Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/051-060

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Fascicules du tome 2
pages 41 à 50

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 51 à 60

pages 61 à 70


aux privilèges de cette Compagnie. Les plus belles passions s’affoiblissent avec le temps ; chaque jour y fait une brèche. S. Evr. La crainte est la brèche par laquelle Dieu entre par une heureuse violence dans les cœurs les plus endurcis. Flech. Les passions sont les brèches de l’ame : c’est par-là que tous les vices y peuvent entrer. S. Evr. Par le renouvellement de vos vœux, vous réparerez avec avantage jusques aux moindres brèches que l’ennemi peut avoir faites dans vos cœurs. Bourdal. Exhort. T. I, p. 248. Le relâchement s’introduit, les fautes demeurent impunies, chaque jour ce sont de nouvelles brèches qu’on fait à la règle. Id. II, p. 337.

☞ Voltaire dans ses remarques sur le Nicoméde de Corneille, à propos de cette expression faire brèche au pouvoir souverain, observe que faire brèche n’est plus d’usage. Ce n’est pas que l’idée ne soit noble, mais en françois toutes les fois que le mot faire n’est pas suivi d’un article, il forme une façon de parler proverbiale, trop familière. Faire assaut, faire force de voiles, faire de nécessité vertu, faire ferme, faire alte, &c. toutes expressions bannies du vers héroïque.

Brèche. s. f. Sorte de marbre fort dur qu’on tire particulièrement des Pyrénées. Le fond en est noir avec des tâches & des veines blanches. Il est aussi mêlé de veines jaunes, & ressemble à différens cailloux congelés, & joints ensemble. Ce marbre, dont on a tiré des pièces de plus de vingt pieds de long, prend un poli merveilleux. De la brèche violette.

Brèche (la), ou la Bresche, rivière de France qui a son cours dans le Beauvoisis, & tombe dans l’Oise.

BRÉCHE-DENT. adj. m. & f. A qui il manque des dents, particulièrement sur le devant. Dente captus, dentium parte minutus, mutilus. C’est dommage qu’elle soit bréche-dent.

BRÉCHET. Par corruption, BRICHET. s. m. Le devant de la poitrine où aboutissent les sept vraies côtes. Pectus. En termes d’Anatomie, on l’appelle sternum. Voy. ce mot.

On appelle aussi la poitrine de mouton, le bréchet, quand elle tient avec le bout saigneux.

☞ BRECHIN, Brechinium. Ville de l’Ecosse septentrionale dans la Province d’Angus, sur la rivière d’Esck.

BRECIN. s. m. Croc de fer. Uncus ferreus.

BRECKNOCK, Brechinia. Ville d’Angleterre au pays de Galles, dans la Province de Brecknockishire.

☞ BRECKNOCKSHIRE. Province du royaume d’Angleterre dans la principauté de Galles, diocèse de Landaff au couchant d’Héréfordshire.

BREDA. Ville des Pays-Bas. Breda. Elle est dans le Brabant Hollandois, & est capitale d’une Baronie qui entra par le mariage dans la Maison de Nassau Orange l’an 1404, ou 1405. Ce nom, Breda, vient de breed, qui en Hollandois signifie large, & d’Aa, qui est le nom d’une petite rivière sur laquelle est Breda ; apparemment qu’elle est à l’endroit le plus large de cette rivière. La Baronnie de Breda est une Seigneurie fort ancienne, qui a pour bornes la Hollande, la Mairie de Bolduc, le Marquisat de Hoëstred, le pays de Rye, & la terre du Prince.

BREDALER. v. n. Terme de fileuse au rouet. Il se dit d’un fuseau percé trop gros à proportion de la broche, & qui fait du bruit. Les fuseaux bredalent lorsque la broche est trop petite, ou que les fuseaux sont percés trop gros. C’est un terme Provincial.

☞ BREDENBERG, Bredenberga. Petite Ville d’Allemagne, au Duché de Holstein, sur la rivière de Stoer, dans le Stormar. Quoique le vrai nom soit Breitenberg, l’usafe est pour Bredenberg.

BREDI-BREDA. Expression burlesque pour marquer un grand flux de bouche, ou beaucoup d’activité dans l’exécution.

Il dit bredi-breda, mais on ne le croit guère,
Qu’il prestit de l’argent à défunt son grand-pere.

Com. des Fabl. d’Esope, Act. 5, Sc. 3, p. 88.

Je lui ai dit tout cela bredi-breda, choses & autres les plus belles du monde. Com. des Prov. Act. 2, Sc. 3, p. 43. Le velà bredi-breda, qui commence à griller tout avaux les branches. Com. du Pédant joué, Acte 2, Sc. 3, p. 296.

BREDINDIN. s. m. Terme de Marine, est une manœuvre ou palan amarré à l’étai pour enlever de médiocres fardeaux.

Bredindin est aussi un terme enfantin, dont on se sert pour exprimer le mouvement & le bruit que fait un carrosse, une carriole, ou une semblable voiture. Les nourrices, en faisant sauter les enfans assis sur leurs genoux, comme s’ils étoient dans une de ces voitures, disent bredindin, bredindin, bredindin, bredindin.

☞ BREDIR. v. n. Terme de bourreliers par lequel ils expriment la manière de joindre ensemble, par le moyen des lanières de cuir & d’un outil qu’ils appellent alène à bredir, les différens cuirs dont ils cousent les soupentes ou autres grosses pièces.

BREDOUILLE. s. f. On appelle au Trictrac être en bredouille, quand vous avez gagné des points, sans que celui avec qui vous jouez ait gagné depuis, & si vous en gagnez douze sans être interrompu, ils vous valent deux trous, que l’on appelle partie bredouille, ou partie double. Cependant souvent l’on prend douze points sans être interrompu, & même davantage, & néanmoins l’on ne gagne pas la partie bredouille. Par exemple, d’un coup de dé vous gagnez quatre points. Je jette le dé ensuite, & fais un bonnet ou un quine, qui me vaut six sur une dame que je vous bats par passage ouvert. Du même coup vous gagnez douze points sur deux dames que je vous bats par impuissance ou par jan qui ne peut. Vous gagnez ces douze points tout de suite & sans interruption ; mais parce que vous aviez quatre points, vous ne marquerez qu’un trou sans bouger. Ces quatre points que vous aviez, & que j’ai interrompus par les six que j’ai gagnés, étant comptés les premiers sur les douze que vous gagnez sans interruption, de sorte que les quatre qui vous restent, la partie simple marquée, sont censés être restés des douze derniers que vous avez gagnés.

Mais si vous aviez huit points simples, & moi autant en bredouille, & que d’un coup de dé vous gagnassiez dix-huit points, alors comme dix-hui & huit font vingt-six, vous marqueriez partie une, deux & trois, & deux points sur l’autre, c’est-à-dire, que la première partie seroit simple, parce qu’elle seroit composée des huits points que vous aviez, & que j’avois interrompus, & l’autre seroit double, l’interruption que j’avois faite étant cessée, au moyen de ce que vous avez effacé en marquant votre premier trou, les huit points que j’avois en bredouille.

Partie bredouille. Quand un Joueur fait 12 points, & qu’il n’y a qu’un jeton sur le jeu, c’est marque qu’il gagne bredouille, il doit passer un trou, & mettre son fichet dans le suivant, en disant, partie une & deux. Quand les trois jetons sont sur le jeu, & que celui qui en a deux, achève douze points, il gagne bredouille ; parce que si l’autre eût interrompu ses points, il lui auroit ôté un de ses jetons. C’est ce qu’on appelle ôter la bredouille ; il faut donc également passer un trou, & mettre son fichet dans le suivant, en disant, partie une & deux.

Rentrer en bredouille. On se sert de ce terme quand celui qui avoit été débredouillé, vient à faire un grand coup, par lequel il a de quoi marquer trois trous à la fois.

Gagner une partie grande bredouille c’est marquer 12 trous de suite, tandis que l’autre joueur n’en marque aucun. Le premier qui commence à marquer un ou plusieurs trous, n’exclud pas l’autre du droit de gagner grande bredouille, pourvû que ce dernier fasse douze trous de suite sans interruption. La grande bredouille ne se paye qu’autant qu’on en est convenu au commencement du jeu ; alors celui qui fait douze trous se suite, gagne double en jeu, c’est-à-dire, autant que s’il gagnoit deux parties. Le premier qui commence à marquer, n’a pas besoin de distinguer son fichet ; mais lorsqu’il est interrompu, le second met une marque à son fichet, qu’on appelle cravatte ; c’est un jeton percé, ou un morceau de papier qui sert à connoître la suite non interrompue de ses trous. Cela s’appelle entrer en bredouille. Et quand le premier peut à son tour interrompre le second, il lui ôte sa cravatte, & alors ni l’un ni l’autre n’ont rien à prétendre sur la grande bredouille. Traité du Trictrac. Un tour bredouille, c’est quand on gagne 12 trous, ou partie de suite ; & alors on gagne le double de ce qu’on a mis au jeu, si l’on en est convenu. On appelle aussi bredouille, le jeton d’ivoire qui sert à marquer la bredouille.

Bredouille. Quelquefois & en quelques endroits on se sert du mot bredouille au jeu de piquet, & celui qui fait cent points avant que sa partie en ait cinquante, gagne la partie bredouille, c’est-à-dire, le double de ce qu’on joue.

On dit figurément, qu’un homme est en bredouille, lorsque ses affaires sont en désordre, & que cela lui a altéré l’esprit, ou ôté la liberté de la parole ; qu’il ne sait ce qu’il fait ou ce qu’il dit. On dit qu’une femme est sortie bredouille du bal, quand elle n’a point été prise pour danser.

On dit d’un homme qui est allé à des thèses pour y disputer, qu’il est sorti bredouille d’un acte, d’une dispute ; pour dire, qu’il en est sorti sans avoir pu y disputer.

BREDOUILLEMENT. s. m. Vice de langue qui empêche qu’on ne prononce bien ; ou action de celui qui bredouille & qui prononce mal. Oratio linguæ vitio mutilata, præpedita.

BREDOUILLER. v. n. Parler avec difficulté, ou trop vîte ; articuler mal, ne prononcer pas les mots assez distinctement pour se bien faire entendre. Verba frangere, sermones interscindere. Il ne faut pas s’accoutumer à bredouiller. Ce verbe, qui est neutre ordinairement, est aussi quelquefois actif, dans le discours familier.

