Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 3/061-070

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Fascicules du tome 3
pages 51 à 60

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 3, pages 61 à 70

pages 71 à 82


CUMEIN. s. m. Et nom propre d’homme. Cumenus. Voyez M. Chastelain, Manyrol. au 12. de janvier.

CUMES. Ancienne ville d’Italie, dans la Campanie, près de Naples & de Pouzoles. Elle fut bâtie, si l’on en croit Virgile, avant la guerre de Troye. Ce fut, dit-on, par les Cuméens, Cumæi, peuples d’Asie, & par les Chalcidiens. Ils y conduisirent une Colonie de l’Eubée, que nous appelons Négrepont. Voyez Léander Alberti, Clavier & Vigenere sur T. Liv. Tom. I. p. 1761. 1762.

Il y avoit encore une ville de ce nom dans l’Eolie sur le Golfe de Smyrne.

CUMIN. s. m. Cuminum, ou Caminum, Cyminum. Plante ombellifere. Le vrai Cumin, Fæniculum orientale, Cuminum dictum Inst. R. herb. est annuel, & on le cultive à Malte : sa tige, qui n’a guère qu’un pied de hauteur, est garnie de feuilles découpées en quelques lanières fort étroites. Ses fleurs qui sont en ombelles, sont blanches & très-petites, à ces fleurs succèdent des semences oblongues cannelées légèrement sur le dos, de couleur blanchâtre, ou cendrée, & d’une odeur & d’un goût très-aromatiques. Cette semence est employée dans plusieurs compositions ; elle est très-carminative.

Dioscoride décrit un cumin sauvage, qui est une herbe petite & branchue, qui pousse des tiges grêles de la hauteur d’une palme, avec quatre ou cinq feuilles menues, dentelées comme une scie, & déchiquetées comme celles du cerfeuil. A la cime de ses branches il produit cinq ou six boutons, au dedans desquels il y a une graine écaillée qui est plus âcre au goût que celle du cumin cultivé.

Cumin, se prend le plus souvent pour la semence de la plante de Cumin. Le Cumin est en usage dans la Médecine. Il est propre pour dissiper les vents. On s’en sert dans la colique, dans la tympanite, & dans le vertige.

CUMUL. s. m. Droit qui est d’usage dans quelques Coûtumes, comme dans celle de Bourbonnois. Ce droit de Cumul a lieu lorsque les meubles & acquêts sont considérables, & que les propres sont en petite quantité ; en ce cas l’héritier demande le Cumul, c’est-à-dire, qu’on accumule les meubles & acquêts avec les propres, & qu’on donne les deux tiers du tout aux héritiers du sang. Le Brun, des success.

☞ Pour que ce droit de Cumul ait lieu, il faut que les meubles & acquêts excédent des trois quarts la valeur des propres.

☞ Ce Cumul est réel dans les lieux où il est établi, ainsi les propres qui sont situés dans d’autres Coutumes n’y sont point sujets.

CUMULATIF, ve. adj. Terme de Jurisprudence. Qui se fait par accumulation. Cumulatus. Il étoit déjà pourvu de ce Bénéfice par résignation, il a eu encore le droit d’un obituaire, c’est un droit cumulatif.

CUMULATIVEMENT. adv. Terme dogmatique & de Droit. D’une manière cumulative, Cumulatim, Accumulative. Les Officiers Royaux font la Police cumulativement avec les Juges ordinaires. Les Interprètes ont tiré cette conclusion, que puisque le Pape avoir transmis la Jurisdiction aux Ordinaires cumulativement, & non privativement, il pouvoit, quant à la volontaire, non-seulement conférer par concours avec eux, mais encore les prévenir. Fevret. Ces deux exemples font voir que cumulativement veut dire conjointement, & est opposé à privativement, ou exclusivement ; de sorte qu’une personne faisant quelque acte d’autorité, de Jurisdiction, elle ne prive point certaines autres personnes du droit de faire la même chose.

CUMULER. v. a. Terme de Jurisprudence. Assembler, réunir plusieurs droits pour fortifier une prétention. Cumulare. M. Courtin.

CUN.

CUNANE. s. f. Nom d’un fruit Indien, assez gros, qui croît sur un petit arbre appelé Morremor. Les habitans de la contrée où il croît le font cuire, & le mangent pour guérir les maux de tête. Ray. Hist. Plant.

CUNARIA. Voyez CUNINE.

CUNEGONDE. s. f. Et nom propre de femme. Cunegondis. Sainte Cunegonde étoit fille de Sigefroi, ou Sifroy, Seigneur Palatin du Pays de la Moselle au Diocèse de Trêves ou de Metz, qui fut fait premier Comte de Luxembourg en 963. Elle fut mariée au Duc de Bavière Saint Henri, qui après la mort d’Othon III. fut élu & proclamé Roi des Romains, & couronné à Mayence le 6. Juin 1002. Baillet, 3. de Mars.

CUNÉIFORME. adj. Terme d’Anatomie, qui signifie, qui a la forme d’un coin ; du Latin cuneus, coin, & forma, forme. C’est une épithète, ou nom que l’on donne aux 5e, 6e & 7e os du tarse, parce qu’ils ont en effet la figure d’un coin à fendre du bois. Ils sont de différente grandeur, & s’articulent tous trois à l’os scaphoïde par une de leurs extrémités, & par l’autre ils soutiennent chacun un des os du métatarse. Dionis.

☞ On donne aussi ce nom au 3e. os du carpe, à cause de sa figure. Cette épithète peut généralement s’appliquer à tout ce qui a la figure de coin.

CUNETTE ou CUVETTE. s. f. Terme de Fortification. voyez Cuvette.

CUNGCHANG. Grande ville de la Chine, cinquième Métropole de la Province de Chensi ou Xensi. Elle est de 11d 34′ plus occidentale que Peking, sous le 36d 51′ de lat.

CUNINE ou CUNINA. s. f. Nom d’une fausse Divinité. Cunina. Cette Divinité avoit soin des petits enfans, & selon les différens soins qu’elle avoit d’eux ou de ce qui les regardoit, elle étoit tantôt Dieu & tantôt Déesse, & prenoit différens noms. En tant qu’elle présidoit à leurs premiers cris, c’étoit un Dieu qui s’appeloit Vatican, Vaticanus Deus, parce que le premier son qu’ils poussent est la première syllabe de ce mot, Va, d’où vient qu’on appelle leurs cris vagitus. Parce que cette Divinité étoit censée les lever de terre, les disposer à faire les premiers pas, elle s’appeloit Dea Levana, Déesse Lévane. Enfin parce qu’elle avoit soin de leur berceau, elle se nommoit Dea Cunina, Déesse Cunine ou Cunaria, Cunarie, c’est-à-dire Déesse du berceau. Varron en parle ainsi dans Aulu-Gelle, Liv. XVI. c. 17. & Lactance, Liv. I. c. 20. Struvius, Ant. Rom. Synt. C. 1. p. 155.

CUNINGHAM ou CUNNINGHAM. Province de l’Ecosse méridionale, au couchant de celle de Clydsdale. Capitale, Irwin.

CUNNOLITES. Espèce de pierre qui paroît être un ossement d’animal terrestre ou marin pétrifié. Cette nature osseuse en dedans se fait remarquer dans la décomposition de la pierre. On en voit la figure qui est circulaire elliptique, un peu élevée en cône par le dessus & platte en dessous, avec des cercles concentriques qui se bornent à la superficie. Cette pierre se trouve en Roussillon, dans la vallée de Custuia.

CUNTUR, CONTAUR ou CONDOR. s. m. C’est un oiseau fameux au Pérou, & que les peuples ont adoré comme un de leurs principaux Dieux. Il y en a de si grands, qu’ils ont cinq à six aunes de long, à les mesurer d’une pointe de l’aile à l’autre, & qui sont si furieux, qu’il s’en est trouvé qui ont tué des Espagnols. C’est un oiseau de proie qui n’a aucunes serres comme les aigles. Ses pieds ressemblent à ceux des poules. Il a un bec si fort & si dur, qu’il en perce le cuir d’un bœuf, & que quand ils sont deux, ils combattent un taureau & le mangent. Il est tacheté de noir & de blanc, comme les pies, & a sur la tête une crête faite en façon de rasoir, différente de celle d’un coq, en ce qu’elle n’a aucune pointe. Son vol est si effroiable, que du grand bruit qu’il fait, il étourdit ceux qui le voient fondre à terre. Les Espagnols le nomment condor. Hist. des Incas. Le P. Jeronimo Lobo dit qu’on trouve aussi des oiseaux condor dans la région de Sophala, des Caffres & de Monomotapa, jusqu’au Royaume d’Angola. Ils sont semblables à l’aigle. Ils ont des plumes qui ont vingt-huit paumes de long, & trois de large, dont le tuyau est long de cinq paumes, & de la grosseur du bras, lequel est blanc, & la plume non. Il y en a qui ont la grandeur de deux éléphans joints ensemble, qui ont emporté des vaches & autre bétail, & qui ont d’étendue d’un bout d’une aile à l’autre jusqu’à trente pieds. On en a vu qui ont vomi jusqu’à deux cens livres de chair. C’est peut-être le rouch des Arabes. Cela est tiré de l’Histoire d’Ethiopie du Père Bolivar. On garde dans le Trésor de la Sainte Chapelle, une serre d’oiseau, qui fait voir qu’il y en a de bien grands.

CUP.

CUPAYBA, ou COPAÏBA. s. m. Arbre du Brésil dont le bois est fort rouge, & aussi dur que celui du hêtre. On en fait des ais larges qui servent à différens usages. Ses feuilles sont ovales, longues de quatre ou cinq doigts, & larges de deux ou de deux & demi, dans leur plus grande largeur. Il porte une fleur médiocre, composée de cinq feuilles presque rondes. Son fruit est une silique aussi presque ronde, grosse comme le doigt, & de couleur brune : elle contient un noyau de la figure d’une noisette, qui est couvert d’une petite peau noire. Lorsqu’on incise l’écorce de cet arbre, il en sort une huile fort claire, qui a l’odeur & la consistance de l’huile de thérébentine. On l’appelle baume, ou huile de Copayba, qui est admirable pour consolider & pour mondifier les plaies. Les Juifs s’en servent dans la Circoncision pour arrêter le sang. On en prend aussi trois ou quatre gouttes dans un œuf contre la dyssenterie, & les autres flux de ventre.

