Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/891-900

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Fascicules du tome 2
pages 881 à 890

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 891 à 900

pages 901 à 910


que ce mot s’est formé du nom Jacobite : par le retranchement de la première syllabe, on a fait Cobite, Cobta, Copte ou Cophte. Il ne donne cependant ceci que comme une conjecture ; mais il faut avouer qu’elle n’est point méprisable, quoique le sentiment précédent paroisse beaucoup plus vrai, car selon la remarque de M. l’Abbé Renaudot, les vocabulaires Cophtes & Arabes décident la difficulté, traduisant le mot Αἴγυπτος qui signifie Egyptien, Cophte ou Copte ; & les Arabes, dans leurs Histoires d’Egypte, dont il y en a un grand nombre, parlant des anciens Egyptiens, les appellent Coptes. Voyez le Pollier Jésuite, dans l’Appendix ad Alexandrinos Patriarchas de Coptis Jacobitis, imprimée en 1703, à Anvers, à la fin de son Traité des Patriarches d’Alexandrie, où il a traité fort savamment des commencemens des Jacobites, des mœurs, des sentimens, des erreurs, des rits, des sacremens, des jeûnes, de la circoncision des Coptes, &c. M. l’Abbé Renaudot, de la Perp. de la foi, T. IV, L. I, c. 9 & 10, Le P. Hel. Hist. des Ordres Relig. I, P. c. 8. Le P. Vansleb, Histoire de l’Eglise d’Alexandrie, imprimée à Paris en 1677, & dans sa relation Italienne de l’Etat présent de l’Egypte, imprimée au même lieu en 1671, & dans la nouvelle relation d’un voyage fait en Egypte, imprimée aussi à Paris en 1677.

Les Cophtes sont divisés en trois Ordres. Le Clergé d’abord, puis les Laïques qui se divisent en deux : les gens considérables, qu’ils appellent Mebaschers, mot Arabe dérivé de בשר baschar, Nuntiavit, & qui signifie Nuncius, d’où vient qu’ils appellent les Evangélistes d’un nom semblable ? Le second ordre des Laïques est composé des Artisans & de tout le peuple. C’est ce que nous appelons le Clergé, la Noblesse & le Tiers Etat.

Le P. Kirker, dans son Prodromus Coptus, c. 1, distingue les Cophtes des Coptes, ainsi qu’il les appelle, & qui sont les Coptes, ou Chrétiens Jacobites d’Egypte, dont nous venons de parler ; & il prétend que Copte est un nom forgé par les Mahométans, qui appellent ainsi les Chrétiens & les Moines d’Egypte ; que ce nom signifie coupé, circoncis : ce qu’il fait bien remarquer, parce qu’il ne se souvient point d’avoir trouvé κόφτος dans les anciens Auteurs. Le P. du Sollier, Jésuite, dans l’Appendix qu’il a mise à la fin de son Traité des Patriarches d’Alexandrie, & dans laquelle il traite des Coptes ou Cophtes, réfute le P. Kirker, & soûtient que dans les anciens Auteurs on ne trouve pas plus Copte que Cophte ; que ces noms sont aussi nouveaux l’un que l’autre. Il ajoûte qu’il ne voit pas pourquoi les Mahométans appelleroient les Chrétiens d’Egypte par dérision Coptes, c’est-à-dire, circoncis, puisqu’ils le sont eux-mêmes ; & que si c’étoit un terme de mépris, il ne conçoit pas comment la Chronique d’Alexandrie leur donneroit ce nom ; que personne avant le P. Kirker n’a fait cette distinction ; car Quaresnius, qui semble aussi la faire, Liv. I, c. 46, écrivoit en même temps que ce Jésuite ; qu’enfin on ne peut pas supposer que des le VIIIe ou IXe siècle tous les Chrétiens Jacobites d’Egypte ont été appelés Cophtites, à cause de la circoncision, puisqu’il est probable que ce n’est qu’au XIIe siècle, sous les Patriarches Macarius & Abul-Magede, que la circoncision a été communément reçue, ou recommandée parmi eux, & que si elle fut pratiquée auparavant, ce ne fut que par quelques particuliers, & sans obligation. Tout ceci est tiré de l’Ouvrage du P. du Sollier, dont nous avons parlé au mot Copthe ; & M. l’Abbé Renaudot a fait ensuite la même réflexion dans le IVe T. de la Perpét. de la Foi, Liv. I, c. 9, p. 71. Autrefois dans tout le Diocèse ou Patriarchat d’Alexandrie, il n’y avoit qu’un seul Archevêque, qui étoit le Patriarche d’Alexandrie, qui n’avoit sous lui que des Evêques. Les Grecs orthodoxes ont établi dans la suite beaucoup de Métropolitains. Les Jacobites ont conservé l’ancienne forme de la hiérarchie. Ils n’ont encore aujourd’hui d’Archevêque que leur Patriarche, qui réside ordinairement au Caire, & qui prend le titre d’Alexandrie. Il a onze ou douze Evêques sous lui. L’Evêque de Diamette est le seul qui soit appelé Métropolitain, & cela dans le XIIe siècle seulement. Le reste du Clergé, ou Séculier ou Régulier, est composé des Ordres de Saint Antoine, de S. Paul & de S. Macaire, qui ont chacun leurs Monastères. Outre les Ordres de Prêtrise, de Diaconat & de Sous-diaconat, les Cophtes ont aussi des Igoumenes, ou Archimandrites, & ils leur confèrent cette dignité avec les mêmes prières & les mêmes cérémonies que les Ordres. Elle fait une distinction considérable entre les Prêtres ; & outre le rang & l’autorité qu’elle donne à l’égard des Religieux, elle comprend le rang & les fonctions des Archiprêtres. Par un usage de plus de six cens ans, si un Prêtre élû Evêque n’a pas été Archimandrite, on lui confère cette dignité avant l’Ordination Episcopale.

La seconde personne du Clergé, & qui, après le Patriarche, tient le premier rang parmi les Evêques, est celui qu’ils appellent Patriarche de Jerusalem, qui, par un ancien droit, ou coutume qui a passé en loi, gouverne l’Eglise Copthe pendant la vacance du siège Patriarcal. Ce patriarche de Jerusalem réside au Caire depuis long temps, apparemment parce qu’il y a trop peu de Cophtes à Jérusalem. Il y va seulement à Pâques, & fait quelques visites dans la partie de la Palestine qui touche l’Egypte, & qui reconnoît sa jurisdiction. Il n’est proprement qu’Evêque du Caire ; & il ne prend ce titre étranger, qu’afin que le Patriarche d’Alexandrie résidant au Caire, ne puisse y prendre aucune autorité. Ce n’est donc point comme l’a cru M. Simon, le Patriarche d’Alexandrie qui porte aussi le titre de Patriarche de Jérusalem. Pour être élu Patriarche, il faut avoir passé toute sa vie dans la continence, & même être vierge, & l’on choisit presque toujours un Religieux. C’est lui qui confère les Evêchés. Pour être Evêque, il faut être dans le célibat, & si l’on a été marié, il faut ne l’avoir été qu’une fois. Les Prêtres & les Ministres inférieurs peuvent se marier, mais on ne les y oblige point, comme l’écrit faussement Ludolph ; & l’on en voit plusieurs qui passent leur vie entière dans le célibat, comme dans l’Eglise latine. Bien plus, ils ne peuvent plus se marier quand ils ont été ordonnés, soit qu’ils ne l’aient point été avant leur ordination, soit qu’ils deviennent veufs. Il y a une infinité de Diacres ; & on les ordonne souvent dès l’enfance. On n’élève aux Ordres Ecclésiastiques que des Artisans & des gens du peuple ; de là l’ignorance où ils sont, & où les trouva le P. Roderic, Jésuite. Le respect des Laïques pour le Clergé, & des ordres inférieurs dans le Clergé pour les supérieurs, ne laisse pas d’être extrême & constant. Ils ont un Office plus long même que le Romain, qui ne change jamais en rien. L’Office du Carême est plus long qu’en autre temps, & celui des Evêques l’est plus que celui des Ordres inférieurs. Ils ont trois Liturgies, qu’ils changent selon les temps. La plus ordinaire est de Saint Basile ; les deux autres sont celles de S. Grégoire de Nysse & de S. Cyrille, qui sont beaucoup plus longues. Le P. Vansleb parle d’une Liturgie Grégorienne, dont ils ne se servent que dans les fêtes de N. S. & dans quelques autres des plus célèbres. Cet Auteur parle encore de douze autres Liturgies des Coptes, mais ce qu’il en dit paroit peu sûr au P. du Sollier.

Il y a des Religieux & des Religieuses Coptes, & la profession Monastique est en grande estime parmi eux. Pour y être reçu, il faut avoir la permission de son Evêque. Ces Religieux Coptes font vœu de chasteté perpétuelle. Ils renoncent à leurs parens & à leurs biens, & n’en possèdent aucun. Ils habitent dans les déserts. Ils ne s’habillent que de laine, ils se ceignent d’une courroie ; ils ne mangent point de viande, si ce n’est dans la dernière nécessité, & sont obligés même à retrancher de leur repas toutes les viandes délicieuses, & à se priver de toutes les sortes de nourritures sans lesquelles le corps se peut soûtenir. Ils passent leur vie en oraisons & au travail, & s’appliquent à la lecture de l’Ecriture Sainte. Ils dorment sur une natte étendue par terre, excepté les Supérieurs & les malades. Il ne leur est pas permis de quitter leurs habits, ni leurs ceintures, ni de dormir deux sur la même natte, ni proche l’un de l’autre. Ils sont obligés aux Heures Canoniales, & se prosternent tous les soirs cent cinquante fois, la face & le ventre contre terre, étendant les bras en croix & les points fermés, & faisant à chaque fois le signe de la croix. Ils s’occupent à travailler à la campagne. Ils mangent à Sexte, & à la fin du jour ; & s’ils ne sont pas occupés à des travaux rudes, ils doivent se contenter d’un seul repas, qu’ils font à None, ou à la fin du jour. Ils n’ont point de jeûnes que ceux de l’Eglise Copte. Ils ont beaucoup de Monasteres, dont le P. Helyot parle dans son Hist. des Ordres Religieux, I. P, c. 8. Outre les Auteurs cités, on peut voir encore le Févre, Traité de la Turquie ; Quaresnius, Elucid. Terræ Sanctæ ; Thevenot, Voyage du Levant, L. I ; le Monde de Davity ; l’Afrique de Marmol ; la Relation d’Egypte du P. Vansleb ; & le Voyage de la Terre-Sainte du P. Eug. Roger. Les Moines & les Religieuses Coptes sont tous de la lie du peuple. Ils ne vivent que d’aumônes : ils mènent une vie fort dure, & ne mangent jamais de viande, si ce n’est dans leurs voyages, hors de leurs Monastères. Les Monastères de Femmes sont proprement des Hôpitaux. Il n’y entre guère que des veuves réduites à la mendicité.

