignée & le coin. Il y a des forêts immenses de ces arbres dans les îsles du Chili. Voyez l’Hist. du Chili, en italien, par le Pere Alsonse d’Onaglie Jésuite.

ALÉRIE. Ancienne Ville de l’île de Corse. Aleria On l’appelle dans le pays Aleria destrutta. Elle est près de la rivière de Tavignano, & de la côte orientale de l’île. Elle est ruinée, & il n’y reste que quelques maisons ; elle a néanmoins un Evêque qui fait sa résidence au bourg de Certionis, qui est vers le milieu de l’île.

ALÉRIONS, ou ALLELIONS. s. m. Terme de Blason qui se dit des petites aigles qui n’ont ni bec, ni jambes, non plus que les merlettes, qui différent pourtant les unes des autres. Minor aquila rostro & unguibus mutila. Car les merlettes ont les ailes serrées, & sont comme passantes, là où les alérions sont en pal, montrant l’estomac, & ont l’aile étendue comme les aigles & aiglons ; toutefois avec cette différence, que le vol est abaissé. Montmorenci porte d’or à la croix de gueules, cantonnée de seize alérions d’azur. La Maisons de Lorraine a pris pour armes une bande de gueules à champ d’or, chargée de trois alérions d’argent, sur ce fondement qu’alérion est l’anagrame de Lorraine, en un temps où les rebus & les allusions étoient en règne.

Ce mot signifioit autrefois aiglettes, & il n’y a pas cent ans que l’usage a prévalu de les nommer alérions, & de les peindre à ailes étendues, sans pieds & sans bec : ce qui fait que Ménage dérive ce mot de aquilario, diminutif de aquila.

D’autres le dérivent de aliers, vieux mot françois, qui signifioit une sorte d’oiseaux vivans de rapine.

ALERS. s. m. On se servoit autrefois de ce mot pour dire, voyage, li alers. Villehard. Il vient du verbe aller, & c’étoit la même chose que elandare en espagnol ; c’est-à-dire que c’étoit un nom formé de l’infinitif.

ALERTE, adj. Qui se dit en parlant des gens éveillés, & qui sont toujours sur leurs gardes, comme s’ils étoient sur quelque lieu éminent d’où ils pussent découvrir tout ce qui se passe autour d’eux. Vigilans, attentus, intentus. On ne surprendra pas ce général, il est toujours alerte ; pour dire, toujours vigilant. Il est alerte ; pour dire, défiant, & sur ses gardes. On dit aussi dans le style simple & enjoué, jeune homme alerte ; pour dire, vif, gai, dispos. Promptus, alacer, expeditus. On dit familièrement d’un homme fort matériel & fort pesant, qu’il est alerte comme l’oiseau de S. Luc.

Alerte, se prend quelquefois substantivement. Alors il est féminin, & signifie, avertissement d’être sur ses gardes. En terme de guerre, il signifie la même chose. Monitum cavendi. Nous avons eu la nuit dernière une petite alerte. Lorsqu’il arrive la moindre alerte, le Lieutenant-Colonel doit se trouver avec tous les Officiers de jour, à la tête de la ligne, pour se porter par-tout où leur présence est plus nécessaire. Bombelles.

Alerte, est aussi une espèce d’adverbe dont on se sert pour avertir qu’on se tienne prêt & sur ses gardes. Alerte, l’ennemi approche. Vigilate, Attendite.

Ce mot est dérivé d’air, comme qui diroit, un homme qui cherche l’air. On disoit autrefois airte pour air ; ainsi alerte, selon M. Huet, veut dire, qui est toujours en l’air, & prêt à faire quelque chose. Quelques-uns le dérivent de erta, qui signifie un sentier qui monte sur un côteau, par où on envoie les soldats pour découvrir les ennemis : d’où vient qu’on a dit, star à l’erta ; pour dire, être au guet.

ALÈS, ALETS. Voyez Alais.

☞ ALESAN, ALZAN, & mieux ALEZAN, ANE. adj. Terme de Maréchallerie. On le dit des chevaux de couleur fauve, tirant sur le roux. Cheval alezan, cavale alezane, poil alezan. Equus rufus.

☞ Il est aussi substantif. Il est monté sur un alezan, c’est-à-dire, sur un cheval de poil alezan. Il y a un alezan brûlé & un alezan clair, selon que la couleur est plus ou moins obscure. Il y a quatre autres sortes d’alezan : alezan bai tirant sur le roux, alezan poil de vache, alezan commun, & alezan obscur. Un proverbe espagnol dit : alzan tostando antes muerto que cansado : alzan plutôt mort que lassé : ce qui montre que c’est la marque d’un bon cheval. Quand il a les extrémités lavées, c’est une marque de foiblesse.

Ce mot vient de l’espagnol alazan, & celui-ci de l’arabe alhazan, qui signifie un cheval courageux & : de bonne race. Ménage. D’autres le dérivent de l’article al, & de aza, qui signifie color infumatus. D’autres disent qu’il vient par corruption de aleran, à cause que les chevaux de ce poil vont si vîte, qu’ils semblent avoir des ailes. Quelques-uns le dérivent du Grec ἀλαζων, superbus, & prétendent qu’on a donné le nom d’alezan aux chevaux qui sont d’une certaine couleur, parce qu’ils sont plus beaux & plus vigoureux que les autres.

ALÈSE, ou ALÈZE. s. f. Drap qui sert à envelopper, ou chauffer un malade, qui n’est fait ordinairement que d’un lé de toile, d’où il y a apparence qu’il a pris son nom. Linteum. Mettre une alèse autour d’un malade, d’une femme en couche.

ALESÉ, ou ALEZÉ, ÉE. adj. Terme de Blason, qui se dit des pièces honorables de l’Écu qui sont retranchées, ou diminuées, qui ne vont pas jusqu’à ses bords, ou qui ne touchent pas les deux flancs. Accissus, & ad oram scuti non pertingens.

C’est la même chose qu’alaisé, ou alisé. On dit aussi accourci, & arrêté, pour signifier la même chose. Ainsi on dit, une croix alesée, ou pal alesé, une fasce alaisée, un chevron alesé, arrêté, ou raccourci.

ALESER, ou ALEZER. v. a. Terme de monnoie. Nummorum marginem complanare. Aleser les carreaux, c’est les flatir, ou les battre sur l’enclume légérement, & seulement pour redresser leurs bords & réchauffer leurs cornes. On écrit aussi Allezer.

☞ ALESER. En Artillerie & Horlogerie. Voyez Allezer.

ALESNE. Voyez Alêne.

ALESNIER. Voyez Alênier.

ALESSANO. Petite ville épiscopale du royaume de Naples. Alexanum. Elle est dans la Terre d’Otrante, près du cap de Santa Maria di Leuca.

ALESSIO, ALESSO. Ville d’Albanie, dans la Turquie, en Europe. Lissus, Lissum. Elle est sur le Drin, à quelques lieues de son embouchure, dans le golfe de Venise. Le fameux Scanderbeg, Roi d’Albanie, mourut à Alessio en 1467, & l’on y voit son tombeau.

ALESSO. s. m. C’est la rivière d’Alecé. Voyez ce mot.

ALESTÉROSO, LESTEROCORI. Ville de Macédoine. Aleuriopolis anciennement Gasorus, Gazorus. Elle est entre les villes de Philippes & Salonique, & a un Evêque suffragant de l’Archevêque de Philippes.

ALETH. Alecta, ou Electa. Ville épiscopale de France, dans le Languedoc, sur l’Aude. Aleth fut érigée en Evêché en 1317 par Jean XXII. Le Rituel d’Aleth fut condamné en 1668 par Clément IX. Sa longitude est 19°, 45’, 33″. Sa latitude 42°, 58’, 0″. Acad. de. Montpellier.

Aleth, selon Longuerue, Desc. de la Fr. est encore le nom d’une ancienne ville de France, dans la Bretagne. Elle étoit située sur la mer, environ à une lieue de S. Malo, près du port de Solidor, dont on voit encore des ruines qu’on nomme dans le pays Quidaleth ou Guichaleth, comme qui diroit bourg d’Aleth.

ALETHE. s. m. Terme de Fauconnerie. C’est un oiseau propre à voler la perdrix, qui vient des Indes, qui est fort cher, & qu’on vend au moins cent écus en Espagne, quoiqu’il ne soit point dressé. Alethe. Ce mot est Grec, & signifie véritable. Voyez au mot Alais, pourquoi on appelle ainsi cet oiseau.

ALÉTIDES. s. f. pl. ou plutôt adj. employé substantivement. Fêtes & sacrifices solennels que l’on célébroit à Athènes par des chants en l’honneur d’Erigone, appelée autrement Aletis, fille d’Icare, laquelle conçut une douleur si vive de la mort de son pere, qu’elle se pendit de désespoir. Ce qui a fait donner à cette fête le nom d’ΑΙΩΡΑ, suspensio. On se balançoit, ou avec une corde attachée à un arbre, ou avec une solive. Festus fait mention de ces machines que l’on appeloit Oscilla. Erigone en mourant pria les Dieux de permettre que toutes les filles d’Athènes périssent d’une manière aussi honteuse, si leurs parens ne vengeoient la mort d’Icare. Les Athéniens ayant négligé cette vengeance, les vœux d’Erigone eurent leur effet. Car les jeunes filles d’Athènes pour la plûpart saisies d’un esprit de vertige, se donnerent la mort. Leurs parens effrayés de ces accidens, consulterent l’Oracle d’Apollon, qui leur ordonna d’instituer la fête dont je parle, pour appaiser les manes d’Icare. Hygin, Poët. Astronom. l. 2. c. 4.

Le nom de cette Fête vient du Grec ἀλάω, j’erre, parce qu’Erigone, accompagnée seulement de sa chienne, courut long-temps avant de trouver le corps de son pere.

Quelques-uns, comme Hésychius, croient que cette fête avoit été instituée en l’honneur du Roi Témale, ou d’Ægisthe & de Clytemnestre. D’autres l’attribuent à une fille de ces deux derniers, qui se joignant à son grand-pere Tyndare, alla à Athènes, pour accuser Oreste devant le tribunal de l’Aréopage ; mais ayant perdu sa cause, & s’étant pendue, les Athéniens, suivant l’Oracle, établirent cette fête à sa mémoire. Etymolog. Mag.

