Félix Thiollier, sa vie, ses œuvres/Texte entier

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à mon ami Félix Thiollier
Verrières 1903


François Guiguet
Sébastien MULSANT
AVOCAT À SAINT-ÉTIENNE, ANCIEN BATONNIER.
UN HISTORIEN DU FOREZ
DE L’ART FORÉZIEN ET DE L’ART LYONNAIS

Félix THIOLLIER

Sa Vie — Ses Œuvres
(1842-1914)
lettre-préface de Jean-Paul Laurens, membre de l’institut ;
une gravure en taille-douce de F. Guiguet
et trois phototypies
d’après une photographie de F. Thiollier,
une peinture de Jean-Paul Laurens
et un dessin de Mlle E. Thiollier.

SAINT-ÉTIENNE
SOCIÉTÉ DE L’IMPRIMERIE THÉOLIER — J. THOMAS ET Cie
Rue Gérentet, 12

1917

JUSTIFICATION DU TIRAGE


Cette édition strictement limitée à deux cent soixante-deux exemplaires se décompose de la façon suivante :

nos 1 à 42. — Exemplaires tirés sur Hollande.

nos 43 à 262. — Exemplaires tirés sur Simili-Japon.

LETTRE-PRÉFACE

de M. Jean-Paul Laurens, membre de l’Institut,
à M. Sébastien Mulsant, avocat.

Paris, ce 30 novembre 1916.
Cher Monsieur,

Votre étude biographique si intéressante dont j’ai entendu la lecture par vous-même sur mon vieil ami Félix Thiollier qui n’est plus, m’a reporté à l’époque où nous pouvions nous voir souvent. Loin d’être fatigué par sa rudesse, sa nature franche m’attirait à lui.

Un jour ne l’ayant pas rencontré à Paris à son pied-à-terre de la rue de Grenelle où il s’installait avec sa famille, je lui écrivis à peu près ceci : « Que faites vous là-bas dans votre Saint-Étienne, au milieu de la fumée ? Quand vous verra-t-on, ne serait-ce que pour nous disputer ? »

C’est là le sincère ami qui m’aimait comme je l’aimais… Hélas ! nous ne nous disputerons plus…

Vous avez écrit avec votre cœur la vie de mon vieil et vaillant ami. L’impression qui, à la lecture de votre touchante biographie, domine, c’est notre sympathie commune.

Merci donc, cher monsieur, et croyez, je vous prie, à mes sentiments les meilleurs et les plus distingués.

Jean-Paul Laurens.

Félix THIOLLIER
Sa Vie
(1842-1914)

Aux petits-enfants de Félix thiollier.
Pour qu’ils se souviennent !


CHAPITRE PREMIER

I

De vagues traditions rattachent les origines de la famille Thiollier au village de Saint-Romain-en-Gier (Rhône).

Un de ses membres se fixa à Saint-Étienne, probablement à la fin du xviie siècle. Les registres paroissiaux de l’église Notre-Dame font en effet mention, au commencement du xviiie siècle, de parents de ce nouveau venu. Le 26 mai 1729, c’est le baptême de Marie-Antoinette Thiollier ; le 11 janvier 1733, c’est le mariage d’un ciseleur en relief, Jean Dumarest et d’Anne Chapoton, veuve de François Thiollier ; le 19 mars 1742, c’est le baptême d’Étiennette, fille d’Antoine Thiollier.

En 1790, le recensement de Saint-Étienne nous apprend qu’un des cafés principaux de la ville était exploité par Maurice Thiollier, sur la Grande Place (place du Peuple), entre la rue Froide et la rue Neuve, dans un immeuble appartenant à Madame veuve Neyron, à côté d’un autre café, propriété de Martin Clémençon, le syndic de la corporation des aubergistes et cabaretiers.

Le café Thiollier était fréquenté par les bourgeois du quartier.

Beaucoup plus vaste que la place du Peuple actuelle, parce que n’existaient ni la rue Gambetta, ni la rue Général-Foy ; et, que vers le débouché de ces deux rues, se trouvait un rideau de maisons, la Grande Place était alors le centre de la vie publique et le rendez-vous des oisifs, à la recherche de distractions ou de nouvelles.

À l’ouest, près du couvent des Ursulines, au voisinage de la tour des anciens remparts du xve siècle, le bief du Furan coulait à air libre et servait à la fois de lavoir aux ménagères et de poissonnerie aux marchands qui y installaient des coffres munis de couvercles dans lesquels ils conservaient leurs provisions.

On gagnait sur deux ponts la rue Sainte-Ursule et la rue Mercière.

En face de ce bief avait été érigée une croix monumentale et avait été construite en 1754 une fontaine décorative, l’unique fontaine publique d’une ville de 16.000 habitants.

Dans un recoin, près de la rue Mercière, se balançait à tous les vents l’enseigne du principal hôtel de Saint-Étienne, l’hôtel du Grand Versailles[1], qui recevait les voyageurs de marque. C’est devant cet hôtel que s’arrêtaient toutes les diligences ; c’est de la que partaient tous les courriers. On imagine aisément l’animation de ces départs et de ces arrivées, les cris, les jurons des postillons et des palefreniers ; les scènes de tristesse ou de joie quand aux portières apparaissait un visage aimé ou quand se mettait en marche, avec un grand bruit de ferraille, la voiture qui emportait à Paris ou à Beaucaire un chef de famille.

Jusqu’à la rue du Grand-Moulin, le Furan était couvert. Le parapet de la voûte s’arrêtait en ce point.

Sur cette partie de la place, bordée des deux côtés par des maisons dont quelques-unes ont gardé des traces de style, se tenaient les marchés aux légumes et le marché du vin où les muletiers des bords du Rhône offraient leurs vins dans des outres en peau de bouc.

Les bureaux de l’Élection et des Douanes étaient à quelques pas l’un de l’autre. De rares lanternes fumeuses suspendues à des câbles éclairaient la place, de distance en distance. Le soir les passants se munissaient de « falots » ou acceptaient, moyennant quelque menue monnaie, les services de miséreux qui leur offraient de les précéder, une lanterne à la main.

C’était là au surplus qu’habitait la bourgeoisie de Saint-Étienne : des marchands de rubans, Descours, Croizier, la veuve Molle, Cuisset, la veuve François Neyron ; des fonctionnaires, des hommes de lois, Legouvé, directeur des Aides ; Rambert Gonyn, directeur lieutenant de l’Élection ; Ronzil, conseiller à l’Élection ; Jovin-Molle qui fut député à la Législative ; le commandant de Fyard et le chevalier de Rostaing, de la Manufacture Royale d’armes ; les notaires Vinoy et Lardon[2].

Le succès du commerce de Maurice Thiollier apparaît normal et on comprend que ce dernier ait pu acquérir une petite fortune.

Il était originaire d’une paroisse du Lyonnais, Saint-Jean de-Toulas, où il naquit en 1743. Saint-Jean confine à Saint Romain-en-Gier, à onze kilomètres de Givors. Le graveur J.-J. de Boissieu y possédait une maison de campagne et les paysages locaux se retrouvent dans plusieurs de ses œuvres.

De bonne heure Maurice Thiollier émigra à Saint-Étienne. Un acte du 21 mai 1769 indique qu’il avait loué d’un sieur J. Dupuy une maison avec cave sise rue Grenette « en face du poids de ville », au prix annuel de 220 livres.

Il avait épousé Melle Marie-Anne Fontvieille, de Valfleury, dont il eut huit enfants, trois fils et cinq filles[3]. Plusieurs moururent en bas âge. Le 12 juillet 1808 les registres de l’état civil enregistrèrent son décès.

Son fils aîné François, né le 30 mai 1770, séduit vraisemblablement par les conseils des officiers d’artillerie de la Manufacture Royale d’armes, clients et amis de son père, avait embrassé la carrière militaire et était entré à l’École de Brienne, célèbre par le séjour qu’y fit, comme élève, Napoléon Bonaparte, de 1780 à 1784.

II

Le collège militaire de Brienne-le-Château, situé près de Bar-sur-Aube, avait été fondé avec neuf autres institutions similaires par le comte de Saint-Germain, ministre de la guerre, en vertu d’une ordonnance royale du 28 mars 1770. Sa direction était confiée aux religieux Minimes. Le prix de la pension était élevé : 480 livres par an, ce qui obligeait le père de François Thiollier à un sacrifice important. L’uniforme était bleu, avec parements, veste et culotte rouges.

Nommé officier d’artillerie, François Thiollier, pendant qu’il tenait garnison à Besançon, épousa Melle Marie-Anne Antoinette Baron, fille de Claude-Ignace Baron et de Marie-Claire Paliard, d’une excellente famille de la Franche-Comté.

Que devint ce jeune ménage jusqu’au jour où, en l’an X, nous le retrouvons en Italie ?

Il est impossible de préciser.

Nous savons seulement, par des fragments de correspondance, que Madame Thiollier fut reçue à Saint-Étienne par les parents de son mari ; qu’elle gagna l’affection de sa belle-sœur Catherine et que ses enfants étaient toujours accueillis avec joie par leur tante et par leur grand’mère. Il semble même que l’un d’eux, Claude-Auguste, demeura longtemps près d’elles

Des quelques lettres de François Thiollier qui ont été conservées se dégage nettement son caractère.

C’était un officier très attaché à ses fonctions ; homme de devoir, en un temps où le service était d’une dureté exceptionnelle. Pendant vingt ans il ne prit pas de congé.

Affecté à l’armée d’Italie, il habite Plaisance en l’an X avec sa femme et ses enfants. Il est capitaine, second maître trésorier du 2e régiment d’artillerie à pied.

En 1808, il est à Vérone. Deux ans après, il commande à Laybach la 7° compagnie du 2e régiment d’artillerie de l’armée d’Illyrie. Il avait été nommé chevalier de la Légion d’honneur.

À Plaisance, la vie n’est pas gaie, à en croire une lettre écrite à sa sœur Catherine, le 17 frimaire an X :

« Hélas ! oui, ma petite sœur, je m’ennuie assez passablement et voilà à peu près la manière dont j’emploie mon temps depuis les courts jours.

« La matinée jusqu’à trois heures est donnée à occupations ; je pars de là pour le diner qui est toujours fort gai et passablement bon. La table est composée d’officiers instruits, très aimables, et avec qui je me plais infiniment ; le diner nous mène ordinairement à quatre heures et demie, alors je rentre pour faire ma correspondance de service, ou bien je m’amuse à lire ou à bavarder avec ma très délicieuse comtesse et son très sot mari ; à sept heures je me rends chez le Commissaire des guerres qui est un charmant garçon, qui a une petite femme encore plus charmante et qui pour ton frère aîné a beaucoup d’amitié, et rien de plus, foi d’honnête homme ! Là, il y a une petite assemblée de gens bien gentils, on y fait une petite partie, ou quelques jeux ; on se fait presque toujours un peu rire, parce que nos réunions n’ont pour motif ni l’intérêt, ni l’amour et que nous nous convenons tous ; à onze heures on se retire. Je viens écrire à mes amis lorsque je n’ai pas sommeil, ou je lis dans mon lit, jusqu’à ce qu’il plaise à ce Monsieur de venir clore mes paupières, je m’endors alors et je dors toute la nuit lorsque je ne suis fâché ni contre ma pécore de femme, ou autre paresseuse comme elle ; dans le premier cas, je fais des songes quelquefois charmants ; dans le second, je tempête, je jure, froisse mon lit, je dérange ma couverture et mes draps et le lendemain j’ai les yeux battus et des lassitudes dans tous les membres.

« J’espère avoir répondu d’une manière satisfaisante à tes questions ; je relis ta lettre en deux volumes et vois folio 3 que tu exiges du respect pour tes intentions tanternelles et pour ton petit individu, je suis maintenant fâché d’avoir commencé ma lettre sur un ton qui va m’attirer toute ta colère.

« Je la referais bien, mais comme les Alpes se trouvent entre toi et moi, je n’en ai rien à craindre pour le moment et d’ici à ce que j’aie le plaisir de te voir, tu seras assez apaisée pour ne pas m’arracher les yeux ; au reste, j’en serai quitte pour t’appeler ma bonne petite sœur, je t’embrasserai et tu me pardonneras.

« Mes enfants et ma femme te plaisent donc ? L’assurance que tu m’en donnes me fait infiniment plaisir, je vois avec bien de la satisfaction que ta sœur ait pu t’inspirer de l’amitié, conserve-la lui, ma bonne amie, c’est une bonne fille qui le mérite, d’ailleurs ce sentiment est le seul qui, dans la vie, soit sans amertume. Combien les familles seraient heureuses si des motifs d’intérêts ou de jalousie ne l’altéraient jamais entre les membres qui la composent ! combien je désire que cette union qui règne entre nous ne cesse jamais ! Pour mon compte, je sens bien que si je perdais l’affection de la famille et de quelques amis, mon existence me deviendrait bien insipide.

« Tu auras sans doute été à Lyon voir le Premier Consul et l’assemblée italienne qui se sont rendus dans cette ville ; je présume que tu auras assez de complaisance pour me dire ce que tu auras vu de digne de remarque.

« Je te prie de dire à Mavielle de ne pas perdre de vue l’objet de ma lettre à mon oncle Riolz.

