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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/481-490

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Fascicules du tome 2
pages 471 à 480

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 481 à 490

pages 491 à 500


s’ouvre d’elle-même vers la fin de Septembre.

La châtaigne qu’elle renferme est couverte de deux peaux, dont l’extérieure est lisse en dehors, velue en dedans, de couleur châtain, comme on dit communément ; l’intérieure est plus mince, rougeâtre, & est très-âpre au goût. La substance de la châtaigne est douce, farineuse, bonne à manger lorsqu’elle est cuite. Il y en a de différentes grosseurs. Celles qui sont carrées & grosses comme le pouce se nomment marrons. Elles viennent dans le Vivarais, d’où on les transporte à Lyon. A Paris on dit, marrons de Lyon, parce qu’on les reçoit de Lyon. Celles qui sont moins grosses que les marrons sont les châtaignes ordinaires ; & les plus petites viennent des sauvageons. Les Cévennes & le Vivarais fournissent beaucoup de châtaignes. Le peuple vit en ce pays-là, une partie de l’année, de ce seul fruit. On fait cuire les châtaignes tantôt dans l’eau simplement, tantôt sous les cendres chaudes ; ou l’on les fait rissoler à la poële percée. Les châtaignes sont fort incrassantes. On laisse des châtaigniers en taillis ; le bois en est bon pour des perches, & pour différens ouvrages. Le charbon du châtaignier pétille trop au feu, & ne peut être employé qu’à la forge. Il n’y a guère de Province dans le Royaume qui n’ait des bois & taillis de châtaigniers. On se sert quelquefois des châtaignes en Médecine, pour faire un look pour la toux. Le marronier d’Inde, quoique son fruit donne des châtaignes, n’est point du genre de cet arbre. Voyez Marronier. Les plus belles charpentes, celles de la plupart des anciennes Eglises, sont de châtaignier. Il sert aussi à faire des cercles de cuves & futailles, ou des perches pour les treilles & espaliers. Il y a une Ordonnance de Henri III, de 1580, qui veut qu’on les coupe de six à sept ans.

Kaftanie & keften en allemand, châtaigne en françois, sont tirés du celtique keften. Pezron. Kaftanie vient évidemment du latin caftanea, & keften en vient aussi.

Châtaignier, est aussi le nom d’une espèce de pommes. Les châtaigniers, qu’on appelle martanges en Anjou, sont blanches, rousses, avec un coloris assez sale & obscur. La Quint.

CHÂTAIN. adj. m. & f. Ce mot ne se dit que du poil qui est entre le blond & le noir, qui est la couleur de la seconde enveloppe des châtaignes. Ex rutilo nigrescens, castaninus color. Poil châtain, cheveux châtains. Les châtains sont plus communs que les blonds. On dit châtain-clair, châtain-cendré.

☞ Il est indéclinables, quand il est suivi d’un autre adjectif qui le modifie. Des cheveux châtain-clair, & non pas châtains-clair, ni châtain-clairs.

CHÂTEAU. s. m. Place fortifiée par art ou par nature, soit dans la campagne, soit dans une ville, pour tenir les peuples dans le devoir : espèce de petite citadelle, de forteresse, ordinairement environnée de fossés & de gros murs, flanquée de murs & de bastions. Castrum, Castellum. La Flandre a plusieurs châteaux qui peuvent se défendre. Ce château commande à la ville.

Château, se dit aussi simplement du manoir d’un Seigneur, d’un hôtel où il demeure, & où l’on vient lui rendre hommage, bâti en manière de forteresse, avec fossé & pont-levis. On appelle aussi château, une maison sans défense, où les fossés ne servent que d’ornement. Le Château du Louvre. Le Château de Vincennes. Le Château Saint-Ange à Rome.

Château, se dit aussi d’une maison de plaisance, quand elle est bâtie magnifiquement. Ce n’est pas là une maison de bourgeois, c’est un château. En général, les maisons où loge le Roi, & qui lui appartiennent, s’appellent châteaux. Le Château de Saint-Germain, le Château-neuf, le vieux Château, le Château de Versailles, le Château de Chambort, &c. Et l’on dit château tout court, pour désigner la Maison Royale. Il y a tant de la machine de Marli au château. Ce Seigneur n’a point d’hôtel à Versailles, il loge au château.

☞ On donne pourtant plus particulièrement de nom de palais aux Maisons Royales, situées dans la capitale. Palais des Tuilleries. Palais du Luxembourg.

On appelle figurément château de carte, une maison fort enjolivée, & bâtie peu solidement. On appelle aussi château branlant, une chose qui n’est pas appuyée sur de bons fondemens, qui menace ruine. Ces phrases sont proverbiales.

Château, en termes de Marine, se dit dans les grands bâtimens de mer. Le château de proue ou château d’avant, le gaillard d’avant ou le théâtre, est l’exhaussement qui est à la proue des grands vaisseaux au dessus du dernier pont vers la misaine : c’est le lieu où sont les cuisines. Le château de poupe ou le château d’arrière, ou le gaillard d’arrière, est toute l’élévation qui règne sur la poupe au dessus du dernier point, où sont les chambres du Conseil & du Capitaine.

Château d’eau, c’est un pavillon différent du regard, en ce qu’il a de plus un réservoir, & quelque façade d’architecture enrichie de nappes d’eau, de cascades, &c. C’est quelquefois un corps de bâtiment avec une simple décoration de croisées feintes, parce qu’il ne renferme que des réservoirs, comme le château d’eau de Versailles. Les Architectes Latins appellent aussi Castellum, une cave ou voûte, dans laquelle toutes les eaux s’assemblent, & d’où elles sont conduites dans l’aqueduc. C’est une remarque de Catel, dans son Hist. de Lang. Liv. II, c. 2, p. 127.

On appelle, en termes de Blason, un château fondu, celui qui est représenté en sa partie d’en haut seulement, & lorsque celle d’en bas semble coupée. Castellum infima suî recisum parte. Il doit du moins avoir deux tours, & un logement au milieu.

Château, se dit proverbialement en ces phrases. Ville prise, château rendu, pour dire, qu’on ne peut plus guère tenir dans un château, quand la ville est prise. Faire des châteaux en Espagne, pour dire, se repaître de chimères, de vaines imaginations. En quelques vieux Auteurs on trouve, faire des châteaux en Asie, dans le même sens qu’on dit à présent, en Espagne.

Lorsque je pars pour la campagne,
Je fais toujours de grands projets :
Poëtes sont assez sujets
A bâtir châteaux en Espagne,
Et bâtissent à peu de frais.

Ce nom entre dans la composition de plusieurs noms de lieux auxquels on l’a donné, parce qu’il y avoit des châteaux.

Château-Briant. Castrum Brientii, en Bretagne, sur les confins de l’Anjou : où Merlian, &, comme parle Du Chesne en ses Antiquités des villes de France, l’interprétation commune place les cadetes de César.

Château-Chinon. Ville du Nivernois. Castrum Caninum. C’est la capitale du Morvan, située sur une montagne à la source de l’Ione.

Château-Cornet. Bourg de l’Île de Garnesey. Castrum Buccinæ.

Château-Dauphin, dans le Dauphiné, entre Ambrun & Salusses. Cadtrum Delphini.

Château-de-Loir ou du-Loir. Petite ville du Maine, qui a titre de baronie. Castrum ad Lædum ou Lidium. Elle est sur le Loir, vers les confins de la Touraine & du Vendômois. C’étoit la patrie de Coeffeteau.

Château d’If. Forteresse de l’Île d’If, à une lieue de Marseille. Castrum Iphium ou Taxiænum.

Château-Dun. Ville de France dans le Blaisois, & capitale du Dunois. Castellodunum. Du Chesne dit qu’on l’appeloit autrefois Rubeclaire, comme qui diroit Urbs clara, par transposition de lettres, à cause qu’on la pouvoit voir clairement de loin. Elle est sur une montagne de difficile accès : c’est de là que lui vient son nom ; car dum en gaulois signifioit hauteur, montagne. Cette ville a été si considérable, qu’il y a eut autrefois un Evêché. M. de Valois, dans sa Notice des Gaules, soutient le contraire ; mais M. Ménage le réfute dans son Hist. de Sablé, p. 205, 206. Château-Dun est plus orientale que Paris de 0h 4′ 4″, ou en degrés de 1d 1′ 0″. Il a de longitude 18° 58′ 20″, de latitude 48° 4′ 5″. Cassini.

Château-Fort. Petit pays dans la Marche.

Château-Gontier. Ville d’Anjou. Castrum Gontherii. Elle est située sur la Mayenne, à sept lieurs d’Angers.

Château-Ladon ou Château-Landon. Ville du Gâtinois, assez ancienne, si nous en croyons Vigenère, aui la prend pour le Vellaudunum de César ; d’où il croit que s’est fait Landon, en mangeant la première syllabe ve. Château-Landon est aux confins de l’Île de France, sur le Loin, entre Montargis & Nemours. Voyez aussi Du Chesne, Antiq. des villes de Fr. Liv. I, c. 65.

La Congrégation de Château-Landon. Congrégation de Chanoines-Réguliers. Jacques d’Aubusson de la Feuillade, Abbé Commendataire de l’Abbaye de S. Severin de Château-Landon, y fit venir vers l’an 1497 six Chanoines de la Congrégation de Vindeseim, pour y mettre la réforme. Cette réforme eut tant de réputation, que plusieurs Monastères considérables, & entr’autres S. Victor de Paris, s’y unirent, & composèrent une Congrégation, qu’on appele la Congrégation de Château-Landon. Elle subsista jusqu’en 1577, que l’Abbaye de S. Victor ayant été jugée plus commode pour la tenue des Chapitres généraux, on les y tint dans la suite, & cette Congrégation prit le nom de Congrégation de S. Vitor. En 1624, l’Abbaye de S. Severin de Château-Landon s’en sépara, & en 1636, la réforme de la Congrégation de France entra dans S. Severin. Pour la Congrégation de S. Victor, elle ne subsiste plus. P. Hélyot, T. II, c. 53.

