Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/471-480

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Fascicules du tome 2
pages 461 à 470

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 471 à 480

pages 481 à 490


Vermiculis Capillaribus Infantum, dans laquelle on trouve tout ce que différens Auteurs ont écrit sur ce sujet, & tout ce qu’on en peut savoir, tant pour la théorie que pour la pratique.

Chartre. Cri d’armes de Thibaut Comte de Champagne.

Flamans crie Aras ; & Angevin rallie,
Et li cuens Thiébaut, Chartre & Passavant crie,


dit, dans son Roman de Normandie, Maître Vace, natif de l’Ile de Gersey, Chanoine de Bayeux, surnommé le Clerc de Caen. Ménage. Hist. de Sablé, L. I, ch. 2, page 4.

CHARTRES. Carnutum, Autricum carnutum. Ville très-ancienne, Capitale de la Beauce, Province de France. Quelques Auteurs prétendent qu’elle fut bâtie par les Gomérites, ou enfans de Gomer, peu de temps après Noé. D’autres disent que ce furent les Saronides & les Druides, qui y jettèrent les fondemens d’une ville ; qu’ils y érigèrent un autel à la Vierge qui devoit enfanter, Virgini Parituræ. D’autres soutiennent seulement qu’un certain Priscus, ayant appris de la doctrine des Druides, qu’il y auroit une Vierge qui enfanteroit, ce Seigneur ou Gouverneur, lui fit ériger un autel & haut un temple. Chartres est situé sur la rivière d’Eure. Jusqu’à François I cette ville n’a eu que le titre de Comté. Ce Prince l’érigea en Duché en faveur de Renée, Duchesse de Ferrare. La Cathédrale de Chartres est une des plus belles Eglises du Royaume. Il y a un Vidame de Chartres. Les fils des Ducs d’Orléans portent le titre de Ducs de Chartres. La latitude de Chartres est 48d 30′ & sa longitude 19d 15′, selon l’Académie des Sciences.

Chartres a son méridien de 0h 3′ 24″ ou 0d 51′ 0″ plus occidental que celui de l’observatoire de Paris. Ainsi il a 19d 0′ 22″ de longitude. Sa latitude est 48d 27′ 10″. Cassini.

Les habitans de Chartres & de son territoire s’appeloient autrefois Carnutes, aujourd’hui Chartrains.

Quelques Auteurs, au rapport de Du Chesne dans ses Antiquités des Villes de France, croient que le nom de cette ville vient du mot grec κάρυος, ou plutôt κάρυον, ou κάρυα, une noix ; de même que celui de Druide vient de δρῦς, un chêne, parce que ces arbres venoient en abondance dans les forêts de ce pays-là.

Chartres. Congrégation de S. Jean de Chartres, Voyez Jean.

CHARTREUSE. s. f. Lieu de Dauphiné dans les montagnes, à quatre ou cinq lieues de Grenoble, du côté du nord. Carthusia. S. Bruno, quand il quitta le monde pour vivre dans la solitude, choisit pour sa demeure ce lieu des montagnes de Dauphiné nommé Chartreuse, & c’est de-là que les Monastères & les Religieux de son Ordre ont pris leur nom.

Chartreuse. s. f. Maison de Chartreux. Monasterium Carthusianorum, Charthusia. M. Ménage, qui étoit d’Anjou, & qui devoit connoître le caractère de ceux de son pays, dit qu’il n’y a point de Chartreuse en Anjou, parce que les habitans y aiment trop à parler : on dit la même chose de Beauvais. La grande Chartreuse est bâtie sur un rocher dans une solitude affreuse, à cinq lieues de Grenoble. On y arrive par des chemins pratiqués dans le roc, d’où l’on voit d’un côté des précipices affreux ; ce qui oblige quelquefois les voyageurs de descendre de cheval. Ce fut en 1086, que S. Bruno se retira à la Chartreuse, qui depuis a été appelée la grande Chartreuse, parce que c’est la première maison de l’Ordre : les autres Monastères s’appellent du nom de Chartreuse, en y ajoutant le nom du lieu où ils sont situés ; la Chartreuse de Paris, de Rouen, de Gaillon, du Val-Dieu, &c.

Chartreuse. s. f. Nom de Religieuses qui suivent l’Institut des Chartreux. Carthusiensis Monialis. L’origine de ces Religieuses est inconnue. Il paroit néanmoins que le premier Monastère de ces filles a été fondé du vivant du B. Guigues, cinquième Général de l’Ordre, & que c’est le Monastère de Bertaud, fondé l’an 1116. La première fois qu’il est parlé des Chartreuses, c’est dans les Statuts de l’Ordre, rédigés par le Général Dom Riffer, l’an 1250. Le P. Innocent Masson croit qu’elles avoient les mêmes observances que les Chartreux. Cependant, s’il en faut croire Camille Turin, dans son Histoire des Chartreux, les Religieuses de cet Ordre du Monastère de Pré-Baïon ayant été fondées l’an 1230, le B. Jean d’Espagne leur donna des Constitutions particulières. Ce qui est certain, c’est que présentement toutes les Religieuses Chartreuses se conforment en toutes choses aux Religieux du même Ordre, excepté qu’elles mangent toujours en commun.

Les Chartreuses furent instituées vers l’an 1215, par une sainte fille, nommée Agnès, dans la Chartreuse d’Estoges, ou plutôt des Ecouges, sous le Dauphin Humbert II. Il n’y a présentement que cinq Monastères de Chartreuses, qui sont Prémol, à deux lieues de Grenoble, fondé l’an 1234 par Béatrix de Montferrat, épouse du Dauphin André ; Melun dans le Fossigny en Savoie, & du Diocèse de Genève, fondé par le Dauphin Humbert I, Anne son épouse, & Jean leur fils, l’an 1299. Grosné au Diocèse d’Arras, fondé par l’Evêque Thierry Hérisson en 1308 ; & Bruges, fondé en 1344. Leur habit est semblable à celui des Chartreux, excepté qu’elles portent un manteau blanc. D. Innocent. Masson, le P. Helyot, T. VII, c. 35.

Chartreuse. Terme de Fleuriste. Tulipe gris de lin, qui a peu de pourpre & de blanc de lait d’entrée. Morin.

CHARTREUX. s. m. Religieux de l’Ordre de S. Bruno, qui vit fort austèrement, & dans une clôture & une solitude fort étroite. Carthusianus, Carthusiensis. Ce nom vient du village de la Chartreuse en Dauphiné, que Hugues, Evêque de Grenoble, donna à S. Bruno, & où ce saint se retira lorsqu’il commença à fonder cet Ordre en 1086 ; & l’on a donné ce nom aux autres maisons de Chartreux.

On fait dire à M. Valois dans le Valesiana, que les Chartreux ne devroient pas s’appeler en latin Carthusienses, mais Caturciences, du nom du village qui est proche du lieu où ils s’établirent la première fois, qui s’appelle en latin Catorissium, ou Caturissium, & en françois Chatrouse. Mais dans la lettre de fondation du Monastère de Chartreuse, signée du Curé & des habitans du village dont il s’agit, les Religieux de ce Monastère sont appelés Cartunenses, & non pas Caturcienses. Pierre de Cluni, Saint Bernard & les autres Ecrivains qui les ont vu naître, ne les ont point appelés autrement que Cartusienses ; & il ne faut point alléguer la chronique de saint Médard de Soissons, où M. Valois a lu Ordo Caturciensis, puisque cette chronique, qui finit en 1261, est postérieure de près de deux cens ans à la fondation des Chartreux, qui est de l’année 1086. Vign. Marv. Cet Auteur étoit Chartreux.

Les Constitutions des Chartreux se trouvent dans un livre imprimé à Basle en 1510. Il contient tous les Statuts de leur Ordre, & il n’y a point d’impression de ces Constitutions plus ancienne ni plus authentique ; car elle a été reçue, approuvée & autorisée de tout l’Ordre, comme on le voir par le témoignage de François Dupuis, leur Général, qui se lit à la fin de cette compilation. Les Statuts de Guigues y sont les premiers, sous le titre de Statuta & consuetudines D. Guigonis prioris Carthusiæ. M. l’Abbé de la Trappe, dans son ouvrage de la Vie Monastique, s’est servi de ce livre pour prouver que les Chartreux ne vivoient plus dans cette grande austérité à laquelle ils étoient obligés par les Constitutions de Guigues leur cinquième Général. D. Innocent Masson, leur Général, a fait une réponse à l’Abbé de la Trappe, sous le titre d’Explication de quelques endroits des anciens Statuts de l’Ordre des Chartreux. Dans ce petit ouvrage, qui n’a été communiqué qu’à très-peu de personnes, il prétend que ce que le P. Guignes a écrit, n’étoit que des Coutumes dans le temps qu’il l’a écrit, comme il s’en explique lui-même dans son Prologue, & qu’il est demeuré sous le titre & les qualités de Coutumes, jusqu’à ce que l’Ordre les a converties en Statuts quelque temps après, en leur donnant la force de loi par l’usage, & en les rédigeant enfin en forme de Constitutions.

Dans l’année 1250, c’est-à-dire, environ deux siècles après la fondation de l’Ordre des Chartreux, un de leurs Généraux, nommé Riffier, fit une compilation des Coutumes de Guigues, qui étoient devenues Statuts par l’usage & par l’approbation des chapitres généraux de l’Ordre. Dom Masson prétend que l’Abbé de la Trappe a donné mal à propos le nom de Constitutions aux Statuts de Guigues, qui n’ont été dans les commencemens que des usages, & non pas des loix. Un Chartreux, nommé Raynaud, fit en 1369 une nouvelle compilation des Statuts de son Ordre : comme il se trouvoit une multiplicité d’Ordonnances faites depuis les anciens Statuts, il ôta cette multiplicité, en les réduisant à un plus petit nombre, sans rien diminuer cependant de l’ancienne austérité. La piété claustrale est encore aujourd’hui plus en vigueur chez les Chartreux que dans aucune autre Maison Religieuse.