CUPIDE. adj. m. & f. Vieux mot, qui signifie desireux.

☞ Ce mot, hazardé par quelques-uns, n’a pas réussi : il paroît tout au plus être admis dans le style Marotique, où tout est bon.

CUPIDIQUE. Vieux adj. m. & f. Qui appartient à Cupidon, à l’amour. Cupidineus, a, um.

☞ CUPIDITÉ. s. f. Desir immodéré, convoitise, du Latin cupiditas, qui signifie la même chose ; mais le mot François ne va pas à tout comme le mot Latin. César a dit, cupiditas cibi, pour dire, l’appétit, l’envie de manger ; & Ciceron, cupiditas honoris, pour exprimer le desir d’honneur. Vaugelas dit que de son tems les bons écrivains préféroient convoitise à cupidité ; mais pour parler franchement, ajoûte-t-il, je ne crois pas le mot de cupidité fort bon, & convoitise ne vaut guère mieux. Le mot convoitise est approuvé dans le Dictionnaire de l’Académie, où l’on dit, la convoitise des honneurs, la convoitise des richesses. J’aimerois mieux dire avec Vaugelas, desir, avidité de gloire, de biens, des honneurs.

Bouhours ajoûte avec raison que le mot de cupidité peut passer dans un sens Théologique, & que les écrivains qui l’emploient, ne le prennent guère que pour concupiscence ; hors de-là, dit-il, je ne voudrois pas m’en servir, ni dire, la cupidité des richesses. Cette dernière phrase ne pourroit-elle pas trouver place dans un Sermon, dans un discours Moral, pour dire un desir immodéré ?

Cupidité, se prend aussi absolument pour la concupiscence en général. Nous mesurons nos desirs par la cupidité, & non par la raison. Fléchier. Il n’y a rien dont on tire de plus grands services, que de la cupidité des hommes. Nicol. Pressé d’un côté par la grace qui m’appelle, & de l’autre par la cupidité qui m’entraîne, je fais souvent le mal que je voudrois éviter. Fléch. Il est à craindre que si les hommes ne repoussent pas la cupidité avec assez de vigueur, elle ne se rende la maitresse. Nicol. L’ame est ingénieuse à défendre l’innocence de la cupidité, & à justifier les objets de les passions. Abad. Les gens du monde conçoivent la charité comme une vertu flatteuse qui n’incommode ni la cupidité, ni l’amour propre. Port-Royal. La terre n’a point d’endroits si cachés, où pour trouver l’or & les diamans, la cupidité des hommes ne fasse fouiller. Ce qu’on croit ne souhaiter que pour la charité, la cupidité s’en empare quand on est parvenu à l’avoir. M. le Duc de Bourg.

CUPIDON. Dieu fabuleux de l’amour. Cupido. On le peint avec des ailes, un arc & un carquois, pour blesser les cœurs. On représente Cupidon sous la figure d’un enfant, parce que ceux qui s’abandonnent à leurs passions agissent sans raison comme les enfans. On lui donne des ailes, pour montrer que rien n’est plus inconstant ni plus léger qu’un amant. Enfin, les flèches dont il est armé apprennent que les plaisirs sont suivis de remords & de chagrins.

Cupidon sous les loix de la simple nature
Régit tout ce qui fait soupirer ici-bas ;
Il ne punit jamais rebelle ni parjure
C’est un empire qui ne dure
Qu’autant que les amans y trouvent des appas. Des Houl.

Hésiode, dans sa Théogonie, v. 201. & Anacréon, Ode 51. distinguent Cupidon de l’Amour, l’un est Ἵμερος, & l’autre Ἔρως. Le Lièvre étoit consacré à Cupidon. Marot a fait un Poëme fort ingénieux du Temple de Cupidon : c’est le premier de ses opuscules.

Cupidon, terme de Fleuriste. Tulipe, violet d’Evêque, pourpre clair & blanc. Morin.

CUPIENNIUS, CUPIENNIA. s. m. & f. Nom propre d’une ancienne famille Romaine. Cupiennia gens. Les médailles de la famille Cupiennia sont rares. On y lit C. CVP. & L. CVP. Caius Cupiennius, & Lucius Cupiennius.

CUR.

CURABLE. adj. m. & f. Qui peut recevoir guérison. Sanabilis. Tous les maux sont curables pour des Charlatans. Ce mot ne se dit guère, mais son contraire incurable est fort en usage. Insanabilis.

CURACA. s. m. Terme de Relation. C’est un nom que les Espagnols ont donné aux Seigneurs & aux Gouverneurs du Pérou, qui est la même chose que ce qu’ils ont nommé Cacique dans les Îles au Mexique.

CURAGE. s. f. Plante qui est une espèce de persicaire. On l’appelle autrement poivre d’eau, Persicaria urens, seu Hydropiper. Voyez Persicaire.

Curage, s. m. L’action de curer, nettoyer, ou l’effet de cette action. Le curage d’un puits, d’un fossé, &c.

☞ CURATELLE. s. f. Charge de Curateur ; commission donnée à quelqu’un d’administrer les biens d’un autre, qui ne peut y veiller par soi-même, soit à cause de la foiblesse de son âge, soit pour quelque autre empêchement. Bonorum pupilli curatio, procuratio.

Les Académiciens François sont exempts de tutelle & de curatelle. Un prodigue, un interdit est mis sous la curatelle d’un parent. Les Conciles d’Afrique indiqués par Saint Cyprien, Epître 1 Pamel. 66. exemptoient les Clercs de tutelle & de curatelle.

CURATEUR. s. m. Celui qui est élu ou nommé pour avoir soin des biens & des affaires d’une personne émancipée, ou interdite. Pupilli curator. En pays de Droit écrit, aptes l’âge de quatorze ans on donne un curateur aux mineurs jusqu’à vingt-cinq ans : jusqu’à 14. ans ils ont un tuteur. On dit d’un homme qui fait des dépenses excessives, & qui gouverne mal son bien, qu’il lui faut donner un curateur. Acad. Franç.

Curateur d’Académie. C’est dans les Provinces-Unies une charge élective, dont la fonction est de diriger les affaires des Académies ; comme d’administrer les revenus, d’appeler les Professeurs, & en général de veiller pour le bien & l’avantage de l’Université. Curator Academiæ. Ces Curateurs sont élus par les Etats de chaque Province. L’Académie de Leyden a trois Curateurs. Celui qui est pris du corps des Nobles est le premier. Les quatre Bourguemestres de la ville font une quatrième voix dans le Collège des Curateurs.

On dit aussi, un Curateur aux causes ; pour dire, celui qui a soin des affaires de quelqu’un, soit interdit, soit mineur. Un Curateur aux biens vacans, celui qui est élu pour défendre & pour régir une succession abandonnée. Un Curateur à un corps mort, ou à un muet, celui qu’on nomme pour défendre un corps mort, un muet, pour la forme & la validité d’une procédure criminelle.

☞ Il y avoit à Rome plusieurs sortes de Curateurs. Curatores omnium tribuum : Syndics qui étoient comme les protecteurs des quartiers de Rome, auxquels répondent les Quartiniers de Paris.

Curatores operum publicorum, les Surintendans des ouvrages publics, qui en prenoient soin.

Curatores alvei Tiberis & Cloacorum, Commissaires pour le nettoyement du canal public & des égoûts de la ville, qui furent établis par Auguste.

Curatores viarum, extra urbem, Commissaires des grands chemins hors de Rome, & des ponts & chaussées.

Curatores denariorum flandorum, désignés par ces trois lettres dans les inscriptions antiques C. D. F. Maîtres des monnoies, qui sont encore appelles viri Monetarum, qui avaient soin de faire battre monnoie. On trouve dans les inscriptions des pièces d’or & d’argent anciennes, ces cinq lettres A. A. A. F. F qui signifient Ære, Argento, Auro flando, feriundo, Commis à faire fondre & battre les espèces de cuivre, d’argent & d’or.

Curatores Kalendarii, ceux qui donnoient l’argent de la maison de ville à usure, & qu’on payoit aux Calendes, ou le premier jour du mois, d’où ils ont été nommés Kalendarii. Antiquités Grecques & Romaines.

CURATIF, ive. Terme de Médecine, épithète que l’on donne aux remèdes qu’on emploie pour la cure, la guérison d’une maladie déjà formée, pour les distinguer des palliatifs & des préservatifs. Curativus, curationi, sanationi serviens. Il y a des remèdes préservatifs, & des remèdes curatifs. Dans la peste tous les remèdes curatifs doivent tendre à favoriser les éruptions critiques, comme dans la petite vérole. Didier. Ceux qui seront curieux de recueillir un grand nombre de remèdes, tant préservatifs que curatifs contre la peste, peuvent lire le livre de M. Pestalossi, intitulé : Avis de précaution contre la maladie de Marseille. Journal des Sav. 1721.

☞ Ce mot s’applique, non seulement aux remèdes employés dans le traitement d’une maladie, mais encore aux indications qui se présentent à remplir dans ce traitement même. Indication curative, méthode curative, remèdes curatifs. C’est l’indication curative qui détermine le Médecin à faire usage de la méthode curative & des remèdes curatifs, qui peuvent détruire la maladie, ou en faire cesser les effets.

CURATION. s. f. Terme de Médecine. Cure, traitement d’une maladie, manière dont il faut la guérir. Curatio. En comparant les différentes descriptions avec les symptomes qui caractérisent telle ou telle peste actuellement régnante, on peut découvrir des conformités suffisantes pour établir plus sûrement une méthode de curation. Journal des Sav. On dit plus ordinairement cure, cependant on trouve le mot curation dans les Médecins. Il n’y a rien qui fasse plus de peine à un Chirurgien dans la curation d’un ulcère, que lorsque la carie y est jointe. Degori.

☞ Le mot de cure est équivoque lui-même. Il est quelquefois synonyme à guerison, quelquefois il désigne simplement le traitement d’une maladie. C’est dans cette dernière acception que le mot cure peut être regardé comme synonyme à curation. Voyez Cure.

Ce mot vient du Latin Curatio.

CURATRICE. s. f. Celle qui a la curatelle de quelque personne. La veuve est ordinairement curatrice de ses enfans. Voyez Curateur & Curatelle.