Les Mébaschers, car c’est ainsi qu’il faut écrire, puisqu’il vient de בשר & non pas Mébachers, avec le P.  du Sollier, comme s’il venoit de בכר ou בחר (le P.  du Bernat qui est François en écrivant ainsi dans ses lettres au P. du Sollier a voulu exprimer le son du ש Arabe, qui est le même que celui de notre ch françois ; mais en l’écrivant ainsi, sur tout en latin, on défigure ce mot ; duquel ceux même qui savent l’Arabe, n’entendroient plus l’origine & la signification) les Mébaschers, dis-je, sont la Noblesse des Coptes, si cependant on peut donner ce nom à des gens qui ne sont que les Fermiers Généraux des Turcs & des partisans d’Égypte. Ils sont riches, principalement ceux des douze premières familles, qui ont trouvé le moyen de rendre cet emploi héréditaire dans leur famille. Le reste du peuple est très-gueux ; & les uns & les autres sont très-ignorans, ceux-là par négligence & par mépris, & ceux-ci faute d’instruction.

Le P. Roderic, au rapport de Sacchin, Hist. Societ. Jes. T. II, L. IV, §. 120 & suivans, réduit les erreurs & les sentimens des Coptes à six chefs. 1o. Qu’ils répudient leurs femmes, & en épousent une autre du vivant de celle qu’ils ont répudiée. 2o. Qu’ils circoncisent leurs enfans avant le Baptême. 3o. Qu’ils ont à la vérité sept Sacremens, dont les quatre premiers sont le Baptême, l’Eucharistie, la Confirmation & l’Ordre, mais que les trois autres sont la Foi, le Jeûne & l’Oraison. 4o. Qu’ils nient que le Saint-Esprit procède du Fils. 5o. Qu’ils ne reconnoissent que trois Conciles Œcuméniques, qui sont ceux de Nicée, de Constantinople & d’Ephèse ; & que dans celui de Nicée ils ont 84 canons, desquels il y en a deux qui ordonnent l’obéissance au Pape comme les Catholiques. 6o. Qu’ils rejettent le Concile de Chalcédoine, & ne reconnoissent dans Jesus-Christ, après l’union de l’humanité avec la Divinité, qu’une seule nature, une volonté, une action. Dans la discipline & les rits, il trouve qu’ils pèchent encore en plusieurs choses ; car, 1o. Ils croient qu’il faut encore s’abstenir de manger du sang & des animaux suffoqués. 2o. Que le mariage est permis au second degré. Ils ordonnent des Diacres dès l’âge de cinq ans ; & 4o. Enfin en plongeant l’enfant dans les fonts de Baptême, ils répètent trois fois la formule. D’autres ajoûtent encore quelques abus, comme de croire qu’il y a un Baptême de feu, qu’ils donnent avant le Baptême d’eau, en appliquant un fer chaud sur le front, ou sur les deux joues. Voyez Jacobus de Vitriaco, Histor. Orient. C. 76 ; & Sanutas, L. III, Part. VIII, c. 4 ; & le P.  du Sollier, p. 129.

D’autres retranchent de ces erreurs, & excusent sur cela les Cophtes ; car, 1o. le P.  Vansleb, qui traite fort exactement du Mariage des Cophtes, p. II, c. 32, 33, 34 & 35, ne leur reproche rien sur le chapitre du Divorce & de la Polygamie simultanée. S’ils pèchent en cela, c’est dans la pratique, ce n’est point dans la doctrine. Ils enseignent que le mariage est indissoluble. Ils tolèrent à la vérité de nouvelles noces après le divorce ; mais ils s’en excusent sur la domination du Turc, & l’impuissance où ils sont de faire observer les Canons sous ces maîtres. On prétend encore qu’ils n’errent point sur la Procession du S. Esprit. Ce qui paroît de plus vrai, c’est qu’ils ignorent même cette dispute. M. Simon les accuse d’observer le Sabbat : cela n’est point vrai ; seulement ils ne jeûnent point ce jour-là. S’ils ne mangent point d’animal fuffoqué, c’est dans quelques-uns raison de santé, & dans d’autres c’est erreur ; mais erreur de quelques particuliers seulement, qui croient que le précepte des Apôtres Act. XV, 29, oblige encore ; ce n’est point le sentiment de la secte entière. Le mariage au second degré est un abus introduit dans les mœurs, mais non point dans la doctrine ; & ainsi du reste.

Les Cophtes ont les sept Sacremens de l’Eglise Catholique, comme on le peut voir dans le P. du Sollier, sect. III ; & dans M. l’Abbé Renaudot, T. IV de la Perpét. de la Foi, L. I, c. 10. La Circoncision n’est en usage parmi eux que depuis la conquête des Arabes Mahométans. Aucun Auteur ne parle de la Circoncision des Cophtes avant le XIIe siècle ; & jamais ils ne l’ont regardée, & ne la regardent point encore comme nécessaire. Quant à ce que Roderic accuse les Cophtes de faite circoncire leurs enfans avant le Baptême, comme ce n’est point par un principe de Religion, qu’ils circoncisent leurs enfans, on ne doit point mettre cela au nombre de leurs erreurs ; le P. Vansleb, dans son Hist. de l’Eglise d’Alexandrie, ch. 20, dit que la Circoncision est en usage chez les Cophtes, non par un commandement Judaïque, ni par un précepte de Religion, mais par une ancienne coutume qu’ils ont prise des Ismaëlites, comme le témoigne un de leurs Auteurs nommé Amba Michel, Métropolitain de Diamette. Ils tiennent la Circoncision comme une chose indifférente, & ils croient pratiquer ce que S. Paul a écrit aux Corinthiens, quand il dit : Qui vocatus fuerit ad fidem & habet præputium non circumcidatur, & qui vocatur & est circumcisus, non revertatur ad præputium, c’est-à-dire, selon leur explication, ceux qui deviennent Fidèles & qui sont circoncis, qu’ils continuent à se circoncire & toute leur postérité. Le même Père Vansleb, après avoir observé qu’ils circoncisent aussi leurs filles, ajoûte : mais l’une & l’autre de ces cérémonies se fait par une femme Turque dans un bain public, ou dans une maison particulière, sans y observer aucune cérémonie religieuse. Voyez encore ce qui a été remarqué là-dessus en parlant des Abissins.

Pour le Baptême de feu qu’ils donnent, dit-on, par l’application d’un fer chaud, c’est une fable qui n’est fondée que sur le témoignage de Jacques de Vitry, qui ne la raconte que sur le rapport des autres, & qui a mal pris & attribué à tous les Cophtes, ce qu’il avoit apparemment oui-dire de quelques-uns seulement, qui avoient des marques de croix sur la peau ; comme quelques voyageurs de la Terre-Sainte, même parmi nous, s’en font. Ce qu’on leur reproche par rapport à l’hérésie des Monophysites, aux Conciles qu’ils rejettent, à l’ordination des Diacres dès l’enfance, est mieux fondé, & n’est que trop vrai. Ils ne croient point avoir seuls la véritable Eglise, mais ils en excluent les francs, c’est-à-dire, les Catholiques & les Melchites. Du reste, ils disent que depuis le Concile de Chalcédoine & la division des Patriarches, chacun d’eux est chef dans son Eglise.

Les Cophtes ont fait en différens temps différentes réunions avec l’Eglise Romaine ; mais en apparence seulement, & dans la nécessité de leurs affaires. Sous Paul IV il parut à Rome un Syrien qui se disoit envoyé du Patriarche Copthe d’Alexandrie, & qui apportoit de lui des Lettres au Pape, par lesquelles il reconnoissoit son autorité, & lui promettoit obéissance. Paul IV, étant mort sur ces entrefaites, Pie IV, qui lui succéda, après s’être assûré autant qu’il le put de la vérité des lettres de l’envoyé par le moyen du Conseil Vénitien du Caire, & même avoir reçu de nouvelles lettres du Patriarche plus formelles encore que les premières, & par lesquelles il demandoit qu’on lui envoyât quelqu’un avec qui il pût traiter de la réunion de son Eglise à l’Eglise Romaine, le Pape choisit le P. Roderic Jésuite, qu’il fit partir en 1561, avec la qualité de Nonce Apostolique. Mais ce Jésuite, après quelques conférences avec deux Cophtes commis pour cela par leur Patriarche Gabriel, n’eut pas toute la satisfaction qu’il attendoit. Ils avouèrent que dans la lettre écrite au Pape, on lui avoit donné à la vérité la qualité de Pere des Peres, de Pasteur des Pasteurs, de Maître de toutes les Eglises ; mais ils ajoûtèrent qu’on ne devoit pas prendre à la rigueur des termes qui n’étoient que des civilités, & que c’est de cette manière qu’on a coutume d’écrire à des amis. Ils dirent de plus, que depuis le Concile de Chalcédoine, & l’établissement des différens Patriarches indépendans les uns des autres, chacun étoit Chef & Maître dans son Eglise. C’est ainsi que le Patriarche des Cophtes traita les envoyés du Pape, après qu’il eût reçu du Consul l’argent qu’on lui envoyoit de Rome. Toute cette histoire est rapportée plus au long au Livre IVe de l’Histoire de la Compagnie de Jesus, écrite par le Père Sachini, Jésuite.