En bredouillant maint terme saugrenu,
Il te fagote un compliment cornu. S. Amant.

BREDOUILLEUR, EUSE, adj. & s. Celui qui bredouille, qu’on ne peut entendre, parce qu’il parle mal ou trop vîte. Qui verba frangit.

☞ BREF, Brève, adj. Qui est de peu de durée. Brevis. Bref est relatif à la durée du temps.

☞ Le temps est bref. On prolonge le bref. On allonge le court. On étend le succint. M. l’Abbé Girard. Syn.

Bref, signifie quelquefois, qui est de petite étendue. Ce commentaire est trop bref ; cela le rend obscur. C’est faire un mauvais usage de ce mot.

☞ On a dit autrefois bref pour petit, de petite taille, mais ce mot n’est plus d’usage dans cette signification, qu’en parlant du Roi Péin, qu’on appelle encore Pépin le bref.

☞ Le féminin brève n’est guère usité qu’en parlant d’une syllabe, pour dire qu’on la prononce vîte à la différence de celle qu’on prononce lentement. Par exemple, la première syllabe de race est brève, & la première syllable de grâce est longue. Pour prononcer une brève, il ne faut que la moitié du temps qu’on emploie à prononcer une longue, ce que les Grammairiens expriment en ces termes ; une brève n’a qu’une temps, & une longue en a deux. Le mot brève dans ce sens, s’emploie très-souvent comme substantif. Dans les livres de Prosodie latine, les brèves, ou syllables brèves se marquent par une espèce d’v consonne que l’on met sur la voyelle brève.

☞ On dit proverbialement & figurément qu’un homme sait les longues & les brèves de quelque chose, pour dire qu’il en sait toutes les particularités ; & qu’on lui a fait observer les longues & les brèves ; pour dire, qu’on lui a fait exécuter ponctuellement tout ce qu’on lui avoit prescrit. On dit aussi ; de fou juge, brève sentence, parce qu’un mauvais juge prononce bien vîte & sans être suffisamment instruit. C’est le dire d’Aristote, qui advertit ad pauca, facilè judicat.

Bref adv. Enfin : pour le dire en peu de mots. Breviter. Après quelques propos, on dit bref il n’en sera rien. On dit aussi en bref, pour dans peu de temps. Ce mot est du style familier. On dit aussi familièrement ; parler bref, pour dire avoir une prononciation trop prompte, trop précipitée.

Bref, état de compte, terme de commerce : compte abrégé, qui n’est pas dressé & rendu en forme.

Bref. s. m. est une lettre que le Pape écroit aux Rois, Princes ou Magistrats, sur quelques affaires publiques. Summi Pontificis diploma, epistola, brève. On peut appeler comme d’abus des brefs du Pape, lorsqu’ils sont contre les libertés de l’Eglise Galicane. Il y a à Rome des Officiers qui sont les Secrétaires des brefs. On définit un bref Apostolique, un rescript émané du Pape, ou du grand Pénitencier, sur des affaires brièves, légères & succinctes, expédié ordinairement en papier, sans préface, & sans préambule. Le Pape ne le souscrit point. Les brefs qui s’expédient par la Daterie & Secrétairerie sont aussi quelquefois sur du parchemin, & scellés de cire rouge du sceau du Pêcheur, qui est un cachet sur une bague où S. Pierre est représenté dans une barque en état de Pêcheur : il ne s’applique qu’en la présence du Pape. Il y a cette différence entre le bref & la Bulle, c’est que la Bulle est plus ample, qu’elle s’expédie toujours en parchemin, & qu’elle est scellée de plomb, ou de cire verte. Le bref est souscrit du nom du Secrétaire, & non pas du nom du Pape ; son adresse est sur l’envers. Il contient en tête le nom du Pape, séparé, & après Dilecto filio salutem & apostolicam benedictionem, &c. A notre cher fils salut & bénédiction apostolique ; & ensuite sans préambule, il explique simplement ce que le Pape dit, ou accorde. Voy Bulle.

Le Pape Alexandre VI, a beaucoup amplifié la matière des brefs, & c’est lui qui a institué le Collége des Secrétaires. Autrefois les brefs ne regardoient que les affaires de Justice ; aujourd’hui on les accorde pour des grâces, pour des dispenses. Voyez M. Auboux dans la Véritable Pratique Civile & Criminelle pour les Cours Ecclésiastiques, &c.

Ce mot vient de brevis, ou brève, qui se trouve dans les Anciens pour signifier écrit, ou lettre, comme on le peut voir dans les Acta SS. April. T. I, p. 413. Nos ancêtres disoient brief ; & en allemand on appelle encore à présent brief une lettre missive. De-là est aussi venu le mot de brevet. Ménage.

Bref, en plusieurs coutumes, se dit des lettres de Chancellerie qu’on obtient pour intenter action contre quelqu’un ; ou pour être maintenu, ou pour rentrer en possession d’un héritage, ou pour quelqu’autre raison. On se servoit autrefois du mot bref, pour toutes les actions qu’on intentoit en Justice. Cet usage s’est conservé en Angleterre.

Bref, est aussi un petit Calendrier ecclésiastique, qui contient l’ordre de réciter l’Office divin chaque jour de l’année, & selon le Rit de chaque Diocèse ou ordre Monastique. Ordo recitandi Officii divini. Le bref de Rome. Le bref de Paris. Le bref des Bénédictins. ☞ Dans plusieurs endroits on dit un directoire. On dit aussi par ironie & dans le style burlesque un guide-âne.

Bref, en termes de Marine, se dit en Bretagne d’un congé qu’on est obligé de prendre pour naviger, qui est de trois sortes. Rescriptum. Le bref de sauveté, qui se donne pour être exempt du droit de bris. Voyez d’Argentré, Hist. de Bret. L. I, p. 101, qui ajoute que s’il arrive qu’on se brise, & que dans les deux prochaines marées après être brisés, on prenne ces brefs des Fermiers des ports & havres, on est en sûreté de droit de bris, mais non pas des larrons, à qui, pour le droit de sauveté, on adjuge le dixième de ce qu’ils sauvent. Les Ducs de Bretagne donnoient autrefois des brefs pour la mer, & ceux qui les prenoient, étoient à couvert du droit de lagan, ou de bris. Lobineau, Hist. de Bret. T. I, p. 848.

Le second étoit un bref de conduit, pour être conduit hors des dangers de la côte. Les anciens Vicomtes de Leon donnoient aussi des sceaux, que l’on appeloit de conduit, parce qu’ils étoient obligés de faire conduire les vaisseaux de différentes nations qui passoient au Raz de S. Mahé. Et ceux qui ne prenoient pas ces sceaux, les Vicomtes étoient en droit de les poursuivre comme ennemis. Id. au même endroit.

Le troisième, bref de victuailles, pour avoir liberté d’acheter des vivres. On les appelle aussi brieux ; & on dit, parler aux hébrieux ; pour dire, obtenir ces brefs. Marie de Bretagne prétendoit de grands droits sur les brefs de Bourdeaux & de la Rochelle, contre son neveu Jean III, Duc de Bretagne. Le Duc de Bretagne avoit à Bourdeaux un Clerc qui tenoit son sceau pour délivrer des brefs aux Marchands de Gascogne, & autre qui trafiquoient sur les côtes de Bretagne. D’Argentré.

Breve, en termes de musique, est une notre blanche figurée comme un carré sans queue, qui vaut deux mesures.

Brève. s. f. Terme de monnoie, qui se dit de chaque fonte des monnoies, & des flans, carreaux, ou espèces, qu’on donne aux ouvriers pour les tailler, peser, ajuster, & y mettre toutes leurs façons. On les donne au poids & par compte, pour les rendre ensuite au Maître de la monnoie toutes façonnées. On les appelle ainsi, à cause que le Prévôt des ouvriers & des monnoyers en fait un petit registre ou bordereau, ou brève écriture.

BREGENTZ. s. m. Nom d’une ancienne ville, voisine d’Arben, bourg situé sur le lac de Constance. Bregentium. Bregentz étoit placé dans un lieu fertile & agréable, environné de montagnes.

BRÉGIN. s. m. Espèce de filet en usage sur la Méditerranée, dont les mailles sont fort étroites. Il est attaché à un petit bateau, & on le traîne sur les sables.

BREHAIGNE. adj. f. Femelle qui ne conçoit point, qui est stérile. Sterilis. Il y a des brebis bréhaignes, & d’autres qui sont portières. Nicot. On appelle proprement une carpe bréhaigne, celle qui n’a ni œuf, ni laitte. On dit aussi, une biche bréhaigne ; ☞ quelques-uns disent brehagne qui n’engendre point. Le peuple le dit quelquefois au substantif des femmes stériles, c’est une bréhagne.

Ménage dérive ce mot de l’anglois barren, qui signifie aussi sterile. Du Cange de brana, qui signifie une jument stérile. Il vient plutôt du bas-breton, où l’on dit bréhaing dans le même sens.

BREHIS. s. m. Animal qui n’a qu’une corne sur le front, & qui se trouve dans l’Ile de Madagascar. Il est fort sauvage, aussi gros qu’une chèvre, & se tient particulièrement dans la Province d’Asianacte.

☞ BREISICH. Petite ville d’Allemagne, au Duché de Juliers, sur le Rhin, vis-àvis d’Huningen.

BRELAN. s. m. Ludus aleatorius quo ternis lusoriis foliis luditur. Jeu de cartes qu’on joue à trois, quatre & cinq personnes. On y donne trois cartes à chacun, après en avoir ôté les plus petites jusqu’à sept inclusivement. On y fait plusieurs enchères à l’envi les uns des autres. Avoir brelan, c’est avoir trois cartes de même figure ou de même point, trois as, trois rois, trois dix, &c.

On appelle brelan favori, le brelan qu’on a déclaré au commencement du jeu, qui se payeroit double ; & brelan quatrième, lorsque la carte qui retourne est de même sorte que les trois qu’un des joueurs a dans la main. Acad. Fr.

☞ On écrivoit autrefois berlan ; plusieurs prononcent encore ainsi. Il faut écrire & prononcer brelan.

