Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/061-070

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pages 051 à 060

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 061 à 070

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l’autre qui est beaucoup plus considérable, naît de la partie intérieure & postérieure de l’urètre, & s’inserent chacun à la partie latérale inférieure du corps caverneux, de son côté vers la racine de la verge. Lettre A. d. s. 1700 Mem. p. 310. Il se détache de la partie antérieure de chaque muscle accélérateur quelques fibres charnues, qui, après avoir rampé sur les côtes de la verge, se terminent au prépuce. Id.

M. Couper dit que les Auteurs se sont bien trompés, quand ils ont rapporté l’origine de ces muscles au sphincter, ou compresseur de l’anus, ou aux tubérosités de l’os pubis ; car ils s’élevent de la partie supérieure de l’urètre, passent sous les os du pubis, enveloppant la partie extérieure de la bulbe de leurs corps creux. Ils s’unissent tous deux sur la partie intérieure, & vont ensemble le long de la peau du périnée, d’où ils se séparent chacun de son côté.

Ce mot vient du latin accelero, j’accélere. Ces muscles sont ainsi nommés, parce qu’ils accélerent la sortie de l’urine, & l’éjaculation de la semence.

ACCÉLÉRATION. s. f. Action par laquelle on avance une affaire, prompte expédition. Acceleratio. Il a omis plusieurs demandes qu’il avoit à faire pour l’accélération du jugement de son procès. Ce terme est peu usité en ce sens.

Accélération, se dit principalement en Physique, de l’accroissement de vitesse dans le mouvement des corps, lorsqu’ils tombent librement, ou qu’ils sont poussés vers le centre de la terre. On recherche avec soin la cause de l’accélération du mouvement des corps qui tombent, & pourquoi ce mouvement, étant fort lent dans son commencement, augmente & devient très-rapide vers la fin. Bern. Galilée est le premier qui a trouvé la proportion de l’accélération du mouvement. Ce n’est point la pesanteur qui fait l’accélération du mouvement des corps dans leur chûte, car on a remarqué qu’un poids d’une livre tombe & descend avec la même vîtesse qu’un poids de cent livres. Bern. Supposant qu’à la même distance du centre de la terre la gravité agit uniformément sur tous les corps, & que le temps qu’un corps met à descendre soit divisé en parties toutes égales ; si après que le grave par son poids est tombé vers le centre de la terre pendant la première de ces parties de temps, sa gravité cesse d’agir. Ce corps tombera également, avec une vîtesse égale à la force de la première impulsion, c’est-à-dire, que pendant chacune de ces parties de temps, il ne parcourra qu’autant d’espace qu’il en a parcouru pendant la première : sa gravité donc ne cessant point, mais agissant toujours, il s’ensuit qu’au second moment ce corps recevra une nouvelle impulsion pour descendre ; sa vîtesse sera donc double de ce qu’elle étoit au premier moment, elle sera triple au troisième, quadruple au quatrième, & ainsi des autres. Par conséquent les vîtesses dans l’accélération sont comme le temps. De plus, parce que l’espace que décrit un mobile dans un temps donné avec une vîtesse donnée, est le rectangle fait du temps & de la vîtesse, un corps grave étant également & uniformément accéléré, l’espace qu’il décrit au commencement du temps de son mouvement, est justement la moitié de celui qu’il auroit décrit, si dans le même temps il s’étoit mû avec une vîtesse égale à celle qu’il a en finissant. De-là il s’ensuit, 1.o Que l’espace parcouru avec la vîtesse de la fin dans la moitié d’un certain temps, est égale à l’espace décrit par un corps accéléré dans ce temps-là tout entier. 2.o Que si un corps en descendant décrit un espace dans un certain temps, dans le double de ce temps-là il en parcourra quatre fois autant, dans le triple neuf fois autant, &c. Ou autrement si les temps sont en progression arithmétique, 1, 2, 3, 4, 5, les espaces seront 1, 4, 9, 16, 25, &c. 3.o Puisque l’espace décrit dans la première partie du temps est 1, dans la seconde 4, dans la troisième 9, &c. si vous considérez séparément l’espace parcouru dans la seconde partie, ce sera 3. Et si de 9, qui est l’espace décrit dans la 3e partie du temps, vous en ôtez 4, qui est l’espace décrit auparavant dans le second moment, il restera 5. Puis donc que les parties du temps sont toutes supposées égales, les espaces décrits par un corps grave dans sa descente, seront comme les nombre impairs dans leur ordre naturel 1, 3, 5, 7, 9, 11, 15, 17, &c. 4.o Puisque les vîtesses acquises dans la chûte sont comme les temps, les espaces parcourus doivent être comme les carrés des vîtesses ; & les temps & les vîtesses pris ensemble seront en raison sous doublée des espaces décrits par un corps qui tombe.

Accélération des étoiles fixes. Terme de l’ancienne Astronomie. Cette accélération est la différence qui se trouve entre la révolution du premier mobile, & la révolution solaire : cette différence est de trois minutes & environ cinquante-six secondes.

ACCÉLÉRATRICE, (force) adj. Terme de Physique. On appelle ainsi la force ou la cause qui accélere le mouvement d’un corps. Tous les corps pris à une égale distance de la terre, ont une égale force accélératrice.

ACCÉLÉRER. v. a. Hâter, presser une affaire, une entreprise. accelerare. La succession échue à ce jeune homme fera accélérer son mariage. Accélérer un travail. Ce terme est principalement d’usage dans les matières de physique. Les corps graves en tombant accélerent leur mouvement, selon des loix constantes qu’on expose dans la Statique.

ACCÉLÉRÉ, ÉE. part. On le dit principalement en Physique. Mouvement accéléré, est un mouvement qui reçoit continuellement de nouveaux accroissemens de vîtesse. En astronomie, une planète est accélérée dans son mouvement, lorsque son mouvement diurne réel excède son moyen mouvement. Elle est retardée dans son mouvement, lorsque son mouvement réel est moindre que son mouvement moyen.

ACCENSE. s. m. Accensus. Terme d’Histoire ancienne, qui signifie Huissier, & quelquefois soldat surnuméraire. Car il y avoit chez les Romains deux sortes de gens qu’on appeloit accensi ; les uns étoient des Officiers, des Magistrats subalternes, qui avertissoient le peuple de s’assembler, introduisoient à l’audience du Prêteur & marchoient devant le Consul, lorsqu’il n’avoit point de faisceaux. Accensi forenses. Leurs fonctions répondoient à celles de nos Huissiers. Les autres étoient à l’armée, des soldats surnuméraires, pour remplir la place des morts ou des blessés. Les premiers se nommoient Accensi, ab acciendo, dit Varron, parce que leur emploi principal étoit de convoquer le peuple. Les autres, parce qu’ils étoient ajoutés au nombre compétant ; quia adcensebantur, ou accensebantur ; c’est-à-dire, ad censum adjiciebantur, ainsi que l’explique Asconius Pedianus.

Accense. s. f. Terme de Coutume. On écrit aussi adcense. Voyez Acense.

ACCENSEMENT, ou ADCENSEMENT. Voy. Acensement.

ACCENSER. Voyez Acenser.

ACCENSEUR & ADCENSEUR. Voyez Acenseur.

ACCENT. s. m. Modulation dans le discours particuliere à chaque pays : manière différente dans l’articulation & prononciation des mots. C’est proprement la modification de la voix, la manière de prononcer certaines syllabes plus ou moins élevées, plus ou moins longues ou brèves. Sonus vocis. Il faut éviter soigneusement un certain accent populaire, qui rend les plus belles choses désagréables. M. Scud. On dit communément que pour bien parler, il ne faut point avoir d’accent, c’est-à-dire, qu’il ne faut point avoir d’accent provincial, qui s’écarte de l’accent de la Cour & de la capitale.

Presque toutes les provinces ont leurs accens particuliers. Deux des plus marqués sont l’accent Gascon & l’accent Normand. L’accent Gascon est un accent aigu, qui se fait trop sentir. L’accent Normand est un accent émoussé, grossier & pesant, qui assomme les oreilles. Les Gascons aiment leur accent jusqu’à la folie ; c’est-à-dire, jusqu’à le garder à la Cour même. L’accent Normand est trop grossier pour favoriser la vanité de l’esprit : l’accent Gascon la favorise par je ne sais quelle élévation qui ne déplaît pas. Vign. Mar. Il falloit dire plutôt, parce qu’il marque de l’esprit & de la vivacité. M. de Segrais, qui étoit de l’Académie Françoise, & qui avoit passé sa jeunesse à la Cour, a toujours parlé Bas-Normand, & conservé son accent ; ce qui donna lieu à Mademoiselle de Montpensier de dire à un gentilhomme qui alloit faire le voyage de Normandie avec M. de Segrais : vous avez un fort bon guide, il sait parfaitement la langue du pays. Vign. Mar.

Accent, signifie en Grammaire, certaine marque qu’on met sur les syllabes, pour les faire prononcer d’un ton plus fort, ou plus foible, & pour marquer les diverses inflexions de la voix. Accentus, voculatio. Les Savans ont observé que l’usage des accens étoit inconnu aux anciens Grecs. Ils ont été inventés par les Grammairiens, pour fixer la prononciation de la Langue grecque. Le Cardinal du Perron dit que les Hébreux appelloient les accens טעם, taham, c’est-à-dire, gustus, parce que c’est comme le goût & le relief de la prononciation.

Il y a trois sortes d’accens. L’aigu, qui releve un peu la syllabe, bonté. Acutus. Le grave, qui la rabaisse, . Gravis. Et le circonflexe, qui est composé des deux autres, & qui étend le son, extrême. Circumflexus. On le met sur la plûpart des syllabes longues dont on retranche un S, comme trône, pâle, &c.