ALETTE. s. f. Terme d’Architecture. Petite aile ; côtés d’un trumeau qui est entre deux arcades. Pilæ. Quand il y a dans le même trumeau une colonne, ou un pilastre, c’est ce qui reste, & ce qui paroît du trumeau entre le vide de l’arc, & la colonne, ou le pilastre. On appelle aussi les alettes, jambages.

ALEU. Voyez Alleu.

ALEVIN. s. m. Menu poisson qui sert à peupler les étangs, & les rivières. Pisculi. En plusieurs endroits on l’appelle norrain fretin, menu fretin, mesuraille, & généralement peuple. Il faut tant de milliers d’alevin pour empoissonner cet étang.

ALEVINAGE. s. m. Poisson que rebutent les Marchands, & que les pêcheurs rejettent dans l’eau pour peupler, quand ils en trouvent dans leurs filets. C’est un terme générique qui se dit de tous les petits poissons.

ALEVINER. v. a. Empoissonner un étang, en y jetant de l’alevin. Ces mots viennent du grec Ἁλιεύς, pêcheur. Ἁλς, signifie la mer, d’où vient Ἁλιευίσκος, ouvrage composé sur la pêche.

ALEVINÉ, ÉE. part. Etang aleviné.

ALEUROMANCE, ou ALEUROMANTIE. s. f. Divination qui se faisoit chez les Anciens avec de la farine. Aleuromantia. C’est de là qu’Apollon étoit appelé Ἀλευρόμαντος, comme qui diroit Aleuromancier, parce qu’il donnoit par le moyen de la farine, des oracles qui découvroient les choses cachées. On appelle autrement cette espèce de divination Alphitomantie.

Ce mot vient d’ἄλευρον, farine, & μαντέια, divination.

ALEXANDRA. s. f. Alexandra. Nom de femme. Il y a eu depuis le retour de la captivité de Babylone trois Reines des Juifs, nommées Alexandra.

ALEXANDRE. s. m. Alexander. Nom d’homme. Le premier que l’on trouve qui ait été appelé Alexandre, est Pâris, fils de Priam. Il y a trois Rois de Macédoine, trois d’Egypte, deux d’Epire, autant de Syrie, autant des Juifs, deux Empereurs Romains, & huit Papes, qui ont porté le nom d’Alexandre. De tous les Alexandres, le plus célebre est Alexandre de Macédoine III du nom, dit le Grand, fils de Philippe, vainqueur des Perses & de l’Asie.

Quoi donc, à votre avis, est-ce un fou qu’Alexandre ?
Qui ? Cet écervelé qui mit l’Asie en cendre !
Ce fougueux l’Angeli, qui de sang altéré,
Maître du monde entier s’y trouvait trop serré ?

Boil.

Boileau a pris cette idée de Sénéque, Ep. 94. Agebat infelicem Alexandrum furor aliena devastandi, &c.

Que crois-tu qu’Alexandre, en ravageant la terre,
Cherche parmi l’horreur, le tumulte & la guerre ?
Possédé d’un ennui, qu’il ne sauroit dompter,
Il craint d’être à soi-même, & songe à s’éviter.

M. Tourreil finit ainsi le caractère qu’il a fait d’Alexandre. Après avoir dit que c’étoit un ambitieux, un superbe, &c. Enfin, conclut-il, une espèce d’insensé, qui las de n’être qu’un homme, se déclare fils de Jupiter, se déifie ensuite, & fait si bien que ses exploits couvrent presque le ridicule de sa divinité. Tout cela compose dans un Alexandre un Héros à part ; & lui forme un caractère, dont la singularité n’admet point de comparaison. Ce nom, qui est grec, est formé d’ἀλεξω, je chasse, je repousse, j’aide, je défens, & de ἄνερ, homme, & signifie défenseur, protecteur des hommes.

L’Ordre de Saint Alexandre Néefski. Ordre militaire institué par la Czarine le 6 Avril 1725, en faveur de ceux qui auroient le rang de Majors généraux, ou d’autres titres plus éminens. Les marques d’honneur de cet Ordre sont un cordon rouge & une croix rouge, sur laquelle Alexandre Néefski est représenté à cheval avec cette devise : Pour le travail & la patrie. Gaz. 1725. p. 217. C’est le Souverain de Moscovie qui confére cet Ordre.

ALEXANDRETTE. Alexandria. Ville de Syrie, sur le golphe d’Ajazzo. Les Turcs la nomment Scanderone. Alexandrette est le port d’Alep, dont elle est éloignée de 20 lieues au couchant. Alexandrette est presque ruinée, & l’air en est si mauvais, qu’il y a peu d’habitans. On dit qu’au lieu de couriers on se sert de pigeons, qui ont des petits, qu’on porte d’Alep à Alexandrette, & qu’on lâche ensuite à Alexandrette, après leur avoir attaché au cou un petit billet, qu’ils ne manquent point de porter à Alep ; & que c’est ainsi qu’on y donne avis des vaisseaux arrivés, & de leur cargaison. Sa longitude est de 68 d. 0. m. Sa latitude, 38 d. 10 m. Cette ville, selon le P. Feuillée, est à 55°, 51′, 33″ de longitude, & 36°, 30′, 0″ de latitude nord.

ALEXANDRIE. Alexandria. Nom de plusieurs villes ; la plus fameuse est Alexandrie d’Egypte, surnommée la Grande, bâtie par Alexandre le Grand 332 ans avant Jésus-Christ. Elle est située entre un des sept bras du Nil, appelée par les latins Ostium Canopicum, l’embouchure de Canope, & est assez près de l’île de Pharos, qui est aujourd’hui une péninsule. La longitude d’Alexandrie est de 58 d. 20 m. & sa latitude de 31 d. 25 m. Cette ville, selon Chazelle, est à 47°, 45’, 33″ de longitude, & 31°, 11’, 0″ de latitude septentrionale. Alexandrie est célébre dans l’Histoire ecclésiastique. L’Eglise d’Alexandrie fut fondée par S. Marc vers l’an 50 de Jésus-Christ, & la 7e année de Néron, & elle a eu titre de Patriarchat, qu’elle conserve encore. C’étoit le Patriarche d’Alexandrie, qui indiquoit tous les ans le jour de Pâque. Voyez Marmol, Liv. XI. c. 14. où il décrit cette ville.

Le Lac d’Alexandrie. Alexandria lacus : Marcotis Arapotes, Maria, ou Marea, à sept lieues d’Alexandrie, au midi. On l’appelle le Lac d’Antacon & de Bucheira, du nom de deux petites villes voisines. Autrefois Maréotide.

Les autres villes de ce nom sont l’une dans l’Albanie, au pied du mont Caucase, sur la mer Caspienne, que les habitans appellent aujourd’hui Derbent, & les Turcs Demircapi, c’est à dire, portes de fer. Une troisième dans le Cabul vers le 117e d. de longitude, & le 32e d. 30 m. de latitude. Une quatrième dans l’Aric, province d’Asie, entre la Parthie & la Bactriane, au 3e d. 30 m. de longitude, & 38 d. 50 m. de latitude. Quelques-uns l’appellent Burgien. Une cinquième dans la Carmanie, au 100e d. de longitude, & au 30e d. 30 m. de latitude : & une sixième dans la Margiane.

Ces villes tirent leur nom d’Alexandre le Grand leur fondateur, comme on le peut voir dans Quint-Curce, Liv. IV. c. 8. & Liv. VII. Dans Pline, Liv. VI c. 16, 23, 25, & dans Etienne le Géographe.

L’Empereur Commode nomma aussi Carthage Alexandria commoda Togata, suivant ce que dit Lampridius.

Alexandrie de la Paille. Alexandria Statelliorum. Ville épiscopale d’Italie, dans le Milanez, sur le Tanaro. Elle fut bâtie en 1178 par ceux de Milan, de Crémone & de Plaisance, qui suivoient le parti du Pape Alexandre III, contre l’Empereur Frédéric Barberousse. Sa longitude de 30°, 30’, & sa latitude, 45°, 54’. On dit qu’elle fut d’abord nommée Césarée, & ensuite Alexandrie, du nom d’Alexandre III. On a dit qu’elle avoit eu le surnom de la Paille, parce que les Empereurs y recevoient une couronne de paille. C’est une fable. D’autres disent, que l’Empereur voulant qu’elle fût nommée Césarée, les habitans s’obstinerent à retenir le nom du Pape, & que pour cela l’Empereur la nomma par mépris, Alexandrie de la Paille. D’autres prétendent qu’elle fut ainsi nommée, parce que ses murailles n’étoient bâties que de paille & de bois, enduits de terre. Cela paroît plus vraisemblable.

Il y a aussi une ville nouvelle en Pologne qui s’appelle Alexandrie. Elle est dans la Volhinie, au Palatinat de Lusuc sur le Horin.

ALEXANDRIN, INE. s. m. & f. adj. Qui est d’Alexandrie, ou qui appartient à cette ville. On ne le dit guère de l’Alexandrie d’Egypte. Les Alexandrins étoient railleurs & voluptueux. Les Alexandrins soutinrent un rude siége contre César. La Bibliothèque Alexandrine ramassée par les libéralités de Ptolomée Philadelphe, & par les soins de Démétrius de Phalere, fut brûlée pendant ce siége. La Chronique Alexandrine, ou d’Alexandrie, est un ramas de plusieurs Auteurs Grecs fait sous Heraclius, auquel elle finit. Elle fut trouvée en Sicile vers le milieu du XVIe siècle. Raderus, Jésuite, qui l’imprima en 1615 à Munich, lui donna le nom de Chronique Alexandrine, parce qu’il trouva le nom de Pierre d’Alexandrie à la tête de la copie qu’il eut de cet ouvrage. Cependant ce n’étoit pas le titre de l’ouvrage, mais un passage faussement attribué à Pierre d’Alexandrie. M. Du Cange a imprimé depuis en 1688, la Chronique d’Alexandrie sous le nom de Chronique Paschal. C’est la meilleure édition.