Château-Lin. Bourg de Basse-Bretagne dans le Diocèse de Quimper, considérable par ses carrières d’ardoises. Castrolinum.

Château-Meillant. Ville de France dans le Berri. Castrum-Meilliani. Louis XIII l’érigea en Comté. Voyez La Thaumassiere, Hist. de Berri, L. VIII, ch. 1.

Château-Neuf. Nom de différentes villes. Castrum Novum. L’une est dans l’Angoumois sur la Charante. C’est proche de cette ville de le Prince de Condé fut tué, dans le combat qui se donna l’an 1569. Une autre en Berri sur le Cher, qui a titre de Baronnie. Voyez La Thaumassiere, Hits. de Berri, Liv. IX, c. 28. Une troisième dans l’Orléanois, qui a un château situé sur une montagne, & bâti par Valentine, veuve de Louis Duc d’Orléans. Une quatrième est capitale du Valromey. Une cinquième nommée Château-Neuf en Timerais, petit pays dont elle est la ville principale, appartient à l’Île de France. Je ne parle point des deux bourgs de même nom, l’un en Anjou sur la Sarte, & l’autre en Bretagne. Il y a encore Château-Neuf de Randon, ville de France dans le Gevaudan, qui appartient au Vicomte de Polignac. Voyez Valois, Not. Gall. p. 135.

Château-Pélerin. C’est un château sur la côte de Phénicie, entre Saint Jean d’Acre au nord, & la ville de Tartoura au midi. Peregrinorum Castellum. Il s’appelle ainsi, parce que les pélerins y venoient autrefois aborder, & y trouvoient leur sûreté. Mém. des Miss. du Lev. T. V, pag. 21.

Château-Porcien. Petite ville & principauté en Champagne, sur l’Aine, à une ou deux lieues au dessus de Rétel. Castrum Porciani.

Château-Regnant. Principauté & petite ville du Rételois, sur la Meuse. Castrum Reginaldi.

Château-Renard ou Regnard, dans le Gâtinois. Castrum Vulpium, ou Castrum Raynaldi.

Châteauroux. Ville de Berri. Castrum Rodulphi, ou Radulphi. Elle est sur l’Indre. Louis XIII l’érigea en Duché-Pairie ; elle a été à la maison de Conde. On y fait beaucoup de draps de Berry. Ce nom s’est fait par corruption de Château-Raoul. Voyez la Thaumassiere, Histoire de Berry, Liv. VII, c. 2, & suiv. Châteauroux, est aussi une ville Episcopale de l’Île de Nègrepont. Castal’roffo, en italien, Castrum rufum.

Château-Salins. Bourg de Lorraine. Castrum Salinarum, près de la rivière de Seille. Son nom lui vient de ses bonnes salines.

Château-sur-Epte. Paroisse du Vexin Normand, ainsi appelé à cause de son château, qui défendoit le passage de la rivière. Castrum ad Eptam. Voyez la Description Géogr. & Hist. de la Haute-Normandie, Tom. II, p. 323.

Château-Thierry. Ville de la Brie pouilleuse. Castrum Theoderici. Elle est sur la Marne. C’étoit la partie de notre illustre La Fontaine.

Château-Vilain. Bourg de Champagne vers la source de la rivière d’Aube. Castrum Villanum.

Tous ces noms sont masculins, comme celui de Château.

Châteaux. (les) Ce sont les Dardanelles ; les deux Châteaux de Sestos & Abydos. Voyez Dardanelles. Castella. Nos Cartes marines les appellent Castelli, qui est le nom qu’on leur donne en italien. Il n’y a qu’environ douze milles des Châteaux à Ténedis. Du Loir. L. VII, p. 215.

CHATÉE. s. f. La portée d’une chatte, tous les petits d’une chatte. Ce mot n’est pas reçu.

☞ CHATEIGNERAIE. (la) petite ville de France en Poitou, à six lieues de Luçon.

CHÂTEL. s. m. Petit château. Castellum. C’est un vieux mot françois, formé de ce mot latin, & qui n’est resté que dans quelques noms propres de lieux, & quelques noms de famille. Ainsi l’on appeloit Châtel-Aillon une ancienne ville du pays d’Aunis, qui est détruite, Castrum ou Castellum Julii. Châtel-sur-Moselle est une Seigneurie de Lorraine.

CHÂTELAIN. s. m. C’étoit autrefois le Gouverneur d’un château, établi par les Ducs ou Comtes, dans les principales bourgades, tant pour les tenir dans l’obéissance, que pour y rendre la justice. Castellanus dinasta. Il semble que la principale fonction de cet Officier étoit la garde du château, d’où lui est venu le nom de Châtelain. Il étoit tenu par conséquent de le pourvoir de toutes sortes de munitions de guerre & de bouche, & d’y entretenir un certain nombre d’hommes, tel que le Seigneur ou son Bailli l’avoit réglé. Suivant quelques Ordonnances, il étoit obligé d’y faire sa résidence : quand les milices de la Châtellenie marchoient pour quelque expédition, c’étoit à lui de les commander, sous les ordres toutefois du Bailli. Il étoit aussi de son emploi de fournir des vivres à ceux que le Dauphin étoit tenu de défrayer en campagne. L’emploi du Châtelain exigeoit sur-tout de veiller à la conservation des biens du Seigneur, & de faire recueillir les fruits qui provenoient dans ses fonds pour les vendre à son profit, après en avoir réservé la quantité nécessaire pour la provision du château. Le même étoit chargé de la recette générale des droits seigneuriaux, pour lesquels il avoit un receveur, ou qu’il donnoit à ferme pour s’épargner l’embarras du détail. Il jouissoit, au moins en quelques lieux, du privilége qu’avoit le Bailli, de pouvoir en certains cas aliéner les fonds domaniaux, les échanger, ou les donner en emphitéose. Il pouvoit aussi donner l’investiture des fonds qu’il avoit inféodés, & en recevoir l’hommage au nom du Seigneur. Pr. de Valbonnet, Mém. pour l’Hist. du Dauph. Disc. V, c. 3. Les fonctions militaires attachées à ces offices les faisoient rechercher des principaux de la noblesse, qui s’en trouvoient honorés. Id. Dans la suite, les Châtelains usurpèrent la propriété & la Seigneurie de leur Juridiction. Maintenant il ne signifie plus que le Seigneur d’une terre, qui a un degré d’élévation au dessus d’une Seigneurie ordinaire. Le Seigneur Châtelain ne peut porter ses armoiries qu’en écusson, & non en carré ou bannière, comme sont les Comtes, Vicomtes & Barons, qui ont droit de bannière, de haute Justice, de fourches patibulaires à quatre piliers. Le Châtelain a droit d’avoir maison forte ; c’est-à-dire, munie de fossés & pont-levis, sans permission du Roi : il peut même empêcher que l’on ne bâtisse une maison forte dans l’étendue de sa Châtellenie. Autrefois pour être Châtelain, il falloit avoir un château & forteresse, Seigneurie & Juridiction ; & pour faire la Châtellenie, il falloit qu’il y eût une Abbaye ou Prieuré conventuel, four banal, &c.

De Châtelain, pris pour Seigneur d’un château, on disoit autrefois Châtelaine, pour, Dame d’un Château.

Châtelain, est aussi un Juge, ou Officier, qui rend justice dans l’étendue de la terre d’un Seigneur Châtellain. Castellanus Judex. En Auvergne, en Dauphiné, en Poitou, les Châtelains des villes sont aussi des Officiers exerçans la Justice.

Châtelains Royaux, qu’on appelle autrement Prévôts, sont des Juges qui sont dans le premier degré de la Justice Royale. Ils connoisent en première instance des différens des particuliers, tant en matière civile que criminelle, excepté des causes dont la connoissance est réservée aux Baillis. Ils connoissent aussi des appellations des hauts Justiciers ; & leurs appellations s’interjettent par devant les Baillis & Sénéchaux.

Châtelains Seigneuriaux, sont ceux qui sont établis dans les terres des Seigneurs particuliers.

☞ CHÂTELAINIE. Voyez Châtellenie.

☞ CHATELDON. Ville de France dans le Bourbonnois, Diocèse de Clermont, à quatorze lieues de Moulins.

CHATELÉ, ÉE. adj. Terme de Blason, qui se dit des pièces d’un écu chargées de figures de châteaux. Castellis instructus. La bordure de Portugal, le lambel d’Artois, sont châtelés.

CHÂTELET. s. m. C’est ainsi qu’on appeloit autrefois de petits châteaux ou forteresses, où les Seigneurs Châtelains logeoient. Castella. Mais présentement on appelle à Paris le Grand Châtelet, le lieu où se tient le Présidial, ou la Justice ordinaire du Prevôt de Paris, qui est composé d’un Présidial, d’une Chambre civile, d’une Chambre criminelle, & d’une Chambre de Police. Castellana Parisiorum curia. On appelle de même à Orléans, à Montpellier, &c. les lieux où l’on rend la Justice. Les sentences & le sceau du Châtelet de Paris sont exécutoires par toute la France. Les Notaires du Châtelet dépendent de cette Juridiction. Le sceau du Châtelet est attributif de Juridiction ; en sorte que quiconque est obligé en vertu d’un contrat passé au Châtelet, y peut être assigné pour l’exécution du même contrat, en quelque lieu du Royaume qu’il soit domicilié. Le petit Châtelet est un ancien fort, qui sert aujourd’hui à mettre des prisonniers. Le grand Châtelet fut bâti du temps de Julien l’Apostat, & rebâti sous Philippe le Bel, tel qu’on le voit aujourd’hui, excepté l’arcade sous laquelle on passe, qui fut faite sous Louis XII. Favyn. Histoire de Nav. L. V. C’est Charles V qui fit bâtir la Bastille & le grand Châtelet. L’ancien, le nouveau Châtelet, sont deux corps de Juridiction, qui forment maintenant le Présidial. En latin, Castelletum.