CURCAS. s. m. C’est le nom d’un fruit de l’Amérique, dont parle Lémery après Garzias du Jardin. Il est gros comme une aveline avec sa coque, mais il est moins rond. Il est blanc, & a le goût d’une truffe cuite. Il croît en Malavar & en Cambaya. On en voit aussi au Caire, mais il ne garde pas par-tout le nom de curcas. Lémery du qu’en Cambaya on l’appelle Carpata, & que celui du Caire est peut-être ce que Sérapion appelle Habelculcul.

CURCE. s. m. Nom propre d’homme. Curtius. Il ne faut dire Curce que lorsqu’on parle de l’Historien Quinte-Curce ; hors de-là il faut toujours dire Curtius : de plus il ne faut pas dire Curce tout seul, mais y joindre son prénom, à qui nous donnons aussi une forme Françoise Quint-Curce, & plus ordinairement Quinte-Curce. Voyez Curtius, & Quinte-curce, & les remarques de Vaugelas, p. 68. de l’édition in-4o.

CURCHUS. s. m. Faux-Dieu des anciens habitans de la Prusse. Curchus. Il présidoit au boire & au manger. Après la récolte des biens de la terre on lui en offroit les prémices. Harznoch qui, dans sa dissertation sur les Dieux des anciens Prussiens, parle de celui-ci, ajoûte qu’ils entretenoient un feu perpétuel en son honneur, & que tous les ans on brisoit sa statue, & qu’on lui en érigeoit une nouvelle ; apparemment parce que les fruits se renouvellent tous les ans.

CURCUMA. s. m. Plante que quelques Botanistes appellent souchet d’Inde, & d’autres terra merita. Sa racine est semblable à celle de la gentiane, & de couleur jaune, au dedans : elle teint aussi en jaune comme le safran, d’où vient qu’elle est encore appelée safran d’Inde. Ses feuilles ressemblent à celles de l’ellébore blanc. Sa fleur est d’une très-belle couleur de pourpre. Ses fruits sont des hérissons de même que nos châtaignes, dans lesquels leur semence est renfermée, qui est ronde comme des pois. On se sert en Médecine de sa racine, qui est amère & apéritive, dans la jaunisse, dans l’hydropisie, & dans la cachexie. Les Chinois en mettent dans leurs sternuratoires. Curcuma, cyperus Indicus, ou crocus Indicus. Il est venu à M. de Jussieu de l’île de Bourbon des pieds de Curcuma ou Terre-Mérite, qui étoient si frais, qu’ayant été plantés au jardin du Roi, ils s’y sont conservés près de deux ans : ce qui a donné lieu de se convaincre que c’étoit de vraie terre-mérite, dont la racine fraîche donne un beau suc jaune, couleur qu’elle conserve étant seche, & qui est très-nécessaire pour les teintures de cette couleur. Elle est bonne aussi pour la guérison de la jaunisse. De Juss. Mém. manuscr.

CURDE. s. m. & f. Nom des peuples du Curdistan, Curdus. Les Emirs des Curdes sont sous la protection du Roi de Perse. La langue des Curdes approche de celle des Persans. Les Curdes sont moitié Mahométans, & moitié Jésides, c’est-à-dire, disciples de Jésus, Chrétiens. Maty. Les Curdes sont originaires des monts Gordiens, branche du mont Taurus, qui sépare l’Arménie de la Haute-Médie. Les anciens ont appelé ces montagnes & les peuples d’alentour Corduci & Corduchi. Cette nation s’est répandue dans l’Assyrie le long de l’Euphrate & du Tigre, & a donné à ce pays le nom de Curdistan. Ils n’ont reçu que fort tard la Loi Mahométane. D’Herb. Voyez cet auteur au mot Curd.

CURDISTAN. Pays des Curdes. Curdorum regio, Curdi, Curdia, Curdistania. C’est une contrée de l’Asie, située entre l’Empire du Turc & celui du Sophi de Perse. Le Curdistan s’étend le long du bord orientai du Tigre, depuis les sources de l’Euphrate jusqu’au Chusistan.

☞ CURE. s. f. Ce terme est quelquefois synonyme à guérison, sanatio, quelquefois à traitement d’une maladie, ou application des remedes, & maniere de traiter une maladie. Curatio.

☞ Dans le premier cas le mot cure, exprime le succès ou le bonheur d’un Médecin dans le traitement d’une maladie longue ou invétérée, ou regardée comme très difficile à guérir.

☞ Dans le second cas le mot cure désigne la manière de traiter une maladie, en employant les remèdes propres pour en procurer la guérison. Ainsi un Médecin dit qu’il a employé tel ou tel remède dans la cure d’une maladie. Dans ce cas le mot cure ne suppose point nécessairement le rétablissement de la santé.

☞ Nous ajouterons ici les remarques de M. l’Abbé Girard, pour fixer, autant qu’il est possible, la vraie signification de ces deux mots. On fait une cure, dit-il, on procure une guérison. La première a plus de rapport au mal & à l’action de celui qui traite le malade. La seconde a plus de rapport à la santé & à l’état du malade qu’on traite. On dit de l’une qu’elle est belle ; alors elle fait honneur à celui qui l’a entreprise : on dit de l’autre qu’elle est prompte & parfaite ; c’est tout ce qu’on doit desirer dans la maladie ; & l’on dit de toutes les deux qu’elles sont faciles ou difficiles.

☞ Il semble que la cure n’ait pour objet que les maux opiniâtres & d’habitude ; au lieu que la guérison regarde aussi les maladies légères & de peu de durée.

☞ Plus le mal est invétéré, plus la cure est difficile. C’est souvent plus à la force du tempérament qu’à l’effet des remèdes qu’on doit la guérison.

Cure, en termes de Fauconnerie, est un certain remède que les Fauconniers donnent à leurs oiseaux en forme de petites boules d’étoupes, de coton, ou de plumes, pour dessécher leur flegme. Turunda, bucca stupea. Les oiseaux se portent bien quand ils ont rendu leur cure. On dit qu’un oiseau tient sa cure, quand la pilule fait son devoir. La cure de l’oiseau doit être de plume, ou d’osselets d’oiseaux froissés, ou de pieds de lapins, ou de lièvres, dont on a rompu les ongles, & ôté les gros os. La cure de coton n’est pas bonne à user ; car elle brûle & consomme le poumon, & fait mourir l’oiseau ; & principalement quand elle est donnée sans être lavée ou baignée. Quand elle est lavée ou baignée en eau, elle élargit plus qu’autre chose le boyau de l’oiseau, & lui ôte la superfluité des humeurs. La cure jetée au matin par l’oiseau, qui est nette & non séche, & qui est sans mauvaise odeur, montre que l’oiseau est sain. La cure molle, pâteuse & puante, marque flegme & indigestion à l’oiseau. Quand l’oiseau garde trop sa cure, le moyen de la lui faire rejeter & rendre est de ne le paître point qu’il ne l’ait rendue ; si ce jour-là il ne la jette, le lendemain il la lui faut faire rendre en la manière qui suit : Prenez du gras de lard bien rafraîchi, & lavé en deux ou trois eaux bien nettes & bien fraîches, & un peu de sel menu & de poudre de poivre, faites-en une pilule, & la faites avaler à l’oiseau, & attendez qu’il l’ait jetée. S’il ne la jette pas, prenez de ce qu’il aura jeté, broyez le & le mouillez, puis mettez le dans un drapeau, & le faites flairer à l’oiseau, & alors il rendra sa cure.

Cure, est aussi un vieux mot François, qui signifioit soin. Cura. Il n’a plus d’usage qu’en cette phrase proverbiale : On a beau prêcher à qui n’a cure de bien faire, en parlant de ceux qui n’ont aucun soin de profiter des instructions qu’on leur donne.

Cure, en matière bénéficiale, est un bénéfice dont le titulaire a soin de la conduite des âmes dans une certaine étendue de pays qu’on appelle une Paroisse, Parochia. Une Cure est un Bénéfice à charge d’ames, qui requiert résidence. Une Cure avec son annexe, Parochia alteri in subsidium annexa. Pour être pourvu d’une Cure, il n’est pas nécessaire d’être Prêtre ; il suffit de se faire promouvoir à l’Ordre de Prêtrise dans l’an, à compter du jour des Provisions. On appelle Prieurés-cures des Cures qui sont possédées par des Religieux, comme sont celles qui ont été données aux chanoines Réguliers de St. Augustin.

Les Evêques de France ont fait quelques tentatives dans leurs assemblées de 1682 & de 1700, pour rendre les Cures amovibles ; mais cela n’a eu aucun effet. Le P. Thomassin, dans sa Discipline Ecclesiastique, p. 4. l. 2. ch. 6. montre par l’autorité de plusieurs Conciles, que les Bénéficiers, & même les Curés, n’ont jamais été amovibles au gré des Evêques ; que pour les destituer il falloit un Jugement Canonique. Il produit là-dessus un Canon du Concile tenu à Plaisance en 1095, où il est arrêté que les Clercs seront attachés pour toujours aux Eglises pour lesquelles ils auront été ordonnés, & qui leur serviront de titres. Ordinatio in qua quilibet titulatus est, in ea perpetuò perseveret. On ne peut rien voir de plus décisif pour la stabilité des Curés, que le Canon IX. d’un Concile de Nismes en 1096. Il y est dit en termes formels, que les Prêtres auxquels les Evêques auront donné des Cures les desserviront pendant toute leur vie, à moins qu’ils ne soient destitués par un jugement en forme. Plusieurs autres Conciles confirment la même chose, de sorte qu’il est évident que les Curés n’ont point été destituables à la volonté des Evêques, comme quelques-uns le prétendent.

Il y a de la difficulté pour les Cures de Normandie ou le déport est en usage : savoir, si ceux qui en sont pourvus sont obligés de se faire Prêtres dans l’an, à compter du jour de leurs provisions. La raison est que l’Evêque jouit des revenus de la Cure, & que même il y commet un Prêtre pour le spirituel, avec défense au pourvu d’y faire aucunes fonctions Ecclésiastiques ; & ainsi il semble n’être obligé de se faire Prêtre que dans l’an, à compter du jour que finit le déport, puisque les loix lui donnent une année entière pour opter.