D’écoliers libertins une troupe indocile
Va tenir quelquefois un brelan défendu. Boil

Brelan, se dit aussi d’une académie ou maison où l’on donne publiquement à jouer aux dés ou aux cartes. Ludus aleatorius, forum aleatorium. Les brelans sont défendus par la Police.

Brelan, se dit aussi fort souvent par mépris, des maisons des particuliers où l’on joue trop souvent. Domus aleatoribus referta. Sa maison est un vrai brelan.

BRELANDIER. s. m. Joueur de profession qui fréquente les brelans. Aleator. Ce mot emporte aussi quelque sorte de mépris ; & on ne l’emploie guère que lorsque l’on veut blâmer quelqu’un de ce qu’il est trop adonné au jeu. Cet homme n’est qu’un brelandier. On le dit de même d’une femme brelandière.

BRELANDINIER, ÈRE, s. m. & f. C’est le nom qu’on donne aux marchands & ouvriers qui n’ont point de boutique ; mais qui étalent au coin des rues, sur des planches, ou dans une boutique portative, que l’on construit tous les matins, & que l’on détruit tous les soirs.

BRÊLE. s. f. Petite rivière qui sépare la Normandie d’avec la Picardie. En latin Brisela, mot dérivé du celtique Breiz, qui signifie un maquereau & une truite. Cette rivière en effet abonde en truites, sur-tout du côté d’Aumale. Les Francs lui avoient donné le nom d’Ou, Au, ou Eu. Mais l’ancien nom de Brêle a prévalu. Descript Géogr. & Hist. de la Haute-Norm. T. I. p. 1, 41, 45.

BRELIN. s. m. Nom d’une sorte de coquillage. Voyez COQUILLAGE.

BRELINE. Voyez Berline.

BRELIQUE-BRELOQUE. Adv. dont on ne se peut servir que dans le style bas & populaire, & qui signifie, inconsidérément, & sans y regarder de près. Temerè, inconsultè, inconsideratè. Il fait cela brelique-breloque.

BRELLE. s. f. C’est le nom que les Marchands de bois carré donnent à une certaine quantité de pièces de bois liées ensemble, en forme de petit radeau. Il faut quatre brelles pour faire un train complet.

BRELOQUE. Quelques gens disent BRELUQUE. s. f. Bagatelle, ou curiosité de peu de valeur. Frivola. Les curieux qui vont voir des cabinets où il n’y a point de pièces rares, disent, pour les mépriser, qu’il n’y a que des breloques. Du Cange dérive ce mot de bulluga, qui est une espèce d’atome, ou de petite pomme, dont il est parlé dans la vie de S. Colomban, qui sert de comparaison à toutes les choses dont on veut marquer la petitesse, ou le peu d’importance.

On appelle petite breloque, l’espèce de boutique, que les petits merciers portent avec eux, ou devant eux dans les rues.

BRELUCHE. s. f. Espèce de droguet, étoffe mêlée de fil & de laine. Les breluches ont la trame de laine & la chaîne de fil ; elles ont demi-aune de large, sur vingt-cinq aunes, & jusqu’à 67 aunes de longueur. Les breluches approchent fort, pour la qualité & le prix, de certains droguets qui se font à Verneuil au Perche.

BRÈME. s. f. Poisson d’eau douce ressemblant à une carpe, mais qui est plus plat, & qui a de plus grandes écailles. Cyprinus latus, Brema. Sa tête est petite, & a deux nageoires auprès des ouïes, & deux autres au milieu du ventre. Ce poisson se se plaît dans les eaux dormantes, & se nourrit d’herbe, de boue, & d’ordure. Sa chair est molle, grasse & excrémenteuse. Quelques-uns disent brame.

Brème, ou Brame de mer, Poisson de mer qui ne s’écarte guère du bord, qui est environ de la longueur d’une coudée. Il a le corps fort large. Il est de plusieurs couleurs, selon ses différentes parties. Le dos est d’un bleu tirant sur le noir ; les côtés argentés ; & le ventre est d’une couleur de lait. Il a le tour des yeux doré : ce qui a fait appeler ce poisson Aurata parmi les Latins.

BRÈME, ou Bremen. Nom de ville. Brema. Brème est une ville d’Allemagne dans le Cercle de la Basse-Saxe ; elle est capitale d’un Duché de même nom, & sur le Weser, qui la sépare en deux. Brème est une ville anscatique. Elle a eu un Archevêché fondé en 787, par S. Boniface : il fut réduit en Evêché suffragant de Cologne en 895. Il a été supprimé par la paix de Westphalie. Brème a prétendu être ville Impériale, & Ferdinand III, lui confirma ce titre l’an 1646 ; mais les rois de Suéde s’y sont opposés, & ont soûtenu qu’elle devoit dépendre d’eux, comme Ducs de Brème. Il y a en latin une Histoire Eccl. de Brème par Adam, Chanoine de Brème, in-4o. à Coppenhague en 1579.

Le Duché de Brème ; Bremensis Ducatus, Province de la Basse-Saxe, entre le Weser & l’Elbe, dont l’Archevêque de Brème étoit Seigneur, mais qui à la paix de Westphalie, fut sécularisée & cédée à la Suéde. L’Electeur d’Hanover est à présent en possession de ce Duché.

☞ BREMERFERDE, BREMERFURDE, BREMERVERDE, ou BREMERVODE. Petite ville d’Allemagne, au Duché de Brême, sur la rivière de l’Oost, autrefois résidence de l’Archevêque.

☞ BREMGART, ou BREMGARTEN. Bremogartum. Petite ville de Suisse, sur la rivière de Ruff, entre Baden, Soleure, Zurich & Lucerne, autrefois libre, appartenant aujourd’hui aux huit anciens Cantons.

BREN. s. m. Vieux mot. Ordure. Stercus. C’est de-là que vient breneux.

BRENÊCHE. s. f. C’est le nom qu’on donne en Normandie au poiré nouveau dans le temps qu’il est encore doux. La brenêche est assez agréable à boire ; les femmes l’aiment beaucoup ; ceux du pays du vin en boivent même avec délices, & on leur persuade aisement que c’est du vin doux.

BRENEUX, EUSE. adj. Ce mot se dit par le menu peuple ; pour dire, sali de matière fécale. Stercore oblitus, illitus.

BRENNE. Pays de France, partie en Tourraine, partie en Berry, & partie en Poitou. Brenensis, ou Brionensis ager.

☞ BRENNE. Ville de Picardie. Voyez Braine.

☞ BRENNKIRCHEN. Petite ville de la basse Autriche, sur les frontières de la Hongrie.

☞ BRENSKI. Ville de Russie, dans la principauté de Severie, sur la Dezna.

BRENTE. s. f. en italien Brenta. Mesure des liquides dont on se sert à Rome. Elle est de 96 bocales.

☞ BRENTFORD. Ville d’Angleterre, dans le Comté de Midlesex, sur la Tamise.

☞ BREOULS, ou BREOULX. Breulia. Petite ville de Provence, vers les confins du Dauphiné, à quatre lieues d’Embrun.

BREQUIN. s. m. Outil d’artisan qui sert à percer. ☞ C’est la même chose que vilbrequin, ou virebrequin. Terebra arcuato manubrio instructa. Le brequin est proprement la partie du vire brequin, qu’on appelle la mèche.

☞ BRESCAR. Ville d’Afrique, au Royaume de Tremecen, dans la Province de Tenez.

BRESCIA. Ville épiscopale d’Italie, capitale du Brescan, dans l’Etat de Venise. Brixia, Brescia. Les histoires fabuleuses font Hercule fondateur de Brescia ; d’autres un nommé Brinom, d’où elle fut appelée la Brinomie. Il la bâtit premièrement, disent-ils, sur le bord du lac de Garde, puis la transporta où elle est maintenant, au pied d’une montagne, & changea son nom en celui de Brixia. Les autres l’attribuent aux Troyens qui vinrent en Italie avec Enée, qui, selon eux, l’appelerent Altilie, comme s’ils avoient dit Alterum Ilium, une autre Troye. Mais Tite-Live, Liv. V, dit plus historiquement que les Cénomans en furent les premiers Fondateurs ; mais peut-être, dit Vigenère, qu’ils ne firent que l’agrandir. Voyez cet Auteur, Annot. sur Tite-Live, T. I. p. 1757, 6, qui dit toujours Bresse, aussi-bien que beaucoup d’autres. Ainsi l’usage est autant pour Bress, que pour Brescia. Eliat Cartolo a écrit l’histoire de Bresse en douze livres, & Octavio Rossi les Mémoires de Bresse, le Memorie Bressane, in-4°, à Bresse en 1616, & réimprimés au même endroit in-4° en 1693, avec les additions de Fortunato Vinaccesi. Cette édition est la plus ample & la meilleure.

☞ BRESCOU, (le) Brescovia. Château sur un rocher, dans une petite Île de la Méditerranée, à une lieue d’Agde, au bas Languedoc.

BRÉSICATE. s. f. Espèce de revêche dont il se fait quelque commerce avec les Négres, qui sont au de-là de la rivière de Gambie, jusqu’à celle de Serre-Lionne. Les meilleures pour ce négoce sont les bleues & les rouges.

BRÉSIL. Grande contrée de l’Amérique méridionale, le long de sa côte orientale. Brasilia. Alvarez Cabral, Portugal, appelle le Brésil, la terre de sainte Croix, parce que ce fut le jour de cette fête qu’il la découvrit en 1500, ou 1501. Les Hollandois se saisirent d’une partie de ce pays l’année 1629 & les suivantes. Leur Commandant le rendit aux Portugais par un traité l’an 1654. Ce traité fut ratifié en 1661. Quelques-uns divisent le Brésil en méditerranéen & en maritime. Les Portugais sont maîtres du Brésil maritime, qui contient douze cens lieues de côtes, que les Portugais partagent en quatorze Capitainies ou Gouvernemens. Les Sauvages occupent le Brésil méditerranéen, & l’on y distingue jusqu’à soixante & seize Nations. Le Brésil s’étend depuis le deuxième degré de latitude australe, jusqu’au quarante-cinquième ; ce qui fait 1075 lieues, en donnant 25 lieues au degré.