Quelques-uns croient que le grand & le petit Châtelet de Paris ont été bâtis par Jules César, ou par quelqu’un de ses successeurs, qui a porté le même surnom ; ce qui paroît certain, du moins pou la forteresse que nous appelons le grand Châtelet, dont l’une des chambre porte encore à présent, & de temps immémorial, le nom de chambre de César, & où l’on a vu jusqu’à la fin du XVIe siécle, au dessus de la porte d’un bureau, ces mots gravés sur une plaque de marbre : Tributum cæsaris. L’autre forteresse que nous nommons petit Châtelet, fut entièrement ruinée par les Normands, & n’a été rebâtie comme elle est à présent, que sous le regne de Charles V, plus de 450 ans après sa destruction. D. Félibien.

Ce mot Châtelet, est un diminutif de château, & s’est formé de castellum, diminutif de castrum, château, ou de castelletum, diminutif de castellum.

Châtelet, est aussi le Corps des Juges du Châtelet, & leur Juridiction. Une sentence du Châtelet. Conseiller au Châtelet. Procureur au Châtelet. Les audiences du Châtelet sont divisées en celles de la Prévôté, auxquelles préside le Lieutenant Civil ; & celles du Présidial, auxquelles président les deux Lieutenans Particuliers par tour, de mois en mois. Le Châtelet est aujourd’hui la seule Juridiction ordinaire de la ville de Paris : toutes les autres Juridictions y ont été réunies, pour éviter les conflits de Juridiction. Voyez Lange, dans la Nouvelle Pratique, &c.

Châtelet, est aussi le nom propre de quelques lieux, comme le Châtelet en Berry. Castelletum. C’est un second diminutif de castrum, château, qui signifie un fort petit château. Un autre en Franche-Comté s’appelle Châtelot. Il est sur le Doux.

Châtelet. Terme de Rubanier. C’est la partie du métier du Rubanier, qui soutient les ardoises & les hautes lices.

Châtelet. Terme de Ferrandinier. Le porte-châtelet est une traverse qui est au haut du métier où se fabriquent les gazes, & qui sert à porter les trois bricoteaux.

CHATE-LEVANT, CHATE-PRENANT. Terme de Coutume. Ces mots signifient une clause qu’on mettoit autrefois dans les contrats au pays Messin. Par cette clause on donnoit pouvoir à ceux qui prenoient des fonds à gagière, ou à mort-gage, d’en prendre, d’en percevoir les fruits.

CHÂTELLENIE. s. f. Seigneurie d’un Seigneur Châtelain, & l’étendue de sa Terre & de sa Justice. Ditio Castellani dynastæ. C’étoit anciennement un nom d’Office, & non de Seigneurie. La Cour de la Châtellenie étoit composée, outre le Châtelain, d’un Procureur Fiscal, d’un Notaire, ou Greffier, & de quelques Sergens. Valbonnet. Voyez Châtelain. Dans l’ancienne pratique, Châtellenie signifie le ressort, l’enclave d’une haute-Justice. Il y a tant de Châtellenies qui ressortissent à ce Présidial. Cette Province est divisée en tant de Châtellenies. On se sert indifféremment du titre de Prévôté ou de celui de Châtellenie, pour exprimer une Seigneurie ou Justice qui ne relève pas directement de la Couronne.

On donne ce nom en Flandre aux diverses parties ou contrées dont cette Province est composée, & chacune de ces Châtellenies porte le nom de sa capitale. Châtellenies de Lille, d’Iptes, de Gand, &c. On le donne aussi en Pologne aux petits Gouvernemens qui dépendent des Castellans, ou Châtelains des villes, & qui sont soumis aux Palatins, dont les Gouvernemens ou Palatinats renferment plusieurs Châtellenies. Et en françois, nous nous servons de ce mot en parlant de ces lieux.

CHÂTELLERAUD, ou plutôt CHÂTELRAUD. Ville de France dans le Poitou. Castrum Heraldi. C’est de ce nom latin que le françois s’est formé. Châtelleraud est situé sur la Vienne. François I, l’érigea en Duché, en faveur de François de Bourbon, fils de Gilbert de Bourbon, Comte de Montpensier. Il ne faut point écrire Châtel-Hérault, comme a fait M. Corneille, p. 616, après avoir fort bien mis Châtelleraud à la page précédente, ni distinguer ces deux villes, comme il semble le vouloir faire. Et la contrée à laquelle cette ville donne son nom, il faut l’appeler Châtelleraudois, ou plutôt Châtelraudois, comme écrit Naudé dans son Mascurat, p. 256 ; & non pas Châtel-Héraudois, comme a fait Corneille, après l’Atlas qu’il a copié.

☞ CHÂTEL-SUR-MOSELLE. Ville de France en Lorraine, sur la Moselle, à trois lieues d’Epinal.

☞ CHATELUS. Ville de France dans la Marche, sur le Taurion, à deux lieues de Bourganeuf.

CHATEPELEUSE. s. f. Petit insecte ou vermine qui ronge le blé. On l’appelle aussi calendre, ou charençon. Curculio. C’est aussi un terme bas & populaire, qui signifie une chenille qui est couverte de poil comme un chat.

CHATER. s. m. Terme de Relation, Cursor. Les Chaters sont en Perse des valets de pié qui courent dans les rues devant leur maître pour faire faire place, parce que les hommes vont à cheval & très-vîte. En Perse les Chaters sont un corps comme les Artisans ; il faut être passé maître à la course pour être Chater. Tavernier.

CHATHIB, ou CHATHEB. s. m. Terme de Relation. Mot turc qui signifie Prédicateur, harangueur, qui parle en public. Concionator, Ecclesiastes. C’est aussi parmi les Mahométans celui qui tient, dans les Mosquées, la place que les Curés tiennent dans les Paroisses parmi les Chrétiens ; parce qu’outre la prière, il leur fait encore des sermons & des prônes, en les avertissant de leurs devoirs, & souvent en leur annonçant les ordres du Prince. Les Chefs des Mosquées Royales ou principales de chaque ville, portent ordinairement ce nom, à la distinction des Chefs des autres Mosquées, qui s’appellent simplement Imams. D’Herbel.

Ce mot vient de כתב, Chathab, qui en hébreu, chaldéan, syriaque, arabe, signifie écrire. Ainsi Chatheb proprement en arabe signifie un Ecrivain, un savant, un Docteur de la Loi. Il faut prononcer Catib, ou Cateb.

CHAT-HUANT. s. m. Le t ne se prononce pas, & l’h est aspirée. Il faut donc prononcer chahuant. C’est un oiseau de nuit qui mange les souris & les petits oiseaux, que le peuple regarde comme un oiseau de mauvais augure. C’est la même chose que le hibou & le duc. Bubo, noctua. Il est de la figure d’une chouette, & de la grandeur d’une petite aigle, tanné & roux, & tacheté de noir, ayant la tête & les griffes de chat. Il y en a de différentes espèces, plumages & grosseur. Les chat-huants & les chouettes ont été adorés au Pérou, à cause de la beauté & subtilité de leurs yeux, quoi voient dans les ténèbres.

Il y a dans les Îles de l’Amérique une espèce de chat-huant que l’on nomme canot, parce qu’il jette un cri lugubre, comme qui crieroit au canot. Il n’est pas plus gros qu’une tourterelle, mais tout semblable par son plumage aux hiboux de France. Il a deux ou trois petites plumes aux deux côtés de la tête qui ressemblent à deux oreilles.

Il y a un chat-huant cornu, nommé autrement hibou cornu, ou moyen duc. Il y en a même de deux espèces. Voyez Hibou cornu.

On donne ordinairement à Minerve le chat huant & le serpent, tous deux symboles de la sagesse : l’un parce qu’il voit clair au milieu des ténèbres, l’autre, &c. P. Jobert. Il est mis quelquefois sur son casque, & quelquefois à ses pieds. Dans une médaille de Néron, on le voit sur un autel : il marque que ce Prince avoit célébré les jeux de Minerve appelés Quinquatria. Id. Il est aussi le symbole d’Athènes, sur les monnoies de laquelle on le trouve toujours, ou presque toujours. Voyez Nonius, Græciæ Univers. Tab. XIII.

Ce mot vient de catus ululans, parce que cet oiseau a une tête de chat, prend les souris comme un chat, & crie fort haut la nuit, ce que l’on appeloit autrefois huer. Mén. Du Cange le dérive de cavanna, ou cavannus, qu’on a dit dans la basse latinité au même sens.

CHAT-HUANÉ, ÉE. adj. Terme de Fauconnerie. Qui a le pennage de chat-huant. Pennis noctuæ similis.

☞ CHÂTIER. v. a. C’est faire subir à quelqu’un le châtiment que mérite une faute qu’il a commise, afin de l’empêcher d’y retomber, & de le rendre meilleur. Castigare. Le mot de châtier porte toujours avec lui une idée de subordination, qui marque l’autorité ou la supériorité de celui qui châtie, sur celui qui est châtié. Il faut châtier rarement, & punir sévèrement. M. L’Abbé Girard. C’est une vérité qui paroît un peu austère, que Dieu nous aime quand il nous châtie. Flechier.

☞ On dit, en termes de Manége, châtier un cheval : c’est lui donner des coups de gaule ou d’éperon lorsqu’il résiste à ce qu’on lui demande.

Châtier son corps, se dit des pénitences que font les Saints, des mortifications dont ils affligent leur corps. Castigare, affligere corpus. Ce Saint châtioit rudement son corps trois fois le jour. Châtier son corps par les jeûnes & les veilles, les haires & les cilices.

Châtier signifie aussi corriger, polir un ouvrage, le purger de ses fautes. Corrigere, emmendare, mutare. Le style de cet Orateur est fort châtié. Euripide, le plus tragique de tous les Poëtes, est d’ailleurs peu exact, peu châtié, dans la conduite & la disposition de ses sujets. Dac. ☞ Quoique le style de Voiture ne soit pas fort châtié, parce qu’il n’a jamais revu ses ouvrages, on y trouve une naïveté & une délicatesse qui ne se rencontrent point par-tout ailleurs. Bouh.