La ligne Alexandrine. Christophe Colomb ayant découvert le Nouveau Monde ou les Indes occidentales, & étant revenu en Europe au mois de mars de l’an 1493, les Rois Catholiques Philippe & Isabelle demanderent au Souverain Pontife Alexandre VI la donation de ce nouveau Monde. Alexandre, par une Bulle du 4 Mai de la même année, leur accorda la possession de toutes les îles & terres trouvées & à trouver du côté de l’occident & du midi, tirant une ligne du pôle arctique au pôle antarctique, qui passeroit à cent lieues à l’occident des Açores & du Cap verd. C’est ce qu’on appelle la ligne Alexandrine, du nom de ce Pape. Il ordonna néanmoins par la même Bulle, que les Princes qui auroient reconnu & possédé quelques pays jusqu’au jour de Noël précédent, qui étoit le premier jour de l’année 1493, au-delà de cette ligne, en demeureroient en possession. Les différens des Espagnols & des Portugais firent dans la suite des changemens à la ligne Alexandrine. Voyez Spond, à l’an 1493. §. 8, 9, 10.

Clément Alexandrin est un Auteur ecclésiastique du IIIe siècle, natif d’Athènes, mais appellé Alexandrin, parce qu’il y expliqua l’Ecriture Sainte. Il fut maître d’Origène.

ALEXANDRIN. s. m. Alexandrinus ager, ou tractus. Petite province du duché de Milan, dont Alexandrie de la Paille est la capitale. Nous étions en quartiers d’hiver dans l’Alexandrin. Il s’étend vers le Montferrat qui le termine au couchant & au midi, ainsi que le Tortonnois au levant.

Alexandrin. adj. m. Epithète qu’on donne à un certain genre de vers de la Poësie Françoise. Alexandrinus. Ces sortes de vers sont alternativement de 12 & de 13 syllabes ; c’est-à-dire, que les masculins sont de 12, & les féminins de 13 syllabes. Ils ont leur repos à la sixième syllabe. On leur a donné le nom d’Alexandrins, à cause d’un Poëme de la vie d’Alexandre, qui fut composé avec cette mesure de vers par Alexandre de Paris, Jean li Nevelois, Lambert li Cor, & autres vieux Poëtes François. D’autres disent que l’Alexandriade étoit un Poëme latin que Guillaume le Court & Alexandre de Paris ne firent que traduire en vers François de douze syllabes ; & que ce fut du nom d’un des Traducteurs que ces vers prirent leur nom. C’est le sentiment de M. le Gendre, Mœurs & Coutumes de France, p. 264. Mais ce genre de Poësie ne fut point approuvé, & l’on en négligea même absolument l’usage. Du temps de Marot ils étoient encore si peu connus, que quand il s’en servoit, il avertissoit le lecteur en mettant ce titre, Vers Alexandrins. Baïf & du Bartas en renouvellerent l’usage : Ronsard s’est vanté de les avoir remis en vogue, & en honneur. Cependant les Poëmes héroïques étoient encore composés de vers de dix & de onze syllabes, qu’on nommoit, Vers communs. Mais les meilleurs Poëtes s’apperçurent enfin, que les vers Alexandrins sont les plus propres pour les Poëmes épiques, & pour la Poësie la plus relevée. C’est pourquoi on les appelle, Vers Héroïques. Les vers de dix syllabes furent trouvés trop courts pour y renfermer un sens achevé ; au lieu que les vers Alexandrins sont d’une juste longueur, pour parler plus sententieusement. Ils sont plus magnifiques, & plus resonnans, & la composition est plus grave. Ils tiennent dans la langue Françoise la place des vers hexamètres des Grecs & des Latins, & ils sont propres aux sujets héroïques. On s’en sert aussi pour les pièces de théâtre, & ils ont très-bonne grâce dans une élégie amoureuse, & plaintive. Pasq. Men.

ALEXANDROW. Ville de Pologne. Alexandrosium. Elle est dans la basse Podolie, au midi de Braclaw.

ALEXIE, ou ALISE. Alexia, Alesia. Ancienne ville des Mandubiens dans les Gaules, fameuse dans les Commentaires de César, & par le siége qu’elle soutint contre lui. Il y a encore une ville de ce nom en Bourgogne, dans l’Auxois, sur la pente d’une colline, au pied de laquelle le ruisseau de Loze & celui d’Ozerain, se jetent dans la Brenne, situation qui convient à la description que César fait de l’ancienne Alexie, ce qui fait croire avec raison que celle-ci a été bâtie sur les ruines de la première, que César fit détruire. Alexie, dit Vigenère, n’est plus maintenant qu’un pauvre petit bourg auprès de Flavigny, au pays d’Auxois, peu éloigné de la ville d’Auxonne, qui a hérité de son nom. Ailleurs il dit que ce n’est que conjecture. Voyez Alise. Diodore le Sicilien, c’est encore Vigenère qui parle, Diodore dit au IVe Livre, ch. 2. qu’Alexie fut fondée par le grand Hercule, pour être la Métropolitaine de toute la Gaule, après y avoir aboli l’inhumaine coutume de mettre à mort les étrangers survenans, & la nomma ainsi, comme qui diroit Conjonctive, ou Copulative, à cause de l’association de tant de nations différentes qui s’y réunirent. Elle fut toujours très-florissante depuis, vivant en liberté & selon ses loix & statuts à part, sans reconnoître personne que soi-même jusqu’au temps de César. Voyez les Commentaires de César, de la guerre des Gaules, L. VII.

ALEXIEN. s. m. Nom de Religieux, nommés autrement Cellites. Alexianus. On ne sait point l’origine ni le fondateur de cet Ordre. Ce furent d’abord des Séculiers unis ensemble sans être liés par aucun vœu. Ils avoient soin des malades. Aubert le Mire dit que leur Institut fut approuvé par Boniface IX, Eugène IV, & quelques autres Papes. Dans la suite ils embrasserent la règle de Saint Augustin, firent des vœux solennels, ce qui fut confirmé en 1642 par Sixte IV. On les appela Alexiens, parce qu’ils prirent Saint Alexis pour leur patron ; Cellites, selon François Modius, à cause des cellules où ils pansoient les malades. En Flandre on les nomme Cellébroedes. Voyez le P. Helyot, T. III. c. 54. A Liége on les appelle Lollards. Id. p. 408.

ALEXIPHARMAQUE ou ALEXITERE. adj. Souvent employé substantivement, composé des mots Grecs ἀλεξω, repousser, & φαρμαϰον poison. Ainsi ce mot s’applique aux remèdes que l’on emploie contre les venins ; capables de résister à tout ce qu’on appelle communément venin. Car nos Anciens croyoient qu’il y avoit du venin dans toutes les maladies malignes, & dans la plûpart de celles dont la cause leur étoit inconnue. Alexitère, Cordial, Antidote, sont des mots synonymes. On divise ordinairement les Alexipharmaques, en ceux qui sont plus généraux, & en ceux qui sont particuliers, & qui ne conviennent qu’à certain poison, ou qui ne combattent qu’une espèce de venin ; mais cette division est plus spéculative que pratique. Voyez Antidote, Peste, Poison & Venin. Les Alexipharmaques sont des médicamens, qui contiennent beaucoup de parties volatiles, & qui peuvent rendre fluide la masse du sang. La plûpart sont aromatiques & piquans au goût. Il est vrai qu’il y a certaines plantes qui sont acides, & qui n’ont été mises au nombre des Alexipharmaques, que parce qu’elles conviennent dans les fièvres malignes colliquatives. On dit, la carline est Alexipharmaque, la thériaque est un puissant Alexipharmaque, la thériaque est un merveilleux antidote, un bon alexitère. Ces sortes de remèdes, soit simples, soit composés, sont aussi regardés comme des préservatifs contre les fièvres malignes & pestilentielles : on doit cependant en user avec précaution, puisque les uns ne conviennent que dans le temps de l’épaississement, & les autres contre les colliquations du sang. Alexipharmacus.

ALEXIS. s. m. Alexius. Nom propre d’homme.

ALEXITÈRE. s. m. & adj. Alexiterium. C’est la même chose qu’Alexipharmaque, & Antidote ; si ce n’est que quelques-uns prennent les Alexitères pour des médicamens externes, & les Alexipharmaques pour des remèdes internes. Ce mot est grec, ἀλεξιτήριον, qui défend, qui porte remède.

☞ ALEZAN. Voyez Alesan.

ALÈZE. Voyez Alèse.

ALEZER. v. a. Voyez Allezer.

ALEZOIR. Terme d’Artillerie. Voyez Allezoir.

Alezoir. Terme d’Horlogerie. Voyez Allezoir.

ALEZURE. Voyez Allezure.

ALF.

ALFACQS. Bourg & cap de la côte de Catalogne, en Espagne. Alfaquium. Ce bourg est sur le cap auquel il donne son nom, à l’occident de l’Ebre.

ALFANDIGA. s. f. C’est la douane de Lisbonne, capitale de Portugal : on sait assez que c’est dans ce lieu que se payent les droits d’entrée & de sortie, comme il se pratique dans toutes les autres douanes des divers Etats. Mais on sera bien aise de savoir, que tous les galons, franges, brocards & rubans d’or & d’argent, y sont confisqués comme marchandise de contrebande ; n’étant permis à qui que ce soit en Portugal, d’employer de l’or ni de l’argent sur les habits, ni pour les meubles.

ALFANGE. s. f. Espèce de laitue. Les alfanges, les chicons, & les impériales, qui sont laitues à lier, se plantent au mois d’Avril. Chomel.

ALFAQUES, ALFACHUSA. Ville de Barbarie, autrefois épiscopale. Elle est dans le royaume de Tunis, sur la côte occidentale du golfe de Capès.