Les Hébreux ont l’accent de Grammaire, de Rhétorique, & de Musique, ou plutôt, l’accent de Grammaire & de Rhétorique ; car l’accent de Musique n’est point différent de l’accent de Grammaire qu’on appelle aussi accent Tonique, parce qu’il donne le ton à la syllabe ; & l’accent de Rhétorique se nomme Euphonique, parce qu’il sert à rendre la prononciation plus douce & plus agréable. Il y a quatre accens de Rhétorique, ou Euphoniques, & 25 Toniques, ou de Grammaire, dont les uns se placent sur la syllabe, les autres dessous. Les Grammairiens Juifs, suivis des autres qui ont écrit des Grammaires Hébraïques, les distinguent en accens Rois, & en accens Ministres, ou serviteurs. Les premiers sont ceux qui font une distinction grande ou petite. On les appelle Rois, parce que les autres se rapportent à eux, leur servent, & qu’ils sont dans leur Empire ; c’est-à-dire, dans la phrase que ceux-là gouvernent, & qu’ils terminent. Les seconds sont ceux qui ne font point de distinction, mais qui montrent que la phrase n’est pas finie, qu’il faut rapporter le mot ou le membre sur lequel ils dominent à ce qui suit. Parmi ceux qui font distinction, & qu’on appelle généralement Rois, on distingue encore un Empereur, des Rois, des Ducs, ou Chefs. Tous ces noms sont métaphoriques pour marquer une distinction plus ou moins grande. Celui qui domine sur toute une phrase complète, qui termine un sens entier, s’appelle Empereur : cela revient à ce que nous appelons un point. Celui qui domine sur un grand membre de la phrase, qui termine un sens, qui n’est pas cependant tout-à-fait complet, s’appelle Roi : & c’est à-peu-près comme nos deux points, ou notre point avec une virgule. Enfin, celui qui dans un grand membre en gouverne & en coupe un plus petit, qui fait aussi un sens, mais imparfait, se nomme Duc : c’est, si l’on veut, notre virgule. Au reste, l’accent Roi devient quelquefois Ministre, & le Ministre Roi, selon que les phrases sont plus ou moins longues. De plus, l’art & la combinaison des accens est autre dans la poësie hébraïque, que dans la prose. On dispute beaucoup sur l’usage de tous ces accens Toniques, ou de Grammaire. Un grand nombre de Protestans, sur-tout parmi les Luthériens, soutiennent qu’ils servent à distinguer le sens. Le commun des Catholiques, & les plus habiles Protestans, croient au contraire qu’ils ne servent que pour le chant, ou la Musique ; car les Juifs chantent l’Ecriture-Sainte dans leurs Synagogues plutôt qu’ils ne la lisent. Je crois qu’ils sont faits pour marquer ce chant ; mais qu’on a réglé ce chant sur le sens des paroles, & sur l’attention qu’on a voulu qu’on fît à certains mots ; qu’ainsi les accens Hébreux, en marquant le chant, marquent aussi quelque distinction, mais que ces distinctions en si grand nombre sont souvent inutiles ou trop subtiles. Ainsi parmi nos Ecrivains Latins & François, & parmi ceux qui nous donnent des éditions des anciens Auteurs, il y en a qui mettent une fois plus de distinctions de points, de virgules, &c. que les autres. Quoiqu’il en soit, il est certain que les anciens Hébreux n’avoient pas ces accens, qu’ils n’ont été inventés que vers le VIe siècle par les Docteurs Juifs qu’on nomme Massorettes, & qu’ainsi ils n’ont point une autorité divine, quoiqu’en disent quelques Protestans. Les plus judicieux même parmi eux conviennent de ce qu’on vient de dire. Voilà en peu de mots ce que l’on peut dire de plus clair & de plus raisonnable sur une matière fort embrouillée & sur laquelle on a écrit, & l’on écrit encore tous les jours bien des volumes.

Il y a de grandes disputes parmi les Savans sur les accens qu’on trouve depuis plusieurs siècles dans les Livres Grecs, soit imprimés soit manuscrits. Isaac Vossius, qui a composé un discours à ce sujet, prétend que ces accens ne sont point anciens, & qu’autrefois il n’y en avoit point d’autres que de certaines notes qui servent à la Poësie. C’étoient proprement des notes de Musiciens pour chanter les Poëmes, & non pas des notes de Grammairiens, telles que sont celles qui ont été inventées très-long-temps après. Aristophane le Grammairien, qui vivoit vers le temps de Ptolomée Philopator, fut l’Auteur de ces notes musicales. Aristarque son disciple enchérit dans cet Art par-dessus lui : & tout cela ne servoit que pour apprendre plus facilement aux jeunes gens l’art de faire des vers. Le même Vossius montre par plusieurs anciens Grammairiens, qu’on marquoit en ces temps-là les accens Grecs sur les mots, tout autrement qu’ils ne sont présentement dans les Livres, ce qu’il justifie aussi par des exemples. Voyez sa dissertation De accentibus Græcanicis.

Henri Christian Hennin, dans une Dissertation qu’il a publiée pour montrer qu’on ne doit point prononcer la Langue Grecque selon les accens, a embrassé le sentiment d’Isaac Vossius, qu’il a poussé encore plus loin. Il croit que ce sont les Arabes qui ont été les inventeurs de ces notes, ou pointes, acuminum, qu’on voit sur les mots, & qu’on nomme accens ; & qu’ils ne s’en sont servis que dans la Poësie. Il appuie ce sentiment sur le traité de Samuël Glarck de Prosodiâ arabicâ, imprimé à Oxford en 1661 ; mais il ne paroît pas avoir entendu la pensée de cet Auteur.

Hennin prétend que ces anciens accens, inventés par Aristophane, s’accordoient parfaitement avec la prononciation de la Langue Grecque, au lieu que ceux d’aujourd’hui la détruisent. Il ajoute que les nouveaux Grammairiens Grecs ne les ont inventés, que dans des temps où la Langue Grecque commençoit à tomber, voulant empêcher par-là la mauvaise prononciation que les Barbares y introduisoient ; & il ne leur donne que neuf cens ans d’antiquité, ce qu’il prouve, parce qu’il ne se trouve point de plus anciens Livres manuscrits, où ces accens soient marqués. Lisez sa Dissertation imprimée à Utrecht en 1684, sous le titre de Dissertatio paradoxa, avec celle d’Isaac Vossius qui y est jointe.

Wetstein, Professeur à Bâle, en Langue Grecque, a opposé aux paradoxes de Hennin une savante Dissertation, où il fait voir que les accens qui sont dans les Livres Grecs, soit imprimés, soit manuscrits, ont une bien plus grande antiquité. Il avoue que ces accens n’ont pas toujours été marqués de la même manière que les Anciens, & il en apporte en même temps la raison. Comme la prononciation de la Langue Grecque n’a pas été la même chez tous les peuples, il n’est pas étonnant que les Doriens les aient marqués d’une manière, & les Æoliens d’une autre. De même, ajoute-t-il, un même peuple a prononcé différemment sa Langue en différens temps. Tout ceci se peut confirmer par l’exemple de notre Langue. Il rapporte deux raisons qu’on eut dès ces temps-là de marquer les accens. L’une est qu’on écrivoit alors tout en lettres majuscules, toujours également éloignées les unes des autres, sans distinction de mots, ni de phrases. L’autre est de distinguer les mots ambigus, & qui peuvent avoir deux sens. Il prouve ceci par une dispute sur un endroit d’Homère, rapportée par Aristote dans sa Poëtique, Ch. 25. C’est ainsi que les Syriens, qui ne marquent point les accens toniques, quoiqu’ils aient des accens distinctifs, ont encore inventé certains points, qui se mettent au-dessus ou au-dessous du mot, pour en faire connoître le mœuf, le temps, la personne, ou le sens, & qui étoient très-utiles lorsqu’on écrivoit le Syriac sans voyelles. Cette Dissertation, qui est pleine d’érudition, a été imprimée à Bâle en 1686, sous le titre de Dissertatio epistolica de accentuum Græcorum antiquitate & usu, à la fin de ses Discours apologétiques pour la véritable prononciation de la Langue Grecque.

Il n’est pas possible de fixer exactement le temps auquel les Grecs ont marqué les accens dans leurs Livres. Mais on peut assurer que Hennin & Isaac Vossius ont un peu outré cette matière. Wetstein a aussi trop étendu quelques-unes de ses preuves. De plus, on doit demeurer d’accord que les accens ne sont point marqués dans les Livres Grecs qui ont mille ans d’antiquité. Mais il ne s’ensuit pas de là que ces accens ne fussent point encore dans ce temps-là en usage chez les Grecs. Cela prouve seulement, que la plûpart des Copistes les ont négligés ; & c’est ce qui fait qu’il est très-rare de trouver d’anciens Manuscrits où ils soient marqués. C’est la remarque que M. Simon, qui a lu un grand nombre de Manuscrits Grecs, a faite dans son Histoire critique du Nouveau Testament, où il dit : l’Exemplaire Grec & Latin de Cambridge, qui contient les quatre Evangélistes & les Actes des Apôtres, & qui est au moins ancien de mille ans, n’a aucuns accens. L’Exemplaire Grec & Latin des Epîtres de S. Paul qui est dans la Bibliothèque du Roi, & qui n’est pas moins ancien que celui de Cambridge, a à la vérité des accens ; mais il paroît qu’ils y ont été ajoutés après coup, parce qu’ils ne sont point de la même main que l’écriture de tout le Livre. Georges Syncelle, ajoute M. Simon, fait mention d’un Exemplaire Grec de la Bible, qui étoit écrit avec une grande exactitude, où l’on avoit mis les points & les accens. Syncelle dit que cet Exemplaire lui étoit venu de la Bibliothèque de Césarée en Cappadoce, & qu’on voyoit par l’inscription qui étoit au-devant du Livre, qu’il avoit été copié sur un Exemplaire qui avoit été corrigé par le grand S. Basile.

Hennin ne paroit pas exact, quand il assûre que les accens sont une invention des Arabes, qui fut perfectionnée par Alchalil vers le temps de la mort de Mahomet ; que les Massorettes de Tibériade, au milieu du sixième siècle adopterent cette invention, & que celui qui perfectionna les accens, fut le Rabbin Juda ben David Chiug, natif de Fez, dans l’onzième siècle. Il se peut faire à la vérité, que les Juifs aient emprunté leurs points voyelles des Arabes ; mais comment auroient-ils pris de ces mêmes Arabes leurs accens, puisque la Langue arabe n’a aucuns accens, ni dans la prose, ni dans les vers ? La poësie est très-ancienne chez les Arabes, & long-temps avant Alchalil Eben Ahmed, qui l’a seulement réduite en art, marquant les mesures des vers que nous appelons en Latin pedes, les pieds. C’est ce que Samuël Clarck a fort bien expliqué dans son Livre intitulé, De Prosodiâ arabicâ.