Copte ou Cophte, (Le) est l’ancienne langue des Egypthiens mêlée de beaucoup de Grec. Le P. Kirker est le premier qui ait publié un Vocabulaire & quelques Grammaires Cophtes. Il ne s’est jusqu’à présent trouvé aucun livre en langue Copte qui ne fût des Traductions de l’Ecriture-Sainte, ou des Offices Ecclésiastiques, ou d’autres qui ont rapport à cette matière, comme des Grammaires & des Dictionnaires. Les caractères de cette langue sont purement grecs.

Les Cophtes ne parlent plus depuis longtemps leur ancienne langue Cophte, qui ne se trouve que dans leurs livres. On parle Arabe dans tout le pays. Cette langue Cophte, que le Jésuite Kirker prétend être une langue matrice & indépendante de toute autre, a été beaucoup altérée par la langue grecque. Car outre qu’elle en retient encore les caractères un peu changés, un très-grand nombre de ces mots sont purement grecs. Isaac Vossius, qui a pris plaisir à avancer des paradoxes, a prétendu, dans une de ses réponses à M. Simon, qu’il n’y a eu aucune langue Cophte avant que l’Egypte fût soumise aux Arabes. Cette langue, selon lui, est un mélange du grec & de l’arabe ; le nom même de cette langue n’étant point dans le monde avant que les Arabes fussent les maîtres de l’Egypte. Mais cela prouve seulement, que ce qu’on nommoit auparavant langue égyptienne a été appelé depuis Copte par les Arabes, & par une corruption de langage. Il se peut faire que les Arabes aient apporté quelques mots de leur langue dans l’ancien Cophte, ou Egyptien. On ne conclura pas de là qu’il n’y avoit avant ce temps-là aucune langue Cophte ou Egyptienne.

C’est ce que M. Simon a répondu à M. Vossius dans son Hist. Crit. des versions du Nouveau Testament, chap. 16 & il ajoûte en même-temps, que les mots arabes qui sont dans la langue Cophte peuvent y avoir été avant que les Egyptiens fussent soumis aux Arabes. Les anciens Géographes, dit il, assûrent que la ville capitale de la Thébaïde, appelée Coptos, étoit le lieu où les Arabes, les Indiens & les Ethiopiens apportoient leurs marchandises ; & ainsi il n’est pas surprenant que le commerce des Egyptiens avec les Arabes & les Ethiopiens ait introduit quelques mots Arabes dans le Cophte ou Egyptien. On trouve dans la Bibliothèque du Roi plusieurs livres écrits en langue Cophte. Mais ce sont des Versions de l’Ecriture-Sainte, ou des livres de leur Office Ecclésiastique. Il y en a un dans la Bibliothèque du Collège des Jésuites à Paris, qui contient l’Evangile de S. Jean avec une version Arabe interlinéaire. Pietro della Valle, dans la lettre citée ci-dessus, dit que les Cophtes ont perdu entièrement leur ancienne langue, dans laquelle ils ont seulement quelques livres sacrés, disant encore la Messe en cette langue. E solo hanno in essa alcuni libri sacri, dicendo ancora la Messa in quella lingua. Il ajoûte que comme cette langue n’est plus entendue, tous leurs livres ont été traduits en Arabe, qui est leur langue vulgaire. C’est pourquoi ils lisent deux fois à la Messe l’Evangile & l’Epitre, savoir, une fois en Copte, & une fois en Arabe. Mais si nous en croyons le P. Vansleb dans sa Relation Italienne de l’état présent de l’Egypte, les Cophtes célèbrent la Messe en Arabe, à la réserve de l’Evangile, & de quelques autres choses qu’ils lisent ordinairement en Cophte & en Arabe. La Messa celebrano in lingua Arabica, eccetto l’Evangelio & alcune astre cose che soliano leggere nella lingua Copia & Araba.

COPHTIQUE ou COPTIQUE. adj. m. & f. qui appartient aux Cophtes ou Coptes. Cophticus, Copticus, a, um. Les Liturgies Cophtiques sont celles dont se servent ceux des Chrétiens d’Egypte, qui ne reconnoissent qu’une seule nature en J. C. & qui se sont séparés du temps de Dioscore. Il y a trois Liturgies Cophtiques. La première est attribuée à S. Basile, la seconde à S. Grégoire le Théologien. & la troisième à S. Cyrille d’Alexandrie. Les Liturgies Cophtiques ont été traduites en Arabe, à l’usage du peuple, & même des Prêtres qui n’entendent pas à présent la langue Cophtique. Le P. Kirker prétend que la langue Cophtique est l’ancienne langue des Egyptiens, & qu’on peut s’en servir pour expliquer les Hiéroglyphes & les anciennes suscriptions. D’autres disent que c’est un mélange de Libyen, d’Arabe & d’Egyptien, formé par le mélange de différentes nations Barbares. D’autres prétendent que cette langue n’a jamais été en usage, & que c’est un jargon fait à plaisir. L’abbé Renaudot, dans sa Collection des Liturgies Orientales, croit que la langue Cophtique s’est formée en Egypte de l’ancienne langue du pays, qu’elle a reçu plusieurs mots tirés du grec, sur tout pour les matières qui regardent la Religion ; qu’elle étoit en usage avant que les Mahométans se fussent rendus maîtres de l’Egypte, comme il paroît par d’anciens Historiens & par des manuscrits qui sont datés du XIe siècle.

Cophtique ou Coptique. s. m. la langue des Cophtes, la langue Copthique. Lingua Copthica. M. Renaudot soûtient que par le moyen du Cophtique on ne peut expliquer les Hiéroglyphes. Il ne paroît dans le Cophtique ni tour ni inflexion arabe.

☞ COPIA, province de l’Amérique méridionale au Popayan, entre les Provinces de Cartama & de Pozzo.

☞ COPIAPO, ville maritime du Chili, à l’embouchure d’une rivière de même nom, sous le 309 d. de long. & le 27 de lat. méridionale.

COPIATE. s. m. Fossoyeur, qui fait les fosses pour enterrer les morts. Vespillo. Dans les premiers siècles de l’Eglise, il y avoit des Clercs destinés à ce travail. En 337 Constantin fit une loi en faveur des Prêtres Copiates, c’est-à-dire, les Fossoyeurs qui avoient soin des enterremens. Il les exempte par un privilège particulier de la contribution lustrale, que payoient tous les marchands. Fleury. C’est sous Constantin que l’on commença à les appeler Copiates, c’est-à-dire, des Clercs destinés au travail, du Grec, κόπος travail, qui vient de κόπτω scindo, cædo, serio, tundo. Auparavant ils s’appeloient Decani, & Lecticarii, peut-être, parce qu’ils étoient divisés par dixaines, dont chacune avoit une bière, ou litière pour porter les corps. On leur donne ordinairement rang parmi les Clercs, & même avant les Chantres. On en trouve dans les Gaules sous Honorius, mais leur nom, qui est tout Grec, fait juger qu’ils venoient originairement de l’Orient, & peut-être de l’établissement que Constantin en avoit fait dans sa nouvelle ville. Tillemont, Hist. des Emp. T. IV, p. 235.

☞ COPIE. s. f. Ce mot dont nous allons marquer les différentes acceptations, signifie en général un double d’un écrit, d’un ouvrage. La copie doit être fidelle & contenir, même les défauts de l’original. Ce mot vient de copia dont on s’est servi dans la baise latinité dans la même signification.

Copie signifie ordinairement ce qui est fait d’après un original ; mais il y a des cas où l’on emploie ce mot dans un sens tout opposé pour exprimer le premier ouvrage même sur lequel on conduit le second. C’est ainsi que l’on appelle copie, la minute que les Avocats gardent de leurs écritures, & les manuscrits d’un Auteur. Exemplum, exemplar. Voyez Copie, en Librairie & l’Art. Copie & modèle de M. L’Abbé Girard.

Ce mot vient de copia, dont les latins se sont servis dans la même signification.

Copie se dit en Jurisprudence, de la transcription d’un acte en grosse ou en forme, qu’on réduit en moindre volume pour le faire signifier à une partie, ou pour en garder un mémoire par devers soi. Descriptio, exemplum, exemplar. Cette copie a été prise sur l’original, collationnée à l’original. Quelques anciens titres ne sont qu’en forme de vidimus, de copies collationnées. Aujourd’hui les copies collationnées ne font point de foi, si la collation n’en est faite avec la partie intéressée. Les Huissiers sont obligés de laisser copie de tous les actes qu’ils signifient.

Copie figurée, est une copie entièrement conforme à l’original, non-seulement en la substance & teneur de l’acte, mais encore en la disposition des mots, des lignes, des pages, des signatures, &c. Descriptio exemplari archetypo penitus, planè similis.

☞ Ce terme est quelquefois opposé à original : on signifie la copie d’un exploit au défendeur ; quelquefois à minute, lorsque les actes sur lesquels la copie est faite, s’appellent minutes, comme les actes notariées, les écritures d’un Avocat.

☞ Les grosses & les expéditions sont des copies, mais n’en portent point le nom. Voyez leurs différences aux mots Grosse & Expéditions.

Copie se dit aussi de l’imitation qu’on fait d’un original, & se dit particulièrement des tableaux, des desseins & des ouvrages de littérature. Exemplum, exemplar. Les moindres originaux sont plus estimés que les meilleures copies. Ce bâtiment n’est que la copie d’un autre qui est à Rome. Tous les Poëtes ont voulu imiter Virgile ; mais toutes ces copies sont demeurées bien au dessous de l’original.

Copie se dit aussi d’une traduction. Le P. Bouhours dit en parlant de sa Traduction du Nouveau Testament, faite sur la Vulgate, n’ayant pas de droit de rejeter le texte de la Vulgate, ou d’y changer rien de notre autorité particulière, nous l’avons traduite telle qu’elle est ; & la traduction que nous en avons faite, est une copie ressemblante, qui représente jusqu’aux défauts de l’original latin, s’il étoit permis d’user de ce mot en parlant du texte sacré.

Copie se dit encore de l’imitation des actions & des manières d’autrui. Les désordres de notre temps ne peuvent être que des copies des siècles passés. S. Evr.

Copie, en terme de Libraires & d’Imprimeurs, est le manuscrit, l’original d’un livre qu’on leur donne, sur lequel ils impriment. Exemplar archetypum, manuscriptus codex, liber. Il faut envoyer à l’Auteur demander de la copie. Ce sont les bonnes copies qui ont enrichi ce Libraire.