On a écrit quelquefois Brasil ; le P. Bouhours prétend même que Brasil se dit plus communément en parlant du pays. L’usage a changé, & l’on dit aujourd’hui, pour le moins aussi communément, Brésil, que Brasil. M. de la Neuville, dans son Hist. du Portugal, comme nous l’avons mis en sa place, & non pas Brésilien. Ce nom a été donné à cette contrée, parce qu’elle produit une très-grande quantité de bois nommé Brésil. Car ce n’est point ce pays qui a donné ce nom au bois, puisqu’il est certain que long-temps avant la première découverte, non-seulement du Brésil, mais de l’Amérique, ce bois s’appeloit Brésil, comme il paroît par le Dictionnaire hébreu de Rabbi David Kimhhi, appelé Sepher Schoraschim, Liv. des Racines. Car cet Auteur, qui vivoit sur la fin du XIIe siècle, & au commencement du XIIIe, dit à la racine אשר, & la racine לבם, que quelques-uns prétendent que le bois, que l’écriture appelle אלגמים, algumin, & une fois אלמגים, almughim, est le bois de teinture que les Arabes appellent אלבקם, albakam, & qu’on nomme en langue vulgaire Brésil. Et le Géographe Persien, cité par M. d’Herbelot au mot Bacam, qui est celui que les Arabes donnent à ce bois, aussi-bien qu’Edressi dans le troisième climat, écrivent que l’on trouve cet arbre dans les Îles de Rami, de Lameri, & de Kaulan. Perceval a dit :

Chemises & braves de chancil
Et chausses teintes en brésil.

Linsehot a donné la description de la terre du Brésil. Jarric, Liv. III. Herréra, c. 25, Barlé & M. de la Neuville, Hist. de Port. Liv. V. p. 69. Orosius, Liv. II. Maffé dans l’Hist. des Indes, en ont aussi parlé. Emmanuel Morais a écrit de Reb. Brasil. & Edouard d’Albaquerque, Guerra del Bresil. Nous avons en François l’histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil, autrement dite Amérique, recueillie sur les lieux, par Jean de Léry.

BRÉSIL. s. m. Bois rouge & pesant, qui est fort sec, & qui pétille beaucoup dans le feu, où il ne fait presque point de fumée, à cause de sa grande sécheresse. Brasilicum lignum. On peut voir au mot Brésil, nom de Contrée, que ce bois n’a point été ainsi nommé, parce qu’il a été d’abord apporté du Brésil, & qu’il se nommoit ainsi avant la découverte de l’Amérique, & l’on ne sait d’où il a pris son nom. Les Arabes l’appellent Bacam, & le Géographe Persien, aussi-bien qu’Edressi, cités par d’Herbelot, disent que ses feuilles sont semblables à celles du jujubier ; que son bois est extrêmement rouge ; que ses racines sont un excellent remède contre la morsure des vipères ; & que la ville de Caulem, à la côte de Malabar, est située dans une plaine qui en est toute couverte, aussi-bien que l’Île Ramy. Voyez d’Herbelot à ces mots.

Quelques Teinturiers s’en servent pour les teintures : néanmoins il est défendu par les Réglemens ; & on l’appelle un fausse couleur, parce que son rouge s’évapore facilement. Néanmoins le rouge incarnat, la rose séche, & les canelas, sont teints avec du brésil & bois d’Inde ; & les violets sont montés de brésil & d’orseille, puis passés sur la cuve d’Inde. Les acides changent le brésil en jaune ; mais si on y met quelque alcali, il deviendra de couleur de pourpre : de sorte que si on met du citron, ou du vinaigre distillé dans la décoction du brésil, il deviendra jaune ; si on y met ensuite de l’huile de tartre, il se changera en violet, de même si on y met du bois d’Inde. L’arbre du bois de brésil qui s’appelle, dit M. de la Neuville, Arabouten, dans l’Amérique, est fort gros & fort grand, garni de longues branches, qui sont chargées d’une quantité prodigieuse de petites feuilles à demi rondes, d’un très-beau vert luisant, après lesquelles naissent les fleurs, qui sont d’un très-beau rouge, & d’une odeur très-agréable, du reste semblables à celles du muguet ; de ces fleurs il sort des fruits plats, dans chacun desquels il y a deux amandes plates, semblables aux graines de citrouilles. Cet arbre a une grande quantité d’aubourg qu’on ôte, aussi-bien que les branches, avant que de l’envoyer en Europe.

On dit proverbialement d’une chose très-séche, & qui brûle aisément, qu’elle est séche comme du brésil, qu’elle brûle comme brésil ; qu’elle prend feu comme brésil. On le dit aussi d’une personne fort séche & fort maigre, ou qui se met aisément en colère, qui prend feu pour peu de chose, ou qui a des manières séches ; & même du style d’un Auteur sec & sans aménité, & par conséquent du style simple & familier.

BRÉSILIEN, ENNE. s. m. & f. Qui est du Brésil. Voy. Brasilien.

BRÉSILIER. v. a. Terme de Teinturier. Teindre avec du brésil. Brasilico ligno tingere, inficere. On ne doit brésiller aucunes toiles, ni fils à marquer, qu’ils ne soient teints en bonne cuve.

Brésiller, signifie aussi, rompre par petits morceaux. Voilà qui est tout bresillé.

BRÉSILLÉ, ÉE. part. & adj. Qui est si sec, qu’il se brise & se réduit en poudre. Il se dit des choses qui étoient vertes, dociles & pliantes, & qui deviennent friables, en les faisant sécher au feu ou au soleil.

BRÉSILLET. s. m. Espèce de bois de Brésil. Le brésillet des Îles Antilles : c’est de toutes les espèces de bois de brésil la moins bonne. Pomet.

☞ BRÉSIMI, ou BRÉSINI, petite ville de la grande Pologne, au Palatinat de Lencieza.

☞ BRESLAW, ville d’Allemagne, capitale de la Silésie & d’un Duché particulier, avec un Evêché suffragant de Gnesne & une Université, sur l’Order. Vratislavia, Budorgis & Budorgium. Cette ville est à 3°. 39’, 3”, de longitude, & 51°. 3’, 0”, de latitude. De la Hire, Tabl. Astr. Le P. Heinrich.

☞ BRESLE (la), Bresla, petite ville de France, dans le Lyonnois, sur la Turdine, à trois lieues de Lyon. On l’appeloit autrefois Arbreste.

☞ BRESLE, ou BRESSELLE, rivière de France, qui a sa source en Normandie, au dessus d’Aumale, sépare la Picardie de la Normandie, arrose Gamache, Eu, & se jette peut après dans l’Océan.

BRESSAN. Pays d’Italie, auquel Brésica, ou Bresse qui en est la capitale, a donné son nom. Brixianus ager. Le Bressan a pour bornes du côté du nord une partie du Tirol & de la Walteline, au couchant le Bergamasque, & la Walteline encore, au midi le Crémonois & le Mantouan, au levant le Trentin, le Véroois, & le lac de Garde.

Bressan, ane, s. m. & f. Qui est de Brescia en Italie, ou du Bressan. Brixianus. L’an 1427, les Bressans ne pouvant plus souffrir les excessives tyrannies des Ducs de Milan se donnerent aux Vénitiens. Vigen.

Bressan, signifie aussi, qui est de Bresse, province de France. Bressianus. La rivière d’Yone séparoit les Allobroges, c’est-à-dire, les Dauhinois, & les Savoyards, des Bressans & des Lyonnois, que César appelle Segusiani. Thiroux. Le peuple Bressan. Id.

César appelle les Bressans alliés & Confédérés des Anthunois. Id.

D’autres disent Bressande au féminin. J’ai vû le Gemen dou poure Labory de Breissy su la pau che la de la garra, en rime Bressande, par Bernardin Uchard, avec l’explication françoise des mots Bressans ce qui fait que ledit livret n’est pas moins nécessaire que plaisant. Masc.

Bresse. Voyez Brescia. C’est la même ville.

BRESSE. Province de France, qui a la Franche-Comté au septentrion, le Bugey à l’orient, une partie du Duché de Bourgogne, & une partie du Lyonnois au couchant, & le Dauphiné au midi. Bressia, ou Brexia. La Principauté de Dombes, dont Trévoux est la capitale, est enclavée dans la Bresse. Bourg est capitale de la Bresse. Il y a une contrée de cette province qu’on appelle la Bresse Châlonnoise ; parce qu’elle approche de Châlons sur Saone. La Bresse fut cédée à la France par le Duc de Savoye au commencement du dernier siècle. Voyez la Notice des Gaules de M. de Valois au mot Brexia. Sam. Guichenon, Avocat au Présid. de Bourg en Bresse, a donné l’Histoire de Bresse & de Bugey, in-fol. à Lyon 1650.

☞ BRESSELLE, rivière. Voyez Bresle.

BRESSIN. s. m. Terme de Marine. C’est une corde qui sert à isser & à amener une vergue, ou une voile. Funis antennæ adducendæ destinatus. On l’appelle autrement guinderesse. Bressins signifie aussi sur mer, des crocs de fer. Uncus ferreus.

BREST. Ville & port de mer de France en Bretagne, dans le Diocèse de Léon. Bivœtes portus, Brestia, Brestum. Brest est le plus excellent port de mer de toute la Bretagne, & duquel peut-être toute la province a pris l’origine de son nom. Du Chesne, dans ses Antiq. & Recherches des villes de France. Au reste, c’est une erreur de croire que Brest ait donné le nom à la Bretagne. L’entrée de la baie de Brest, qu’on nomme le Goulet, est très-difficile. Brest a été choisi pour y faire le principal arsenal de mer de la France. C’est un magasin de mer pour l’Océan. Brest a 12°. 57’, 33”, de longitude, & 48°. 23’, 0”, de latitude. Picard & De la Hire.

La fondante de Brest est une espèce de poire. Voyez Fondante.

BRESTE. s. m. Chasse aux petits oiseaux, qu’on prend à la glu avec un appas.

BRESTER. v. n. Vieux mot. Crier, clabauder.

BRETAGNE. Nom de lieu. Britannia.

La grande Bretagne. Magna Britannia. Grande Île de l’océan, qui comprend l’Angleterre & l’Ecosse. C’est une espèce de triangle dont la base est la côte méridionale qui regarde la France. Tite-Live & Fabius Rusticus lui donnent la figure d’une hache. Quelques Anciens ont cru que cette Île avoit été autrefois jointe à notre continent. Ils prétendent que c’est le sens de ce vers de Virgile,

Et penitus toto divisos orbe Britannos. Ecl. 1, v. 67.