« Je te fonde ma procuratrice pour donner ton joli petit visage à baiser pour moi à toute la famille, en attendant que je puisse le faire moi-même ; et t’assurer de vive voix combien, de mon aimable sœur, je suis l’affectionné frère. »

P.-S. « Je viens de relire ma lettre, je la trouve d’une bêtise et d’une impertinence amères, mais comme je ne me gêne pas avec mes amis, je ferai avec toi comme avec les autres, c’est-à-dire que je ne prendrai pas la peine de la refaire. »

Dans une seconde lettre à sa sœur, le 16 thermidor de l’an X, nous trouvons une note plus mélancolique :

« Sais-tu bien, ma chère petite sœur, que je suis tout à fait de mauvaise humeur contre toi et contre toute la famille. Mon père a laissé sans réponse trois lettres que je lui ai écrites depuis l’arrivée de ma petite famille.

« Je suis tenté, malgré ce que m’en dit ma femme, de penser que tu ne songes guère à ton frère le militaire, puisque tu as si peu à lui dire. Est-ce que tu ne te rappelles plus de moi ? Tu m’avais cependant promis de me sacrifier quelques moments de temps à autre. Ce défaut de remplir ta promesse m’a fait d’autant plus de peine que je suis privé des nouvelles de ma famille et me fait présumer que tu ne partages pas l’amitié que j’ai pour toi ; si je t’ai mal jugée, il ne tient qu’à toi de me faire revenir en m’écrivant de suite une bien longue lettre dans laquelle tu me parleras de tout le monde, de la famille en particulier.

« Nous sommes toujours, malgré le nom de la ville (Plaisance), de la manière la plus ennuyeuse ; heureusement que nous sommes tous très occupés, les officiers de leur instruction et moi de ma besogne, sans cela je crois que nous péririons d’ennui et de chaleur. Nos habitudes sont si différentes de celles des habitants de notre ville que nous faisons absolument bande à part ; nous serons plus gais cet hiver parce que tout le matériel de l’artillerie de l’armée d’Italie se rassemble ici. Tout cela amènera du monde et des dames françaises ; nous pourrons nous passer de nos très insipides hôtes ; c’est cependant bien dommage que le pays le plus beau de la terre soit habité par les êtres qui y sont.

« Maurice me fait remarquer parmi les nombreux tableaux qui sont dans mon logement une Samaritaine qui est dans mon antichambre et à laquelle je n’aurais pas fait attention. Il est venu me dire : Papa, viens voir le portrait de la tante Miette ! Effectivement c’est ta figure, de la ressemblance la plus parfaite et par dessus le marché elle est blonde. La seule différence entre elle et toi, c’est qu’elle a la poitrine plus élevée que tu ne parais l’avoir. Si ce tableau n’était pas fait depuis peut-être cinquante ans, j’aurais pu penser que le peintre, en passant à Saint-Étienne, aurait pu te voir et qu’enflammé par tes appas il se serait empressé de les jeter sur la toile, pour en repaître ses yeux ; quoi qu’il en soit ce tableau me fait le plus grand plaisir, car il ne se passe pas de jour que je ne le voye au moins vingt fois et que je ne le fasse admirer aux amateurs.

« Tu trouveras ma lettre passablement nigaude, mais je t’écris après diner, il fait une chaleur étouffante et dans ces moments on a la tête et les idées d’une pesanteur insupportable.

« Je te charge d’un millier de baisers pour la famille ; tu en donneras la plus grande part au papa et à la maman ; pour messieurs mes frères qui sont des paresseux tu ne leur en passeras qu’un petit à chacun.

« Ma femme et mes enfants vous embrassent de toutes leurs forces, la première me charge de l’excuser auprès de toi si elle ne t’a pas donné signe de vie, mais quoique ton exemple semble l’autoriser dans sa paresse, elle se propose de mettre sa correspondance à jour d’ici quelque temps ».

Thiollier n’est pas cependant insensible aux plaisirs mondains. Aux questions de sa sœur : « Y-a-t-il des bals ? », il répond : « Hélas ! non. »

Il aime beaucoup sa famille, sa femme (une bonne fille) marmots », spécialement Emile, qu’il envoya en 1808 à Paris pour achever son instruction, et dont il s’occupa avec une grande sollicitude.

À son père, il témoigne une respectueuse déférence ; à sa mère, une tendresse émue. Il s inquiète de ses moindres actes. Une excursion qu’elle a faite à Valfleury en l’an XI le met en joie.

Son budget est mince et paraît réduit à sa solde de capitaine (2.500 francs par an) et aux revenus de sa femme ; ce qui ne l’empêche pas, grâce à des prodiges d’économies, de tenir son rang d’une façon honorable.

À la mort de son père, en 1808, à Saint-Etienne, de Vérone il charge un M. Lallier[4] et son oncle Riolz de régler ses affaires ; il recommande à sa sœur de conserver l’union familiale et de continuer à vivre en commun avec ses frères. Il ajoute qu’il abandonne à sa mère sa part d’héritage.

« Verone, le 27 septembre 1808. »
« Ma chère sœur, »

« J’ai reçu ta lettre du mois d’août. J’attendais pour y répondre qu’on ait statué sur la demande que j’avais faite d’un congé. Le Prince à qui je m’étais adressé me fait répondre qu’il ne pouvait m’en accorder un que sur le territoire de son armée, c’est-à-dire le royaume d’Italie, et que pour en sortir il était nécessaire d’avoir un permis du ministre de la Guerre français. Je lui ai de suite envoyé un mémoire dans lequel je spécifiais positivement que depuis plus de vingt ans que je servais, je n’ai jamais joui du plus petit congé. Il a répondu au Général en chef de l’artillerie de cette armée qui lui avait envoyé ma demande, qu’il la trouvait fondée, mais qu’il ne pouvait me l’accorder, attendu qu’un arrêté de l’Empereur, en date du 21 août, porte qu’il ne sera point accordé de congé pour allaires aux militaires servant aux armées avant le mois de décembre prochain.

« En conséquence, je me suis déterminé à dresser une procuration que j’adresse à M. Lallier. Je lui donne plein et entier pouvoir de terminer mes affaires à l’amiable, sans que dans aucun cas on n’aye recours aux tribunaux. Je ne sais si cette procuration pourra remplir mes intentions, la note que tu m’as envoyée n’a pas pu me guider dans sa rédaction. Il m’aurait fallu un modèle que j’avais demandé à mon oncle par ma lettre du 15 août. Ce modèle ne m’arrivant pas et craignant qu’un plus long retard ne fut préjudiciable à nos intérêts communs, je me suis décidé à en dresser une moi-même. Si elle ne suffisait pas, je la referais sur le modèle qui me serait envoyé.

« Ce n’est pas au moment de la perte que nous venons de faire, ma chère saur, que j’élèverai des discussions qui tendraient à nous diviser ; je n’irai pas donner le spectacle scandaleux d’un fils disputant à ses frères les dépouilles de son père. C’est au contraire le moment d’oublier toutes les petites disputes de notre enfance et de vivre en une union tellement étroite que l’estime publique ne dégénère pas en nous.

« Je vous juge tous d’après moi ; et c’est parce que j’ai la plus entière confiance vous que j’ai choisi pour me représenter l’ancien ami de notre père, celui que nous estimons tous depuis notre plus tendre jeunesse. Je lui ai donné pouvoir en absolu de tout terminer à l’amiable ; dans aucun cas je ne veux pas que mon nom paraisse devant les tribunaux, je désire en cas de discussion que, comme nous, vous preniez pour arbitre mon oncle Riolz et que vous vous en rapportiez à sa décision.

« Comme l’aîné de la famille, je vous engage, mes bons amis, à ne pas vous séparer. On peut avoir des caractères différents, mais quand on est d’honnêtes gens, qu’on s’estime réciproquement, on peut très bien vivre en bonne intelligence en ayant entre soi un peu d’indulgence les uns pour les autres.

« Si par la suite il convenait à vos intérêts de vous séparer, il faut y réfléchir bien sérieusement avant d’en venir là. Quand on a une existence supportable, il est toujours imprudent, surtout dans ces circonstances, de courir après un bien imaginaire. Je crois donc devoir vous conseiller de continuer la maison entre vous. En y mettant de l’intelligence, de l’union et de la bonne foi, elle ne peut que prospérer, tandis que si vous vous sépariez, et que vous prissiez le parti de vous établir particulièrement, les dépenses tripleraient et peut-être les bénéfices ne pourraient pas les couvrir.

« Je n’ai sûrement pas le droit de rien vous prescrire, aussi mon intention n’est de vous dire que ce que me dicte la plus pure amitié. J’espère donc que vous prendrez tous en bonne part les avis que j’ai cru devoir vous donner. Ils m’ont été dictés par votre intérêt et par celui de notre mère, qui doit passer tranquillement ses jours au sein de la famille, et comme il ne serait pas juste que vous seuls eussiez le plaisir de lui être utiles, je lui abandonne le revenu de la part qui m’échoira. Je regrette que ma position ne me permette pas de pouvoir seul lui procurer une existence aussi agréable que je pourrais le désirer.

« Je te le répète, ma bonne petite sœur, et convaincs bien mes frères, mon intention absolue est que tout se termine à l’amiable, comme cela doit être entre honnêtes gens et bons parents. Si contre mon attente il s’élevait des discussions sur lesquelles vous ne puissiez pas vous accorder, je ne veux absolument pas que mon nom paraisse en justice. J’aime mieux que les intérêts de mes enfants soient lésés que de prendre un parti déshonorant pour les enfants d’un honnête homme qui n’a jamais eu rien à démêler avec elle. Je suis bien convaincu que cela n’arrivera pas, mais si par hasard et par impossible ce cas se présentait je suis bien aise que vous connaissiez mon intention formelle.

« M. Lallier aura la bonté de vous communiquer ma lettre et ma procuration, je désire que tous vous y trouviez les intentions d’un homme délicat, d’un bon frère et d’un bon ami.

« Je renouvellerai ma demande au mois de novembre et au lieu de demander un congé de deux mois, j’en demanderai un de trois. De cette manière, j’aurai le moyen d’aller plus économiquement et de rester quelques jours de plus avec vous. J’ai besoin de vous revoir tous, il y a si longtemps que je ne vous ai aperçus que lorsque j’ai reçu la réponse du Ministre elle m’a fait une peine que je ne peux t’exprimer. Je me faisais une si douce idée de vous embrasser tous, mais j’espère que ce plaisir n’est que différé.

« Embrasse bien ma mère pour moi, ainsi que mes frères, ne m’oublie pas auprès de mes oncles et de leurs familles et croyez-moi tous votre bien affectionné ami. »

Le 15 août 1809, le capitaine Thiollier régularisa le mandat qu’il avait envoyé par lettre à sa sœur Catherine. Suivant acte dressé à Vérone devant les membres du Conseil d’administration du 2e régiment d’artillerie, il donna procuration pour le règlement de la succession de son père à Jean-Marie Lallier.

Les officiers et les soldats du premier Empire n’étaient pas religieux ; l’esprit du xviiie siècle et les doctrines de la Révolution avaient éteint chez la plupart la flamme de la foi. Le capitaine Thiollier, au contraire, avait conservé des sentiments chrétiens dus aux enseignements de sa mère ; mais il avoue ingénûment n’assister aux cérémonies du culte que d’une façon irrégulière :

« Je vais rarement au café, écrivait-il à sa sœur le 17 frimaire an X, peu à l’église, parce que je ne connais ne connais pas le latin italianisé ; et à quelques péchés véniels près, comme jurons, ceux de colère, petits mensonges innocents et quelques autres brimborions pareils, je crois de bonne foi que si je viens à mourir j’aurai des droits à la canonisation. »

François Thiollier tenait du reste à la bonne éducation. La grossièreté de langage et le négligé des manières de ses camarades lui étaient odieux. Aussi, dans une lettre du 14 avril 1810, adressée à un de ses cousins, correspondant à Paris de son fils Émile, trouvons-nous des recommandations sévères faites à ce dernier, au sujet de la modestie et de la politesse :

« Laybach, le 13 février 1810. »

  « Monsieur et cher cousin, »

« J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint une traite de cinq cents francs sur la Trésorerie, acompte de l’entretien d’Émile. En m’accusant réception, vous m’obligeriez de m’envoyer un compte résumé des recettes et dépenses afin que je puisse savoir où j’en suis avec vous.

« On m’écrit de chez moi qu’on est parfaitement content d’Émile. La petite gratification qu’on vient de lui accorder me prouve que par complaisance on me flatte un peu sur son compte ; il y a cependant du vrai dans le bien qu’on me dit de lui. J’attribue sa bonne conduite aux bontés que vous et ma chère cousine avez pour lui. C’est une obligation que j’aime à vous devoir ; si la reconnaissance la plus parfaite peut compenser dans votre cour les soins que vous lui donnez, jouissez-en et croyez que je sens toutes les obligations que je vous ai.

« J’aurais beau le dissimuler, Émile est mon enfant de prédilection. J’ai remarqué en lui une intelligence qui peut le mener à tout.

« Je n’avais reconnu en lui d’autres défauts qu’une ténacité dans le caractère et une bonne opinion de lui-même qui auraient pu lui faire un tort infini dans le monde dans lequel on ne réussit que par l’aménité et le liant du caractère. Il m’a écrit qu’il se corrigerait de ces défauts. J’aime à le croire et à penser que c’est aussi à vous et beaucoup à ma chère cousine, pour qui il parait avoir une confiance et une affection particulières, que je le dois.

