Le Dialogue (Hurtaud)/112

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Traduction par Hurtaud.
Lethielleux (p. 13-14).


CHAPITRE III

(112)

De l’excellence de l’âme qui reçoit ce sacrement en état de grâce.

Considère, ma très chère fille, quelle excellence acquiert l’âme qui reçoit, comme il convient, ce pain de vie, cette nourriture des anges. En recevant ce sacrement, elle demeure en Moi et Moi en elle. Comme le poisson est dans la mer et la mer dans le poisson, ainsi je suis dans l’âme et l’âme est en Moi, l’Océan de paix. De cette communion, il reste la grâce ; car, après avoir reçu ce pain de vie en état de grâce, l’âme en recueille la grâce, une fois que les accidents du pain sont consommés.

Je vous laisse l’empreinte de la grâce, comme fait le sceau que l’on appose sur la cire chaude, qui conserve sa marque quand on l’en retire. De même, fait la vertu de ce Sacrement dans l’âme, où il laisse après lui, l’ardeur de ma divine Charité, la clémence de l’Esprit-Saint, avec la lumière de la Sagesse, mon Fils unique. Eclairé par cette Sagesse, l’œil de l’intelligence peut connaître et contempler la doctrine de ma Vérité. Cette Sagesse aussi rend forte l’âme où elle s’empreint fortement, parce qu’elle participe de ma Force et de ma Puissance. Cette âme est puissante désormais, contre sa propre passion sensuelle, contre le démon et contre le monde.

Tu le vois donc, l’empreinte demeure, quand le sceau est enlevé, quand les accidents du pain sont détruits et que le vrai Soleil est revenu à son disque, non qu’il en ait été séparé, car, comme je t’ai dit, il est toujours uni avec Moi. Mais pour vous servir un aliment en cette vie où vous êtes pèlerins et voyageurs, pour vous ménager un réconfort, et conserver en vous la mémoire du bienfait du Sang, l’amour immense que j’ai de votre salut, m’a fait vous le donner en nourriture, par une dispensation de ma Providence, qui a voulu subvenir à vos besoins en vous donnant à manger ce pain de ma douce Vérité.

Juge maintenant quelle obligation vous avez envers Moi ! combien vous êtes tenus de me rendre le devoir d’amour, puisque je vous aime tant, et que je suis la souveraine et éternelle Bonté, digne de tout votre amour !