☞ On disoit autrefois chastoier pour, châtier.

☞ On dit proverbialement, qui aime bien, bien châtie, en parlant de l’amour d’un pere envers ses enfans. On dit aussi châtier bien, & récompenser de même. L’auteur de ce mot est le Duc d’Albe, qui étoit fort exact à payer ses troupes, & fort sévère à les punir. Voyez au mot Punir, les différences de ces deux verbes.

Chatié, ée. part.

CHATIÈRE. s. f. Ouverture ou trou qu’on laisse à une porte, ou à une cloison, pour donner entrée aux chats dans des chambres & des greniers, afin qu’ils y aillent faire la guerre aux souris. Foramen per quod subire felis possit.

☞ CHATIGNAN. Ville d’Asie dans l’Indoustan, au Royaume de Bengale.

CHATILLON. Nom de lieu & de famille. Castellio. Les lieux qui portent ce nom, se distinguent en y ajoutant, ou le nom de la contrée dans laquelle ils se trouvent renfermés, comme Châtillon de Médoc, bourg sur la Garonne, dans le pays de Médoc en Guienne, Castellio Medulci : & Chatillon de Michaille, petite ville située dans une petite contrée du Bugey, appelée Michaille, vers le Rhône. Castellio de Michalia. Ou bien plus communément par le nom des rivières qui les arrosent. Ainsi Chatillon-sur-Cher, est une ville de Berry située sur le Cher, au confluent de la Sandre. Chatillon-sur-Indre est en Touraine, aux confins du Berry, sur la rivière d’Indre. Voyez la Thaumass. Hist. du Berry, L. IX, c. 37. Castellio ad Ingerem. Chatillon-sur-Loire, ville du Berry. Castellio ad Ligerim. Elle est au-dessus de Cône, de l’autre côté de la Loire. Chatillon-sur-Marne, en Champagne, Castellio ad Matronam, est sur la Marne, entre Epernay & Château-Thierry ; c’est la patrie du Pape Urbain II. Chatillon-sur-Saone, petite ville de Lorraine dans le Barrois, Castellio ad Ararim. Chatillon-sur-Seine, Castellio ad Sequanam, est une ville de Bourgone, separée par la Seine en deux parties, dont l’une s’appelle le Bourg, & l’autre Chaumont, qui sont comme deux villes qui ont chacune leur Marie & leurs Magistrats à part.

CHATILLONET. Diminutif de Chatillon, Castellionetum. Bourg de la Bresse sur la rivière d’Ains.

☞ CHÂTIMENT. s. m. Castigatio, adnimaversio. Terme qui comprend généralement tous les moyens de sévérité permis aux chefs des petites sociétés qui n’ont pas le droit de vie & de mort & employés, soit pour expier les fautes commises par les membres de ces sociétés, soit pour les ramener à leur devoir & les y contenir. La fin du châtiment est toujours, ou l’amendement du châtié, ou la satisfaction de l’offensé.

☞ Il est essentiel, pour bien corriger, que le châtiment ne soit ni ne paroisse être l’effet de la mauvaise humeur. M. l’Abbé Girard.

☞ Le châtiment dit une correction ; mais la punition ne dit précisément qu’une mortification faite à celui qu’on punit. On peut définir le châtiment, une correction dont use un maître, un supérieur, envers quelqu’un qui a fait une faute, afin de l’empêcher d’y retomber, ou de le rendre meilleur. Il n’est pas d’un bon maître de châtier son élève pour toutes les fautes qu’il fait, parce que les châtimens trop fréquens contribuent moins à corriger du vice, qu’à dégoûter de la vertu. Voyez aux articles particuliers les nuances qui distinguent les prétendus synonymes ; & ne dites pas avec les Vocabulistes, accoutumés à confondre toutes les idées, châtiment, correction, punition, peine que l’on inflige à celui qui a fait quelque faute.

☞ On dit, en termes de Manège, les châtimens du cheval : c’est lorsqu’on le pique, qu’on le fouette, ou qu’on se sert des aides avec rudesse quand il ne veut pas obéir.

☞ Le mot châtiment a quelquefois une signification plus étendue & très-rapprochée de celle du mot supplice.

Il faut des châtimens dont l’univers frémisse :
Qu’on tremble en comparant l’offense & le supplice.

Racine.

Châtimens militaires, sont les peines qu’on impose à ceux qui suivent la profession des armes, lorsqu’ils ont manqué à leur devoir.

CHATIR. s. m. Terme de Relation. Valet de pié chez les Turcs. Voyez Chater.

CHATON. s. m. Petit chat. Felis catulus.

Chaton, terme de Bijoutier, signifie l’endroit où l’on enchâsse une pierre précieuse dans un anneau, un poinçon, un cachet, &c. Pala funda. Ménage prétend que ce mot vient de castrum, & qu’on a dit autrefois caston.

Chaton. Terme de Botanique. Julus, nucamentum. On appelle ainsi en Botanique, certaines fleurs attachés plusieurs ensemble le long d’un filet commun, en forme de queue de chat : d’où vient le mot de chaton. Souvent ces chatons, ne contenant que des fleurs mâles, ne donnent point de fruit. Les paysans les nomment des roupies. Tout le monde connoît les chatons du noyer, du noisettier. Il y a aussi des chatons qui portent des fleurs femelles. Cette fleur est toujours séparée du fruit, soit qu’elle se trouve sur un individu différent de celui qui porte le fruit, soit que la même plante produise la fleur & le fruit.

On appelle aussi chaton, le vert qui couvre la coquille de la noisette, lorsqu’elle est encore sur le noisetier. On le dit aussi de la partie qui enferme la graine de la tulipe. Liger.

Chaton se dit encore, en termes d’Oculiste, de l’endroit où le cristallin de l’œil est enchâssé. Umbo, pala. Ce chaton, dit M. Morand, est formé par la tunique vîtrée. Il dit encore que des deux membranes qui sont dans l’œil, la seconde est celle qui tapisse le chaton où le cristallin est enclâvé. M. de la Peyronie a observé que la membrane cristalline ne tient au cristallin que par les bords, quoiqu’elle le couvre en entier ; mais que peu à peu elle se retire, & devient adhérente au cercle de l’Iris, sans cesser de tenir encore au cristallin par ses rebords : & qu’au lieu qu’elle étoit une enveloppe, elle devient un chaton où le cristallin demeure enchâssé. M. de S. Yves, fameux Oculiste, reconnoît aussi que la seconde membrane est celle qui tapisse le chaton du cristallin. Le cristallin étant sorti de son chaton, il trouva l’humeur cristalline dans son chaton naturel… Geisler, Journ. des Sçav.. 1720, p. 446.

CHATOUILLEMENT. s. m. Action par laquelle on chatouille. C’est aussi le sentiment qui naît de cette action. Titillatio. Il y a bien des gens qui craignent le chatouillement.

☞ L’organe du toucher consiste dans les fibres nerveux répandues dans tout le corps. Ces fibres vont se terminer à l’épiderme en petites houpes ou petits mamelons. Elles reçoivent les impressions sensibles, & les font passer jusqu’à l’ame par le moyen des esprits animaux : de-là les différentes sensations.

☞ Aussi les endroits où il y a plus de ces fibres nerveuses, comme la plante des piés, sont les plus sensibles au chatouillement.

☞ Toutes les sensations ne diffèrent que par le plus ou le moins. Le plaisir n’est que le commencement de la douleur, & la douleur commence où le plaisir finit. Un chatouillement doux & modéré fait du plaisir ; il ne cause qu’un léger ébranlement dans les nerfs. S’il augmente au point de jeter l’ame & les nerfs dans des mouvemens plus violens que ceux qui accompagnent le plaisir, s’il déchire, s’il blesse les fibres nerveuses, c’est un sentiment de douleur.

Chatouillement se dit aussi au figuré, du plaisir que l’on a de s’entendre dire des choses flateuses & agréables. Quel agréable chatouillement cause l’approbation du monde dans les esprits vains, lorsqu’ils s’entendent nommer parmi les Docteur célèbres ! Bens.

CHATOUILLER. v. a. Toucher légèrement quelque partie du corps. ☞ de manière qu’on n’excite dans les nerfs qu’un léger ébranlement, un mouvement doux & modéré qui accompagne le plaisir. Titillare. On chatouille les personnes aux hanches, à la plante des piés. Voyez Chatouillement. Malherbe a dit, chatouiller son ame ; pour dire, se flater de quelque espérance, s’entretenir agréablement dans quelque douce pensée.

Mais, ô rigueur du sort ! tandis que je m’arrête
A chatouiller mon ame en ce contentement,
Je ne m’apperçois pas que le destin m’apprête
Un autre partement.

Ce mot vient de catullare, qu’on a dit pour catullire. Les Picards disent encore catouiller. Ménage.

Chatouiller, se dit aussi de ce qui flatte agréablement les sens. Causes des sensations agréables. La Musique chatouille l’oreille. Les bonnes odeurs chatouillent le nez. Les bonnes saveurs chatouillent le goût.

Un Auteur vertueux, dans ses vers innocens,
Ne corrompt point le cœur en chatouillant les sens.

Boileau.

On le dit figurément de l’esprit. Les applaudissemens chatouillent l’esprit. Ce discours chatouille bien sa vanité. La louange chatouille & gagne les esprits. La Font. Pertentare.

On dit, en termes de Manége, chatouiller de l’éperon. Stimulos leviter admovere, stimulos perstringere. Toucher légèrement un cheval avec l’éperon.

On dit proverbialement qu’un homme se chatouille pour se faire rire, quand il rit sans sujet apparent, ou qu’il s’excite lui-même à rire, quoiqu’il n’en ait point de sujet.