« Je suis dans des transes cruelles sur le moment qui se prépare. À son âge, Paris est une ville de perdition pour un jeune homme qui arrive à la puberté avec des passions vives et une constitution vigoureuse. Les bontés que vous avez jusqu’ici eues pour lui, tout le bien qu’on m’a dit de vous, me font espérer que vous ne voudrez pas laisser votre ouvrage imparfait. Je vous supplie donc de redoubler de surveillance pour ses meurs. C’est par des distractions qu’on trompe la nature : la confiance que vous lui inspirez fera plus qu’une sévérité déplacée, qui souvent ajoute à la corruption le vice de l’hypocrisie. Les dames surtout sont propres à faire d’une jeune tête tout ce qu’elles veulent. C’est donc sur mon aimable cousine que je compte aussi pour préserver mon Émile des vices qui perdent tant de jeunes gens. Il n’a point, malheureusement, de fortune à espérer de moi, sa conduite et son travail peuvent seuls lui procurer une existence agréable et honorable. Réduit à 2.500 francs d’appointements, obligé de tenir mon état, de pourvoir à sa maman, sa sœur et son frère, il doit sentir que je ne peux longtemps continuer les sacrifices que je fais pour lui quelque minimes qu’ils soient. Je me prive pour eux de tous les agréments de la vie, et même des choses indispensables. Dans mon état cependant aucune privation, aucun sacrifice ne coûteront si mon Émile ne trompe pas mes espérances ; dites lui bien que je mets en lui tout mon espoir de bonheur futur, que son inconduite me ferait mourir de chagrin. Si de pareils motifs et surtout le bonheur de sa maman, à laquelle je peux manquer d’un moment à l’autre, ne le retenaient pas dans la voie de l’honneur et dans une délicatesse de conduite que tout homme qui désire avoir sa propre estime doit se réserver, ce serait un monstre auquel je me reprocherais d’avoir donné le jour ; mais j’espère que je n’aurai jamais rien de grave à lui reprocher, et qu’il sera digne des honnêtes parents dont il est descendu, tant de mon côté que de celui de sa maman.

« Voulez-vous bien, mon cher cousin, vous charger d’embrasser bien tendrement pour moi votre chère épouse, votre maman, mon oncle, Manette, Thérèse, Lolo, Toutou, Nini et vos petits enfants. Je désire bien ardemment que quelque heureuse circonstance me mette à même de faire connaissance avec d’aussi bons parents qui, sans me connaître, me donnent des preuves d’amitié que je n’oserais attendre de ma propre famille.

« Je vous embrasse de tout mon cœur. »

Par une autre lettre au même, datée de Laybach le 12 avril 1810, il renouvelle ses conseils pour son fils Émile :

Quelques troubles survenus sur la frontière de la Turquie m’ont beaucoup occupé et m’ont occasionné beaucoup de courses ; c’est ce qui m’a empêché jusqu’ici d’écrire à Emile relativement à une lettre qu’il a écrite à sa maman, dont je loue la franchise, mais dont je blâme les expressions. Je suis cependant bien aise qu’il m’ait mis à même de lui écrire en ami sur un sujet dont j’étais censé ignorer qu’il fût instruit. Cependant la légèreté avec laquelle sa lettre est écrite et le peu d’importance qu’il attache à ce dont il parle me fait craindre qu’abusant avant l’âge de son tempérament, il ne ruine sa santé et ne néglige ses devoirs. Je me propose de lui donner des conseils qu’il sera assez raisonnable et assez ferme pour suivre. En attendant, comme je suppose que sa conversation n’a ni la modestie, ni la réserve qui conviennent à son âge, je vous prie de l’avertir, comme vous l’avez sans doute déjà fait, que rien ne sent à tout âge et surtout au sien, la mauvaise éducation que la sienne dans les expressions ; qu’il doit, en fils de militaire, être encore plus réservé qu’un autre pour que dans la société on n’accuse pas ses parents de lui avoir donné des exemples de licence répréhensible.

« Faites-lui bien sentir que dans l’état militaire, qui est sans doute celui où on est le moins scrupuleux sur ces sortes de matières, on fait très peu de cas et souvent on méprise souverainement ceux qui s’écartent jusqu’à un certain point des bienséances que réclame la société. J’ai vu, depuis vingt-deux ans que je sers, beaucoup de jeunes gens venant de l’école qui, d’ailleurs très instruits, croyaient prendre le bon ton militaire en affectant de l’indécence dans leur conversation, qui ont changé de ton lorsqu’on leur a fait apercevoir que ce n’était pas là le moyen d’être bien vu ni de leurs supérieurs, ni de leurs camarades. Plusieurs même ont perdu de leur avancement, parce qu’on a supposé un vice d’éducation qui ne convient pas dans un corps d’élite et encore moins à qui par état sera obligé de vivre dans un monde bien différent. Qu’il s’interroge lui même, qu’il prenne comme je lui ai conseillé sa cousine pour guide, qu’il se suppose père de famille, qu’il ait des demoiselles, admettrait-il chez lui quelqu’un dont la conversation serait indécente ou seulement équivoque ? Les gens d’esprit peuvent s’égayer dans la société, mais il en faut beaucoup pour ne pas faire rougir les femmes honnêtes et être supportable pour les hommes. Quand on est à son âge, la modestie seule convient et est le chemin le plus sûr pour plaire à tout le monde ; car rien ne sent l’ignorance de toutes choses et le mépris de toutes bienséances que ce cercle banal autour duquel tournent les sots qui n’ont pas d’autres sujets de conversation. L’amour-propre d’un enfant peut être flatté de paraître instruit sur certaine matière, mais en général on n’en fera jamais de cas dans le monde et ce ne sera pas une preuve de ses mœurs et de son éducation.

« La gratification et les appointements qu’on lui accorde me prouvent qu’on est content de lui. Je me propose de lui en témoigner toute ma satisfaction et d’en faire mes remerciements à M. Vassal.

« Tant qu’Émile se conduira de manière à mériter mon estime et mon affection, je veux être son ami plutôt que son père. Je ne vois en conséquence aucun inconvénient à ce que vous lui communiquiez mes lettres. Je pardonnerai aux erreurs, mais si jamais il manquait à l’honneur, je pourrais en mourir de chagrin, mais jamais je ne le reconnaîtrais pour mon fils. « Pardon, mon cher cousin, de tout l’embarras que je vous donne. Embrassez pour moi toute la chère petite famille et croyez-moi votre ami le plus affectionné. »

« Thiollier, capitaine commandant la 7e compagnie du régiment d’artillerie, employée à l’armée d’Illyrie, à Laybach par l’Italie. »

On le voit, la correspondance de François Thiollier est intéressante. Il écrivait simplement, avec humour ; et plusieurs de ses lettres exhalent un parfum du xviie siècle, comme on en peut juger par la formule d’un billet du 16 thermidor an X à sa sœur Catherine, pour laquelle il avait une tendre affection :

« Et maintenant, mademoiselle ma sœur, tenez-vous bien droite, prenez un air bien caressant et recevez avec le plus profond respect, les embrassements de votre très attaché, mais très négligent frère. »

Quand s’organisa la Grande Armée qui devait porter jusqu’à Moscou les Aigles impériales, le capitaine Thiollier partit avec sa batterie.

Il ne revint pas, enseveli sans doute dans les neiges de la retraite de Russie.

Sur les contrôles de son régiment, son nom fut inscrit avec la mention : Disparu en 1812.

C’est le seul renseignement qu’obtint sa femme[5].



CHAPITRE SECOND

I

François Thiollier avait quatre enfants : une fille, Arine Émilie, qui se maria à Nice (Italie), en mai 1839, avec Charles Fulgence Garacci et mourut aux Asthiers, à Saint-Héand (Loire), le 21 septembre 1840 ; trois fils : Émile, l’étudiant parisien de 1810 ; Maurice et Claude-Auguste.

Ce dernier, né à Besançon le 28 vendémiaire an IV, suivit d’abord la carrière paternelle, fut officier, tomba aux mains des Russes, à la bataille de Leipzig (16-18 octobre 1813), mais obtint une prompte libération. De retour en France, il donna sa démission et vint à Saint-Étienne, foyer de sa famille. En juin 1826 , il épousa mademoiselle Françoise-Emma Colard, fille de Benoît-Joseph-Sébastien Colard[6], fabricant de rubans, et d’Antoinette-Thérèse Bachet.

Son beau-père l’associa à son industrie.

De 1837 à 1841, il siégea comme juge au Tribunal de commerce, sous la présidence de Joseph Tézenas. Il y retrouvait un de ses parents, Jules Paliard, fabricant d’armes, qui devint maire de Saint-Étienne en 1846.

D’un portrait de Claude-Auguste Thiollier se dégage une expression d’austérité et de tristesse.

Quatre fils et une fille naquirent de son union mademoiselle Emma Colard :

Benoîte-Françoise-Anne, née le 18 août 1827 ;

Lucien-Sébastien, né le 18 octobre 1828[7] ;

Antonin, né le 16 février 1831[8] ;

Eugène, né le 5 février 1837[9] ;

Félix, né le 29 mai 1842.

Au bout de vingt ans, il quitta l’industrie ; et, cédant aux instances de sa femme, qui joignait à une exquise bonté une intelligence cultivée dans le petit cénacle de lettres stéphanois d’Aimé Royet, d’Alphonse Peyret, de Coignet, d’Aymé de Loy dont les assises se tenaient chez Auguste Granger au château de Longiron, il se décida à habiter Paris pour y achever l’instruction de ses fils.

C’est ainsi que la famille Thiollier, au cours de l’année 1847, s’installa dans un modeste appartement du quai de Béthune n° 32, au voisinage de l’église de Saint-Louis-de-l’Île. Un ancien professeur du collège d’Oullins accepta les fonctions de précepteur de Lucien, d’Antonin et d’Eugène Thiollier et fit en diligence avec ses élèves le voyage de Saint-Étienne à Paris.

C’était l’abbé Lacuria.

Ce saint prêtre, une des figures les plus originales du clergé du xixe siècle et dont le romancier Huysmans devait plus tard s’enthousiasmer, exerça sur Félix Thiollier une influence qui laissa une empreinte indélébile. À la fois philosophe mystique, savant et artiste, naïf, simple et charitable comme le curé d’Ars ; poète à la façon de saint François d’Assise ; traversant la vie avec le dédain de la réalité ; n’entendant rien aux choses pratiques ; sensible aux moindres échos de l’idéal ; admirateur


enthousiaste de Glück et de Beethoven, l’abbé Lacuria qui, en 1844 venait de publier sous son prénom de Gaspard, la première édition de son œuvre capitale : Les harmonies de l’Être, avait le génie de l’enseignement. Il savait éveiller l’intelligence des enfants, retenir leur attention par des explications lumineuses et toujours relier au Dieu de la Trinité catholique les conclusions qu’il tirait de l’étude des faits. Avec cela jovial, riant volontiers d’un bon rire qui illuminait ses grands yeux bleus. Les sciences mathématiques et physiques dont il avait exploré le tréfonds prenaient sur ses lèvres l’aspect de choses vivantes ; les nombres, les forces et les fluides apparaissaient comme des génies bienfaisants qui peuplent la nature et, agents divins, président à ses destinées.

À ses moments de liberté, il aimait à s’occuper de Félix Thiollier, alors âgé de cinq ans, et il exaltait son imagination par ses récits, pendant de longues promenades. Afin de le distraire, il écrivit deux contes de fées à la Perrault : L’Île de la Vérité et la Clef de Diamant, que son élève publia plus tard chez l’éditeur lyonnais Lardanchet[10]. Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/38 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/39 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/40 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/41 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/42 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/43 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/44 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/45 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/46 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/47 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/48 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/49 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/50 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/51 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/52 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/53 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/54 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/55 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/56 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/57 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/58 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/59 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/60 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/61 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/62 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/63 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/64 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/65 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/66 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/67 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/68 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/69 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/70 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/71 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/72 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/73 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/74 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/75 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/76 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/77 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/78 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/79

Cependant, plus que tous autres, les artistes originaires du département de la Loire étaient sûrs d’obtenir son appui.

Que de fois il allait surprendre dans son atelier le médailleur Georges Dupré, son compatriote, premier prix de Rome qui, avec une grâce athénienne, burinait dans le style de son maître Roty d’exquises plaquettes et continuait d’une main délicate les traditions des graveurs stéphanois : Augustin Dupré, son homonyme ; Rambert Dumarest, André Galle, Louis Jaley, la dynastie des Montagny, Louis Merley.

D’ailleurs, aucune manifestation d’art ne laissait Thiollier indifférent ; il s’associait à tous les efforts vers l’idéal et recherchait la compagnie des êtres dépouillés de la banalité du siècle.

À ce titre, il se plaisait aux entretiens d’un saint religieux, le Père Jean Bulliot, fils du savant Gabriel Bulliot. Son corps maigre, sa longue tête émaciée semblaient avoir été modelés par l’Espagnol Alonzo Cano.

Le Père Bulliot professait à l’Institut catholique les pures doctrines de saint Thomas d’Aquin et, candide comme l’abbé Lacuria, cultivait l’astrologie. Félix Thiollier retrouvait en lui l’image de son vieux professeur.