Borel dit qu’autrefois on appeloit les Chartreux, Chartrussins, & que ces mots viennent de chartre, qui veut dire prison, comme si les Chartreux étoient ainsi nommés, c’est-à-dire, prisonniers, à cause de la grande retraite dont ils font profession. Il est visible que le nom de Chartreux vient de Chartreuse, où leur premier Monastère fut bâti.

L’histoire du Docteur de Paris, qui pendant qu’on faisoit ses obsèques, ressuscita, déclara qu’il étoit damné, & que l’on prétend avoir été l’occasion de la conversion de S. Bruno, est une fable, dont on n’a parlé que long-temps après la mort de S. Bruno, comme le Chartreux déguisé sous le nom de Vigneul de Marville l’a démontré. Le B. Guigues, cinquième Général de l’Ordre, écrivit les Coutumes de la grande Chartreuse, & ces Coutumes ont servi de règle & de loi à toutes les maisons de l’Ordre. Le Chapitre tenu en 1572, ordonna que les Coutumes de Guigues & les Statuts qui se trouvoient dispersés, seroient rassemblés avec toute l’exactitude & la brièveté possible. Quelques-uns voulurent à cette occasion faire diminuer les austérités de l’Ordre ; mais le Chapitre général n’y voulut point consentir, & les nouveaux Statuts furent imprimés en 1581, sous le titre de Nouvelle collection des Statuts, après avoir été confirmés par trois Chapitres généraux, suivant la coutume de cet Ordre, où aucune Ordonnance faite dans les Chapitres généraux ne peut être reçue, & ne peut passer pour loi, qu’après cette formalité. Par ces nouveaux Statuts il est ordonné que toutes les personnes de l’Ordre seront, Moines, Convers, Donnés & Religieux. Il y avoit auparavant des Rendus ; par ces nouveaux Statuts, il est défendu d’en recevoir. Nous expliquerons en son lieu ce que c’étoit que Rendu.

L’habillement des Moines consiste en une robe de drap blanc, serrée d’une ceinture de cuir blanc, ou de corde de chanvre, ou de l’un & l’autre mêlés ensemble, avec une petite cucule, à laquelle est attaché un capuce aussi de drap blanc. Au chœur & quand ils paroissent en public, ils ont une cucule plus grande, qui descend jusqu’à terre, & à laquelle est aussi attaché un capuce ; aux côtés de cette cucule il y a des bandes de drap assez larges. Ces cucules sont ce qu’on appelle ailleurs des scapulaires.

On peut regarder le Bref que le Pape Urbain II écrivit à Seguin, Abbé de la Chaise-Dieu, pour remettre les premiers disciples de S. Bruno en possession de la grande Chartreuse, comme la première confirmation de cet Ordre. Guigues II, neuvième Général, en obtint une plus authentique d’Alexandre III, dontla Bulle est du 17 Septembre 1170, & les mit sous la protection du Saint Siège. Voyez les Annales Ordinis Carthusiensis, par le R. P. Innocent Masson, Général, & le P. Hélyot, Tom. VII, c. 52.

Chartreux, se dit aussi d’un Monastère de Chartreux. Saint Louis a fait bâtir les Chartreux de Paris.

Chartreux. On appelle Pille des Chartreux, une espèce de laine que l’on tire d’Espagne, pour l’employer dans les meilleures manufactures de lainerie.

Chartreux. Le vulgaire nomme ainsi une sorte de chat, qui a le poil gris cendré tirant sur le bleu. C’est une espèce de fourrure dont les Pelletiers font négoce.

CHARTRIER. s. m. Trésor, lieu où l’on garde les Chartres d’une Abbaye, d’une Communauté, d’une Seigneurie. Tabularium. Richard, Roi d’Angleterre, ayant défait l’arrière-garde de Philippe-Auguste entre Châteaudun & Vendôme, l’an 1194, lui enleva tout son bagage, l’argent destiné au payement de l’armée, & sur-tout le Chartrier de France. Ainsi il ne faut pas s’étonner si les trésors des chartres & des registres publics ne montent plus au-delà de Philippe-Auguste ; car jamais le Roi d’Angleterre ne voulut se dessaisir de ces papiers. Cette perte fut cause qu’on établit à Paris le trésor des chartres.

Chartrier, se dit aussi du garde de ce trésor. Custos tabularii. Dans les Couvens il y a un Religieux Chartrier, Cartularius. Voyez Chartulaire.

Chartrier, s’est dit aussi en quelques endroits pour prisonnier. Chartre signifioit prison.

CHARTRONS. On nomme ainsi à Bourdeaux un faubourg qui s’étend tout le long du port, & qui est séparé de la ville par la citadelle.

CHARTULAIRE. s. m. On prononce Cartulaire. Volume où l’on a recueilli ou transcrit les principales chartres d’un Abbaye, d’une Seigneurie. Veterum chartarum volumen, codex.

Chartulaire, est aussi le nom de différens Officiers qui étoient chargés de chartres, de papiers qui concernoient le public. Chartularius. Le Chartulaire présidoit aux jugemens ecclésiastiques au lieu du Pape, & gardoit les chartres de l’Eglise. Dans l’Eglise Grecque on appeloit Chartophylax, celui que les Latins appeloient Chartularius, Chartulaire ; mais sa charge étoit bien plus considérable : & plusieurs distinguent même dans l’Eglise Grecque le Chartulaire du Chartophylax. Voyez ce dernier mot. Le Chartulaire de Constantinople présidoit aux jugemens civils ou criminels, au nom du Patriarche : on l’appeloit à cause de cela, la bouche & la main du Patriarche : il portoit un anneau d’or & une tiare ornée d’or, & sur sa poitrine une espèce de bulle, comme les Evêques portent en France une croix. Il avoit, comme le Patriarche, le droit de catéchiser le peuple dans l’Église. Quand le Patriarche établissoit un Chartulaire, il lui donnoit des clefs, pour marquer l’étendue de son autorité. Quoique le Chartulaire de Constantinople ne fût que Diacre, il précédoit les Evêques, malgré leurs fréquentes protestations ; mais il n’avoit point séance aux Conciles œcuméniques, quand on en tenoit. Il avoit soin de tirer des archives dont il avoit les clefs, les papiers que les Pères du Concile demandoient, & de les retirer ensuite. Voyez Balsamon, Liv. VII du Droit des Grecs, l’action 13 & 14, du sixième Concile.

Chartulaire, dans l’Empire, étoit un Officier de l’Empereur à Constantinople. Il y avoit plusieurs Chartulaires, & l’un d’eux étoit le chef des autres, auquel ils étoient subordonnés : on l’appeloit grand Chartulaire. Quand l’Empereur montoit à cheval c’étoit le Chartulaire qui tenoit son cheval & qui le menoit. Chartularius. Le P. Goar l’appelle aussi Scriniarius. C’étoit un commis, celui qui tenoit le registre public, qui y écrivoit les actes & les comptes. S. Pierre de Maiuma, Martyr, étoit Chartulaire des impôts publics. Chartularius vectigalium publicorum. Voyez Bollandus, Acta SS. Febr. T. III, p. 266, 267. Au reste, il paroit par le Diacre Jean, dans la Vie de S. Grégoire, c. 6, que l’office de Chartulaire étoit considérable ; car il lui donne les titres de Magnifique & de Seigneur. Veniente autem viro Magnifico domino Maurencio Chartulario.

Chartulaire, étoit aussi un Copiste, un Clerc, un Scribe d’un ordre inférieur. P. Goar, sur Codin, p. 10, note 7.

Chartulaire, dans le Clergé, étoit encore celui qui avoit soin des chartres, des codiciles, des livres de compte. Il avoit aussi soin de tous les livres qui concernoient les Lecteurs & les Chantres. Goar, note 56 sur Codin, p. 16 de l’éd. du Louvre.

CHARYBDE. s. m. Gouffre horrible vers le rivage de la Sicile. Charybdis. Il n’est pas éloigné d’un autre gouffre appellé Scylla : & de-là est venu le proverbe, qu’il faut prendre garde de tomber en Scylla, en voulant éviter Charybde, c’est-à-dire, qu’en fuyant un péril on ne se précipite dans un autre opposé.

Incidit in Scyllam cupiens vitare Charybdim.

☞ Horace donne ce nom aux courtisanes qui, abusant de l’amour qu’on a pour elles, épuisent les forces & la bourse de leurs amans.

Ah miser !
Quanta laboras in Charybdi,
Digne puer, meliore flammâ.

Charybde, selon la fable, étoit une femme de mauvaise vie qui voloit sur les côtes de Sicile. Ayant détourné les bœufs d’Hercule, elle fut frappée de la foudre par Jupiter, & métamorphosée en ce gouffre, dont les Anciens ont fait des descriptions si effrayantes. Ce passage, autrefois si terrible pour les Navigateurs, ne mérite pas aujourd’hui l’attention de nos matelots. Le nom moderne est capo di faro.

CHAS ou CHAAS. s. m. Vieux mot qui signifioit autrefois l’intervalle qui est entre deux poutres d’un bâtiment : ce qu’on appelle maintenant travée. Intertignium : inter proxima duo tigna tabulati intervallum.

On dit dans quelques campagnes, qu’une vache est en chas, pour dire, qu’elle est en chaleur. Appetens maris vacca.

Chas, est aussi un terme de Maçon, qui signifie une pièce de cuivre carrée, du milieu de laquelle pend une pièce de métal ronde qu’on appelle plomb, Voyez Plomb.

Chas. Vieux nom d’une ancienne fortification qui se faisoit pour garder quelque poste, ou les travailleurs de quelque ouvrage. Munitio. S. Loys fit faire deux beffraiz que l’on appelle chas chateils ; car il y avoit deux chateils devant les chas & deux maisons d’arrière. Le frère du Roi guettoit de jour, & nous autres Chevaliers guettions la nuit. Joinville.

Chas. Quelques Marchands Merciers & Aiguilliers appellent ainsi l’endroit troué de l’aiguille.