Chatouiller le remède. Terme de Monnoie, qui se dit quand le Maître approche extrêmement du remède tout entier, sans néanmoins l’excéder. Voyez Remède de Loi.

Chatouillé, ée. participe. Il se dit au propre & au figuré.

Mon odorat par vos vers éveillé,
Par d’autres vers plus ne fut chatouillé. R.

CHATOUILLEUX, EUSE. adj. Qui est fort sensible au chatouillement. Titillationis impatiens. Les jeunes gens sont plus chatouilleux que les vieillards. ☞ En général, les hommes sont plus ou moins chatouilleux ; ils le sont plus ou moins dans les différens âges, & plus ou moins encore dans les différentes parties du corps. Dans différentes personnes, les tempéramens sont différens, les fibres sont différemment disposées, plus ou moins flexibles, plus ou moins dures, les papilles nerveuses de la peau plus ou moins nombreuses, & fournies de plus ou moins d’esprits, plus ou moins déliés. Le même chatouillement ébranle dont différemment les esprits, les fibres & les nerfs dans les différentes personnes. De-là des sensations plus ou moins vives, plus ou moins agréables, &c. Il arrive de grands changemens aux fibres, aux nerfs, aux esprits, pendant le cours de la vie. Dans l’enfance, les fibres sont molles, flexibles & délicates ; les esprits plus nombreux. Avec l’âge, les fibres deviennent plus fortes : Dans la vieillesse, elles deviennent inflexibles. Les mêmes chatouillemens doivent donc, dans différens temps, faire des impressions différentes sur les papilles nerveuses ; & ces impressions différentes sont suivies dans l’ame de différentes sensations dans les personnes de différens âges, & même dans la même personne, dans les différens temps de sa vie.

☞ Les parties du corps les plus chatouilleuses sont celles qui sont les plus fournies de nerfs, où les houpes nerveuses sont plus nombreuses, plus susceptibles d’ébranlement, & les esprits plus abondans ; la plante des piés, les lèvres, &c.

☞ On appelle un cheval chatouilleux, celui qui est trop sensible à l’éperon, qui n’y obéit pas d’abord, mais y résiste en quelque manière.

☞ On dit, dans un sens figuré, qu’un homme est chatouilleux ; pour dire, qu’il s’offense ou se fache pour la moindre chose ; & qu’une affaire, une question est chatouilleuse ; pour dire, qu’il faut la traiter avec beaucoup de circonspection, parce que les fautes les plus légères qui pourroient échapper, gâteroient tout.

CHATOYER. v. n. L’astérie ou l’aventurine naturelle fait paroître l’image du soleil en chatoyant, ou en rayonnant. Traité de Lythologie. ☞ Cette expression est tirée de l’œil du chat. C’est montrer dans une certaine exposition à la lumière, un ou plusieurs rayons brillans, colorés, ou non colorés au dedans ou à la surface, partant d’un point de la pierre, s’étendant vers les bords, & disparoissant à une autre exposition à la lumière. Voyez Rayonner.

CHAT-PARD, est un animal féroce, qu’on a cru autrefois être engendré de deux espèces : ☞ savoir, du chat, auquel il ressemble par la forme du corps, & du léopard, auquel il ressemble par les couleurs : d’où vient le nom de chat-pard, animal d’Amérique. On en a disséqué un à l’Académie Royale des Sciences. Sa hauteur étoit d’un pié & demi, & sa longueur depuis le bout du museau jusqu’au commencement de la queue, de deux piés & demi. Il étoit du reste semblable au chat, excepté qu’il avoit le cou & les barbes un peu plus courts, & qu’il étoit bien plus grand que les chats, mais aussi bien plus petit que le léopard. Son poil étoit roux, & le ventre isabelle. La gorge & le dessous de la mâchoire étoient blancs, & par-tout il y avoit des taches noires qui étoient longues sur le dos, & rondes sur le ventre & les pattes.

CHÂTRE. (la) Ville de France dans le Berry. Nos Modernes l’appellent Castra. Elle est située sur l’Indre vers les confins de la Marche. C’est de cette ville que l’illustre famille de la Châtre tire son nom. Ce nom ne se dit jamais sans l’article. Il est de la Châtre, c’est l’usage constant en Berry. Du Chesne y a manqué quelquefois dans ses Antiquités des Villes de France, & les autres semblent l’avoir ignoré. Voyez Chaumeau, Hist. de Berry, L. VII, C. 27, de la ville & châtellenie de la Châtre ; & la Thaumassière, L. VII, c. 53.

CHATRE ou CHATRES. Petite ville de France dans le Hurepoix. Castrum ou Castra. Elle est située sur la rivière d’Orge, à sept ou huit lieues de Paris, du côté du midi.

CHÂTRER. v. a. Couper, retrancher les testicules à quelque animal. Castrare. On châtre les taureaux & les béliers, pour les engraisser, ou pour les rendre plus dociles. ☞ On ne châtre pas les taureaux & les béliers comme les autres animaux, en leur coupant les testicules. On ne fait que les presser fortement, les tondre, les froisser. Ensuite on les fait remonter vers le ventre, après quoi on lie la partie inférieure de la bourse, afin qu’ils ne puissent pas descendre. Les Orientaux châtrent les hommes, pour avoir des gardiens fidèles de leurs femmes. Leur jalousie quelquefois ne se contente pas de cette barbare précaution, ils retranchent absolument toutes les parties suspectes, & tout ce qui distingue l’homme & le sexe. Abélard dit, pour exprimer un pareil accident qui lui étoit arrivé : Je cessai d’être homme, sans cesser de vivre.

Ce mot vient du latin castrare. On appelle un mouton châtré, castor. Du Cange.

Châtrer, se dit quelquefois des femmes. Athénée rapporte que le Roi Andramiris fut le premier qui fit châtrer des femmes. Hésichius & Suidas disent que Gygès fit la même chose. Galien dit qu’on ne les peut châtrer sans les mettre en danger de la vie. Daléchamp dit, sur ce passage d’Athénée, que c’étoit simplement les boucler.

On dit aussi châtrer une truie, châtrer une chienne, pour dire, leur faire une opération qui les mette hors d’état d’avoir des petits.

Châtrer, se dit au figuré, aussi-bien qu’au simple. Châtrer un livre, c’est en retrancher ce qui choque les bonnes mœurs, la religion, ou le gouvernement.

Châtrer des coterets, des fagots, en ôter quelques bâtons.

Châtrer des ruches, en ôter une partie des gauffres où est le miel. Alveos castrare, favos succidere, eximere.

Châtrer, est un terme fort usité dans le jardinage. Châtrer un cep de vigne, en retrancher les rejetons inutiles. Châtrer un arbre. Amputare, demetere, castrare.

☞ On le dit aussi de la taille des melons & des concombres, les décharger de leurs branches inutiles.

Châtrer, en termes de Jardinier Fleuriste, c’est couper les rejetons qui croissent vers le pié. Châtrer un œillet, c’est couper les marcottes, lorsqu’elles montent à dard, dans le second nœud le plus voisin du pié de l’œillet. Morin.

Châtré, ée. part.

Châtré. s. m. Est un homme qu’on a fait eunuque. Castratus, exsectus. Les châtrés n’ont point de barbe. Les châtrés ont la voix claire & féminine. On appelle une mine de châtré, un visage désagréable, pâle, & tout effeminé. Voyez Castrats.

CHÂTREUR. s. m. Celui qui fait le métier de châtrer les animaux.

☞ CHATTE. Voyez Chat.

Chatte, en termes de Marine, est une barque d’environ 60 tonneaux, ronde de hanches & d’épaules, qui est rase & sans aucun acastillage, qui n’a que deux mâts, dont les voiles portent des bonnettes maillées. On se sert de chattes pour transporter le canon & les provisions d’un vaisseau.

On s’en sert sur les côtes de Porto-Bello, de Chagres, de Panama. La Chatte est un bâtiment fort étroit & fort long. Il roule beaucoup en mer. Il est ponté & mâté.

Chatte, est aussi le nom qu’on donne à une espèce de concombre qui se trouve en différens endroits de l’Egypte, & qui est très-agréable au goût, & facile à digérer. Il est différent des nôtres en grandeur & en couleur. Il est plus long & plus vert, & son écorce est plus unie & plus ronde. Il est bon contre les fièvres chaudes.

CHATTEMITE. s. f. Prononcez chatemite. ☞ Terme d’usage dans le style familier, seulement pour désigner une personne qui affecte une contenance douce, humble, dévote & flateuse, pour tromper les autres ; qui affecte une douceur hypocrite. Pietatis, probitatis simulator. Il fait la chattemite ; c’est une chattemite qui vous trompe.

J’ai dessein de me faire hermite,
Non de cette secte hypocrite,
Qui trouve toujours cent raisons
Pour rendre ou recevoir visite ;
De ces gens à face bénite,
Qu’on voit en certaines saisons
Couverts d’un froc hétéroclite,
Et bridés comme des oisons,
Aller faire la chattemite,
Et se coulant par les maisons
Quêter, dit-on, pour la marmite.

Nouv. choix de vers.

CHATTER, CHATONNER. v. n. Faire des petits chats. Catulos edere, parere. Chatonner ne se dit plus.

CHAT-VOLANT. Felis volans. Il y a dans le cabinet de la Société-Royale de Londres, un animal que Grew appelle Sciurus volans ; écureil volant, qui est, à ce qu’il croit, le même que celui que Scaliger appelle felis volans, chat volant.

☞ CHATZAM. Ville d’Asie dans l’Indoustan, & dans la Province de Mulsan, entre Candahar & le fleuve Indus.

CHATZINTZARIEN, ENNE. s. m. & f. Nom de Secte. Chatzintzarius, a. Prononcez Catzintzarien. Codin, des Origines de Constantinople, nomre 25 & 26, parle de deux sortes de gens, qui, dans un tremblement de terre qui arriva sous Théodose le Jeune, la cinquième année de son empire, se mocquoient du trisagion ; les Amalécites ou Amalicites, & les Chatzintzariens. Cependant Dieu ayant approuvé par un miracle les prières & les processions publiques que l’Empereur & le Patriarche Proclus firent faire & instituèrent, & le tremblement de terre ayant cessé, l’Empereur, dit Codin, chassa de Constantinople tous les Hérétiques. Ce qui fait juger que ces Chatzintzariens & ces Amalécites étoient des Hérétiques.