A l’égard des Juifs, on peut croire que les Massorettes de Tibériade ont ajouté les accens au texte Hébreu de toute la Bible. Ceux qui disent que le Rabb. Juda de Fez perfectionna les accens, n’ont avancé cela que parce qu’ils ont crû que ce Rabbin a été le premier Grammairien des Juifs. Mais ils se trompent ; car Rabb. Saadias Gaon, qui vivoit long-temps avant Juda Chiug, a composé une Grammaire hébraïque. On trouve dans l’Histoire Critique de l’Ancien Testament, Chap. 30, un Catalogue des Grammairiens Juifs, à la tête desquels est ce Rabb. Saadias. M. mon dit en ce lieu-là : Après que les Juifs de Tibériade eurent ajouté les points voyelles & les accens au texte de la Bible, les Docteurs des autres Ecoles commencerent à les imiter. Ils mirent ces points & ces accens dans leurs exemplaires, que les particuliers décrivirent ensuite.

Les accens des Hébreux ont quelque chose de commun avec les accens des Grecs & des Latins, & ils ont en même temps quelque chose de particulier, & qui ne se trouve que dans la Langue hébraïque. Ce qu’ils ont de commun, c’est qu’ils marquent les tons, quand il faut élever, ou abaisser la voix sur certaines syllabes. Quand un Juif habile lit le texte Hébreu de la Bible, il chante plutôt qu’il ne lit, parce qu’il le prononce selon les tons qui sont marqués par les accens. Ce que les accens ont de particulier dans cette Langue, c’est qu’ils y font la même chose que les points & les virgules dans le Latin, dans le Grec & dans le François : ils distinguent les sections, les périodes, & les membres des périodes. Le mot accent vient d’accentus ; & ce dernier mot, selon Covarruvias, vient d’accento, verbe fréquentatif dérivé d’accino.

Accent, en Musique, est une inflexion, ou modification de la voix, ou de la parole, pour exprimer les passions & les affections, soit naturellement, soit par artifice. L’accent oratoire se dit de même du ton qui accompagne les mots avec lesquels on exprime telle ou telle affection de l’ame. Chaque passion, chaque sentiment a un ton qui lui est propre.

Les Poëtes se servent quelquefois du mot d’accens au pluriel pour signifier la voix, ou les cris. Les accens plaintifs. Les derniers accens. Il expliqua sa passion par ces tristes accens.

Loin d’ici, profane vulgaire,
Apollon m’inspire & m’éclaire :
C’est lui, je le vois, je le sens :
Mon cœur cede à sa violence.
Mortels, respectez sa présence,
Prêtez l’oreille à mes accens. R.

Rien n’empêche même de s’en servir en prose, & M. Pelisson a dit fort élégamment aux Réfugiés : Pendant que toute la terre pleine de son nom (du Roi) & des charmes de votre Patrie, apprend à parler François, vous tâcherez de vous former avec peine aux accens de quelque Langue étrangère, qui ne laissera pas de vous faire entendre à toute heure ce que vous avez perdu.

ACCENTUER. v. a. Marquer les syllabes avec des accens, pour avertir comment il les faut prononcer. Syllabæ accentum apponere. Les Romains n’accentuoient point leurs syllabes en écrivant.

ACCENTUÉ, ÉE. part. Cet é est accentué, il le faut prononcer plus fortement. Accentu notatus.

ACCEPTABLE. adj. m. & f. Ce qu’on ne peut raisonnablement refuser. Accipiendus, quod potest accipi. On le dit au palais, des offres, des propositions qui sont raisonnables, & concilient, autant qu’il est possible, les droits & prétentions respectives des parties.

ACCEPTANT, ANTE. adj. Terme de Pratique. Celui qui accepte, qui agrée ce qu’on fait en sa faveur. Dans tous les Contrats on dit, qu’un acquéreur, ou donataire, est présent & acceptant. Dans les cessions à un absent, le Notaire prend qualité d’acceptant pour le cessionnaire.

ACCEPTATION. s. f. Consentement de celui qui accepte, action par laquelle on reçoit volontairement, on agrée ce qui est proposé, offert. Acceptio. L’acceptation d’une donnation est nécessaire pour sa validité : c’est une formalité essentielle. L’acceptation est le concours de la volonté du donataire, qui donne la perfection à l’acte ; sans quoi le donateur peut révoquer son don.

Acceptation d’une succession, est un acte par lequel un présomptif héritier d’un défunt, manifeste qu’il prend la qualité d’héritier, à l’effet d’être subrogé en tous ses noms, droits & actions, comme le représentant, & étant en son lieu & place, du jour du décès.

Acceptation de Communauté, est l’acte par lequel une veuve, après le décès de son mari, accepte la communauté de biens qui étoit entre eux.

En matière bénéficiale, l’acceptation doit être faite au temps même de la résignation, & non ex intervallo. L’acceptation est réputée faite par un Gradué, nommé, quand il a demandé à l’ordinaire qu’il lui confère le Bénéfice. Bouchel.

Acceptation, en termes de Théologie, se dit de la manière de recevoir les Constitutions des Papes, ou de l’acte par lequel on les reçoit. Il y a deux sortes d’acceptations, l’une solennelle, & l’autre tacite : l’acceptation solennelle est l’acte par lequel on reçoit, & on accepte une Constitution, en condamnant ce que le Pape condamne. L’acceptation solennelle se pratique plus ordinairement dans les lieux où les erreurs condamnées se sont élevées, dans ceux où elles se sont répandues, où elles ont causé du scandale, où les Livres condamnés ont été imprimés ; dans les pays où sont ceux à qui la Constitution est adressée en particulier, quand elle ne l’est pas à tous les Fidèles. Quand une Constitution a été acceptée expressément par ceux qu’elle regarde d’une manière particulière, elle est censée acceptée tacitement par les autres Prélats du monde Chrétien qui en ont connoissance ; & cet acquiescement est ce qu’on appelle acceptation tacite. Ainsi la France, la Pologne, &c. ont accepté tacitement la Constitution contre la Doctrine de Molinos ; & l’Allemagne, la Pologne, &c. ont accepté tacitement les Constitutions contre la Doctrine de Jansénius, Evêque d’Ypres. Enfin, quand la plus grande partie des Evêques a accepté une Constitution expressément, ou tacitement, les autres sont obligés de l’accepter & d’y adhérer, en ce qui regarde la foi & les mœurs ; & il n’est point nécessaire que l’acceptation du Corps des Pasteurs soit solennelle, pour que les Constitutions du Saint-Siége soient des règles du sentiment des Fidèles. Procès verbal de l’Assemblée du Clergé en 1705.

Acceptation d’une lettre de change, est la promesse par écrit de l’acquitter dans le temps de son échéance. Si le porteur d’une lettre de change n’en fait point faire l’acceptation dans un certain temps, il n’a plus de garantie sur le tireur. Savary.

ACCEPTER. v. a. Agréer ce qui est offert. Accipere. Il a accepté une charge difficile à remplir. La loi est censée accepter pour les mineurs, & elle supplée à leur intention dans les choses favorables. Courtin. Accepter un combat sur un défi. Accepter la paix, les conditions d’un traité. Il faut remarquer que ce mot différe de recevoir ; il est moins étendu. Nous recevons ce qu’on nous donne, ou ce qu’on nous envoie. Nous acceptons ce qu’on nous offre. On reçoit les grâces. On accepte les services. Recevoir exclut simplement le refus. Accepter marque un consentement ou une approbation plus expresse.

Elle venoit, Seigneur, fuyant votre courroux,
A la face des Dieux l’accepter pour époux.

Ragin.

On dit, j’en accepte l’augure ; pour dire, je souhaite que cela arrive comme on le fait espérer.

Accepter se dit des Constitutions, Bulles, ou Brefs des Papes, comme on l’a expliqué au mot acceptation. Un arrêt du Conseil du cinquième Juillet 1714, le Roi y étant, déclare un Mandement d’un Evêque comme non fait, & non advenu, parce qu’il introduit une nouvelle manière d’accepter les Constitutions du Pape. Il y a cette différence entre accepter & acceptation pris en ce sens, que l’on dit également bien accepter ou recevoir une Bulle, ou Constitution, au lieu qu’on ne dit point réception, mais toujours acceptation d’une Bulle ou Constitution.

On dit aussi, accepter une lettre de change, pour en empêcher le protêt, lorsqu’on la souscrit, & qu’on promet de la payer. Accepter un legs, une donation, une succession, communauté. Voyez Acceptation.

On dit aussi au Palais, Accepter les offres de sa partie.

ACCEPTÉ, ÉE. part. Qui a les mêmes sens que son verbe. Les offres qui ne sont point acceptées sont sujètes à révocation. En matière de Bulles & de Constitutions du Saint-Siége, quoiqu’on dise acceptation, & non pas réception, on dit cependant reçu, & non pas accepté. Cette Constitution est reçue en France. On n’encourt point en France l’excommunication, & les autres peines portées dans cette Bulle, parce qu’elle n’y a point été reçue, & non pas acceptée, au moins dans l’usage ordinaire.

ACCEPTEUR. s. m. Terme de commerce. Acceptor. L’Accepteur est celui qui a accepté une lettre de change. L’Accepteur devient débiteur personnel après l’acceptation, est obligé de payer, quand même le tireur viendroit à manquer.

ACCEPTILATION. s. f. Acceptilatio. Terme de Jurisprudence Romaine. Remise verbale qu’on donne à un débiteur sans aucun payement de sa part ; déclaration qu’on fait en faveur de son débiteur, qu’on ne lui veut plus rien demander, qu’on a été satisfait d’une dette, ou qu’on la lui remet. On trouve dans le droit une certaine forme prescrite pour l’acceptilation. Ulpien a cependant décidé que l’acceptilation n’est point aux paroles ; & qu’étant de droit naturel que chacun remette ce qui lui est dû, en la manière qu’il lui plaît, elle ne dépend point des formalités.

ACCEPTION. s. f. Considération, sorte de préférence qu’on a pour quelqu’un plutôt que pour un autre. Respectus, discrimen, delectus. Les bons Juges ne font aucune acception des personnes. Cette expression nous est venue de l’écriture, où le Traducteur Latin rend par accipere personam, & personarum acceptio, ce que l’Hébreu exprime par גקר פנים connoître, ou considérer le visage, y faire attention, ou par משא פנים, assumptio facierum, ce qui signifie faire distinction des personnes, avoir des égards, des considérations pour les unes, qu’on n’a pas pour les autres. On s’est servi autrefois aussi en ce sens du mot d’acceptation ; mais acceptation est plus propre pour les affaires, & acception pour les personnes.