Cure actuelle est opposée à Cure primitive. La Cure actuelle est celle que posséde le Curé qui a la charge des ames, qui exerce les fonctions curiales, & qui est Vicaire perpétuel d’un Curé primitif. Voyez mémoire de M. Sarrazin pour l’Eglise de Paris, & l’union de S. Germain l’Auxerrois, p. 9. Il a droit de prêcher sans être sujet à prendre aucuns pouvoirs de l’Ordinaire, non pas en qualité de Curé primitif, qui n’autorise pas à prêcher, mais à titre de Curé actuel. Mannori. Voyez Curé primitif & Vicaire perpétuel.

Cure, signifie aussi la maison destinée à loger le Curé. Curialis domus. Ce Curé a établi un petit Séminaire dans sa Cure.

CURÉ. s. m. Prêtre pourvu d’un Cure, qui a la charge & la conduite des âmes d’une Paroisse. Parochus, Parochiæ pastor, rector. Pour être Curé il faut avoir 25 ans commencés. Les Curés n’ont que la Jurisdiction pénitentielle, & pour le for extérieur ils peuvent seulement user de monitions & de censures Ecclésiastiques, mais ils n’ont point la puissance d’excommunier, ni d’exercer la Jurisdiction contentieuse. Leur office n’est qu’une émanation du pouvoir de l’Evêque, qui ne peut pourtant réunir à son ministère les fonctions attribuées aux Curés. Du Bois. Les Curés ont la conduite du peuple de Dieu sous les Evêques : ce sont les vrais Pasteurs, à qui l’Evangile ordonne de donner leur vie pour le salut de leur troupeau. Le Mait. Les Constitutions Canoniques qualifient les Curés de ces divers noms, Capellanus, Rector & Parochus, qui marquent leurs fonctions, & leur autorité dans l’Eglise. Anciennement les Curés des Paroisses de la ville composoient le Conseil de l’Evêque, & le Clergé de sa Cathédrale. Théodulphe, Evêque d’Orléans, donne d’excellens avis aux Curés dans son capitulaire.

Ce mot vient de Curatus, que les Auteurs de la basse Latinité ont dit pour Curator. Ménage.

Curé Primitif, est celui qui s’est réservé les gros fruits d’une Cure, les droits honorifiques, & quelques marques de prééminence, tandis qu’il la fait desservir par un Vicaire perpétuel, auquel il donne une portion congrue pour subsister. Parochus primigenius. Le Concile de Mérida, tenu en 666. permet dans son can. 12. à l’Evêque de prendre dans les Paroisses les Prêtres & les Diacres qui le pourront soulager, & de les mettre dans son Eglise Cathédrale, sans néanmoins qu’ils doivent cesser d’avoir inspection sur les Eglises dont ils seront tirés, & d’en recevoir le revenu. Ils y établiront seulement des Prêtres choisis par l’Evêque pour y servir à leur place, & ils leur donneront des Pensions. Quelques-uns croient que c’est là l’origine des Curés Primitifs. Il y a beaucoup d’Abbés, de Chapitres, de Communautés, qui sont Curés Primitifs. Un Curé Primitif, est celui qui a droit de jouir des fruits d’un Bénéfice uni, lequel avoit charge d’ames selon sa première & primitive institution, mais ayant été converti en Bénéfice simple, le soin des âmes a été transféré à un Vicaire perpétuel. Le Mait. Le nom de Curé Primitif a été inconnu aux Anciens, il ne se trouve point dans le Droit Canonique. Id. La qualité de Curé Primitif, est odieuse ; elle sépare le Bénéfice d’avec l’Office ; elle dépouille le Curé de la récompense légitime due à son travail, & à ses soins ; & ne lui laisse qu’un revenu médiocre, avec le titre de Vicaire perpétuel. Id.

Curé signifie en Bretagne ce que nous appelons Vicaire, & ce que le reste du Royaume appelle Curé, les Bretons l’appellent Recteur.

Curé, se dit proverbialement en ces phrases, il faut faire Carême-prenant avec sa femme, & Pâque avec son Curé. On dit aussi, vous allez trop vite à l’offrande, vous ferez cheoir Monsieur le Curé, à ceux qui s’empressent trop de faire quelque chose, & surtout de manger à table. On dit aussi, il a affaire au Curé & aux Paroissiens, pour dire, à plusieurs parties ensemble. On dit aussi.

Qui croit sa femme & son Curé,
Est en hasard d’être damné,

On dit que c’est gros Jean qui remontre à son Curé, pour dire, que c’est un ignorant qui veut instruire un homme qui en sait plus que lui.

CURE. s. f. Terme de Fleuriste. Nom de tulipe. Cure printanière est gris de lin fort pâle & blanc. Cure tardive de même. Morin.

CUREAU. s. m. Terme de Tondeurs de draps. C’est un petit instrument de bois, semblable à la tête d’un maillet, dont ces ouvriers se servent pour faire agir celui des deux couteaux des forces à tondre, que l’on appelle le Mâle. Ce même instrument s’appelle mailleau quand il est emmanché.

CURE-DENT. s. m. Petit instrument, ou aiguille dont on se cure, on se nettoie les dents. Dentiscalpium. On fait des cure-dents d’or, d’ivoire, de bois, de plume. Les Espagnols font des cure-dents de paille, d’où est venu ce proverbe qui leur est fort familier, En un da ca la paja, En un donne-moi la paille, ou le cure-dent, pour dire ; En un clin d’œil.

Cure-dent d’Espagne. s. m. Plante dont la racine est fibreuse & annuelle. Ses feuilles sont plus larges, plus courtes & plus émoussées que celles du fenouil. Son ombelle est ordinairement retrécie & serrée, & ses semences sont ordinairement plus petites que celles du fenouil. Visnaga. Cette plante croît d’elle-même en Italie, en Sicile & dans les contrées méridionales de la France. Il y a beaucoup de personnes, sur-tout en Espagne, qui font des pédicules roides & odoriférans, des ombelles du visnaga, des cure-dents.

CURÉE. s. f. Terme de Vénerie, est le repas qu’on fait faire aux chiens & aux oiseaux, en leur faisant manger la bête qu’ils ont prise. Esca prædacea, pars prædæ canibus à venatore, vel accipitri ab aucupe porrecta. Curée chaude, est quand on leur donne sur le champ quelque partie de la bête. On disoit anciennement cuirée, d’où le mot de curée a été fait par corruption, à cause que la curée se fait dans le cuir de la bête. Men. Curée froide, est celle qu’on leur prépare d’ailleurs. Cette curée se fait de morceaux de pain trempés dans le sang de la bête, qu’on met sur la peau avec quelques morceaux de chair, qu’on appelle le droit des chiens, comme la cervelle & le cou. Les chiens font quelquefois la curée du gibier avant que le Veneur arrive.

On appelle fouaille, la curée du sanglier, car elle se fait avec du feu. Quelques-uns disent cuirie. La curée du lièvre se fait avec pain, fromage & friandise, brunis dans le sang du lièvre. Aux chiens niais & jeunes on donne la tête & les épaules. Les curées baignées sont laxatives ; les curées essuyées.

☞ On dit, en parlant des chiens, qu’ils font curée, lorsque, sans attendre le Veneur, ils mangent la bête qu’ils ont prise.

On dit, mettre les chiens en curée, pour dire, leur donner plus d’ardeur à la chasse par la curée qu’on leur fait. Et l’on dit dans le même sens qu’ils sont en curée. On dit, défendre la curée, pour dire, Empêcher à coups de gaule que les chiens n’approchent trop tôt de la curée.

☞ Dans le sens figuré, on le dit des hommes lorsque le butin & le profit qu’ils ont faits, les animent davantage à quelque entreprise. Ce petit avantage a mis les troupes en curée, elles sont en curée. Il a fait curée à son armée du pillage de cette ville. Le profit qu’il a trouvé d’abord en cette affaire, l’a mis en curée. Acad. Fr.

☞ Je respecte beaucoup une pareille autorité ; mais je ne conseillerai à personne de se servir de cette expression. Non-seulement elle est basse, mais elle présente encore quelque chose de dégoûtant.

CURE-OREILLE. s. m. Petit instrument d’or, d’argent, ou d’ivoire, qui est plat & délié, avec un petit rebord creux à l’un des bouts qui sert à nettoyer l’oreille & à d’autres opérations relatives à cette partie. Auriscalpium.

CURECTIS. s. m. C’étoit le troisième jour des Apaturies, auquel les jeunes gens qui entroient dans l’âge de puberté faisoient couper leurs cheveux dans le Temple de quelque Divinité, & les consacroient à Diane ou à Appollon. De Κοῦρος, jeune homme.

CURE-PIED. s. m. Instrument de fer crochu qui sert à nettoyer le dedans du pied des chevaux, à en ôter la terre, la crotte, ou le sable. Pediscalpium.

CURER. v. a. Nettoyer quelque lieu profond, quelque chose de creux, en ôter les ordures. Purgare. curer un puits, des fossés, un canal, un étang, un privé, &c.

Curer, se dit aussi des dents & des oreilles, qu’on nettoie de l’ordure qui s’y attache, avec des plumes, ou quelques autres petits instrumens propres à cela, qu’on appelle cure-dent, ou cure-oreille. Quand il s’agit des dents & des oreilles, il est selon l’usage de dire nettoyer, plutôt que curer.

Curer, est aussi un terme de laboureur, qui se dit de la charrue qu’on nettoie avec le curoir.

Curer. Terme d’Agriculture. Curer une vigne en pied, c’est ôter du pied des seps tout le bois inutile que l’ignorance d’un vigneron y avoit laissé dans l’ébourgeonnement. Ainsi les vignerons disent ; je viens de curer en pied, j’ai déjà trois arpens de vignes curés en pied. Liger.

Curer. Les Couverturiers se servent aussi de ce mot, pour dire, Nettoyer. Curer des chardons.

Curer, en terme de Chasse, se dit des oiseaux qu’on purge en leur donnant une cure. Il ne faut point paître oiseau qu’il n’ait curé, ou rendu ses cures. Voyez Cure.

Curer, en ce sens, signifie rendre gorge ; & les Veneurs ont abusé du terme de curée, qu’ils ont emprunté des Fauconniers, pour l’appliquer aux repas qu’ils donnent à leurs chiens. Smegmaticas glandes vomere, reddere.

Curé, ée. part.