On dit compter la copie ; pour dire, juger combien de feuilles il y aura dans un manuscrit proposé, & on appelle copies de chapelle, les quatre exemplaires que les Compagnons retiennent pour leur droit, & qui se rendent en le payant.

On dit d’un homme qui ne réussit pas à en imiter un autre qui est excellent dans son genre, que c’est une méchante copie d’un fort bon original. On dit, en style familier, d’un homme singulièrement ridicule, que c’est un original sans copie.

Copie, modèle. Le sens dans lequel ces mots sont synonimes, ne se présente pas d’abord à l’esprit, dit M. L’Abbé Girard. Le premier coup d’œil qui nous montre une copie faite sur un ouvrage qui en est l’original, & un modèle servant d’original à l’ouvrage, met entr’eux une différence totale… Mais une seconde réflexion nous fait voir que l’usage emploie en beaucoup d’occasions ces deux mots sous une idée commune, pour marquer également l’original d’après lequel on fait l’ouvrage, & l’ouvrage fait d’après l’original. Copie se prenant, ainsi que modèle, pour le premier ouvrage sur lequel on conduit le second ; & modèle se prenant, ainsi que copie, pour le second ouvrage, conduit sur le premier ; de façon qu’ils deviennent doublement Synonimes, c’est-à-dire, qu’ils le sont dans l’un & l’autre des sens dont l’institution où la première idée sembloit avoir fait à chacun d’eux son partage, avec les différences suivantes,

☞ Dans le premier sens, copie ne se dit qu’en fait d’impression, & du manuscrit de l’Auteur sur lequel l’Imprimeur travaille : modèle se dit en toute autre occasion, dans la morale comme dans les Arts. L’épreuve n’est souvent fautive, que parce que la copie l’est aussi. Il n’est point de parfait modèle de vertu. Je crois que les Arts & les Sciences gagneroient beaucoup, si les Auteurs s’attachoient plus à suivre leur génie, qu’à imiter les modèles qu’ils rencontrent.

☞ Dans le second sens, copie se dit pour la peinture. Modèle pour le relief. La copie doit être fidèle, & le modèle doit être juste. Il semble que le second de ces mots suppose la ressemblance avec plus de force que le premier. Les tableaux de Raphaël ont de l’agrément jusque dans les mauvaises copies. Les simples modèles de l’antique, qui sont au Louvre, n’y figurent pas moins bien que les originaux des pièces modernes.

COPIER, v. act. transcrire un acte, un livre, un discours ; en faire un double. Describere, exscribere, transcribere.

On le dit aussi des tableaux, des desseins, des batimens, des statues. Picturam ex altera exprimere, fabulam pingendo imitari. Copier un tableau de Rubens, imiter un original.

Copier signifie aussi imiter ; & quelquefois dérober l’invention, le livre, le travail d’autrui. Imitari, describere, subfurari. La plupart des Auteurs ne font que se copier les uns les autres. Montagne sait donner un air d’original aux choses mêmes qu’il copie. Maleb.

Copier se dit aussi figurément des personnes, & signifie les imiter, les prendre pour modèle. Imitari aliquem. Ceux qui ne sont pas nés dans un rang illustre, & qui veulent copier les Grands, les copient mal, ils ne prennent que de faux airs de grandeur. Bell. Les moindres agrémens qui sont naturels, valent mieux que ceux qu’on affecte de copier des autres. Bouh.

Apprenti tout au plus du celebre Molière,
Tu devois copier son noble caractère. Pradon.

☞ Dans cette acceptation où copier signifie rendre, exprimer une chose par l’imitation, les manières, les actions, le style, &c. ce verbe se prend en bonne part. On dit qu’un Auteur copie ce qu’il y a de meilleur. Copier un ouvrage, c’est le bien imiter. La Bruyère a copié les mœurs de son Siècle. On dit de même qu’un Peintre copie la nature. On le dit de même du Poëte. Voyez Imiter, Exprimer, Rendre.

Copier (Se) se dit dans un sens défavorable. Un Peintre qui se copie, est un Peintre qui se répète, qui n’est pas varié dans ses attitudes, son ton, &c.

Copier signifie quelquefois, contrefaire les manières, les gestes d’une personne, pour la rendre ridicule. Aliquem imitando explodere, illudere. Il a un grand talent pour copier les autres.

Copié, ée. part. Imitando expressus, effictus.

COPIERE. s. m. c’est le nom que les Italiens donnent à l’Officier Porre-Barette.

COPIEUSEMENT. adv. d’une manière copieuse. Copiosè, abundanter, cumulatè. Les gens du Nord boivent copieusement. ☞ Voyez aux mots, Bien, Beaucoup, Abondamment, leur différence. Voyez aussi Copieux.

☞ COPIEUX, EUSE. adj. terme relatif à la quantité, quand il s’agit des fonctions animales. Selle, évacuation copieuse. On le trouve quelquefois appliqué aux langues. La langue grecque est plus copieuse que la latine. Mais il paroît déplacé. Copiosus.

Copieux signifie aussi, en vieux style, imitateur, celui qui contrefait les gestes, & les manières d’autrui pour les tourner en ridicule. Imitator. Les copieux de la Flèche en Anjou sont plusieurs fois cités dans les Contes de Bonaventure Despériers.

☞ COPIN, nom d’Hérésiarque. Copin & Quintin, chefs des Hérétiques, nommés Libertins, s’efforçoient de répandre leurs erreurs dans le Brabant & dans la Hollande, vers l’an 1525. Voyez Libertins.

COPISTE. s. m. celui qui copie. Librarius. Les derniers Clercs des Procureurs sont les Copistes.

Copiste. Commis qui copie dans un Bureau sous les ordres d’un Directeur ; celui qui met au net les comptes, les états, & autres expéditions qui concernent son Bureau ; c’est proprement ce qu’on appelle Commis aux écritures.

Copiste se dit aussi des Peintres, des Dessinateurs, des Architectes, des Auteurs qui ne font rien qu’imiter les autres, & qui ne font rien de leur propre invention, qui ne travaillent point de génie. Picturæ, tabulæ imitator. Ce n’est qu’un Peintre copiste.

☞ En Littérature, il est souvent synonime à plagiaire.

Copiste, Officier de Comédiens qui a soin de garder les originaux des pièces pour copier les rôles, & les distribuer aux Acteurs. Librarius. C’est lui qui assiste aux représentations, qui se met à une des aîles du théâtre, & releve l’Acteur s’il tombe en quelque faute de mémoire. Théat. Franc.

COPONIA. s. f. nom propre d’une famille Romaine. Coponia gens. La famille Coponia étoit originaire de Tibur ou Tivoli. Elle n’étoit pas ancienne. Le premier Citoyen Romain de cette famille fut T. Coponius, grand-pere des deux Coponius, Titus & Caïus, qui vivoient du temps de Cicéron, & dont il parle, aussi-bien que de leur aïeul, dans son Oraison pour Cornelius Balbus, n. 53. La famille Coponia porte sur ses médailles une massue avec une peau de lion & un arc, parce qu’elle étoit de Tivoli, qui étoit consacré à Hercule. C’est la pensée de M. Patin, p. 82.

☞ COPOSIE, ville de l’Empire Russien, dans l’Ingrie, à l’embouchure d’une petite rivière qui porte le même nom. Long. 47° 25′, Lat. 59° 36′.

COPOU. s. m. terme de relation. C’est une espèce de toile la plus estimée qui soit à la Chine, & qui se nomme Copou, parce qu’elle est faite d’une herbe que les gens du pays appellent Co, qui se trouve dans la province de Fokien. P. le Comte.

COPOVICH-OCCASSOU. s. m. c’est un arbre dont parle Laët, qui croît dans les Indes Occidentales. Ses feuilles ressemblent à celles du poirier, & son fruit que l’on appelle oumery, est comme une grosse poire, & l’on en fait grand cas lorsqu’il a atteint sa maturité. Ray, Hist. Plant.

COPPA. s. m. c’est le nom d’un caractère grec, figuré chez les Anciens comme un P retourné, c’est-à-dire, comme le Q des Latins. Les Grecs postérieurs l’ont marqué comme un G. Le nombre qu’il signifioit dans les chiffres croit 90.

COPPATIAS. s. m. Coppatias equus. On appeloit ainsi un cheval qui étoit marqué d’un coppa. Car on avoit coûtume de les marquer tous ou du coppa où du sigma. Voyez Coppa.

COPRENEUR. s. m. celui qui prend avec un autre des terres, une maison, des droits, des rente &c. à loyer ou à ferme.

COPRONYME, s. m. surnom d’homme. Copronymus C’est le surnom que l’on donne à Constantin VIe du nom, Empereur de Constantinople, fils de Léon l’Isaurque, & Iconoclaste comme lui. Constantin Copronyme fut couronné en 720, commença à regner seul après la mort de son père en 742, & mourut en 775.

Ce nom est grec, & composé de κόπρος, stercus, ὄνομα, nomen. Cet Empereur fut ainsi surnommé, parce que dans la cérémonie de son Baptême lorsqu’on fit les immersions, il salit les sacrés fonts, de son ordure. Voyez Cédrénus, Zonaras, & Maimbourg dans son Histoire des Iconoclastes.

COPROPRIÉTAIRE. s. m. & f. qui possède par indivis une maison, une terre, une Seigneurie, ou autre immeuble. Qui cum altero vel cum pluribus alicujus rei proprietarius est. C’est ainsi que s’expliquent les Jurisconsultes. Un bail d’une terre ainsi possédée n’est point valable s’il n’est fait par tous les copropriétaires ou en leur nom.

COPTE. Voyez Cophte.

COPTER, v. a. faire battre le barrant de la cloche seulement d’un côté. Pulsare alternum latus æris campani. Copter une cloche.

COPTIQUE, Voyez Cophtique.

COPULATIF, IVE. adj. qui joint, qui lie ensemble. Copulativus. Il ne se dit guère qu’au féminin & en Grammaire des particules qui lient le discours. Et est une conjonction copulative.