Acception. Terme de Grammaire. Sens dans lequel on prend un mot. Significatio, notio, intellectus. Ce mot a plusieurs acceptions. Dans sa première & plus naturelle acception, il signifie, &c.

Acception, en Médecine, se dit de tout ce qui est reçu dans le corps, soit par la peau, soit par le canal alimentaire. Encyc. Je ne crois pas ce terme d’un grand usage.

☞ ACCÈS. s. m. Accessus, d’accedere, qui signifie aborder, approcher. Ce mot dans son acception la plus étendue, signifie la même chose qu’abord, approche. L’Accès de cette côte est difficile à cause des rochers. Place de facile Accès.

Accès, Aditus, en parlant des personnes, désigne la facilité qu’on a d’approcher de quelqu’un, de l’entretenir. On dit dans ce sens, avoir accès auprès de quelqu’un. On a accès où l’on entre. Les princes donnent accès. L’accès en est facile ou difficile. Cet homme cherche quelque accès dans cette maison, quelque connoissance qui lui en facilite l’entrée. Qui a beaucoup de connoissances, peut avoir accès en beaucoup d’endroits. C’est un homme dans l’esprit duquel il est impossible de trouver aucun accès. Voyez encore Aborder & Approcher.

Accès. s. m. Se dit dans les Conclaves, à l’élection des Papes, lorsque les voix se trouvant toujours trop partagées pour que l’élection se puisse faire, des Cardinaux se désistent de leur premier suffrage, & joignent leurs voix à celles qui ont été données à un autre Cardinal. Corradini eut trente voix au scrutin, mais à l’accès il n’en eut que vingt-huit. Les billets du scrutin, les billets de l’accès. Après le scrutin, on alla à l’accès. Il fut fait Pape à l’accès. On dit aussi Accessit. Voyez ce mot. Accès vient du latin accessus, d’accedo, j’accède, je me joins.

Accès. Terme du Droit Canon, qui signifie la faculté qu’on accordoit à quelqu’un pour posséder un bénéfice après la mort du titulaire, ou parce que celui à qui on accordoit cette faculté, n’avoit pas encore l’âge compétent. En attendant, on donnoit le bénéfice à un autre ; & lorsqu’il avoit atteint l’âge requis, il entroit dans son bénéfice sans nouvelle provision. Le Concile de Trente, par le chapitre septième de la vingt-cinquième session, a abrogé les accès. Il réserve seulement au Pape la faculté de nommer des Coadjuteurs aux Archevêques & Evêques, pourvu qu’il y ait nécessité pressante, & que ce soit en connoissance de cause. La différence que les Canonistes mettent entre l’accès & le regrès, c’est que les regrès habent causam de præterito, parce qu’il faut avoir eu droit au bénéfice ; & l’accès, habet causam de futuro. Rassicot.

Accès, se dit aussi en Médecine des retours périodiques de certaines maladies, qui laissent quelques bons intervalles. Accessio, accessus. Il a eu un accès de fièvre, de goutte. Il lui prend quelquefois un accès de folie. En ce sens il se dit aussi seul, & sans ajouter le nom de la maladie. L’accès a été long & violent.

Accès, se dit aussi au figuré & dans les choses morales. Il signifie alors, mouvement intérieur & passager, en-conséquence duquel on agit. Il a des accès de dévotion, des accès de libéralité.

ACCESSIBLE. adj. m. & f. Ce qui peut être approché. Ad quem facilis est aditus. On le dit des lieux & des personnes. L’humeur farouche de ce Juge fait qu’il n’est accessible qu’à peu de gens. Il étoit accessible à toute heure & à tout le monde. Le Gend. Cette place n’est accessible que par un seul endroit.

ACCESSION. s. f. Terme de pratique. L’action d’aller dans un lieu. Accessio. Le Juge a ordonné une accession de lieu, pour dresser procès verbal de l’état des choses. Dans ce sens accession est la même chose que descente & visite d’un lieu.

Accession, en droit, signifie aussi l’union d’une chose à une autre que l’on possédoit déjà ; en ce cas c’est la même chose qu’accroissement : s’approprier un fonds par droit d’accession. Le droit explique diverses sortes d’accessions, en vertu desquelles une chose jointe à une autre accroît au profit du propriétaire de la chose à laquelle l’autre a été unie. La pourpre par voie d’accession appartient au maître du drap avec lequel elle a été confondue par la teinture. Inst. P. 2, T. i.

Accession. Terme de droit public, signifie l’action d’accéder à un traité. Il sera permis aux autres Puissances d’entrer dans ce traité : le terme d’accession sera d’une année. Acte d’accession de la part des Puissances belligérantes.

On peut aussi le dire du consentement que l’on donne à un acte, à un traité entre particuliers. L’accession du pere au contrat de mariage du fils.

ACCESSIT. s. m. Terme de Collége, emprunté du Latin pour désigner la récompense qu’on donne à l’écolier qui a approché du prix. Un tel a eu le premier accessit, c’est-à-dire, il a le plus approché du prix. Le second accessit. Il a eu trois accessit, c’est-à-dire, il a approché du prix en trois différens genres de composition.

Ce mot est latin, & vient de ce qu’après avoir donné les prix, on nomme ceux qui en ont approché le plus près, en disant : Ad hos proximè accesserunt.

Accessit, se dit dans le Conclave, d’un scrutin dans lequel des Cardinaux quittent le parti qu’ils avoient suivi jusque-là, & joignent leurs voix à celles d’un autre parti pour le fortifier. Le Cardinal Polus n’eut que vingt-six voix, tant au scrutin qu’à l’accessit. Dupin. Le Cardinal eut dix-huit voix au scrutin, & vingt-six à l’accessit. Id. On dit aussi Accès. Voyez ce mot.

ACCESSOIRE. s. m. Dépendance du principal, ce qui n’est regardé que comme la suite ou l’accompagnement de quelque chose de principal. Accessio. Les dépens, qui ne sont qu’un accessoire, montent souvent plus haut que le principal. L’accessoire doit céder au principal. La caution dans le contrat est un accessoire qui fortifie le contrat, & par cette raison il est condamné comme le principal obligé, parce que l’accessoire tient de la nature du principal. Ce mot est général, & comprend les intérêts, les fruits, les dépendances & les suites des choses principales : ainsi les fruits d’un fonds pendans par les racines appartiennent à celui qui a obtenu gain de cause en action réelle, comme étant les accessoires du fonds.

M. l’Abbé Fleury dans le discours qui est à la tête du treizième tome de son Hist. Eccles. dit, en parlant des Pélerinages, que sur la fin de l’onzième siècle, on préféra ce petit accessoire à l’essentiel de la Religion.

Accessoire, se prend figurément pour un état fâcheux. Status acerbus. Il étoit dans un étrange accessoire. On ne s’en sert plus en ce sens.

Accessoire, pris pour adjectif, se dit de ce qui n’est point de l’essence d’une chose, mais que l’on y joint comme un accompagnement, comme une dépendance ou une suite. Adscitus, adventitius. Une dette accessoire, une idée accessoire.

Accessoire, en matière de Pharmacie, veut dire un changement qui arrive au médicament par des causes extérieures, & qui augmente, ou diminue sa valeur, son action.

Accessoire, en peinture, sont des choses que l’on fait entrer dans la composition d’un tableau, qui, sans y être absolument nécessaires, servent beaucoup à l’embellir, lorsque le Peintre sait les placer, sans choquer les convenances.

l’Accessoire du long extenseur des orteils, en termes d’Anatomie, est une masse charnue, longuette & plate, située obliquement sous la plante du pied. Ce muscle a été autrefois appelé la chair carrée de la plante du pied, à cause de sa situation & de sa figure. Winslow.

Accessoire de Willis ; Accessorius Willisii, est, en termes d’Anatomie, un nerf, que nous appelons le Spinal. Voyez ce mot. Les nerfs accessoires appartiennent à la huitième paire, & naissent par plusieurs filets des deux côtés de la moëlle de l’épine du cou, quelquefois plus haut, quelquefois plus bas. Ils montent chacun entre les plans nerveux qui sortent latéralement de la moëlle de l’épine pour former les nerfs vertébraux ; & à mesure qu’ils montent, ils grossissent par les filets qu’ils reçoivent des plans nerveux postérieurs.

ACCHO. Accho. Ville de Phénicie. Elle fut donnée à la Tribu d’Aser ; mais cette Tribu n’en chassa point les Chananéens, ou Phéniciens, non plus que de quelques autres lieux dont il est parlé au Ch. i du Liv. des Juges v. 31. Quelques-uns veulent que ce soit la même qu’Acé, ou Ptolémaïs. Bochart, Chanaan, C. 2, dit que c’est Acon, que Jacques de Vitry, dans son Histoire d’Orient, C. 25 écrit Accon. Voyez sur cet endroit les notes d’André Hojux, p. 461, de l’édition de Douai 1597, & Fuller. Miscell. Liv. iv, C. 15.

Etienne a tort de chercher dans la langue grecque l’étymologie de ce nom ; encore plus Josephe de le faire venir d’ἀρχή, principium. C’est un mot purement Hébreu, ou Phénicien, עכו, que quelques-uns interpretent compressus, ou consractus ; mais dont nous ne savons pas la vraie signification.

ACCIA. Ville de Corse, autrefois épiscopale. Accia. Elle est au nord de l’Île, entre la rivière de Golo, & celle de Tavignano. Accia ayant été ruinée, son évéché a été uni à celui de Mariana.

☞ ACCIDENT. s. m. Cas fortuit ; ce qui arrive par hasard. casus. Il y a des gens à qui la faveur arrive comme un accident ; ils en sont surpris les premiers. La Bruy. Quand ce mot est mis seul, & sans adjectif qui en détermine le sens, il se prend presque toujours en mauvaise part. Il arrive quelquefois des accidens, d’où il faut être un peu fou pour se bien tirer. Rochef. C’est dans les Hôpitaux que se rassemblent toutes les infirmités & tous les accidens de la vie humaine. Flech.

☞ Accident, dit M. l’Abbé Girard, se dit de ce qui arrive de fâcheux, soit à un seul, soit à plusieurs particuliers ; & il s’applique également aux faits qui ne sont pas personnels, comme à ceux qui le sont. Il me semble, dit-il, que le hasard a moins de part dans l’idée d’événement, que dans celle d’accident & d’aventure.