ALFAQUI, ou ALFAQUIN. s. m. Maurorum Sacerdos. Les Alfaquins sont une sorte de Prêtres des Maures qui sont encore aujourd’hui cachés en Espagne. Ce mot vient du verbe Arabe פקי, qui signifie, faire, exercer l’office de Prêtre, être ministre des choses saintes. De-là פקי, fuki, ministre de la Religion, & parmi les Chrétiens, un clerc. Au reste, ces mots semblent venir originairement de פקה, faka, qui en Arabe signifie sapere, intelligere, d’où se forme פקיה, Fakiaton, un Sage, nom très-convenable aux ministres de la Religion. D’autres disent Alfaqui. Dans le voisinage de la première & plus considérable Mosquée de toute la ville de Casbin, on a logé l’Alfaqui, ou le grand Sayd, qu’ils appellent Maphy ; c’est un vénérable vieillard Arabe, de la postérité de Mahomet. Wicquefort. Amb. de Figuer. Le P. de Quintanilla, dans son Oranum Ximenii virtute Catholicum, dit que les Maures d’Oran appeloient Ximénès Alfaquin, au lieu de l’appeler Archevêque. Le principal Alfaqui de la grande Mosquée de Fez, qui est comme l’Évêque, est souverain dans les choses spirituelles, & en quelques cas où il ne s’agit pas de mort. Ablanc. Trad. de Marm. Liv. IV. Ch. 22. Les Alfaquis sont les docteurs de la loi Mahométane, qui ont le pouvoir de l’expliquer. Ils sont en grand crédit parmi les Turcs, qui les respectent comme des personnes sacrées : ils sont sous la juridiction du Mufti.

ALFELD. Voyez Alvelde.

ALFEO ou ANAPO. s. m. Rivière de Sicile. Anapus. Elle arrose la vallée de Noto, & se décharge dans la mer Ionienne près Saragousse.

☞ ALFET. s. m. Ancien mot Anglois, qui signifioit la chaudière qui contenoit l’eau bouillante, dans laquelle l’accusé devoit enfoncer son bras jusqu’au coude, par forme d’épreuve ou de purgation.

ALFIDENA. Petite ville du royaume de Naples. Alfidena. Elle est dans l’Abruzze citérieure, sur la rivière du Sangro, vers les confins de la Terre de Labour, & du comté de Molise.

ALFIÈRE. s. m. Porte-enseigne. Ce mot est étranger, & se dit en France pour signifier les Officiers Espagnols, ou Flamands, qui servent en cette qualité. Vexillarius. Il vient de l’Espagnol Alferez, & originairement de Aquilifer, qui signifie Porte-enseigne de l’Empire.

ALFONSE. s. m. Alphonsus. Nom d’homme très-commun, sur-tout en Espagne. C’est le même qu’Ildephonse, car je trouve dans Nebrixa peur Alonso, qui est le mot Espagnol, Alfonsus, & Aldefonsus, nom ancien. Or Aldefonsus est le même qu'Ildefonsus. Il est arrivé à ce mot ce qui est arrivé à beaucoup d’autres, l’e devenu muet ne s’est plus fait sentir, & insensiblement de Aldefonse, on a fait Aldfonse, puis en adoucissant la prononciation le d s’est retranché, & l’on n’a plus dit que Alfonse, & même en Espagnol Alonso. Je trouve aussi San Elifonto, S. Ildefonse ; & l’Alphonsine est ainsi nommée du nom de S. Ildephonse. Selon Covarruvias, ce nom est Goth, & et sont les Goths qui l’ont porté en Espagne : il vient, dit-il, du nom de la lettre Alpha, & signifie premier, principal ; parce que cette lettre est la première lettre de l’alphabet. Quoique les Goths aient pu savoir le nom d’une lettre grecque, & le prendre pour signifier premier, depuis qu’Uphilas, au IVe siècle leur donna les lettres, & qu’en différens temps ils aient fait des irruptions dans la Grèce, je ne sais s’il ne seroit pas vraisemblable qu’alaph étoit un ancien mot gothique qu’ils avoient retenu de la première langue, dans laquelle en effet il signifie, être le premier, le chef, le maître, le conducteur, & d’où la lettre aleph & alpha a pris son nom. Il y a sept Alfonses Rois de Castille.

ALFONSIN, INE. Voyez Alphonsine. adj. f.

ALFONSINE. s. f. Actus Alfonsus. C’est le nom que l’on donne dans l’Université d’Alcala à un acte de théologie qu’y soutiennent les bacheliers. Il s’appelle ainsi, parce qu’il se soutient dans la chapelle de S. Ildefonse du grand collége. Il a soutenu son Alfonsine avec beaucoup de distinction, comme on dit à Paris sa Sorbonique.

ALFORD. Petite ville d’Angleterre. Alfordia. Elle est dans le comté de Lincoln, vers la côte.

ALFRETON. Petite ville du comté de Barbi en Angleterre. Alfretonium. Elle est à quelques lieues au nord de la ville de Barbi.

ALFRIDARIE. s. f. Espèce de science par laquelle on donne successivement le gouvernement de la vie à toutes les planètes, chacune gouvernant un certain nombre d’années.

ALFTAFIORD. Golfe situé sur la côte occidentale d’Irlande. Alfta.

ALG.

☞ ALGAGIOLA. Petite ville des états de Gènes, dans l’île de Corse, sur la côte occidentale, à l’embouchure de la rivière d’Aregno. Samson & de l’Isle l’appellent Argogliolo.

ALGALIE, s. f. est un instrument de Chirurgie, ou une sonde creuse qui sert à faire pisser ceux qui ont une rétention d’urine. Ce mot est originairement arabe. Ménage le fait venir du grec barbare ἀργαλεῖον.

ALGANON. s. f. Terme de galérien. C’est une petite chaîne qu’on met aux galériens, seulement pour la forme. Catenula. On l’appelle aussi Arganeau.

ALGARADE. s. f. Insultatio. Ce mot, qui ne doit être employé que dans le style simple & familier, signifioit autrefois, course imprévue sur l’ennemi : aujourd’hui il signifie seulement les injures qu’on fait à quelqu’un qu’on méprise, une insulte faite avec bravade. Il s’est absenté de cette maison, parce qu’on lui faisoit mille algarades.

Plusieurs croient que ce mot est venu d’Alger, parce que de tout temps les Algériens ont fait des invasions subites, des courses & des pillages dans le Détroit de Gibraltar, & sur les côtes de France & d’Espagne.

Covarruvias dit que ce mot signifie proprement une espèce de stratagème pour tromper l’ennemi, qui consiste à faire un grand nombre de feux, & faire plusieurs passades tout autour en jetant de grands cris, pour faire croire qu’il y a plus de gens, qu’il n’y en a en effet ; ce qui épouvante quelquefois les ennemis d’une telle façon, qu’ils délogent au plutôt. Cet Auteur croit que ce mot vient de l’italien garada, qui vient de garrire ; ce stratagème ne réussissant, comme nous avons dit, que par le grand bruit qu’on fait à l’entour de ces feux. Cette étymologie se prouve par une loi d’Espagne qui défend de vendre aux Infidèles du fer, ou du bois pour faire des Algarades aux Chrétiens. Nébrissensis explique ce mot par celui de tumulte.

ALGAROT. s. f. Terme de Chimie. C’est une poudre qui se fait avec le beurre d’Antimoine, & qui n’est proprement que le régule de ce minéral dissous par les acides, dont on le sépare par le moyen de plusieurs lotions faites avec de l’eau tiède qui se charge de ces acides. On l’appelle aussi Mercure de vie, ou simplement poudre émétique. Cette poudre purge fortement par haut & par bas. Si on ramasse toutes les lotions, & qu’on en fasse évaporer les deux tiers, il reste une liqueur fort acide qu’on appelle Esprit de vitriol philosophique.

ALGARRIA. Nom d’une partie de la Castille nouvelle. Algarria. Guadalaxara étoit autrefois sa capitale, & elle renfermoit Madrid & Toléde.

ALGARVE, ou ALGARBE ou LES ALGARVES, au plur. Algarbia. Province de Portugal, qui a au nord l’Alentéjo ; la Guadiane la sépare de l’Andalousie du côté de l’Orient, le golfe de Cadix la baigne au midi, & l’Océan Atlantique au couchant. L’Algarve est très-fertile, c’est pour cela que les Maures lui ont donné ce nom, qui signifie, Campagne fertile. L’Algarve a titre de royaume ; on la divise en deux comarias, ou territoires ; celui de Tavira, & celui de Lagos. Maty. C’est une erreur grossière de faire dire à Marmol, que l’Algarve est une province du Royaume de Fez. Il dit tout le contraire. Covarruvias dit qu’Algarve en arabe veut dire couchant, & que cette province a eu son nom de sa situation vers le couchant par rapport aux autres provinces d’Espagne. Le même Auteur ajoute, qu’Algarbe, ou Algarve, pourroit bien venir de l’article arabe al, & du mot hébreu ngereb, vesperè.

ALGATRANE. s. f. Espèce de poix. Elle se trouve dans la baie que forme la pointe de Sainte-Hélène, au sud de l’île de Plata. Elle sort d’un trou en bouillonnant, ensuite elle se durcit à l’air, & sert aux mêmes usages que la poix ordinaire.