COPULATION. s. f. vieux mot, jonction du mâle avec la femelle pour la génération. Coïtus, coïtio. On y ajoûte ordinairement charnelle. ☞ Il n’est guère d’usage que dans les procédures de l’Officialité, & il se joint ordinairement avec l’épithète charnelle. La Copulation charnelle, hors le mariage, est défendue.

M. Ménage s’en est servi même dans son Histoire de Sablé, L. III. C. 16. p. 89, ouvrage sérieux. Avant le Concile de Trente, dit-il, la copulation illicite faisoit parenté jusqu’au septième degré, réduit par ce Concile au second.

COPULE. s. f. terme de Logique, c’est la partie d’une proposition qui joint l’attribut au sujet, ou le sujet & l’attribut ensemble. C’est le verbe Etre qui fait la copule dans toutes les propositions. Dieu est infiniment bon ; l’ame est immortelle. Les sujets sont Dieu, l’ame : les attributs bon, immortel : & la copule, le verbe est ; mais dans une proposition négative, la copule joint-elle le sujet & l’attribut ? Oui, parce qu’on la réduit à une proposition affirmative, en mettant la négation devant l’attribut, par exemple : la Religion n’est pas douteuse, elle est invinciblement démontrée ; l’Athée & le Déiste ne sont pas excusables. L’Athée & le Déiste sont non excusables.

☞ Quelquefois la copule & l’attribut sont renfermés dans un seul mot, mais il est aisé de les séparer, Pierre aime, pierre est aimant. C’est la même chose si la proposition est renfermée dans un seul mot. Comme j’aime.

Copule, terme de droit, c’est l’union & la jonction de l’homme avec la femme. Copula, coïtus. En Juridiction tant Civile qu’Ecclésiastique, on n’appelle point autrement cette jonction que copule. Les Casuistes se servent aussi du terme de copule. Lorsqu’une fille n’a consenti à la copule que sous promesse de mariage, celui qui l’a faite, est obligé en conscience de l’épouser.

COQ.

☞ COQ, s. m. sorte d’oiseau domestique, qui est le mâle de la poule. Gallus. Un peu avant la pointe du jour on entend le coq chanter. Notre-Seigneur prédit à S. Pierre qu’il le renieroit trois fois avant que le coq eut chanté. Les poules pondent des œufs sans avoir vu le coq, mais ils sont inféconds. Voyez Œuf.

☞ Que les coqs pondent quelquefois des œufs, on n’en sauroit douter après tout ce que l’on rapporte sur cela. Borel, Observ. Physico-Medic. Cent. III. obs. 43, p. 230 & Cent. IV, obs. 1, p. 280, en parle, & dit avoir vu un œuf de coq, dans lequel au lieu de poulet il y avoit un serpent formé. Dans les Ephémérides des Curieux de la Nature, Decad. I. A. III. Obs. 177, p. 332, il est parlé d’un coq qui en treize jours pondit dix œufs. Au même ouvrage, Decad. II. A. I. Obs. 145, p. 359, d’un autre qui dans l’espace d’un mois en pondit six. Et Obs. 211, p. 435, d’un autre qui avoit pondu trois fois, & p. 437, d’un oie mâle qui pondit aussi. On trouve encore de pareils exemples, Decad. III. A. V & VI. Obs. 138, p. 178 & Obsv. 164, p. 374. On rapporte plusieurs raisons de ces productions, qu’on peut voir dans une Dissertation de M. Stolterfoht insérée dans ses Nouv. Lit. de la Mer Balt. 1702, p. 210 & suiv. M. Stolterfoht a soupçonné que les animaux auxquels cela arrivoit étoient hermaphrodites, mais il n’en a aucune preuve ; & un habile Médecin de Copenhague qui fit la dissection d’un de ces animaux n’en put trouver. Quant à l’autre point, savoir, que de l’œuf d’un coq, il en naît un basilic, Solin, c. 49. Ælien, L. I, de l’Hist. des Anim. c. 1. Pline, L. VIII, c. 21, & d’autres l’assurent. M. Stolterfoht en doute fort, & dit qu’il n’a pu encore en avoir de preuve. Il avoue cependant que de la matière corrompue de ces œufs, il en peut naître plusieurs sortes de vermine, ou de reptiles ; que cela doit arriver sur-tout dans les poules, & par conséquent aussi dans les coqs, parce que ces animaux mangent plus d’ordures & d’insectes qu’aucun autre ; que le germe de ces insectes peut passer dans l’œuf de la poule, ou du coq, & y éclore ensuite ; qu’on a remarqué dans les œufs différentes sortes de vers ; & que c’est un axiome parmi les Médecins, qu’il n’est rien de plus sujet à la corruption que les œufs, qu’ils sont bons quand ils sont très-frais, mais que plus ils sont vieux, plus ils sont mauvais ; & qu’il s’en faut abstenir comme d’un poison.

Coq. On dit proverbialement ; mauvaise maison ou le coq se tait & la poule chante ; pour dire, que c’est un mauvais ménage où la femme est la maîtresse. On dit autrement qu’il ne faut pas que la poule chante devant le coq. On dit que bon coq ne fut jamais gras.

Ménage croit, après Guyet, que coq a est fait de cloccus, & de clocitare. D’autres croient que c’est un ancien mot gaulois, comme assure Borel, aussi bien que le mot de coquart, qui est souvent dans Villon, qui signifie un glorieux sans sujet, comme les enfans qui mettent des plumes de coq sur leurs bonnets, & qui pour cela s’estiment bien braves. On disoit aussi autrefois un bonnet à la coquarde. Il dit aussi que ce mot pourroit venir de coccus, ou cochenille, à cause de sa crête rouge. Et enfin il dit que ce mot vient du Breton coq, qui signifie rouge. Bêçe a remarqué que c’est le seul terme de la langue francoise qui se termine en q. Coq, selon le P. Pezron, est un mot celtique, duquel est dérivé non-seulement le François coq, mais encore le nom grec κικκὸς.

Il est certain que le mot coq est celtique aussi bien que bec : dans Suétone un capitaine est nommé Beco, & il le traduit en latin par Rostrum galli.

Le coq est le symbole de la vigilance. On le donne sur les médailles au Dieu Janus & à Mercure, quelquefois à Bacchus, parce qu’on le lui sacrifioit pour la conservation des vignes. Il marque aussi les combats, la victoire. P. Jombert.

On appelle le chant du coq, Galli cantus, le point du jour, parce que les coqs chantent en ce temps-là, & réveillent ceux qui dorment.

Coq de Bruyere, est un coq sauvage qui vole bas, & se prend à la passée comme les beccasses. Il se nourrit dans les bruyeres. Gallus silvestris.

Il y a des Auteurs qui distinguent entre coq sauvage & coq de bois. Ils appellent coq sauvage une espèce de faisan particulier qu’ils disent se trouver dans les pays septentrionaux. Et Belon appelle coq de bois un oiseau plus gros que le faisan, qui a les plumes noirâtres, luisantes & changeantes, & les sourcils très-rouges.

Coq signifie aussi le mâle de la perdrix. Perdix mascula, perdix mas.

Coq d’Inde, prononcez Co-d’Inde, est un gros oiseau aussi domestique, qui a les qualités d’un coq, & qui a été apporté depuis quelque temps des Indes Occidentales. Gallus Indicus. Il y a un coq Indien qui est différent de celui qu’on nomme coq d’Inde, qui a été apporté d’Afrique, où il est appelé ano. Jonston l’apelle Gallus Persicus, & Gesner & Aldrovandus, Gallus Indicus. Son plumage est noir, & il a un œil verdâtre, à la réserve du dos, dont les plumes vers la racine sont de couleur de gris de noyer, & quelques unes blanches. Sa taille est d’un médiocre poulet d’Inde. Markgravius décrit un coq du Brésil qui est tout vert, & qui a sur la tête une crête ou panache de plumes noires. Quelques uns croient que le meleagris des Anciens est notre coq d’Inde. Le coq d’Inde est fort goûtu, il croît & s’engraisse beaucoup, & quelquefois il s’en trouve qui pèsent plus de vingt livres. Ses petits sont fort difficiles à élever, & le temps un peu rude les fait mourir. Quand le coq d’Inde se carre & se pavanne en étendant sa queue & en étalant ses aîles, on dit qu’il fait la roue. Cet oiseau hait le rouge, & se met en colère quand il en voit. Il a le cou, la tête & un grand lambeau qui lui tombe sur le bec, fort rouges, quand il se carre, mais quand il est dans sa posture ordinaire, ces parties deviennent entièrement pâles. Il y en a qui ont tout le champ du pennage noir, avec un peu de blanc à l’extrémité des grandes pennes. D’autres sont grisâtres ; d’autres d’un gris un peu rougeâtre. Ils ont une grosse touffe de poils rudes comme des crins au milieu de la poitrine. Quelques-uns l’appellent la barbe du Coq d’Inde. Sa femelle s’appelle Poule d’Inde. Voyez Poule.

Aldrovand fait mention d’un Coq d’Inde, qui a plutôt la ressemblance d’un Dragon que d’un Coq. Son bec a beaucoup de rapport à celui des Perroquets ; il est tout-à-fait courbé par le dessus, & entièrement rouge. Sa tête, sa poitrine & son ventre sont de couleur de rose fort clair, sa poitrine est semée de taches de couleur de rose encore plus lavée que le fonds ; & au ventre elles sont plus grandes, & traversées d’une ligne blanche. Il a deux crêtes, la première est de chair, & placée proche du bec, entre cette tache & le bec il y a une tache longue qui est bleue. L’autre crête est composée de plumes jaunes très-petites, qui sont proche de la première crête, & s’élèvent sur le sommet de la tête, puis vont finir sur le haut du cou. Ses yeux disposés en long, comme ceux de l’homme ; leur prunelle est noire, le cercle qui l’environne jaune, & les sourcis noirs. Il a des oreilles grandes & droites. Ses plumes sont fort diversifiées de vert, de bleu, de blanc, de couleur de rose, & de rouille de rouge. Il a deux queues, une petite, & une grande, composée de neuf grandes pennes inégales, & différentes en couleurs, & sur lesquelles on voit des yeux en ovale, qui sont rouges, ou blancs, toujours bordés ou environnés de bleu : ses piés sont rouges, & ornés de taches brunes. Il n’a que trois doigts, dont les ongles & l’éperon sont blancs. Le dos est presque tout rouge, & marqué de taches noires en forme de croissant, & ; traversée par le milieu de taches blanches.

