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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/881-890

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Fascicules du tome 2
pages 871 à 880

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 881 à 890

pages 891 à 900


☞ On appelle, en morale, raisons de convenance, celles qui sont plausibles & probables, & qui ne sont point démonstratives.

☞ On appelle proprement raison de convenance, une raison tirée de la nécessité d’admettre une chose comme certaine pour la perfection d’un systême, d’ailleurs solide, utile & bien lié ; mais qui sans ce point là se trouveroit défectueux : quoiqu’il n’y ait aucune raison de supposer qu’il pêche par quelque défaut essentiel. Par exemple, un grand & magnifique palais se présente à notre vue : nous y remarquons une symétrie & une proportion admirable : toutes les règles de l’art qui font la solidité, la commodité & la beauté d’un édifice, y sont observées : en un mot, tout ce que nous voyons du bâtiment indique un habile Architecte. Ne supposera-t’on pas avec raison, que les fondemens que nous ne voyons point, sont également solides & proportionnés à la masse qu’ils portent ? Peut-on croire qu’un habile Architecte se soit oublié dans un point si important. Il faudroit pour cela avoir des preuves d’un tel oubli, ou avoir vu qu’en effet les fondemens manquent, pour présumer une chose si peu vrai-semblable. Qui est-ce qui sur la simple possibilité métaphysique, qu’on ait négligé de poser ces fondemens, voudroit gager que la chose est ainsi ?

☞ Le fondement général de cette manière de raisonner, c’est qu’il ne faut pas regarder seulement ce qui est possible, mais ce qui est probable ; & qu’une vérité peu connue par elle-même, acquiert de la vrai-semblance par sa liaison naturelle avec d’autres vérités plus connues. Ainsi les Physiciens ne doutent pas qu’ils n’ayent trouvé le vrai, quand une hypothèse explique heureusement tous les phéiomènes ; & un événement, quoique peu connu dans l’histoire, ne paroît plus douteux, quand en voit qu’il sert de clé & de base unique à plusieurs autres événemens très-certains.

☞ C’est en grande partie sur ce principe que roule la certitude morale, dont on fait tant d’usage dans la plûpatt des sçiences, aussi bien que dans la conduite de la vie, & dans les choses de la plus grande importance pour les particuliers, pour les familles & pour la société entière.

☞ Ces raisons de convenance sont plus ou moins fortes à proportion de la nécessité plus ou moins grande sur laquelle elles se trouvent établies. Plus les vues & le dessein de l’Auteur nous sont connus, plus nous sommes assurés de la sagesse & de ses autres qualités ; plus ces qualités sont parfaites, plus les inconvéniens qui résultent du systême opposé, sont grands ; plus ils approchent de l’absurde, & plus aussi les conséquences tirées de ces sortes de considérations, deviennent pressantes : car alors, on n’a rien à leur opposer qui les contrebalance ; & par conséquent c’est de ce côté là que la droite raison nous détermine.

☞ On appelle aussi raisons de convenance, des raisons de pure bienséance, des égards pour les opinions reçues. Souvent nous n’allons pas chercher si loin les raisons de convenance, nous les trouvons dans une certaine complaisance pour nous-mêmes, dans nos goûts, dans notre état, dans notre santé, & qui pis est, dans nos intérêts.

☞ On voir par là combien il est difficile de donner une notion exacte & précise de ce qu’on appelle convenance. Elle consiste, disent les Encyclopédistes, dans des considérations tantôt raisonnables, tantôt ridicules, sur lesquelles les hommes sont persuadés que sur ce qui leur manque & qu’ils recherchent, leur rendra plus douce ou moins onéreuse la possession de ce qu’ils ont.

Convenance s’est dit autrefois pour accord. L’action de convenir avec un autre de quelque chose. Compositio, concordia ; concurdiæ reconciliatio. On dit aussi convenance, pour promesse, pacte ; & tenir le convenant ; pour dire, faire la chose que l’on étoit convenu de faire.

CONVENANCER, v. a. vieux mot, faire paction, demeurer d’accord par stipulation ou autrement d’une chose qui est disputée entre les parties. Convenancer une fille ou une femme à futur mariage ; c’est-à-dire fiancer. Convenancé, stipulé, d’une certaine manière, coutume locale de la ville & banlieue d’Amiens. Art. 4.

CONVENANT, ANTE. adj. sortable, bienséant. Conveniens, congruens. L’amour, la galanterie, n’est pas une chose convenante à un vieillard. Il n’est plus d’usage.

CONVENANT. s. m. terme fait de l’Anglois convenant, qui est fréquent dans les Auteurs qui ont écrit l’histoire d’Angleterre. Il signifie confédération, ligue, alliance. Fœdus. On appelle convenant la confédération qui fut faite en Ecosse en 1658, pour changer les cérémonies de la religion. Le Parlement d’Angleterre signa le convenant en 1643.

Convenant, ou convenant juré. s. m. Ce mot s’est dit autrefois pour paction, dit Nicod.

CONVENIR, v. n. je conviens, je suis convenu, je convins, je conviendrai, ☞ demeurer d’accord, être du même sentiment. Consentire, fateri, convenire. Tous les peuples conviennent que les sacrilèges, les meurtres & les adultères, sont de grands crimes. Je conviens de tout ce que vous dites. Convenir d’experts, du tems, du lieu.

Convenir signifie aussi être conforme, avoir du rapport, de la ressemblance. Convenire, congruere. Les dépositions des témoins qui conviennent font une preuve. Ce passage convient, a du rapport avec tel autre.

Convenir signifie aussi, être propre, sortable, bienséant. Convenire, congruere. Cet homme est fort habile, une grande charge lui conviendroit bien. Ces discours ne conviennent pas, ne sont pas bienséans à un homme de sa robe. L’instinct de la nature nous porte à ce qui nous convient ; & nous oblige de ramener tout à nous-mêmes. S. Evr. Des mœurs si rudes & si grossières convenoient à la République qui se formoit. Id. II m’offrit plusieurs choses qui ne me convenoient pas.

Convenir, dans cette acception, se conjugué avec l’auxiliaire avoir, & s’employe avec la préposition à, au lieu que quand il signifie demeurer d’accord, il se conjugue avec être, & s’employe avec la préposition de. Cette maison m’a convenu ; & je suis convenu du prix.

Convenir, en matière de délibération, signifie la même chose que être à propos, être expédient, & alors il s’employe personnellement. Convenire, expedire, congruere. On fut long tems à délibérer sur ce qu’il convenoit de faire en une telle conjoncture. On trouva qu’il convenoit de raser la place qu’on ne pouvoit défendre.

Convenir se dit aussi, en Grammaire & en Logique, pour marquer la conformité. Il faut que le nom substantif & l’adjectif conviennent en genre, en cas & en nombre. Convenire, concordare, congruere. Il faut que l’attribut convienne au sujet, l’épithète à la chose.

Convenir, en termes du Palais, signifie assigner en Justice, former une demande contre quelqu’un. Convenire ; in jus vocare. Il a été convenu, assigné en déclaration d’hypothèque.

☞ Dans Rabelais convenir est synonime avec s’assembler. Il est tout latin, Convenire.

CONVENU, UE. part. Congressus, commissus. Les experts convenus, les arbitres convenus ont rapporté, ont jugé, &c.

Convenu, ue, se dit passivement d’une chose dont on est convenu ; arrêté, fixé, déterminé. Ratus, fixus, unanimi consensu receptus. Il y a près de 60 ans que le sçavant Bossuet soûtenoit comme une chose certaine, avérée & convenue entre toutes les parties, que ce jugement du livre de Jansénius a été rendu par le S. Siège, &c. Cette théorie n’est pas encore convenue de tout le monde. Phrase barbare & qui doit être bannie de la langue. On dit : tout le monde ne convient point de cette théorie. Convenu, en ce sens, a un régime, & ne se dit tout au plus qu’au Palais.

CONVENT. Voyez Couvent.

CONVENTICULE. s. m. ☞ petite assemblée. Il se prend toujours en mauvaise part pour une assemblée illicite, irrégulière, séditieuse. Conventiculum. Les Occidentaux regardèrent d’abord le cinquième Concile-Général comme un conventicule illicite. P. Doucin.

CONVENTION, s. f. ☞ Convention, chez nous, est le consentement de deux ou de plusieurs personnes sur une même chose, dans la vue de contracter une obligation. Conventio, conventum. Le consentement est le principe de la convention. L’accord est l’effet de la convention. D’un commun consentement ils ont fait une convention qui les met d’accord. Il y avoit chez les Romains deux sortes de conventions, le pacte simple & le contrat ; mais parmi nous, toute convention qui n’est pas contraire aux bonnes mœurs, est contrat & produit une obligation civile. C’est d’après cette distinction qu’il faut entendre quelques exemples qu’on cite ici.

Toute convention faite entre les hommes, qui n’est pas contre l’honnêteté, & les bonnes mœurs, produit une obligation naturelle, qui fait que les hommes sont obligés de satisfaire à ce qu’ils ont promis. Instit. du Droit. Toutes les conventions ont un nom ou une cause, en ce cas elles obligent civilement & naturellement ; ou elles sont simples, sans nom & sans cause ; alors elles n’obligent que naturellement. Nous avons fait ensemble une telle convention verbalement. Conventum, pactum, conventio, pactio. Une femme séparée de biens agit pour répéter ses conventions matrimoniales. C’est une convention tacite que les hommes ne se sont assemblés en société que pour leur conservation commune. S. Evr. Toutes les conventions entre un usurpateur, & la nation qu’il subjugue, sont nulles de plein droit, parce que la force d’un côté, & la nécessité de l’autre, en sont le principe. Id. En conséquence de la convention commune, qui fait le bien de la société, celui qui la viole se trouvant plus foible que le reste des contractans, est obligé de subir la peine de la loi. Maleb.

