Le Mystère de Quiberon/19

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Dujarric et Cie, Éditeurs (p. 271-284).



CHAPITRE XVIII

Emprisonnement des captifs à Auray. — État dressé par catégories pour faciliter les mesures de clémence. — Les dispositions favorables détruites par la crainte des soupçons. — Les projets d’amnistie confiés par Tallien à Rouget de Lisle. — L’intervention de Lanjuinais. — Revirement de Tallien ; son discours à la Convention. — Mesures de Blad pour attendre le décret d’amnistie promis par Tallien. — Première commission militaire se déclarant incompétente ; ses actes supprimés.

La première colonne des prisonniers arriva à Auray à onze heures du soir et fut enfermée dans l’église du Saint-Esprit ; la seconde eut pour prison l’église des Cordeliers. Sombreuil et quelques autres officiers royalistes furent logés dans des maisons particulières.

L’intendance, prise au dépourvu, manquait d’approvisionnements pour nourrir cette multitude ; on les laissa trente-six heures sans distribution de vivres ; et ensuite, à défaut de pain qui était rare, on leur donna des rations de farine de millet et de sarrasin. Mais la charité publique leur vint en aide ; et là encore, les officiers et les soldats républicains s’unirent aux habitants pour leur fournir tous les secours et les soins possibles.

Tallien était parti en toute hâte pour Paris. Hoche avait tiré de son côté, après avoir porté lui-même au Directoire du département, un état des pertes de l’ennemi, où les prisonniers, — dit M. Chassin, — sont habilement subdivisés en catégories, afin de permettre d’en soustraire le plus grand nombre possible à l’application de la loi.


Prisonniers :
Officiers émigrés
278
Soldats émigrés
260
Habitants de Toulon (emmenés par les Anglais)
492
Français enrôlés de force sur les pontons d’Angleterre
1.632
Chouans
3.600
Tués dans l’action
150
Noyés
100

Total
6.512[1]

« La difficulté était grande entre Hoche et Tallien. Hoche prétendait qu’on ne devait punir que les chefs[2]. Tallien, si compromis et craignant les accusations, disait que la terrible loi contre les émigrés les frappait tous…

» Ce qui forçait Tallien et la Convention à une sévérité extrême, c’est que Puisaye et d’autres se vantaient d’avoir pour eux certains représentants, d’avoir des royalistes jusque dans la Convention. Ceux-ci, Delahaye, Larivière, etc., furent foudroyés par ce grand coup de Quiberon. Ils se gardèrent de souffler mot. Il y eut une surprenante unanimité pour l’application de la loi…[3] »


Ces lignes, d’un grand écrivain révolutionnaire, résument la situation.

L’unanimité fut surprenante en effet. Il ne se trouva pas de députés qui crussent pouvoir se placer entre ceux qui suivaient simplement encore les traditions implacables de la secte jacobine et ceux qui se voyaient condamnés à faire parade de rigidité républicaine pour « marquer la distance[4] » qui les séparait du royalisme.

Tallien avait pourtant emporté d’Auray les intentions les plus favorables aux prisonniers. Pendant tout le voyage, il n’avait entretenu son compagnon, Rouget de Lisle, que des moyens qu’il emploierait pour sauver les émigrés. En arrivant, dans la soirée du 28[5], il avait arrêté son plan, qui était « de ne point ébruiter son retour, et, le lendemain, de paraître inopinément à la tribune, à l’heure même où, l’année précédente, il y avait dénoncé Robespierre et ses complices ». Là, après le récit de l’affaire de Quiberon et « lorsque l’enthousiasme et les transports qu’il ne pouvait manquer d’exciter dans une assemblée aussi impressionnable, seraient calmés, Tallien devait reprendre la parole, et, faisant un appel à la générosité nationale, au nom de l’humanité, de la victoire, du général et de son armée, demander entière amnistie pour les insurgés et que la vie fut accordée aux émigrés, sous la condition irrévocable d’un bannissement perpétuel[6] ».

Ce qu’il faut retenir, ce qui est un signe de la lâcheté de tous ces politiciens, si ce n’est un signe du machiavélisme du comte de Provence, c’est que ce fut par les avis d’un des affidés notoires de ce prétendant, que Tallien tourna subitement des idées de clémence aux idées de représailles sanglantes. Lanjuinais était venu prévenir sa femme qu’il était dénoncé comme vendu à l’Espagne, vendu au parti royaliste, que la part active qu’il avait prise à la chute de Robespierre serait présentée comme un premier acte accompli en vue du rétablissement de la royauté et que sa mission de Quiberon en paraîtrait le complément.