Coq de bois, en général, c’est un faisan. Voyez Faisan.

Coq de bois d’Ecosse. Hector Boëtius rapporte que l’on trouve en Ecosse une espèce de Coq de bois, dont la chair est approchante de celle du faisan, & qui est de pareille grandeur. Il a le pennage noir, & les paupières extrêmement rouges ; il vit de blé. La Poule est plus petite, & son pennage est brun. Le mâle a le cou, la poitrine, les aîles & les cuisses semées de points rouges. La femelle est d’un gris cendré & diversifié de taches noires. Ils ont l’un & l’autre les paupières & les sourcils garnis d’une membrane rouge. Ces animaux se retirent dans les broussailles.

Coq de Marais d’Ecosse, c’est un oiseau que les Ecossois & les Anglois appellent Coq de Marais. Ils en font grand cas à cause de la délicatesse de sa chair. Il cherche pour l’ordinaire sa pâture dans les lieux marécageux. Son pennage est roussâtre, ou plutôt jaunâtre, semé de points noirâtres, généralement par toutes les parties du corps. Ses sourcils & les barbes qui lui tombent au dessous du bec, sont composés d’une membrane rouge, comme celle de la plupart des Coqs de Bois. Il a les jambes & les doigts robustes & faits comme ceux des Faisans, ou des Coqs, excepté qu’il n’a point d’ergot.

Coq signifie figurément, en style familier, un notable bourgeois, ou habitant d’une Paroisse, qui est distingué par son crédit, par ses richesses. Vir primarum inter suos partium. Un tel est le Coq de la Paroisse.

Coq signifie aussi une figure de Coq qui est ordinairement doré, & qui se met sur la pointe d’un clocher, ou d’une flèche d’Eglise, pour servir de girouette, & faire connoître le changement des vents. Inaurata galli figura ; gallus.

Coq en termes d’Horloger, est un petit treillis de cuivre doré & fort délicat, qui est sur la platine de dessous d’une montre, & sert de base à l’un des pivots du balancier & en même temps à le couvrir en entier, & empêcher que rien n’y puisse toucher, parce que la moindre chose, en y touchant, est capable d’arrêter la montre.

Coq, en termes de Marine, est le cuisinier d’un vaisseau. Coquus.

Coq-à-l’âne. s. m. indéclinable, terme du style familier qui signifie un discours sans suite, sans liaison ; propos rompu dont la suite n’a aucun rapport au commencement : comme si quelqu’un, au lieu de suivre un discours qu’il auroit commencé de son Coq, parloit soudain de son âne, dont il n’étoit point question. Aliquid alienum ab reproposita dicere. Ménage dit que Marot a été le parrain de cette façon de parler, & qu’il fit une Epitre qu’il nomma du coq-à-l’âne, ensuite de laquelle plusieurs Poëtes ont fait des Satyres qu’ils ont intitulées de ce nom, où ils disoient plusieurs vérités qui n’avoient ni ordre, ni suite. Je ne puis mieux comparer les Sonnets del Burchiello, qu’à nos coqs-à-l’âne, puisque chaque vers contient un sens séparé de tous les autres, sans aucune liaison aussi-bien que le Commentaire sur iceux de Fr. Maria Doni, qui a voulu enrichir par ses extravagances sur le texte, ubique enim arena sine calce est. Mascur. p. 217.

Coq, ou Coq des Jardins, terme de Botanique. Costus hortensis, costum hortense, menta græca. Plante dont les racines sent semblables à celles de la mente, rondes & chevelues. Ses tiges sont hautes d’une coudée ou d’une coudée & demie, branchues, d’un vert-pâle. Ses feuilles sont de la même couleur, découpées sur les bords, d’une odeur forte, d’un goût très-amer : elles ressemblent à celles de la bétoine. Aux extrémités des branches viennent les fleurs, qui sont jaunes & radiées. Ses semences sont petites, oblongues & aplaties. Cette plante est bonne pour les crudités de l’estomac, pour le vomissement, pour la colique, pour la cardinalgie & pour la puanteur de la bouche.

Coq, Ordre de Chevalerie. Il fus institué en 1214, par un Dauphin de Viennois, qui fut tiré par Claude Polier d’un grand danger où il se trouva en combattant contre les Anglois. Le Seigneur de Polier fut le premier Chevalier de l’Ordre du Coq, que le Dauphin nomma ainsi, parce que les Poliers portent d’argent à un Coq de sable dans leurs armes. L’Abbé Bernardo Justinani, T. I, c. 8, de son Hist. des Ordres de Chevalerie, parle encore d’un Ordre du Coq institué par un Pierre de Montmorency. Voyez L’Ordre du chien.

☞ COQUARDE. s. f. L’Académie écrit cocarde, & c’est l’usage le plus ordinaire. Nœud de rubans qu’on met au retroussis du chapeau, dont les gens de guerre font particulièrement usage. Les soldats portent des coquardes d’une couleur ou de couleurs différentes, selon les différens Corps.

Dans les habillemens de théâtre, on appelle coquarde, une espèce de bouquet de plume qui s’élève au dessus de la forme du chapeau du côté du retroussis. C’est aux chapeaux des danseurs que l’on met des coquardes.

Ce mot vient apparemment de Coq. Ces sortes d’ornemens sont des espèces de crête, & les Coqs ont des crêtes. De plus, on appeloit autrefois bonnet à la coquarde, les bonnets où les enfans mettoient des plumes de Coq.

COQUARDEAU. s. m. vieux mot. Galant, diseur de douceurs.

Il signifie aussi jeune sot, étourdi, ignorant. Stultus, ignarus.

COQUARDIE. s. f. vieux mot. Avanture.

COQUART. s. m. Sot, benêt. Gloss. sur Marot.

Coquart, vieux mot, qui veut aire, jaseur. De coquart on a formé coqueter. Coq est le mot d’où tous ceux-ci, & même celui de coquart, tirent leur origine, parce que ceux qui caquettent, ou qui patient, beaucoup, sont un bruit qui approche de celui que font les Coqs.

COQUATIER. voyez Coquetier.

COQUÂTRE, & mieux, Cocâtre. s. m. Coq à demi châtré, à qui on a laissé un des testicules. Gallus male castratus.

COQUATRIS. s. m. Quelques-uns croient que c’est le basilic. Haython l’Arménien croit que c’est le crocodile, qu’on a ainsi nommé par corruption. Huet.

COQUE. s. m. écorce dure d’une noix ; écale, peau dure d’un œuf. Ovi, nucis putamen. Cette noix est angleuse, on ne la peut tirer de sa coque. Il y a des œufs qui ont une coque dure, & les autres molle. Manger des œufs à la coque, c’est les manger après les avoir fait cuire dans leur coque, en trempant dedans des mouillettes ou apprêtes. Les meilleurs poudriers ou horloges de sable se sont avec des coques d’œufs calcinées & pulvérisées.

Coque, coquille. Conceptaculum. En parlant des semences, dit M. Duhamel, on appelle coque, les envelopes qui sont presque ovales, légères & déliées. Siliqua. On dit vulgairement coquilles de noix, de noisettes, d’amandes, pour signifier la partie ligneuse du noyau ; ce qui diffère beaucoup de la coque, conceptaculum ; & la coque differe de la capsule uniloculaire, en ce que les panneaux en sont mous & moins roides, comme à l’envelope des semences de Mouron.

Ménage dérive ce mot de concha, & de conchula, aussi bien que le mot de coquille. Et le P. Pezron prétend que coque est un mot celtique, d’où vient non-seulement coquille, mais aussi le Grec κόγχη, concha.

Coque de Perles. Ce sont de certaines élévations en demi-rond, que l’on trouve attachées à la nacre. Ce sont des perles véritables que la nature a attachées à sa coquille. Les Lapidaires scient les coques de perles, & de deux coques qu’ils ont l’adresse de joindre, ils en font une seule perle. Il faut être bien connoisseur pour s’appercevoir de l’artifice.

Coque de Ver à Soie, C’est l’envelope où le ver se renferme quand il veut filer. Cette coque étant achevée, le ver se change en féve, & de féve en papillon : ensuite il perce sa coque pour en sortir. Bombycis folliculus.

On dit proverbialement & par reproche, qu’un jeune garçon ne fait que sortir de la coque ; pour dire, que ce n’est encore qu’un enfant. Ac. Fr.

Coque, en termes de Marine, est un faux pli qui se fait à une corde qui est trop torse. Ruga.

Coque, en termes de Serrurier. Ce sont des pièces de fer qui servent à conduire le pêne d’une serrure, & dans lesquelles entre l’auberon.

Coque de Levant, sont de petits fruits ou baies grosses comme de gros pois, de couleur obscure. Elles contiennent chacune une semence jaunâtre, friable, dont la force se dissipe en vieillissant. On s’en sert comme de la staphisaigre pour faire mourir les poux. ☞ On en jette aussi dans la rivière pour enivrer les poissons & les prendre ensuite plus facilement.

COQUEFREDOUILLE. s. m. mot bas & burlesque ; pour signifier, selon Cotgrave, pauvre here, misérable, malotru, ou, selon l’Auteur du Dictionnaire Comique, sot, fat, sans esprit.

L’Espagnol, ce Coquefredouille,
Va toujours à l’école, & perd toujours bredouille. Desh.

L’Auteur de la Fulminante, page 56, s’est servi de ce terme, en parlant des démêlés des Rois Philippe Auguste & le Bel avec les Papes. C’étoit, dit-il, un temps où la Religion Catholique étoit florissante, mais la France portoit des hommes mâles, & non des coquefredouilles embéguinés. Le Dictionnaire de Rimes de Richelet, pag. 511, où ce mot est mal écrit Coquefredouille, l’explique par irrisor, moqueur, railleur ; mais ce n’est pas là le sens de coquefredouille.

COQUELICOT, COQUELICOC, ou COQUELICOQ. s. m. Le premier est le meilleur & celui que l’Académie a préféré. Espèce de pavot sauvage qui croît dans les blés, & dont la fleur est rouge. Erraticum papaver. On l’appelle aussi ponceau. Voy. Pavot. On fait une eau distillée & un syrop de fleurs de coquelicot.