Conventions matrimoniales sont celles qui sont portées par un contrat de mariage, qui servent de loi dans la famille, & auxquelles les conjoints ne peuvent déroger.

☞ On appelle aussi conventions matrimoniales, les dispositions de la loi, dont les conjoints peuvent, après la dissolution du mariage ou de la communauté, demander l’exécution.

☞ On dit quelquefois qu’un homme est de difficile convention ; pour dire, qu’il est peu traitable, minimè tractabilis.

Convention, terme d’histoire, nom que les Anglois ont donné à l’assemblée extraordinaire du Parlement, sans Lettres-Parentes du Roi, faite en l’année 1689, après la retraite du Roi Jacques II. Le Prince & la Princesse d’Orange furent appelés par la convention pour occuper la place du Prince & de la Princesse légitime que la révolte de leurs sujets avoient obligé de se retirer. La convention fut aussitôt convertie en Parlement par le Prince d’Orange.

CONVENTIONNEL, ELLE. adj. acte qui a été fait avec certaines conventions entre des parties. Pactitius. En matière de saisies réelles, on convertit les baux conventionnels en baux judiciaires. Retrait conventionnel.

Dans la Congrégation des Barthélémites, en Allemagne, on a fait un serment qu’on appelle conventionnel, par lequel on s’oblige à ne point se séparer du Corps de son propre mouvement. Père Hél. T. VIII, p. 122. Les Prêtres, dits Barthélémites, en entrant dans cette Congrégation, prêtent un serment qu’on appelle conventionnel, par, lequel ils s’obligent à ne point se séparer du Corps de leur propre mouvement. P. Hél.

CONVENTIONNELLEMENT. adv. Ce mot se trouve dans Pomey, pour signifier sous, ou par convention. Ex convento, ex pacto.

CONVENTRI, ville au Nord de l’Angleterre, du côté de l’Ecosse.

CONVENTUALITÉ. s. f. Société de Moines qui vivent ensemble dans une maison érigée en Couvent. Societas religiosa, familia. On a rétabli la conventualité dans plusieurs Prieurés qui passoient pour simples ; c’est-à-dire, on y a mis des Religieux pour desservir le bénéfice. Par une déclaration du 6 de Mai 1680, le Roi a décidé que la conventualité ne pourra être prescrite par aucun laps de temps, quel qu’il puisse être, tant qu’il y aura des lieux réguliers subsistans pour y mettre dix ou douze Religieux, & que les revenus des bénéfices seront suffisans pour les y entretenir. Conventualité signifie proprement ici l’état ou la forme d’une maison religieuse, ce qui établit, ce qui constitue une société, une maison religieuse, qui consiste dans la discipline religieuse.

CONVENTUEL, ELLE. adj. qui appartient au Couvent, qui concerne le couvent. Religioso cœtui, conventui communis. Il se dit premièrement de la maison qui est habitée par des Religieux, & qui a des lieux réguliers. Les Prieurés conventuels ne se peuvent posséder sans Bulles. Ils se donnent à la charge d’être Prêtre dans l’an. Il y a des Prieurés actuellement conventuels, d’autres qui le sont seulement par habitude, où il n’y a point eu de Religieux depuis 40 ans. Prioratus cœtu frequens, conventu instructus. S’il y a encore un seul Religieux, le Prieuré demeure conventuel actu. Mais s’il n’y en a point du tout, ils passent pour simples, & s’obtiennent sous une signature ordinaire.

Conventuel se dit aussi d’un Religieux qui habite actuellement le couvent, à la distinction de ceux qui n’y sont qu’hôtes, ou passagers, ou qui ont des bénéfices dépendans de la maison. Monachus in cœnobio habitans.

Conventuel se dit aussi du revenu du Couvent. Reditus Religiosi conventus. La mense conventuelle est séparée de l’abbatiale par un partage fait un tel jour. On a fait des unions des offices claustraux à la mense conventuelle, qui l’ont fort augmentée.

On appelle aussi Messe conventuelle, la grande Messe qui se dit dans le couvent, où assiste ordinairement toute la communauté des Religieux, à la différence de celles qui se chantent pour des obits, ou des fondations. Missa totius conventùs.

Conventuel, dans l’histoire du Monachisme, se dit d’une partie de l’Ordre de S. François. Conventualis. Le nom de Frères Mineurs conventuels, ayant été donné dès l’an 1250 par Innocent IV, à tous les Religieux de l’Ordre de S. François qui vivoient en communauté, pour les distinguer tant de ceux qui se retiroient dans des solitudes pour y observer la règle dans une plus grande perfection, que de ceux qui étoient hôtes ou étrangers, on l’attribuoit également à ceux qui étant portés au relâchement, s’y opposoient. Mais lorsque Léon X, qui ne put réussir dans le dessein qu’il avoir de réunir tout l’Ordre dans une même observance, eut donné par les Bulles de l’an 1517, le nom de conventuels à ceux qui persistent à vivre dans le relâchement, & qu’ils voulurent jouir des privilèges qu’ils avoient obtenus de pouvoir posséder des fonds & des revenus, l’Ordre se vit partagé en deux corps, & on commença à distinguer ces Religieux sous deux noms différens. Ceux dont nous venons de parler, sous le nom de conventuels, & les autres, sous le nom d’Observans. Ils ont chacun un Ministre général ; mais celui des Observans, comme Ministre général de tout l’Ordre, a la prééminence & l’autorité sur celui des conventuels. Il le confirme, & les conventuels doivent donner la préséance aux Observans dans les cérémonies & les actes publics, comme il est porté par la Bulle de Léon X, de l’an 1517, & par un concordat que ces deux corps firent ensemble le 8 Juillet de la même année. Malgré les tentatives des conventuels, tout cela a été confirmé par un Décret de la Congrégation des Cardinaux, du 22 Mars 1631, & encore du 12 Avril de la même année. Il y avoit en Espagne parmi ces conventuels des particuliers, qui, ne se contentant pas des privilèges qui leur avoient été accordés, avoient en propre, des terres, des maisons & des revenus, les uns se disant conventuels, & les autres claustraux. Sous le règne des Rois Catholiques, Ferdinand & Isabelle, par les soins du Cardinal Ximénès, ces abus furent abolis, & l’on ôta aux conventuels presque toutes leurs maisons, & on les donna aux Observantins. On fit quelque chose d’à peu près semblable en France, en Allemagne & dans les Pays-Bas. Voyez le P. Hél. T. VII, C. 22. Dominic. de Gubernatis, Orbis Seraph. T. II, L. 9. Fortunatus Hospitel, Antiquioritas Franciscana. Gabriel Faber, speculum Francis. Religion.

Il y a des conventuels réformés. On en distingue deux Congrégations, l’une instituée en conséquence d’une Bulle de Léon ; mais qu’on ne sçait ni quand, ni comment elle fut établie. L’autre commença sous Sixte V, par le zèle & le soin d’Antoine Calascibare, de Bonaventure de Partane, de Martin de Tauromine & d’André de Novelle, Religieux conventuels. Sixte V confirma cette reforme par une Bulle de l’an 1587, voulant néanmoins qu’ils fussent toujours unis avec les conventuels, & qu’ils ne fissent qu’un même Corps sous un même Général & les mêmes Provinciaux ; que leur habit seroit d’une étoffe grossière & de couleur cendrée, le capuce en forme de grand camail, avec la rosette en rond, séparé de la tunique ; qu’ils iroient nuds piés, & qu’ils auroient le choix de porter des socques de bois ou des sandales de cuir. Urbain VIII les supprima, & les réunit aux conventuels. Ils se maintinrent néanmoins dans le royaume de Naples ; mais Clément IX ayant donné leur maison de Naples aux Déchaussés de S. Pierre d’Alcantara, ils aimèrent mieux passer chez eux, que chez les conventuels. Ainsi cette réforme qui ne s’étoit point étendue hors de l’Italie, n’y subsiste plus. Dominic. de Gubernatis, Orb. seraph. T. II, L. 9. P. Hélyot, T. VII, C. 23.

Les Grandmontains se sont aussi appelés conventuels. Voyez Collégiate.

CONVENTUELLEMENT. adv. ☞ en communauté, selon l’usage & les règles de la société religieuse. Ces Religieux vivent conventuellement. In societate. Conventuellement assemblés au son de la cloche. On dit plutôt capitulairement en ce cas. Vocati in confessum.

☞ CONVERGENCE. s. f. terme de Géométrie & de Dioptrique. En Géométrie, c’est l’état de deux lignes qui vont toujours en se rapprochant, de manière qu’étant prolongées, elles se rencontreroient. En Dioptrique, c’est de même. La disposition des rayons d’un corps lumineux, qui approchent tous les uns des autres jusqu’à ce qu’ils se réunissent en un point. Convergentia. La direction qu’avoient les rayons partis d’un seul point, lorsqu’ils ont rencontré un second milieu, c’est-à-dire, leur divergence, leur parallélisme ou leur convergence. Acad. des Sc. 1704. Hist. p. 77. Il faut, pour connoître le degré de la divergence ou de la convergence des rayons qui ont été rompus par une surface courbe connoître le degré de sa courbure. Ibid. & seq. Jamais les rayons d’un même point ne peuvent tomber convergens sur une surface que par accident, c’est-à-dire, à moins qu’ils n’aient été déjà rompus par une autre surface qui ait changé leur divergence naturelle en convergence. Ibid. p. 80 Donner une convergence plus forte, & faire avancer le foyer sur le rayon. Ib. p. 80.