CHAU. adj. Vieux mot. Tombé, venant de chair, choir.

☞ CHAVAGE. Voyez Chevage, qui est plus usité.

CHAVARIGTE. s. m. Nom de secte Musulmane. La secte des Chavarigtes est opposée à celles des Schistes. Ils soutiennent que Dieu n’a jamais envoyé de Prophète qui fût infaillible, & qui eût le pouvoir d’établir une nouvelle loi parmi les hommes , que si jamais il est nécessaire qu’il en envoie, ils ne seront point d’une même race ; que tout homme juste est capable de l’être. Les Chavarigtes sont regardés par les Mahométans comme des Hérétiques. Aussi en portent-ils ne nom ; car חארג חארגי, Charagi ou Charagi, signifie en arabe un Apostat, un Hérétique. Il a au pluriel חוארג, Chavard, d’où Ricaut a fait Cavarigte. Voyez cet Auteur, dans son livre de l’Empire Ottoman.

CHAUCE. s. m. & f. Nom d’un ancien peuple de Germanie. Chaucus, a. Les Chauces habitoient les pays qui sont aujourd’hui les Duchés de Bremen & de Verden. M. Kelp a fait un essai sur la langue des Chauces, sur lequel M. Leibnitz a fait des notes, que M. Eccard a imprimées dans les Miscellanea Etymologica de M. Leibnitz.

CHAUCE-BRANCHE. Terme d’ouvrier. C’est un levier, mais un levier capable d’élever de grands fardeaux.

CHAUCHIQUE. s. f. & adj. C’est le nom de la langue qu’on parle dans l’Ostfrise ou Comté d’Embden, ou Frise orientale. La langue chauchique est celle que les peuples de ce pays parlent entr’eux ; mais lorsqu’ils parlent à des étrangers, ils se servent de la langue allemande.

☞ CHAUD, AUDE. adj. Qui a de la chaleur, qui contient en soi des principes de feu. Voyez Chaleur. Calidus. Le feu est chaud. Le Soleil est chaud. Bain chaud. Fer chaud. Bouillon chaud.

Chaud, se dit aussi de ce qui donne de la chaleur. Calefaciens, calefactorius. On dit que du vin est chaud. Les épiceries sont chaudes. Un habit de ratine est chaud.

On appelle fièvre chaude, celle qui cause le délire & le transport au cerveau. Febris ardens.

Chaud, se dit encore des femelles qui sont en amour. Une chienne chaude. Maris appetens.

Chaudes larmes, sont celles qui coulent avec impétuosité, quand on a le cœur serré de quelque douleur violente, à la différence de celles qui viennent goutte-à-goutte, par quelques mouvemens de muscles ou blessure de l’œil, ou qui viennent de joie & de tendresse. Fervidæ lacrymæ, magna vis lacrymarum. Pleurer à chaudes larmes. Pleurer excessivement.

Chaud, se dit aussi en morale des prompts & violens mouvemens que causent les passions dans l’esprit ou dans le cœur des hommes. Fervidus, ardens, promptus. Ainsi on appelle un chaud ami, un homme prompt à rendre service. Il est bienheureux d’avoir un si chaud protecteur que vous. Mol.

Je crois qu’un ami chaud & de ma qualité,
N’est pas assurement pour être rejeté. Idem.

On dit d’un homme indolent, nonchalant, & qui ne se détermine ni d’un côté ni de l’autre, qu’il n’est ni chaud ni froid.

On dit figurément d’une chose qui ne sert ni ne nuit à une affaire : cela ne fait ni chaud ni froid. Ac. Fr.

On dit qu’un homme a le sang chaud, pour dire, qu’il est en colère & emporté, calidus, fervens, fervidus : que les Picards ont la tête chaude.

On dit en ce sens une chaude alarme, pour dire, une émotion causée subitement par la nouvelle de quelque danger prochain. Une chaude attaque, pour dire, une attaque violente, impétueuse. Il faisoit chaud en cette occasion, pour dire, le combat étoit rude & sanglant. Nous nous sommes vu dans un endroit où il faisoit chaud. Mol.

Chaud, se dit quelquefois dans le style familier, pour dire, récent, nouveau. Ainsi l’on dit, en parlant d’une chose qui vient d’arriver, cela est encore tout chaud.

On dit aussi parmi les Joueurs, qu’un homme a la main chaude, pour dire, qu’il est heureux, qu’il a fait plusieurs mains, qu’il a gagné plusieurs coups de suite.

Fer chaud, se dit aussi d’un serment qu’on faisoit autrefois en Justice par l’attouchement du fer ardent. Ferrum calens. Voyez Preuve.

Chaud, est aussi une manière d’adverbe. Boire chaud, c’est-à-dire, boire une liqueur qui est chaude. Aquam potare calidant.

Chaud, est aussi substantif, & signifie la même chose que chaleur. Cet homme est accoutumé à souffrir le chaud & le froid. On brûle, on meurt, on étouffe de chaud. En 1653, on vit des hommes mourir de chaud en Pologne & en Lithuanie, quoique ce soit un pays froid.

☞ En parlant d’une occasion périlleuse, d’une attaque, d’une remonte, où il y avoit beaucoup de périls à courir : on dit familièrement qu’il y faisoit chaud.

☞ A la chaude, façon de parler adverbiale, qui signifie, sur l’heure, dans le premier mouvement. Les choses qui se font à la chaude sont excusables. Cette façon de parler n’est pas noble.

On dit proverbialement, tomber de fièvre en chaud mal ; pour dire, d’un petit malheur entrer en un plus grand. On dit qu’un homme ne trouve rien de trop froid ni de trop chaud, pour dire, qu’il n’est point dégoûté, que tout lui est bon, qu’il prend par-tout. On dit qu’un homme souffle le froid & le chaud, pour dire qu’il n’est d’aucun parti assuré, qu’il soutient le pour & le contre, qu’il dit du bien & du mal des mêmes gens. On dit aussi qu’il faut battre le fer tandis qu’il est chaud, pour dire, qu’il ne faut pas laisser échapper l’occasion. Et on dit ironiquement à ceux qu’on veut taxer de froideur : vous êtes un chaud lambin, un chaud lancier. On dit aussi, pour exagérer la chaleur d’une chambre, qu’il y fait chaud comme dans un four. On dit encore, si vous n’avez rien de plus chaud, vous n’avez que faire de souffler ; pour donner à entendre à quelqu’un, qu’il se flatte vainement de quelque espérance.

Chaud, vient du latin caldum. On disoit autrefois cald.

CHAUDE. s. f. Feu violent que donnent les ouvriers qui travaillent aux forges & aux verreries. Chez les Verriers, on le dit de la cuisson de la matière propre à faire le verre. On a fait tant de cens de verre d’une telle chaude, d’une telle quantité de matière cuite. Dans les forges, on appelle chaude grasse ou suante, le feu qu’on donne au fer, quand il est si violent qu’il commence à tomber par gouttes & à se fondre. Dans les Monnoies on dit, battre la chaude, lorsqu’on bat les lingots d’or sur l’enclume à coups de marteau, après qu’ils ont été tirés du moule, avant que de les donner aux ouvriers.

On dit, en termes d’Orfévre, donner une chaude à la besogne, pour dire, mettre le métal au feu à chaque fois qu’on veut le travailler sur l’enclume.

Ces termes s’expriment en latin par les adjectifs calidus, calens, fervens, que l’on joint aux différens substantifs auxquels le mot de chaude convient.

CHAUDEAU. s. m. Bouillon qu’on porte aux mariés le matin du lendemain de leurs nôces. Calens jusculum. Il est vieux. Il s’entend souvent de lait bouilli avec du sucre, des jaunes d’œufs & de la cannelle, qu’on donne aux femmes nouvellement accouchées.

CHAUDE-CHASSE. s. f. Poursuite d’un prisonnier. Ce mot est composé de deux autres, chasse, qui veut dire poursuite, & chaude, qui marque que la poursuite est vive.

CHAUDE-COLE. s. f. On trouve ce mot dans quelques anciennes Loix & Ordonnances ; il signifie chaude colère, & il est formé de ces deux mots par abréviation. On trouve dans les Auteurs latins des siècles du bas Empire, & dans ceux qui ont écrit encore depuis, calida colera, pour dire chaude-cole.

Chaude-Medée, synonyme à chaude-cole.

☞ CHAUDEMENT. Ce mot a différentes acceptions au propre & au figuré. Se bien vêtir, & se tenir chaudement quand on est enrhumé ; c’est-à-dire, de manière que la chaleur puisse se conserver. Au figuré il signifie avec ardeur, avec vivacité ou promptement. Ardenter, ferventer. Les procès criminels doivent se poursuivre chaudement. Cette résolution fut prise chaudement.

☞ Voltaire prétend que l’adverbe chaudement, dans ce sens, est proscrit du style noble.

CHAUDE-PISSE. s. f. Espèce de maladie qu’on appelle autrement gonorrhée. Le mot de chaude-pisse a quelque chose d’obscène. Ce mal est ainsi nommé à cause de l’ardeur que sentent en urinant ceux qui en sont attaqués. Voyez Gonorrhée.

CHAUDERET. s. m. Les Batteurs d’or nomment ainsi le troisième moule de ceux qui leur servent à éteindre l’or & l’argent, fin ou faux.

☞ CHAUDERON. Quelques-uns écrivent ainsi. Chaudron paroît plus usité. Voyez ce mot.

☞ CHAUDERONNÉE. Voyez Chaudronnée.

☞ CHAUDERONNERIE. Voyez Chaudronnerie.

☞ CHAUDERONNIER. Voyez Chaudronnier.