Chas, signifie une certaine colle, dont les Tisserands frottent la chaîne du fil tendue sur leur métier. Pomey. Textorium glutinum. Cette colle des Tisserands n’est autre chose qu’une expression de grain amolli dans l’eau, à laquelle les Amidonniers donnent aussi le nom de chas. Les Tisserands la réduisent en colle pour frotter les fils de la chaîne & les rendre moins flexibles.

CHASERET. s. m. On prononce Chazeret. C’est un petit chassis de bois large de trois bons doigts, qui a un fond d’osier, & dont on se sert pour faire des fromages. Un chaseret fort propre. Ce sont les Boisseliers qui font les chaserets.

CHASNAEMIN. s. m. Officier de la maison du Grand-Seigneur, Chef de dix Commis, ou petits Trésoriers qui sont sous le Casnatarbassi, lequel a outre cela sous lui soixante ou quatre-vingt jeunes garçons, de ceux qui sont nourris au Serrail. Vigen. dans ses Illustr. sur l’Hist. de Chalcondyle, p. 331.

Ce mot est turc, composé de כסנה chasna, bourse, & אמין, émin, proprement fidèle, comme en hébreu & en arabe, & de-là Commis, Garde préposé à quelque office.

CHASNATARBASSI ou CHASNADARBACHI. s. m. Nom d’un Officier du Serrail du Grand-Seigneur, Grand-Trésorier du Serrail. C’est lui qui donne aux Pages l’argent qu’il faut pour les menus plaisirs du Grand-Seigneur ; savoir, quarante ducats par jour, tant en aspres qu’en sultanins, qu’on lui met dans les poches de son doliman. Vigen.

Ce mot vient de chasna, qui en turc signifie trésor, barsa, dit Meninski au mot בסנה ; & de besca, chef.

☞ CHAS-ODAH. Appartement intérieur du Serrail du Grand Seigneur,

Le Chas-odah Bachi, dans la Cour du Grand-Seigneur est aussi le grand Chambellan qui commande à tous les Officiers de la chambre où couche le Sultan. Chas-odah, signifie chambre particulaire, & Bachi, chef.

CHASSAKI. s. m. & f. Terme de Relation. Nom qu’on donne à un principal Officier de l’Empereur Turc. Et quand on se sert de ce terme pour une femme, il signifie celle que le Grand-Seigneur a honoré de sa tendresse, une fille du Serrail qui a eu le mouchoir.

Ce nom, qui est en usage chez les Turcs, est composé du mot arabe Chassah, & du nom persan Ki, Roi.

CHÂSSE. s. f. Ce mot a la pénultième longue. Vaisseau où est enfermé le corps ou les reliques d’un Saint ou d’une Sainte. Sacrarum reliquiarum theca, capsa. On descend la châsse de sainte Geneviève avec de grandes cérémonies, & dans les grandes nécessités publiques. Les châsses anciennes sont faites en forme d’Eglises gothiques.

Ce mot vient de cacia, ou capsa, que Papias dit avoir été ainsi nommé, quod in se aliquid capiat ; & est dérivé du grec κάψα.

On dit proverbialement d’une personne fort parée, qu’elle est décorée comme une châsse.

Châsse, se dit aussi chez plusieurs Artisans, de la partie qui sert à tenir quelque chose enchâssée, comme la corne des lunettes ordinaires. Margo interiore sinu crenatus. Châsse ou manche de rasoir, &c. Manubrium. La châsse d’une boucle est la partie où est le bouton.

Ce mot vient de capsa, selon Nicot.

Châsse, signifie aussi cette partie de la balance qui sert à la tenir suspendue par le moyen des pivots du fléau. Ansa. La languette marque l’équilibre, quand elle est toute droite & de niveau avec les deux côtés de la châsse.

Châsse, est aussi un terme d’Orfèvre, & de Faiseurs de boucles, & signifie la même chose que chape. Voyez Chape.

CHASSE. s. f. Ce mot a la pénultième brève. Action de chasser, de poursuivre ; course pour attraper quelqu’un. Cet escadron étoit plus fort que celui des ennemis, il lui a donné la chasse. Hostes fugare, hostes in fugam consicere, vertere, dejicere. Ce Prévôt donne bien la chasse aux voleurs.

Chasse, en terme de Marine, se dit en général de la suite. Donner la chasse, c’est obliger les vaisseaux ennemis à s’enfuir. Prendre chasse, c’est s’enfuir soi-même. Fugere, fugam capere. Soutenir chasse, c’est se battre en retraite. Cedendo pugnare. On appelle pièce de chasse ou chasse de proue, les canons qui sont logés sur l’avant du vaisseau, pour tirer sur les vaisseaux qui prennent chasse, & à qui on donne la chasse.

Chasse, se dit particulièrement de la poursuite qu’on fait du gibier gros & menu, à poil ou à plume. Venatus, venatio. La chasse est le plus ancien moyen d’acquérir, & le premier art que la nature ait enseigné aux hommes pour se nourrir. Delaunay. Les chasses sur terre sont de plusieurs sortes. La chasse royale est, aux chiens courans avec meute & équipages, où l’on force le gibier, tant les cerfs, daims, chevreuils & sangliers, que des lièvres & renards : & on appelle cela chasser à bruit. Venatio clamosa. Il n’y a que les François, Anglois & Polonois qui usent de cette chasse. La chasse des Gentilshommes se fait avec des lévriers, avec des chiens courans, pour prendre & forcer des lièvres. La chasse aux filets est défendue par l’Ordonnance d’Henri IV, du mois de Juin 1601, & de Louis le Grand, du mois d’Août 1699.

Un Poëte dit dans une Ode dégante sur la chasse.

Ces jeux, amis de la jeunesse,
Du vice écartent les assauts ;
Ils nourrissent la hardiesse,
Ils ont fait les premiers Héros.
Sous les yeux d’un Centaure habile,
De sa valeur le jeune Achille
Fit éclater les premiers traits.
Il prenait les cerfs à la course,
Il domptait la lionne & l’ourse,
Avant qu’il secourût les Grecs. De S. Gilles.

☞ D’un autre côté, la chasse endurcit le cœur aussi bien que le corps. Elle accoutume au sang & à la cruauté. On a fait Diane ennemie de l’amour, & l’allégorie est juste. Les langueurs de l’amour ne naissent que dans un doux repos. Un violent exercice étouffe les sentimens tendres.

Il y a un Traité du droit de la chasse par F. De Launay, Professeur du Droit françois. Sur les paroles de Dieu à Adam, Gen. I, 26 & 28, & à Noé, Gen. XI, 2, 3, on a considéré la chasse comme un droit acquis à l’homme. On a eu la même pensée dans les siècles suivans ; aussi les peuples les plus civilisés, comme les Perses, les Grecs & les Romains, ont fait de la chasse un de leurs plus honnêtes divertissemens ; & elle a fourni aux plus sauvages ce qui étoit nécessaire à leur entretien & à leur nourriture. La Jurisprudence Romaine, formée sur les mœurs des premiers peuples, en a fait une loi, & établit pour maxime, que de droit naturel les choses qui n’ont point de maîtres, appartenant au premier occupant, les bêtes sauvages, les oiseaux & les poissons, sont à celui qui les prend le premier. Dans le Droit François, la chasse est un droit royal, & personne n’en peut jouir que par la permission du Roi. De Launay prétend même, dans son Traité du droit de la chasse, que c’est un droit divin, fondé sur ce que Daniel dit à Nabuchodonosor, c. II, v. 38, que Dieu a mis entre ses mains les animaux de la terre, les oiseaux du ciel, & les poissons de la mer, & l’a établi Seigneur de toutes choses. Il est assez difficile de décider de l’antiquité de ce droit. On rapporte sur cela des Ordonnances du Roi Jean, de Charles Duc de Normandie & Dauphin de Viennois, de Charles le Bel, un décret du Concile de Tours de l’an 813, la Constitution de Frédéric I, appelé à l’Empire l’an 1152. Mais tout cela, selon De Launay, ne prouve rien moins que ce que l’on prétend. Il n’est pas non plus de l’opinion de ceux qui regardent Charles VI, comme le premier Législateur de cette défense. Il prétend que dès nos premiers Rois, le fait de la chasse étoit au nombre des crimes capitaux, & le prouve par Grégoire de Tours, qui rapporte que Gontran fit lapider Chondo ou Chandou, pour avoir tué un bufle dans sa forêt.

Ce mot vient, en ce sens, de chacea, chasea, ou chacia, ou cassa, qu’on a dit dans la basse latinité au lieu de venatio. On dit aussi caciare & chaciare ; pour dire, chasser. Du Cange. On a dit aussi fuga & fugare ; pour dire, chasser.

La chasse du sanglier se fait à force, aux accours, aux chiens courans, lévriers, & avec des limiers & abboyeurs, en routillant avec des amorces, des arquebuses & des toiles. Le vautrait est un équipage entretenu pour courre le sanglier.

La chasse au loup se fait par le trictrac ou battues, quand on assemble plusieurs Paysans qui font du bruit pour effaroucher le gibier, & le faire passer devant des Arquebusiers qui le tirent. On la fait aussi avec des pièges & des amorces.

Les chasses meurtrières, sont les chasses qu’on fait en Allemagne & en Italie, où l’on abat grande quantité de gibier, qu’on ne force point à la course, mais qu’on enferme dans des toiles ou filets, & qu’on tue avec des épieux ou des arquebuses.

La chasse aux lapins le fait avec des bassets & des furets, qui les font sortir de leurs terriers, où l’on tend quelquefois des bourses, panneaux & alliers. On chasse aussi de même les bêtes puantes, les renards, chats-harets, fouines, putois, bléreaux, & les porc-épics.

La chasse qui se fait de nuit au feu s’appelle fouée, ou à la foie, quand la nuit en hiver on va avec un feu de paille battre les haies, tandis que de l’autre côté il y a des hommes qui avec des ravaux abattent tout le gibier qui le lève. On appelle aussi la chasse du rabat, celle où l’on va la nuit avec des filets pour rabattre sur le gibier, qu’on pousse dedans par le moyen des chiens secret.