En présence de ces considérations d’intérêt et de salut personnel, les dispositions généreuses, les engagements pris ne pouvaient arrêter un instant la conscience de Tallien. Peut-être étaient-elles d’ailleurs appuyées de l’assurance que son revirement ne lui ferait rien perdre des avantages stipulés en cas de restauration[7]. Il n’hésita pas. Qu’était-ce pour un homme comme lui, de changer la conclusion de son discours ? Il avait même la satisfaction de n’avoir pas à renoncer au mouvement théâtral qu’il s’était plu à préparer pour son apparition à l’assemblée.

Il fait son entrée au moment où l’Institut national de musique exécute l’hymne du 9 thermidor. Aussitôt après, il s’élance à la tribune et s’écrie :


« J’arrive des rives de l’Océan, joindre un nouveau chant de triomphe aux hymnes qui célèbrent cette grande solennité… Le Comité de salut public nous avait ordonné de vaincre les ennemis de la République qui avaient souillé son territoire. Il est obéi… Courbé trop longtemps sous le faix ignominieux des vaisseaux d’Albion, l’Océan français a vu ses légitimes dominateurs reprendre sur ses bords l’attitude de la victoire. Il a tressailli à l’aspect de ces braves, animés par la vengeance, guidés par l’enthousiasme de la République, poursuivant au sein des flots, qui les ont rejetés sous le glaive de la loi, ce vil ramas des complices, des stipendiés de Pitt, ces exécrables fauteurs de tous les désastres, de tous les forfaits contre lesquels la France lutte depuis cinq ans. Ils ont osé, disions-nous en parlant des émigrés dans une proclamation publiée à Vannes, ils ont osé remettre le pied sur la terre natale, la terre natale les dévorera. C’en est fait, l’oracle s’est accompli, la terre natale les a dévorés… »


Il fait alors, toujours avec la même emphase, un récit de la journée du 21, arrangé dans le sens de ses préoccupations actuelles. Il l’émaille de phrases comme celles-ci :


« En vain nous envoient-ils plusieurs parlementaires pour obtenir quelque condition. Quelle relation peut exister entre nous et des rebelles ? Qu’y avait-il de commun entre nous, que la vengeance et la mort ? Les vaincus poussent des cris de désespoir ; ils demandent à se rendre. Le général leur envoie l’ordre de mettre bas les armes et de faire cesser le feu des Anglais… Tout ce que la presqu’île contenait d’ennemis vint mettre bas les armes et se rendre à discrétion. Quel spectacle pour la France, pour l’Europe, que ces émigrés si fiers, déposant humblement les armes entre les mains de nos volontaires, suivant les vainqueurs en vomissant des imprécations contre l’étranger perfide dont les funestes secours les ont rendus à la fois les plus coupables et les plus malheureux des hommes… »


Cette dernière tirade sur le malheur et les regrets des vaincus déplorant les funestes secours de l’étranger, devait sans doute, dans le plan primitif du discours, amener l’appel à la clémence. Mais comme il s’agit maintenant d’en détourner au contraire les esprits, le maître histrion donne une seconde représentation, un peu modifiée, de la scène mélodramatique qui a été son grand succès au 9 thermidor précédent.

Il tire un poignard, saisi, dit-il, sur un émigré et l’agite en s’écriant :


« Il faut apprendre à toutes les nations qu’un animal, un chien, en ayant été frappé, il a été vérifié que la blessure était empoisonnée[8] »


Puis, comme effet final, par une réminiscence des derniers temps de Rome, il invoque le vœu des légions. Seulement, ces légions, au nom desquelles, la veille, il devait réclamer la clémence, il les fait parler ainsi :


« Représentants, nous disaient ces braves gens, nous ne sommes pas des assassins, nous protégeons le criminel sans défense. Il existe des lois contre les traîtres, nous demandons qu’elles soient exécutées. Nous leur avons promis que justice serait faite par la commission militaire ; elle est actuellement en activité et s’occupe de l’application de la loi. »


Il fut décidé que la loi recevrait son exécution[9].

Il est impossible, cependant, que Tallien fût parti plein d’idées de clémence et eût employé, — comme le raconte Rouget de Lisle, — les loisirs de la route à préparer ses effets oratoires dans ce sens, si ce n’était pas en conséquence d’un plan concerté avec son collègue et le général en chef. « Ce qui autorise à croire, — constate M. Chassin, — qu’il avait été entendu que Blad retarderait les jugements, jusqu’au moment où Tallien aurait vu à la Convention nationale, s’il était possible d’en faire, par une loi nouvelle, atténuer la rigueur. »

En effet, pendant les premiers jours, il est apparent qu’on a voulu s’en tenir à des démonstrations de procédure légale, combinées de façon à permettre les temporisations et même peut-être à préparer le mouvement favorable aux prisonniers.

Dès le 21 juillet (3 thermidor), jour de leur rentrée à Vannes, les représentants du peuple, membres du Comité de salut public, envoyés extraordinairement dans les départements de l’Ouest, avaient pris l’arrêté suivant :


« Considérant combien il est important de statuer sans délai, sur le sort des prisonniers faits dans la prise du fort Penthièvre et autres postes occupés par les ennemis de la République.