Si l’on songe que tant de relations n’entravaient pas son travail quotidien et l’accomplissement de ses devoirs de membre de comités artistiques, on n’est pas surpris de ses lamentations sur la brièveté des heures parisiennes.

Pourtant il trouvait encore le loisir de fréquenter l’hôtel Drouot dont il connaissait les habitués, et où, à force de ténacité, il arrachait aux enchères des tableaux de valeur.

Sa collection lentement formée avec un goût presqu’infaillible, sans parti pris, se compose des principaux maîtres de l’École française contemporaine, y compris les impressionnistes. Son but, en la constituant, n’était pas l’ostentation, mais le désir de ne point effacer les visions d’art accumulées depuis sa jeunesse et d’offrir un aliment à sa mémoire.

Il lisait beaucoup. Les chroniques artistiques de Théophile Gautier et de Baudelaire, Les maîtres d’autrefois, de Fromentin, étaient ses livres de chevet.

La pure spéculation répugnait, il est vrai, à son sens des réalités pratiques. Aussi utilisait-il ses forces à l’exécution


PHOTOGRAPHIE DE FÉLIX THIOLLIER EN 1905.

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Les hostilités commencèrent après le massacre de Vassy (1562). Sous les ordres d’Antoine de Bourbon, du prince de Condé et de leurs lieutenants Soubise, Hangest, d’Ivoy, de La Rochefoucauld, de Castelnau, les deux Chatillon, d’Andelot et l’amiral de Coligny, la guerre éclata dans l’Anjou, la Touraine, l’Orléanais, le Blaisois, le Sud-Ouest, le Centre et le Midi. Par un arrêt du 13 juillet 1562, le Parlement de Paris avait mis les protestants hors la loi. Ce serait sortir de notre cadre que de conter les événements qui se succédèrent pendant trente ans. Dans le camp protestant et dans le camp catholique, on commit des crimes de toute nature ; l’assassinat du duc François de Guise par Poltrot de Méré (18 février 1563), la mort du prince de Condé à Jarnac, la Saint-Barthélemy (24 août 1572), le meurtre de Coligny, l’assassinat à Blois du duc Henri de Guise (23 décembre 1588), celui d’Henri III (1er août 1589).

Le Forez ouvert au nord, dans la direction de Roanne, aux bandes protestantes remontant la Loire et essayant de gagner leurs réduits des Cévennes ; dominé au sud par le Vivarais, une des principales forteresses de la Réforme, souffrit plus qu’aucune autre province. Les huguenots pillèrent et rançonnèrent plusieurs fois notre région qui, malgré le voisinage de Lyon où le calvinisme était propagé par des réfugiés suisses qu’attiraient ses écoles renommées, l’éclat d’une renaissance littéraire locale, le prestige de ses imprimeurs, les Gryphe, les Jean de Tournes, ne s’associa jamais aux nouveautés de la « religion prétendue réformée ».

En 1562, les religionnaires étaient entrés à Lyon par surprise. Ils y restèrent un an. Un des officiers du prince de Condé, le sire de Poncenat, seigneur de Changy, se détacha de cette ville, vint à Feurs et battit les troupes catholiques foréziennes commandées par le seigneur de Saint-Priest.

Il fut rejoint par François de Beaumont, baron des Adrets, qui avec 3.000 hommes s’empara de Montbrison le 13 juillet 1562 et s’y rendit coupable d’atrocités, ainsi qu’à Saint-Bonnet-le-Château, Boën et Saint-Germain-Laval.


PANNEAU DÉCORATIF DE LA SORBONNE PAR J.-P. LAURENS.

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l’étude des dossiers à quatre Commissions : 1o impôts ; 2o fonds et la comptabilité ; 3o travaux publics ; 4o agriculture, commerce et « tout ce qui concerne le bien public ».

Une Commission intermédiaire, émanée d’elle, assura sa permanence à Lyon, de 1788 au mois de juillet 1790.

L’édit de 1787 n’avait pas seulement fondé une assemblée de la province, il avait encore organisé des assemblées de départements qui correspondaient à peu près aux territoires des Elections. Le Forez eut trois départements (Montbrison, Roanne et Saint-Etienne) qui furent partagés en arrondissements de surface plus étendue que celle de nos cantons. Les assemblées de départements comprenaient vingt-quatre membres des Trois Ordres, dont la moitié était choisie par les représentants de l’assemblée provinciale qui tenaient leur nomination du roi et dont l’autre moitié fut élue par l’assemblée elle-même.

À Saint-Etienne, l’assemblée du département eut sa première séance le 8 octobre 1787 et sa dernière le 21 juillet 1790, rue Valbenoîte, dans les bâtiments de la Manufacture royale d’armes. Elle avait, elle aussi, un Bureau intermédiaire dont les membres recevaient un traitement[11].

Les auteurs du Forez Pittoresque n’ont pas dépassé l’année 1789. Ils ont estimé que faisant œuvre de science, c’est-à-dire d’impartialité, il était dangereux de s’engager sur le terrain mouvant de l’histoire de la période révolutionnaire et de la période contemporaine.

Le dernier événement auquel le vicomte de Meaux prête attention dans sa substantielle notice, ce sont les élections des Etats généraux.

Le marquis de Rostaing, bailli d’épée de Forez, avait convoqué le 16 mars 1789, à Montbrison, en la chapelle des Pénitents du Confalon, les trois états de la province.

Cette réunion était formée, pour la Noblesse, par tous les possesseurs de fiefs des deux sexes (les femmes votant par procuration) et par les nobles non possessionnés âgés de 25 ans ; pour le Clergé, par les évêques, curés, abbés, les délégués des chapitres, des prêtres attachés aux paroisses et des communautés religieuses masculines ou féminines ; pour le Tiers État, par des délégués des corporations d’arts et métiers, des corps d’arts libéraux et des habitants âgés de 25 ans inscrits aux rôles des impositions.

Les délégués du Tiers État, en assemblée générale, dressèrent leurs cahiers de doléances et désignèrent les députés chargés de les représenter à l’assemblée générale du bailliage de Montbrison. Saint-Étienne envoya douze députés, Roanne dix, Saint-Chamond huit et Montbrison six. Ces députés se rendirent à Montbrison au jour fixé, le 16 mars ; et, après la vérification de leurs pouvoirs, rédigèrent séparément leurs cahiers de doléances et procédèrent à l’élection des députés définitifs[12].

Le Clergé siégea dans la salle de La Diana ; la Noblesse à l’Hôtel de Ville et le Tiers Etat dans la chapelle des Pénitents du Confalon. Le vicomte de Meaux fait remarquer que les cahiers des trois Ordres témoignent d’un libéralisme sincère. Ils proposaient la suppression du régime féodal, la décentralisation administrative, l’égalité de l’impôt, la liberté de la presse, la liquidation de certains couvents, etc…

Les 23 et 24 mars, le Clergé, présidé par le chanoine du Besset de Contenson, nomma député l’abbé Goulard[13], curé de Roanne et suppléant l’abbé Gagnières, curé de Saint-Cyr-les-Vignes.

Sous la présidence du marquis de Rostaing, la Noblesse élut député, le 23 mars, le comte de Grésolles et député suppléant Jean-Baptiste Nompère de Champagny.

Il fallut trois jours au Tiers Etat (21, 22 et 23 mars), présidé par Durand-Antoine de Meaux, pour nommer députés le marquis de Rostaing et Jamier, bourgeois de Montbrison ; et députés suppléants Richard de Maisonneuve, greffier du bailliage de Bourg Argental, et Delandine, agrégé à l’Académie de Lyon.

Quelques mois après, l’ancien régime agonisait.

XIII. – On constate avec surprise, à la lecture des Cahiers de doléances des trois Ordres du Forez remis à leurs députés aux Etats généraux en 1789, que sur une des questions essentielles de l’organisation sociale, la question de l’instruction publique, seul le clergé forézien a émis le vœu de : « faciliter l’établissement des écoles dans les paroisses ; procurer l’uniformité d’enseignement et de liturgie dans tout le royaume ».

Pour comprendre ce vœu et pour achever le petit tableau de l’histoire du Forez composé en partie à l’aide d’emprunts au Forez Pittoresque de Félix Thiollier, il est nécessaire de grouper quelques indications sur l’enseignement dans notre province jusqu’à la Révolution.

Aucun document local ne permet d’affirmer l’existence d’écoles foréziennes du vie au xive siècle. Cependant, d’après des documents généraux ou des titres concernant les régions voisines, il est certain que les prêtres des paroisses et les moines des abbayes distribuaient l’enseignement aux enfants de leurs territoires, dans le but de recruter le clergé. L’Église catholique, qui avait la direction et le contrôle de l’instruction, ne cessa du reste jamais d’exhorter ses clercs à fonder des écoles. En 529, le concile de Vaison formula à cet égard une règle impérative.

De son côté, Charlemagne, dans un capitulaire du 23 mars 789, prescrivit « que les ministres de Dieu attirent auprès d’eux non seulement les jeunes gens de condition servile, mais les fils d’hommes libres ; qu’il y ait des écoles de lecture pour les enfants ; que les psaumes, les notes, le chant, le calcul et la grammaire, soient enseignés dans tous les monastères et tous les évêchés »[14].

L’empereur avait placé sur le siège épiscopal de Lyon, capitale de notre province, un Bavarois, Leidrade, son bibliothécaire[15]. Celui-ci s’efforça de réorganiser l’enseignement, en créant des écoles dans lesquelles, conformément au capitulaire de 789, il faisait apprendre la lecture, l’écriture et le chant. Des écoles d’un degré supérieur furent ouvertes par le Chapitre de la cathédrale. Aux anciennes méthodes gallo-romaines qui assuraient la prééminence à la rhétorique et à l’art oratoire, succéda la méthode longtemps suivie au moyen âge, le trivium (méthode des trois chemins) comprenant l’enseignement de la grammaire, de la rhétorique et de la dialectique, ou le quadrivium (méthode des quatre chemins) qui embrassait l’étude de la musique, de la géométrie, de l’arithmétique et de l’astronomie.

Parmi les écoles claustrales, les meilleures furent celles de l’abbaye de Cluny.

Aux XIIe et XIIIe siècles, le troisième et le quatrième concile de Latran (1179 et 1215), rappelèrent au clergé l’obligation de multiplier les écoles gratuites. Il est impossible que dans le Forez, où les églises et les prieurés étaient nombreux, ces règlements n’aient pas reçu leur application. Toutefois, jusqu’au XIVe siècle, les archives ne fournissent que de vagues renseignements.

Au XIVe siècle siècle, elles sont moins discrètes et nous révèlent, par exemple, l’installation de régents d’écoles à Saint-Germain-Laval. Un acte de 1333 qualifie Hugues Motier, clerc, « de maistre des escoles »[16].

À Crozet, une école dans laquelle au XVIe siècle Jean Papon commença ses études avait quelque réputation. Le testament d’une dame Huguette Orcival, femme d’Etienne Girard, de la paroisse de Saint-Haon-le-Châtel, mentionne comme témoins Me Hugues de Gotbaron « recteur des écoles de grammaire », et Hugues d’Ouches « recteur des écoles de chant » de la ville de Saint-Haon[17].

À Montbrison, en 1326, un sieur Jean, de Sainte-Foy, était « recteur d’école ».

À ce moment, à Saint-Bonnet-le-Château une société de prêtres s’était constituée en Chapitre autour du curé ; plusieurs de ces prêtres avaient des grades universitaires[18].

Ils fondèrent des écoles dans lesquelles ils enseignaient la lecture, l’écriture, le latin, le grec, la théologie et la musique. « Ces écoles, disent les auteurs de l’Histoire de Saint-Bonnet-le Château, jouissaient au loin, à la ronde, d’une juste célébrité. On s’y rendait du Forez, du Velay, du Lyonnais et de plus loin encore. » La preuve de ce bon renom résulte du testament de Mathieu Bolle, en date du 3 décembre 1379. Les témoins instrumentaires, clercs des écoles, étaient l’un originaire de Bourg-Argental, l’autre de Valence.

Au XVe siècle, les écoles de Saint-Bonnet et de Saint-Germain-Laval étaient en pleine activité. Des lettres du duc Charles de Bourbon, en 1455, donnent commission au clerc Antoine Simon « de tenir et gouverner les écoles de Saint-Germain ». Le testament de l’abbé Michel de Vaux fait allusion à ces institutions. On connaît le recteur de 1471 ; c’est maître Guillaume de Chalmetta, baccalarius et rector scolarum Sancti Germani Vallis[19].

Le testament de messire Pierre Barbier, alias du Puy, marchand à Saint-Galmier (30 juin 1434), cite les écoles de grammaire de cette paroisse[20].

D’autre part, les archives de la Loire ont conservé les noms de deux recteurs d’écoles à Montbrison : Pierre Boëti (1432) et Chalan (1458) ; de même, nous voyons à Cervières qu’une école « était tenue » en 1452 par Jean de Vaux[21].

Les comtes de Forez favorisèrent ce mouvement.

Par une donation du 13 juin 1400, la comtesse Jeanne de Bourbon agrandit à Montbrison un collège dirigé par les prêtres du Chapitre de Notre-Dame qui occupait des bâtiments adossés aux remparts, rue d’Écotay, sur le territoire de Moind[22].