On fait aussi des chasses aux chiens couchans, braques, épagneuls, bassets & barbets, ou avec des traîneaux, alliers, panneaux, rets saillans, bricoles, tentes, éraingues, colets, piéges, amorces, broyons, &c. On en fait aussi à l’affût, qui sont en usage chez les roturiers, qui y vont clandestinement ; elles sont défendues par l’Ordonnance.

On appelle équipage de chasse, des chiens, des chevaux, des Piqueurs, & tout ce qui sert à la chasse. Venatoria suppellex. L’Ordonnance des Chasses veut que l’on condamne au fouet tous tendeurs de lacs, tirasses, tonnelles, traîneaux, bricoles, pans de rets, colliers ou alliers, &c. On fait des chasses générales au loups, aux renards & autres bêtes nuisibles. On dit aussi, en termes de chasse, des bottes de chasse, de demi-chasse, c’est-à-dire, de grosses bottes.

La Chasse & l’Agriculture sont appelés des exercices serviles chez Salluste. Le Concile de Tours défend aux Ecclésiastiques d’aller à la chasse, aussi-bien qu’au Bal & à la Comédie. Fouillons, Salnove, Selincourt, ont écrit de la chasse, ou vénerie. On donne à Pollux la gloire d’être le premier qui a dressé des chiens à la chasse ; & à Castor, d’être le premier qui a dressé des chevaux pour courre le cerf.

Chasse, se dit aussi de la troupe des Chasseurs. Venatores. La chasse est à une lieue d’ici. Ce cerf a mené la chasse bien loin.

Chasse, se dit aussi du gibier qu’on a pris ou tué. Præda venatica. Il lui a envoyé un présent de sa chasse. Voulez-vous venir manger de ma chasse ?

Chasse, signifie aussi, le lieu où est le gibier, où l’on chasse. Regio, tractus, solum prædæ venaticæ ferax. Cette terre est dans un beau pays de chasse. Un Capitaine des Chasses a une certaine étendue de pays dans sa Capitainerie.

Chasse, (Garde de) est un Garde qui court les plaines & les bois pour conserver le gibier qui est dans le pays. Silvarum custos & agrorum.

On appelle huitres de chasse, les huitres qui viennent sur des chevaux de chasse-marée en plus grande diligence que celles qui viennent par batteau, & qui sont par conséquent plus fraîches. Ostrea celeriter terrestri itinere vecta.

En termes de Chimie, on appelle feu de chasse, un feu violent, quand on a ouvert tous les régistres d’un fourneau. Ignis ardentior.

Chasse, terme de Méchanique, se dit en général d’un espace libre qu’il faut accorder à la machine entière, ou à quelqu’une de ses parties, pour en augmenter ou faciliter l’action. Par exemple, une scie pour scier du marbre ou de la pierre, doit avoir depuis un pié jusqu’à 18 pouces de chasse ; c’est-à-dire, plus de longueur au-delà du bloc qui est à scier.

On dit d’une chaise de poste, d’un carosse, & de plusieurs autres machines, qu’elles ont plus ou moins de chasse, pour dire, qu’elles ont plus ou moins de disposition à se porter en avant. Acad. Fr.

Chasse, en termes de Musique, se dit de certains airs, de certaines fanfares de cors & d’instrumens qui réveillent l’idée des tons, que ces instrumens donnent à la chasse.

Chasse, est aussi une espèce de niveau dont se servent les Maçons, qui consiste en une planche percée par le bas, pour recevoir un plomb au bout d’une corde attachée en haut, qui est conduit par une ligne tracée dans le milieu. Libella.

Chasse carrée, Chasse ronde, & demi-ronde, sont des outils d’Artisans, & sur-tout de ceux qui travaillent en fer, qui servent à percer & à enlever les pièces en carré, rond ou demi-rond. Ce sont des marteaux ou poinçons de fer fort acérés.

Chasse. Terme d’Artificier. On appelle ainsi toute charge de poudre grénée, ou grossièrement écrasée, qu’on met au fond d’un cartouche, pour chasser & faire partir les artifices dont il est rempli, en leur communiquant le feu en même temps.

Chasse-volante. Terme en usage en bien des endroits, où l’on appelle chasse-volante, la poursuite prétendue que les démons font des ames après leur mort, ou plutôt après leur séparation du corps qu’elles animoient. La chasse-volante est un conte de vieille. Le peuple, & sur-tout les paysans, croient en quelques endroits que les démons poursuivent les ames après la mort, & qu’ils aboient après elles, comme des chiens qui courent un bête. C’est ce qu’ils nomment chasse-volante.

Chasse. Les Raffineurs de sucre se servent d’une chasse pour cercler leurs formes neuves, ou pour capper leurs formes cassées ; elle n’est guère différente du chassoir des Tonneliers.

Chasse, en termes de Joueurs de Paume, ☞ est le lieu où la balle finit son premier bond au-delà duquel il faut que l’autre Joueur pousse la balle pour gagner le coup : ce qui se fait tant à la longue qu’à la courte paume. Il y a des Marqueurs pour marquer les chasses. Chasse au pié de la muraille, ou simplement chasse au pié. Gagner une chasse.

On dit proverbialement, marquez cette chasse ; pour dire, souvenez vous bien de ce que vous venez de faire, vous vous en repartirez en temps & lieu. On appelle chasse-morte, un coup perdu, une action qui n’a aucune suite, dont on ne se ressentira point. Irritus conatus.

Chasse-avant, s. m. C’est un homme proposé dans les grands atteliers pour veiller sur les manœuvres, hotteurs, & autres gens de Journées, & presser le travail. Exactor operarum.

Chasse-bosse. s. m. Plante. Voyez Corneille ou Lysimachie. C’est la même chose.

Chasse-coquin, ou Chasse-chien. s. m. est un Suisse ou Bedeau qui a soin de chasser les mendians des Eglises, & les chiens. Abactor petulantium mendicorum.

Chasse-cousin. On appelle ainsi le méchant vin, qui fait que les cousins, parens & amis ne fréquentent pas une maison, de peur d’y faire un mauvais repas. Deterius vinum appositum hospitibus ad eosdem abigendos. Il est du style populaire.

On appelle aussi chasse-cousin, chez les Maîtres d’armes, un fleuret ferme & qui n’obéït pas, propre à bourrer de certaines gens qui viennent faire assaut. Il est du style bas aussi-bien que le précédent.

Chasse-ennui. Ce qui ôte le chagrin, l’inquiétude de l’esprit. Le vin est un bon chasse-ennui. Il est bas.

Chasse-fleurée. s. f. Planche carrée, percée dans le milieu, servant aux Teinturiers à écarter de dessus la cuve l’écume ou fleurée, qui gâteroit les étoffes si elle s’y attachoit.

Chasse-mare. s. f. Vieux mot, qui veut dire Sorcière. Saga.

Chasse-marée. s. m. est un Marchand ou Voiturier qui apporte en diligence le poisson de mer dans les villes. Qui marinas piscos aliquò celeriùs vehit.

Chasse de Meunier. Voyez Chasseranderie.

Chasse-mulet. Valet de Meunier des environs de Paris, qui rapporte sur ses mulets les sacs de farine aux Boulangers, & porte le blé des Boulangers sur ses mulets au moulin. Mulorum ductor & abactor.

Chasse-partie. s. f. Terme d’Aventurier. C’est un accord par lequel les Aventuriers règlent entr’eux ce qui doit revenir à chacun d’eux pour sa part, lorsqu’ils ont fait quelque entreprise. Pactum conventum inter Piratas de partienda inter se prædâ.

Chasse-poignée. s. m. Outil de Fourbisseur, ainsi nommé, parce qu’il sert à chasser & pousser la poignée d’une épée sur la soie de la lame, jusqu’à ce qu’elle soit bien jointe avec le corps de la garde.

Chasse-pointe. Morceau d’acier très-pointu, dont se servent plusieurs Ouvriers pour chasser les pointes ou goupilles sur lesquelles il n’y a pas de prise.

Chasse-pommeau, qu’on nomme aussi boule. Outil de Fourbisseur qui sert à pousser le pommeau de l’épée sur la soie de la lame, pour le joindre à la poignée.

Chasse-rage. s. f. Plante. Voyez Passe-rage, c’est la même chose. En latin, lepidium, ou iberis.

CHASSÉ. adj. & s. m. Terme de danse. C’est le nom d’un pas. Il y a plusieurs chassés différens les uns des autres. Ce pas est ordinairement précédé d’un coupé ou autre pas, qui conduira la deuxième position, en ce que ce pas se prend de cette position, & se fait en allant de côté, soit à droit, soit à gauche. Par exemple, si vous allez du côté gauche, il faut plier sur les deux jambes, & vous rélever en sautant à demi, c’est-à-dite, raze-terre ; & en prenant ce mouvement sur les deux piés, la jambe droite se rapproche de la gauche pour retomber à sa place, par conséquent la chasse, en l’obligeant de se porter plus loin à la deuxième position : ce qui se doit faire très-vîte, parce que vous retombez sur le droit premier, & la jambe gauche se pose vite sur la deuxième position ; ce qui fait paroître que l’on retombe sur les deux piés. Et comme l’on en fait ordinairement deux de suite, au premier saut vous retombez, pliez, & du même temps sautez une seconde fois, en portant le corps sur le droit ou sur le gauche, selon que le pas qui suit le demande. Mais lorsque vous en avez fait plusieurs de suite, comme à l’allemande, vous faites vos sauts de suite, sans vous relever sur un seul pié, & sans vous relever comme il se pratique quand il n’y en a que deux. Ce pas est coulant, parce qu’en sautant vous gagnez le terrain pour faire la figure que la danse demande. Il est gai ; car lorsqu’il y en a plusieurs de suite, il semble que l’on soit toujours en l’air, néanmoins sans sauter qu’à demi. Il se fait de même en arrière, en ménageant seulement les positions. Il y en a un différent des autres, en ce qu’il a deux pas dans sa construction : le premier est un jeté, & le second un marché. Rameau.