Et Servius l’assure positivement, en expliquant ce vers de Claudien. In Consim. Manlii.v. 51.

Et nostro diducta Britannia mundo.

Et peut-être pourroit-on trouver dans le nom de cette Île de quoi appuyer ce sentiment, comme on le verra ci-après. Quoi qu’il en soit les premiers habitans de la Grande Bretagne furent des Gaulois qui y passerent, ou qui y furent jetés des côtes de Picardie & de Flandres. On ne peut en douter, quand on fait réflexion. 1°. Qu’ils sont appelée Cumeri, & Kombri, & leur langue Kimry, de même que les Gaulois ont été appelés Cimbri, selon la remarque de Cambden. 2°. Que la religion étoit la même dans la Gaule & dans la Grande Bretagne, comme l’a remarqué Tacite ; que l’une & l’autre nation avoit ses Druïdes & ses Bardes, &c. 3°. Que l’ancienne langue des Bretons étoit la même que les langue des Gaulois, comme on peut s’en convaincre dans l’Archæologie Britannique de Lhuyd, a dans Cambden, Britan. p. 12, & suiv. Ce sont apparemment ces premiers habitans de l’Île qui lui donnerent son nom. On dit qu’ils la nommoient Pridain, ou Phridain, & que c’est de-là que s’est fait le mot de Bretagne & de Breton.

Au reste, ce n’est pas la seule Île que nous appelons aujourd’hui Grande Bretagne que l’antiquité a donné ce nom ; toutes les Îles de la mer, qui sont aux environs de la Grande Bretagne, furent appelées îLes Britanniques, comme il paroît par Denys le Géographe, l’Auteur du livre du monde attribué à Aristote, &c. Celle-ci fut cependant appelée par excellence Britannique, Βριταννικής ; Britannia, ou Bretannia, Βρέτανις, Βρετάνια. Elle se nomma aussi Albion. Quelques anciens Auteurs fabuleux prétendent qu’elle fut nommée d’abord Samothée, puis Albion, & enfin Bretagne. Elle avoit ce nom du temps de César, ou Anglois-Saxons, qui donnerent le leur à la partie qu’ils occupèrent, & la firent nomme Engelland, c’est-à-dire, Angleterre, tandis que la partie septentrionale, s’qppeloit Ecosse, du nom d’un peuple Irlandois qui s’y étoit établi. On a repris ce nom de Bretagne dans ces derniers siècles. Jacques I, qui avoit réuni les deux couronnes d’Angleterre & d’Ecosse en sa personne, projettoit aussi la réunion des deux Royaumes, & fit même battre des médailles à ce sujet, dont les Légendes étoient : Quæ Deus conjunxit, nemo separet : Et, Faciam eos in Gentem unam : &, Tueatur unita Deus ; &, Henricus rosas, regna Jacobus, par allusion à Henri VII, qui avoit réuni les deux factions de la rose blanche & de la rose rouge, en réunissant par son mariage avec Elizabeth fille d’Edouard IV, les droits des maisons de Lancastre & d’Yorck. Cependant Jacques ne put venir à bout de son dessin, auquel les Parlemens d’Angleterre & d’Ecosse s’opposerent également. Enfin, la Reine Anne l’a exécuté, en ne faisant qu’un Royaume des deux, & ordonnant qu’on l’appelât Grande Bretagne. Ainsi l’on a rappelé l’ancien nom, de l’étymologie & de la signification duquel on ne convient pas.

Un certain Galfredus Aturius, qui sous Henri II, donna une Histoire Britannique qu’il avoit tirée, disoit-il, des anciens Auteurs Bretons, prétendit que Brutus Troien, fils de Sylvius, petit-fils d’Ascanius, & arrière petit-fils d’Enée, après bien des avantures romanesques, étoit passé dans l’Île dont nous parlons, habitée pour-lors par des géans, & lui avoit donné son nom. Le Chevalier Thomas Eliot le titre du nom grec πρυτάνια, qui signifioit chez les Atheniens, les revenus publics de la République. Humfroy Lhuyd veut que ce mot soit formé de Pridcain, qui signifie fort blanche. Cela reviendroit au nom Albion que les Grecs lui donnerent. Ainsi ce n’auroit été qu’une interprétation du nom propre ; & ce qui pourroit appuyer ce sentiment, c’est qu’on en a usé de même en d’autres noms semblables, comme en celui d’Aquitaine, appelée par les Gaulois Armorique, ainsi qu’on le peut voir au mot Aquitaine. Mais Cabden prétend que cette étymologie est dure, & que cain, blanc, a passé, du latin candidus, dans l’anglois, & qu’il ne vient pas de plus loin. Pomponius Gallus dit que ce sont les Bretons de Gaule, ou les Armoriques, qui ont porté ce nom en Angleterre ; Goropius Becanus, que les Danois qui s’y établirent lui donnerent le nom Bridanium, qui signifie Libera Dania, & que de-là s’est fait Britania. D’autres tirent ce nom de Prutenia, la Prusse ; Bodin de Bretta, espagnol, quisignifie terre ; d’autres de Britin ; qui dans l’Athénée s’est dit pour signifier un port ; d’autres des Brutiens, peuples d’Italie, & quelques-uns du mot latin brutus, brutal, à cause des mœurs sauvages & barbares des habitans de cette Île. Cambden réfute toutes ces opinions. Bochart, qui rapporte tout aux Phéniciens, prétend que ce nom est phénicien, formé de ברת, terre, & אנה, étain, dont les mines qui sont en Angleterre donnèrent le nom à toute l’Île ; que les Bretons sont des colonies de Phéniciens, ou de Chananéens, que Josué chassa de leur pays, & qui se répandirent en Espagne, en Gaule, & en Angleterre plus de 300 ans avant le temps où l’on place le Brutus dont nous avons parlé. On pourroit dire que ce nom, pridain, venoit de פרד, separavit, disjunxit, pour marquer que cette terre a été séparée de notre continent. Cambden croit que Britannia vient de Brit, qui signifie peint, parce que ces peuples avoient coutume de se peindre le corps, pour se rendre, disent quelques-uns, plus effroyables dans les combats.

On ne sut que l’Angleterre étoit une Île que sous Domitien, & sur la fin du gouvernement d’Agricola, par une aventure que Tacite & Dion racontent. M. Jhuyd a fait un recueil de toutes les Grammaires & Dictionnaires de l’ancien breton , ou du bas-breton, qui ont rapport à l’ancien-breton, qu’il a intitulé Archæologia Britannica. On trouve beaucoup de choses curieuses & savantes sur l’ancienne Bretagne dans la Britannia de Cambden ; cet ouvrage a été traduit en anglois, & augmenté par Edmond Gibson, & cette traduction fut imprimée à Londres en 1695. Les Reliquiæ Cambdenianæ est aussi un bon livre, imprimé à Londres en 1637, dans lequel il y a des remarques curieuses touchant le langage des anciens Bretons. Pitsæus, Balæus, Wood, & en dernier lieu Nicholson, ont donné des listes & bibliothéques des Ecrivains de leur nation, tant anciens que modernes. M. Blair, Médecin Ecossois, a fait un ouvrage intitulé, Pharmaco Botanologia, ou Histoire complette des plantes médecinales de la Grande Bretagne.

Les Îles de la Grande Bretagne. Insulæ Britannicæ. Ce sont des Îles d’Europe, situées entre le 50, & le 61, ou 62° degré de latitude septentrionale, & entre le 9e & le 23e degré de longitude. On les divise en cinq parties 1°. La Grande Bretagne, dont nous avons parlé. 2°. L’Irlande. 3°. Les Sorlingues. 4°. Les Hébudes, ou Inch Galles, ou Westernes. 5°. les Orcades, auxquelles on joint les Schetlandiques. Toutes ces Îles dépendent aujourd’hui du Roi de la Grande Bretagne. Maty.

La nouvelle Bretagne. Grand pays de l’Amérique septentrionale au nord du Canade. Nova . Britannia. On l’appelle aussi Estotilande, ou terre de Labrador, ou de Corta-real.

BRETAGNE. Armorica, Britannia minor. Petite Bretagne. Province de France qui a titre de Duché. C’est une grande presqu’Île baignée au nord par la mer de Bretagne, au couchant par l’Océan, au midi par la mer de Gascogne, & du côté de la terre elle est bornée par le Poitou, l’Anjou, le Maine, & une petite partie de la Normandie. C’est une des plus grandes Provinces de France, qui s’étend depuis environ le 12e degré 50 minutes de longitude jusqu’au 16d 30’, selon les cartes de M. de l’Isle, faites sur les observations de l’Académie des Sciences, & qui est entre le 47e & le 49e de latitude septentrionale. La capitale de Bretagne est Rennes. Cette province Ce divise en Haute-Bretagne, & en Basse-Bretagne. La Haute-Bretagne comprend les Evêchés de Rennes, de S. Brieu, de S. Malo, de Dol & de Nantes. On trouve dans la Basse-Bretagne les Diocèses de Vannes, de Cornouailles, de Léon & de Tréguier. Ces neuf Evêchés sont suffragans de Tours. On ne dit guère la Haute-Bretagne, mais on dit souvent Basse-Bretagne.

Le Phaéton d’une voiture à foin
Vit son char embourbé. La pauvre homme étoit loin
De tout humain secours : c’étoit à la campagne,
Près d’un certain canton de la Basse-Bretagne
Appelle Quimper-Corentin :
On sait assez que le destin
Adresse-là les gens, quand il veut qu’on enrage :
Dieu nous préserve du voyage.