Outre le collège, des écoles primaires continuaient à distribuer l’instruction élémentaire. Les noms de Martin Cruzil et d’André Robert « recteurs des écoles » sont venus jusqu’à nous. Pierre de la Salle, vers 1542, affecta un certain capital à une prébende pour l’entretien des « écoles vieilles »[23].

Au XVIe siècle les progrès de l’enseignement furent rapides. La renaissance littéraire qui se manifesta à Montbrison le démontre.

Des lettres patentes du roi Charles IX datées de Moulins, le 8 février 1566, autorisèrent Claude de Lévis, baron de Cousan, à édifier à Boën un collège sur l’emplacement d’une maison, propriété d’une confrérie dont les revenus et ceux d’autres confréries lui furent attribués. Le collège fut inauguré, mais vraisemblablement les confréries dépouillées de leurs biens résistèrent. Il fallut pour briser cette résistance la confirmation par Henri IV, le 7 septembre 1595, des lettres patentes de Charles IX[24].

C’est à ce moment que la compagnie de Jésus prit pied en France et appliqua de nouvelles méthodes, en réagissant contre le pédantisme du moyen âge et en substituant à l’étude des œuvres de basse latinité celle des ouvres classiques grecques ou latines.

Cette puissante association fut chargée, en 1561, à soixante kilomètres de Saint-Étienne, du collège de Tournon érigé en université vers 1552. Elle le transforma et Tournon fut bientôt l’établissement d’éducation le plus réputé du Midi de la France. Honoré d’Urfé y fut envoyé (1583). Quinze cents étudiants vivaient là répartis dans de grandes hôtelleries[25].

À Lyon, depuis 1565, les jésuites possédaient le collège de la Trinité que le Consulat avait installé en 1527 et qui, à ses débuts, avait eu pour recteur un lettré distingué, quelque peu hérétique, Barthélemy Aneau, ami de Clément Marot et de Rabelais. En 1630, un second collège leur fut confié. C’était le collège Notre-Dame ou petit collège.

Lorsque la paix religieuse fut conclue, Henri IV que préoccupait le succès des jésuites donna mission à une Commission de hauts personnages de procéder à une enquête sur les collèges du royaume. Les travaux de cette Commission durèrent trois ans (1595-1598) et aboutirent à la rédaction d’un règlement moins minutieux et moins précis que la Ratio studiorum des Pères de la Compagnie de Jésus, mais qui avait avec leur programme d’évidentes analogies[26].

Le Forez s’associa à ces sages réformes et, au xviie siècle, nous assistons à l’éclosion de plusieurs collèges.

Le Père Cotton, jésuite, créa en effet un collège à Roanne, en 1607 ; en 1608, les minimes fondèrent une institution semblable à Saint-Etienne et plus tard une pension à Feurs.

Nous avons déjà dit que les oratoriens furent appelés en 1620 par l’assemblée générale des habitants de Montbrison à remplacer les prêtres du Chapitre de Notre-Dame dans le vieux collège qui végétait, à raison de ses petites rentes (628 livres par an). On abandonna les bâtiments de la rue d’Écotay et on construisit sur les terrains actuels de la sous-préfecture un immeuble spacieux qui malheureusement fut incendié en 1640 et que la ville réédifia, au moyen d’un emprunt. En sus des rentes de l’ancien collège, la municipalité lui assura revenu annuel de 2.200 livres. Massillon y enseigna les humanités.

Ce collège ne relevant d’aucune université était géré, au xviie siècle, par un Bureau d’administration, en exécution de l’édit royal de février 1763.

En même temps qu’ils se fixaient à Montbrison, les oratoriens furent mandés en 1619 à Notre-Dame-de-Grâces, sur la paroisse de Chambles, par Vital de Saint-Pol, prieur de Saint-Germain-L’Herm, et y ouvrirent un internat. Il fut fermé de 1729 à 1760, pour cause de suspicion de jansénisme. Rouvert en 1760, son renom fut tel qu’en 1780 il se parait, comme le collège de Juilly, du titre d’Académie[27].

L’enseignement dans ces maisons d’éducation correspondait à notre enseignement secondaire.

Ajoutons que les comptes d’un consul de Saint-Sauveur-en-Rue relatent l’existence d’un collège vers 1615 dans cette paroisse[28]. Ce fut pendant plusieurs années une succursale du collège de Tournon ; des jésuites y professaient.

À Charlieu, vers 1614, Claude Montrochet dit Casarin, originaire de Valence, était recteur des écoles ; en 1663, une école appartenait à un sieur Antoine Dosset ; des leçons de grec et de latin étaient données par un sieur Claude Vélat ; un collège était exploité en 1698 par Philippe Lent dit de la Roche[29].

Comment, à l’échelon inférieur, était alors organisé l’enseignement primaire ?

Les documents qui répondent à cette question sont rares et laconiques.

Quand on parcourt les registres paroissiaux de catholicité des villes (registres de baptêmes, mariages et décès), on relève un nombre considérable de signatures lisibles. Il y avait donc des écoles ; leur contrôle était dévolu aux autorités ecclésiastiques, mais la plupart semblent avoir été déplorables. Les maîtres, trop souvent dépourvus de savoir et de moralité, cherchaient à enseigner, pour gagner leur vie, les éléments d’une science qui leur était étrangère.

Dans le dernier tiers du xviie siècle, à Lyon, un saint prêtre, Charles Démia, réforma cet état de choses et fut un précurseur, en matière d’éducation. Dix ans avant J.-B. de la Salle, le fondateur de l’Institut des Frères de la Doctrine chrétienne, il restaura l’instruction des enfants pauvres, garçons et filles, recruta des instituteurs et des institutrices, leur imposa un stage dans des séminaires, embryons d’écoles normales ; les soumit à des inspections périodiques et rédigea des règlements pédagogiques dont l’esprit est plus large que celui du manuel scolaire en usage (L’Escole paroissiale, par un prêtre d’une paroisse de Paris, Paris in-12, 1654.)

Avec l’appui de l’archevêque de Lyon, Mgr Camille de Neuville, il installa une première « petite école » en 1667 ; et en 1671 le séminaire de Saint-Charles derrière l’église Saint-Nizier, ensuite près des Cordeliers « pour y entretenir et élever des maîtres d’école et de pauvres ecclésiastiques destinés aux dits emplois ».

Dix ans après, en 1687, il créa au profit des femmes une maison de même nature d’où sortit la congrégation des Sœurs de Saint-Charles.

L’œuvre de Démia prospéra, s’étendit à tout le diocèse et eut sur la diffusion de l’instruction une influence capitale[30]. En 1689, on comptait à Lyon seize « petites écoles » fréquentées par 1.600 enfants ; plus tard, leur nombre fut de vingt[31].

Un Bureau comprenant seize personnes, prêtres et laïques, était préposé à l’administration ; Charles Démia le présidait. Ce Bureau, approuvé par deux ordonnances de Mgr de Neuville, en date des 2 décembre 1672 et 1er février 1679, obtint la personnalité civile lui permettant de recevoir légalement des dons et des legs, aux termes de lettres patentes du roi (1680-1681).

Il pourvoyait au traitement des maîtres, jouait vis-à-vis d’eux le rôle de Conseil de discipline, inspectait toutes les écoles a petites écoles et écoles de riches ». Les inspecteurs étaient affublés du titre singulier de « Courriers des écoles ». Une compagnie de dames, sous la subordination de ce Bureau, avait la charge spéciale de la surveillance des écoles de filles.

On fournissait aux enfants les livres, le papier, l’encre et on leur remettait du pain et des vêtements qu’une « assemblée de dames de pitié » confectionnait ou raccommodait.

Directeur des écoles du diocèse de Lyon, Démia pendant vingt ans, fut le chef régional de l’enseignement primaire. Le Conseil d’Etat du roi, par un arrêt du 7 mai 1674, avait d’ailleurs fait défense « de tenir école sans la permission et l’approbation expresse par écrit du sieur archevêque de Lyon » qui avait délégué tous ses pouvoirs à l’abbé Démia.

Il faut lire les règlements préparés par ce dernier[32].

L’enseignement portait sur la lecture, l’écriture, l’orthographe, le calcul, le catéchisme, la civilité ; on habituait aussi les enfants à lire le latin, en vue des offices religieux.

Démia voulait qu’on admît dans les « petites écoles » des adultes « ouvriers ou valets » pendant leurs heures de loisirs. On s’occupait même de leur placement.

Aux filles on apprenait les « travaux de dentelles, bas et autres ouvrages semblables afin qu’elles fussent propres pour le ménage ».

À Saint-Étienne le curé Guy Colombet répondit à l’appel de Charles Démia, fonda de ses deniers en 1675 une « petite école » gratuite près de la Grand’Église et y fit nommer régent un ecclésiastique, l’abbé Maza[33].

En quatre ans, il put réunir 4.215 livres, produit de souscriptions ; son école fut alors transférée dans l’ancien presbytère.

Un Bureau d’éducation institué en 1681 était composé de sept membres : le curé, trois ecclésiastiques et trois laïques.

François Bérardier « marchand bourgeois », de la paroisse de Notre-Dame, dota à son tour cette paroisse d’une « petite école ». En outre de ces deux écoles il y avait l’école dans laquelle un régent, Beacle, ebrius aliquando, apprenait à lire et à écrire aux jeunes garçons de la Charité ; l’école de filles du même établissement ; enfin une école mixte, à l’Hôtel-Dieu.

En 1685, les religieuses ursulines de Saint-Étienne annexèrent à leur pensionnat une « petite école » à l’usage des fillettes pauvres.

Des institutions copiées sur celles de Charles Démia naquirent à Bourg-Argental, à Saint-Chamond, à Rive-de-Gier, à Saint-Genis-Terrenoire, à Saint-Martin-la-Plaine, à Saint-Romain-en-Jarez, à Montbrison. Dans cette dernière ville (1682-1699) MM. Rousselet et Verrier exerçaient les fonctions de « visiteurs des écoles »[34].

À Sury-le-Comtal, plusieurs testaments rédigés à la fin du xviie siècle contiennent des legs en faveur des « petites écoles » dont le temporel était géré par le curé et par le capitaine-châtelain[35]. Vers la même époque il y avait à Sury-le-Comtal, une école payante, à la tête de laquelle était placé un « maistre écrivain » Bérard qui eut pour successeurs Rabbord (1692), puis Claude Duboyer, Pierre Gachet, Pierre Bernard.

Si les écoles gratuites de Saint-Etienne étaient en petit nombre, nous savons par les rapports d’un inspecteur du Bureau des écoles (1684-1687) qu’environ vingt-cinq écoles payantes fonctionnaient dans les divers quartiers de la ville ; les unes réservées exclusivement à l’enseignement élémentaire, les autres « aux latinistes ». Quelques écoles étaient mixtes ; on y rencontrait le « régent » et sa femme enseignant à des filles et à des garçons, au mépris de l’arrêt du Conseil d’Etat du 7 mai 1674 souvent rappelé par les intendants de la Généralité du Lyonnais, en juillet 1685, le 19 août 1690, le 24 octobre 1693 et le 3 septembre 1695.

Les notes des « courriers des écoles »[36] analysées par M. Galley sont peu flatteuses pour ces écoles payantes. Les maîtres sont médiocres ; ils s’attardent au cabaret, négligent dans leurs classes les exercices religieux, ont un mauvais accent, parlent le patois, professent dans un costume trop négligé, « en bras de chemise ». À propos d’une école de filles dirigée par une dame Bérardier, en juin 1687, l’inspecteur écrit ce qui suit : « Bonnes mœurs, lit bien, instruit ses filles à l’honnesteté. Elle a 18 filles de maison qui sçavent le catéchisme et prononcent assez bien, mais elles estaient en partie découvertes ; on leur a mis des colets de papier. On a fait faire tous les exercices de l’école. On a osté quelques livres et un tableau déshonneste. »

À cette date (1687), la population scolaire stéphanoise était de 823 enfants (316 filles et 507 garçons dont 70 étaient qualifiés de latinistes).

Les rapports d’inspection, gardés aux Archives du Rhône, font allusion aux écoles (1684-1686) d’autres paroisses du Forez : Saint-Maurice-sur-Dargoire, Saint-Marcellin, Chazelles, Saint-Jean-Soleymieux, Saint-Paul-en-Jarez, Saint-Maurice-sur-Loire, Saint-Jean-Bonnefonds, Renaison, Saint-Haon, Ambierle, Saint-Germain-Lespinasse, Saint-Romain-le-Puy, Saint-Julien, Saint-Genest-Malifaux.

Un inspecteur s’étant plaint de l’absence d’écoles à Firminy, le clergé accueillit ses doléances et en 1687 trois écoles s’ouvrirent, l’une dirigée par Pierre Brun, les deux autres par Alice Arnodier et Catherine Brisson.

Au Chambon, à côté d’une école de filles gouvernée par des religieuses de Saint-Joseph, les mariés Boussu avaient une école pour laquelle les inspecteurs sont sévères : « Le mary, écrivent-ils, n’a pas fait de communion pascale, il est ivrogne et… a été greffier à Saint-Étienne. »

Au mois d’août 1690 les « courriers » donnent une longue liste des écoles visitées :

Bellegarde. Champoly.
Cornillon. Cervières.
Firminy. Saint-Romain-d’Urfé.
Saint-Jean-Soleymieux. Saint-Just-en-Chevalet.
Saint-Rambert. Juré.
Sauvain. Saint-Martin-d’Urfé.
Saint-Georges-en-Couzan. Saint-Martin-la-Mothe.
Chalmazel. Boën.
Saint-Priest-en-Bas. Rozier.
Rochefort. Néronde.
Saint-Didier-sous-Rochefort. Cordelle.
Neulize. Changy.
Saint-Forgeux. Villemontais.
Saint-André. Lay[37].
Saint-Symphorien.