CHASSELAS. s. m. Sorte de raisin bon à manger. Rarement on l’emploie à faire du vin. Il faut écrire Chasselas, c’est l’usage. Je fais grand cas du chasselas en ce pays-ci, par la beauté de la grappe & du grain, par la douceur de l’eau fort sucrée, & surtout par la facilité du rapport & de la maturité. Il en est de rouge & de noir, que je n’aime pas tant que le blanc. Id.

CHASSELAY. Petite ville de France dans le Lionnois, près du bord occidental de la Saône.

☞ CHASSELET. Petite ville des Pays-Bas, sur la Sambre, à une lieue au dessous de Charleroi.

CHASSENEUIL. Bourg de France dans l’Angoumois, sur le chemin de Limoges à Angoulême.

CHASSER. v. a. Eloigner, pousser quelque chose avec violence, l’obliger à se retirer, lui donner la chasse. On le dit dans le sens propre & dans le figuré. Pellere, depellere, abigere, exigere, ejicere, fugare. Ce Général a chassé les ennemis du Royaume. Pourquoi êtes-vous si prompt à sortir, quand le dépit vous en chasse ? & si lent à revenir quand l’amour vous y rappelle ? très-souvent la raison ne vient au secours d’un Amant, que lorsque quelque grand dépit a presque chassé l’amour de son cœur. Me Scuderi. L’homme doit être dégoûté & chassé de la vie par les douleurs & par les afflictions. Abad.

Rois, chassez la calomnie,
Ses criminels attentats,
Des plus paisibles Etats
Trouble l’heureuse harmonie. Racine.

On dit aussi, la nuit vous chasse, vous oblige à partir ; & par civilité, je vous chasse ; pour dire, je vous conseille de vous en aller. On dit qu’un homme a été chassé de la Cour ; pour dire, qu’il a été exilé. On dit encore, chasser le mauvais air, quand on renouvelle l’air d’une maison. On dit au Manège, chasser un cheval en avant, pour dire, le porter ou le faire aller en avant.

☞ On dit chasser un valet ; pour dire, congédier, renvoyer un domestique dont on est mécontent.

Chasser, signifie quelquefois simplement mener, faire marcher devant soi. Chasser un troupeau de moutons. Chasser les vaches aux champs. Abigare.

Chasser, signifie aussi pousser quelque chose en avant. Propellere. Ce joueur de paume chasse la balle avec bien de la roideur. La charge de ce fusil n’est pas assez forte pour chasser la balle bien loin. Le vent chasse les nuages. Discutit, dissipat.

Chasser, signifie encore, pousser, frapper avec violence sur une chose pour la faire entrer dans une autre. Trudere, pulsare fortiter. Les Menuisiers chassent à force une cheville dans un trou. Les Tonneliers chassent à force les cerceaux pour bien serrer les douves d’un tonneau.

Chasser, signifie aussi, poursuivre ☞ avec des chiens certaines bêtes, le lièvre, le renard &c. Insequi canibus. Chasser le cerf, le sanglier. Aprum venari.

Chasser, pris absolument, signifie, poursuivre toute sorte de gibier. Venari. On chasse au fusil, avec des chiens couchans, avec des chiens courans. On chasse à grand bruit, à cor & à cri. On chasse à l’oiseau, avec l’oiseau. On chasse dans la plaine, dans les forêts, sur ses terres, sur les terres d’un autre : ce qui au figuré signifie, entreprendre sur la juridiction, sur les droits de quelqu’un,

☞ On dit aussi neutralement, chasser à la perdrix, aux bécasses, au sanglier, &c.

On dit en termes de chasse, ce chien chasse de haut vent, pour dire, chasse contre le vent. Acad. Franc.

Chasser de gueule. C’est laisser crier & aboyer un limier lorsqu’on le laisse courre ; car le matin il doit être secret & ne dire mot, pour ne pas donner de l’effroi, & lancer la bête.

Ménage dérive ce mot de l’italien cacciare, & de caccia, qui a été fait de captare, dont les Latins se sont servis en la même signification.

Chasser, se dit aussi des Meuniers qui n’ont pas un moulin bannal, & qui vont chercher çà & là leur mounées.

On dit en Imprimerie, que le Parangon chasse plus que le S. Augustin ; pour dire, que ce caractère occupe plus de place que l’autre ; ☞ c’est-à-dire que les mêmes mots rangés de la même manière, occupent plus d’espace étant imprimés de ce caractère, que s’ils l’étoient de l’autre. En ce sens, il est neutre. Amplius spatium occupat.

Chasser, en termes de Marine, signifie aussi, poursuivre ou donner la chasse à des vaisseaux ennemis. Fugare, in fugam conjicere, vertere. Nos vaisseaux chasserent deux jours sur ces Corsaires, les poursuivirent jusques dans leurs ports. Chasser un vaisseau, c’est le poursuivre : chasser sur un vaisseau, c’est courir sur lui pour le joindre.

On dit qu’un vaisseau chasse sur son ancre, lorsque le fond est de mauvaise tenue, & que le vent & les matées entraînent le vaisseau, ou le font arer, parce que l’ancre n’a pas mordu assez avant, & qu’elle laboure le sable. Nivis jactâ nequiequam anchorâ vi temestatis abripitur. Quelques-uns disent chasser au sud, chasser à l’est, pour courir au sud, &c. Ici il est encore neutre.

Chasser, se dit proverbialement en ces phrases, on dit qu’un clou chasse l’autre ; pour dire, qu’une nouvelle passion en chasse une autre, qu’un grand mal en fait oublier un petit. On dit aussi qu’un bon chien chasse de race ; pour dire, qu’on tient toujours quelque chose de la naissance, & qu’elle vaut mieux que l’éducation. On dit aussi qu’un garçon, qu’une fille chassent de race, quand ils ont les mêmes inclinations que leur pere ou leur mere. On dit qu’un homme chasse bien au plat ; pour dire, qu’il a bon appétit, qu’il aime à manger le gibier que les autres tuent. On dit aussi, que la faim chasse le loup hors du bois ; pour dire, que la nécessité oblige les gens à travailler.

Chassé, ée. part. pass.

CHASSERANDERIE. s. f. Terme de Coutume. C’est le droit que les Meuniers payent en certains pays à un Seigneur qui a droit de moulin banal, pour avoir permission de chasser dans l’étendue de sa terre ; ☞ c’est-à-dire, d’y venir chercher du blé pour le moudre. Le droit de banalité emportoit le droit d’empêcher les Meuniers de venir chercher ou quêter le blé sur les terres du Seigneur. Le Seigneur leur accordoit cette permission moyennant une certaine somme, qu’on appeloit chasseranderie. On avoit mal entendu ce mot, en l’appliquant à la permission de chasser le gibier.

☞ CHASSERESSE. s. f. Venatrix. Ce terme se dit rarement, & ne se dit qu’en Poësie en parlant des divinités de la chasse. Diane Chasseresse. Les Nymphes Chasseresses.

☞ CHASSEUR. s. m. CHASSEUSE. s. f. Venator, venatrix. Celui ou celle qui aime la chasse, ou qui chasse actuellement. C’est un grand chasseur, une grande chasseuse. S. Hubert est le patron des Chasseurs. J’ai trouvé des chasseurs & des chasseuses dans la plaine. Ces Dames étoient habillées en chasseuses. Un homme de campagne qui ne sera que chasseur, a pour l’ordinaire un air grossier & rustique, & saura mieux prendre des cerfs que gagner des cœurs.

☞ On appelle aussi chasseur, un domestique dans une campagne occupé à chasser pour son maître.

Quel bruit ! la forêt embrasée
S’offre à mes regards alarmés ;
D’une canne d’acier creusée
Cent nouveaux Chasseurs sont armés.
Du souffre bruyant qu’elle cache,
Au gré du doigt, le feu détache
Un plomb qui part avec l’éclair.
On diroit que l’art téméraire
A fait l’homme dépositaire
De la foudre de Jupiter. De S. Gilles.

Un prodige encore se déploie :
Je vois sur la main du Chasseur
Le faucon avide de proie,
L’épervier, l’autour ravisseur.
Un prompt effort aux cieux les guide,
Ils tombent tels qu’un trait rapide :
Malheur à qui volent sous eux.
Quel est cette amitié fidele !
L’adroit Chasseur qui les rapelle,
Partage la proie avec eux. Id.

On dit proverbialement d’un homme qui a grand appétit, qu’il est affamé comme un chasseur.

☞ CHASSIE, s. f. Humeur visqueuse qui se filtre des glandes ciliaires, & qui venant à s’épaissir colle les bords des paupières l’un contre l’autre. Gramia, lema, lippitudo. Pour y remédier, il faut bassiner les paupières avec des eaux convenables. Si le mal vient de l’épaississement ou de l’âcreté de la lymphe, il tant en corriger le vice.

☞ CHASSIEUX, EUSE. Qui a la chassie. Lippus. Les vieillards sont ordinairement chassieux. Cette femme est chassieuse. On devient chassieux. Lippitur. Cette épithète s’applique aussi aux yeux. Des yeux chassieux. La petite vérole lui a rendu les yeux chassieux.

CHASSIPOLERIE. s. f. Terme de Coutumes. Droit que les sujets payent à un Seigneur pour avoir la liberté de se retirer dans son château avec leurs effets en temps de guerre. Jus Asyli, tributum pro azylo. Chassipol en Bresse, où ce droit a lieu, signifie concierge.

☞ CHASSIS. s. m. C’est en général un assemblage de quelque matière que ce soit, qui sert à environner, enchâsser ou contenir quelque chose.

