Le Koran (Traduction de Kazimirski)/59

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Traduction par Traduction d’Albin de Kazimirski Biberstein.
Librairie Charpentier (p. 453-456).

CHAPITRE LIX.

L’ÉMIGRATION[1].


Donné à Médine. — 24 versets.


Au nom du Dieu clément et miséricordieux


  1. Tout ce qui est dans les cieux et sur la terre chante les louanges de Dieu. Il est le Puissant, le Sage.
  2. C’est lui qui a fait sortir de leurs demeures les infidèles parmi les gens des Écritures. C’est le commencement de leur émigration. Vous ne croyiez pas qu’ils en sortissent, et eux ils pensaient que leurs forteresses les protégeraient contre Dieu. Eh bien ! Dieu les attaqua du côté d’où ils ne s’y attendaient pas, il jeta la terreur dans leurs cœurs ; ils démolissaient leurs maisons de leurs propres mains, et avec les mains des croyants. Profitez de cet exemple, hommes doués d’intelligence !
  3. Si Dieu n’avait point écrit d’avance dans ses arrêts leur exil, il les aurait châtiés dans ce monde. Le supplice du feu les attend toujours dans l’autre,
  4. Est-ce, parce qu’ils ont rompu avec Dieu et avec son apôtre. Or, quiconque rompt avec Dieu, qu’il sache que Dieu est terrible dans ses châtiments.
  5. Vous avez coupé quantité de leurs palmiers, et vous en avez laissé un certain nombre debout. Ce fut avec la permission de Dieu, pour apaiser les impies.
  6. Le butin qu’il a accordé au prophète, vous ne l’avez disputé ni avec vos chameaux ni avec vos chevaux, c’est Dieu qui donne le pouvoir à ses envoyés sur qui il lui plait. Il est tout-puissant[2].
  7. Ce que Dieu a accordé à son envoyé des biens des habitants de différents bourgs appartient à Dieu et au prophète, à ses proches, aux orphelins, aux pauvres et aux voyageurs ; il ne doit rien en revenir aux riches d’entre vous. Prenez ce que le prophète vous donne, et abstenez-vous de ce qu’il vous refuse. Craignez Dieu, car il est terrible dans ses châtiments.
  8. Il en appartient une partie (du butin) aux pauvres parmi les Mohadjers qui ont été chassés de leurs demeures et privés de leurs biens, qui recherchaient la faveur de Dieu et sa satisfaction, qui assistent Dieu et son apôtre. Ce sont des hommes vertueux.
  9. Ceux qui étaient toujours en possession de leurs demeures et ont embrassé la foi précédemment[3], chérissent les hommes qui se réfugient chez eux. Leurs cœurs sont exempts de toute convoitise, ils ne désirent point ce qui échoit aux autres ; ils leur donnent même la préférence dans leur générosité, bien que l’indigence soit aussi parmi eux. Or, ceux qui prémunissent leurs cœurs contre l’avarice seront les bienheureux.
  10. Ceux qui sont venus après eux[4] disent : Seigneur, pardonne-nous comme à nos frères qui nous ont devancés dans la foi, et ne mets point dans nos cœurs de malveillance envers ceux qui croient. Seigneur, tu es compatissant et miséricordieux.
  11. N’as-tu pas remarqué les hypocrites disant à leurs frères[5] à ces infidèles parmi les gens des Ecritures : Si l’on vous chasse, nous sortirons avec vous ; nous n’obéirons jamais à personne quand il s’agira de vous ; si l’on vous fait la guerre, nous vous assisterons. — Dieu est témoin qu’ils mentent.
  12. Non ; si on chasse ceux-là, ils ne sortiront pas avec eux ; si on leur fait la guerre, ils ne les assisteront pas ; s’ils viennent d’abord à leur secours, ils finiront par tourner le dos et s’enfuir, et ne trouveront eux-mêmes aucun secours.
  13. Vous, Musulmans, vous jetez dans leurs cœurs une terreur plus forte que Dieu, et c’est parce qu’ils ne comprennent rien[6].
  14. Ils ne vous combattront en masse que dans leurs villages fortifiés ou derrière des remparts. Leur violence entre eux est extrême : tu les croirais unis ; non, leurs cœurs sont divisés, parce que c’est un peuple insensé.
  15. Ils agissent comme ceux qui les ont précédés, et peu s’en faut qu’ils n’eussent déjà goûte les mauvais fruits de leurs actions ; car un supplice douloureux les attend.
  16. Ils agissent comme Satan, quand il dit à l’homme : Sois incrédule ; et lorsque l’homme devint incrédule, il s’écria : Je ne suis pour rien dans ce que tu fais, car je crains Dieu, maître de l’univers
  17. Leur un à tous deux, c’est le feu ; ils y resteront éternellement. Telle est la récompense des méchants.
  18. O vous qui croyez, craignez Dieu. Que toute âme voie bien ce qu’elle se prépare pour le lendemain. Craignez Dieu, car il est instruit de vos actions.
  19. Ne soyez pas comme ceux qui ont oublié Dieu, et que Dieu a conduits à l’oubli d’eux-mêmes ; ce sont des impies.
  20. Les habitants du feu et les hôtes du paradis ne sauraient être égaux. Ceux-ci seront des bienheureux.
  21. Si nous eussions fait descendre ce Koran sur une montagne, tu l’aurais vue s’abaisser et se fendre par la crainte de Dieu. Telles sont les paraboles que nous proposons aux hommes afin qu’ils réfléchissent.
  22. Il est ce Dieu hors lequel il n’y a point de dieu. Il connaît le visible et l’invisible. Il est le Clément, le Miséricordieux.
  23. Il est ce Dieu hors lequel il n’y a point de dieu, le Roi, le Saint, le Sauveur, le Fidèle, le Gardien, le Fort, le Puissant, le Très-Élevé, Gloire à Dieu ! et loin de lui ce que les hommes lui associent !
  24. Il est le Dieu unique, le producteur, le Créateur, le Formateur[7] Les plus beaux noms lui appartiennent. Tout dans les cieux et sur la terre célèbre sa gloire. Il est le Fort, le Sage.

  1. Le mot hachar, qui sert d’inscription à ce chapitre, signifie réunion, rassemblement ; il désigne souvent le rassemblement du genre humain au jour de la résurrection. Il veut dire aussi émigration ; et c’est dans ce sens qu’il est employé ici par rapport aux juifs de Nadhir (bourg situé à trois milles de Médine), qui, pour avoir rompu le traité conclu avec Mahomet, furent attaqués dans leurs forts et chassés de leurs demeures. A la suite de cette défaite, ils se dispersèrent en Syrie, en Arabie, et allèrent jusqu’à Hira.
  2. Les juifs de Nadhir étant à peu de distance de Médine, l’expédition eut lieu sans cavalerie ni chameaux : c’est à cause de cela que le butin, au lieu d’être partagé entre les combattants, les droits du prophète réservés, est ici en entier dévolu au prophète.
  3. Ce sont les Médinois.
  4. C’est-à-dire, ceux qui ont embrassé l’islam après les autres.
  5. Le mot frères est ici dans le sens figuré et ironique.
  6. Le sens de ce verset est : les hypocrites devraient avant tout craindre Dieu, suivre sa loi, et ne rien faire secrètement qui lui déplaise ; mais ils ne le craignent pas. Mais ils craignent vos armes : c’est pourquoi, à la moindre démonstration de votre part, ils prendront la fuite.
  7. Ces mots sont des participes présents des verbes créer, faillir, façonner, donner une forme.