ALGÈBRE. s. f. Science par le moyen de laquelle on peut résoudre tout problème dans les mathématiques, pourvu qu’il puisse être résolu, ou méthode de faire en général le calcul de toutes sortes de quantités, en les représentant par des signes très-universels. Algebra. C’est dans cette vue qu’on a inventé cet espèce de calcul, qu’on appelle Algèbre. M. Harris la définit l’Art Analytique, ou l’Art de L’Equation. Les Arabes l’appellent l’Art de la restitution & de la comparaison, ou l’Art de la résolution & de l’Equation. Luc de Burgos, le plus ancien Européen qui ait écrit de l’Algèbre, l’appelle la Régle de la restauration ou du rétablissement & de l’opposition. Restaurationis & oppositionis Regula. Les Italiens la nomment Regula rei & census, c’est-à-dire, la règle de la racine & du carré ; car ils appellent la racine, Res ; & le carré, Census. Il y a de deux sortes d’Algèbre ; la vulgaire, & la spécieuse. La vulgaire, ou nombreuse, qui est celle des Anciens, se sert des nombres pour la solution des problèmes d’arithmétique, sans démonstrations. L’Algèbre spécieuse ou nouvelle, au lieu de nombres emploie les lettres de l’alphabet, pour désigner les espèces, ou les formes des choses sur lesquelles elle exerce ses raisonnemens, ce qui soulage extrêmement l’imagination de ceux qui s’appliquent à cette science. Car autrement il faudroit avoir toujours présentes à l’esprit les choses dont on auroit besoin, pour découvrir la vérité que l’on cherche, ce qui ne se pourroit sans un prodigieux effort de mémoire. C’est pourquoi on la pourroit appeler, Géométrie métaphisique. L’Algèbre spécieuse n’est pas, comme la nombreuse, limitée par un certain genre de problèmes ; & elle n’est pas moins propre à inventer toutes sortes de théorèmes, qu’à trouver les solutions, & les démonstrations des problèmes. Les lettres dont on se sert dans l’analyse, représentent chacune en particulier, des lignes, ou des nombres, selon que le problème est de géométrie ou d’arithmétique ; & ensemble elles représentent des plans, des solides, & des puissances, plus ou moins élevées, selon le nombre de ces lettres. Par exemple, s’il y a deux lettres ; ab, elles représentent un rectangle, dont les deux lignes sont désignées, l’une par la lettre a, & l’autre par la lettre b, afin que par leur mutuelle multiplication elles produisent le plan, ab. Mais s’il y a deux lettres pareilles, comme aa, alors elles désignent un carré. S’il y a trois lettres abc, elles représentent ensemble un solide, & un parallélipipède rectangle, dont les trois dimensions seront exprimées par ces lettres abc. La longueur par a ; la largeur par b ; la profondeur par c. Ensorte que par leur multiplication mutuelle, elles produisent le solide abc.

D’Herbelot dit qu’il ne faut point croire que l’Algèbre tire son nom du philosophe & mathématicien nommé Geber, que les Arabes appellent Giaber ; & moins encore de Gefr, nom d’une membrane, ou parchemin fait de la peau d’un chameau, sur laquelle Ali & Giafar Sadeck écrivirent en caractères mystiques la destinée du Mahometisme, & les grands événemens qui doivent arriver dans le monde jusqu’à la consommation des siècles. Mais il le tire de Gebr, mot duquel, avec l’article al, nous avons fait Algèbre, qui est arabe tout pur, & qui signifie proprement la réduction des nombres rompus à un nombre entier. Cependant, ajoute-t-il, les Arabes ne se servent jamais de ce mot seul, pour signifier ce que nous entendons par Algèbre ; mais ils y joignent toujours celui de Macadelah qui signifie opposition & comparaison. Ainsi Algèbreu almocabelah est proprement chez eux ce que nous appelons Algèbre. M. Harris est de même sentiment, & dit que de ces noms arabes nous n’en avons retenu que le premier pour le donner à cette science. Ménage a pensé la même chose, & dérive ce mot de l’arabe Algebra, qui signifie le rétablissement d’un os rompu, de la racine giabara, supposant que la principale partie de l’Algèbre est la considération des nombres rompus. Quelques-uns croient qu’il se trompe, & qu’il a pris l’origine d’un autre mot espagnol, Algebrista, qu’il signifie un renoueur de membres disloqués, que nous appelons en France un Bailleul. Ils ajoutent que la fraction n’a rien de commun avec l’Algèbre, qui ne considère pas plus les nombres rompus que les entiers, & qui même exprime ses puissances par des lettres qui ne sont pas susceptibles de fractions ; qu’il est vrai que le mot Algèbre est un mot arabe ; mais qu’il est primitif de sa langue, & lui a été donné par son Auteur, qui étoit Arabe. Cardan dit qu’il se nommoit Mahomet fils de Moyse ; & il le met au neuvième rang des douze plus excellens hommes qu’il a choisis dans l’antiquité pour la subtilité de leur esprit. Mais tout ce raisonnement est de gens qui n’entendent point l’arabe, ni ce que les Arabes appellent algèbre. Ce que nous venons de rapporter de M. d’Herbelot est bien plus vraisemblable, pour ne pas dire certain. Scriverius en attribue l’invention à Diophante, Auteur Grec, dont Regiomontanus a recueilli treize livres qui ont été commentés par Gaspar Bachet, sieur de Méziriac, de l’Académie Françoise. Il y en a quelque chose dans Euclide, ou pour le moins dans Théon, qui dit que Platon avoit commencé à l’enseigner. Il y a aussi quelques exemples d’algèbre dans Pappus ; & plus encore dans Archimèdes, dans Appollonius, & dans quelques autres, quoiqu’ils y soient cachés & déguisés avec soin, comme dit M. Harris. Desorte qu’on peut dire avec le même Auteur, que Diophante est le premier & le seul parmi les Grecs qui ait traité de l’algèbre positivement. Bachet y a fait quelques additions, & M. Fermat, qui l’a encore publié depuis lui, y en a fait aussi ; mais cette science a été en usage chez les Arabes beaucoup plutôt que chez les Grecs ; & l’on dit qu’ils l’ont reçue des Persans, & les Persans des Indiens. Les Arabes l’apporterent en Espagne, d’où M. Harris prétend qu’elle passa en Angleterre, avant qu’on y connût Diophante. Le plus ancien Européen qui ait écrit de l’algèbre est Lucas Pacciolus, ou Lucas de Burgo, Cordelier : son livre qui est en Italien, fut imprimé à Venise en 1494. Il y parle de Leonardus Pisanus, & de quelques autres, dans qui il avoit appris cet art ; mais nous n’avons aucun de leurs écrits. Il dit que cet art nous vient originairement des Arabes, & ne fait aucune mention de Diophante ; ce qui fait croire que cet auteur n’étoit point encore connu en Europe. Son algèbre ne va qu’aux équations carrées. Après Pacciolus, parut Stychelius, bon auteur ; mais qui n’alla pas plus loin que lui. Ensuite vinrent Scipio Ferreus, Cardan, Tartaléa, & quelques autres qui pousserent jusqu’à la solution de quelques équations cubiques. Bombelli suivit, & alla encore un peu plus loin. Enfin parurent Nugnez, Ramus, Schoner, Salignac, Clavius, &c. qui prirent des routes différentes, mais n’allerent point au-delà des équations carrées. Vers ce temps-là parut Diophante, dont la méthode est fort différente de celle des Arabes que l’on avoit suivie jusques-là. Viette entra sur la scène en 1590, & introduisit ce qu’il appelle l’Arithmétique spécieuse, qui consiste à donner des marques ou symboles à toutes sortes de quantités, soit connues, soit inconnues. Viette fut suivi de Oughtred, Anglois, qui, dans son Clavis Mathematica imprimé en 1631, désaprouva fort la méthode de Viette, & inventa un chemin plus court par le moyen de certains caractères qui marquoient les sommes, les différences, les rectangles, les carrés, les cubes & leurs sommes, leurs différences, &c. Harriot, autre Anglois, contemporain de Oughtred, mais qui mourut avant lui, laissa entre plusieurs autres ouvrages, une analyse, ou algèbre, que Warner imprima en 1631. M. Harris prétend que c’est de ce Harriot que M. Descartes a pris tout ce qu’il a mis dans sa Géométrie, & qu’on ne peut comparer ces deux ouvrages sans en être convaincu ; car il est impossible, dit-il, que l’un de ces deux auteurs n’ait pas copié l’autre. Or, l’ouvrage de Descartes ne parut en françois qu’en 1637, & en latin en 1649, au lieu que celui d’Harriot fut imprimé après sa mort dès 1631. Quoiqu’il en soit, on prétend que la méthode de Descartes est autant au-dessus de celle de Viette, que celle-ci est au-dessus des autres. Wallis, & quelques autres, ont aussi contesté à Descartes l’honneur de cette découverte, & l’ont attribuée à Harriot, mais M. Hudde & M. Prestet, en ont restitué la gloire à Descartes.

Comme la multiplication des lettres dont on a parlé ci-dessus, exprime la multiplication des dimensions, & que le nombre en pourroit être si grand, qu’il seroit incommode de les compter, on écrit seulement la racine, & l’on ajoute à droite l’exposant de la puissance, c’est à-dire, le nombre des lettres dont la puissance qu’on veut exprimer est composé . Le dernier veut dire un a, multiplié quatre fois par soi-même ; & ainsi des autres à proportion.

Les principales notes de l’algèbre sont telles :

+ Signifie plus : ainsi 9 + 3, veut dire, 9 plus 3.

− Signifie moins : ainsi 14 − 2, veut dire, 14 moins 2.

= Est la note de l’égalité : ainsi 9 + 3 = 14 − 2, veut dire, neuf plus trois, est égal à quatorze moins deux.

☞ Les menus signes sont employés avec les lettres de l’alphabet.

b + c signifie la quantité c ajoutée à la quantité b.

b − c, la quantité c retranchée de la quantité b.

b = c, la quantité c égale à la quantité b.

☞ Le signe ± signifie plus ou moins, b ± c, la quantité b plus ou moins la quantité c.

> Signifie plus grand. < Signifie plus petit, b > c. La quantité b plus grande que la quantité c. b < c. La quantité b plus petite que la quantité c.

☞ Le signe ∞ signifie infini ∞b la quantité b infinie.

∷ Ces quatre points entre deux termes devant, & deux termes après, marquent que les quatre termes sont en proportion géométrique : ainsi, 6, 2, ∷ 12, 4, veut dire, comme 6 est à deux, ainsi douze est à quatre.

∺ Est la note d’une proportion continue : ainsi, ∺ 3, 9, 27, veut dire, que trois est autant de fois dans 9, que neuf dans 27.

: Ces deux points au milieu marquent la proportion arithmétique entre ces nombres : ainsi 7, 3 : 13, 9, veut dire, 7 surpasse 3, comme 13 surpasse 9. D’autres au lieu de ces deux points en mettent trois disposés de cette manière ∵

÷ Cette note marque la proportion arithmétique continue : ainsi, ÷ 3, 7, 11, veut dire, 3 est surpassé de 7 autant que 7 par 11.

Deux lettres ensemble marquent une multiplication de deux nombres : ainsi bd est le produit de deux nombres, comme 2 & 4, dont le premier s’appelle b, & l’autre d.

√ Signifie racine : ainsi, , c’est-à-dire, la racine de 4, qui est 2 ; lequel multiplié par lui-même fait 4.