CURES. s. m. pl. Vieux mot qu’on a dit pour signifier des charriots. Il vient du Latin currus.

CURÈTES. s. m. pl. Peuple de l’Île de Crète, qu’on appeloit autrement Corybantes. Ils étoient, disent quelques Auteurs, originaires du mont Ida en Phrygie, & on les nommoit encore pour cela Idæi Dactyli. Pour le nom de Curètes, on le leur dona, dit Strabon, parce qu’ils se coupoient les cheveux par devant, afin de ne point donner de prise à leurs ennemis, car ce nom en Grec, Κουρῆτες, & vient de Κουρά, qui signifie l’action de couper les cheveux, de κείρω, tondeo. D’autres disent que ce nom leur fut donné de Κουροτροφία, qui signifie nourriture d’un enfant, parce qu’ils furent les nourriciers de Jupiter, selon la fable. Ovide dit qu’ils naquirent d’une grande pluie. Lucien & Diodore de Sicile sont les seuls qui disent qu’ils avoient l’art de lancer des flêches ; tous les autres ne leur donnent pour armes, que des boucliers & des piques. Tous leur donnent aussi des tambours de basque, & rapportent qu’ils avoient coutume de danser au bruit des armes & de leurs tambours. Quelques-uns prétendent qu’ils étoient Etoliens d’origine. On dit encore qu’ils quittèrent l’Île de Crète, & qu’ils allèrent s’établir dans la Grèce au-dessus du fleuve Achéloüs, où, parce qu’ils avoient les cheveux coupés par devant, on les appela Acarnanes.

Autre opinion. Les Curètes, si fameux parmi les Titans, & qui eurent soin de l’éducation de Jupiter, & du corps desquels fut Crès son frere, les Curètes n’étoient autre chose du temps de Saturne, de Jupiter & des autres Titans, que ce qu’ont été dans les siècles suivans les Druides & les Bardes si célèbres parmi les Gaulois. C’étoient les Prêtres & les Sacrificateurs, qui avoient soin de ce qui regardoit la Religion & le culte des Dieux. Et, comme on s’imaginoit alors que l’on communiquoit avec les Dieux par l’art des divinations & des augures, & par les opérations de la Magie, cela étoit cause que tous ces Curètes étoient Magiciens, Devins, & Enchanteurs, comme on l’a fort bien reconnu. Ils joignoient à cela la science des Astres, de la Nature & de la Poësie ; ainsi ils étoient encore Astronomes, Physiciens, Poëtes & Médecins. Voilà quels ont été les Curètes, & après eux les Druides ; avec cette différence, que les Curètes, du temps des Titans, ne manquoient pas d’aller à la guerre : c’est pourquoi ils étoient armés ; ils sautoient même, & dansoient si habilement avec leurs armes, frappant leurs boucliers de leurs javelots, que c’est de ce frappement, si j’ose ainsi parler, qu’ils ont été appelés Curètes ; car curo, en langue Celtique, est la même chose que le κούρω des Grecs, qui en a été formé par la transposition d’une lettre. Pezron. Selon le P. Kirker les Curètes sont dans Orphée ce que sont les Puissances dans Saint Denis, le רוחות, ou Esprits chez les Cabalistes, les Anges chez les Platoniciens, & les Génies chez les Egyptiens.

Vossius distingue trois sortes de Curètes ; ceux d’Étolie, ceux de Phrygie & ceux de Crète, qui étoient originaires de Phrygie, & une espèce de colonie, de ceux-ci, que Rhéa fit venir de Phrygie dans l’île de Crête, lorsqu’elle fut prête d’accoucher de Jupiter. Le nom de ceux d’Étolie vient de κουρά, tonsure, & il leur fut donné parce que, depuis que dans un combat leurs ennemis les prirent par leurs cheveux qu’ils portoient fort longs, ils se les coupèrent. Ceux de Phrygie & de Crète furent appelés Curètes, de κοῦρος, jeune homme, parce qu’ils étoient jeunes, ou parce qu’ils élevèrent Jupiter encore jeune. Vossius, De Idolat. L. II. C. 53. au commencement.

CURÉTIDE. Ancien nom de l’Ile de Crète, aujourd’hui Candie. Curetis. Elle avoit pris ce nom des Curètes, qui l’habitoient. Voyez Curète.

☞ CURETTE. s. f. Instrument de Chirurgie, fait en forme de petite cuiller alongée, dont on se sert pour ramasser & tirer de la vessie les matières étrangères, les fragmens de pierres, les sables qui peuvent demeurer dans la vessie après l’extraction de la pierre.

Curette, est aussi un terme de Couverturier. C’est un petit instrument qui a un manche de bois & des dents de fer, dont on se sert pour curer les chardons qui sont remplis de laine.

Curette. Terme de Mécanique. C’est un instrument de fer, court & plat, & emmanché de dix ou douze pieds de long, qui sert à nettoyer la pompe après qu’on l’a percée.

Curette. Terme d’agriculture, instrument qui sert à nettoyer le coutre de la charrue. Rulla, æ, ou rullum.

CUREUR. s. m. Celui qui cure les puits, les canaux, les retraits. Foricarius. Cureur de puits. Purgator putei, latrinarum, &c.

CUREURES. Voyez Curures.

CURIAL, ALE. adj. Qui concerne la Cure. Curialis. Ce Prieur fait toutes les fonctions Curiales dans son bénéfice. Les droits Curiaux sont dus au Curé à Pâque, ils étoient anciennement taxés à un blanc, ou cinq deniers par chaque chef de famille.

Curial, signifioit autrefois : Qui appartient à la Cour, qui est à la Cour. Les Clercs Curiaux étoient les Ecclésiastiques qui étoient à la Cour.

Curial. s. m. On appelle dans les Coutumes de Bresse, & dans les Ordonnances anciennes pour cette Province, du nom de curiaux, des Officiers de ville qui servent de scribes sous les Châtelains & Officiers des lieux. Curialis, scriba urbanus.

☞ Chez les Romains le mot de Curialis, adj. signifioit, qui est de la même Curie, ou ce qui concerne une Curie.

☞ Le même mot pris substantivement, signifioit le chef d’une Curie.

CURIATIUS, CURIATIA. s. m. & f. Nom propre d’une famille Romaine. Gens Curiatia. Denys d’Halicarnasse, L. III. dit que la famille Curiatia étoit plébéienne, originaire d’Albe, & que c’étoit le Roi Tullus Hostilius qui lui avoit donné le droit de bourgeoisie Romaine. On ne lui voit point d’autre prénom sur les médailles & dans les inscriptions, que C. Caïus. Les Trigeminus étoient de la famille Curiatia ; car les médailles ont d’un côté une quadrige conduite par une figure qui tient de la main gauche une petite figure ailée, ou une espèce de masse d’armes, & qui est couronnée par la victoire avec ces mots, c. cur. f. ou g. cur. seulement, & dans l’exergue Roma. De l’autre côté la tête de Rome armée d’un casque ailé, & terge.

CURIE. s. f. Portion, subdivision de la Tribu chez les Grecs & chez les Romains. Curia. Du temps de Romulus, une Tribu étoit composée de dix Curies, c’est-à-dire de mille hommes. Romulus divisa le peuple en trente Curies. Ensuite on appela Curia, Curies, ou Domus Curialis, Maison Curiale, le lieu ou chaque Curie tenoit ses assemblées. De-là ce nom Curia passa au lieu où le Sénat se tenoit ; & c’est de là qu’est venu le nom de Cour, Curia, pour signifier tout corps de Juges, ou de Magistrats. Le peuple s’assembloit par Curies. Curiatim. Voyez Vigenere sur T. Live, T. I p. 1035.

Quelques Canonistes dérivent le mot Curia, Curie de Cruor. Je n’en vois pas la raison. Varron dit qu’il vient de Cura, soin, comme qui diroit une assemblée de gens chargés du soin des affaires publiques, ou qui se tient pour en prendre soin, d’autre prétendent qu’il vient du Grec, & qu’on appeloit à Athènes Κυρία, le lieu où le Magistrat tenoit ses assises, & où le peuple avoit coutume de s’assembler. Κυρία venoit de κῦρος, autorité, pouvoir, comme si l’on avoit voulu appeler ce lieu le lieu du pouvoir, le siège de l’autorité, parce que c’étoit là que se créoient les Magistrats, que se faisoient les loix, que se rendoit la justice. Les Romains prirent ce nom des Grecs, comme beaucoup d’autres.

CURIEUSEMENT. adv. Avec curiosité, ou bien avec soin, avec exactitude. Curiosè, studiosè, curatè, accuratè. Il a observé curieusement le cours de la Comète. Il a lu ce livre fort curieusement, pour en observer tous les défauts, tous les beaux endroits. Nous ne sommes point en droit d’examiner trop curieusement les voies de la providence. S. Evr. Curiosè. Conserver curieusement quelque chose.

☞ CURIEUX, EUSE. adj. Quelquefois employé substantivement, quand il est appliqué aux personnes Ce mot désigne celui qui a une grande envie, un grand empressement de voir, d’apprendre quelque chose. Curiosus, cupidus, studiosus. Curieux de voir, d’entendre. Quelquefois il se prend en mauvaise part, pour celui qui veut indiscrètement pénétrer dans les secrets d’autrui. Vous êtes bien curieux d’écouter ce qu’on dit. Et substantivement, curieux indiscret. Le monde est plein de ces curieux impertinens, qui ne sont occupés que du désir d’apprendre tout ce qui se passe. S. Evr.

Si nous pouvions pénétrer tout ce que les autres pensent de nous, nous en serions mortifiés, & je ne doute point que l’Empereur Adrien, qu’on dit avoir été le plus curieux de tous les hommes, n’ait été le plus misérable. Moth. Vay. Un silence respectueux est plus sûr qu’une recherche trop curieuse de la conduite de Dieu. Sherlock. Mais pourquoi suis-je si curieuse, & pourquoi veux-je lire dans une ame où je ne trouverois que de la tiédeur, & peut-être de l’infidélité ? Ce n’est ni l’habitude de vous voir, ni la crainte de vous fâcher en ne vous voyant pas, qui m’oblige à rechercher votre vue, c’est une avidité curieuse qui part du cœur sans art & sans réflexion. Id.

Ha ! que vous enflammez mon desir curieux. Rac.