☞ CONVERGENT, ENTE. adj. terme de Géométrie & de Dioptrique. C’est l’opposé de divergent. On le dit en Géométrie des lignes qui vont en se rapprochant continuellement, de façon qu’étant prolongées, elles se rencontreroient en quelque point. Et en Dioptrique on le dit des rayons de lumière qui ont souffert réfraction en passant dans un milieu plus dense que celui où ils étoient, en sorte qu’ils se rapprochent pour tendre à un même centre. Adunatus, convergens. Les verres convexes & omphaloptres rendent les rayons convergens ; les concaves les rendent divergens. Ceux-là s’approchent, & ceux-ci s’écartent de leur centre.

En quelque endroit que les rayons qui partent de tous les points de quelque objet, viennent à se rencontrer en tout autant de points après avoir été rendus convergens par réflexions ou par réfraction, ils feront-là une peinture de l’objet, sur quelque corps blanc qu’ils viennent à tomber. Newton. Opt. trad.

☞ Quelques Géomètres ont aussi fait mention d’une proportion, d’une série convergente. Ils appellent ainsi celle dont les termes vont toujours en diminuant.

CONVERGER, v. n. terme d’Optique, qui se dit des rayons qui après avoir été rompus, s’approchent les uns des autres, & vont se réunir dans un même point. Accedere ad se invicem ; & in unum punctum tendere, convergere. Les rayons homogènes qui venant de différents points d’un objet, tombent perpendiculairement ou presque perpendiculairement sur une surface plane ou sphérique, réfléchissante ou réfringente, divergent ensuite d’autant d’autres points ou bien deviennent parallèles à autant d’autres points, & cela avec une entière exactitude au sans aucune erreur sensible. Newton. Opt. trad. Le point d’où les rayons divergent ou auquel ils convergent, peut être appelé le foyer de ces rayons. Id. La lumière qui part de différens points de l’objet souffre de telles réfractions en passant par les tuniques, & les humeurs de l’œil, que convergeant elle se réunit en autant de points au fond l’œil, & y trace l’image de l’objet sur la rétine. Id. A pareilles incidences du bleu & du rouge sur la lentille, le bleu étoit plus rompu par la lentille que le rouge, de sorte qu’il convergeoit un pouce & demi plus près de la lentille, & par conséquent le bleu est plus réfrangible que le rouge. Id.

CONVERGÉ, ÉE. part. & adj. rassemblé en un même point en rapprochant. Adunatus, congregatus, a. La lumière qui faisoit l’extrémité violette de l’image, fut d’autant plus convergée, & rassemblée par une plus grande réfraction, que ne le fut la lumière qui composoit l’extrémité rouge. Newton. Opt. trad.

CONVERS, ERSE. adj. C’est un nom qu’on donne en plusieurs couvens aux Frères lais qui n’ont point d’Ordres, & qui ne chantent point au Chœur, mais qui servent en divers bas offices de la maison. Rei domesticæ in cœnobio administrator, administer, laïcus, conversus. Dans les premiers temps, & jusqu’au onzième siècle, on nomma Convers, conversi, c’est-à-dire, convertis, ceux qui embrassoient la vie monastique en âge de raison ; & ce nom les distinguoit de ceux que leurs parens y avoient engagés en les offrant à Dieu dès l’enfance, & que pour cela l’on nommoit oblats, oblati ; c’est-à-dire offerts. Dans le onzième siècle on commença à recevoir dans les Monastères des gens sans lettres, qui ne pouvoient devenir Clercs, & qui étoient uniquement destinés au travail corporel & aux œuvres extérieures, & on les nomma Frères lais ou convers. C’est ce qu’en dit le Père Mabillon, Sæc. VI, Bened. Præf. II, n. 11. Le même Auteur prétend au même endroit, n. 90, que Saint Jean Gualbert, Instituteur & premier Abbé de Vallombreuse, est aussi l’Instituteur des Frères convers, distingués par état des Moines du Chœur, qui dès-lors étoient Clercs ou propres à le devenir.

Il les reçut pour avoir soin du temporel de son Ordre. Les converses ne furent établies qu’après sa mort. Elles n’étoient pas Religieuses, comme les convers ; mais selon toutes les apparences elles étoient du nombre de celles qui se donnoient en servitude elles & leurs descendans à un Monastère. Celles de Vallombreuse jouissoient de leurs biens leur vie durant, s’il en faut croire Didace Franchi & quelques autres Historiens de cet Ordre. Elles faisoient néanmoins une espèce de profession entre les mains de l’Abbé, & vivoient comme en société sous l’obéissance des Supérieurs de l’Ordre. P. Hél. T. V, c. 28. S. Guillaume, Abbé d’Hirfauge, fut le premier qui établit des convers en Allemagne dans le XIe siècle. Id. c. 52. Les Frères convers Bénédictins de la Congrégation du Mont Canin s’appellent Frères commis. Id. T. VI, c. 29. Un Frère convers ne peut posséder des bénéfices. Une Sœur converse. Administra, adjutrix, conversa Soror.

Ce mot vient du latin conversus. Quelques Auteurs les ont appelés fratres barbati, parce qu’ils laissoient croître leurs barbes, ce qui se pratique dans l’Ordre des Chartreux.

CONVERSABLE. adj. m. & f. commode, agréable dans la conversation ; qui a l’accès, l’entretien doux & facile. Sociabilis, commodus. Il me semble qu’il n’y a plus de personnes conversables dans le monde. Voit. Les Pedans, les gens chagrins & inquiets ne sont guère conversables. Ce mot est hors d’usage.

☞ CONVERSANO, ville du Royaume de Naples, dans la province de Bari, avec un Evêché suffragant de Bari.

☞ CONVERSATION. s. f. discours mutuels entre deux ou plusieurs personnes sur les objets qui se présentent. L’entretien roule sur un objet déterminé, & se dit ordinairement de supérieur à inférieur. Sermonis communicatio, colloquium, conversatio. Voyez Entretien. La conversation est le lien de la société, c’est par elle que s’entretient le commerce de la vie civile, que les esprits se communiquent leurs pensées, & que les cœurs expriment leurs mouvemens. S. Evr. La communication de pensées & de sentimens, qui se fait par le commerce de la conversation, est le plaisir le plus doux de la vie raisonnable. Val. Comme les livres ne parlent pas d’ordinaire comme on parle en conversation, il ne faut pas aussi parler en conversation comme les livres. M. Scud. C’est dans la conversation que naissent d’ordinaire les termes nouveaux : ils y demeurent Jusqu’à ce qu’un long usage leur fasse perdre entièrement le caractère de la nouveauté. Bouh. Il faut user avec beaucoup de réserve, dans la conversation même, des termes qui ne font que de naître ; les mots & les phrases d’une langue étant à peu près comme les fruits, qui ne valent rien ni trop mûrs, ni trop verds. Id. La conversation a du rapport au gouvernement populaire, où chacun a droit de suffrage, & jouit de la liberté. Balz. La conversation toute seule peut donner l’agrément du langage. M. Scud. L’agrément de son esprit le rendoit maître de la conversation dans tous les lieux où il étoit. P. de Cl. L’art de la conversation consiste moins à y montrer de l’esprit, qu’à en faire trouver aux autres. La Bruy. La conversation est un commerce où chacun doit contribuer du sien pour le rendre agréable. Bell. Il y a des malices ingénieuses qui rendent la conversation plus piquante & plus enjouée. S. Evr. Dans la conversation ordinaire, comme il ne faut rien dire avec étude, il ne faut aussi rien dire par hasard. S. Evr. Il faut que la conversation soit un peu flatteuse avec les femmes, & qu’il y ait je ne sai quoi de retenu. Ch. de Mer. L’étude augmente les talens de la nature ; mais c’est la conversation qui les met en œuvre, & qui les polit. S. Evr. ☞ Le ton de la bonne conversation est coulant & naturel, il n’est ni pesant, ni frivole, il est sans pédanterie, gai sans tumulte, poli sans affectation, galant sans fadeur, badin sans équivoque. Ce ne sont ni des dissertations, ni des épigrammes ; on y raisonne sans argumenter ; on y plaisante sans jeux de mots ; on y associe avec art l’esprit & la raison, les maximes & les saillies, l’ingénieuse raillerie & la morale austère. On y parle de tout, pour que chacun ait quelque chose à dire ; on n’approfondit point les questions, de peur d’ennuyer ; on les propose comme en partant, on les traite avec rapidité, la précision mène à l’élégance ; chacun dit son avis, l’appuie en peu de mots, & n’attaque point avec chaleur celui d’autrui ; nul ne défend opiniâtrement le sien ; on dispute pour s’éclairer, on s’arrête avant la dispute, chacun s’instruit, chacun s’amuse, tous s’en vont contens ; & le sage même peut rapporter de ces entretiens des sujets dignes d’être médités en silence. R. Est-ce là votre ton ? Voyez Caquet.

CONVERSE. adj. & s. f. terme de Géométrie. Conversus. Une proposition est appelée converse d’une autre, quand, après avoir tiré une conclusion de quelque chose qu’on a supposé, on vient dans cette autre proposition converse à supposer ce qui avoit été conclu, & à en tirer ce qui avoit été supposé. Par exemple, on démontre en Géométrie que si les côtés d’un triangle sont égaux, les angles opposés à ces côtés sont aussi égaux : la converse de cette proposition est, que si les angles d’un triangle sont égaux, les côtés opposés à ces angles sont égaux.