Chassis de croisée. C’est la partie mobile de la croisée qui porte le verre ; ouvrage de menuiserie divisé en plusieurs carreaux qu’on garnit de verre, ou de papier, pour empêcher que le vent n’entre par les fenêtres de quelque appartement. Cancelli vitro instructi, vel chartâ obducti. Cette chambre a double chassis : ou un contre chassis, l’un de verre, l’autre de papier. Chassis à carreaux, celui qui est partagé de croisillons de petits bois, & garni de grands carreaux de verre. Chassis à coulisse, celui dont la moitié se double en la haussant sur l’autre. Chassis à pointe de diamant, est celui dont les petits bois se croisent à onglet. Chassis à fiches, est celui qui s’ouvre comme les volets. Chassis dormant, est celui qui ne s’ouvre point. Chassis dormant est aussi, en termes de menuiserie, le bâti dans lequel est ferrée à demeure la fermeture mobile d’une baie, & qui est retenu avec des pattes dans la feuillure.

Chassis de jardin, est un bâti de bois de chêne peint à l’huile, & garni de panneaux de verre, pour servir dans les jardins en disposant deux ou plusieurs de ces chassis en manière de comble à deux égouts, qu’on bouche par les extrémités d’un panneau triangulaire sur les couches, les plates-bandes de fleurs, & les pépinières, pour garantir les plantes du froid, & faire avancer les fleurs & les fruits, en les échauffant par un feu modéré qu’on fait dessous durant l’hiver. Voyez la Quintinie & Liger, au mot Chassis.

Chassis d’osier, est une clisse, une clôture d’osier que l’on met devant les fenêtres. On fait aussi à la campagne des chassis de toile. On fait encore des chassis à claires voies d’osier, de fil de fer, pour conserver les vitres.

Ce mot a été fait de capsilium, diminutif de capsum, qu’on a dit pour capsa. Ménage.

Chassis, se dit aussi d’un ouvrage de Menuiserie, qui enferme, qui enchâsse, qui entoure, qui supporte quelque chose. Lignearum regularum compages. Ainsi on dit, le chassis d’une porte, d’une fenêtre. Mettre une table sur son chassis. Le chassis d’une table est ce qui soutient le dessus. Chassis de fer, est le pourtour dormant qui reçoit le battement d’une porte de fer. C’est aussi ce qui en retient les barres, & traverses des vanteaux.

Chassis, se dit encore d’un métier sur lequel on étend de la toile ou de l’étoffe pour broder, ou des réseaux pour y faire des dentelles, ou autres ouvrages, ou des matelas pour les piquer. &c.

Chassis de pierre, est une dale de pierre qui en reçoit une autre en feuillure. Lapis incisus in medio, & insertum sibi lapidem alterum excipicens. Elle sert aux aqueducs, aux regards, & aux cloaques pour y travailler, aux fosses d’aisances pour les vider.

Chassis, se dit encore en termes de Peinture ou de Perspective, d’un carré composé de quatre règles de bois, assemblées, dont le vide est divisé par plusieurs filets & petits carreaux : ce qui sert à réduire les figures du petit au grand, & du grand au petit. Lignearum regularum compages cujus vacuum in medio spatium partita in quadrum fila occupant. On appelle aussi chassis, le bois sur lequel est tendue la toile où l’on applique la peinture.

Chassis, en termes d’Imprimerie, est un grand carré composé de quatre bandes de fer, dans le vide duquel on enferme les formes de plomb, ou caractères arrangés, qu’on serre de tous les côtés avec des coins. Ferrearum regularum compages. Le chassis se dit proprement, quand il y a une barre dans le milieu ; car lorsqu’il n’y en a point, on l’appelle rainette.

Chassis de la galerie. Ce sont des poutres ou solivaux, ou pour mieux dire, des montans de six pieds de haut. Les Anciens s’en servoient dans les terres pour les soutenir. Ces montans ainsi posés, s’appuient chacun sur la femelle, c’est-à-dire, sur un morceau de bois couché à plat, de peur que la pesanteur des terres ne les fasse enfoncer.

Chassis d’une maison, signifie la même chose que carcasse de charpente.

Chassis à l’Opera, synonyme à coulisse.

Chassis. On se sert souvent en Botanique de ce terme, pour exprimer la partie de certains fruits qui ressemble assez à un chassis, & dont le vide est rempli par une membrane ou peau délicate. Dict. de James.

Chassis de Monnoyeur. C’est le moule où les Fondeurs employés dans les Hôtels des Monnoies coulent les lames d’or, d’argent, de cuivre, qui doivent servir à faire les flancs. Il est tout semblable à celui des Fondeurs en sable, & il se prépare de même.

Chassis de laiton, de fil d’archal, composé de petits filets de laiton travaillés par mailles, & cloués sur un chassis de bois.

Chassis de paravant. C’est le bois d’un paravant.

Chassis, Papier coupé de certaine manière, dont on se sert pour écrire en chiffre. Dépêche écrite avec un chassis.

CHASSOIR. s. m. Instrument qui sert dans les sucreries. Voyez Chasse.

CHASSOIR. Terme de Tonnelier. C’est un morceau de bois qu’on frappe avec le maillet, pour chasser le cerceau quand on lie des futailles. Cuneus ligneus.

CHASSOIRE. s. f. Terme d’Autourserie. Baguette que portent les Autoursiers. Virgula.

CHASTAIGNE. Voyez CHÂTAIGNE.
CHASTAIGNERAIE. CHÂTAIGNERAIE.
CHASTAIGNIER. CHÂTAIGNIER.
CHASTAIN. CHÂTAIN.

CHASTE. adj. m. & f. Prononcez 1’s. ☞ Qui sait modérer les désirs déréglés de la chair, qui sait s’abstenir des plaisirs de la chair, ou qui n’en use que suivant la loi. Dieu a pris chair humaine dans les chastes entrailles de la sainte Vierge. On peut être chaste dans le mariage. J’ai toujours été aussi chaste qu’une Demoiselle que vous savez. Voit. On a dit de Lucrèce, que son corps avoit reçu l’injure, tandis que son ame étoit demeurée chaste. Le Mait. C’est peu pour Pompée que son épouse soit demeurée chaste, si elle a seulement pu concevoir la pensée de ne l’être plus. Vill.

Isidore, L. X. Orig. dit que ce nom vient à castratione, sive reali, sive mentali.

On le dit aussi ☞ de tout ce qui est pur, éloigné de tout ce qui blesse la pudeur. Purus, pudicus. Un style chaste. On a loué Virgile de ce qu’il étoit un Poëte chaste. La langue françoise est si chaste, qu’elle rejette non-seulement toutes les expressions qui blessent la pudeur, & qui salissent tant soit peu l’imagination, mais encore celles qui peuvent être mal interprétées. Sa sévérité va jusqu’au scrupule, comme celle des personnes qui ont la conscience tendre, & auxquelles l’ombre même du mal fait horreur. Bouh. La chaste éloquence ne met point de fard sur son visage pour paroître agréable. S. Evr. On le dit encore pour marquer la pureté grammaticale, & il se joint d’ordinaire avec un autre mot qui l’explique, & qui le détermine : comme, on ne peut pas voir une diction plus chaste, ni plus correcte. Bouh.

CHASTEMENT. adv. D’une manière chaste. Castè, purè, pudicè. Les Prêtres & les Religieux sont obligés de vivre chastement, & de s’abstenir de tout commerce de femmes.

L’amour le moins honnête, exprimé chastement,
N’excite point en nous de honteux mouvement. Boil.

CHASTEAU. Voyez CHÂTEAU

CHASTEL. Voyez CHÂTEL

CHASTELAIN. Voyez CHÂTELAIN

CHASTELÉ. Voyez CHÂTELÉ

CHASTELLENIE. Voyez CHÂTELLENIE

CHASTELET. Voyez CHÂTELET

CHASTELLERAUD. Voyez CHÂTELLERAUD

☞ CHASTETÉ. s. f. Castitas. Dont les Romains firent une Déesse, & qu’ils représentèrent en habits d’une Dame Romaine, tenant un sceptre en main, & ayant à ses piés deux colombes blanches.

Chasteté. s. f. Vertu chrétienne & morale, par laquelle on s’abstient des plaisirs illicites de la chair, & on use modérément des légitimes ; ou simplement, qui nous éloigne de l’amour des choses déshonnêtes. Castimonia, castitas. La chasteté se peut garder dans le mariage. Si les hommes n’avoient pas attaché l’honneur & la gloire des femmes à la chasteté, elles porteroient peut-être la licence plus loin qu’eux. Bayl. Ce n’est pas toujours par chasteté que les femmes sont chastes. Roch. On peut douter de la chasteté d’une femme qui n’a pas été attaquée. S. Evr. Anciennement à la Chine, on poussoit si loin les loix de la chasteté, que les femmes ne passoient jamais à de secondes noces. Le P. Couplet. La chasteté est la gloire & le partage des femmes. Le Mait. Si les hommes se sont dispensés du soin exact & scrupuleux de leur chasteté, c’est qu’ils ont cru que l’éminence de leur sexe consiste en la liberté de faillir. Id. Un honnête homme ne se rebute jamais d’un refus de chasteté, & non de choix. Mont. ☞ La chasteté doit être une vertu délicieuse pour une belle femme qui a quelqu’élévation dans l’ame. Tandis qu’elle voit toute la terre à ses piés, elle triomphe de tout, & d’elle-même. Elle s’élève dans son propre cœur un trône auquel tout vient rendre hommage. Les sentimens tendres ou jaloux, mais toujours respectueux, des deux sexes, l’estime universelle, & la sienne propre, lui payent sans cesse, en tribut de gloire, les combats de quelques instans. Les privations sont passagères, mais le prix en est permanent. Quelle jouissance pour une ame noble, que l’orgueil de la vertu joint à la beauté ! Réalisez une Héroïne de Romans, elle goûtera des voluptés plus exquises que les Laïs & les Cléopatres ; & quand sa beauté ne sera plus, sa gloire & ses plaisirs resteront encore ; elle seule saura jouir du passé. Rouss. La chasteté se prend quelquefois pour une entière abstinence des plaisirs de la chair. Les Prêtres sont obligés à la chasteté. Les Religieux & les Religieuses font vœu de chasteté & de continence perpétuelle.