Et d’un œil curieux,
Dans son cœur palpitant consultera les Dieux. Id.

Curieux, se dit en bonne part de celui qui a desir d’apprendre, de voir de bonnes choses, les merveilles de l’art & de la nature. Rerum reconditarum studiosus indagator. C’est un curieux qui a voyagé par toute l’Europe, un curieux qui a feuilleté tous les bons livres, tous les livres rares. C’est un Chimiste curieux, qui a fait de belles expérience, de belles découvertes.

Curieux, se dit aussi de celui qui amasse des choses rares, singulières, excellentes, ou qu’il regarde comme telles, car tous les curieux ne sont pas connoisseurs ; rerum singularum, reconditarum & exquisitarum conquisitor studiosus. C’est un curieux de livres, de médailles, d’estampes, de tableaux, de fleurs, de coquilles, d’antiquités, de choses naturelles. Dans ce cas il est pris substantivement.

Curieux, se dit encore de la chose rare qui a été ramassée, ou remarquée par l’homme curieux. Rarus, singularis, exquisitus. Ce livre est curieux ; c’est-à-dire, est rare, ou contient bien des choses singuliere, que peu d’hommes savent. Ce secret est curieux. Cette expérience, cette remarque est curieuse. Le cabinet de cet homme est fort curieux, rempli de choses curieuses.

On appelle les sciences curieuses, celles qui sont connues de peu de personnes, qui ont des secrets particuliers, comme la Chimie, une partie de l’optique, qui fait voir des choses extraordinaires avec des miroirs & des lunettes, & plusieurs vaines sciences ou l’on pense voir l’avenir, comme l’Astrologie Judiciaire, la Chiromance, la Géomance, & même on y joint la Cabale, la Magie, &c. Res, ou artes abstrusæ ac reconditæ.

Curieux, signifie quelquefois Recherché. Le Titien étoit curieux dans son coloris ; Raphaël étoit curieux dans le choix & dans les accommodemens des draperies.

Pétrone dépensoit son bien, non pas dans la débauche, mais en homme délicat, dans un luxe poli & curieux. S. Evr. Cette femme est fort curieuse en habits, en dentelles.

Curieux. s. m. Terme d’histoire ancienne. Officier de l’Empire Romain sous les Empereurs du moyen âge, Curiosus. Les Curieux étoient des gens commis pour empêcher les fraudes & les malversations, surtout en ce qui regardoit les postes & les voitures publiques, pour donner avis à la Cour de tout ce qui se passoit dans les Provinces, ce qui les rendoit redoutables, & leur donnoit moyen de faire beaucoup plus de mal qu’ils n’en empêchoient ; c’est pourquoi Honorius les cassa sur les côtes de Dalmatie l’an 415 de J. C. On les appeloit Curieux, du mot Cura, soin, quòd curis agendis & evectionibus cursus publici inspiciendis operam darent. Ce nom revient à peu près à ce que nous appelerions Contrôleurs des postes. Ils étoient encore chargés de donner avis aux Juges des crimes qui se commettoient, à ce qu’il paroît par le Code, L. I. de Curiosis. Tertulien est le premier que je sache qui en ait parlé au L. de fugâ in perfec. Voyez sur les Curieux le Code, L. 13 de Curs. publ. L. 2. de Curios. & L. I. de Off. Magistr. Officior. Et L. ulti. §. 4. ff. de Muner. & honor. Le Jurisconsulte Jean Laurent sur Phèdre, L. IV. f. 22. v. 12. Godefroy sur le Code Théodosien au Titre de Curiosis ; Scaliger, sur Manilius, L. V. Tillemont, Hist. des Emper. T. V. p. 626. Ces Prêtres & ces Diacres adresserent un autre acte au Préfet Philagre, à Passade le Curieux, & à Antoine Biarque, centenier des Préfets du Prétoire.

CURION. s. m. Chef & Prêtre d’une Curie. Curio. Romulus divisa le peuple Romain en trois Tribus, & en trente Curies, dont chacune étoit de cent hommes. Il donna à chaque Curie un chef, qui étoit le Prêtre de cette Curie, & qu’on appela Curion, Curio, & Flamen Curialis. C’étoit lui qui faisoit les sacrifices de la Curie, qui s’appeloient Curionies, Curionia. Sa Curie lui donnoit quelque somme d’argent pour cela. Cette pension ou ces appointemens s’appeloient Curionium. C’étoit chaque Tribu qui choisissoit son Curion, mais tous ces Curions particuliers avoient un supérieur & un Chef, un Curion Général, qui étoit à la tête du Corps, & qui gouvernoit les autres : on l’appelloit Grand Curion. Curio Maximus. Celui-ci étoit élu par toutes les Curies assemblées dans les Comices qu’on nommoit Curiata. Toutes ces institutions furent faites par Romulus, & confirmées par Numa, au rapport de Denys d’Halicarnasse, L. II. Godwin, Ant. Rom. L. II. Sect. II. C. 5. prétend qu’il y avoit deux Curions dans chaque Curie. Rosin parle des Curions, L. III. Antiq. Rom. C. 13. & Vigenere sur Tite-Live.

CURIONIES. s. pl. Curionia. Sacrifice d’une Curie que faisoit le Curion dans la Curie, ou Maison Curiale, & après lequel la Curie faisoit un festin.

CURIOSITÉ. s. f. Desir empressé de savoir, d’apprendre des choses nouvelles. Ce desir est louable ou blâmable, & se prend en bonne ou mauvaise part, suivant les objets auxquels il se porte. Curiositas. L’Evangile apprend à l’homme à connoître sa propre foiblesse, & à n’avoir qu’une curiosité respectueuse. S. Evr. Les Théologiens contribuent eux mêmes à nous donner des curiosités qui mènent insensiblement à l’erreur. S. Evr. Rien n’échappe à la curiosité des yeux jaloux. Bouh. Il y a diverses sortes de curiosités ; l’une d’intérêt, qui nous porte à désirer d’apprendre ce qui nous peut être utile, & l’autre d’orgueil, qui vient du desir de savoir ce que les autres ignorent. Rochef. Une curiosité indiscrète marque presque toujours une légèreté d’esprit. Moth. Vay. Employons aux affaires de notre salut toute cette curiosité qui se répand au dehors. Flech. Une curiosité bien dirigée & bien ménagée, est un desir louable qui conduit à la connoissance des sciences. S. Evrem. La curiosité d’un mari jaloux est imprudente ; il ne devroit point chercher à s’éclaircir d’un mal où il n’y a point de remède. Mont. C’est affoiblir les loix que d’en rechercher les motifs avec trop de curiosité. S. Evr. Les choses extraordinaires & peu communes ne sont pas si utiles que notre vaine curiosité nous le fait voir. Maleb. Térence n’enflamme pas la curiosité, & ne jette pas l’esprit dans l’impatience de voir le dénouement de ses aventures. Dac.

☞ Ce mot se prend quelquefois plus particulièrement pour une trop grande envie de savoir les secrets & les affaires des autres. C’est avoir trop de curiosité que de vouloir pénétrer dans le secret de ses amis malgré eux.

☞ Ce mot, principalement au pluriel, est souvent synonyme à choses rares & curieuses, en fait de tableaux, de desseins, d’estampes, marbres, bronzes, médailles, &c. Res singulares, eximiæ, raræ. Il y a à Paris plusieurs cabinets de curiosités.

Curiosité. Il se prend aussi pour la recherche des curiosités. Cet homme donne dans la curiosité. Acad. Franc.

M. Mariette a dit : le nom de M. Jabach subsistera long-tems dans la curiosité, c’est-à-dire, parmi les curieux. Desc. du Cabinet de M. Croizat. Ce mot est reçu parmi le Amateurs des Arts. On dit familiérement comment va la curiosité ? Les Brocanteurs s’assemblent pour trafiquer entr’eux, & ils appellent cela, se trouver à la curiosité.

Curiosité se dit aussi d’une manière de grande boîte, que certains Savoyards portent derrière le dos, & où ils font voir aux enfans, ou la ville de Constantinople, ou quelque bataille, ou autre chose de cette nature. Ces Savoyards crient ordinairement par les rues, la rareté, la curiosité, la merveille.

CURLANDE. Le Duché de Curlande. Curia, Curonia, Curlandia. Petite Contrée d’Europe située entre la mer Baltique au couchant, la Lithuanie au levant, la Samogitie au midi, & la Livonie au nord. On la divise en Curlande propre, qui est au couchant, & Semigalle, au Levant. La capitale de Curlande est Mittaw. Le Duché de Curlande appartenoit autrefois aux Chevaliers de l’Ordre Teutonique de Livonie. Quand ils apostasierent pour embrasser le Luthéranisme, ils se rendirent maîtres de toutes les Commanderies. Le Grand-Maître fut fait Duc de Curlande, à condition d’en faire hommage au Roi de Pologne, auquel il céda ce qu’il possédoit de la Livonie.

CURLES. Voyez Molettes.

CURMI. s. m. Sorte de boisson qu’on faisoit avec l’orge, & qui avoit beaucoup de rapport avec la bierre. Curmi. Les Anciens en buvoient au lieu de vin. Dioscoride dit que le curmi est nuisible aux nerfs, qu’il cause des maux de tête, & qu’il engendre de mauvaises humeurs.

CUROIR. s. m. Terme de Laboureur. Bâton avec lequel on cure, on nettoie la charrue. Regula lignea ad aratrum detergendum. Liger l’appelle curon, V. l’article suivant.

CURON. s. m. Terme de Labourage. Curon de charrue. C’est une espèce de serpe attachée à quelque endroit de la charrue, & dont les Laboureurs se servent lorsque la terre trop humide s’attache à l’oreille de leur charue. En bien des endroits ce n’est qu’un morceau de bois, un bâton, & non une serpe, comme on l’a dit au mot curoir. Peut-être aussi que curon se dit dans l’Auxerrois, patrie de Liger, curoir ailleurs, ce dernier paroît mieux, & plus selon l’analogie.

CURSEUR. s. m. Terme de Marine. On appelle curseurs, des bois qui traversent la flèche de l’arbalète, qui se nomment aussi marteaux.