☞ CHAUDE-SUITE. Terme de Coutume, synonyme de chaude-chasse.

CHAUDIER. v. n. Terme de Chasse, qui se dit des levrettes ou lices qui entrent en chaleur. Æstu venereo percitus. On fait chaudier les lices en leur donnant des omelettes avec du poivre & de la muscade, &c.

CHAUDIÈRE. s. f. Grand vaisseau de cuivre ou de fer, sous lequel on met du feu pour faire cuire, bouillir, ou chauffer quelque chose. Cortina, ahenum, caldarium. Chaudière de Brasseur de bière, de Chapelier, de Teinturier, d’Affineur de surce, &c. Les Payens ont fait souffrir le martyre dans des chaudières d’huile bouillante. Chaudière de Saulnerie, faite de platines de fer battu. Gollut. Mém. de Bourges, Liv. II, c. 27.

Ce mot vient de caldarium, qui se trouve dans de bons Auteurs, & de caldaria, qui s’est dit dans la basse latinité, pour signifier ce que nous appelons chaudière.

La chaudière, en termes de Blason, est une marque de grande noblesse, sur-tout en Espagne & en Portugal, parce qu’elle n’étoit portée sur les écus que par de grands Seigneurs, qu’ils appeloient ricos hombres, ou de caldera y dependon : ce qui répondoit à nos Seigneurs Bannerets de France, parce qu’ils pouvoient non seulement lever des soldats, mais de plus, ils étoient obligés de les nourrir.

Chaudière, en termes de Marine, signifie cuisine, bonne-chère. Epulum. Les Mariniers qui ont pris à la ligne ou au harpon, de gros poissons, en font chaudière, c’est-à-dire, en font un festin entr’eux.

Il y a en Canada un grand lac, qui a de diamêtre environ douze lieues, que l’on appelle le lac de la Chaudière, à cause de sa forme ronde, & par allusion aux chaudières des sauvages. Il est vers l’occident, & se nomme aussi le lac des eaux salées ou de mer.

CHAUDRON. s. m. Ustensile de cuisine, fait de cuivre ou de fer de fonte, qui a une anse mobile, par laquelle on l’accroche à la cremaillière. Il sert à faire cuire, ou à faire chauffer quelque chose sur le feu. Lebes. Les Orfévres appellent aussi le chaudron d’une cassolette, la partie où l’on met les odeurs, & sous laquelle on met le feu. On dit aussi, pour blâmer le son d’une cloche, que ce n’est qu’un chaudron.

Ce mot vient du latin caldarium, de caldus, pour calidus.

Chaudron de pompe, en termes de Marine, est une pièce de plomb ou de cuivre, faite en façon de chaudron, & percée en divers endroits, laquelle embrasse le bas de la pompe, pour empêcher qu’aucune ordure n’entre dans la pompe. Operculum.

Chaudron, chez les Boyaudiers, espèce de baquets cerclés de fer, où ils mettent tremper les boyaux.

Chaudron, chez les Bottiers, c’est une genouillère aussi haute en dedans qu’en dehors, & qui par son égale profondeur ressemble assez à un chaudron.

Chaudron, est aussi une grande mesure dont on se sert en Angleterre, dans le commerce du charbon de terre : elle contient 36 boisseaux.

CHAUDRONNÉE. s. f. Si l’on veut donner la couleur de vin rouge à la génevrette, il faut mettre des bèteraves coupées en tranches infuser pendant un demi-jour dans une chaudronnée d’eau chaude, & puis jeter cette eau dans le tonneau de génevrette. Jour. Hist. Avril. 1710.

CHAUDRONNERIE. s. f. Marchandise de chaudrons & autres ustensiles de cuivre. Lebetum officina. A la foire S. Germain, il y a une rue de la Chaudronnerie.

CHAUDRONNIER. s. m. Artisan qui fait ou qui vend des chaudrons, des réchauts & autres ustensiles de cuisine. Lebetum faber. On reproche aux Chaudronniers, qu’ils sont sujets à mettre la pièce auprès du trou : ce qui se dit figurément de ceux qui raccommodent mal quelque besogne que ce soit.

Chaudronnier au sifflet. On nomme ainsi les Chaudronniers des Provinces, particulièrement d’Auvergne, qui courant la campagne, se servent d’un sifflet à l’antique, pour avertir les habitans des lieux où ils passent, de leur apporter à raccommoder les ustensiles de cuisine.

☞ CHAUDRONNIÈRE. s. f. Femme du Chaudronnier, ou qui vend de la chaudronnerie.

CHAVERI. s. m. Terme de relation. C’est aux Indes une espèce de halle carrée, & ouverte seulement d’un côté. C’est un lieu public où il est permis à tout le monde d’entrer. Forum, porticus, atrium. On me conduisit au milieu des clameurs de la ville dans un chaveri public. Lett. Édif. et Cur. Tom. XI. Au sortir du chaveri on me fit traverser une grande rue, au bout de laquelle est la forteresse, où par la grace de Dieu j’entrai avec un visage tranquille & serein. Ib. En arrivant au chaveri, je trouvai mes Catéchistes étendus par terre : ils avoient les piés violemment pressés entre de grosses pièces de bois attachés avec des cordes, & ils ne pouvoient remuer les mains, quoiqu’on les eût un peu desserrés.

☞ CHAVEZ. Ville de Portugal, dans la Province de Tra-los Montes, à dix lieues de Bragance.

CHAUF, CHOUF ou CHAUFETTES. Soies de Perse, qui viennent par diverses Echelles du Levant, particulièrement par Alep & Seyde.

CHAUFFAGE ou CHAUFAGE. s. m. On ne prononce qu’une f dans ce mot & dans les suivans, qui ont une même origine. Provision de bois à brûler qu’on fait dans une maison pour se chauffer. Lignatio. Il faut tant de cordes de bois par ans pour le chauffage de cette maison.

Chauffage, est aussi un droit qu’on plusieurs Seigneurs, Communautés & Officiers, de couper du bois pour leur provision dans les forêts du Roi. Jus lignationis in aliqua silva habere. Les Maîtres des Eaux & Forêts ont parmi leurs droits celui de chauffage : ils prennent souvent leur chauffage en argent.

Chauffage, se dit en particulier des bourées de menu bois que l’on emploie à chauffer le fond du vaisseau pendant qu’on lui donne la carenne. Calfactio.

CHAUFFE. s. f. Terme de Fonderie. Lieu où se jette & se brûle le bois que l’on emploie à la fonte des pièces. Focus, fornax. La chauffe est située à côté, & a trois piés plus bas que le fourneau où est le métal, & la flamme sortant de la chauffe se répand par ondes tout du long de la voûte du fourneau, & par son excessive ardeur, font le métal. ☞ Le fond du fourneau où tombe la cendre s’appelle le cendrier, séparé de la chauffe par une double grille de fer où l’on met le bois.

CHAUFFE-CHEMISE ou CHAUFFE-LINGE. s. m. Panier d’osier dont le tissu est à claire voie, servant à sécher ou chauffer le linge qu’on étend dessus, par le moyen d’une poële de feu qu’on met dessous. Machina linteorum excalfactoria.

CHAUFFE-CIRE. s. m. Officier de Chancellerie, qui amollit & prépare la cire pour la rendre propre à sceller, & qui appose le sceau aux lettres. Cerarii præfectus. Il y a quatre Chauffe-cires en la Grande Chancellerie établis anciennement, & qui sont héréditaires. Ils servent par quartier. Ils sont appelés Chauffe-cires, Scelleurs héréditaires de la Chancellerie de France. Il y a aussi des Chauffe-cires des Chancelleries près les Cours de Parlement & autres. Il y a dans la Chancellerie de France un Valet de Chauffe-cire ; & dès l’an 1285 dans l’état de la Maison du Roi Philippe le Bel, il est parlé du Chauffe-cire de la Chancellerie, & du vallet Chauffe-cire. Voyez dans l’Hist. de la Chancellerie par Tessereau, tous les réglemens, priviléges, &c de ces Officiers.

Dans le premier Tome de l’Hist. Chronologique de la Chancellerie, on écrit toujours au pluriel chauffe-cires, ajoutant l’s à la fin ; & dans le second Tome, dans les tables, toujours chauffes-cire avec l’s du pluriel après chauffe : & dans le corps de l’ouvrage, quelquefois chauffe-cires comme dans le premier Tome, quelquefois chauffes-cires comme dans les tables, & quelquefois même chauffes-cires avec deux s, l’une au milieu & l’autre à la fin.

CHAUFFE-LIT. s. m. Ce qui sert à chauffer un lit, soit une bassinoire, un moine, ou autres ustensiles de cette nature. Vas excalfactorium.

CHAUFFE-PANCE. s. m. Ce mot se trouve dans Pomey, pour signifier une cheminée basse. Caminus depressior.

CHAUFFE-PIÉ. s. m. Voyez Chaufferette. C’est la même chose.

CHAUFFER. v. a. Exposer à la chaleur du feu, rendre chaud en appliquant l’action du feu. Calfacere ; calefacere. Quand on a chauffé un poële, on se passe aisément de feu. On chauffe le four avant que d’y mettre du pain.

Chauffer, chez les Ouvriers de forge, c’est faire jouer le soufflet tandis que le fer est au feu.

Chauffer un vaisseau, en termes de Marine, c’est chauffer le fond d’un vaisseau lorsqu’il est hors de l’eau, pour le nettoyer & en découvrir les défectuosités. Chauffer un bordage ; c’est le chauffer avec quelque menu bois, afin qu’il prenne la forme qu’on lui veut donner. Chauffer les soutes ; c’est les sécher, afin que le pain s’y conserve mieux.

On trouve dans la relation de la prise de l’Île Royale. Tandis que les Anglois nous chauffoient de la batterie royale, il vint cinq frégates qui chaufferent le Vigilant (nom d’un vaisseau) de toutes parts. On voit que chauffer est pris dans ces deux endroits pour, canonner vivement. Au reste, cette expression figurée n’est pas d’usage.