Converse, terme d’Astrologie, direction converse. Directio conversa. C’est celle qui est opposée à la direction directe, c’est-à-dire, que par la direction directe, le Promoteur est porté au significateur suivant l’ordre des signes, & par la converse il y est porté d’Orient en Occident, & contre l’ordre des signes.

☞ En Logique, on dit qu’une proposition est converse d’une autre, lorsque de l’attribut de la première on fait le sujet de la seconde, & du sujet de la première l’attribut de la seconde. Cette proposition, tout ce qui est matière est impénétrable, est la converse de celle-ci : tout ce qui est impénétrable est matière. Voyez Conversion.

CONVERSEAU. s. m. terme de Charpentier. Les converseaux dans les moulins sont quatre planches d’un pouce & demi d’épaisseur, posées au dessus des archures, deux devant, & deux derrière.

CONVERSER, v. n. discourir mutuellement sur différens objets. Colloqui, sermonem conferre. Les Chartreux ne doivent converser avec personne. Dans l’humeur où je me trouve, je ne dois plus converser avec les personnes vivantes. Voit. Converser avec les gens de lettres.

C’est peu d’être agréable, & charmant dans un livre ;
Il faut encore savoir & converser & vivre. Boil.

Converser se dit figurément, en parlant de la lecture, de la contemplation. Les gens d’étude conversent avec leurs livres, avec les Savans de l’antiquité, avec les morts. Versari cum libris. Les contemplatifs conversent avec leurs pensées, avec Dieu, avec les Anges. Secum, cum Deo, cum Angelis versari.

CONVERSIBLE. Voyez Convertible, qui est plus usité.

☞ CONVERSION. s. m. Ce mot désigne en général l’idée d’un changement ; mais il a différentes acceptions suivant l’emploi qu’on en fait au propre ou au figuré.

☞ Ce mot est quelquefois synonime à transmutation. Conversio, mutatio. Les Payens ont cru les conversions, les métamorphoses d’hommes en arbres, en fontaines, en pierres, en oiseaux, &c. Les Chimistes cherchent la conversion des métaux imparfaits en or & en argent.

☞ Il se dit quelquefois d’un simple changement de forme. La conversion des espèces, des écus vieux en écus neufs.

Conversion, en Morale, signifie retour au bien ; changement, soit du cœur à l’égard des mœurs, soit de l’esprit à l’égard des sentimens. Morum, institutorumque mutatio in melius. Dieu ne demande pas la mort du pécheur, mais sa conversion. L’éloquence & le zèle de ces Missionnaires ont fait grand nombre de conversions. L’Eglise prie pour la conversion des Infidèles. Le chagrin, la bienséance, la vanité, font plus de conversions que la piété. Fléch. Défiez-vous de ces tempéramens si bouillans, qui, dès le premier désir de conversion, aspirent aux vertus du premier ordre ; ces hauts desseins marquent plus de vanité que de pénitence. De Vill. Si l’homme ne coopère point à sa propre conversion, il n’a pas besoin d’agir ; il n’a qu’à attendre le S. Esprit. Boss. C’est par la question de l’Eglise que commencent & que finissent toutes les conversions véritables. Pélisson.

Je n’appelle conversion parfaite, que celle où l’ame demeure bien affermie, sans être sujette à ces incertitudes, qui rendent sa foi chancelante. Bourdal. Exhort. Tome I, page 128.

La Conversion de S. Paul est une fête qui se célèbre le vingt-cinquième de Janvier.

Conversion, terme de l’art militaire, mouvement qu’on fait faire aux troupes. Conversion à droite, conversion à gauche. Quart de conversion. Ce mouvement fait tourner la tête d’un bataillon du côté où étoit le flanc. Conversio. Le quart de conversion se fait à droit ou à gauche : s’il se fait à droit, l’aîle gauche part la première, & décrit des quarts de cercle autour du serrefile : s’il se fait à gauche, l’aîle droite part la première.

Conversion se dit aussi en Logique des argumens qu’on retourne, qu’on rétorque, qu’on fait voit en un sens contraire, en changeant le sujet en attribut, & l’attribut en sujet. Port-R.

Par exemple : le Catholique est soumis en tout à l’Eglise : celui qui est soumis en tout à l’Eglise est Catholique. Il y a en Dialectique deux sortes de conversion. La conversion simple & la conversion accidentelle, ou par accident. La conversion simple se fait en changeant le sujet en attribut, & l’attribut en sujet, & conservant la même qualité & la même quantité dans la proposition, comme : un cercle est une figure ronde. Une figure ronde est un cercle. La conversion par accident est lorsque non seulement l’on change le sujet en attribut & l’attribut en sujet, mais que l’on change aussi la quantité de proposition. Ainsi tout homme est un être : quelqu’être est un homme, est une conversion par accident. Les Logiciens reconnoissent encore une conversion par contreposition, per contrapostationem. C’est lorsque conservant la quantité & qualité de la proposition, on change les termes finis en infinis, ou les infinis en finis, comme tout homme est animal, donc tout ce qui n’est point animal n’est point homme, ou bien, tout ce qui n’est point animal, n’est point homme ; donc tout homme est animal. Ou bien : quelque homme n’est pas pierre, donc quelque chose qui n’est pas pierre, n’est pas homme. Ou au contraire : quelque chose qui n’est pas pierre, n’est pas homme ; donc quelque homme n’est pas pierre. Voyez Ricard Lyucci è Soc. Jes. Curs. Philos. L. IV, Tract. ch. 6.

Conversion se dit pour changement de pensée, d’idée, d’opinion. M. Astruc a dit en ce sens : Voilà l’Achille qui doit opérer, selon eux, (les Anticontagionaires) une conversion générale. Si l’on répond à cette objection unique, on a répondu a tout, & la conversion est manquée.

☞ On appelle en Réthorique conversion, une certaine figure qui consiste à terminer les divers membres d’une période par les mêmes sons ; ainsi que l’art de retourner ou de rétorquer un argument ou de le montrer par des côtés opposés, en changeant le sujet en attribut, & l’attribut en sujet, comme on l’a dit ci-devant.

☞ On fait aussi des conversions d’argumens d’une figure à une autre, & des propositions générales, aux particulières. Voyez Retorsion.

Conversion, en termes du Palais, se dit du changement d’un acte en un autre. La conversion d’une obligation en rente, Conversion d’appel en opposition, conversion d’ajournement personnel en décret de prise de corps. La conversion des lettres de désertion en anticipation. La conversion d’un bail conventionnel en un bail judiciaire. On dit décrets originaires & décrets par conversion. Quelquefois on decrete originairement de prise de corps, quelque-fois cela ne se fait que par conversion, c’est-à-dire, qu’un décrété assigné pour être oüi, faute de se présenter, donne occasion de convertir son décret de prise de corps : mais ce décret n’étant que par conversion, tombe & est anéanti, dès que le décrété comparoît.

En Arithmétique on dit, proportion par conversion de raison. C’est la comparaison de l’antécédent & du conséquent dans deux saisons égales. Collatio, comparatio. Ainsi comme il y a même raison de 2 à 3 que de 8 à 12, on conclut qu’il y a même raison de 2 à 1, que de 8 à 4.

Conversion d’équations en Algèbre, c’est lorsque l’on réduira une commune dénomination une quantité composée d’entiers & de fractions. Par exemple,  : multipliez par d, alors vous aurez , & ce sera une conversion d’équation. Harris.

CONVERSO, s. m. terme de Marine, est la partie du tillac d’enhaut qui est entre le grand mât & le mât de borset, où chacun se visite & fait la conversation. Ce mot nous vient des Portugais.

CONVERTIBLE. adj. de t. g. terme de Logique, qui se dit d’une proposition susceptible de converse, ou de deux termes qui présentent précisément la même idée. Quod converti potest. Matière & impénétrable sont des termes convertibles. Cette proposition, tout ce qui est matière est impénétrable, est convertible en celle-ci : tout ce qui est impénétrable est matière.

☞ En termes de Commerce & de Finances, convertible se dit d’un bien, d’un effet qui peut être changé contre un autre. Billet convertible en argent.

CONVERTIR, v. a. transmuer, faire changer de nature à quelques corps. Convertere, mutare. Jésus-Christ, aux noces de Cana, convertit l’eau en vin. Dans la consécration, le pain & le vin se convertissent au vrai corps & au sang de Jesus-Christ. Les alimens digérés se convertissent en notre substance. L’eau congelée dans les grottes, se convertit en crystal.

Convertir se dit aussi des altérations & changemens qui se font par la génération & la corruption ou autrement. Le feu convertit le bois en cendres. Cette sauce se convertit en huile. La glace fondue se convertit en eau.

On dit aussi d’un homme qui a changé son bien de nature, qu’il a converti ses héritages en effets mobiliaires, qu’il a converti une rente au denier 18, en une rente au denier 20 ; qu’un bail conventionnel a été converti en bail judiciaire ; qu’un appel a été converti en opposition.

Convertir se dit aussi pour changer, lorsque, sans toucher à la nature & à la substance de la chose, on en change seulement l’usage. On convertit les vases sacrés en des usages profanes. Mauc. C’est ainsi que les Protestans prétendent que le pain & le vin de l’Eucharistie sont seulement convertis, parce qu’ils sont transférés d’un usage commun à un usage saint & sacré.