Curseur. Terme de Mathématique. Partie d’un instrument de Mathématique, laquelle coule ou court sur un autre, s’avance & se recule, Cursor. Une équerre ordinaire qui porte sur l’un de ses côtés un curseur. De la Hire, Acad. des Sc. 1700. Mém. p. 100. Au long du demi-diamètre il y a sur la platine une fente, dans laquelle passe ou coule un curseur qui a une tête pointue. Id. p. 102. On placera le curseur au nombre des toises, & mirant par le curseur & par le clou, on fera couler le clou sur la règle, tant qu’on voie par le curseur & le clou, le but où l’on tire. Idem.

Curseur Apostolique. voyez Courier Apostolique.

CURSOLAIRES. C’est un peloton de cinq petites Iles, que les Italiens appellent Curzalari, & que les Anciens nommoient Echinades, situées dans le Golfe de Pascas, à l’entrée de celui de Lépante. Echinades. Elles appartenoient à l’Acarnanie, & s’étoient formées du sable que pousse l’Achéloüs à l’embouchure duquel elles sont. Les Poëtes ont feint que c’étoient des Naïades qu’Achéloüs & Neptune avoient métamorphosées en Iles. Voyez Ovide, Metam. L. VIII. v. 590. & suiv. C’est à la hauteur des Cursolaires que se donna en 1571. la fameuse bataille de Lépante.

☞ CURTICONE. s. m. Terme de Géométrie, la même chose que cone tronqué. Voyez ce mot qui est plus en usage.

CURTIEN. Voyez CYRTIEN.

CURTIUS, ou CURTIA. s. m. & fem. Nom propre d’une famille Romaine. Curtia gens. On ne sait si la famille Curtia étoit plébéienne, ou patricienne. Quand on parle de l’Auteur qui a écrit en Latin l’histoire d’Alexandre, il faut dire Quinte-Curce, ou Quint-Curce. Vaugelas. Hormis en ce seul cas, il faut toujours dire Curtius.

Curtius. Chevalier Romain, qui par amour pour sa patrie se jeta dans un gouffre qui s’étoit formé à Rome dans la place publique.

CURVATURE. s. f. Vieux mot. Etat, qualité de ce qui est courbé. L’action de courber quelque chose. Curvatura, curvatio.

CURUCUCU. s. m. Serpent du Brésil long de quinze pieds. Son venin est fort dangereux.

CURVILIGNE. adj. m. & f. Terme de Géométrie, qui se dit d’un angle, ou d’une figure qui a une, ou plusieurs lignes courbes. Angulus ex curva & recta vel ex curvis lineis duabus coalescens ; curilineus. La tangente avec le cercle qu’elle touche fait un angle curviligne. L’ellipse, la parabole & l’hyperbole, sont des figures curvilignes. Tous les triangles sphériques sont curvilignes, quoiqu’ils aient des angles droits.

CURVITÉ. s. f. Terme de Géométrie. Figure de ce qui est courbe, qualité de ce qui est courbe. Curvitas. Il y a dans les Mémoires de l’Académie 1702, p. 192. un Mémoire de M. Varignon de la figure ou curvité des fusées des horloges à ressort.

☞ Ce mot est synonyme de courbure, qui est plus usité.

CURULE. adj. Chaise curule. C’étoit un siège d’ivoire, sur lequel certains Magistrats de Rome avoient droit de s’asseoir. Curulis. Les Sénateurs qui avoient exercé les premières Magistratures curules, se faisoient porter au Sénat sur ces chaises curules. Ceux qui triomphoient étoient aussi sur une chaise posée sur une espèce de char, currus, d’où est venu le mot curule. La chaise curule (sur les médailles) marque la magistrature, soit des Ediles, soit du Préteur, soit du Consul ; car tous avoient droit à une chaise d’ivoire en forme de pliant. Quand elle est traversée par une haste, c’est le symbole de Junon, dont on se sert pour marquer la conservation des Princesses. P. Jobert.

CURUPICAIBA. s. m. Arbre qui croît dans le Brésil, & dont la feuille rend une certaine liqueur de lait semblable à celui des figues. C’est un singulier remède pour les plaies & les pustules. Son écorce étant incisée distile une manière de glu, dont les Sauvages se servent quand ils veulent prendre des oiseaux.

CURURES. s. f. pl. Boues, vases qu’on trouve au fond d’un puits, d’un étang, des fossés & qu’on desseche, qu’on nettoie. Egesta, eductæ sordes, purgamenta. Les curures qui ont été exposées au soleil sont très-propres pour faire fructifier les arbres. Les curures ayant été mises en état, & long-tems exposées au soleil, font une espèce de terre neuve propre à être employée, soit pour des arbres, soit pour des légumes, principalement dans les terres qui sont trop seches. La Quint.

CURURU-APE. s. m. C’est le nom d’un arbre rampant qui croît au Brésil. Il porte des gousses qui contiennent des semences semblables à des fèves. Ses fèves jetées dans l’eau, font mourir les poissons. On dit que ses feuilles vertes, broyées & appliquées sur les blessures récentes, les guérissent en unissant leurs lèvres dès la première application. Dic. de James.

CURURYVA. s. m. Serpent du Brésil. Il y en a de 25 ou 30 pieds de longueur. Il a de longues dents, & déchire les hommes & les bêtes.

CURUTU-PALA. s. m. C’est le nom d’un arbrisseau qui croît dans le Malabar. L’écorce de sa racine broyée & prise dans de l’eau chaude, arrête la diarrhée ; & dans du lait, elle soulage la dyssenterie. Broyée dans de l’eau, & appliquée sur les abcès, on dit qu’elle les résout. Dic. de James.

CURUTZETI. s. m. Plante qui se trouve en Amérique dans la Province de Méchoacan. Sa racine est fibreuse & odorante : elle sent le musc. Ses tiges sont hautes d’une coudée, polies & flexibles. Ses feuilles ressemblent à celles de la vigne. Ses fleurs sont jaunes, & ses semences noires & fort menues. La poudre de cette racine prise avec du vin, ou avec de l’eau de buglose ou de citron, nettoie les reins, appaise les douleurs néphrétiques, fortifie l’estomac, & ouvre les obstructions. C’est un excellent remède contre les venins.

CUS.

CUSCO. Quelques Auteurs écrivent Cuzco. Ville de l’Amérique Méridionale, capitale du Pérou. Joseph à Costa dit, dans son Histoire des Indes, que cette ville fut fondée vers l’an 1200. par les habitans du lieu, sous la conduite d’un Inca, nommé Manco Capac, c’est-à-dire, Riche en esprit.

CUSCUTE. s. f. Cuscuta. s. f. Plante parasite qui ne donne jamais de feuilles, & qui ne pousse que des filets longs, aussi déliés que des cheveux rougeâtres, qui s’attachent aux corps voisins, & qui sont chargés d’espace en espace de petits pelotons de fleurs. Elles sont d’une seule pièce, taillées en manière de godet, composé en quatre quartiers, blanchâtres, assez souvent de couleur de chair. A ces fleurs succèdent de petites capsules rondes, membraneuses, & qui renferment quatre ou cinq semences brunes aussi menues que celles du Pavot. On appelle Epithym, s. m. la petite espèce de Cuscute, qui s’attache aux plantes du Thym, Cuscuta minor, sive Epithymum. On s’en sert en Médecine, & on la donne dans les obstructions du foie, & pour purger la bile. Les filamens de cette Cuscute sont très-déliés, & ses fleurs sont fort petites. On trouve cette espèce non-seulement sur le Thym, mais encore sur d’autres plantes. On nomme ordinairement Cuscute, Cuscuta major, Cussura, ou Cassitha, l’espèce qui a des filamens plus gros que les cheveux, & des paquets de fleurs assez considérables. Celle ci s’attache à toute sorte de plantes, aux Vignes, au Genêt, au Lin, &c. Comme l’on a cru qu’elle n’avoit point de racines, on a pensé qu’elle tiroit toute sa nourriture des plantes sur lesquelles elle s’entortille, & l’on s’est imaginé qu’elle devoit par cette raison participer de la vertu de la plante sur laquelle on la trouvoit ; mais on ne doute plus à présent qu’elle n’ait des racines, puisqu’elle vient de semences ; & on ne voit pas que l’Epithym tienne beaucoup du Thym, si l’on met cette Cuscute au nombre des purgatifs, qualité qui ne convient point au Thym.

Ce qu’on appelle Goutte de lin, Podagra lini, n’est autre chose que la Cuscute ordinaire, qui est encore nommée dans les Institutions de Botanique de Tournetort. Cuscute de Venise.

☞ CUSEAU. Petite ville de France dans la Bresse, aux confins de la Franche-Comté, près de St Amour.

CUSEFORNE. s. m. Terme de Relation, C’est un petit bâtiment du Japon, dont on se sert pour la pêche de la baleine. Il n’est point ponté, il est long & aigu par le bas, on y met beaucoup d’hommes pour ramer.

CUSISTAN. voyez Chusistan.

CUSOS. s. m. Animal, des Iles Moluques. Il ressemble à un lapin. Il demeure dans les arbres, & vit de fruit.

☞ CUSSET. Ville de France dans le Bourbonnois, Diocèse de Clermont.

CUSSONÉ, ée. adj. se dit du bois qui est mangé de vers appelés cossons. Cossus & cusus signifient un cosson, ver qui ronge le bois. A vermibus corrosus.

CUSTODE. s. m. Terme Ecclésiastique, qui se dit du Saint Ciboire ou l’on garde les Hosties consacrées, qui est couvert d’un petit pavillon. Il se dit aussi du pavillon même qui couvre le Saint Ciboire, Pyxis Eucharistica, sacra Christi corpori asservando pyxis. Quelquefois on le garde dans un tabernacle. Mais dans les Eglises Cathédrales & Abbatiales on le suspend au-dessus du maître-autel.

Custode, se dit aussi des rideaux qui sont dans quelques Eglises à côté du grand autel, & qui y servent d’ornemens : & même on appelle quelquefois ainsi les rideaux des lits des particuliers ; mais en ce sens il est vieux. Velum conopæum.

Custode, est aussi un terme de Sellier. C’est le chaperon ou le cuir qui couvre les fourreaux des pistolets pour empêcher qu’ils ne se mouillent. Custodiæ. Et en ce sens custode est moins usité que chaperon.

Custode, est encore un terme de Sellier-Carrossier. C’est la partie garnie de crin qui est à chaque côté du fond du carosse, & sur quoi on peut appuyer la tête & le corps.