La Bretagne s’appeloit Armorique du temps des Romains. On convient assez qu’elle a reçu le nom de Bretagne des habitans de la Grande-Bretagne qui s’y sont établis, mais on ne convient pas du temps où cela s’est fait. Il y a des Auteurs, qui fondés sur quelques endroits de Pline & de Bède, prétendent que dès les premiers siècles de l’Eglise, des Bretons avoient passé la mer, & conduit des colonies dans l’Armorique. Ils ne disent pas cependant que dès-lors elle prit le nom de ces nouveaux hôtes. D’autres soutiennent qu’au quatrième siècle l’Empereur Maxime s’étant rendu maître de cette province, il la donna aux Bretons qui l’avoient suivi dans ses expéditions ; d’autres que Vortiger, ou Vortigem, que les Bretons avoient appelé à leur secours contre les Ecossois, peuple d’Hibernie ou d’Irlande, qui vouloit envahir la Grande-Bretagne ; que ce Vortiger, dis-je, après avoir repoussé les Ecossois, se rendit maître de la Bretagne ; qu’un grand nombre de Bretons, pour éviter sa tyrannie, passerent en Armorique, & s’y étant établis, donnerent leur nom à cette partie de la Gaule. D’autres écrivent que ceux qui s’y retirerent, & lui donnerent ce nom, sont les Bretons chassés de leur Île par les Anglois-Saxons, qui y entrerent sous la conduite de Hengist en 446. La Chronique Bretonne, ou Britannique de l’Eglise de Nantes, que le P. Lobineau a imprimée dans le IIe Tome de l’Hist. de Bret. p. 3, dit p. 31, que ce fut en 513, sous le règne de Clotaire fils de Clovis, que ces Bretons passerent dans l’Armorique. Clotaire II vaincu par Théodebert & Théodoric, fils de Childebert, céda à Théodoric tous les pays renfermés entre la Seine, la Loire & l’Océan, jusqu’à la frontière des Bretons, mots, dit le P. Lobineau, qui font voir que nos premiers Rois n’avoient aucun droit de souveraineté sur la Bretagne. Le même Auteur dit que son gouvernement étoit aristocratique, T.I, p. 73.

Quelques-uns prétendent que la Bretagne a eu titre de Royaume ; que Conan, le chef des Bretons, que Maxime mit dans l’Armorique, la reçut de cet Empereur à titre de Royaume ; que ce Royaume, après avoir duré jusqu’à Charlemagne, fut rendu feudataire par cet Empereur, & changé en Comté. D’autres disent qu’il ne dura que jusqu’à Clovis & Chilperic, qui obligerent ces petits Rois de se contenter de la qualité de Comte ; qu’ensuite cependant, s’étant remis en liberté, ils furent rendus tributaires par Dagobert II jusqu’à Charlemagne, qui les subjugua & les réduisit à la qualité de Comtes ; depuis, la Bretagne fut érigée en Duché, & a eu long-temps ses Ducs particuliers. C’est Philippe le Bel, qui étant à Courtray en 1247, au mois de Septembre, en considération des grands services que le Duc de Bretagne Jean II lui avoit rendus, le créa Pair de France, avec les mêmes prérogatives dont jouissoit le Duc de Bourgogne, déclarant que la Pairie seroit attachée au Duché de Bretagne, & que le Duc qui n’avoit été jufques-là nommé que Comte dans les Lettres Royaux, seroit désormais appellé Duc. Lobineau. Le dernier Duc de Bretagne fut François II, qui n’eut qu’une fille, Anne de Bretagne, qui apporta la Bretagne à la France par son mariage avec Charles VIII, & puis avec Louis XII.

La Bretagne relevoit de Richard troisième Duc de Normandie, & dès le temps du premier Duc (Rolon, Fondateur de ce Duché) elle étoit devenue comme un arrière fief de la Couronne, par le consentement de Charles le Simple. Au commencement de la troisième race on vit les Bretons se relever, & donner de l’inquiétude aux Ducs de Normandie. P. Dan. Il fut réglé par le traité de Guérande, conclu le 12 d’Avril de l’an 1365, que désormais les femmes ne pourroient prétendre au Duché de Bretagne qu’au défaut de tous les mâles légitimes de la Maison de Bretagne. Id. Tom. II, pag. 628. La Bretagne est un pays d’Etats. Les Etats de Bretagne se tiennent de deux ans en deux ans dans le lieu de la Province que le Roi désigne. Voyez encore le mot Armorique. Il y a des Chroniques Annales de Bretagne, par Me Alain Bouchard, Avocat au Parlement ; l'Histoire de Bretagne par Bertrand d’Argentré ; une autre par d’Hosier, avec les Chroniques des Maisons de Vitré & de Laval ; & enfin la dernière en deux tomes, dont le second contient les preuves données par D. Alexis Lobineau, Bénédictin. Il y a des Dissertations sur la mouvance de la Bretagne, de M. l’Abbé de Vertot & d’un Anonyme. Voyez encore de Hauteserre, Notæ in Greg. Tur. L. IV, p. 114.

La mer de Bretagne, autrement la Manche, ou le Canal. C’est un grand détroit de l’Océan Atlantique, qui s’étend entre les côtes de France au midi, & celles d’Angleterre au nord.

Il y a une contrée en Canada, à la pointe du golfe de Saint Laurent, à laquelle on a donné le nom de Nouvelle-Bretagne. On écrivoit autrefois Bretaigne.

BRETAILLER, v. n. Tirer souvent l’épée & fréquenter les salles d’armes. Ce terme est méprisant, & ne convient qu’à de jeunes étourdis qui veulent faire les bravaches. Les honnêtes gens ne s’amusent point à bretailler. Ce mot vient de brette, qui signifie une longue épée. Il n’est que du style familier.

BRETAILLEUR. s. m. Jeune fanfaron qui met l’épée à la main pour la moindre bagatelle. Thraso. Les brétailleurs sont bannis de la société des honnêtes gens. Il se dit aussi de ceux qui fréquentent souvent les salles d’armes.

BRETANNION. s. m. Nom d’homme. Bretannio, ou Vetrannio. D’autres disent Vetrannion. L’un peut s’être formé de l’autre. S. Bretannion, Evêque de Tomes, dans la petite Scythie, près du Pont-Euxin, parla hautement à Valens pour la défense de la foi de Nicée, & ne voulut point communiquer avec lui.

☞ BRETAUDER. Vieux verbe qui signifioit autrefois tondre inégalement. Inæqualiter tondere.

Il a conservé cette signification chez les tondeurs de drap : il s’emploie aussi activement en maréchallerie. Brétauder un cheval, c’est lui couper les oreilles. Aures resecare, truncare.

☞ Quelques-uns s’en servent aussi pour châtrer. En style comique & burlesque, bretauder quelqu’un, c’est lui couper les cheveux plus courts qu’il n’a coutume de les porter.

BRÉTÈCHE. s. f. Vieux mot, qui signifie une forteresse à créneaux, & le lieu public où l’on fait les cris & proclamations de Justice. Turris pinnis instructa. Il vient de l’italien Bretesca, qui se dit de cette barrière qu’on met d’ordinaire devant la porte des palais. Ménage. Les portaux des villes s’appeloient aussi bretèches, parce qu’il y avoit quelques petits forts ou défenses de bois, comme on appelle barbacane, ce qui sert à défendre le fossé. Il a aussi signifié, marche-pied, corridor.

Mainte pucelle illec avoit
Dessus la bretèche montée.

En quelques coutumes on dit bretèque, ou bretesques.

BRETELLE. s. f. Ce qui sert à attacher, sur les épaules, des hottes, des crochets, des bars, des brouettes, ou autres choses propres à porter des fardeaux. Funales habenæ dossuarii corbis. Ce sont deux sangles, ou deux bandes de cuir ou de grosse étoffe, chacune large de deux pouces, & longue d’environ une demi-aune : on les attache par un bout vers le milieu de la partie platte de la hotte, afin que chacune faisant le tour d’une des épaules, & passant par dessous les aisselles, elles viennent s’accrocher par leur autre bout, qui a une boucle, à deux bouts de bâton qui sortent exprès du bas de la hotte, & qu’ainsi la hotte tienne ferme sur les épaules. Il en est de même à proportion aux crochets. Prenez garde que les bretelles de votre hotte soient assez fortes pour ce fardeau. Ces bretelles sont trop petites, trop courtes.

Borel le dérive de βρίθω, c’est-à-dire, je charge.

Bretelle, est aussi un terme de Rubanier ; & il signifie un tissu pour soutenir le corps du Rubanier lorsqu’il travaille, de peur qu’il ne tombe en devant.

Bretelles, au pl. signifie encore un tissu de fil ou de soie, qui sert à soutenir les culottes des enfans, ou des hommes un peu gros.

On dit proverbialement, Il en a par-dessus les bretelles, ou jusqu’aux bretelles ; pour dire, il en a par-dessus ses forces, au-delà de ce qu’il peut porter. Ce qui se dit de toutes sortes de méchantes affaires, mais plus ordinairement lorsque quelqu’un a bû trop de vin.

Bretelles. s. f. pl. signifie encore dans le tarif de la Douane de Lyon, ce qu’on nomme à Paris, des charges ou paniers de verre.

BRETÈSSES, ou BRETÈCHES. Terme de Blâson, qui se dit d’une rangée de créneaux sur une fasce, bande, ou pal, ou sur les côtés d’un blâson de platte figure. Pinnarum mur alium ordo geminus. Et on appelle Ecu bretesse simplement, quand les créneaux d’une fasce, d’un pal, d’une bande se rapportent, & sont vis-à-vis l’un de l’autre. Les Martinozzi portent quatre fasces bretessées à double. Masc.

BRETEUIL. Gros bourg de France en Normandie, avec titre de Comté, sur la rivière d’Iton, à six lieues d’Evreux. Britolium.

Breteuil, Bretolium. Petite ville de France, en Picardie, au Diocèse de Beauvais, avec une Abbaye de l’Ordre de St Benoît.

☞ BRETIGNY, Bretiniaca. Village de France, au-dessus de Montlhery, à une lieue de Châtres, à cinq de Paris. C’est là que fut conclu en 1560, le traité de paix entre la France & l’Angleterre.

BRETON, ONNE, s m. & f Britannus. Brito. C’est le nom des anciens habitans de l’île que nous appelons aujourd’hui Grande-Bretagne. Ils avoient ce nom au temps de César, & l’ont gardé jusqu’à l’invasion des Saxons. Voyez ce qu’on dit de son étymologie au mot Grande-bretagne. Aujourd’hui on n’appelle point en françois Bretons les habitans de cette île, mais Anglois, ceux qui habitent la partie méridionale ; & Ecossois, ceux qui occupent la partie septentrionale. Cependant, en parlant des anciens peuples de ce pays, sur-tout de la partie méridionale, il faudroit dire Bretons, jusqu’à l’invasion des Saxons.