☞ La chasteté est de tous les temps, de tous les âges, de tous les états. La continence est du célibat.

☞ La chasteté des vierges consiste à vivre dans une perpétuelle continence, sans avoir jamais été marié. Celle des veuves, à garder la continence pendant le temps de leur veuvage. Celle des personnes mariées, à vivre saintement dans le mariage, & à n’en user que selon Dieu, sans se laisser dominer par la cupidité.

CHASTIER. Voyez CHÂTIER.
CHASTILLON. CHÂTILLON.
CHASTILLONET. CHÂTILLONET.
CHASTIMENT. CHÂTIMENT.

CHASTOIS. s. m. Pœna. Vieux mot qu’on trouve dans quelques Coutumes & Ordonnances : il veut dire punition, châtiment, supplice. Chastois corporel, c’est ce que nous appelons punition corporelle, du mot châtier.

CHASTRE. (la) Voyez CHÂTRE.
CHASTRÉ. CHÂTRÉ.
CHASTRER. CHÂTRER.
CHASTREUR. CHÂTREUR.

CHASUBLE. s. f. Ornement d’Eglise, que le Prêtre met par-dessus son aube, quand il va dire la Messe. Casula. Les chasubles des Anciens étoient toutes rondes, & se retroussoient sur l’épaule ; au lieu que maintenant elles sont fendues par les côtés. Un Concile tenu en Germanie par S. Boniface, l’an 742, ordonne que les Prêtres & les Diacres ne porteront point des manteaux semblables à ceux des Laïques, mais des chasubles ; d’où quelques-uns concluent que c’étoit donc encore au septième siècle l’habit ordinaire des Ecclésiastiques. Les premières chasubles étoient rondes, & fermées de tous côtés, excepté à l’endroit par où l’on passoit la tête pour les vêtir ; ainsi elles enfermoient les bras comme tout le reste du corps : & pour agir des bras, on relevoit la chasuble des deux côtés ; ce que l’on faisoit au temps du sacrifice. C’est la forme qu’elles ont sur tous les anciens monumens. Tous les Papes des douze premiers siècles sont vêtus de ces sortes de chasubles. Honorius IV est le premier que l’on voie orné d’une chape. voyez les Bollandistes, à la fin du Tom. VII des Acta SS. Maii, pp. 96, 97.

Les Orientaux, lorsqu’ils célèbrent la Messe dans nos Eglises, se servent plutôt de chapes, que de chasubles. Et en effet, on disoit autrefois la Messe avec des chapes ; mais comme on les trouva embarrassantes, on les coupa par le bas, & on les fendit par les côtés ; ce qui est beaucoup plus commode. A l’égard des chapes, elles viennent originairement des manteaux ou des robes qu’on portoit, car dans les commencemens les Prêtres ne se servoient ni de chapes ni de chasubles. Walafride Strabon a eu raison de dire, que dans la primitive Eglise, on disoit la Messe en habit ordinaire. Il est surprenant que le Cardinal Bona se soit si fort emporté contre Nicolas Alémanius, qui a prétendu que les Apôtres n’ont point eu l’usage des habits sacrés. Les premiers Chrétiens célébroient les Mystères avec les mêmes habits qu’ils avoient accoutumé de porter. Il n’y avoit en ce temps-là aucune différence entre les vêtemens de cérémonie, & ceux donc on se servoit d’ordinaire, si ce n’est qu’on gardoit les plus propres pour la célébration des Mystères. Consultez la Préface qui est à la tête des Cérémonies & Coutumes des Juifs, imprimées à Paris en 1681. Lindanus, Liv. XLVII, de sa Panoplie, ch. 56, parlant des chasubles dont on se sert présentement dans l’Eglise, dit qu’elles différent entièrement des anciennes, qui couvroient tout le corps, étant de véritables robes. Voyez Grimault, dans sa Liturgie sacrée.

Ce mot a été fait de capsa ou capsula, qui est dans le Cérémonial. Mén. D’autres le dérivent de capitulum ou capitis fibulum, & prétendent qu’on disoit autrefois chassuble, & qu’on s’en affubloit la tête. Rabanus, Ugurio, Isidore & Joannes de Janua, quia instar parvæ casæ totum hominem tegebat. On trouve Casubula dans la basse latinité. Voyez Acta SS. Januar, tom. II, pag. 650.

CHASUBLIER. s. m. Marchand qui fait & vend des chasubles & les autres ornemens d’église. Casularum opifex.

CHAT. s. m. Petit animal domestique, ☞ qui prend les rats & les souris, & dont la femelle s’appelle chatte. Feles mascula, mas : feles. Chat privé, chat domestique, chat sauvage, chat d’Espagne. Le chat a les partes, les dents, les yeux & la langue semblables au lion. Ces animaux ont tant de conformité ensemble, que les Turcs sont persuadés qu’il y a quelque fondement à ce que dit l’Alcoran ; que le chat naquit dans l’arche, de l’éternuement du lion. Par les loix d’Arragon, on punissoit les larrons, en les fouettant avec un chat attaché au cou. Ambroise Paré soutient que le chat est un animal venimeux, qui infecte par son poil, par son haleine & par sa cervelle. Son poil est dangereux, comme on voit par l’exemple de ce Romain qui mourut pour en avoir avalé un dans du lait. Son haleine infecte d’un poison tabifique qui donne la phthysie, dont Matthiole rapporte plusieurs exemples ; si on mange de la cervelle de chat, elle cause une grande douleur de tête, & rend quelquefois insensé, ou cause de continuels vertiges. On dit même que l’Amiral Tromp fut empoisonné avec de la cervelle de chat. Il ajoûte que leur souffle & leur regard sont notoirement contagieux ; & il dit avoir vu des gens qui, pour avoir toujours couché avec un chat, sont devenus phthysiques & élancés, & enfin en sont morts.

☞ Quand même il y auroit beaucoup à rabattre de tout cela, n’en reste-t-il pas assez pour nous faire voir le danger qu’il y a à se laisser caresser & lécher le visage par les chats, qui, d’ailleurs, quelqu’apprivoisés qu’ils soient, conservent toujours quelque chose de la férocité naturelle à leur espèce.

Les chats étoient, entre toutes les bêtes à quatre piés, ceux dont les Egyptiens punissoient plus sévèrement la mort. C’étoit aussi l’animal pour la mort duquel ils s’affligeoient le plus. Cette vénération pour le chat étoit fondée sur l’opinion qu’ils avoient que Diane, pour éviter la fureur des Géants, s’étoit cachée sous la figure de cet animal. On représentoit le Dieu Chat, tantôt avec toute sa forme naturelle, & tantôt avec le corps d’un homme qui porte une tête de chat. Qui pourroit voir, sans rire, en quelques villes de Turquie, des maisons bâties pour les chats, & rentées pour leur nourriture, avec des intendans & des domestiques pour régler & pour servir ces nobles familles ? Du Loir, p. 192.

On estime fort en France les chats d’Espagne. Henri III Roi de France avoit tant d’aversion pour les chats, qu’il changeoit de couleur & tomboit en syncope, lorsqu’il en voyoit. Prade, Histoire de France. Molinetti, Médecin Vénitien, prétend que les chats & les chiens ne suent jamais, quelque fatigue qu’ils aient ; ce qu’il attribue à la conformation de leur cuticule, qui n’a point de pores. Le Tasse fut réduit à une si grande pauvreté, qu’il fut contraint de prier sa chatte, par un joli sonnet, de lui prêter la nuit la lumière de ses yeux, n’ayant pas de chandelle pour écrire ses vers. Les Alains, les Vandales & les Suèves portoient d’argent au chat de sable, symbole de liberté, dit Méthodius. Favyn, Hist. de Nav. Liv. I, p. 34.

Ce mot vient de catus, ou cattus, comme celui de chatte, de catta, qui se trouvent dans les anciennes Gloses. Il est dérivé du grec καττης, signifiant la même chose. Men. Καττoς, catus, un chat vient du celtique cat, ou caz. Pezron. Les Italiens disent gatto. Isidore veut qu’il vienne ex eo quòd cattet, id est, videat. D’autres l’appellent cattus à captura. Ugutio croit qu’on a dit catus quasi cautus, unde Deus Catius, qui cautos, acutos efficiebat, dit S. Augustin. On a appelé aussi le chat, murilegus, musio, musicula, & pilax, parce qu’il prend des souris. Du Cange.

En termes de Chasse, on appelle chats-harets, les chats sauvages, qui sont retirés dans les bois & garennes, & font un grand dégât de lapins. Feles silvestris.

Il y a une espèce de chats dans les Indes occidentales, qui ont une poche à leur côté, où ils mettent leurs petits, qu’ils portent toujours avec eux, sans que cela les empêche de courir & de sauter, & sans qu’on s’apperçoive qu’ils ayent autre chose que leur corps. Il y a des chats sauvages dans les Indes, qui volent par le moyen d’une membrane fort large, laquelle s’étend le long des côtés du pié de derrière au pié de devant. Elle est plissée & retroussée quand ils marchent, & se déplisse quand ils volent. On en a apporté des peaux en Europe. ☞ Ces peaux de chats volans étoient peut-être des peaux d’écureuils volans. M. Boile a écrit qu’en l’année 1684, à Londres, un gros rat s’étoit accouplé avec une chatte, qui fit des petits qui tenoient du chat & du rat, & qu’on en mit un au parc des animaux que le Roi d’Angleterre fait nourrir.

Le chat, en termes de Blason, se dit effarouché, lorsqu’il est rampant, feles efferata ; mais lorsqu’il lève le train de derrière plus haut que la tête, on l’appelle hérissonné. Arrecta.

On dit, en termes de Jardinage, couper les branches d’un arbre en dos de chat, pour dire, leur faire faire un coude, comme on fait en palissant, ou aux espaliers, lorsqu’on est contraint d’attacher ainsi une branche ; car en tout autre cas, c’est un défaut qu’il faut éviter. Cette branche aura meilleure grâce, étant courbée en dos de chat, que d’y voir ce vide. Liger.