COQUELINER, v. n. terme d’Oisellerie, pour exprimer le chant du coq. L’on dit du coq coqueliner. Faultrier.

COQUELOURE. s. f. Pulsatilla. Plante qui a du rapport avec l’Anémone, & qui n’en diffère que par ses semences, qui sont terminées par une queue barbue. Il y a plusieurs espèces de coquelourde ; la plus commune est celle qu’on nomme Pulsatilla folio crassiore & majori flore. C. B. Sa racine est grosse comme le doigt, longue, noirâtre, branchue, fibreuse, amère & âcre au goût. Elle donne des feuilles découpées fort menu, soûtenues par des queues assez longues ; du milieu de ces feuilles naît une tige lisse, arrondie un peu, velue, haute de cinq à six pouces environ, & garnie quelquefois de trois feuilles aussi finement incisées que celles du bas, & disposées en manière de collet. Elle est terminée par une fleur bleuâtre ou pourpre, à six pétales velues, rangées comme celles de l’Anémone. Le pistil est chargé de quantité de semences ramassées en tête & terminées par une queue barbue ; & il est environné d’un grand nombre d’étamines violettes qui portent des sommets jaunâtres. Cette coquelourde fleurit au printemps, & elle croît dans plusieurs endroits du Royaume. Les autres espèces de coquelourde diffèrent de celle-ci par la couleur de leurs fleurs & par leurs feuilles.

COQUELOURDE est encore le non que donnent les fleuristes à une plante appelée Lychus Coronnia Sativa, &c.

☞ COQUELUCHE. s. f. vieux mot qui signifioit capuchon. On dit figurément & par allusion à la coqueluche dont on se coëffoit, qu’une personne est la coqueluche de la Cour, du beau monde, de la ville ; pour dire, qu’elle est fort en vogue, & extrêmement à la mode. Ac. Fr. C’est dans ce sens que la Bruyère a dit au chapitre de la Société, page 164, des éditions 9 & 10, & page 193 du premier tome de l’édition de M. Cosse : « Si à votre âge vous êtes si vif & si impétueux, quel nom Théobalde, falloit-il vous donner dans votre jeunesse, & lorsque vous étiez la coqueluche ou l’entêtement de certaines femmes qui ne juroient que par vous & sur votre parole ? » Quelques-uns prétendent que c’est Boursault qui est masqué ici sous le nom de Théobalde. Il avoit beaucoup d’esprit & de vivacité. Boileau déclare à la fin de la remarque sur le vers 64 de sa neuvième Epitre, que de tous les Auteurs qu’il a critiqués, Boursault est, à son sens, celui qui a le plus de mérite. D’autres croient que le Théobalde de la Bruyère est Benserade, qui a été effectivement la coqueluche de la Cour pendant plus de quarante ans, & qui défendoit ses ouvrages avec un tel entêtement, que ceux même qu’il consultoit, ne pouvoient lui dire leur pensée, sans s’exposer de sa part à d’étranges emportemens. Voy. l’Histoire de l’Académie, Françoise, in-12, 1730, tome 2, p. 167 & 168.

Coqueluche, maladie contagieuse & maligne, qui régna en 1510, 1558 & 1577. Cucullaris morbus. C’étoit une fluxion sur la poitrine, accompagnée de mal de tête, qui fit mourir beaucoup de monde, Mézeray dit que sous Charles VI, en 1414, un étrange rhûme, qu’on nomme coqueluche, tourmenta toutes sortes de personnes, & leur rendit la voix si enrouée, que le Barreau & les Collèges en furent muets. Un Médecin nommé Valeriola, dans l’Apendice de ses lieux communs, dit que ce nom lui fut donné par le peuple, parce que ceux qui en étoient attaqués portoient une coqueluche, ou capuchon de Moine, pour se tenir chaudement. Ménage & Monet sont du même avis. Un autre Médecin, appelé le Bon, a écrit que cette maladie a été ainsi nommée à cause du remède qu’on y apporta, qui fut le loch de codion, fait avec les têtes de pavot, qui sont appelées codion, ou têtes de coquelicot. On l’a aussi appelée quinte. Cette maladie se fait sentir de temps en temps, elle fit de grands ravages en 1723 & en 1733.

COQUELUCHER. v. n. Ce mot se disoit autrefois pour dire, être attaqué, travaillé, tourmenté de la coqueluche. Cucullo morbo laborare.

Pareillement m’avertis, si tous ceux
De ton quartier ont été si tousseux,
Comme deçà on va coqueluchant.

COQUELUCHON. s. m. Capuchon de Moine fait de grosse bure. Cucullus. Les uns sont en pointe, & les autres en rond.

Coqueluchon se dit encore d’une espèce de capuchon, dont les Pénitens (Confrérie fort en vogue dans les provinces au-delà de la Loire) se couvrent le visage & la tête. Il est formé d’un morceau de toile carré, de la couleur du reste de leur habit, plié en diagonale, dont deux des côtés sont cousus ensemble. Comme il leur couvre tout-à-fait le visage, on y pratique deux trous vis-à-vis les yeux, pour qu’ils voient à se conduire.

D. de Vert dérive coqueluchon de cucullio, ou cucullus, & ceux-là du mot Grec Koukoullion, & de Kuklos, κύκλος, un cercle, parce que le capuce, ou capuchon, ou coqueluchon, forme en effet un cercle autour du visage.

COQUEMAR. s. m. ustensile de cuisine ; espèce de pot ayant une anse, qui sert à faire bouillir de l’eau, & à cuire plusieurs choses. Cocuma. Les Barbiers portent avec eux leur bassin & leur coquemar. On fait des coquemars de terre, d’étain, de cuivre, d’argent.

Ce mot vient du latin cucuma, chaudière, ou de cucumarium qui est une sorte de vase ainsi appelé, quod ventrem habet magnum uti cucumis.

COQUEPLUMET. m. Homme qui porte des plumes sur son chapeau. Batteur de pavé, fiérabras, fendeur de naseaux. Cotgrave est le seul Lexicographe de ma connoissance, qui ait placé ce mot dans son Dictionnaire. L’Archevêque de Lyon, ou plutôt l’Auteur de sa Harangue (Nicolas Rapin) après avoir fait voit que la Ligue étoit composée de quantité de scélérats & de vauriens, dit qu’il n’y veut pas comprendre maints Gentilshommes, & autres qui sont du bois dont on les fait, ou du moins qui en ont la mine, & se montrent vaillans coqueplumets sur le pavé de Paris. Satyre Ménip. in-8e. page 69.

COQUEREAU. s. m. espèce de petit navire. Le P. Léon.

COQUERELLE. s. f. C’est le nom qu’on donne dans l’Abbaye de Remiremont à de certaines femmes, dont la fonction est de garder les Chanoinesses depuis l’Extrême-Onction, jusqu’à leur enterrement. La Doyenne du Chapitre a droit de nommer le Solliciteur duChapitre & l’Ecolâtre, de placer l’Infirmière & les Coquerelles, & les destituer quand il y a cause. Amelot de la Hous.

COQUERELLES, autrefois COQUERÉES. s. f. terme de Blason, qui signifie de petites noisettes dans leurs fourreaux, toutes vertes, jointes ensemble au nombre de trois, & relies qu’on les cueille sur les noisetiers. Avellanæ. Il y en a dans l’écu des lieurs de Montmagny. Pierre Huault de Montmagny, qui vivoit en 1500, tige des Seigneurs de Bernay en Brie, portoit d’or à la face d’azur chargée de trois molettes d’éperon d’or, accompagnée de trois bouquets de coquerelles de gueules, deux & un. Quelques-uns tiennent que ce sont des oignons de fleur. D’autres disent que ce sont des vessies ou bourses de l’alkakenge, qui est une espèce de solanum, faites comme des bourses qui enferment un grain rouge de la grosseur de l’anis de Verdun, dont on se sert pour faire des bouquets en hiver. Ce dernier sentiment est le meilleur. Dans les titres des Chevaliers de Malte du nom de Huault, de Vaires-Bussy & de Montmagny, les coquerelles sont appelées coquerées.

COQUERET. s. m. Alkekengi. Plante que quelques uns appeloient autrefois alkekenge, ou alkekengi. Ses racines sont longues, noueuses, genouillées, traçantes, & poussent plusieurs tiges hautes d’environ un pié, menues, rougeâtres, un peu velues, moëleuses, noueuses, & garnies à l’endroit de leurs nœuds de feuilles alternes, plus grandes que celles de la morelle, dentelées sur les bords, & soûtenues par des queues longues d’un pouce environ. Des aisselles de quelques-unes de ces feuilles naissent des fleurs ordinairement seules, assez grandes, blanchâtres, d’une seule pièce, taillées en manière d’étoile, soûtenues par un pédicule d’un pouce de long. Le pistil qui s’élève du milieu du calice, & qui enfile la fleur, devient après sa chute une baie molle, de la grosseur & de la couleur d’une cerise, & remplie de semences plates & blanchâtres. Cette baie est renfermée dans le calice, qui a pris alors la figure d’une vessie rougeâtre. Les Médecins ordonnent cette plante sous le nom de solinum halicacabum. Ses baies sont d’usage dans les maladies de la vessie.

Il y a plusieurs autres espèces de coqueret, mais qui sont étrangères. Celle qu’on nomme alkekengi fructu parvo venicillato, Inst. R. herb. est réputée vénéneuse ; & plusieurs Botanistes ont cru que c’étoit le solanum somniferum maximum, ou la morelle somnifère des anciens. On n’oseroit se servir intérieurement de cette dernière espèce, à cause qu’elle jette dans des délires affreux ; on se contente seulement de l’appliquer extérieurement pour calmer les douleurs, & pour procurer le sommeil.

COQUERICO. s. m. chant du coq. Le coq chanta coquerico. Théât. Ital. dans la pièce intitulée les Animaux raisonnables, on a fait ce rondeau pour la poule.

Coquerico.
J’entends sitôt que je caquette,
Coquerico.
Autour de moi mon joli coq,
Toujours ardent pour sa poulette,
A chaque moment me répète
Coquerico. Théâtre de la Foire.