Convertir, en matière de religion & de morale, se dit figurément pour faire changer de croyance, de sentimens & de mœurs ; produire un changement dans la volonté du pécheur, en conséquence duquel il se repent de ses fautes, & se détermine sincèrement à s’en corriger & à les expier. Aliquem ad bonam frugem revocare ; pravis opinionibus imbutum quempiam religioni catholicæ restituere. Les Apôtres ont converti les Gentils à la foi. Il y a tel Ecclésiastique qui se réjouit plus d’avoir converti quelqu’un, pour la gloire qui lui en revient, que pour le salut de la personne convertie. Ben. Les Controversistes doivent moins songer à triompher de leurs adversaires, qu’à les convertir. Un homme ne convertit point un autre homme ; c’est Dieu qui nous convertit tous. Peliss.

☞ On le dit absolument avec le pronom personnel, se convertir, & s’entend toujours d’un changement de mal en bien. Ce débauché s’est converti.

☞ On dit, dans le discours ordinaire, convertir quelqu’un, le faire changer d’opinion, de résolution.

Je l’ai converti sur ce point, c’est-à-dire, je l’ai fait changer de sentiment. Je m’engage de le convertir. On aura de la peine à le convertir.

Convertir, en terme de Logique & de Rhétorique, c’est retourner, rétorquer un argument, le montrer par des côtés opposés, en changeant l’attribut en sujet, & le sujet en attribut. Convertere, intervertere.

☞ On le dit aussi des termes qui peuvent se dire l’un de l’autre. Etendue & divisibilité sont deux termes qui se convertissent. Tout ce qui est étendu en longueur, largeur & profondeur, est un corps. Tout corps est ce qui est étendu en longueur, largeur & profondeur. Voilà deux proportions qui se convertissent.

CONVERTI, IE. part. Il a les significations du verbe. En matière de religion, ab errorum ea ligine ad veræ sinceræque fidei lumen reversus, damnatis hæreticorum dogmatibus ad ecclesia finum regressus, on dit au substantif, un nouveau converti. On a établi plusieurs communautés pour les nouveaux convertis & les nouvelles converties.

On appelle aussi les nouveaux convertis, les maisons, les communautés & congrégations, tant d’hommes que de filles où l’on reçoit, & on instruit ceux qui veulent se faire chrétiens & recevoir le baptême, ou les hérétiques qui veulent se convertir, & rentrer dans le sein de l’église, & où on les instruit pour cela de la doctrine catholique. Je viens des nouveaux convertis, où j’ai vu deux juifs qui se font instruire & se disposent au baptême. Voyez Nouveaux Catholiques.

CONVERTIE. s. f. Nom que l’on donne à plusieurs communautés religieuses de filles qui, après avoir vécu dans le monde avec trop de licence & de dérèglement, se retirent dans le cloitre pour faire pénitence. On les nomme autrement pénitentes. Converæ, Pœnitentes. Voyez Pénitente.

Les converties d’Orviette sont des filles qui se sont retirées du désordre. Elles ont été fondées en 1662, par Antoine Simonelli, Gentilhomme d’Orviette, & ont les mêmes observances que les Carmélites déchaussées. Elles ont aussi le même habillement, mais au lieu de sandales ou albergattes, elles ont des pantoufles assez hautes, & leur voile est noir, doublé d’une toile blanche. Toutes les autres converties suivent la règle de S. Augustin.

On donne aussi ce nom aux femmes ou filles qui reviennent de l’infidélité, ou de l’hérésie, qui y ont renoncé, qui en ont fait abjuration, qui se sont fait catholiques ; & aux maisons & communautés où on les reçoit, & où on les dispose au baptême ou à l’abjuration, où on les instruit pour cela. Mais on ne dit point ce nom seul, on y joint nouvelles. J’ai entendu le sermon, la messe aux nouvelles converties. On a mis cette Demoiselle huguenotte aux nouvelles converties. La Supérieure des nouvelles converties en est bien contente. On les appelle aussi nouvelles catholiques. Voyez Nouvelles Catholiques.

CONVERTISSEMENT. s. m. terme de monnoies qui se dit lorsque l’on fond les vieilles espèces d’or ou d’argent, & qu’on les convertit en d’autres espèces de différent poids & valeur. En l’année 1640, on a fait un convertissement de toutes monnoies étrangères & légères en louis d’or & d’argent. Conversio.

CONVERTISSEUR, s. m. Qui réussit à convertir les hérétiques. Qui revocandis ad catholicam fidem hereticis operam impertit, collocat. On appeloit le Cardinal du Peron le convertisseur.

Ce mot a été employé sur-tout depuis la révocation de l’édit de Nantes. Les écrivains calvinistes, & Jurieu principalement, le répètent sans cesse. Ils appeloient ainsi les catholiques qui s’appliquoient, qui travailloient à la conversion des huguenots ou calvinistes de France. On ne devoit pas s’attendre que cet auteur, qui traite si mal les convertis, traitât mieux les convertisseurs. Arn. Celui-ci est une espèce de raillerie en parlant d’un converti, de joindre à cette qualité celle de convertisseur. Id. S’ériger en convertisseur. Polit. du Clergé. Ce n’est pas qu’il soit besoin d’un autre convertisseur que celui-là. Fléch.

CONVEXE. adj. m. & f. Courbé, cintré. On le dit de la surface extérieure d’un corps rond, par opposition à la surface intérieure qui est creuse ou concave. Convexus. Un miroir convexe fait voir les objets plus petits, & un concave les fait voir plus gros. Le verre sphérique convexe est plus épais en son milieu qu’en ses extrémités. Lorsqu’on plie un corps dur, ses parties s’écartent du côté convexe, & se rapprochent du côté concave. Roh. Scarron a dit en plaisantant de lui-même.

Ma poitrine est toute convexe :
Enfin je suis tout circonflexe ;

CONVEXITÉ. s. f. superficie extérieure d’un corps rond, de ce qui est convexe. Exterior globi facies, superficies globosa, convexa. La convexité du globe de la terre fait que l’horison sensible ne passe pas 50 lieues. Les convexités des verres sphériques sont ou égales ou plus grandes, ou moindres, respectivement à l’habitude qu’ont entre eux les diamètres de leurs sphères.

CONVICIER, v. a. vieux mot, dire des injures à quelqu’un. Conviciari.

☞ CONVICTION. s. f. preuve claire & évidente d’une chose. Rei alicujus inexpugnabilis probatio. On a trouvé dans ses papiers la conviction de son crime. On ne condamne point à mort, sans une pleine conviction de l’accusé.

☞ On le dit plus souvent de l’effet qu’une preuve évidente produit dans l’esprit, c’est-à-dire de la connoissance qu’on a qu’une chose est ou n’est pas fondée, sur des preuves évidentes. Ainsi, conviction & persuasion ne sont point synonimes. Ce dont on est convaincu est nécessairement vrai : on peut être persuadé d’une chose fausse. Avoir une entière conviction des preuves de la religion.

CONVIER, v. a. inviter à quelque repas, à quelque fête, à quelque cérémonie. Invitare. On a convié tous les grands du Royaume d’assister au sacre du Roi.

Ce mot vient du latin convitare, qui a été formé de cum & vivere, c’est-à-dire, vivre ensemble. Men.

Convier signifie aussi exciter, porter à faire quelque chose. Cyrus convia les Athéniens à quitter l’alliance de son frère. Ab. L’Empereur Ferdinand convia Elisabeth de ne point se séparer de la créance des Princes Chrétiens. Maucr. La nécessité des affaires le convia à se réconcilier. Roc.

Heureuse incertitude ! aimable obscurité !
Par où la divine bonté
A veiller, à prier sans cesse nous convie. L’Ab. Tétu.

Convier, v. n. vieux mot qui signifioit manger ensemble. Convivere.

Convié, ée. part. Invitatus.

On le dit aussi au substantif. C’est un des conviés à la noce. Jésus-Christ a fait une parabole des conviés à son festin, des conviés aux noces. Il y avoit grand nombre de conviés à une telle fête. C’étoit un proverbe chez les Grecs : Je hais le convié qui a de la mémoire, c’est-à-dire, le convié qui va révéler les secrets de la table.

CONVIS. s. m. & pl. vieux mot. Festins. Epulæ. Je crois que c’est plutôt convict, & au plurier convicts, du latin convictus.

CONVIVANT. s. m. Qui vit avec d’autres. Convivens. Il y a dans la congrégation de S. Gabriel en Italie, des convivans & des confluans. Les premiers vivent ensemble. Les seconds ne vivent pas ensemble, mais se rendent à certains jours dans un même lieu destiné pour leurs assemblées. Conviventi est le mot Italien,

CONVIVE, & m. Celui qui est invité & qui assiste à un repas avec d’autres personnes. Conviva. Il faut avoir un tel à souper, c’est un bon convive. Il n’y avoit que des convives choisis à cette réjouissance.

Convive. s. m. vieux mot, état des choses ; situation des affaires. Rerum status. La Chronique de Flandre, c. 19, dit, quand la Reine de France fut leur convive, & qu’ils avoient ordonné. Et c. 23. S’il vous plait nous ferions monter aux échelles, si saurions le convive d’eux. Jean de Mehun, en son Testament manuscrit dit :

Les uns prennent les Rois, & les autres les Roines…
Pour sçavoir les secrets des cœurs, & les convives.

☞ CONVOCATION. s. f. invitation, ordre, avertissement donné à plusieurs personnes pour se rassembler, soit pour des affaires générales, soit pour des affaires particulières. Convocatio. On a fait une convocation des Prélats pour tenir un Concile. Le ban & arrière-ban sont des convocations de la noblesse pour aller à la guerre. On fera la convocation des États de Bretagne, de Languedoc, au deuxième du mois prochain.

Le Conseil ayant jugé nécessaire d’assembler les États de Castille, on ne put jamais obtenir de la Reine qu’elle signât les lettres de convocation. Fléch. Vie de Xim. L. II, p. 221.