Oh appelle, figurément, une personne friande, chat ou chatte ; expression populaire.

On appelle du sirop de pié de chat, celui qui est fait avec les feuilles & les fleurs d’une petite plante qui est nommée pié de chat. Gnaphalium montanum folio rotundiore, ou hispidula.

Chat, en termes d’Artillerie, est un morceau de fer portant une, deux ou trois griffes fort aiguës, disposées en triangle, montées sur une hampe de bois. Ce chat sert à gratter & visiter le dedans des pièces de canon, pour voir s’il ne s’y trouve point de chambre : c’est pourquoi les Fondeurs l’appellent aussi Diable. Uncus ferreus trifidus.

Chat, en termes de Marine, est un gros vaisseau du Nord, à cul rond, qui n’a pour l’ordinaire qu’un pont, qui porte des mâts de hune, sans avoir de hune, ni de bares de hune. Ce bâtiment, dans sa construction, a quelque chose de la Flûte & de la Pinasse.

Chat, dans le commerce de Lainages, est un nom que l’on donne à une sorte de draps dont la chaîne est pour l’ordinaire de laine de différentes couleurs, qui provient du reste des laines filées dont on s’est servi pour fabriquer les draps de couleur teints en laine.

Chat. On se sert aussi de ce mot, au pluriel, pour signifier certaines folles fleurs qui viennent à de certains arbres, comme aux noyers, aux coudriers, aux saules, &c. On les appelle aussi chatons. Voyez ce mot.

Chat, dans les Ardoisières, se dit de l’ardoise de mauvaise qualité, qui ne peut pas servir dans la couverture des bâtimens.

☞ Dans les Monnoies, on donne aussi ce nom à la matière qui coule, par accident, d’un creuset.

Chat se dit proverbialement en ces phrases. On dit d’un homme qui s’en va d’une maison sans dire adieu, qu’il a emporté le chat. On dit de celui qui prend garde soigneusement aux actions d’un autre, qu’il le guette comme le chat fait la souris. On dit aussi qu’un chat échaudé craint l’eau froide ; pour dire, que celui qui est échapé d’un péril, craint tout ce qui est de même nature. On dit aussi de ceux personnes ennemies, qu’elles s’aiment comme chiens & chats. On dit aussi, jeter le chat aux jambes à quelqu’un, pour dire, le rendre coupable d’une faute qu’un autre a faite. On dit qu’une fille a laissé aller le chat au fromage, pour dire, qu’elle a succombé à quelque tentation amoureuse. On dit qu’une personne s’est servi de la patte du chat pour tirer les marrons du feu, pour dire, qu’elle a fait faire à un autre ce qu’elle craignoit de faire elle-même. On dit de deux antagonistes qui savent bien attaquer & se défendre, à bon chat, bon rat. On dit encore d’un homme habile, & qui entend à demi-mot, qu’il entend bien le chat, sans qu’on dise minon. On dit d’un méchant payeur, & qui ne paye pas en argent comptant, qu’il a payé en chats & en rats. Ce proverbe est ancien, & seroit ridicule, au pié de la lettre, à ceux qui n’en sauroient pas l’origine. Je crois qu’il vient du mot de chas, qui signifioit autrefois une maison ; & on dit encore en Lyonnois & en Berry, qu’une maison consiste en trois chas, pour dire, en trois chambres ou en trois étages. Le mot de ras a signifié aussi un champ ou héritage uni, où il n’y a point de bâtiment : d’où vient qu’on dit encore rase campagne, rez-de-chaussée, rez-piés, rez-terre. Ainsi on a dit qu’un homme payoit en chats & en rats, lorsqu’au lieu d’argent comptant qui a un prix certain, il payoit ses créanciers en héritages bâtis & non bâtis, qu’il obligeoit de prendre au prix qu’il vouloit. On dit encore que la nuit tous chats sont gris, pour dire, qu’on ne distingue pas une belle femme d’une laide. On dit encore d’un homme qui a quelques égratignures au visage, qu’il s’est joué avec les chats. Regnier a dit aussi dans ses Satyres : Je devins aussi fier qu’un chat amadoué. On dit aussi, dès que les chats seront chauffés, pour dire, de bon matin. On dit d’un homme mal-propre, qu’il est propre comme une écuelle à chat. On dit encore : Il ne faut pas réveiller le chat qui dort, pour dire, qu’il faut laisser en repos ceux qui nous peuvent faire du mal. On dit acheter chat en poche, pour dire, acheter quelque chose dans la voir. On dit encore d’un homme qui parle franchement, & sans rien déguiser, qui nomme les choses par leur nom, qu’il appelle un chat, un chat.

J’appelle un chat un chat, & Rolet, un fripon. Boil.

On dit, il n’y a pas là de quoi fouetter un chat, pour dire, que l’affaire dont il s’agit n’est qu’une bagatelle. On dit aussi, bailler le chat par les pattes, pour dire, présenter une chose par l’endroit le plus difficile. On appelle musique de chats, une musique dont les voix sont aigres & discordantes.

On dit d’un homme qui coule avec rapidité sur un fait peu honorable : Il passe là-dessus comme chat sur braise. Il va du pié comme un chat maigre, pour dire, qu’on va légèrement. On ne sauroit retenir le chat, quand il a goûté à la crême, pour dire, qu’on a bien de la peine à corriger un homme qui est affriolé à quelque chose. Chat enganté ne prit jamais souris, pour dire, qu’afin de bien faire quelque chose, il faut éloigner tout embarras, avoir ses coudées franches, ne faire que ce que l’on veut. Il n’y a si petit chat qui n’égratigne, pour dire, que les plus ignorans se mêlent de contrôler, ou que le plus pacifique donne quelquefois son coup de dent. On ne prend pas des chats comme nous, sans mitaines. R. Caff. Com.

On appelle, selon Nicot, herbe au chats, ce que les Latons appellent nepeta ou calamintha.

Chat-brûle. s. m. Espèce de poirier, & de poire d’Octobre & de Novembre, qu’on nomme autrement Pucelle. Voyez Pucelle.

CHAT, POIRE-CHAT. Voyez Poire.

Chat-putois. Chat sauvage, ainsi nommé à cause de sa puanteur. Il a le poil brun. Il est grand ennemi de la volaille. Il se cache dans les galetas, greniers à foin, & autres endroits semblables. On le trouve aussi dans les bois : il rode tout le jour, & fait la guerre aux oiseaux. Ces animaux se mettent aussi en embuscade sur le bord des rivières, pour attraper le poisson & les grenouilles. Ils se prennent de la même manière que les fouines.

CHÂTAIGNE. s. f. Il y en a qui écrivent châteigne. Fruit d’un grand arbre qu’on appelle châtaignier, & qui est assez connu. Castanea. Ce fruit est renfermé dans trois enveloppes. L’extérieure est semblable à un hérisson, garnie de piquans. Celle du milieu est comme du cuir délié, brune & polie. La troisième est plus mince & ridée. Au-dessous on trouve la châtaigne, qui est blanche, assez dure, d’un gout agréable, & fort bonne à manger. On en fait de la bouillie en quelques endroits, & même du pain. Les châtaignes sont fort venteuses. Le menu peuple à Paris dit châtaignes boulues, pour châtaignes bouillies. On engraisse les pourceaux avec des châtaignes dans le Limousin. Les Montagnards vivent tout l’hiver de châtaignes qu’ils font sécher sur des clayes. Ce fruit est astringent, & sur-tout sa pelure du milieu.

Châtaigne de cheval, ou chevaline. Arbre qui nous a été apporté de Constantinople & de l’Île de Candie, à qui ceux du pays ont donné ce nom, parce que son fruit est semblables à nos châtaignes, & bon à guérir les chevaux poussifs lorsqu’on leur en donne à manger. On l’appelle autrement Marronier d’Inde. Hippocastanum ou castanea equina. Voyez Marronier d’Inde.

Châtaigne d’eau, est une autre sorte de plante, qui est ainsi appellée, parce que son fruit est semblable à nos châtaignes, & qu’elle croît dans l’eau. On la nomme autrement tribule aquatique. Tribulus aquaticus. Voyez Macre.

CHÂTAIGNERAYE. s. f. Lieu ou terre plantée de châtaigniers. Castanetum.

CHÂTAIGNIER. s. m. Prononcez châtaignier sans faire sentir l’r. Castanea sativa. Arbre qui a pris son nom du pays d’où il a été apporté. Castanea à Castanide terrà. Les vieux piés des châtaigniers sont fort gros : on en a vu en France de si gros, que quatre personnes auroient eu peine à les embrasser. Ce tronc jette plusieurs grosses branches, qui sont divisées en une infinité d’autres plus petites. Elles sont toutes ordinairement un peu longues, couvertes d’une écorce lisse, brune & tachée. Son bois est un peu dur & blanc. Ses feuilles sont longues de quatre à cinq pouces sur deux pouces environ de largeur, dentelées en manière de scie sur leurs bords, rides, d’un vert gai, & relevées en dessous d’une côte qui partage en deux toute sa force, & qui jette par ses côtés plusieurs nervures transversales, qui vont aboutir à la marge. Ses fleurs sont très-petites, à cinq pétales, jaunâtres, & à cinq étamines un peu plus jaunes ; ces fleurs sont stériles, & sont attachées en forme de chaton à un filet long de trois pouces. Ses fruits naissent sur le même pié, mais dans des endroits séparés de ses fleurs en forme de hérissons gros comme de petites pommes, divisés en trois loges, dans les jeunes fruits, parce que la châtaigne ou semence d’une ou de deux de ces loges avorte quelquefois. L’écorce de ces fruits est d’un vert clair d’abord, & charnu ; mais dans sa maturité, elle ressemble à du cuir par sa tissure & par sa couleur. Elle est toujours chargée de piquans pointus & bruns. Elle