Chauffer les piés à quelqu’un, signifie, lui donner la question par le moyen du feu. Aliquem tormento ignis cogere verum confiteri. On met le patient sur une roulette, & on approche ses piés nus bien près du feu.

Chauffer est aussi neutre. Calefieri. Le four chauffe. Il y a long-temps que le bain chauffe.

☞ On dit d’un nuage éclairé du soleil pendant un temps chaud & pluvieux, que c’est un bain qui chauffe.

On dit proverbialement, ce n’est pas pour vous que le four chauffe, à ceux qui prétendent avoir part en quelque affaire, à quelque fête, & qu’on veut exclure. On dit aussi à un méchant homme, tu seras bien chauffé en l’autre monde, pour le menacer qu’il sera damné. On dit aussi, il verra de quel bois je me chauffe ; pour dire, quel homme je suis. On dit encore, allez lui dire cela, & vous allez chauffer au coin de son feu, pour défier quelqu’un d’aller dire en face à quelqu’autre une chose qui le doit choquer.

Chauffé, ée. part. Calfactus, calefactus.

CHAUFRERETTE. s. f. ☞ Espèce de petite boîte doublée de fer blanc, percée en dessus de plusieurs petits trous, dans laquelle on met du feu pour se chauffer les piés. Foculus calefaciendis pedibus comparatus. Il y a aussi des chaufferettes de terre.

Chaufferette, est aussi un petit réchaud qu’on met sur la table pour empêcher les viandes de se refroidir, ou pour les tenir chaudes pendant le repas. On ne prononce qu’une f dans le mot chaufferette. On dit plus ordinairement réchaud dans cette dernière acception. Pyrophorus.

CHAUFFERIE. s. f. On appelle ainsi dans les forges où se fond le fer, une forge destinée à chauffer le fer qui a passé une seconde fois à la fonderie, & qu’on veut réduire sous le marteau, & sur l’enclume, en barres de fer.

CHAUFFEUR. s. m. Celui qui tire la branloire, & fait aller les soufflets d’une forge pour faire rougir le métal. Incensor.

CHAUFFOIR. s. m. Linge qu’on chauffe pour couvrir ou essuyer un malade ou une personne en sueur. Linteum excalfactorium. C’est aussi un linge de propreté à l’usage des femmes.

Chauffoir, est aussi une chambre commune où l’on va se chauffer dans les Couvens, dans les Hôpitaux. Focus.

☞ On donne le même nom dans les salles de comédie, à une lieu pratiqué derrière le théâtre, où les Comédiens & les Spectateurs vont se chauffer.

☞ On appelle encore chauffoir chez les Cartiers, une espèce de poële avec des grilles de fer, sur lesquelles on fait sécher les feuilles de cartes quand elles sont collées.

CHAUFFURE. s. f. Terme de forges, mauvaise qualité du fer ou de l’acier qui a été trop long-temps au feu, ou exposé à un feu trop violent. ☞ Quand le fer ou le cuivre a eu trop de feu, il est sujet à s’écailler & à faire des pailles : c’est ce défaut qu’on appelle chauffure.

CHAUFOUR. s. m. Grand four dans lequel on cuit la chaux. fornax calcaria, calcaria. On dit mieux, four à chaux. C’est aussi le lieu où l’on serre le bois, la pierre à chaux, & la chaux quand elle est faite.

CHAUFOURNIER. s. m. Ouvrier qui fait la chaux, qui la fait cuire dans le fourneau. Calcarius coctor, calcarius. C’est aussi le Marchand qui vend la chaux. Philiber de Lorme déclame fort contre les Chaufourniers d’Italie, auxquels il voyoit faire de la chaux les plus beaux chapiteaux & corniches de l’antiquité. On l’appelle en latin califurnium.

CHAVIET. s. m. Vieux mot. Le chevet du lit.

CHAVIRER ou TREVIRER. v. a. Terme de Marine. Chavirer une manœuvre, c’est mettre dessus ce qui étoit dessous. Invertere.

☞ CHAUL. Ville des Indes, sur la côte de Malabar, à huit lieues de Dabul. Il s’y fait un commerce considérable de soie. Cette ville appartient aux Portugais.

CHAULER. v. a. Terme d’Agriculture. Chauler le blé, c’est le mêler avec une certaine quantité de chaux vive & d’eau pour le semer. Il y a des Provinces où l’on sème le blé tel qui sort de l’aire, sans être chaulé, & sans aucune autre préparation. Journ. Hist. Ovt. 1739, p. 245.

CHAUME. s. m. Partie du tuyau du blé qui reste attaché à la terre quand on l’a scié. Culmus. On brûle les chaumes en beaucoup d’endroits pour engraisser la terre. Des terres en chaume. Liger, dans son Dictionnaire d’Agriculture, donne deux sens à ce mot dans cette phrase ; car, dit-il, selon beaucoup de gens, ce sont des terres, qui depuis long-temps n’ont point été cultivées ; &, suivant le sentiment de quelques autres, des terres où le tuyau du blé reste attaché à la terre, quand on l’a scié ; car c’est un tuyau qu’on appelle chaume.

Le mot chaume se prend aussi pour un champ où le chaume est encore sur pié. Il y avoit trois lièvres dans ce chaume là. Acad. Fr.

Chaume, se prend aussi fort souvent pour le tuyau tout entier du blé, pour la paille dont on couvre les maisons des Paysans. Stipula. On couvre les maisons de chaume.

Le pauvre en sa cabale où le chaume le couvre,
Est sujet à ses loix. Malherbe.

Ce mot vient de culmus, Nicote ; ou plutôt de calamus.

Chaume, est aussi le nom de plusieurs petits lieux, comme bourgs, hameaux, villages. Calmaria. Le plus considérable est la ville de Chaume dans la Brie, Diocèse de Sens. Calami. Il y a une Abbaye de Bénédictins nommée S. Pierre de Chaume. S. Petrus de Calamis.

CHAUMER. v. a. Couper ou arracher le chaume, & le mettre en botte pour servir à couvrir les maisons, des murailles de bauge. Stipulas colligere, secare. Chaumer un champ.

Chaume s’emploie aussi absolument ; dans certains endroits il est défendu de chaumer. On dit aussi, chaumer dans un champ.

On appelle chaumer les arbres, quand on met du feu au pié par malice pour les faire périr, ou qu’on y fait quelqu’autre chose. Confer. de l’Ordonn. des Eaux & Forêts.

Chaumé, ée. part.

CHAUMIÈRE. s. f. Petite maison couverte de chaume, telle que sont celles des pauvres Paysans. Casa, tugurium.

On le dit figurément, & par exagération, quand on veut parler modestement de quelque maison de campagne qui n’est pas considérable. J’ai en cette Province une petite chaumière à votre service.

CHAUMINE. s. f. Petite chaumière.

Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,
Qui tâchoit de gagner sa chaumine enfumée. La Font.

CHAUMOND. s. m. Nom d’homme. Anemundus, Ennemundus, Chanemundus. Annemond, que nous appelons communément S. Chaumond, étoit fils de Sigon, ou Sigues, Gouverneur de Lyon du temps de Dagobert I, & de Clovis II. Il fut nommé encore Dalfin, ou Daufin, Dalfinus & Dalvinus, du nom que portoit déjà un de ses freres, qui eut le Gouvernement de Lyon après la mort de leur pere. Baillet. Il fut elu Evêque de Lyon vers le milieu du VIIe siècle, & fut assassiné vers l’an 660, lorsqu’il venoit à la Cour de sainte Bathilde, pour se justifier d’une calomnie dont on ne l’avoir accusé que pour le tirer de son Eglise & le tuer.

CHAUMONOIS. s. m. Comté de Bassigny en Champagne, district de Chaumont, capitable du Bassigny. Calvomontanus pagus. Le Langrois, le Dijonnois, le Tonnerois & le Chaumonois. Le P. Hél. T. VIII, p. 116.

CHAUMONT. Nom de plusieurs lieux. Calvus mons. Chaumont en Bassigny, sur la Marne. Chaumont dans le Vexin François, proche de Gisors. Chaumon en Touraine, autrefois à la Maison d’Amboise. Chaumont en Sologne, sur la Calne, entre Orléans & Romorentin. Chaumont dans le Rétélois, en Champagne. Chaumont dans le Charolois. Le Prieuré de Chaumont en Auvergne. Chaumont dans le Génevois ; c’est une des douze Mandemens qui divisent cette contrée. Chaumont est aussi une partie de Châtillon sur Seine. Sur Chaumont en Vexin, voyez la Descript. Geogr. & Hist. de la Haute-Normandie, T. II, p. 283, & suiv.

Ce mot vient du latin Calvus mons, c’est-à-dire, montagne chauve ou pelée ; & il a été donné à ces lieux, parce qu’ils sont situés sur des hauteus stériles qui ne produisent rien, ou presque rien.

CHAUMOUPLET. s. m. Vieux mot, qui signifioit ce que nous nommons aujourd’hui un camouflet.

CHAUMOUSEY. Abbaye de Chanoines Réguliers en Lorraine, située à une lieu de la ville d’Espinal en Vosge. Environ l’an 1095, Scérus qui en étoit Abbé, envoya à l’Abbaye de S. Ruf pour y prendre la réforme que S. Norbert y avoit introduite. P. Hugo, Vie de S. Norbert.

☞ CHAUNE. s. f. Instrument d’Epinglier servant pour couper les tronçons.

Chaunes. Calnia. Bourg de France dans la partie de Picardie qui s’appelle le Santerre. Il a titre de Duché.

☞ CHAUNI. Calniacum. Petite ville de France, autrefois de Picardie, comprise aujourd’hui dans le Gouvernement de l’Île de France, sur la rivière d’Oise, entre Noyon & la Fere.

CHAUONIS. s. m. Mousseline, ou toile de coton, qui vient des Indes orientales. On la fabrique à Bengale.