Le Dialogue (Hurtaud)/113

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Traduction par Hurtaud.
Lethielleux (p. 15-16).


CHAPITRE IV

(113)

Comment ce qui a été dit touchant l’excellence du sacrement vous fait mieux connaître la dignité des Prêtres ; et comment Dieu exige d’eux une pureté plus grande que des autres créatures.

O très chère fille, tout ce que je t’ai dit, est pour te faire mieux comprendre la dignité à laquelle j’ai élevé mes ministres, et t’inspirer une douleur plus profonde de leurs misères. S’ils considéraient eux-mêmes leur dignité, ils ne demeureraient pas dans les ténèbres du péché mortel ; ils ne souilleraient pas ainsi le visage de leur âme. Non seulement ils ne m’offenseraient pas, ils ne profaneraient pas leur dignité, mais, alors même qu’ils livreraient leur corps au bûcher, ils croiraient ne pas faire encore assez pour reconnaître la grande grâce et le grand bienfait qu’ils ont reçu. Car, dans cette vie, ils ne peuvent ambitionner une dignité plus haute que celle-là.

Ils sont mes oints, et je les appelle mes christs ! Ils ont, par Moi, fonction de me donner à vous. Je les ai placés comme des fleurs odoriférantes dans le corps mystique de la sainte Église. Cette dignité, l’ange lui-même ne l’a pas ; et je l’ai donnée aux hommes, à ceux que j’ai élus pour mes ministres. J’ai fait d’eux des anges, et ils doivent être en cette vie, comme les anges de la terre. De toute âme j’exige la pureté, la charité. A toute âme je demande de m’aimer, Moi, d’aimer son prochain, de subvenir à ses besoins, suivant ses moyens, le secourant de ses prières et demeurant en union de charité avec lui, comme je te l’ai exposé en un autre endroit, en traitant ce sujet.

Mais je requiers bien davantage la pureté dans mes ministres, l’amour envers Moi et envers le prochain, auquel ils doivent dispenser le Corps et le Sang de mon Fils unique, avec une charité ardente, et la faim du salut des âmes, pour la gloire et l’honneur de mon nom. Comme ils veulent la pureté du calice où ils offrent le sacrifice, moi aussi j’exige la pureté et netteté de leur cœur, de leur âme, de leur esprit. Et leur corps aussi, comme instrument de l’âme, je demande qu’ils le conservent dans une parfaite charité, qu’ils ne le souillent pas dans la fange de l’impureté, qu’ils ne soient pas enflés d’orgueil, à l’affût des grandes prélatures, qu’ils ne soient pas cruels envers eux-mêmes et envers leur prochain. Car, s’ils sont cruels envers eux-mêmes par leurs péchés, ils sont, par le fait même, cruels pour les âmes de leur prochain : ils ne leur donnent pas l’exemple de leur vie, ils n’ont pas le souci de les arracher aux mains du démon, ni d’administrer le Corps et le Sang de mon Fils unique, et Moi-même, la vraie lumière, dans les autres sacrements de la sainte Église. Ainsi donc, ils ne peuvent être cruels à eux-mêmes, sans l’être aux autres.