On dit figurément, quand quelqu’un n’entend rien à quelque chose qu’il lit, ou qu’il écoute, que c’est de l’algèbre pour lui.

ALGÉBRIQUE. adj. m. & f. Qui appartient à l’algèbre. Les notes ou les caractères algébriques, sont ceux dont on a fait mention ci-dessus. Calcul algébrique. Opérations algébriques.

ALGÉBRISER. v. a. & n. Mot nouveau qu’on emploie dans la conversation, pour signifier : s’appliquer à l’algèbre, en parler, ou en remplir ses écrits. Il y a eu un temps que les Journalistes de Trévoux algébrisoient trop leurs Mémoires, ou dans leurs Mémoires. Ils se sont corrigés depuis quelques années, & le public leur en sait gré.

ALGÉBRISTE. s. m. Homme qui fait, ou qui enseigne l’algèbre, qui résout tous les problèmes d’algèbre. Algebræ peritus. Les savans algébristes modernes ont été Viette, Descartes, le P. Malebranche, &c.

Outre les Auteurs algébristes dont nous avons parlé, en voici encore quelques-uns. Labyrinthus Algebræ per Joan. Jac. Perguson. 1667, in-4o. Kerseys Algebra, 2 vol. in-fol. Lond. 1683. Bakers Géométrical Kei of Equations, Lond. 1681. Analysis Geometrica Auctore Hug. De Omerico Sanlucarense, Cadix 1698. Jeacks Arismetiks, Lond. 1696. Branskers Algebrarby. De Pell. Lond. 1668. Bartholini Dioristice, Hafniæ 1663. Traité de l’Algèbre de Monconis. De Billys Diophantus redivivus, Lugd. 1670. Wells Arithmeticæ numerosæ & speciosæ. Elementa, Oxon. 1698. Oughtredi Clavis Mathematica denuo lineata, Oxon. 1667. Harris Algebra, Lond. 1705 & Arithmetica Universalis de Newton, Cambridge 1707. L’Analyse démontrée, 2 vol. in-4o . à Paris. Il y a encore des Traités d’Algèbre de Moor, de Parsons, de Stumius, de Balaam, de Wads, de Hays, de Niuwentyt, &c.

ALGEDO. Terme de Médecine. C’est le nom d’un accident qui arrive quelquefois dans la gonorrhée virulente, & dont Cockburn a donné la description. Cet accident consiste dans la suppression de l’écoulement commencé.

ALGENIR. Terme d’Astronomie. C’est le nom d’une étoile fixe de la seconde grandeur, qui est au pied droit de Persée. Sa longitude est 51 d. 27’. Sa latitude 22 d. Son ascension droite 44 d. 15’. Harr.

ALGER. Ville de Barbarie en Afrique. Algeria, Algerium, Algaria. Alger est le Resneurum des Anciens, & non pas Julia Cæsarea, que Juba fit bâtir à l’honneur de César. Alger est un port de Mer sur la Méditerranée, & une retraite de pirates. Voyez la description dans Marmol, Liv. V. C. 41. Le royaume d’Alger prend son nom de la capitale, & est divisé en cinq provinces. La province d’Alger, l’une des quatre qui composent le royaume de Trémézen, est celle qui se nommoit autrefois Césarée. Marm. Voyez cet Auteur, T. II, pag. 398, ou Liv. V, C. 39.

ALGÉRI, ALGHERI, ALGUER. Ville de Sardaigne. Algara, Algaria, Algarium. Elle est sur la côte occidentale de l’île, entre Sassari & Bosa. Selon bien des Auteurs, c’est l’ancienne Corax. On croit aussi que son port, qui est fort bon, est le Caracodes portus des anciens. On le nomme aujourd’hui le port de Coude. L’Evêque d’Algéri est suffragant de Sassari.

ALGÉRIEN, ENNE. s. m. & adj. Algerianus. Qui est d’Alger. Les Algériens, ou les pirates Algériens, n’ont osé attaquer les vaisseaux françois, depuis que le Roi a fait bombarder Alger.

ALGEROTH. s. m. Mercurius vitæ. Mercure de vie. Préparation d’antimoine & de Mercure sublimé, ainsi nommé d’Algérothos, Médecin de Vérone. Ce n’est autre chose qu’une préparation du beurre d’antimoine sous la forme d’une poudre, par le moyen de l’eau chaude. Cette poudre est violemment émétique.

ALGÉZIRE. Ville d’Andalousie, province d’Espagne. Algezira. Elle est sur un petit golfe du détroit de Gibraltar, un peu à l’occident de la ville de ce nom. On prend Algézire pour l’ancienne Carteia.

ALGIAR. Ville de la principauté de la Mecque, dans l’Arabie Heureuse. Zaaramum, Zahramum. Elle est sur la côte de la mer-rouge, à l’embouchure de la rivière de Laakie.

ALGIBAROCA. Voyez Aljubarote.

ALGOL, ou Tête de Méduse. Terme d’Astronomie. C’est une étoile fixe de la troisième grandeur, qui est dans la constellation de Persée, & dont la longitude est 51 d. 27’, la latitude 22 d. 22’, & la déclinaison 39 d. 39’.

ALGOMEÏSA. s. f. Étoile de la première grandeur. Hygin & quelques autres la nomment ainsi. C’est la même que Procyon. Voyez ce mot, & Canicule ; chien céleste, &c.

ALGONQUIN, ou ALGONKIN, INE. s. m. & f. & adj. Nom de peuple. Les Algonquins habitent dans la nouvelle France, le long des bords du fleuve S. Laurent, jusqu’au grand lac des Hurons. Un sauvage algonquin, un village algonquin, une algonquine, la langue algonquine. Le Pere le Comte écrit, alkonkin. Si à trois cens lieues de Quebec nous trouvions des Mathématiciens Iroquois, ou de savans alkonkins, &c. mais on croit que c’est une faute, & qu’il faut dire par un g algonkin, ou algonquin.

ALGORITHME. s. m. Est un mot arabe, dont plusieurs Auteurs se sont servis, & sur-tout les Espagnols, pour signifier la science des nombres. Algorithmus. C’est l’art de bien & facilement supputer. L’Algorithme comprend les six règles de l’Arithmétique vulgaire : on l’appelle autrement Logistique nombreuse. Voyez Clavius, L. i. Algebræ, c. 1. ☞ Quelques-uns ont aussi employé ce mot pour signifier la pratique de l’algèbre selon la force du mot, c’est l’art de supputer avec justesse & facilité.

ALGOUEY. s. m. Fleuve de la Chine. Sa bouche orientale est à 105°, 58′ 3″ de longitude, & à 43°, 30′, 0″ de latitude nord. P. Gaubil. Sa bouche occidentale est à 105° 13′ 3″ de longitude, & 43°, 20′ 0″ de latitude nord. Id.

ALGOW. Contrée de Souabe, en Allemagne. Algea, Algovia. Elle a le lac de Constance au couchant, le Lech au levant, le Danube au nord, & le Tirol au midi. Ce pays se nommoit autrefois Almangovia, Alemannia, l’Allemagne propre ; & c’est de-là qu’est venu à l’ancienne Germanie le nom de l’Allemagne. C’étoit le pays des peuples qui furent appelés Allemands.

ALGUAZIL. s. f. (prononcez ALGOUASIL.) Accensus, Satelles. Sergent, Huissier, Exempt, Officier de Justice qui exécute les ordres d’un Magistrat. On a mis les Alguazils aux trousses de ces banqueroutiers pour s’en saisir. Ce mot est arabe, & il signifie dans cette langue l’Officier qui arrête & punit les coupables. Les Arabes l’ont donné aux Espagnols, & d’Espagne il a passé en France, il y a déjà quelque temps. L’Alguazil Démoniaque, est le titre d’une espèce d’ancien Roman, traduit je crois de l’espagnol. Il y a dans Fez quatre Alguazils qui vont ordinairement par la ville jour & nuit. Ablanc. trad. de Marmol. Covarruvias rapporte plusieurs étymologies de ce mot. La première est, qu’Alguazil est une corruption d’al, article, & gauzir, qui signifie Ministre de Justice. La seconde est ; que ce mot vient de vesilun, vasala, conduire, parce que les Alguazils arrêtent & conduisent en prison les malfaiteurs. Diego Urréa, auteur de ce sentiment, remarque que les mots espagnols qui commencent par gua, viennent des mots arabes qui commencent par le ouaou, ou ו hébreu & arabe, que les Maures d’Espagne prononcent gua, desorte que pour Al-Vasil, ils disent Alguazil. On peut ajouter que c’est ainsi que de Willelnus, on a fait Guillelmus, & que l’on dit Ulphylas, ou Gulphilas, &c. Pour Covarruvias, il croit qu’on peut tirer ce nom du verbe hébreux gazal, qui signifie, prendre ; les Alguazils prennent les coupables. On appelle les araignées qui prennent les mouches dans leurs filets, des Alguazils de mouches. Nébrixa traduit Alguazil par Officialis Præfecti, vel Executor. Les loix du Roi Alfonse nous apprennent surement ce que c’étoit que les Alguazils dans les commencemens : c’est dans la seconde partie, T. 9, Liv. 20 où on lit ces paroles : Alguazil Naman en Arabigo, a quel que ha deprendre, & de justicar los omes en la corte del Rey, por su mandado, o de los Jueses que judgan les pleytos. Voyez le Répertoire de Michel du Moulin. Les Espagnols disent proverbialement, Cada que tiene su Alguazil, Chacun a son Alguazil ; pour dire, chacun a sa peine. Quisque suos patimur manes.

☞ ALGUCHET. Voyez Alguechet.

ALGUE. s. f. Alga. Plante qui croît au fond des eaux, & dont les feuilles ressemblent à celles du chiendent. Il y en a quelques espèces qui ont leurs feuilles aussi déliées que les cheveux. Il n’a pas été possible jusqu’ici d’observer leurs fleurs ni leurs fruits ; peut être que dans la suite on découvrira les unes & les autres parties. L’Algue la plus commune trace comme le chiendent ; ses feuilles sont très-longues, & n’ont qu’environ deux à trois lignes de largeur. Celle-ci est si abondante dans la Méditerranée, que les laboureurs la vont ramasser aux bords de la mer pour fumer leurs terres. On fait la même chose en Écosse. Les Vitriers & les Parfumeurs s’en servent aussi pour emballer leurs verres & leurs bouteilles. Les anciens Botanistes donnoient ce nom indifféremment à presque toutes les plantes maritimes que nous rangeons aujourd’hui sous le genre de Fucus. L’Algue a divers noms sur les différentes côtes de France. On l’appelle en Normandie Varech, en Bretagne Goësmond, en Poitou Sar.