On le dit aussi de quelques assemblées de familles ou de petites communautés. Ce mariage s’est fait à la hâte, il n’y avoit point de convocation de parens. L’élection de ce Marguillier est contestée, parce qu’il n’y a point eu de convocation de paroissiens.

Ce mot vient du latin convocatio.

CONVOI. s. m. Transport d’un mort, de la maison au lieu de la sépulture ; assemblée qui accompagne un corps mort qu’on porte au lieu de la sépulture avec les cérémonies funèbres. Pompa funebris : Vous êtes priés d’assister au convoi, service & enterrement. Il y a deux sortes de convois ; l’un général, lorsque tous les Ecclésiastiques habitués d’une Paroisse accompagnent un corps qu’on porte en terre. L’autre s’appelle convoi de chœur, & c’est lorsqu’il n’y a que les écclésiastiques qui composent le chœur de la Paroisse qui accompagnent le corps.

Convoi, terme usité dans l’art militaire pour signifier une quantité de provisions, de vivres, de munitions, d’argent, &c. escortés par un corps de troupes, que l’on fait passer dans un camp ou dans une ville assiégée. Commeatus. Préparer un grand convoi.

☞ On dit en ce sens battre un convoi, c’est-à-dire l’escorte qui l’accompagne. Attaquer, surprendre un convoi.

On le dit aussi des navires de guerre qu’on donne pour escorte à des navires marchands. On appelle encore convoi, une flotte de vaisseaux marchands, avec son escorte.

Convoi de Bordeaux. Bureau du Roi établi en la ville de Bordeaux, pour la perception des droits qui se levent par mer seulement, sur six ou sept sortes de marchandises, comme sur les vins, eaux de-vie, prunes, &c.

L’origine de ce droit vient de ce qu’anciennement, les bourgeois & marchands de Bordeaux, pour la sûreté de leur commerce, faisoient des armemens pour escorter les vaisseaux qu’ils envoyoient sur Mer, & pour survenir à cette dépense, ils s’imposoient eux-mêmes certains droits à proportion des marchandises qu’ils envoyoient & chargeoient sur les vaisseaux. Dans la suite, le Conseil ayant trouvé plus convenable de donner des escortes pour convoyer les vaisseaux marchands Sa Majesté ordonna qu’il seroit établi en la ville de Bordeaux, un bureau de convoi, pour la perception de ce droit à son profit, au moyen de quoi Sa Majesté équiperoit & armeroit à ses frais, les vaisseaux nécessaires pour escorter les vaisseaux marchands qui appartiendroient aux habitans de la ville de Bordeaux.

Convoi se dit pareillement du droit même dont on fait recette dans ce bureau.

☞ CONVOIER. Voyez Convoyer.

CONVOITABLE. adj. m. & f. Qui peut être convoité & désiré. Expetendus, desiderabilis. Il n’y a rien en ce monde qui soit véritablement convoitable, que la vertu.

Ce mot est vieux, & ne se dit plus qu’en riant.

CONVOITER, v. a. desirer ardemment le bien d’autrui. Aliquid ardenter expetere, concupiscere. Il est défendu par le Xe commandement de convoiter le bœuf ni l’âne de son voisin, ni aucune chose qui lui appartienne. Ce mot n’est d’usage que dans la Théologie morale, & il suppose toujours un objet illicite & défendu par la loi de Dieu. On convoite la femme ou le bien d’autrui.

Ce mot vient du latin convotare. Men. D’autres croient qu’il vient de hait, vieux mot françois, qui signifie joie & allegresse.

Convoité, ée. part. Desideratus, appetitus.

CONVOITEUX, EUSE. adj. Qui convoite, qui desire le bien d’autrui. Ce mot est vieux & n’est plus en usage. Appetens, percupidus, avidissimus.

CONVOITISE. s. m. concupiscence, desir de posséder le bien ou la femme d’autrui. Cupiditas. La convoitise des richesses est la source la plus ordinaire de tous les péchés. Dans les accès de la convoitise, se jeter dans la neige pour résister aux tentations de la volupté charnelle. Bayl. La convoitise de régner est la plus forte des passions. Suivre ses convoitises, s’abandonner à ses convoitises, se laisser maîtriser par ses convoitises, dompter ses convoitises, &c. Il est hors de doute que ce plurier est usité. Les exemples suivans vont en convaincre. Que le péché ne domine donc point dans votre corps mortel, en sorte que vous vous soumettiez à ses convoitises. Bouh. Ep. aux Rom, VI, 12. Pour ceux qui apartiennent à Jesus-Christ, ils ont crucifié leur chair avec les vices & les convoitises. Id. Galat. V, 14. D’où viennent les dissensions & les querelles qui sont parmi vous ? N’est-ce pas de ceci, de vos convoitises, qui sont une guerre dans vos membres ? Id. Ep. de S. Jacq. IV 1. Vous demandez & vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal pour fournir à vos convoitises.

CONVOLER, v. n. terme de Palais. Il se dit des veuves qui se remarient. Ad alterum conjugium transire, ad secundas, tertias nuptias convolare. Une femme pendant son année de viduité, ne doit pas convoler à de secondes noces. La femme ne peut pas avantager son mari, quand elle convole en secondes noces, de plus grosse somme que celle qu’elle laisse à celui de ses enfans, à qui elle donne le moins.

☞ On doit dire, convoler à de secondes noces, convoler à un second mariage, & non pas convoler en secondes noces, quoiqu’on décide le contraire dans le Dict. de l’Acad. Pourquoi cette distinction, convoler à un second mariage, convoler en secondes noces ?

Convoler se dit aussi quelquefois absolument par une espèce d’ellipse. Cette veuve ne sera pas longtemps sans convoler. Elle a convolé. Il est du style familier. Ac. Franc.

CONVOQUER, v. a. faire assembler par autorité juridique. Convocare, &c. Il faut convoquer exprès tout le Chapitre, pour rendre valables les délibérations importantes. Convoquer un Concile, les Etats. Convoquer les deux semestres d’une compagnie. On convoque avec quelques solemnités. On le dit des assemblées publiques : mais on convie, quand on fait des assemblées particulières de parens, amis, &c.

Convoqué, ée. part. Convocatus.

CONVOY, Voyez CONVOI.

CONVOYER, vieux v. a. qui s’est dit autrefois pour inviter, attirer. Invitare, vocare.

Convoyer, v. a. accompagner quelque personne, quelque chose, soit pour lui faire honneur, soit avec main forte pour sa sûreté. Le corps mort de cette Princesse a été convoyé par un grand nombre d’Officiers, jusqu’au tombeau de ses pères. Funebrem alicujus pompam comitari. On a fait convoyer cette voiture d’argent jusqu’à l’armée, par deux compagnies de Cavalerie. Convoyer des vaisseaux marchands se dit d’un vaisseau de guerre qui les escorte & prend soin de leur conduite. Persequi commeatum.

Convoyer n’a guère d’usage que dans cette dernière acception.

Convoyé, ée. part.

Ce mot vient de conviare, comitari per viam.

CONVOYONS. Voyez Couvoyons.

CONVULSÉ, ÉE. adj. qui souffre une convulsion, qui est attaqué de convulsions. Convulsus, a, um. La glotte convulsée. Dod. Acad. des Sc. 1700. Mém. p. 243. Des muscles convulsés.

CONVULSIF, IVE. adj. terme de Médecine, qui se dit des mouvemens qui dépendent naturellement de la volonté, & qui deviennent involontaires par quelque cause étrangère. Motus spaticus, motus qui contradictione nervorum cietur, convulsus. Le mouvement convulsif est une contraction qui se fait par intervalles ; en quoi il diffère de la convulsion, qui est une contraction continue. Quand le principe des nerfs est attaqué, il arrive des mouvemens convulsifs. La tension convulsive des solides est une des principales causes qui détruisent l’équilibre qui doit être entre les solides & les fluides. Journ. des Sav.

Convulsif se dit aussi de ce qui cause la convulsion, ou les mouvemens convulsifs. Les plaies des nerfs sont convulsives. L’ellébore blanc est convulsif.

Convulsif au figuré, se dit des mouvemens trop emportés & trop violens de la colère, ou de quelqu’autre passion. Motus animi impotens. Vos mouvemens convulsifs de fureurs me font craindre pour votre raison. S. Evr.

CONVULSION. s. f. terme de Médecine, c’est une contraction continue qui se fait contre notre volonté des parties du corps, qui ont accoutumé de se mouvoir suivant notre volonté. Spasmus, convulsio, contrario nervorum. Les maladies violentes font mourir quelquefois avec de grandes convulsions.

☞ On appelle proprement convulsion, un mouvement irrégulier & involontaire des muscles, avec secousse & violence.

Convulsion se dit figurément des emportemens, efforts extraordinaires qu’on fait pour quelque chose. Animi impotentia, animi impotentis effrenatio. La seule vue d’un homme qui demande de l’argent à cet avare lui donne des convulsions. Mol. Puisque les figures expriment les mouvemens de notre ame, celles que l’on mêle en des sujets où l’ame ne s’émeut point, sont des mouvemens contre la nature, & des espèces de convulsions. Port-R. Cet homme rit avec un emportement ridicule ; fort accès va jusqu’aux convulsions. Bell. Les animaux de l’humeur de notre fâcheux, sont toujours farouches, & il leur prend des convulsions si subites, que personne n’est en assûrance auprès d’eux. Balz.

Et tandis que tous deux étaient précipités
Dans les convulsions de leurs civilités,
Je me suis doucement esquivé sans rien dire. Mol.

CONVULSIONNAIRE. s. m. malade agité de convulsions.