Dans l’usage ordinaire, accident se prend souvent comme synonyme de malheur, comme annonçant & désignant un fâcheux événement. Casus adversus. La différence qui se trouve alors entre ces deux mots, consiste en ce que le mot malheur s’applique particulièrement aux événemens de fortune & de choses étrangères à la personne ; au lieu que l’accident regarde proprement ce qui arrive dans la personne même. On dit un grand malheur, un cruel accident. C’est un accident de tomber ou d’être blessé.

Accident. Terme de Philosophie. Propriété accidentelle, ce qui survient à la substance, & qui ne lui est pas essentiel ; qui peut y être, ou n’y être pas, sans qu’elle périsse. Accidens. Un accident, ou un mode, c’est ce que nous concevons nécessairement dépendant de quelque substance. Roh. La blancheur est un accident dans une muraille, parce que cette muraille peut subsister sans la blancheur : au lieu que la blancheur ne peut naturellement subsister sans qu’elle soit soutenue par quelque substance.

On distingue en Philosophie des accidens logiques, des accidens physiques, des accidens métaphysiques. L’accident logique est tout ce qui peut être conçu être ou n’être pas dans le sujet, sans qu’il cesse d’être ce qu’il est. La blancheur, par exemple, est un accident logique d’une muraille, ou de quelque autre corps que ce soit qui est blanc, parce qu’elle peut être dans la muraille, ou n’y être pas, sans que la muraille cesse d’être muraille. L’Accident métaphysique est tout ce qui n’est point l’essence première d’une chose ; & en ce sens les propriétés sont des accidents. L’Accident physique est opposé à la substance, & on en distingue de deux sortes, l’Accident physique absolu, & l’accident modal. Par accident physique absolu, ou simplement accident absolu, accidens absolutum, on entend celui qui subsiste, ou qui peut au moins surnaturellement & par miracle subsister sans sujet. Tels sont les accidens du pain & du vin dans le Sacrement de l’Eucharistie, suivant le grand nombre des Théologiens. Par accident physique modal, on entend toute modification réelle, inséparable absolument de son sujet, quoique le sujet puisse être sans elle, ou en avoir une différente. Ainsi la rondeur, la carrure, &c. sont des accidents physiques modaux. Voyez Mode. C’est la même chose.

Accident. Terme de Grammaire. Il est sur-tout en usage dans les anciens Grammairiens qui entendent par-là une propriété qui, à la vérité, est attachée au mot, mais qui n’entre point dans la définition essentielle du mot.

Accident. Terme de peinture. On appelle accidens de lumière, les rayons qui viennent par une porte, par une lucarne, ou d’un flambeau, lorsque cependant ils ne font pas la lumière principale d’un tableau. On dit encore des accidens de lumière, lorsque les nuages interposés entre le soleil & la terre, produisent sur la terre des ombres qui l’obscurcissent par espace ; l’effet que produit le soleil sur ces espaces qui en restent éclairés, s’appellent accidens de lumière. Ces accidens produisent des effets merveilleux dans un tableau.

Accident, en Médecine, est la même chose que symptôme, & se dit de tout ce qui arrive de nouveau à un malade, soit en bien, soit en mal. Symptoma. Le remède travailla de telle sorte, que les accidens qui s’ensuivirent, fortifierent l’accusation. Vaug. Cette plaie se pourra guérir, s’il ne survient point d’accident ; c’est-à-dire, de fièvre, d’inflammation, ou d’autre symptôme.

Accident, se dit aussi en fauconnerie. Les oiseaux de proie sont sujets à plusieurs accidens, c’est-à-dire, maladies, blessures.

Accident, signifie aussi les circonstances & les incidens d’une action. Quand Sapho veut exprimer les fureurs de l’amour, elle ramasse de tous côtés les accidens qui suivent & qui accompagnent cette passion : & remarquez que de tous ces accidens, elle choisit ceux qui marquent davantage l’excès & la violence de l’amour. Boil.

Par accident, manière de parler adverbiale. Fortuitò. Elle marque une chose arrivée par malheur, ou par un événement qu’on ne devoit pas naturellement attendre. Le Prince a l’humeur bienfaisante, & s’il fait du mal, ce n’est que par accident. En termes de Philosophie, par accident, per accidens, signifie ce qui ne suit pas de la nature d’une chose, mais de quelque qualité accidentelle qu’elle a, & il est opposé à de soi, per se, autre manière de parler qui marque ce qui suit de l’essence & de la nature d’une chose. Ainsi le feu brûle de soi, per se, & en tant qu’il est feu, & non pas par accident ; mais un fer, même chaud, ne brûle que par accident, par une qualité accidentelle qui lui est ajoutée, & non pas de soi & en tant qu’il est fer.

ACCIDENTEL, ELLE. adj. Qui n’est pas de l’essence d’une chose, ce qui est indifférent à un sujet. Adventitius. La blancheur est accidentelle au marbre, la chaleur au fer.

Accidentel, se dit encore en physique d’un effet qui arrive, ou d’une cause qui agit par accident, pour ainsi dire, sans être, ou du moins sans paroître sujette à des loix, ni à des retours réglés. Les vents, les pluies, &c. sont les causes accidentelles du chaud & du froid.

Point Accidentel. Terme de Perspective, c’est un point dans la ligne horizontale, ou les projections des lignes parallèles entr’elles, mais non perpendiculaires à la Peinture, se rencontrent. Accidentale punctum. Harris.

ACCIDENTELLEMENT. adv. Par accident. Ce n’est qu’accidentellement qu’un homme est blanc ou noir, grand ou petit. On ne s’en sert guère qu’en termes de Philosophie. Accidentaliter, per accidens.

☞ ACCINS & PRÉCLOTURES. Termes de droit, signifient les environs & prochaines clôtures de quelque lieu Seigneurial, qui appartiennent à l’aîné, & font partie de son préciput.

ACCISE. s. f. Terme de Relation. C’est une certaine taxe, ou impôt qu’on leve dans les Provinces-Unies sur le vin, la bière, & sur la plûpart des choses qui se consument. On condamne à de grosses amendes ceux qui fraudent les accises. Ce mot vient du Latin, disent les Jésuites d’Anvers, Acta. Sanct. April. T. iii. p. 738, de accidere, tailler, parce que c’est une taille, un retranchement. On trouve en Latin moderne Accisia, pour la taille.

ACCISME. s. m. Terme proverbial, qui signifie le refus dissimulé des choses dont on a le plus d’envie. Les filles répondent ordinairement par un accisme, lorsqu’on leur parle de mariage. Ce mot vient d’une femme nommée Acco, qui avoit accoutumé de refuser les choses dont elle avoit le plus d’envie. Moreri, au mot Acco.

ACCLAMATION. s. f. Cri de joie ou d’applaudissement par lequel le public témoigne son estime ou son approbation. Acclamatio. Le Roi entra dans la ville parmi les applaudissemens & les acclamations du peuple. Ablanc. Les soldats ne purent retenir les pleurs, ni les acclamations par lesquelles une multitude exprime ses mouvemens. Vaug. Aux avénemens des Princes, & à leurs premières entrées dans les villes, les peuples ont accoutumé de faire des acclamations & des réjouissances publiques. Dans le Code Théodosien, L. vii, il est fait mention des acclamations du peuple Romain, aux entrées des Empereurs Auguste & Constantin. De Roch. Voici quelques formules de ces acclamations, que l’Antiquité nous a conservées : Que les Dieux vous conservent pour nous, votre salut, notre salut : Dii te, nobis servent, vestra salus, nostra salus. En vous, ô Antonin, & par vous, nous avons tout. In te omnia, per te omnia habentur, Antonine. Lamprid. Lorsqu’Agripprine entra dans Rome, les peuples crioient qu’elle étoit l’honneur de la patrie, le seul sang d’Auguste, le seul modèle de l’antiquité, & faisoient des vœux pour ses enfans. Tacit. Annal. L. iii. C. 4. Lampridius dit qu’à l’entrée d’Alexandre Sévère les peuples crioient Salve, Roma, quia salvus Alexander ! O Rome, soyez sauve, puisqu’Alexandre est sauf. Les Hébreux crioient Hosanna. Les Grecs Ἀγαθὴ τύχη, c’est-à-dire, bonne fortune. De Roch. Voyez Juste. Lipse, Elect. L. 11. C. 10, & Lymneus, Jus Public. Imper. L. 11. C. 5. Anciennement on se servoit d’acclamation & d’applaudissement dans les églises, comme dans les théâtres : les Magistrats, les Evêques, étoient élus autrefois par les suffrages, & les acclamations publiques. Dans les Conciles on s’en est aussi souvent servi, soit pour souhaiter de longues années aux Empereurs, soit pour opiner.

Acclamation, selon les Auteurs du grand Vocabulaire, se dit quelquefois de l’élévation d’un sujet à quelque dignité importante. Non, l’acclamation n’est point l’élévation d’un sujet à une dignité importante. Il seroit ridicule de dire l’acclamation du Pape, de l’Empereur, &c. se fit tel jour. Le mot d’acclamation signifie seulement la manière de donner son suffrage, usitée autrefois dans quelques occasions, & les applaudissemens qui accompagnoient l’élection du sujet. Plusieurs Empereurs ont été élus par acclamation.

On dit, élire par acclamation, quand les voix se réunissent tout d’un coup pour l’élection d’un Sujet. Acad. Fr. Un avis, une loi passent par acclamation, quand l’avis ou la loi sont reçus & approuvés dès qu’ils sont proposés.

ACCLAMPER. v. a. Terme de Marine. C’est fortifier un mât par des clamps, qui sont des pièces de bois qu’on y lie, qu’on y attache pour opposer plus de résistance au vent.

☞ ACCLAMPÉ, ÉE. part. Un mât acclampé, auquel on a attaché des pièces de bois par les côtés, pour le fortifier.

ACCOIL, ou ACCUEL. s. m. Vieux mot qui signifioit accueil.

ACCOILLIR. Vieux v. a. Accueillir quelqu’un.

ACCOINTABLE. adj. Vieux mot. Gracieux, accostable.

A lui se tint ung Jouvencel
Accointable, très-gent & bel.