COQUERIQUER, v. n. forme dont on se sert pour exprimer la manière de crier du coq. Les coqs coqueriquent. Dans les campagnes on entend coqueriquer les coqs qui annoncent le point du jour.

COQUERON. s. m. terme de Navigation. Quelques-uns nomment ainsi une petite chambre ou retranchement qui est à l’avant des petits bâtimens. On le nomme ainsi, parce qu’il sert de cuisine.

COQUES. s. f. pl. terme de pêche. Œufs de poisson de mer que l’on emploie pour amorcer les filets, avec lesquels on pêche les sardines.

COQUESIGRUE. s. f. Ménage écrit coquecigrue. Poisson de Mer qu’on dit se donner des clystères avec l’eau de la mer, que les anciens appeloient clyster. A Paris, dans les cabinets des curieux, on appelle coquecigrue, les coquilles de Mer. Conchæ. Quelques-uns se servent de ce mot pour signifier quelque chose de frivole ou de chimérique. Commentitium quid. Vous nous contez des coquesigrues. Garrire nugas, fabulas narrare.

Mon esprit à cheval sur des coquesigrues. S. Am.

On dit proverbialement qu’une chose arrivera à la venue des coquesigrues ; pour dire, qu’elle n’arrivera jamais : un coq & six grues, est le rebus de cocsigrues.

Coquesigrue, terme de Botanique. Il faut dire coccigrue ; c’est un fruit qui naît à un arbre. Coccigria Theophrasti. Il est gros comme un petit grain de vesse & vient dans une panache. Le bois sert à teindre en jaune, & s’appelle fuslet.

☞ COQUET, ETTE. adj. quelquefois employé substantivement. Qui cherche à plaire. On le dit plus souvent des femmes. Une femme coquette est celle qui cherche, à plaire, à paroître aimable à plusieurs hommes à la fois, & qui a l’art de se les attacher en leur faisant espérer un bonheur qu’elle est bien décidée à leur refuser. Mulier amatoriis blandimentis dedita, procorum amans. Il ne fut jamais d’homme plus coquet. Les coquettes tâchent d’engager les hommes, & ne veulent pas s’engager. Je ne puis supporter ces coquets, qui embrassent dix ou douze intrigues sans aucun amour, & qui se font cent affaires sans en avoir une seule. M. Scud. Une femme coquette se soucie peu d’être aimée ; il lui suffit d’être trouvée aimable, & de passer pour belle. Ce qui domine en elle, c’est la vanité & la légèreté. La Bruy. Les coquettes ne cherchent en amour que l’occupation d’une intrigue, & l’émotion d’esprit que donne la galanterie. Roc. Une coquette ne se rend jamais sur la passion de plaire, & sur l’opinion qu’elle a de sa beauté. La Bruy. Une coquette veut avoir plusieurs amusemens à la fois. Id. Les amans fidèles ont de la peine à mettre les coquettes de profession au rang des gens d’honneur. M. Scud. Une coquette n’aime pas la personne de ses amans, elle n’en aime que les passions. B. Rab. Voyez Galanterie et Coquetterie.

La prude donne plus de gloire,
La coquette plus de plaisir. Id.

On dit aussi un esprit coquet, un air coquet.

Ménage, après Pasquier, dérive ce mot de coq. Mais il vient plutôt de coquart, vieux mot françois, qui sigifie jaseur, babillard.

Le mot de coquet, quand il est substantif, est moins en usage au masculin qu’au féminin.

COQUET. s. m. Petit bateau qu’on amène de Normandie à Paris. Scapha.

COQUETER, v. n. quelquefois act. Faire le coquet, la coquette. Se plaire à conter ou à écouter des fleurettes. Amatoriis nugis indulgere. Les jeunes fainéans, les femmes galantes, ne font autre chose que coqueter.

Eve aima mieux, peur s’en faire conter,
Prêter l’oreille aux fleurettes du Diable,
Que d’être femme & ne pas coqueter. Saraz.

Et si Jason n’eut coquêté Médée,
Il n’eût jamais en Grèce rapporté
Cette toison si fièrement gardée. Id.

Coqueter, sur la Mer, se dit d’un homme qui, avec un aviron, mène un vaisseau par son arrière. Remo navem retroducere.

COQUETIER. s. m. marchand qui amène ordinairement à Paris des œufs, du beurre, des volailles, du poisson de somme, &c. Ovorum, butyri, volatilium pecudum propola. Gallinarius deliacus. Dans le Traité de la Pologne, L. V, T. XXXIIIe c. 8, on les appelle Fruitiers, Coquetiers & Beuriers ; leur communauté, dit-on, fut originairement formée sous le nom de Regratiers de fruit. On y rapporte d’anciens Statuts que leur donna Etienne Boileau, Prévôt de Paris, dans la grande réforme qu’il fit de la police, par ordre de S. Louis, environ l’an 1258. C’est le plus ancien de nos réglemens de police.

En quelques provinces, on dit coquaciers ou cocatiers ; les anciens les nommoient déliaques. Voyez ce mot.

Coquetier est aussi un petit vaisseau servant à table, fait en forme d’une salière, pour porter un œuf à la coque. Vasculum ovo sustinendo accommodatum.

COQUETTERIE. s. f. Affectation de plaire à plusieurs personnes à la fois ; dessein général de paroître aimable, & de traîner après soi une foule d’amans. Immoderatum placendi studium. La coquetterie est le fond de l’humeur des femmes ; mais toutes ne la mettent pas en pratique, parce que la coquetterie de quelques-unes est retenue par la crainte ou par la raison. Roch. Après tout, la coquetterie n’aboutit qu’à des manières engageantes qui semblent dire tout, & qui ne disent rien. M. Scud. Toute la vertu des femmes n’est qu’une habileté à cacher leur coquetterie. S. Evr. Un cœur usé par mille coquetteries n’est pas capable d’une grande passion. M. Scud.

☞ Le manège de la coquetterie exige un discernement plus fin que celui de la politesse ; car pourvû qu’une femme polie le soit envers tout le monde, elle a toujours assez bien fait ; mais la coquette perdroit bientôt son empire par cette uniformité mal adroite. A force de vouloir obliger tous ses amans, elle les rebuteroit tous. Dans la société, les manières qu’on prend avec tous les hommes, ne laissent pas de plaire à chacun : pourvu qu’on soit bien traité, l’on n’y regarde pas de si près sur les préférences ; mais en amour, une faveur qui n’est pas exclusive est une injure. Un homme sensible aimeroit cent fois mieux être seul maltraité, que caressé avec tous les autres, & ce qui peut arriver de pis, est de n’être point distingué.

COQUILLAGE. s. m. terme collectif. Poissons testacés, couverts d’une écaille dure & toute d’une pièce. Conchæ, conchylia, testa. Les huitres, les moules, les tortues, les pourpres, sont des coquillages.

☞ On appelle ces poissons testacés, parce qu’ils sont recouverts d’une matière dure comme une terre cuite, un test. Testa.

On appelle aussi coquillage, l’écaille où ces poissons sont enfermcés. Concha. Les curieux font des cabinets remplis de coquillages exquis. On trouvera dans Aldrovand, Fesner & Fabius Columna, tout ce que les anciens ont dit sur la matière des coquillages. En 1692, Lister Anglois a publié un in-folio rempli de planches, où sont représentées les diverses sortes de coquillages. Dans le premier ordre, il a rangé les coquillages terrestres ; dans le second, les coquillages d’eau douce, tant ceux qu’on appelle turbinita, que les bivalvia. Il a disposé dans le troisième, toutes les coquilles de mer, les bivalvia & les multivalvia ; & dans le quatrième, il a divisé en plusieurs classes, les coquilles de Mer qu’on nomme turbinata.

On trouve dans la terre & dans des carrières, en des lieux très-éloignés de la mer, & jusques sur le sommet des montagnes, des coquillages fossiles & d’autres corps étrangers, qui ont fait, depuis quelques années, le sujet de plusieurs dissertations des plus habiles Naturalistes. Voyez Fossile & Déluge.

☞ Plusieurs savans Physiciens, & particulièrement M. Woodward, ont prétendu que les vastes couches de coquillages, disposées comme des lits de marne ou de pierre en différens endroits, soit dans les plaines, soit dans les racines des montagnes, & même jusqu’à leur sommet, y avoient été ainsi déposées par les eaux du déluge. Il est cependant difficile, de concevoir comment, dans un espace aussi court que celui d’une année, les eaux du déluge auroient pu former les longues chaînes de montagnes, comme les Alpes, les Pyrénées & les Cordillieres au Pérou, dans lesquelles on trouve en beaucoup d’endroits de ces couches horisontales.

☞ Quelques autres Physiciens, mais en plus petit nombre, prétendent que c’est la mer seule qui a formé ces vastes lits de coquillages, que l’on trouve quelquefois jusqu’à une très-grande profondeur, comme jusqu’à une très-grande hauteur. La mer, disent-ils, a couvert pendant une très-longue suite de siècles toute la surface du globe. Ce n’est qu’après une très-grande succession de temps, qu’elle a été réduite dans les bornes que nous lui connoissons. Comme elle se forme aujourd’hui des rivages, des bancs, qu’elle détruit d’un côté pour transporter de l’autre, qu’elle creuse dans certains endroits, pour amonceler les débris dans d’autres, elle la fait dans tous les temps ; c’est ainsi qu’en déposant successivement des coquillages, des sables, des débris, elle a formé en différens endroits de la terre les montagnes, dont la hauteur & la vaste étendue nous étonnent. Voyez ce sentiment, exposé avec tous les charmes de l’éloquence, dans l’Histoire Naturelle de M. de Buffon, tom. 1.

M. Gersaint, marchand de Paris, a donné, en 1736, un excellent ouvrage sur ce sujet sous le titre de Catalogue raisonné des coquilles, &c. avec une liste des principaux cabinets, & une autre liste des Auteurs les plus rares qui ont traité de cette matière. Cet ouvrage est très-bien écrit, avec goût, avec jugement, & le plus instructif que l’on ait sur ce sujet.

On a donné dans les Transactions philosophiques de 1733, p. 256, une nouvelle méthode de diviser les coquillages selon leurs genres & leurs espèces, & de les ranger dans les cabinets. Elle