Breton, onne, s. & adj. Armoricus, a. Nom du peuple qui habite la petite Bretagne, province de France, qu’on appeloit autrefois Armorique. Ce sont les seuls qui portent aujourd’hui en notre langue le nom de Bretons, qu’ils ont depuis plusieurs siècles. Voyez Bretagne. Les Bretons de France, & les Gallois d’Angleterre, ou Montagnards de la Principauté de Galles, ont une même langue, & s’entendent les uns les autres. La noblesse Bretonne. Grégoire de Tours dit expressément, Liv. IV, C. 4 que depuis Clovis les Bretons furent sous la domination des François ; que les Bretons dès-lors n’eurent plus de Rois, & que leurs Princes se contenterent de porter le titre de Comte. P. Dan. Les charges bretonnes sont au Parlement de Bretagne les charges de Conseillers, qui ne peuvent être possédées que par des Bretons, comme les charges françoises ne peuvent l’être que par d’autres que des Bretons. Un cheval breton.

On dit bas-Breton & basse-Bretonne, pour dire un homme ou une femme qui est de Basse-Bretagne. Un gentilhomme bas-Breton. Au lieu de basse-Bretonne, on dit souvent dans le discours familier une basse-Brette. Les basses-Brettes ont de l’esprit, c’est-à-dire, les basses-Bretonnes, les femmes de Basse-Bretagne. Ce Capitaine de vaisseau a épousé une basse-Brette qui lui a donné du bien.

Breton-Bretonnant. Si l’on en croit d’Hosier, dans son Hist. de Bretagne, pag. 43, 44, les Bretons qui habitoient les côtes de l’Océan du côté de l’occident, prirent des femmes de la Grande-Bretagne, & c’est le langage de ces femmes qui continue encore aujourd’hui, & que nous nommons bas-Breton ; car c’est le langage des meres que les enfans apprennent ; & c’est pour cela, dit-il, qu’on appelle ceux-ci Bretons-bretonnans. Pour les autres situés vers l’orient , ils prirent des femmes Gauloises, & c’est à raison de leurs meres & de leur langue, qu’on les appelle Bretons-Gaulois. Dans le pays on les appelle Gallots.

Il est vrai qu’on appelle Bretons-hretonnans ceux qui parlent bas-breton ; mais la raison qu’il en rapporte n’est pas bien sure : il y a plus d’apparence que c’est leur peu de commerce avec la France, & leur langue qui leur fit donner ce nom, qui du reste est bas & populaire.

Du Tillet, Rec. des Rois de Fr., p. 3, dit Breton tonnant, & non pas bretonnant. Ce n’est qu’un retranchement de la première syllabe, & cette expression n’a rien de différent de l’autre ; mais elle ne se dit plus. Cet Auteur n’appelle point ainsi le peuple de Bretagne, mais le langage de ce peuple que nous appelons bas-Breton. Du reste, il dit plus vraisemblablement que d’Hosier, que c’est le langage apporté & conservé jusqu’à présent par les Bretons qui s’y retirerent chassés par les Anglois-Saxons. Mais après tout, il est difficile de se persuader que quelques réfugiés fissent changer le langage aux Armoriques naturels du pays. Ils s’accommoderent bien plutôt au leur, qui n’étoit pas fort différent de celui des Bretons, parce qu’il est certain, que les Bretons de l’Île Britannique étoient originairement Gaulois.

Breton & Britto, Brittus, au plur. Brittones & Britti, selon le P. Pezron, sont des noms pris de la langue des Gaulois, qui disent Brittes, Brith, pour signifier un homme peint & marqué de diverses couleurs, & chez eux Britho étoit un verbe, qui signifioit pingere, variegare, c’est-à-dire, peindre & marquer de diverses couleurs. Brittones & Britti n’étoient donc autre chose que des hommes peints. En effet, continue-t-il, ces peuples Bretons anciennement se peignoient le corps, & même le visage principalement d’une couleur qui tiroit fur le bleu ; delà-vient que Martial les appelle Picti Britanni, en parlant de ceux d’Angleterre. Sur quoi il est bon de remarquer, dit encore le P. Pezron, que Britannia vient du Celte Britt, c’est-à-dire, peint ; &c de tan, ou stan, qui signifie pays, ou région. Ainsi Britannia, selon lui, veut proprement dire région des hommes peints. Desorte que les Grecs qui ont écrit Βρεττία & Βρεττάνια par un e & deux tt, ont mieux marqué le véritable nom de ces peuples que les Latins, qui disent Britannia.

Le Cap-Breton. Cap de l’Amérique septentrionale, sur la côte méridionale de l’Île du Cap-Breton, à laquelle il donne son nom, & qui est située dans la mer de Canada, entre l’Île de Terre-Neuve & l’Acadie. Caput Britonum.

Le Pertuis-Breton. Petit détroit de la mer de Gascogne, entre la côte septentrionale de l’Île de Rhé, & celle de Poitou. Fretum Britannicum. Maty. L’isle des Bretons, Île de l’Amérique, Britonum Insula, autrement l’Île du Cap-Breton.

L’Île du Cap Breton, aujourd’hui île Royale. Elle est distante de dix lieues du cap de Campseaux en Acadie ; elle a 80 lieues de tour, y compris l’Île de Sainte Marie, qui y est adjacente, & située ensorte qu’elle forme deux passages, l’un entr’elle & la terre ferme, appelé l’entrée du petit passage de Campseaux ; & l’autre est un intervalle de six lieues qui est entr’elle & l’Île du Cap Breton, par où l’on va du petit passage de Campseaux au fort St Pierre. Le trajet ne s’en peut faire que par des barques, encore faut-il bien prendre garde au chenal ou canal de l’entrée du petit passage. Allant le long de l’Île de Ste Marie dehors, l’on trouve une petite Île toute ronde à trois lieues de-là, nommée l’Île Verte. Pour y aller, il faut tenir le large ; la côte y est semée de rochers qui avancent une bonne lieue en mer, trois lieues durant. Cela passé, venant trouver l’Île Verte, il la faut laisser à droit, pour entrer dans la baie de Saint Pierre. L’on y mouille devant une pointe de sable un peu au large. Les vaisseaux ne peuvent approcher plus près de S. Pierre que de trois lieues : les barques y peuvent venir, mais il faut bien savoir le canal.

Sortant du port S. Pierre par le côté de Campseaux pour faire le tour de l’Île, tirant vers la partie orientale, l’on trouve l’Île Verte. De-là l’on va aux Îles Michaut, qui en sont à trois lieues. Ce sont des rochers que l’on nomme ainsi. La pêche de la morue y est bonne, & de-là au Havre l’Anglois on compte dix lieues : toute la côte n’est que rochers, & à l’entrée de ce Havre l’on trouve une Île qu’il faut laisser à gauche. Les navires étant dedans, sont en sureté. L’ancrage y est bon ; toutes les terres du dedans ne sont que côtes de rochers assez hautes ; au bas il y a un petit étang où l’on prend grand nombre d’anguilles : la pêche de la morue y est très-bonne.

A trois lieues de-là l’on trouve le port de la Baleine, qui est encore un bon havre, mais de difficile entrée, à cause de quantité de rochers qui s’y rencontrent. De-là on va au Fourillon qui est derrière le Cap-Breton. Le Cap-Breton n’est qu’une Île, & la partie de l’Île qui porte ce nom & qui regarde le sud-est, ce sont tous rochers, entre lesquels on ne laisse pas de mettre des navires à l’abri pour la pêche, qui y est très-bonne. Toutes les terres de ce pays-là ne valent guère, quoiqu’il y ait de beauc bois dans le haut des montagnes, comme bouleaux, hêtres & principalement sapins & quelques pins.

Passant plus avant, l’on trouve la rivière aux Espagnols, à l’entrée de laquelle les navires peuvent être en sureté. Il y a une montagne d’excellent charbon de terre à quatre lieues de la rivière. La terre y est assez bonne. De l’autre côté elle est couverte de bouleaux, érables, frênes, & quelque peu de chênes. Il s’y trouve aussi des pins & des sapins. Du haut de la rivière on traverse à Labrador, à travers de deux ou trois lieues de bois.

Sortant de la rivière aux Espagnols pour aller à l’entrée de Labrador, l’on fait trois lieues parmi des rochers, au bout desquels est l’entrée du petit Chibou ou de Labrador. En cette contrée il y a encore du charbon de terre. Là commence une grande baie qui va proche de Niganiche ; elle a huit ou dix lieues de large. Dans cette baie il y a force niches où les cormorans font leurs nods : en terre de toutes ces roches, à la droite, est le grand Chibou, qui est l’entrée du havre de Sainte Anne.

Entrant dans la baie, il y a de plus grandes Îles, où les sapins sont plus beaux, & en tout cet espace de dix-huit lieues, ce ne sont qu’Îles dont on ne sait point le nombre, & le gibier y abonde de toutes parts. Il y a un passage de l’une des pointes à l’autre de la baie, entre ces Îles, pour une chaloupe & pour une barque ; mais il faut bien savoir le chemin pour y passer. Cette baie a bien près de quatre lieues de profondeur, & plusieurs rivières qui descendent dedans ; elles sont petites ; ce ne sont presque que de gros ruisseaux par où les Sauvages vont & viennent, ils y sont en grand nombre, à cause de la chasse qui est bonne dans le haut des terres, y ayant des montagnes toutes remplies d’orignaux. Il ne laisse pas d’y avoir de beaux bois, de bonne terre, & des endroits beaux & agréables. Denis. P. 1, C. 4.

Sortant de-là, allant à Niganiche, l’on passe huit lieues de côtes de roches extrêmement hautes & escarpées, comme une muraille ; & Niganiche qui est à deux lieues de la pointe ne vaut guère non plus. Du Fourillon au Cap Breton il peut y avoir vingt à vingt-deux lieues jusqu’à Niganiche, & de-là au cap de Nord cinq à six lieues, toutes côtes de rochers. Il y a place au cap du nord pour un navire, qui peut y faire sa pêche. Du Chadye au cap du nord il y a environ quinze à seize lieues : toute cette côte là n’est que rochers couverts de sapins, mêlés de quelques petits bouleaux : il s’y trouve quelques anses de sable, où à peine se peut retirer une chaloupe. Cette côte est dangereuse.