Gloss. du Roman de la Rose.Ësc

ACCOINTANCE. s. f. Vieux mot. Habitude, commerce, ou familiarité qu’on a avec une personne. Commercium, consuetudo. Il ne faut avoir aucune accointance avec des gens de mauvaise vie.

Le bel esprit au siècle de Marot,
Des grands Seigneurs vous donnoit l’accointance.

Des Houl.

Ce mot désigne souvent un commerce illicite entre des personnes de différent sexe, principalement au Palais.

ACCOINTER. v. a. Vieux mot, & hors d’usage, qui signifioit, hanter quelqu’un, faire société avec lui. Habere commercium, inire consuetudinem. On le dit aussi avec le pronom personnel. Il s’est accointé de cette fille, pour dire, il la voit un peu trop familièrement.

ACCOISEMENT. s. m. Calme. Terme de Médecine. Il n’est d’usage que dans cette phrase, l’Accoisement des humeurs, & signifie alors la cessation d’un mouvement excessif, excité en elles par quelque cause que ce soit.

ACCOISER, v. a. Vieux mot, qui signifioit, calmer, apaiser, rendre coi. Placare, mulcere. La tempête après avoir duré six heures, s’accoisa un peu. La sédition fut accoisée par l’adresse d’un tel Magistrat. Ce terme est usité en Médecine, où l’on dit accoiser les humeurs. On le dit aussi avec le pronom personnel. Les humeurs s’accoisent.

ACCOISÉ, ÉE. part.

ACCOLADE. s. f. Embrassement, caresse qu’on fait en sautant au cou de quelqu’un en l’embrassant. Amplexus, complexus. Les amis qui ont été long-temps sans se voir, se font mille embrassades & accolades.

Accolade. Terme d’ancienne Chevalerie. Cérémonie qui se pratiquoit anciennement en conférant un ordre de Chevalerie, dans le temps où les Chevaliers étoient reçus en cette qualité par les Princes Chrétiens. Elle consistoit en ce que le Prince armant le nouveau Chevalier, l’embrassoit en signe d’amitié, & lui donnoit sur l’épaule trois petits coups du plat d’une épée. Grégoire de Tours rapporte que les Rois de la première race donnoient le baudrier & la ceinture dorée aux Chevaliers, & les baisoient à la joue gauche. Le Chevalier qui recevoit l’accolade, étoit nommé Chevalier d’armes, miles, parce qu’il entroit par-là en possession de faire la guerre, dont l’épée, le heaume, &c. étoient les symboles. On y ajoutoit le collier, comme la marque la plus brillante de la Chevalerie. Ceux qui avoient été ainsi reçus Chevaliers, avoient seuls le droit de porter l’épée & de chausser des éperons dorés. C’est pourquoi on les nommoit équites aurati, au lieu que les Ecuyers ne pouvoient porter que des éperons argentés. Donner, recevoir l’accolade.

Accolade, dans un compte, c’est un trait de plume qui joint plusieurs articles pour n’en faire qu’un.

Accolade, en Musique, trait tiré à la marge de haut en bas, par lequel on joint ensemble dans une partition les portées de toutes les différentes parties.

Accolade, se dit aussi de deux lapreaux qu’on sert, qu’on présente joints ensemble.

On dit en plaisantant : Donner l’accolade à une bouteille, à un flacon.

☞ ACCOLAGE. s. m. mieux qu’ACCOLLAGE, Terme de Vigneron. Travail qui consiste à attacher les sarmens aux échalas.

ACCOLER. v. a. Embrasser quelqu’un en lui mettant les bras sur le cou pour le baiser, le caresser. Amplecti, complecti. Ce mot est composé de col, & vient de ad, & de collum. Il se dit le plus souvent en riant. Ces deux amis s’accolent toutes les fois qu’ils se rencontrent.

Accoler, Embrasser le cou.

Psycharpax sur son dos légérement s’élance,
l’accole, & de ses bras le serre étroitement.

Accoler la cuisse, accoler la botte à quelqu’un, lui embrasser la botte ou la cuisse : ce qui est une marque de soumission & d’infériorité.

Accoler, en termes de Pratique, signifie faire un trait de plume en marge d’un compte, d’un mémoire, d’une déclaration de dépens, qui marque qu’il faut comprendre plusieurs articles sous un même jugement, & les comprendre dans une même supputation pour n’en faire qu’un seul. Multa in unum redigere.

On dit en Charpenterie, Accoler une pièce de bois, pour la guinder. Accoler deux ou plusieurs pièces de charpente, les unir ensemble, sans aucun assemblage, pour les fortifier les unes par les autres, & leur donner la force nécessaire pour le service qu’on en veut.

Accoler. Terme de Jardinage & d’Agriculture, attacher quelque chose avec de la paille, de l’osier, ou du jonc à quelque corps solide. Il faut accoler les branches des plantes sarmenteuses, parce qu’elles sont trop foibles pour se soutenir d’elles-mêmes. On accole la vigne, ou les branches d’arbres à un échalas, ou sur un treillage, afin que, par ce travail, donnant plus d’air aux fruits & aux raisins, ils puissent parvenir à une maturité parfaite.

Accoler, signifie en termes de cuisine, joindre deux lapreaux ensemble pour en servir une accolade. Componere.

ACCOLÉ, ÉE. part & adj. En termes de Blason, se prend en quatre sens différens. On le dit des animaux qui ont des colliers ou des couronnes passées au cou. Torquatus. Ainsi on dit, un lion de sable armé, lampassé, & accolé d’or. On s’en sert aussi en blasonnant les armes de Navarre, qui sont de gueules aux rais d’escarboucle accolés & pommetés d’or.

Accolé, se dit aussi des choses entortillées à d’autres, comme d’un serpent à un arbre, ou à une colonne, ou de toute autre chose qui est entourée de lierre ; d’un sep de vigne à un échalas ; d’une givre, Alligatus.

Accolé, se dit encore de deux écus qui sont joints ensemble, & attachés par les côtés. Scutum scuto annexum, adjunctum. Ainsi les écus de France & de Pologne étoient accolés sous une même Couronne du temps de Henri III, ceux de France & de Navarre depuis Henri IV. Les écus de Léon X & de François I. sont en tête du Concordat en deux Ecussons accolés : ils le sont pareillement dans le sceau dont il est scellé. Les femmes accolent aussi leurs écus à ceux de leurs maris.

On dit aussi que des fusées, des losanges & des macles sont accolées, quand elles se touchent de leurs flancs, ou de leurs pointes sans remplir tout l’écu. On se sert aussi de ces termes pour les clefs, bâtons, masses, épées, bannières, & autres choses semblables qu’on passe en sautoir derrière l’écu.

ACCOLURE. s. f. Terme de jardinage. Lien de paille, ou d’autre chose, dont les vignerons se servent pour accoler les vignes. L’accolure n’est pas une marchandise bien chère.

Ce mot signifie aussi l’action d’accoler.

☞ ACCOLURE. Terme de rivière. Pièce de bois servant dans la composition d’un train.

ACCOMBA. Ville du Péloponèse, ou de la Morée. Hypania. Elle est dans le Belvédère, au quartier que l’on nommoit autrefois l’Elide, près de la rivière de Diagon, qui, quelques lieues au-dessous, se décharge dans l’Alphée.

ACCOMMODABLE. adj. m. & f. se dit en matière de différent ; qui se peut terminer, ajuster, pacifier. Quod componi, conciliari facilè potest. Cette querelle est venue de rien, elle est accommodable. Les différens en matière de Religion ne sont guère accommodables.

ACCOMMODAGE. s. m. Travail ou salaire de ceux qui apprêtent, qui accommodent les viandes. Operæ, laboris merces. Quand on porte des viandes au cabaret, il en faut payer l’accommodage, les sauces, l’apprêt.

On le dit aussi chez les Perruquiers & les coiffeuses : c’est l’action d’arranger les boucles d’une tête, ou d’une perruque. Payer l’accommodage de sa perruque.

ACCOMMODANT, ANTE. adj. Qui est facile, complaisant, qui veut bien ce que les autres veulent, avec qui l’on peut traiter aisément. Commodus. Vous aurez bientôt conclu votre marché avec cet homme-là, il est fort accommodant. Votre humeur si égale, sociable, & si accommodante me charme. Cost.

ACCOMMODATION. s. f. Terme de Palais. Accord qui se fait à l’amiable. Compositio. Ce procès est si embrouillé, qu’il n’y a pas moyen d’en sortir que par voie d’accommodation. On ne s’en sert plus. Il faut dire, accommodement.

On le dit aussi figurément de la conciliation des Loix, des passages des Auteurs qui semblent être contraires. Conciliatio. Le plus grand soin des Commentateurs est de trouver l’accommodation des textes de leurs Auteurs qui se contrarient. Conciliation est meilleur, & seul en usage.

Accommodation. Terme de Philosophie. Accommodatio. Connoître par accommodation, c’est connoître une chose par l’idée d’une autre. Terme barbare de l’école.

ACCOMMODEMENT. s. m. Ajustement, ce qui rend une chose plus commode, ou qui la met en meilleur ordre. Conveniens rerum dispositio, collocatio. Je ne louerai point votre maison, que vous n’y ayiez fait tels & tels accommodemens.

Accommodement, signifie aussi, accord, traité pour finir un procès, ou un différent à l’amiable. Accord qu’on fait avec sa partie sur un procès pour le terminer, ou sur quelque contestation qui n’est pas encore portée en Justice, pour prévenir tout procès qui en pourroit naître. Compositio, reconciliatio. Ces parties sont en voie, en termes d’accommodement. Cet homme n’est point chicaneur, il est homme d’accommodement. Il est porté naturellement à l’accommodement ; il entre volontiers en accommodement ; il écoute tous les moyens d’accommodement. Dans les accommodemens l’on cherche d’ordinaire des termes foibles, pour l’honneur de celui qui fait satisfaction. Bouh. Cet acte d’hostilité a rompu l’accommodement qu’on avoit ménagé. Ils ont fait un accommodement plâtré. Acad. Fr. Il se prend encore pour tempérament, moyens de conciliation, expédiens qu’on trouve pour concilier les esprits, & terminer les affaires. Il y auroit un accommodement à proposer, si les intéressés y vouloient consentir ; c’est-à-dire, un moyen, & un adoucissement pour les concilier.

Le ciel défend de vrai certains contentemens.
Mais on trouve avec lui des accommodemens.

Moliere.