☞ CONVULSIONNAIRES ou CONVULSIONISTES. On a donné ce nom à quelques fanatiques modernes dont la secte a commencé de nos jours sur le tombeau de M. Paris. Ce fanatisme déplorable fut rejeté avec unanimité par les appelans les plus éclairés ; de-là, les noms de Convulsionnaires & d’Anticonvulsionnaires. Tous les miraculés étoient agités sur le tombeau de M. Paris de convulsions les plus surprenantes, dont on peut voir le détail dans un auteur non suspect, M. Colbert, Evêque de Montpellier, dans son Ordonnance du 11 Nov. 1736. Ces convulsions, dit-il, consistoient dans des élancemens subits, des tremblemens & des secousses violentes de tout le corps, des roulemens par terre, des bondissemens sur le pavé, des roideurs, des agitations effrayantes des bras, des jambes, de la tête contre le pavé, des extensions douloureuses, des frissonnemens, des grincemens de dents, des renversemens dans les yeux, des contorsions dans le Visage, des mouvemens impétueux & involontaires qui paroissoient tenir de la fureur, des douleurs inexprimables, des états d’insensibilité & de mort apparente, des cris affreux qui ressembloient à des mugissemens, des altérations, & quelquefois même des paroles d’impatience & d’emportement. Reconnoît-on ici l’œuvre de Dieu ? Est-ce de miraculés qu’on nous parle, ou plutôt ne nous fait-on pas le récit des plus furieuses possessions ?

☞ Le Cimetière fut fermé par ordre du Roi, au mois de Janvier 1732. Des maisons particulières furent les théâtres où l’on continua de jouer en secret ces farces scandaleuses. Mais enfin les convulsions ont eu le sort de toutes les nouveautés, & sont tombées avec le temps dans le discrédit.

CONYZA. s. f. plante. Voyez Conise.

CONZA, petite ville d’Italie, au royaume de Naples, dans la principauté ultérieure, au pié de l’Apennin.

CONZÉLATEUR. s. m. un des arcs-boutans d’un parti. C’est l’épithète que Guillaume Rose donne au Commissaire Louchard, qui fut un des quatre de la faction des seize, que le Duc de Mayenne fit pendre pour la mort du Président Brisson. « Monsieur le Lieutenant, dit-il, vous avez fait pendre votre Argentier conzélateur Louchard, & avez déclaré par conséquent pendables tous ceux qui ont assisté à la cérémonie de l’Ordre de l’union qu’on a baillé au Président Brisson. » Sat. Mén. in-8o. p. 82.

☞ CONZIEU, petite ville de France dans le Bugey, à deux lieues de la ville de Bellay.

COO.

COOBLIGÉ, ÉE. adj. & s. qui est obligé avec un ou plusieurs autres dans un acte public. Sponsores, vades quorum singuli in solidum spoponderunt, communi adstrictus vinculo. Les cautions solidaires sont coobligées. Un débiteur peut choisir tel des coobligés qu’il lui plaît pour le contraindre, & laisser en repos les autres. L’hypothèque se divise entre coobligés, quand ils n’ont renoncé au bénéfice d’ordre & de division. L’Hommeau.

☞ COOMB. s. m. La même chose que Comb. voyez ce mot.

☞ COOPÉRATEUR. s. m. celui qui opère avec quelqu’un ; celui qui coopère avec un autre ; celui qui concourt avec un autre à la production de quelqu’effet, soit dans l’ordre naturel, soit dans l’ordre surnaturel. Il ne se dit guère que dans les matières de piété & en Théologie. Rei alicujus efficiendæ adjutor, socius, cooperator. Les Apôtres prennent le titre de coopérateurs dans l’œuvre de notre régénération. Nous sommes les coopérateurs de Dieu. Port-R. Les coopérateurs de la grace.

Coopérateur. s. m. nom d’un Officier ecclésiastique en Allemagne, ou du moins en quelques diocèses d’Allemagne. L’Evêque de Coire ou de Chure en Suisse publia un Mandement l’an 1644, adressé à tous les Doyens, Chambriers, Curés, Coopérateurs & Chapelains de son Diocèse. P. Hel. T. VIII, p. 120. L’ordre dans lequel ces Officiers sont nommés, montre que les Coopérateurs sont ce que nous appelons Vicaires, qui réellement sont les Coopérateurs & les aides des Curés.

COOPÉRATION. s. f. action de celui qui concourt avec un autre pour produire un même effet. Operæ communis collatio, opera mutuo collata. La coopération de l’homme dans sa conversion, est un effet de la grâce & de la volonté du pécheur. Dieu ne nous sauve que par notre coopération.

COOPÉRATRICE. s. f. celle qui agit avec un autre. Rei alicujus perficiendæ socia & adjutrix. Vous êtes par-là les Ministres de la miséricorde de Dieu, vous en êtes les Coopératrices & les Coadjutrices, Bourdal. Exh. T. I, p. 107.

COOPÉRER, v. n. opérer conjointement avec un autre ; joindre son action à celle d’un autre pour produire ensemble quelqu’effet. Conferre operam, juvare aliquem. En vain donne-t-on des remèdes, si la nature n’est assez forte pour coopérer à la guérison du malade.

Coopérer se dit figurément en choses morales. L’homme coopère à la grace, c’est-à-dire, qu’il répond aux mouvemens de la grace. Dieu n’approuve point le crime en coopérant à l’action du pécheur, il ne fait que remplir la qualité de cause première & universelle en concourant avec les causes secondes. L’homme coopère à sa conversion avec le Saint-Esprit ; mais il ne coopère que par le secours de la grace. Boss. L’adresse seule ne fait pas les gens riches, il faut que la fortune y coopère beaucoup. Il ne seroit point parvenu à cette dignité, si les Puissances n’y avoient coopéré. On ne se sert guère de ce mot hors les matières de piété.

COOPTATION. s. f. l’action d’associer, d’agréger. Les Augures, les Pontifes étoient en possession de remplir les places vacantes dans leurs Collèges par voie de cooptation. Domitius, Tribun du peuple, fit passer une loi qui transféroit au peuple le droit de nommer à ces Sacerdoces. Par rapport au Grand Pontife, on convoquoit dix-sept Tribuns seulement, tirés au fort, & celui qui avoit la pluralité des suffrages dans cette assemblée, étoit coopté par les Pontifes. Le Tribun fit ordonner que la même chose se pratiqueroit à l’égard de toutes les autres places de Pontife & d’Augure. Crevier.

Cooptation. Dans les Universités, dans quelque Corps ; c’est un terme dont on se sert pour exprimer le passage subit d’une Université où l’on a pris les degrés, dans une autre, sans y faire aucune étude. C’est une espèce d’agrégation. Quoique Monsieur Couture ne fût Maître ès-Arts que de Caën, l’Université de Paris le choisit cependant, malgré ses statuts, pour Professeur de Rhétorique au Collège de la Marche, par cooptation, voie permise dans les cas singuliers, & dont on fit usage pour la première fois en sa faveur. Il fut dans la suite Recteur de là même Université. Obs. sur les Ecr. mod. t. 23, p. 105, 106.

☞ Ainsi la cooptation est une espèce d’agrégation extraordinaire accompagnée de dispense.

COOPTER, v, a. associer, agréger, Ce verbe qui vient du latin cooptare, n’est pas encore fort en usage, mais il a été employé par M. Huet, qui, en parlant de Pierre Halley, dit que l’Université de Paris, par une faveur particulière, le coopta en l’année 1641. Voyez Cooptation.

COORDES. s. f. pl. vieux mot, citrouilles.

☞ COORDONNÉES. adj. pl. terme de Géométrie. On appelle de ce nom les abscisses & les ordonnées d’une courbe. Voyez Abscisses & Ordonnées.

COP.

COP. s. m. vieux mot, coup. On a dit aussi copter, cobter, pour dire, frapper, du grec κόπτειν, qui veut dire la même chose.

☞ COPAÏBA. Voyez Cupayba.

☞ COPAHU, (Baume de) Voyez Baume & Cupayba.

COPAL. s. m. nom que les Mexicains donnent à toutes les résines & gommes odorantes, dont ils distinguent les différentes espèces par un surnom particulier. Il y a une résine appelée particulièrement de ce nom, qu’on apporte de la nouvelle Espagne ; elle est fort blanche, reluisante, transparente, en grosses pièces qui ressemblent au citron confit, bien clair & transparent. Les Indiens s’en servent au lieu d’encens dans leurs sacrifices. Cette résine est bonne pour les maladies de la tête : elle échauffe, résout & ramollit.

Copal est aussi l’arbre d’où cette gomme découle. Le copal est un arbre dont il sort de la gomme qui répand une odeur aussi agréable que celle de l’encens. Let. cur. et édif. T. XI.

COPALXOCOTL. s. m. arbre de la nouvelle Espagne, dont le bois se coupe aisément, sans qu’il se fende jamais ; il n’est pas sujet aux vers, & approche de la senteur & de la saveur du copal. Ses feuilles ressemblent à celles de nos cerisiers. Son fruit est doux, mais astringent : il est semblable à de petites pommes ; il en distille une salive fort glutineuse, laquelle étant appliquée, guérit la fièvre & les déjections sanguinolantes. Les Espagnols l’appellent cerise gommeuse. Cerasa gummosa.

COPARTAGEANT, ANTE. adj. qui partage quelque chose avec un autre. Consors, socius. Ils ne sont que trois copartageans dans cette succession. Un procès s’est élevé entre les copartageans.

COPAYBA. Voyez Cupayba.