ALGUECHET, ou ALGUCHET. s. m. Petit pays d’Afrique Alguechetum, Alguchetum. Il est dans les déserts de Barca, vers les confins de l’Égypte & de la Nubie, & néanmoins fertile, parce qu’il est bien pourvu d’eau. On croit communément que c’est l’Oasis magna des Anciens. Zimler est pourtant d’un sentiment différent, & prend le désert de Gademez dans le Biledulgérid pour l’Oasis magna.

☞ ALGUEL. Ville d’Afrique, dans la province de Hea, au Royaume de Maroc. Elle a été bâtie par les Africains de la tribu de Muçamoda, sur une haute montagne de difficile accès.

ALH.

ALHAGI. s. m. C’est l’Agul, Ahmagi des Arabes. Cette plante croît à la hauteur d’une coudée & plus ; elle est fort branchue, hérissée, d’un nombre prodigieux d’épines extrêmement pointues, foibles & pliantes ; sur ces épines naissent différentes fleurs de couleur de pourpre. Lorsque ces fleurs tombent, elles font place à de petites gousses longues, rouges, ressemblantes à celles du genêt piquant, pleines de semence de la même couleur que la gousse. ☞ Ses feuilles & ses branches se couvrent dans les grandes chaleurs d’une liqueur onctueuse que la fraîcheur de la nuit condense & réduit en forme de grains, auxquels on donne le nom de manne d’Alhagi. Planta spinosa mannam resipiens.

☞ ALHAGI. Autre plante à fleur papilionacée, dont le pistil devient une silique composée de plusieurs parties articulées ensemble, dont chacune renferme une semence faite en forme de rein.

ALHAJOT. s. m. Terme d’Astronomie. Étoile de la première grandeur, qui est dans l’épaule gauche du Chartier. D’autres la nomment le Bouc ou la Chèvre du nom de la constellation : mais Hygin la nomme Alhajot.

ALHAMA. Petite ville d’Andalousie, en Espagne. Alhama. Elle est aux confins de l’Estramadure & de la Castille, au nord de Cordoue. Quelques Géographes placent l’ancienne Phornacis à Alhama, & d’autres à Hornachos, bourg de l’Estramadure d’Espagne, sur la rivière d’Elmonte, au-dessous de Truxillo.

Les bains d’Alhama sont des eaux minérales fort célébres dans l’évêché de Calatajud, en Arragon, sur le Xalon, au-dessus de Calatajud. Aquæ Filbilitanæ.

ALHAMBRA. Village de la nouvelle Castille, en Espagne. Alhambra ; anciennement Flavium Laminitanum. Il est dans le quartier de Campo Montiel, près de la rivière de Roïdera.

ALHANDAL. Terme de Pharmacie arabe. On s’en sert pour signifier des trochisques composés de coloquinte, & de gomme tragacanth. Ils sont purgatifs, & on s’en sert en bien des occasions. M. Lemery dans ses Secrets, parle d’un trochisque alhandal. La coloquinte s’appelle en arabe Handel & Handhal. Voyez Coloquinte.

☞ ALHIDADE. Voyez ALIDADE.

☞ ALIAIRE. s. f. Espèce de Julienne, qui a l’odeur & le goût de l’ail. Voyez Alliaire.

ALI.

ALIBALUCH, ou ALLIBULACH. Alibaluchia. Petite île de la mer Caspienne, vers l’embouchure de l’Araxe.

☞ ALIBANI. Voyez Alibilani.

ALIBANIES. s. f. pl. Toiles de coton, qu’on apporte en Hollande des Indes Orientales par les retours de la Compagnie.

☞ ALIBI. s. m. Terme purement latin, qui signifie ailleurs. On l’a adopté comme terme de Pratique & de Palais, pour marquer la présence d’une personne dans un lieu éloigné, de celui où l’on prétend qu’elle étoit dans le même temps. C’est proprement l’absence de l’accusé, par rapport au lieu où on l’accuse d’avoir commis le crime ou le délit. Purgatio criminis ex absenstiâ. Prouver un alibi. Prouver son alibi. Il a prouvé la fausseté de cette pièce par un alibi, c’est-à-dire, en faisant voir qu’il étoit dans un endroit éloigné à l’heure même où l’on prétend qu’il l’a signée. Ce mot ne prend point d’s au pluriel. Les alibi ne sont guère reçus en matière criminelle.

On dit proverbialement chercher des alibi forains, chercher de mauvaises raisons, des excuses frivoles, de mauvaises défaites. Cavillationes. Tergiversatio. Tergiversari, cavillari.

ALIBILANI ou ALIBANI. Ville & principauté de l’Arabie-Heureuse. Alibilania. La ville d’Alibilani est près de la rivière du Prim. La principauté d’Alibilani est dans la contrée de Séger, entre les principautés de Fartach, d’Amanzirifdin, de Jémini & la mer d’Arabie. Alibilanus principatus.

ALIBORUM, ou ALIBORON. Ce mot ne se dit qu’en cette phrase : Maître aliborum. Rabelais fait dire à Panurge : que diable veut prétendre ce Maître aliborum ? M. Huet conjecture qu’Aliborum est le génitif d’alibi, & que Maître aliborum a été dit d’abord d’un homme fécond & subtil à trouver des alibi ; ou que c’est un nom qui peut avoir été donné par dérision à quelque Avocat ignorant, qui, lorsqu’on plaidoit en latin, voulant dire qu’un homme n’étoit pas recevable à ses alibi, dit Nulla habenda est ratio istorum Aliborum, ou quelque chose de semblable. La Fontaine, dans ses fables, donne ce nom burlesque à l’âne.

Arrive un troisième larron
Qui saisit Maître Aliboron.

Le peuple se sert de ce mot pour désigner un homme qui veut juger de tout, & qui n’est au fait de rien ; qui fait le connoisseur, & ne se connoît en rien.

☞ ALIBOUFIER. s. m. Quelques-uns donnent ce nom à l’arbre qui produit la résine connue sous le nom de Storax. Voyez Storax.

ALICA. s. f. Espèce de froment que les Anciens appeloient Zéa. Alica. Ils en faisoient une boisson, qu’ils nommoient aussi alica, & que nous appelons Fromentée. Voyez Fromentée.

☞ ALICAIRES. s. f. Alicariæ. Nom qu’on donnoit chez les Romains aux femmes publiques, parce qu’elles se tenoient tous les jours aux environs des moulins de Fromentée, pour attirer les passans, qui par-là contribuoient d’une façon honteuse à leur subsistance. On les appeloit aussi Prostibula, parce qu’elles étoient toujours à la porte des Stabula ou maisons infâmes qu’elles habitoient : & comme elles se retiroient souvent dans de petites chambres auprès des portes, on leur donna encore le nom de Cellariæ.

☞ Les Vocabulistes nous disent qu’on donnoit le nom d’alicaires aux femmes publiques chez les Romains, parce qu’elles se montroient sur leurs portes pour appeler les débauchés. Je ne vois point la raison de ce parce que.

ALICANTE. Alicanta. Ville d’Espagne sur la côte du royaume de Valence. Quelques-uns croient que c’est l’ancienne Alone ; mais Alone avoit d’excellentes salines, d’où elle avoit pris son nom, & Alicante n’en a point. Il est donc plus croyable qu’Alone est Guardamar, où il y en a encore de très-bonnes & en grand nombre. C’est dans les environs d’Alicante qu’on recueille les vins si connus sous ce nom parmi nous. Le golfe d’Alicante, Sinus Illicitanus, s’étend le long des côtes du royaume de Valence jusqu’à celui de Balos. Il prenoit autrefois son nom de la ville d’Illici ; il le prend aujourd’hui de celle d’Alicante. Le port d’Alicante, autrefois Portus Illicitanus.

ALICATE. Ville de la vallée de Noto, en Sicile. Leucata. Elle est sur la côte, entre les embouchures de la rivière de Salso.

Le mont d’Alicate est près de la ville d’Alicate, qui lui donne son nom. Mons Ecnomus. C’est sur cette montagne qu’étoit autrefois le château Dædalion, & le taureau d’airain de Phalaris.

ALICE. C’est un cap de la Calabre citérieure, au royaume de Naples. Alizium promontorium, Crimisa. Il est à l’entrée méridionale du golfe de Tarente, à l’orient de la ville d’Umbriatico.

ALICHON. s. m. Planche de bois sur laquelle l’eau tombe, pour faire tourner une roue de moulin à eau. Pinna. C’est la même chose qu’aileron.

ALICONDE. s. m. Arbre fort commun dans la basse Ethiopie. Quoiqu’il y en ait d’une grosseur extraordinaire, ayant 12 ou 15 brasses de tour, le vent les renverse sans beaucoup d’effort, parce que ses racines ne sont pas profondes. Son fruit ressemble aux noix de Coco. Les Négres en font moudre le cerneau dans la nécessité, pour en faire du pain.

☞ De l’écorce de l’arbre battue, on tire une filasse avec laquelle on fait d’assez belles toiles.

ALICUDIE. s. f. Voyez Fenicusa.

ALICUR. Une des îles de Lipari, dans la mer de Toscane. Ericusa. Cette île est fort petite, & n’a que quelques cabanes de pêcheurs.

ALIDADE, ou ALHIDADE. s. f. Ce mot est arabe, & a été transporté dans toutes les autres langues, pour signifier une règle mobile, qu’on applique sur un astrolabe, ou un graphomètre, ou sur tous les autres instrumens de Géométrie, & d’Astronomie, qui servent à prendre la mesure des angles. Dioptra. Il y a aux extrémités d’une alhidade deux pinnules, c’est-à-dire, deux petites plaques de fer percées vis-à-vis de la ligne de foi, par où on observe les astres & les autres points & objets qu’on désigne. On l’appelle en grec διοπτρα, & en latin linea fiduciæ. On appelle le clou de l’alhidade, l’escroue, ou le chevalet. Il y a quelques alhidades qui ont des bras, c’est-à-dire, deux ou trois petites règles ou lames plates & mobiles, qui s’allongent, & se rapprochent pour faire diverses opérations de cet instrument.