» Arrêtent qu’il sera sur-le-champ nommé une commission militaire, à l’effet de juger, conformément à la loi du 25 brumaire, troisième année, les émigrés, chouans et autres individus vaincus ce jour par l’armée de la République aux ordres du général Hoche, qui sera chargé de nommer les membres qui doivent composer la dite commission. »


Cet arrêté porte la signature de Tallien avec celle de Blad, et est contresigné par le général Hoche.

Il est bien évident, puisque Tallien avait promis « d’enlever » un décret d’amnistie, que les signataires de l’arrêté n’avaient eu en vue que de se mettre personnellement en règle, pour avoir, en cas de besoin, quelque chose à opposer aux dénonciations, toujours redoutables, des patriotes exaltés. Ils s’étaient d’ailleurs hâtés de partir tous les trois, Hoche pour Landévant, Blad pour Lorient, Tallien pour Paris.

Deux jours après, le 5 thermidor, Blad prenait un second arrêté pour déterminer les catégories sur le sort desquelles il y avait lieu de statuer :


« La dite commission militaire aura à prononcer sur les classes d’individus ci-après désignés, savoir :

» Tous les ci-devant nobles indistinctement, émigrés ou non émigrés, pris dans la presqu’île ;

» Tous les ci-devant évêques, prêtres et moines ;

» Tous les habitants de Toulon, émigrés lors de la reprise de ce port sur les Anglais ;

» Tous les cultivateurs revêtus de l’uniforme des Chouans ;

» Tous ceux qui seront reconnus pour tels ;

» Tous ceux qui, n’étant ni nobles, ni prêtres, ni cultivateurs, ont quitté leurs communes pour se réunir aux ennemis rassemblés dans la presqu’île.

» Sont exceptés :

» 1° Les habitants de la presqu’île ;

» 2° Les soldats de la garnison du fort et de la presqu’île, faits prisonniers par les émigrés ;

» 3° Les marins et soldats arrachés des prisons d’Angleterre et enrôlés par la violence ;

» Des individus compris dans les deux derniers articles de l’exception, on formera un corps armé, que le général Hoche fera conduire sans délai à l’armée des Pyrénées-Orientales. »


Ce n’était que le complément de l’arrêté précédent. Il s’agissait, pour Blad, de donner quelques satisfactions aux criailleries dont l’importunait l’administration départementale du Morbihan, qui, à peine remise de ses inquiétudes récentes, ne rêvait que représailles et accablait le représentant, l’état-major, les autorités d’Auray, de plaintes contre la façon dont les prisonniers étaient gardés et contre le bruit de la capitulation accordée par le général en chef « faussement répandu pour corrompre l’esprit public et préparer le peuple à réclamer en faveur des assassins de la patrie ».

Mais, par cette même raison, il serait bien étonnant que tout cela fut resté lettre morte et que tous les arrêtés n’eussent pas reçu un commencement, au moins un semblant d’exécution. Il serait incroyable que, malgré l’urgence déclarée « de statuer sans délai », la commission qui devait être constituée « sur-le-champ », n’eut pas été formée ; il serait inexplicable que Hoche, spécialement « chargé d’en nommer les membres », se fût totalement dispensé de ce soin.

À ne consulter que les documents officiels qui subsistent, il semblerait que les choses se soient ainsi passées. Mais tout ce qui se rapporte à cette affaire des exécutions de Quiberon a été tellement truqué, que c’est en dehors des documents officiels qu’il faut chercher les éléments propres à rétablir la vérité.

D’après plusieurs relations émanant de témoins contemporains, d’après une tradition constante et précise qui s’est conservée dans le pays, il y eut en effet une première commission présidée, dit-on, par un chef de bataillon de la 72e demi-brigade, nommé Laprade, qui se déclara incompétente et refusa de juger. M. de Closmadeuc, M. Chassin, croient pouvoir assurer, d’après les recherches par eux faites dans les archives du Morbihan et dans celles du ministère de la Guerre, que l’existence de cette première commission et le nom de son président sont purement imaginaires. M. Chassin affirme même qu’il n’y avait, à ce moment, dans l’armée de l’Ouest, aucun officier du nom de Laprade, mais seulement un nommé Lalène dit Laprade, qui, précisément, fut président de celle des commissions qui prononça le plus grand nombre de condamnations à mort ; d’où prétexte facile à s’égayer sur la légende du bon Laprade. Il faudra rabattre de cette gaîté.