Un négociateur qui a ses ordres de la Cour, feint cependant quelquefois de se relâcher de lui-même, & comme par un esprit d’accommodement. La Bruy.

On dit proverbialement, que le meilleur procès ne vaut pas le plus mauvais accommodement.

ACCOMMODER. v. a. Rendre une chose facile, commode, la réparer. Aptare, reparare, reficere. On a donné ordre pour accommoder les chemins. Il faut accommoder cette selle, la rembourer, la rendre moins dure, & plus commode.

Accommoder, signifie aussi, arranger, mettre en ordre, en bon état. Componere, concinnare. Il a pris grand soin d’accommoder sa chambre, son cabinet ; d’orner, d’accommoder son jardin, sa maison.

On le dit aussi des choses qui regardent l’ornement de la personne. Comere. Cette femme est toujours deux heures à s’accommoder ; c’est-à-dire, à s’ajuster & à se parer. Ce Barbier accommode bien la perruque, les cheveux.

Accommoder, signifie aussi, préparer, apprêter, assaisonner. Parare, apparare, instruere, condire. Ce Cuisinier accommode fort bien à manger. On est fort bien accommodé dans cette hôtellerie ; c’est-à-dire, on y est bien traité, & bien servi. A quelle sauce voulez-vous qu’on accommode ce poisson.

Accommoder, se dit aussi en parlant de ce qui est à la bienséance, au voisinage de quelqu’un. Convenire. Cette terre accommoderoit bien cette Seigneurie, parce que l’une releve de l’autre. Vous ferez aisément marché avec ce curieux, tout l’accommode.

Accommoder, signifie, presqu’en même sens, traiter, acheter, prêter, permuter. Si vous voulez m’accommoder de cette terre, je l’acheterai. Si vous voulez m’accommoder de quelque argent, vous me ferez plaisir.

Accommoder, signifie aussi débrouiller ses affaires, les rétablir, faire fortune, gagner du bien, reparare, restituere, rem facere. Cet homme s’est bien accommodé dans cette charge:il étoit gueux, il a bien accommodé ses affaires. Il est du style familier.

Accommoder, signifie aussi terminer un procès à l’amiable, & mettre les personnes d’accord. Controversiam dirimere, componere. Accommoder une affaire, une querelle. Ils étoient prêts à se battre, on les a accommodés.

On le dit aussi des Loix, des passages des Auteurs & autres choses qui semblent se contrarier, & que l’on cherche à concilier. Conciliare. Comment accommodez-vous cette Loi du Digeste avec cet autre du Code ? Comment accommodez-vous la dévotion avec la coquetterie ? Il y a des dévots qui accommodent la Religion à leur intérêt.

Accommoder, se dit aussi avec le pronom personnel, & signifie être facile, commode dans la négociation, dans la manière de vivre. Fingere, accommodare se ad voluntatem, &c. Il y a plaisir de traiter avec cet homme-là ; c’est un homme d’un esprit aisé, & d’une humeur agréable, qui s’accommode à tout. En ce sens on dit aussi, qu’un homme sage doit s’accommoder au temps. Servire tempori, &c. C’est-à-dire, se conformer à l’usage, aux lieux, aux humeurs, à la volonté, à la capacité des personnes à qui il a affaire, pour vivre en repos, & dans l’estime publique. La science d’un homme sage est de s’accommoder au temps. Le Gend. Il faut que la raison s’accommode à la sensibilité de la nature, & que dans les extrêmes déplaisirs elle lui laisse verser des pleurs. Cail. Pour être heureux par les passions, il faut que toutes celles que l’on a s’accommodent les unes avec les autres. Fonten. Les soupirs & les langueurs ne s’accommodent point à la fierté d’un Héros. Cail. C’est-à-dire, qu’ils ne compatissent point ensemble. Saint Ignace disoit qu’il ne faut pas accommoder les affaires à soi, mais qu’il faut s’accommoder aux affaires. Bouh. Quand on n’a pas de quoi s’accommoder, il faut s’accommoder de ce qu’on a. R.

S’accommoder, avec la particule de, signifie trouver une chose bonne, commode, ou du moins ne la trouver pas mauvaise, s’en servir, en user volontiers. Convenire, uti, adhibere. Je ne saurois m’accommoder de ce valet, pour signifier, je ne puis m’en servir. On dit qu’un homme ne s’accommode pas de toutes sortes de personnes, pour dire, que toutes personnes ne lui plaisent pas; qu’il s’accommode dans un lieu, pour exprimer qu’il s’y trouve bien. Je ne m’accommode point de la solitude, ce genre de vie est trop ennuyeux. Le P. Malebranche pensoit trop subtilement pour s’accommoder de pensées qui sont naturelles. La Bruy. Socrate, dont la vertu n’étoit point farouche, s’accommodoit de l’innocente joie des festins. M. Scud.

Accommoder, avec le nom personnel, signifie encore prendre sans façon, s’approprier les choses un peu hardiment. Usurpare, vindicare. Cet homme s’accommode de tout ce qu’il trouve ; c’est-à-dire, il s’en saisit, il s’en empare. On dit aussi, voyez comme il s’accommode ; pour exprimer, qu’il prend ses commodités avec beaucoup de liberté.

Accommoder, se prend quelquefois à contresens, & en mauvaise part, & signifie maltraiter, ou de paroles, ou de coups ; gâter, mettre en désordre & en mauvais état. Malè habere. Il est tombé entre les mains de voleurs, d’assassins, qui l’ont accommodé d’une étrange manière. Il est tout couvert de boue, le voilà mal accommodé. Bon Dieu ! comme il s’est accommodé. En quel état il s’est mis. Expressions familières. On dit populairement, je vais l’accommoder de toutes pièces. Ablanc. Dans le jugement de ce procès il a été mal accommodé ; il y a eu de sévères condamnations contre lui.

On dit aussi par raillerie, d’un homme qui s’est enivré, qu’il s’en est donné, qu’il s’est accommodé de la belle manière ; pour dire, qu’il en a pris avec excès.

Accommoder, se dit proverbialement dans ces phrases. On l’a accommodé tout de rôti, pour dire, on l’a fort maltraité. On dit aussi, accommodez-vous, le pays est large ; pour se moquer d’un homme qui se met à son aise, qui prend ses commodités sans beaucoup de cérémonie.

ACCOMMODÉ, ÉE. part. Compositus. Un procès accommodé. Un homme assez accommodé des biens de la fortune. Dives. Masc.

☞ ACCOMPAGNAGE. s. m. Terme de soierie. Trame fine, de même couleur que la dorure, dont l’étoffe est brochée, servant à garnir le fond sous lequel elle passe, pour empêcher qu’il ne paroisse au travers de cette même dorure, ce qui en diminueroit l’éclat & le brillant.

ACCOMPAGNATEUR. s. m. Terme de Musique. Celui qui dans un concert joue de quelque instrument de Musique, en accompagnant la voix des chanteurs ou des chanteuses. A l’aide de cette nouvelle méthode on peut devenir savant Compositeur & habile Accompagnateur, même sans savoir lire la Musique. M. Rameau. Merc. Fév. 1732.

ACCOMPAGNEMENT. s. m. Action par laquelle on accompagne. Comitatus. L’accompagnement du Saint Sacrement, quand on le porte aux malades, est une action pieuse, & qui édifie. Dans ce sens l’on ne s’en sert guère que pour des cérémonies. Le Prince de C. fut chargé de l’accompagnement de la Princesse. Ac.

Accompagnement, se dit aussi de choses qui en accompagnent une autre, & qui en sont regardées comme une suite nécessaire, ou pour l’ornement, ou pour l’agrément, ou pour la symétrie. Adjuncta. Il ne manque à cette maison qu’un bois de haute futaie pour son accompagnement. Cette chambre est belle, mais elle n’a pas ses accompagnemens. S. Evr.

Accompagnement, se dit en Peinture, à peu-près dans le même sens, des objets qui sont ajoutés ou pour l’ornement, ou pour la vraisemblance.

Accompagnement en Musique, se dit des accords dont on accompagne la voix qui chante le sujet, ou l’instrument qui le joue. L’accompagnement du clavecin, de la viole. L’accompagnement soutient la voix, & sert à la faire paroître. Apprendre, savoir l’accompagnement.

Accompagnement, en termes d’Organiste, se dit de divers jeux qu’on touche pour accompagner le dessus, comme le bourdon, la montre, la flûte, le prestant, &c Concentus.

Accompagnement, est aussi un terme de Blason, & se dit de tout ce qui est autour de l’Ecu pour lui servir d’ornement, le pavillon, le cimier, les supports, &c. Stipatio.

ACCOMPAGNER. v. a. Marcher de compagnie avec un autre. Comitari. Un Religieux doit être toujours accompagné d’un Frère. Cette femme jalouse accompagne par-tout son mari.

Ce verbe est employé dans plusieurs acceptions, qui ne sont distinguées que par des nuances très-légères.

Accompagner. Suivre par honneur. La Noblesse accompagnoit le Gouverneur de la Province. On accompagne le Saint Sacrement.

Accompagner. Conduire en cérémonie. Deducere, C’est un Prince qui accompagne l’Ambassadeur à l’Audience.

Accompagner. Reconduire une personne donc on a reçu visite : ce Président a accompagné cette Dame jusqu’à son carrosse.

Accompagner, se dit généralement de la suite, du cortége, de l’escorte qu’on donne à quelqu’un, ou pour l’observer, ou pour lui faire honneur, ou pour l’assurer en sa marche. C’est en ce sens qu’on dit accompagner le Saint Sacrement, quand on le porte aux malades. Rodolphe, Comte de Habsbourg, rencontrant à la campagne un Curé, qui portoit le Saint Viatique à un malade par des chemins très-mauvais, lui donna son cheval, & accompagna le Saint Sacrement à pied. C’est à cette action de piété qu’on attribue son élévation, & celle de la Maison d’Autriche, dont il est le chef. On a remarqué que le Roi fit quelque chose de semblable peu de temps avant que le Duc d’Anjou parvînt à la Couronne d’Espagne. Ce Seigneur marche toujours accompagné de six Gentilshommes, &c. Les Maréchaux de France envoient un garde à ceux qui ont querelle, pour les accompagner par-tout. Quand le Roi alla à la conquête de Flandre, il étoit bien accompagné, il avoit une nombreuse armée. On envoya un corps de Cavalerie pour accompagner ce convoi, c’est-à-dire, pour l’escorter.