Le village de Champdieu est signalé comme privé d’école.

À Saint-Galmier l’effectif scolaire comprenait, en 1690, soixante-treize enfants dont trente garçons répartis dans cinq écoles. Nous avons les noms des « régents » : Pierre Staron, François Blain, Moulin, Durand et les ursulines.

Des religieuses de Saint-Joseph et des religieuses de Saint-Dominique enseignaient à Saint-Héand ; deux instituteurs laïques, les sieurs Arduel et Duplain leur faisaient concurrence.

Le petit village de Saint-Christo-Valfleury était desservi par cinq écoles.

Cette énumération est d’ailleurs incomplète. Il est visible, à la lecture du dossier des archives du Rhône, que de nombreux rapports des inspecteurs du Bureau des écoles ont disparu. L’enseignement élémentaire était en somme largement distribué dans le Forez ; la plupart des paroisses entretenaient des instituteurs.

Le carnet d’un inspecteur rédigé en un style pittoresque prouve que l’humanité ne change pas et que les parents avaient vis-à-vis de leurs enfants des faiblesses semblables à celles des mères de famille du xxe siècle. « Les fillettes des écoles de…, lisons-nous dans ce carnet, sont désobéissantes, gourmandes, fort dissipées. Elles se moquent de leurs maîtresses. Ce dérèglement vient non seulement des maîtres, mais des mères qui ne veulent pas souffrir que l’on trouve à redire à leurs enfants. »

Un précieux manuscrit d’un sieur Gouttebaron[38] « recteur » en 1692 à Saint-Haon-le-Châtel d’une école où quarante écoliers payaient cinq sous par mois, nous initie à l’application du programme scolaire. Parmi les matières enseignées figure la lecture « des contrats », c’est-à-dire des vieux titres si utiles aux paysans pour la défense de leurs droits. Cet usage était général en France et l’Escole paroissiale n’a garde de l’oublier : « Le maistre, dit l’auteur, fera lire les enfants en quelque livre imprimé en lettres gothiques, leur faisant bien connaistre les charactères, ligatures, abrégés et grandes lettres, en cette espèce de charactères, une fois le jour seulement. » (p. 253)

On apprenait l’alphabet dans un livret dit Croix de Jésus ou Croix de par Dieu. Aux élèves de la première classe le vieux « recteur » Gouttebaron conseillait la lecture de l’Introduction à la vie dévote de saint François de Sales.

L’instruction des jeunes filles de la bourgeoisie constituait une sorte de monopole en faveur des religieuses ursulines et des religieuses visitandines. À Montbrison, les ursulines avaient deux couvents bâtis le premier en 1628 ; le second, au faubourg de la Croix en 1651[39]. À Saint-Étienne, à Saint-Bonnet-le-Château, à Saint-Galmier, à Roanne, à Saint-Chamond, à Feurs, leurs pensionnats, au xviie siècle, semblent avoir été prospères. Dans cette dernière ville, les religieuses augustines, affectées aux services de l’hôpital, essayèrent même de les supplanter.

« Les petites écoles » de Montbrison sont établies à la fin du règne de Louis XIV dans la maison d’un sieur Denis (plus tard à Hubert Puy) ; Pierre Planchet les dirige (1718). Le nom de Raymond, maître d’école en 1763, se trouve dans les registres publics[40].

C’est en 1643 que les dames de la Visitation vinrent à Montbrison et y installèrent un internat où elles recevaient quinze à vingt élèves appartenant presque toutes à des familles nobles. Le prix de la pension, d’abord de 120 livres, fut majoré de soixante livres (180 livres).

On sait qu’une déclaration royale du 13 décembre 1698, renouvelée en 1724, avait prescrit l’enseignement obligatoire pour les enfants âgés de moins de quatorze ans. En réalité, il s’agissait moins de diffuser l’instruction que d’accroître les moyens d’action de la propagande religieuse et de convertir les protestants[41].

Au xviiie siècle, la situation de l’enseignement dans le Forez reste stationnaire.

On retrouve les mêmes collèges de jeunes gens et les mêmes pensionnats de jeunes filles.

Sans doute le collège des minimes de Saint-Etienne tombe en décadence, celui des oratoriens de Notre-Dame de Grâces est fermé en 1729, mais sa réouverture a lieu trente ans après (1760) et le collège de Montbrison se maintient jusqu’à sa suppression (1791) ordonnée par les lois de l’Assemblée Constituante.

Les édits du roi contre la Compagnie de Jésus avaient obligé le collège de Roanne (1762-1763) à congédier ses élèves. Les échevins de Montbrison sollicitèrent alors l’attribution de ses revenus (2.500 livres) en faveur de leur propre collège ; ils échouèrent et le collège de Roanne passa aux mains des religieux joséphistes.

Au mois d’avril 1775, l’immeuble des oratoriens de Montbrison fut détruit par un nouvel incendie ; la Ville le reconstruisit pour la seconde fois, en 1783[42].

Faute de statistiques, il est impossible de dire si le nombre des « petites écoles » et des écoles payantes augmenta, au xviiie siècle, dans notre province.

Cependant en 1708, à Saint-Étienne, un prêtre, l’abbé Molin, qui fut un grand saint, recueillit des souscriptions qui lui permirent d’ouvrir quatre « petites écoles » de filles confiées aux religieuses de Saint-Charles[43]. À son œuvre se rattachent les premiers essais sérieux de l’enseignement féminin chez les indigents.

Des écoles semblables fonctionnèrent bientôt à Saint-Chamond[44].

Le 5 août 1780, des écoles gratuites furent fondées à Maringes et à Viricelles ; en 1781, la paroisse de Jas suivit cet exemple[45] et en 1785, l’abbé Jacquemont s’y conforma à son tour à Saint-Médard.

À Charlieu, il y avait à l’Hôtel-Dieu une école de douze pauvres et chez les ursulines une école gratuite de fillettes. Une école privée était tenue en 1745 par Pierre Cordereau qui enseignait le latin jusqu’aux humanités, « pour quoi, dit un procès-verbal de l’évêque de Mâcon, les parents le payent. Il n’a d’autre salaire ni gratification de la ville »[46].

À Saint-Germain-Laval, en 1772, un sieur Marius Plasson professait la langue latine, et en 1788, Pierre Poré initiait les enfants aux éléments de la lecture, de l’écriture et du calcul. Son collègue Antoine Gondard, de Crémeaux, s’intitulait grammairien. Quant aux jeunes filles, elles fréquentaient l’école des religieuses de Saint-Joseph[47]. Les registres paroissiaux de Saint-Germain, au xvie et au xviie siècle renferment les noms d’une série de régents : Mathieu Baudron, maître des arts (1578) ; Benoît Bernard, Claude Dupont, Jean Lefaivre, Senoche (xviie siècle).

D’un procès-verbal de visites pastorales de Mgr de Lort de Sérignan, évêque de Mâcon, en 1745-1746, il résulte que la plupart des paroisses de l’archiprêtré de Charlieu étaient privées d’écoles. Toutefois, sur les 1.132 habitants de condition modeste qui comparurent devant le prélat enquêteur, 385 (c’est-à-dire un tiers) signèrent lisiblement leurs noms.

On a le droit de conclure que l’enseignement élémentaire était très répandu dans le Forez, moins cependant qu’à Lyon où, en 1738, vingt écoles de charité recevaient plus de quatre mille enfants et que dans le diocèse d’Autun, voisin de notre province, où deux cent seize paroisses sur trois cent quatre-vingt-deux bénéficiaient d’écoles.

Si maintenant l’on considère l’enseignement professionnel, on s’aperçoit que cet enseignement était donné au point de vue pratique par les patrons à leurs apprentis, en vertu de contrats d’apprentissage. Quelques pères de famille s’efforçaient de perfectionner l’instruction commerciale de leurs fils, en les envoyant à l’extérieur. C’est ainsi qu’aux termes d’un acte d’apprentissage de 1657, cité par M. Galley, un bourgeois stéphanois plaçait son fils chez un négociant de Bordeaux, afin qu’il y apprît « le négoce des marchandises ».

À la veille de la Révolution, un graveur, Jacques Olanier, tenta l’essai dans son atelier d’une école de dessin où s’inscrivirent Augustin Dupré, André Galle et Rambert Dumarest, devenus tous les trois des médailleurs célèbres. L’Almanach du Lyonnais et du Forez de 1789[48] le recommande en ces termes : « M. Olanier, pour la fourbisserie, ciselure, gravure en relief et en creux, cachets, sceaux, armoiries, enseigne le dessin ».

À Lyon, une institution originale mérite encore une mention.

C’étaient trois écoles de travail. « On y élevait les filles qui avaient été instruites dans les écoles des pauvres aux ouvrages propres à leur sexe et à leur état. Le produit de leur travail leur était distribué à la fin du temps de l’apprentissage ; il montait quelquefois à plus de trois cents livres. »

Enfin vers 1756, « plusieurs citoyens de Lyon animés de l’amour « des arts », pour parler le langage du temps, se réunirent et organisèrent à leurs frais une école gratuite de dessin. Un Bureau de quatorze administrateurs gérait cette école qui avait reçu le titre pompeux d’École Royale gratuite pour les progrès des Arts et celui des manufactures de la ville de Lyon. On y apprenait le dessin, la géométrie pratique, l’étude du modèle, la sculpture, la peinture, la fleur et l’ornement[49].

C’était insuffisant.

Le siècle suivant devait coordonner ces efforts, développer avec méthode les diverses catégories d’enseignement et, dans un esprit bien différent, exaucer les vœux de certains députés des États généraux de 1789.

III

La monographie de M. Testenoire-Lafayette sur Saint-Étienne dans le Forez Pittoresque est aussi intéressante que la notice du vicomte de Meaux sur le Forez. M. Testenoire a assis sur des bases solides l’histoire du chef-lieu du département de la Loire et a ruiné de ridicules légendes[50].

Les vieux papiers dépouillés par le savant chartiste révèlent, par le rapprochement d’un acte de 1195 avec la transaction conclue en 1173 entre le comte de Forez et l’archevêque de Lyon, que l’érection en paroisse de Saint-Étienne-de-Furan est à peine antérieure aux dernières années du xiie siècle. C’était une dépendance du domaine des seigneurs de Saint-Priest.

Cent ans plus tard, les titres signalent des syndics des habitants de Saint-Étienne, ce qui suppose une Charte de franchise dont nous avons perdu le texte.

Au xive siècle, un hôtel-Dieu est installé au sud de l’église, Guichard d’Urgel, frère de Jocerand d’Urgel, seigneur de Saint-Priest, lui lègue soixante sols viennois[51].

À défaut de remparts, le modeste bourg est exposé à toutes les aventures. Aussi les troupes anglaises et navarraises qui, sous les ordres de Robert Knolles, d’Alle de Buet et du mystérieux Poursuivant d’amour incendient en 1359 l’abbaye de Valbenoîte y exercent-elles librement leurs ravages.

Sur les événements du xve siècle, les chroniques sont presque muettes.

Les délégués des habitants ne portent plus le nom de syndics ; ils s’appellent consuls, comme les élus de Provence. D’accord avec les officiers du seigneur, ils embellissent la ville, achètent le pré de la Foire (1410), maintenant place du Peuple, bâtissent des fortifications et arrachent à Gabriel de Saint-Priest une diminution de redevances (1477-1493). L’église paroissiale « la Grand », suivant l’expression populaire, est reconstruite ; mais, faute de ressources, elle reste inachevée.

Cependant, un acte de transaction reçu le 17 décembre 1524 par le notaire Benoît Ponthus améliore le régime municipal stéphanois et clôt les procès que les bourgeois de Saint-Étienne avaient intentés au seigneur de Saint-Priest par devant le juge ordinaire de Forez et le sénéchal de Lyon. Les attributions des consuls sont précisées ; ils conservent la garde de la ville, la surveillance de la vente des denrées, le droit de voter certaines taxes ; mais la police leur est refusée et ils ne pourront disposer des voies et places publiques.

Deux terriers, le terrier Vitalis, dressé au milieu du xve siècle, et le terrier Paulat, rédigé en 1515, rendent visible l’aspect de la ville à cette époque.

M. Galley, dans son introduction au Catalogue des livres et Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/227 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/228


Emma THIOLLIER.
FELIX THIOLLIER ET UN DE SES PETITS-ENFANTS EN 1914.

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CHAPITRE TROISIÈME


Suite des ouvrages de Félix Thiollier sur l’art du Forez et du Lyonnais. — Art et Archéologie dans le département de la Loire, un vol., Saint-Étienne, imp. Théolier, 1898.

Sculptures foréziennes des XVIe, XVIIe et xviiie siècles, par Félix Thiollier, Saint-Étienne, imp. Théolier, 1906.

La Vierge du pilier de Saint-Galmier. — Sculptures foréziennes de la Renaissance, par Félix Thiollier (extrait de la Gazette des Beaux-Arts, 1892).