Alidade. Terme d’Horlogerie. Règle mobile sur une plate-forme, pour diviser les cadrans, &c. L’alidade est aussi appelée Ligne de foi, quand elle est fixe. Voyez Fiducielle, ou Ligne de foi.

ALIDOR. s. m. Terme de Fleuriste. Espèce d’œillet violet.

ALIDORE. s. f. Terme de Fleuriste. C’est une tulipe de couleur de feu, avec un gris-de-lin foncé sur chamois blanchissant.

ALIE. On appeloit ainsi autrefois le fruit de l’alisier. Borel.

ALIÉNABLE. adj. m. & f. Ce qu’on est libre d’aliéner ; chose dont l’aliénation est permise. Quod potest abalienari. Rien n’empêche que cette maison ne soit aliénable ; elle est à un majeur. Le domaine du Roi n’est aliénable qu’à faculté de rachat perpétuel. Les biens substitués ne sont pas aliénables.

ALIÉNATION. s. f. Vente, donation, translation de propriété. Transport de la propriété d’un fonds, ou de ce qui tient lieu de fonds. Tout acte par lequel on se dépouille de la propriété d’un effet, pour la transférer à un autre, soit à titre lucratif, comme la donation, soit à titre onéreux, comme la vente ou la permutation. Abalienatio. Les baux emphytéotiques sont des espèces d’aliénation. Pour l’aliénation des biens d’église la prescription de 40 ans suffit, quand l’aliénation est faite dans les formes. Il y avoit chez les Romains une espèce particulière d’aliénation, qui se faisoit avec plusieurs cérémonies, & qui ne se pouvoit faire qu’en faveur des seuls citoyens Romains.

On dit au figuré, l’aliénation des volontés ; pour dire, aversion, éloignement que des personnes ont les unes pour les autres. Alienatio, Disjunctio. Leur aliénation avoit pris son origine de l’étroite communication qu’ils avoient eue ensemble. Rochef. On dit aussi, aliénation d’esprit ; pour dire, folie. Insania. La fureur est une violente aliénation d’esprit sans fièvre. J’ai vû en elle de l’aliénation d’esprit. Mol.

ALIÉNER. v. a. Vendre ou transférer la propriété d’un fonds, ou de ce qui en tient lieu de quelque manière que ce soit. Abalienare, Alienare. Aliéner une terre, une rente, un droit, une succession, une universalité de meubles. Les défenses d’aliéner sont odieuses, & contre le droit commun. Le Mait. On ne peut retirer des intérêts de son argent, qu’on n’aliéne le fonds en constituant une rente ; on ne l’aliéne qu’avec la faculté de rachat perpétuel. Le Concile général de Latran en 1123, défend à aucun Clerc d’aliéner sa Prébende ou autre Bénéfice ecclésiastique.

On dit figurément aliéner les affections, les cœurs, les esprits ; pour dire, les détourner, faire perdre l’estime & l’affection. La cruauté de Néron lui aliéna l’affection de tous ses sujets. Cela lui aliéna les esprits de la province. Ablanc. On dit aussi, aliéner l’esprit à quelqu’un ; pour dire, lui faire perdre l’esprit, le faire devenir fou. Ad insaniam adigere.

ALIÉNÉ, ÉE. part. Abalienatus, alienatus. ☞ Il a les significations du verbe au propre & au figuré. Fonds aliéné. Terre aliénée. Esprits, cœurs aliénés. Avoir l’esprit aliéné : & adjectivement, être aliéné d’esprit. Il y a chez nous un sens qu’il est de la dernière importance de ménager, c’est le sens de la vûe : celui-là une fois aliéné, il n’y a plus de grâce à attendre des autres. Obs. sur les Ecr. mod. t. 25. p. 18.

ALIES. s. f. pl. Alia. Terme de Mythologie. Jeux solennels célébrés à Rhodes le 24e jour du mois Gorpiée, (qui revient à celui que les Athéniens appeloient Boédromion) en l’honneur du soleil, nommé en grec ἥλιος, ou ἅλιος,

ALIFI. Ville épiscopale & ancienne du royaume de Naples. Alipha, Allipha. Elle est dans la Terre de Labour, sur le Vulturne, aux pieds de l’Apennin. Alifi est presque tout ruiné, & son Evêque suffragant de Bénévent réside à Bie di monti, bourg à une lieue à d’Alifi.

ALIGNEMENT. s. m. Terme d’Architecture & de Jardinage. Directura, directio. Action par laquelle on met les choses en ligne droite, soit avec la règle, ou le cordeau, soit en se servant de points marqués par des rayons visuels. Ce Jardinier a mal pris ces alignemens. On dit aussi, tirer des alignemens. Il faut que les herbages, pour être proprement plantés sur des planches, soient mis sur des alignemens tirés au cordeau. Liger.

Alignement, se dit aussi du plan que donnent les Voyers & les Architectes pour construire la face des maisons qui sont sur la rue, pour en marquer les longueurs, les angles, & autres dispositions suivant lesquelles on est obligé de bâtir, à peine de démolition. Ligne tirée, donnée, afin qu’une maison, une rue aille en ligne droite. Frontis ædium descriptio. Les Officiers de Justice assistent les Voyers dans les alignemens qu’ils donnent pour les maisons des coins des rues.

ALIGNER. v. a. Tirer un bâtiment, une allée en ligne droite au cordeau, réduire plusieurs corps à une même saillie, les mettre sur une même ligne. Ad lineam dirigere. Cette muraille n’a pas été bien alignée ; elle fait un coude. Aligner des allées.

☞ Quelques-uns s’en sont servis au figuré pour polir, ajuster. Ranger des mots, aligner des phrases. Il ne paroît pas que ce mot ait fait fortune.

Aligner, en termes de Vénerie, signifie, couvrir une femelle. Inire fœminam. Le loup aligne la louve, c’est à-dire, rectà illam petit.

Ces mots viennent du latin linea.

ALIGNÉ, ÉE. part. Il a les significations de son verbe. Ad lineam directus. Autrefois on appeloit femme alignée, une femme droite & bien mise.

☞ ALIGNOUET. s. m. Instrument de fer dont on se sert dans la préparation des ardoises, pour les diviser par leur épaisseur.

ALILAT. s. m. Nom sous lequel les Arabes adoroient la lune, ou la planète que nous nommons l’Etoile du soir, le Vesper, la belle Etoile.

ALIMA. Ville dont il est parlé au premier livre des Machabées, c. 5. v. 26. Alimæ, plur. Elle étoit dans la Galaaditide, dans la tribu de Gad, près de la forêt d’Ephraïm, au midi. Il ne faut pas l’appeler Alimis, comme ont fait quelques auteurs qui n’ont pas pris garde que Alimis est un cas oblique, comme il paroît manifestement par le grec ἐν ἁλίμοις.

ALIMENT. s. m. Nourriture nécessaire pour faire croître & subsister tout ce qui a vie, ou quelque chose d’analogue à la vie. Alimentum. Les Médecins appellent aliment, tout ce qui peut être dissous par le levain de l’estomac, ou par la chaleur naturelle, & changé en chyle, pour devenir sang, & réparer la dissipation continuelle des parties du corps. Le pain est le meilleur aliment de l’homme, l’avoine des chevaux. L’eau est le principal aliment des plantes. M. Bernier dit qu’on ne doute pas qu’au bout de sept ou huit ans toute la matière de notre corps ne fasse place à celle des alimens. Les paysans sont d’ordinaire allez stupides, parce qu’ils ne se nourrissent que d’alimens grossiers & terrestres, qui ne peuvent faire qu’un chyle & un sang fort grossier. Bayl. On ne connoît pas facilement le mystère de la digestion des alimens, & de leur transmutation en chyle, & en sang. Roh. Fottunius Licetus a fait un livre in folio de ceux qui ont vécu long-temps sans alimens. Cyriacus Lentulus, Sennert, Fabricius Hildanus, & Velochius, ont aussi écrit sur ces grands jeûneurs. On a vû un fou dans les Petites-Maisons de Harlem en l’année 1685, qui s’imaginoit être le Messie, & qui, pour l’imiter, fit un jeûne de 40 jours & 40 nuits sans prendre aucun aliment. Après quoi on lui donna à manger peu à peu. Il souffrit les premiers jours de grandes tranchées, ensuite il mangea comme à l’ordinaire, & ne sentit plus de douleur.

Aliment, se dit aussi de la séve des plantes.

De nouveaux rejetons, qui comme autant de bouches,
Attirent l’aliment, & forment la liqueur,
Qui de l’arbre au printemps fait toute la vigueur.

Perr.

Aliment, se dit figurément. L’étude, la contemplation, sont les alimens de l’esprit. Nutrimentum. Les sciences sont les alimens de l’esprit ; elles le nourrissent. La Bruy. Le bois est l’aliment du feu. Ignis alimentum.

Il se dit aussi de ce qui entretient une maladie.

De l’hydropique enflé la soif insatiable
Cherche en vain dans les eaux à se désaltérer :
Plus il boit, plus il enfle, & la soif qui l’accable
Ne se peut tempérer.

Il en porte la cause en ses brûlantes veines ;
C’est de-là que le mal tire son aliment ;
Qu’il éteigne ce feu, s’il veut calmer ses peines,
Et finir son tourment.

☞ C’est une foible traduction de ces beaux vers d’Horace.

Crescit indulgens : sibi dirus hydrops,
Nec sitim pellit, nisi causa morbi
Fugerit venis, & aquosus albo
Corpore langor.

Alimens au plur. se dit en Jurisprudence, non-seulement de la nourriture, mais encore de l’entretien, ou des habits, & du logement, comme étant des choses nécessaires à la vie. Les enfans naturels se font adjuger des alimens contre leurs peres. En matière d’excès & de blessures, on adjuge des provisions pour alimens &