Accompagner, se dit aussi de ce qui orne ou décore quelque chose, & qui est bien assorti. Dans ce sens, on le joint avec bien. Condecorare. Ces deux pavillons accompagnent bien ce bâtiment, ils font une belle symétrie. Cette garniture accompagne bien son habit, cela est bien assorti. Lorsqu’elle joue, le thuorbe accompagne parfaitement son chant ; mais sa personne accompagne encore mieux le thuorbe. Le Ch. d’H.

On dit dans ce sens, que les cheveux accompagnent bien le visage.

Accompagner, se dit figurément en choses morales, de ce qui est joint ensemble. Consociare, conjungere. Il accompagne tout ce qu’il dit de tant de grâces & de tant d’honnêtetés, que cela gagne les cœurs. La colère & l’emportement accompagnent d’ordinaire le jeu. S. Evr. L’admiration qu’on a pour les actions glorieuses, est souvent accompagnée d’un secret dépit de n’en pouvoir faire autant. Cost. Il a accompagné le compliment qu’il lui a fait faire d’un présent considérable. La vieillesse, par les infirmités qui l’accompagnent, ressemble plus à la mort qu’à la vie. Ablanc.

Accompagner, en termes de Musique, se dit de celui qui joue du clavecin dans un concert, ou de celui qui joue de la flûte, ou du violon, ou de quelque autre instrument, pendant que quelqu’un chante, ou que quelque instrument joue le sujet. C’est une science particulière, de bien accompagner une voix. Un habile Musicien accompagne de génie, & sur le champ, toutes sortes d’airs.

Accompagner en Peinture. Ce Peintre accompagne bien ses tableaux, Voyez Accompagnement en Peinture.

Accompagner. Terme de Soierie, signifie l’action de passer l’accompagnage. Voyez ce mot.

s’Accompagner. v. récip. Mener quelques gens avec soi pour quelque dessein. Il se prend le plus souvent en mauvaise part. Il s’accompagna de gens de main pour faire ce coup-là. Il se dit peu.

ACCOMPAGNÉ, ÉE. part.

Accompagné, en termes de Blason, se dit, lorsqu’autour d’une pièce principale, comme le sautoir, la bande, la fasce, le chevron, le croissant, le lion, l’aigle, &c. il y a plusieurs autres pièces qui sont auprès en séantes partitions. De Neufville Villeroi porte d’azur au chevron d’or, accompagné de trois croix ancrées de même. On le dit particulièrement des croix, sautoirs, chevrons, perles, &c. quand ces choses sont également disposées dans les quatre cantons de l’écu qu’elles laissent vides.

ACCOMPLIR. v. a. Achever entièrement, mettre une chose en un état où il n’y ait plus rien à désirer. Perficere. Ce soldat a accompli le temps de son service. Ce Religieux a accompli le temps de son noviciat. Il reviendra quand il aura accompli le temps de son bannissement.

Accomplir, synonyme d’effectuer. Accomplir sa promesse, son vœu. Exécuter ses promesses, les obligations qu’on avoit contractées. Promissa exsolvere. Accomplir un mariage. Accomplir un traité. Notre Seigneur a accompli toutes les Prophéties. Dieu lui donna des enfans pour accomplir ses désirs, & lui ôta pour éprouver sa résignation. Felib. Accomplir la loi, faire ce qu’elle exige. Accomplir ses obligations, faire ce que le devoir exige de nous.

Accomplir, est aussi réciproque dans le sens d’effectuer. Ce mariage n’a pû s’accomplir. Toutes les Prophéties s’accomplirent dans la personne du Sauveur.

ACCOMPLI, IE. part. & adj. Achevé, parfait. Perfectus, absolutus. Le temps est accompli. Il a fait un ouvrage accompli. Ce Seigneur est accompli, pour dire, il a toutes sortes de perfections & de bonnes qualités. Il faut avoir 25 ans accomplis pour être en majorité.

ACCOMPLISSEMENT. s. m. Ce qui rend la chose accomplie ; exécution, succès d’une chose qu’on se proposoit de faire ou qu’on avoit entreprise. Perfectio, absolutio. Nous avons l’accomplissement de nos vœux ; c’est-à-dire, tout ce que nous avons souhaité. Les instructions de l’Eglise tendent à porter les fidèles à l’accomplissement de la Loi de Dieu. Port-R. Lycurgue ordonna que les nouveaux mariés ne se vissent qu’à la dérobée, afin d’empêcher le dégoût qui suit l’entier accomplissement de nos désirs. Ablanc. Voyez un heureux, & quelle sérénité l’accomplissement de ses desseins repand sur son visage. La Bruy. Ce mot vient du Latin, ad & complere, remplir.

ACCON. Terme de Marine. Petit bateau à fond plat, dont on se sert pour aller sur les vases, lorsque la mer est retirée. Voyez Acon.

ACCONDUIRE. v. a. Amener. Adducere. Il ne se dit plus.

ACCOQUINANT, ANTE. adj. verbal. Qui accoquine, qui attire. Le jeu est accoquinant. Une vie accoquinante.

☞ ACCOQUINER, & mieux ACOQUINER. v. a. Amuser, attacher trop à quelque chose, accoutumer à une vie libertine, fainéante. On le dit aussi avec le pronom personnel. Tradere se ludo, voluptati, inertiæ. La lecture des Romans acoquine l’esprit, pour dire, elle l’amuse, elle l’attache. Le jeu acoquine, il rend les gens paresseux, fainéans. Cet homme s’est acoquiné au jeu, avec cette femme. Il n’est que du discours familier, & se dit toujours en mauvaise part. On le dit aussi de quelques animaux domestiques. Il ne faut pas qu’un chien de chasse s’acoquine à la cuisine. Ce mot, quand il est joint avec le pronom personnel, régit le verbe à l’infinitif avec la particule à. Quand on s’est une fois acoquiné à faire des vers, l’on ne peut plus s’appliquer à autre chose. S. Evr. Ce mot vient de coquus, parce que les fainéans se plaisent fort à la cuisine, ou plutôt de coquin, dont nous donnerons l’étymologie en son lieu, & signifie proprement devenir coquin, soit en général, soit à l’égard de quelque chose en particulier.

ACCOQUINÉ, ÉE. part.

☞ ACCORD. s. m. En Jurisprudence, synonyme d’accommodement. Convention faite entre les parties pour terminer un différent à l’amiable. Pactio, conventum. Ces parties ont fait, passé, signé un accord. Il y a eu accord entre les parties.

Accord, en ce sens se dit des affaires légères & particulières : dans les grandes on se sert du mot de transaction ou de traité. Accommodement est le terme générique qui se dit de tout cela. L’accord différe de la transaction, en ce que les transactions se font moyennant une chose donnée, promise ou retenue ; & l’accord qu’on appelle en droit nudum pactum, se fait sans se rien demander l’un à l’autre.

Accord, synonyme de réconciliation. Accommodement qui se fait entre des personnes qui étoient mal ensemble. Reconciliatio. Un accord doit se faire sans tant d’exactitude & de précaution. On le rend plus assuré. Bellum finire cupienti, dit un ancien, opus erat decipi. Il faut souvent se laisser tromper pour sortir d’affaire. De Roch. Les accords qui se font par nécessité, ne durent pas ; le repentir les suit, & fait renouveller les querelles en peu de temps.

Accord, synonyme de bonne intelligence, conformité d’esprit & de volonté, qui se trouve entre ceux qui vivent ensemble. Consensio. On dit de deux amis, qu’ils vivent dans un parfait accord. Ce mari & cette femme vivent dans un accord admirable.

Accord, dans un sens à-peu-près semblable, conformité de sentimens. Consensus. Tous les Philosophes ne sont pas d’accord sur cette matière, ne sont pas du même avis. Tout le monde demeure d’accord, tombe d’accord, est d’accord de cette vérité. Ils en sont tous convenus d’un commun accord, communi omnium consensu, unanimi consensu.

Iris, dans notre querelle
Je n’examine point qui de nous deux a tort :
De tout ce qui vous plaît je demeure d’accord,
Et vous avez raison, puisque vous êtes belle.

On dit absolument, d’accord ; pour dire, j’y consens. Cela est vrai ; je l’avoue.

On dit d’un homme qui consent à tout ce qu’on veut, qu’il est de tous les bons accords. Cela est du style familier.

Corneille a dit dans le menteur : mon affaire est d’accord. Mauvaise expression. Les hommes sont d’accord ; les affaires sont accordées, accommodées, terminées.

Tomber d’accord est une expression aussi régulière & aussi usitée que demeurer d’accord, & être d’accord. Nous tombons d’accord de ce qu’on nous dit ; en l’avouant & en l’approuvant. Son opposé est contester. On conteste les choses dont on ne veut pas tomber d’accord. Tomber d’accord, dit M. l’Abbé Girard, marque un peu d’aversion pour la dispute. Les bonnes gens tombent d’accord de tout. Voyez consentir, adhérer & acquiescer.

Accord, synonyme de proportion. Consensus & convenientia. Convenance, juste rapport qu’il y a entre toutes les parties du même tout. Il y a un merveilleux accord entre toutes les parties de l’Univers, entre les parties du corps humain, d’un bâtiment.

Accord, en musique, consonnance ou union de deux sons agréables à l’oreille : union de deux ou plusieurs sons entendus à la fois, & formant ensemble une harmonie régulière. Concentus, consonantia. Accord d’instrumens, de voix. Accords harmonieux, consonnans, dissonans. L’octave, la quinte sont de bons accords. L’Organiste joue le plain-chant du petit doigt ; & des autres il fait des accords.

On dit qu’un instrument n’est pas d’accord, quand il ne fait pas les consonnances justes qu’on désire, & que les cordes ne sont pas montées juste au ton où elles doivent être. On dit aussi que des cordes ne tiennent pas d’accord, pour dire, qu’elles ne demeurent pas au ton où on les a mises.

Accord d’orgue, signifie aussi la même chose que partition, & l’accord respectif de tous les jeux.

Accord, se dit aussi de la poësie & des vers. De charmans accords ; d’agréables accords ; de tristes accords. Les accords de la lyre, en désignant l’ode.

Accord en peinture, signifie l’harmonie qui regne dans la lumière & les couleurs d’un tableau. On dit un tableau d’un bel accord.

Accords, au plur. signifie la même chose qu’accordailles. Voyez ce mot.