L’art roman à Charlieu et en Brionnais, un vol, in-4o, Montbrison, Éleuthère Brassart, 1894. — Charlieu, Verrières, un vol., Lyon, Lardanchet, 1911.

L’architecture religieuse à l’époque romane dans l’ancien diocèse du Puy. Texte par Noël Thiollier, gravures ou héliogravures exécutées sous la direction de Félix Thiollier, un vol. {{in-fo}}, Le Puy, imp. Marchessou.

L’Art roman en Lyonnais, par Félix Thiollier, une brochure. Paris, Ernest Leroux édit., 1893.

I

Le Forez Pittoresque contient non seulement l’histoire du Forez, mais encore un inventaire de ses richesses artistiques. Toutefois l’ouvrage étant d’un prix élevé et d’un maniement difficile, Félix Thiollier eut la pensée de mettre à la portée de tous un résumé des documents qu’il avait amassés.

Il réalisa son dessein en 1898, à l’occasion d’un Congrès scientifique tenu à Saint-Étienne, et publia un volume de vulgarisation sous le titre : Art et Archéologie dans le département de la Loire. 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TABLE DES MATIÈRES


PREMIÈRE PARTIE

La Vie de Félix THIOLLIER


 
Pages

SECONDE PARTIE

L’Œuvre de Félix THIOLLIER


Chapitre I. — Le Château de la Bastie d’Urfé et ses seigneurs. 
 83
  
— Le Forez pittoresque et monumental ;
(Essai d’une histoire du Forez et de ses institutions).
 
 227
  
— Art et archéologie dans le département de la Loire ;
 
  
— Sculptures foréziennes des xvie, xviie et xviiie siècles ;
 
  
— La Vierge du pilier de Saint-Galmier ;
 
  
— L’Art roman à Charlieu et en Brionnais ;
 
  
— L’Architecture religieuse à l’époque romane dans l’ancien diocèse du Puy ;
 
  
— L’Art roman en Lyonnais.
 
 257
  
— L’École lyonnaise de peinture ;
 
  
— Paul Flandrin ;
 
  
— Louis Janmot ;
 
  
— Paul Borel ;
 
  
— Auguste Ravier ;
 
  
— Émile Noirot ;
 
  
— Art et Artistes foréziens.
 
 285
  
— Jean-Paul Laurens ;
 
  
— François Simon ;
 
  
— Pierre Bossan ;
 
  
— Le R. P. Danzas ;
 
  
— La Mission et le culte de saint Martin dans le pays Éduen.
 
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    Eugène Thiollier naquit à Saint-Étienne le 5 février 1837 ;
    Représentant de M. Descours, fabricant de rubans, il fut envoyé à Londres où il se fixa.
    Il épousa une Anglaise, mademoiselle Charlotte Rowe, et eut trois enfants : un fils et deux filles.
    Il mourut le 21 août 1908.

  1. L’hôtel du Grand Versailles occupait la maison qui porte aujourd’hui le numéro 6 de la place du Peuple.
  2. L’Élection de Saint-Étienne à la fin de l’ancien régime, par Galley, Saint-Étienne, imprimerie Ménard 1903 (page 223 et suivantes). — Plan de Saint-Étienne de 1767-1775. (Bibliothèque de Saint-Étienne.)
  3. De son mariage avec Marie-Anne Fontvieille, Maurice Thiollier eut huit enfants, tous baptisés dans l’église Notre-Dame de Saint-Étienne :
    1° François, né le 30 mai 1770 ;
    2° Jeanne-Marie, née le 3 août 1771 ;
    3° Claudine, née le 1er juillet 1772 ;
    4° Catherine, née le 17 août 1773 ;
    5° François, second du nom, né le 26 juin 1774 ;
    6° Jean-Marie, né le 26 octobre 1775 ;
    7° Jean-Marie, deuxième du nom, né le 21 octobre 1776 ;
    8° Antoinette, née le 14 janvier 1779.
    Le testament de Maurice Thiollier porte la date du 1er juin 1807 et fut reçu par un notaire de Lyon, Me Berthon-Fromental, montée de la Glacière. Il semble que Thiollier, craignant des indiscrétions à Saint-Étienne, se soit rendu au chef-lieu de la Cour d’Appel où il descendit à l’hôtel des Quatre Chapeaux, pour donner à ses dernières volontés un caractère plus confidentiel.
    Aux termes de ce testament il lègue à sa femme Marie-Anne Fontvieille le quart en usufruit et le quart en toute propriété de ses biens. À sa fille Catherine, il lègue par préciput et hors part la nue propriété de la fraction soumise à l’usufruit de Madame Thiollier.
  4. M. Lallier, le mandataire institué par le capitaine Thiollier, était en 1772 (acte de naissance de Claudine Thiollier, le 2 juillet 1772, registres de la paroisse Notre-Dame) directeur des Messageries de Saint-Étienne. C’était un ami intime de Maurice Thiollier et il fut le parrain de deux de ses enfants, Jeanne-Marie et Claudine.
  5. Les deux frères et la sœur du capitaine François Thiollier lui survécurent.
    Il résulte d’une série d’actes que, selon les recommandations de leur frère aîné, ils vécurent longtemps en commun et conservèrent les uns pour les autres une grande affection.
    Jean-Marie Thiollier mourut le premier, place de l’Hôtel-de-Ville, à l’angle de la rue de la Croix, le 30 juillet 1831. Par testament mystique du 22 juillet 1831, déposé aux minutes de Me Serre, il légua ses biens à son frère François et à sa sœur Catherine.
    Catherine Thiollier mourut à Nice le 10 décembre 1840, au quatrième étage de la maison Géoan, rue des Ponchettes. Elle légua l’usufruit de sa fortune à son frère François, qui mourut le 11 novembre 1846.
    Madame veuve François Thiollier, née Baron, mourut à Saint-Étienne, place Royale, le 28 août 1828.
  6. Benoît-Joseph-Sébastien Colard était né à Saint-Étienne, le 19 janvier 1779. Son père, Claude Colard, était originaire de Saint-Romain-les-Atheux.
    Fabricant de rubans, il fut nommé juge consulaire de 1823 à 1836 , puis conseiller municipal et adjoint au maire, M. Peyret-Lallier, suivant ordonnance royale du 27 juin 1835. Il conserva ses fonctions d’adjoint jusqu’en 1837 et celles de conseiller municipal jusqu’en 1840. En dernier lieu, il fut receveur municipal de la ville de Saint-Étienne et décoré de la Légion d’honneur.
    Il mourut le 11 janvier 1848. Ses portraits sont ceux d’un homme doux. et distingue. Sa longue figure au nez arqué et aux lèvres minces reflète la mélancolie. (Le Tribunal de commerce, par Portailler, Saint-Étienne, Théolier, 1909.)
    Il avait épousé mademoiselle Antoinette-Thérèse Bachet dont la mère, née Antoinette Ély, habitait Saint-Chamond (contrat de mariage reçu Me Arnaud, notaire à Saint-Étienne.
    Le père de Benoît-Sébastien Colard, Claude Colard, avait été élu comme notable d’abord, ensuite comme officier municipal, membre du Conseil général de la commune de Saint-Étienne, en 1790 et en 1791, sous la mairie d’Antoine Neyron et sous celle d’Antoine Desverneys. (Les assemblées administratives du pays stéphanois par Galley, Saint-Étienne, imprimerie Théolier, 1894, pages 13 et 15).
    Nous trouvons le nom de Claude Colard sur les registres de la Contribution patriotique imposée à tous les citoyens par l’article 9 de l’arrêté de l’Assemblée nationale du 6 octobre 1789. Il souscrivit volontairement pour 900 livres.
    En 1793, à la suite d’un arrêté de Collot d’Herbois, de Fouché et d’Albette, membres de la Convention, délégués à Lyon, le Conventionnel Javogues institua à Saint-Étienne une taxe révolutionnaire « en faveur de l’humanité souffrante », c’est-à-dire en faveur des ouvriers sans travail. La fortune des riches fut arbitrairement évaluée et la taxe fut établie sur cette évaluation. La fortune de Claude Colard père fut estimée à 200.000 francs ; sa contribution fut fixée à 100.000 francs. Le quart devait être payé dans les vingt-quatre heures.
    Sa femme fut arrêtée en son absence, puis relaxée ; quant à Claude Colard il obtint la réduction de sa taxe à 10.000 francs. Plus tard, arrêté comme suspect, il fut mis en liberté le 17 fructidor an II et le séquestre apposé sur ses biens fut levé.
    Claude Colard, marié à Benoîte Fournel, avait eu sept enfants :
    1° Benoît-Joseph-Sébastien Colard ;
    2° François Colard ;
    3° Benoît-Marc Colard, qui mourut à Marseille, le 27 avril 1820 ; 4° Jeanne-Marie Colard, mariée à Jean-Georges Caubet qui, en l’an XII, habitait l’Aveyron ;
    5° Clotilde Colard, mariée à Jean-Baptiste Dubouchet ;
    6° Jeanne-Julie Colard ;
    7° Jeanne-Victoire Colard, sœurs jumelles.
    (Inventaire reçu par Me Lardon, notaire, le 8 ventôse an VII.)
    Madame veuve Claude Colard, qui habitait rue Saint-Pierre, à Saint-Étienne, mourut en mai 1824. Son testament authentique avait été reçu le 4 mai 1824, par Me Arnaud, notaire.
  7. Lucien Thiollier naquit à Saint-Étienne, le 18 octobre 1828.
    Après de brillantes études au collège d’Oullins, il entra dans l’industrie et, le 26 octobre 1856, épousa mademoiselle Élisa Jamen, fille de Louis Jamen, marchand de soies, à Saint-Étienne.
    De ce mariage sont nés quatre enfants :
    1° Emma, née en 1857, morte la même année ; 2° Louis, né le 26 juillet 1858 ;
    3° Auguste, né le 25 mai 1860 ;
    4° Emmanuel, né le 20 avril 1866.
    Lucien Thiollier qui habitait l’été la propriété des Asthiers, à Saint-Héand, propriété achetée en 1820 par la famille Thiollier, fut maire à Saint-Héand pendant seize ans.
    Son administration fut féconde. On lui doit l’adduction de l’eau potable au bourg, la construction d’une église édifiée par Sainte-Marie-Perrin sur les plans de l’architecte Bossan. La chapelle des fonts baptismaux est décorée d’une peinture de Borel.
    En 1880, élu conseiller général du canton, il conserva ces fonctions jusqu’à sa mort.
    Au Conseil général, il déploya une intelligente activité ; s’occupant non seulement des intérêts de son canton (chemin de fer de Saint-Étienne à Saint-Héand), mais encore des principales questions d’intérêt départemental : commerce, industrie, douanes, canaux, transports, chemins de fer. Quelques-uns de ses rapports sont des modèles de précision.
    Il fut nommé secrétaire général de la Chambre de Commerce de Saint-Étienne en 1882, sous la présidence de M. Euverte. Dès lors il se consacra tout entier à l’accomplissement de ses fonctions et rendit de véritables services.
    Il a laissé plusieurs ouvrages : La Chambre de Commerce et les industries de sa circonscription ; Notices industrielles ; Bustes et portraits. Lucien Thiollier mourut le 12 avril 1898.
  8.   Antonin Thiollier était né à Saint-Étienne, le 16 février 1831.
    Comme son frère Lucien, élève du collège d’Oullins dirigé par l’abbé Dauphin, puis élève de l’abbé Lacuria, il se présenta à l’École polytechnique, fut admissible et entra à l’École des mineurs de Saint-Étienne avec la promotion de 1853.
    Dès qu’il eut son diplôme d’ingénieur, il fut nommé préparateur à l’École où il exerça ces fonctions de 1855 à 1865, en même temps qu’il était professeur au lycée, à l’institution Dubois, et qu’il s’occupait d’expertises judiciaires.
    Successivement, il fut directeur des mines de Montaud, à Saint-Étienne ; des mines de Kef-Oum-Théboul, en Algérie, et d’une industrie chimique à Septèmes (Bouches-du-Rhône).
    Cette dernière affaire ne lui procura que des déboires. Appelé à Denver, dans l’État de Colorado (États-Unis) pour diriger une exploitation de nickel, il y demeura trois ans. À son retour il se fixa à Paris où il mourut le 20 mars 1886.
    Il avait épousé mademoiselle Magnard dont il eut cinq enfants : Élisa, décédée il y a plusieurs années, Marguerite, Jean, Édouard et Joseph.
    C’était un savant sentimental et bon, qui se distrayait de ses remarquables travaux sur le chlore, le brome et le nickel, en cultivant la musique pour laquelle il avait une passion.
  9.  
  10. L’abbé Gaspard Lacuria naquit à Lyon en 1806. Élève du petit séminaire de Saint-Jean, il entra au grand séminaire et sut ordonné prêtre en 1836.
    Il fut attaché à la Manécanterie de Saint-Nizier, puis rejoignit à Oullins les abbés Dauphin et Chaîne qui venaient d’y fonder un collège. L’influence de son enseignement sur ses élèves fut extraordinaire, presque fluidique.
    Plongé dans l’étude des sciences, de la musique et de la philosophie transcendantale, il publia en 1844 la première édition de son ouvrage Les harmonies de l’Être, dont l’édition définitive a été imprimée en 1899 par les soins de M. René Philippon (Paris, 2 vol. Chacornac éditeur). Le caractère mystique de ce livre lui valut des critiques de ses confrères d’Oullins. Le découragement lui fit quitter l’école. Il accompagna à Paris la famille Thiollier, qui lui confia l’instruction de ses trois fils.
    À Paris, l’abbé Lacuria fit la connaissance de Gounod et, tout continuant la refonte de son livre : Les harmonies de l’Être, qui occupa toute sa vie, il écrivit une série d’articles sur la musique, de 1850 à 1865, pour la défense de Glück, de Beethoven et de Berlioz.
    Il habitait dans une rue sombre derrière le Panthéon, la rue Thouin, n° 11, une petite chambre que garnissait un mobilier sommaire et disparate.
    Les visiteurs y affluaient. C’étaient les Flandrin, Paul Delaroche, Chenavard, Gounod, Borel, Janmot, Trévoux, le physiognomoniste Ledos, le philosophe Blanc de Saint-Bonnet ; madame Saint-Cyr de Rayssac, nièce de Janmot et femme d’un poète oublié qu’Anatole France a fait revivre.
  11. Paul Tézenas du Montcel. L’Assemblée du département de Saint-Etienne et de sa Commission intermédiaire, un vol. in-8o, Saint-Etienne, Chevalier édit., 1903.
  12. L’Assemblée de la Noblesse du Bailliage de Forez en 1789, par Henri de Jouvencel, un vol., Lyon, Brun édit., 1911.