COPEAU. s. m. menu, bois qu’on retranche, qu’on rogne d’une grande pièce, lorsqu’on l’abat & qu’on la taille ou qu’on la façonne. Assula, segmen, segmentum. Les pauvres gens se chauffent des copeaux qu’ils ramassent dans les bois, dans les atteliers. Les Marchands de vins éclaircissent leur vin avec des copeaux que les Menuisiers enlèvent avec le rabot, & ils l’appellent vin de copeaux. On a dit autrefois coupeaux.

Ce mot vient du grec κόπεον qui signifie morceau ou fragment de quelque chose que ce soit, du verbe κόπτω, cædo, seco.

COPEC, qu’on nomme aussi Copique & Kopeké. s. m. monnoie qui se fabrique & qui a cours en Moscovie. Le copec d’or vaut trente-neuf sols huit deniers ; celui d’argent un sou quatre deniers de France.

COPEGHI. Dinar Copéghi. Voyez Dinar.

COPEIZ. s. m. terme de Coutume, bois nouvellement coupés.

COPENHAGUE, ville capitale du Royaume de Dannemark, située dans l’Île de Zéelande ou Séelande, sur le détroit du Sund, vis-à-vis de l’Île d’Amagh, à laquelle elle est jointe par un pont de bois. Hafia, Codania. Copenhague n’est pas ancien. Un Evêque de Rochild fit bâtir dans le XIIe siècle un fort en ce lieu pour arrêter les Pirates ; plusieurs pêcheurs bâtirent leurs cabanes auprès de ce fort ; on le nomma d’abord Stagelbourg, ensuite on lui donna le nom d’Axel-huys, à cause d’Axil Vidon, Archevêque de Lunden, qui contribua beaucoup à l’orner vers l’an 1158. Enfin, parce qu’il y venoit plusieurs marchands pour acheter le poisson des pêcheurs, on le nomma Hiohmaus haren, ou Haffen, c’est-à-dire, Port des Marchands ; de-là s’est fait Copenhagum, & en françois Copenhague. Le Roi y introduisit la Religion Luthérienne en 1535, malgré les Evêques qu’il chassa. Il y a une Université à Copenhague, fondée en 1474, par Christiern I. Le port de Copenhague passe pour être un des plus beaux du monde.

Différence du méridien de Paris 0° 41′ 41″ orient. ou 10° 25′ 15″. Longitude 30° 16′ 35″. Latitude 55° 40′ 45″. Cassini.

COPERMUTANT. s. m. terme relatif : chacun de ceux qui permutent ensemble un bénéfice. Commutans. Il arrive souvent que les deux Copermutans se trompent l’un l’autre.

☞ COPERNIC. s. m. nom d’homme. Nicolas Copernic, célèbre Astronome, natif de Thorn, dans la Prusse Royale, & Chanoine de l’Eglise de Warmie, proposa en 1530, la fameuse hypothèse qui a été généralement adoptée, excepté en Italie. Voyant que le systême de Ptolomée étoit insoûtenable, il prit une route toute différente de la sienne. Il plaça le soleil sensiblement au milieu du monde, & il ne lui donna qu’un mouvement sur son axe, qui se fait en vingt-cinq jours & demi. Au tour du soleil, il fit tourner, d’occident en orient, dans des orbes sensiblement circulaires, & réellement elliptiques, Mercure en trois mois, Vénus en huit, la Terre en un an, Mars en deux, Jupiter en douze, & Saturne en trente.

☞ Outre ces mouvemens périodiques, il donne aux planètes principales, un mouvement d’occident en orient sur leur axe. Vénus acheve le sien en vingt-trois heures, vingt minutes ; la Terre en vingt-trois heures cinquante-six minutes ; Mars en vingt-quatre heures quarante minutes ; Jupiter en neuf heures cinquante-six minutes ; Mercure & Saturne ont, comme les autres planètes principales, leur mouvement de rotation sur leur axe ; mais le premier est trop près, & le second est trop loin du soleil, pour que les Astronomes en aient pu fixer le temps. Au dessus de l’orbe de Saturne, mais à une distance presque infinie ; Copernic place les étoiles fixes auxquelles il ne donne qu’un mouvement sur leur axe.

☞ Voici donc en deux mots tout le systême. 1o. A peu près au centre du monde, c’est-à-dire, à un des foyers des ellipses planétaires se trouve le soleil ; 2o. l’ellipse parcourue par Mercure ; 3o. l’ellipse parcourue par Vénus ; 4o. l’ellipse parcourue par la Terre ; 5o. l’ellipse de Mars ; 6o. l’ellipse de Jupiter : enfin l’ellipse de Saturne, Le reste du Ciel est occupé par les étoiles fixes.

☞ On trouvera, sous différens articles, l’explication des phénomènes qui doivent résulter de cet arrangement des corps célestes. Voyez Système, Cartésianisme & les articles relatifs.

COPERNIC. s. m. terme d’Astronomie, c’est le nom que les Astronomes donnent à la tache de la lune, qui est la onzième dans le catalogue du P. Riccioli. On lui a donné ce nom en l’honneur du fameux Nicolas Copernic, l’un des plus grands Astronomes de l’Univers. On trouve dans le Dictionnaire les noms de quelques taches de la lune, comme Erasthenes, Eudoxus, &c.

Copernic est aussi le nom d’un instrument astronomique inventé par M. Whiston pour calculer & représenter les mouvemens des planètes premières & secondaires. Encyc.

☞ Cet instrument est peu en usage.

COPERNICIENS. s. m. pl. partisans de Copernic, ceux qui soûtiennent son hypothèse astronomique.

COPHTE ou COPTE, ancienne ville d’Egypte, que les Arabes appellent Gobt, les Cophtes, Keft. Les Arabes disent qu’elle a tiré ce nom de Cobt, fils de Mesra ou Mirsraïm, qui la lui donna. Quelques Auteurs ont prétendu que c’est de-là que s’est formé le nom d’Egypte. Le P. Kirker est de cet avis. Voyez son Œdip. Æg. T. I, p. 41 & 42, & son Prodromus Copt. c. 1.

Cophte ou Copte. s. m. & f. Cophtus, Coptus, nom qu’on donne aux Chrétiens d’Egypte qui sont de la secte des Jacobites. Les sentimens sont fort partagés sur l’origine de ce nom ; car premièrement on l’écrit différemment ; les uns disent Gophte, Gophtus, les autres Cophtus, Cophte, d’autres Copte, Coptus ; & d’autres enfin Cophtite, ou Coptite, Cophtita ou Coptita. Scaliger, dans son Livre de emendatione, p. 705, prétend que ce nom vient de celui de Copte, Coptos, ville autrefois célèbre & fort marchande en Egypte, & métropole de la Thébaïde, dont il est fait mention dans Strabon & dans Plutarque. Le P. Kirker le réfute dans son Prodromus Coptus, c. 13 & Scaliger lui-même change de sentiment ailleurs, comme nous le verrons bientôt. D’autres le dérivent de Cabtim, second Roi des anciens Egyptiens ; Jean Léon, dans sa Description de l’Afrique, & d’autres après lui disent que les Egyptiens appellent leur pays Elehibth ou Chibth, sans l’article ; que ce nom lui a été donné par Chibih, qui est le premier Roi qui y ait régné. Vansleb, dans la Préface de son Histoire d’Alexandrie, dit que l’Egypte a été ainsi nommée de Copt fils de Mitsraïm, & petit-fils de Noé, qui après avoir vaincu trois frères qu’il avoit, régna seul dans tout ce pays. Tout cela sont autant de fables ; Scaliger a pensé plus raisonnablement, quand il a dit que les Ethiopiens appellent l’Egypte Giptu & Gibetu, que les Egyptiens Mahométans appellent leurs Compatriotes Chrétiens Elehibth ; qui n’est rien autre chose que Eleupti, & que ces noms se sont formés de ΑΙΓΥΠΤΟΣ, par le retranchement de la première syllabe. Quelque vraisemblable que soit cette étymologie, le P. du Sollier y trouve des difficultés. La première est, que le nom Grec de l’Egypte est plus ancien que son nom Egyptien. Pour obvier à cette difficulté, il croit qu’on pourroit dire que les Grecs ont fait leur Αἴγυπτος du nom Egyptien Gupti ou Gypti, en y ajoûtant le mot grec Αἰα pour Γαῖα, de sorte que Αἴγυπτος fût la même chose que Terra Gyptiorum, la terre des Gyptiens. Cela n’est point probable ni nécessaire. Il n’y a nulle preuve que les anciens aient été appelés Gypti ou Kupti, ou Copti ; & ce n’est point un inconvénient que le nom égyptien d’aujourd’hui soit plus récent que le nom grec. Que les Grecs ayant été long temps maîtres de l’Egypte, & leur langue ayant été si fort en usage, les Arabes survenant & trouvant Αἴγυπτος ; Ægyptus, établi pour le nom de ce pays, ils l’aient abrégé, & dit Elchibth, pour Elechibth, rien n’est plus faisable ; aussi ce sentiment est non-seulement de Scaliger, mais aussi du P. Morin, qui cite sur cela le Talmud de Babylone dans le Traité Megilla, fol. 18, p. 1, où les Egyptiens sont appelés Gyptes ; du P. Hardouin, cité par le P. du Sollier ; & de M. l’Abbé Renaudot. La seule raison plausible qua ce Père oppose, est que tous les Egyptiens devroient s’appeler Cophtes, qu’il n’y a cependant que les Chrétiens ; que parmi les Chrétiens mêmes, il n’y a que ce les Jacobites qui portent ce nom ; qu’on ne le donne point aux Melchites. Cela fait croire au P. du Sollier