On appelle aussi Custodes, quelques Supérieurs de certains Ordres de Religieux, comme Capucins, Cordeliers & autres. Custodes. Ce sont ceux qui font l’office du Provincial en son absence. Chez les Récollets le Custode est Supérieur d’une petite maison où il y a peu de Religieux.

On dit aussi donner le fouet sous la custode, c’est-à-dire en secret & dans la prison, sub custodiâ, pour épargner au criminel la honte du supplice public. Autrefois les Confesseurs donnoient à leurs Pénitens la discipline sous la custode, c’est-à-dire, en particulier, en secret : cet usage a été sagement aboli.

CUSTODE. Au lieu de se servir de ce mot, qui est propre aux Capucins, on retient le mot latin custos, pour signifier en termes d’Histoire Ecclésiastique, celui qui est pourvu de la Custodie d’une Eglise, qui exerce la Custodie ou Coutrerie d’une Eglise. C’est ainsi qu’on en a usé dans la Dissertation sur l’Abbaye de Saint Bertin. Custos, Ædituus. S’acquitter de toutes les fonctions de Custos. Ibid. p. 218. Le Custos étoit la même chose que le Coutre. Les Statuts du Chapitre nous apprennent que les fonctions du Coutre ou Custos regardoient le Prévôt, son Vicaire ou Custos. Ib. p. 219. Il appartient au Prévôt d’établir le grand & le petit Custos, ou Coutre. Ib. p. 222. Le Prévôt étoit chargé de toutes les fonctions qu’on attribue ordinairement aux Custos ou Sacristains des Eglises. Il établissoit le grand & le petit Custos ou Coutres, qui exerçoient sous lui cet office. Ib. p. 227.

Il se trouve encore présentement des Eglises Collegiales, dans lesquelles le Custos, le Sacristain ou le Trésorier à qui le droit attribue presque les mêmes fonctions, sont la première dignité du Chapitre, quoique dans d’autres Eglises elle ne soit que la seconde, la troisième, quelquefois même la quatrième, selon l’usage des lieux. Telles sont l’Eglise Collégiale de Saint Nizier à Lyon, les Saintes Chapelles de Paris, de Vincennes & de Bourges, Ib. p. 225.

☞ Dans le Chapitre de Lyon il y a un Chanoine qui porte le titre de grand Custode, & l’Eglise de Sainte-Croix, Paroisse unie à la Cathédrale, est desservie par deux Curés, qui portent tous deux le nom de Custodes.

Le B. Amedée ayant reçu le Couvent d’Antignado, & trois autres dans la Lombardie, en fit une Custodie avec ceux qu’il avoit déjà, & il en fut fait Custode l’an 1469. par Paul II. P. Helyot, T. VII. p. 109.

Custode. On a donné ce nom au chef, ou première dignité de la Collégiale de Windsor en Angleterre. Edouard III. Roi d’Angleterre, en 1348. voulant augmenter le nombre des Chanoines & des autres Ministres de cette Eglise, ordonna qu’on ajouteroit aux huit Chanoines qui y étoient déjà un Custode pour être leur chef, quinze autres Chanoines, & vingt-quatre pauvres Chevaliers, avec des Chapelains qui obéiroient au Custode. P. Hélyot, T. VIII. p. 300. Le Custode avoit toute jurisdiction sur les Chanoines, &c. Id. Henri VIII. changea ce nom en celui de Doyen. Id.

Custode. C’est le Président de l’Académie des Arcadiens à Rome. VOyez le Dictionnaire au mot Eglogue.

☞ CUSTODERIE. s. f. C’est ainsi qu’on appelle à Lyon la maison où logent les deux Curés ou Custodes de Sainte-Croix.

☞ CUSTODES. Custodes. On donnoit ce nom à certains Officiers Romains, qui prenoient garde qu’on ne fît quelque supercherie en donnant les bulletins dans les élections des Magistrats. Ant. Grec. & Rom.

CUSTODIAL, ale. adj. qui appartient à une Custodie. Custodialis, e. Un Chapitre Custodial. Le définitoire custodial. Les Custodies indépendantes du Provincial tiennent leur Chapitre en particulier. Elles ont un définitoire custodial, & se gouvernent d’elles-mêmes sous l’autorité d’un Custode. P. Hélyot, T. VII. C. 2.

CUSTODIE. s. f. La partie d’une Province de Capucins, de Cordeliers & autres. Custodia. C’est le terme dont on se sert ordinairement parmi eux. Chez les Récollets on appelle Custodie, une certaine quantité de maisons qui est trop petite pour faire une Province.

CUSTODIE. Terme en usage dans l’Ordre de Saint François. Union de quelques Couvens gouvernés par un Custode. Custodia. L’Ordre de S. François est divisé en deux familles, la Cismontaine & l’Ultramontaine. Ces familles sont divisées en Provinces, Vicairies & Custodies. On appeloit au commencement de l’Ordre Custodies, quelques Couvens, qui faisoient partie d’une Province, qui, à cause de sa trop grande étendue, ne pouvant être gouvernée par un Provincial, étoit divisée en plusieurs Custodies, gouvernées par des Custodes dépendans toujours néanmoins d’un Provincial de cette Province, qui étoit obligé d’y faire la visite tous les ans. Maintenant les Custodies ont succédé aux Vicairies, & celles qui ne dépendent d’aucun Provincial, sont immédiatement sujettes au Général. P. Hélyot, T. VII. C. 2. Eriger une Custodie. Id, T. VII. p. 109. Il y a aussi des Custodes & des Custodies dans le Tiers Ordre de S. François. Dans un Chapitre de cet Ordre, tenu en 1608, il fut résolu de diviser les Couvens de France en quatre Custodies, gouvernées la première par le Gardien de Picpus près de Paris, la seconde par celui de Rouen, la troisième par celui de Lyon, & la quatrième par celui de Toulouse. Id. t. VII. p. 276.

Custodie ne se dit pas seulement dans l’Ordre des Capucins, il se dit encore d’un office & d’une espèce de supériorité établie en quelques Eglises. Custodia. Hugues, frère de Louis le Débonnaire, & Abbé de S. Bertin, obtint que l’Abbaye de S. Bertin auroit la Custodie de l’Eglise de S. Omer, c’est-à-dire, qu’elle nommeroit un de ses Religieux pour en être le chef, appelé Ædituus ou Custos, avec le droit d’officier quatre fois l’année dans cette Eglise ; savoir, la troisième Férie des Rogations, les jours de S. Jean Baptiste, de la déposition de S. Omer & de la Toussaints, & d’y percevoir les offrandes. Diss. sur l’Abb. de S. Bertin, p. 185. La Custodie ou Edilité de cette Eglise. Ib. p. 180. L’Edilité ou Custodie de l’Eglise de la Sainte Vierge ou S. Omer. Ædilitas seu Custodia. L’Office de la Custodie ou de l’Edilité fut réellement exercé par un Moine de S. Bertin, nommé Morus. Ib. p. 213. La Custodie s’appelle aussi quelquefois Coutrerie, mais alors elle est différente de la Custodie dont nous venons de parler.

CUSTODI-NOS. s. m. Terme Latin, dent on se sert en Jurisprudence Canonique, en parlant d’un Confidentiaire qui est Titulaire d’un Bénéfice, pour le remettre à un autre dans un certain tems, & qui lui prête son nom pour en recueillir les fruits. Confidendarius. Ce mot est du style familier.

Custodi-nos se dit aussi de celui qui fait les fonctions d’un Office pour celui qui en est pourvu, mais qui ne peut pas l’exercer à cause de son bas âge.

CUSTOS. s. m. Mot Latin transporté dans notre langue, & en usage dans l’Ordre des Trinitaires. La mort du Général arrivant, le Prieur de Cerfroi étoit autrefois Custos de plein droit, c’est-à-dire, que toute l’autorité du Général lui étoit dévolue, jusqu’à l’élection de son successeur, mais aujourd’hui on élit le custos comme le Général. Hist. de. l’Eglise de Meaux, T. I. p. 178.

CUSTOTE. Vieux mot qui se disoit des manches d’une robe, faites d’une certaine manière semblable aux manches d’un Prêtre. L’Ordonnance de créer & faire les Chevaliers du Bain porte que le Chevalier sera revêtu d’une robe de bleu, & les manches de custote en guise d’un Prêtre.

☞ CUSTRIN. Ville d’Allemagne au cercle de la haute Saxe, dans la nouvelle marche de Brandebourg, sur l’Oder.

CUT.

CUTAMBULES. adj. m. pl. Certains vers qui rampant ou sur ou sous la peau, causent une sensation désagréable. Cutambuli. On donne aussi cette épithète à certaines douleurs scorbutiques errantes, qui sont très-cruelles, & qui produisent en ceux qui en sont affectés, une sensation qui tient beaucoup de celle qui est causée à la peau par les vers cutambules. Dict. de James.

CUTANÉE. adj. m. & f. qui appartient à la peau. Cutaneus, a, um. Le palmaire cutanée est une muscle qu’on appelle communément le court palmaire. Winslow. Ce mot s’est formé en François de cutis, peau. Je dis en françois, car cutaneus ne se dit point en Latin, quoiqu’en Anatomie on puisse le forger de même qu’en françois, & s’en servir.

Le nerf cutanée interne est fort délié. Il naît de l’union de la septième paire cervicale avec la première paire dorsale, mais principalement de celle-ci. Il passe sur les autres nerfs brachiaux, & descend tout le long de la partie interne du bras, entre les tégumens & les muscles. Id. Les Médecins & Chirurgiens se servent de ce mot pour expliquer toutes les choses qui appartiennent ou qui dépendent de la peau. La rougeole, la petite vérole, les dartres, &c. sont des maladies cutanées. Le pani ou le charme est un muscle cutanée. Dionis. Le dartot est un muscle cutanée du scrotum. Ce mot, ainsi que tous ceux qui sont faits des adjectifs latins en eus, doivent avoir deux e à la fin, même au masculin ; par exemple, spontanée, testacée ; & quoique cutaneus ne soit pas bon latin, il est usité en Médecine, & de-là on en fait cutanée.

M. Andry se sert de cutanée dans son Traité de la génération des vers, pour marquer ceux qui naissent dans la peau, ou sous la peau. Qui in cute, sub cute nascitur. Car il distingue douze sortes de