    A ce sujet, on consultera avec profit le livre du comte de Poncins sur les Principes de 1789.

    Le comte Léon de Poncins, né à Paris le 5 avril 1832, succéda en 1879 à M. Testenoire-Lafayette en qualité de président de la Société archéologique de La Diana. Vrai gentilhomme, comme son ami le vicomte de Meaux ; d’allure distinguée, ayant toutes les délicatesses du cœur, il possédait une érudition fort étendue, son esprit était net et son sens critique très aiguisé. Aussi a-t-il écrit d’une plume élégante de nombreux articles d’histoire et d’archéologie régionale.

    Son livre sur les Principes de 1789, publié en 1862, lui attira de suite l’estime des lettrés.

    Cette même année, il donna à la Revue du Lyonnais un exposé clair et bien documenté de l’Organisation communale de Lyon sous l’ancien régime. Mais son principal travail, travail ingrat de science et d’abnégation auquel il consacra huit ans de sa vie, fut la Table des matières de l’Histoire des ducs de Bourbon, du chanoine Lamure (1897). Grâce à cette table minutieusement dressée, la recherche des faits touchant l’histoire du Forez, dans les trois volumes de Lamure, est devenue facile et M. de Poncins a rendu aux érudits de notre province un service signalé.

    Au culte de l’histoire il mêlait le souci de défendre la cause royaliste dont sans défaillance il fut le champion dévoué jusqu’à sa mort, avec une compréhension très large des nécessités de notre époque.

    Le 30 août 1896, il s’éteignit doucement, dans son château du Palais, à Feurs.

    Il avait épousé Mlle Périer du Palais.

    La famille Montaigne de Poncins est ancienne dans le Forez où on la trouve établie au xve siècle.

    Dès le xvie siècle elle fut anoblie.

    Noble Jean Montaigne, né en 1572, était seigneur du Coignet.

    Le titre de marquis de Poncins, porté au xviiie siècle par Jean-Hector de Montaigne, est mentionné dans un arrêt du Conseil d’Etat du 9 décembre 1773, le roi présent.

    Jean-Hector, marquis de Poncins, fut tué le 4 octobre 1793 au siège de Lyon par les troupes de la Convention. Son fils Jean-Pierre de Montaigne, marquis de Poncins, s’engagea, malgré sa jeunesse, dans la petite légion de royalistes foréziens qui marchèrent au secours de l’armée du général de Précy.

    Il eut deux fils, dont Gabriel-Léon, comte de Poncins, qui, sous le titre : Un épisode de 1793 ; le siège de Lyon, a conté les aventures de son père et de son grand-père dans Le Correspondant (25 janvier 1861).

  13. — L’abbé Goulard était curé de Roanne quand il fut élu député aux Etats généraux. Il refusa le serment pur et simple à la Constitution civile du clergé et prêcha à Roanne contre Lamourette, archevêque constitutionnel de Lyon. Il dut émigrer et mourut en 1825 curé de la paroisse Saint-Louis, à Lyon.

    — L’abbé Gagnières était né à Saint-Etienne ; il mourut à l’étranger.

    Charles-Henry-Augustin de Gayardon, comte de Grésolles, né à Saint-Martin (Loire), était originaire d’une famille de Saint-Germain-Laval, à qui des fonctions de judicature avaient donné la noblesse en 1550. Charles de Grésolles, lors de son élection aux Etats généraux de 1789, était lieutenant-colonel de cavalerie, chevalier de Saint-Louis.

    Après le 18 brumaire, il fut nommé conseiller général de la Loire. La famille Dauphin de Verna descend de lui. D’autre part, les marquis de Fenoyl appartiennent à une branche des Grésolles.

    Jean-Baptiste de Nompère de Champagny, d’une famille noble originaire de Charlieu, naquit à Roanne le 14 août 1756. Il entra dans la marine royale et fut élu député suppléant de la Noblesse du Forez aux Etats géné raux de 1789. Emprisonné à Roanne sous la Terreur, il fut relaxé au 9 thermidor. Le premier empire fit sa fortune ; il fut ministre et en 1809 fut créé duc de Cadore. Il hérita par sa femme de la terre et du château de Saint-Vincent.

    Louis XVIII lui conféra la pairie. Il mourut à Paris le 3 juillet 1834.

    — Durand-Antoine de Meaux, lieutenant général au bailliage de Forez en 1789, naquit à Montbrison le 23 août 1728. Il descendait d’une ancienne famille de robe, originaire de Villefranche-en-Beaujolais et de Mâcon. Arrêté comme suspect pendant la Terreur, il fut fusillé à Feurs le 28 décembre 1793.

    Le grand bailli d’épée de Forez, Just-Antoine-Henry-Marie-Germain, marquis de Rostaing, était né à Veauchette le 24 novembre 1740. Il embrassa la carrière militaire, combattit en Amérique de 1778 à 1783, fut député aux Etats généraux de 1789, devint lieutenant général le 20 mars 1792, mais démissionna de suite et mourut sans postérité à Veauchette le 15 août 1826. Sa famille avait pour auteur un notaire des comtes de Forez en 1383, Jean Rostain. Elle fut anoblie au xvie siècle. Cette famille aujourd’hui éteinte n’est plus représentée que par des collatéraux éloignés, héritiers du baron Merlin.

    — François-Aubin Delandine, né à Néronde, le 6 mars 1756, député de Forez en 1789, fut arrêté sous la Terreur et incarcéré à Lyon en même temps que l’ex-premier juge civil, criminel et de police de Saint-Etienne, Pierre-Antoine Fromage. Ce dernier fut exécuté. Delandine échappa à l’exécution et mourut bibliothécaire de la ville de Lyon le 5 mai 1820. Il avait été anobli en 1815.

    — Sur Richard de Maisonneuve, ex-greffier du bailliage de Bourg Argental, les renseignements nous manquent.

  14. Allain. L’instruction primaire en France avant la Révolution, un vol. in-16, Paris, Société bibliographique, édit., 1881.
    Brunetière. — Revue des Deux Mondes, 15 octobre 1879.
  15. Steyert, — Histoire de Lyon, précitée.
    Charléty. — Histoire de Lyon, un vol., Lyon, Rey édit., 1903.
  16. Cohas. — Saint-Germain-Laval pendant la Révolution, un vol. in-8o, Roanne, Souchier édit., 1912.
  17. Jean Papon, par Mallein, p. 12, précité.
    Auguste Chaverondier. — Notice sur le recueil des testaments enregistrés en la chancellerie du Forez (1272-1467), un vol. in-8o, Saint-Etienne, Théolier imp., 1889.
  18. Histoire de Saint-Bonnet-le-Château, 2 vol. in-8o. Paris, Picard édit., 1885.
  19. A. Chaverondier, op. précité.

    Archives de la Loire. B. 1844, p. 80.

    Bulletin de La Diana, t. X, p. 350.

  20. A. Chaverondier, op. précité.
  21. Archives de la Loire. B. 1896-1844, p. 81.
  22. Broutin. — Histoire des couvents de Montbrison avant 1793, 2 vol. in-8o, Saint-Étienne, Montagny édit., 1874 (vol. 1 et vol. 2)
  23. Archives de M. de Meaux, cotes 44 et 716.Archives de La Diana, inventaire des archives de Goutelas.
  24. Bulletin de La Diana, t. VII, p. 101.
  25. Abbé Reure. — La vie et les œuvres d’Honoré d’Urfé, un vol. in-16. Paris, Plon édit. 1910. (En ligne)
  26. Lavisse. — Histoire de France, 9 vol. in-8o. Paris, Hachette édit., t. VI, deuxième partie, p. 98-99.
  27. Broutin, précité.
  28. Bulletin de La Diana, t. XIII.
  29. Joseph Déchelette. — Visite pastorale de Mgr de Sérignan, évêque de Mâcon, dans la partie de son diocèse comprise aujourd’hui dans le département de la Loire, 2 vol. Montbrison, Eleuthère Brassart édit., 1897.
  30. Compayré. — Charles Démia et les origines de l’enseignement primaire ; Revue d’Histoire de Lyon, 1905, p. 241, 328, 436. Lyon, A. Rey et Cie éditeur.
  31. Cuissart, inspecteur primaire. — Revue du Lyonnais, mai 1880.
  32. Archives municipales de Lyon, vol. XIX, pièces 681.
    Charles Démia (La vie de Démia, par l’abbé Faillon, un vol., 1827) était né à Bourg-en-Bresse le 3 octobre 1637. Il entra au grand séminaire de Lyon en 1660, puis à Saint-Sulpice, à Paris, où il précéda J.-B. de la Salle de quelques années.
    Ordonné prêtre en mai 1663, il revint à Lyon et jusqu’à sa mort (1689) se voua à l’instruction des enfants pauvres.
  33. Galley. — L’Élection de Saint-Étienne à la fin de l’ancien régime, un vol. in-8o, Saint-Étienne, Ménard édit., 1903.

    Galley. — L’Enseignement populaire dans le département de la Loire, une broch. in-8o, Saint-Étienne, Loire Républicaine édit. 1900.

  34. Steyert. — Histoire de Lyon, précitée, t. III, p. 322.

    Archives du Rhône. D. 358-361.

  35. Relave. — Sury-le-Comtal, un vol. in-8o ; Montbrison, Éleuthere Brassart édit., 1907.
  36. Archives du département du Rhône. D. 358-361.
  37. Archives du Rhône. D. 358, 361.
  38. Dissart. — Un maître d'école au xviie siècle à Saint-Haon-le-Châtel, une brochure, Roanne, Chorgnon édit., 1880.
  39. Broutin, précité.
  40. Archives de M. de Meaux, cotes 702 et 378. — Archives de la Loire. B. P. 482.
  41. Aux États généraux d’Orléans réunis en 1560 par le roi François II, la Noblesse et le Tiers-État avaient déjà émis un vœu en faveur de l’instruction gratuite du peuple. La Noblesse demandait que « les pères et mères fussent tenus, à peine de l’amende, d’envoyer leurs enfants aux écoles entretenues par les revenus de l’Église, et qu’à ce faire ils fussent contraints par les seigneurs ou juges ordinaires ».
    Le Tiers-État du Forez était représenté dans cette assemblée par Guichard Cotton et par Jean Papon, le « Grand-Juge ».
  42. Broutin, précité.
  43. Galley, précité.
  44. Condamin. — Histoire de Saint-Chamond, un vol., Paris, Picard édit., 1890.
  45. Bulletin de La Diana, t. IX, p. 340.
  46. Joseph Déchelette, précité.
  47. Cohas, précité.
  48. Sébastien Mulsant. — La gravure de médailles à Saint-Étienne. — Association pour l’avancement des sciences. Saint-Étienne, Théolier édit., 1897.
  49. Almanach astronomique et historique de la ville de Lyon et des provinces de Lyonnais, Forez et Beaujolais, un vol, Lyon. – Anne de la Roche, 1789.
  50. M. Testenoire-Lafayette a publié sur Saint-Etienne deux ouvrages qui consacrèrent sa réputation d’historien forézien :
    Histoire de l’abbaye de Valbenoîte, un vol. in-8o, Saint-Etienne, Théolier et Cie imp., MDCCCXCIII, avec une série de planches par Félix Thiollier ;
    Histoire de Saint-Etienne, un vol., Saint-Etienne, Thomas et Cie imp., 1902 ; avec de nombreuses illustrations exécutées en phototypie ou photo gravure, sous la direction de Félix Thiollier.
  51. Sur la famille d’Urgel de Saint-Priest, une étude très complète a été publiée par Louis de Châteauneuf : Notes sur les degrés généalogiques des d’Urgel-Saint-Priest, un vol., Paris, Picard édit., 1908. – Leurs armes sont : Cinq points équipollés à quatre d’azur.
    Louis de Châteauneuf n’est que le pseudonyme du dernier des comtes de Saint-Priest d’Urgel.