De Chadye continuant sa route le long de la côte qui sont montagnes de roches jusqu’à quatre lieues de-là, l’on trouve une petite Île vis-à-vis d’une anse de sable, propre à mettre des chaloupes à couvert. Dans cette anse il y a une montagne de pierres noires, dont les Charpentiers se servent à marquer leurs ouvrages : elle n’est pas des meilleures, étant un peu dure. Après avoir fait encore huit lieues de côtes, l’on trouve des terres basses & plattes, couvertes de bois de toutes rotes, comme frênes, bouleaux, hêtres, érables, pins & sapins ; mais tous ces bois-là ne sont pas des plus beaux. De-là on entre dans une petite rivière à chaloupe, où l’on pêche force saumons. Il y a une mine de charbon de terre ; on dit qu’il y a aussi du plâtre. Le bois est assez beau en cette rivière, & le terrein n’en est pas montagneux. De l’embouchure de cette petite rivière jusqu’à l’entrée du petit passage de Campseaux, du côté du nord, il n’y a que trois lieues, & de-là à l’autre entrée du côté du sud environ dix lieues, où j’ai commencé pour faire le tour, & c’est où finit le circuit de cette Île du Cap-Breton, à laquelle on donne communément quatre-vingt lieues de tour, dont la circonférence & le dedans ne contiennent presque que des montagnes de roches ; mais ce qui la fait estimer, sont les ports & rades où les navires se mettent pour faire leur pêche. Le maquereau & le hareng donnent fort autour de l’Île. Cette Île a encore été estimée pour la chasse à l’orignac. Il s’y en trouvoit autrefois grand nombre, mais à présent il n’y en a plus : les Sauvages ont tout détruit, & l’on abandonnée, n’y trouvant plus de quoi vivre. Ce n’est pas que la chasse du gibier n’y soit bonne & abondante ; mais cela n’est pas suffisant pour leur nourriture, outre qu’il leur en coute trop de poudre & de plomb ; car d’un coup de fusil dont ils abattent un orignac, ils ne tueront qu’une outarde ou deux, quelquefois trois ; & cela ne suffit pas pour les nourrir avec leur famille.

Breton. s. m. Coquille blanche & inégale, qui s’emploie aux ouvrage de rocailles.

BRETONNE. s. f. On a donné ce nom particulier à ce qu’on appelle en général Capote, qui, suivant l’explication qu’en a donné l’Académie-Françoise dans la troisième édition de son Dictionnaire, est une espèce de mante que les femmes mettent par-dessus leurs habits, quand elles sortent, & qui les couvre depuis la tête jusqu’aux pieds. Capote de camelot. Capote de taffetas.

☞ Le mot bretonne ne désigne point tout seul l’espèce d’habillement dont on parle ici. On dit une cape bretonne, pour la distinguer de celles qu’on porte dans les provinces voisines, en Normandie, en Anjou, & qui ne sont pas faites de la même façon.

BRETTE. s. f. Epée qui est plus longue que celle qu’on porte ordinairement. Rudis gladiatoria. C’est un terme de plaisanterie. Il ne quitte jamais sa brette. Quelques-uns dérivent ce mot de britto, qui signifie une espèce d’arme tranchante, inventée en Bretagne.

Brette, est proprement une sorte d’épée longue & étroite. M. Huet croit qu’elles sont ainsi nommées pour être venues de Bretagne. Dans le grand testament de Villon le mot Brettes est employé pour bretonnes, & brettes targes, pour targes bretonnes.

On appelle aussi une femme de Bretagne Brette, de Britta, & basse-brette une femme de basse-Bretagne.

BRETTÉ, ÉE. adj. Truelle brettée, marteau bretté, ou brettelé, sont des outils qui ont plusieurs dents ou petites pointes qui servent à bretteler leurs ouvrages. Voyez Bretter.

☞ BRETTEN. Ville d’Allemagne dans la Suabe, appartenante avec son territoire à l’Electeur Palatin.

☞ BRETTEN. Petite ville de Suéde, dans la Dalie, sur le lac Waner.

BRETTER, ou BRETTELLER. v. a. C’est parmi les Sculpteurs une manière de travailler sur la cire ou sur la terre. Ils ont un ébrauchoir ou instrument de bois qui a des dents par un bout, & qui en ôtant la cire ou la terre, ne fait que dégrossir & laisser les traits sur l’ouvrage qu’on nomme brettures. Les Maçons ont des truelles qu’ils nomment brettées & brettellées, parce qu’elles ont des dents ; elles leur fervent pour dresser leurs enduits de plâtre. Les Tailleurs de pierre ont aussi des marteaux brettés, qui leur servent à dresser les paremens des pierres. Bretteller signifie aussi regratter un mur avec un outil à dents, comme la laie, le rifflard, la rippe, &c.

Bretter, v. n. Chercher querelle, férailler, avoir toujours l’épée au vent, attaquer insolemment tous les passans, chercher noise à un chacun. C’est un métier qui envoie bientôt son maître en l’autre monde. Dict. Com.

BRETTÉ, ÉE ; & BRESSELÉ, ÉE. part. & adj.

BRETTEUR. s. m. Celui qui porte une brette, qui aime à se battre & à férailler. Rixarum amans.

BRETTURE. s. f. Dentelure qui est aux extrémités de plusieurs outils d’artisans, comme truelles, rippes, marteaux, &c. Denticuli.

Brettures, se dit aussi des traits que le Sculpteur laisse sur un ouvrage qu’il dégrossit avec l’ébauchoir bretté.

☞ BREUBERG. (Seigneurie de) Petit pays de Franconie, le long du Mein, entre le Comté d’Erpach & l’Archevêché de Mayence, avec un château qui lui donne ce nom.

BRÉVE. Voyez BREF.
BREVEMENT. BRIÉVEMENT.
BREVETE. BRIÉVETÉ.

BREVET. s. m. Acte expédié par un Secrétaire d’Etat, qui porte la concession d’une grace, ou d’un don que le Roi a fait à quelqu’un. Breve Regis diploma. Il a eu le brevet de nomination à un tel Evèché ; un brevet pour jouir d’une telle charge. ☞ On appelle de même brevet, une expédition par laquelle un Prince, un grand Seigneur accorde une grace à quelqu’un.

Brevet d’affaire. Privilége que le Roi accorde à quelques courtisans, de le voir dans sa garde-robe. Acad. Fr.

Brevet de retenue. Brevet par lequel le Roi assure une certaine somme sur le prix d’une charge, laquelle doit être payée aux héritiers ou aux créanciers du titulaire par celui qui le remplacera.

Duc a brevet, celui qui n’a qu’un brevet de Duc.

☞ Juste-au-corps à brevet. Sorte de juste-au-corps bleu que quelques courtisans ont droit de porter par brevet du Roi.

☞. Brevet de joyeux avénement. Grace expectative dont le Roi, à son avénement à la couronne, a droit d’user sur une prébende de chaque église cathédrale, & sur les dignités & prébendes des collégiales, en présentant un sujet à chaque Prélat & à chaque Chapitre pour être par eux pourvu du premier bénéfice qui viendra à vaquer.

Brevet de serment de fidélité. Autre mandement, par lequel le Roi enjoint.à chaque Evêque dont il reçoit le serment de fidélité, de conférer la première prébende vacante à celui qui est désigné par le brevet.

☞ Obligation par brevet, en termes de pratique. C’est celle dont il n’est point resté de minute chez le Notaire, qui a été délivrée en original à l’une des parties.

☞ On dit aussi brevet d’apprentissage. Voyez Apprentissage, & brevet de Maîtrise ; mais plus communément lettres de maîtrise. Du Cange témoigne qu’on disoit autrefois Brevis Notariorum ; ou breve sacramenti ; pour dire, Les actes & minutes de Notaires ; & rapporte une autorité de Lampridius pour le prouver.

Brevet, en termes de Marine, est un écrit sous seing privé, par lequel le maître d’ un vaisseau reconnoît avoir chargé telle marchandise sur son bord, qu’il s’oblige de porter à sa destination pour le prix convenu, sauf les risques de la mer. Les matelots l’appellent connoissement sur l’Océan, & police de chargement sur la Méditerranée. Voyez Bref.

Brevet. s. m. Terme de Teinturier. Décoction de garence & de son, que les Teinturiers ajoutent dans l’eau commune, & passée par un tamis dans le bain de l’indigo, qui est verte sous l’écume. Ils y mettent la garence, pour assurer, disent-ils, la couleur de l’indigo, parce que cette racine en fournit un si solide sur les sujets préparés, qu’elle résiste à presque toutes les épreuves. Ils y ajoutent le son, pour adoucir l’eau qu’ils supposent contenir presque toujours des parties d’un sel acide, qu’il est bon, selon eux, d’amortir. Mém. de l’Acad. des Sc. 1740, p. 135.

☞ Manier le brevet, c’est examiner avec la main si le bain ou le brevet de la cuve est bon ou assez chaud. Ouvrir le brevet, prendre de la liqueur pour connoître la couleur du bain.

On appelle encore brevet la croix du Saint-Esprit, qui est brodée sur les manteaux & les habits des Chevaliers de cet Ordre ; mais plus communément ces croix en broderie, détachées, qu’on coût seulement sur l’habit, & qu’on peut transporter, quand on veut, d’un habit sur un autre. On acheta douze brevets pour M. de… On donne même quelquefois le nom de brevets aux Seigneurs qui sont de cet Ordre, & qui portent le cordon bleu. On les nomme souvent Cordons bleus, mais quelquefois Brevets. On laisse entrer les Brevets au lever du Roi. Etat de la France.

Brevet de tailles, est une commission du Conseil, scellée du grand sceau de cire jaune, qui contient la somme qu’il plaît au Roi d’imposer pour la taille dans l’étendue de chaque Généralité & de chaque Election.

Brevet de contrôle, est une reconnoissance que les Commis des Bureaux des Traites délivrent à la sortie du Royaume, à la place de l’acquit de payement que les conducteurs & voituriers leur remettent entre les mains.

Brevet, se dit aussi de certains billets, caractères, ou oraisons que donnent des charlatans, & des empiriques pour guérir de plusieurs maladies, ou pour