Car, d’abord, s’il y a eu confusion sur le nom, cette confusion résulterait de ce fait — attesté par des déclarations irrécusables, — que ce Lalène dit Laprade, quoique obligé de présider une commission qui fit preuve de sévérité, laissa voir qu’il remplissait à contrecœur la tâche qu’il n’avait pas osé décliner et s’employa de toutes ses forces à sauver le plus qu’il put d’accusés. Il est donc possible que la célébrité acquise à son nom par le souvenir des services rendus par lui à plusieurs familles, lui fait reporter l’honneur du rôle rempli dans la première commission par un autre officier dont le nom fut moins souvent prononcé. Il convient toutefois de n’admettre cette confusion que sous toutes réserves, car, comme on va voir, à n’en pouvoir douter, que les recherches des deux écrivains distingués qui viennent d’être cités, ont abouti à les induire en erreur sur le fait principal, l’existence d’une première commission, il est possible et vraisemblable qu’il en soit de même, quant à la personnalité du président.

En définitive, la seule question intéressante est de savoir s’il y eut en effet une première commission qui se soit déclarée incompétente.

On est parvenu à en obscurcir la trace ; on ne parviendra pas à la détruire. Si l’on récusait les témoins royalistes, il faudrait bien en croire Rouget de Lisle, qui en parle clairement et fait mention de l’arrêt d’incompétence dans ces termes bien remarquables :


« La commission militaire… devant qui le général Lemoine les traduisit, refusa de les juger et se déclara incompétente : fondée sur quoi ? je l’ignore[10]. »


Pour qu’un républicain comme Rouget de Lisle, présent à l’affaire de Quiberon, mêlé, comme officier d’état-major et comme aide de camp de Tallien, à tous les incidents de cette affaire et à ses suites, et qui, plus tard, entreprenant de les relater et de les discuter, eut tous les moyens de se renseigner, ait ignoré les motifs de cet arrêt d’incompétence, pour que l’arrêt lui-même ait été supprimé, il faut, de toute évidence, que ce fait ait une signification invinciblement inconciliable avec la version qu’on a voulu imposer à l’histoire.

Il faut bien aussi en croire Moreau de Jonnès, autre témoin présent, qui écrit :


« L’effroyable massacre qu’exigeait la condamnation de tant d’hommes, fit frémir les juges. Ils déclarèrent être incompétents. Ce ne fut qu’un répit pour les prisonniers[11]. »


Il faut bien encore en croire Beauchamp, qui s’exprime non moins clairement sur le fait et ne cherche ni à prétexter d’ignorance, ni à user de dissimulation sur le motif.


« Les paroles de Sombreuil sur la capitulation avaient, dit-il, été recueillies et les émigrés insistèrent sur sa réalité ; la commission militaire d’Auray refusa même de les juger[12]. »


Voici du reste un autre témoignage, qui concorde singulièrement avec ceux-ci, et qui précise les faits.

On lit dans une lettre de Hoche au représentant Guezno, datée de Landévant, 6 thermidor :


« … bientôt la commission militaire qui sera demain en activité, fera justice des conspirateurs qui se trouvent parmi eux… »

Deux points se trouvent ainsi éclaircis :

Dès le 6 thermidor, une commission était prête à entrer en activité : l’affirmation est formelle et précise.

Et, puisque le général en chef n’avait pas encore quitté le Morbihan, il est certain qu’il n’aurait pas parlé à un représentant du peuple de cette commission, si elle n’avait pas été nommée par lui qui en avait reçu la charge.

On ne peut douter qu’elle ne se soit effectivement réunie le 7, et c’est à celle-là que se rapportent les relations royalistes et les mentions si claires de Rouget de Lisle et de Beauchamp ; c’est devant celle-là, très évidemment, que se sont produites les protestations bruyantes des grenadiers, et c’est en raison de ces protestations qu’on s’est décidé à faire partir ce jour même les grenadiers et que Hoche s’est éloigné lui-même.

Comment se fait-il donc que la première commission dont il reste des traces dans les dossiers officiels, soit une commission Barbaron, nommée par Lemoine et qu’on ne trouve rien concernant cette commission antérieure nommée par Hoche ?

C’est que, — d’accord ou non avec le général et le représentant, — elle avait fait le jeu de la combinaison concertée entre eux et Tallien, et que, l’effet de cette manœuvre hardie ayant manqué, il devint urgent de prendre une attitude contraire à celle qui avait été convenue et il parut prudent même de détruire toute trace d’un incident propre à « corrompre l’esprit public et à préparer le peuple à réclamer en faveur des assassins de la patrie ».


  1. Chassin, Le Général Hoche à Quiberon, p. 160.
  2. Ceci est une allusion claire à la clause exceptant Sombreuil de la capitulation.
  3. Michelet, Hist. de la Rév., p. 1986. Le désaccord entre Hoche et Tallien n’exista pas en réalité, puisque Tallien n’abandonna les idées de clémence qu’après avoir reçu les conseils de Lanjuinais, et que Hoche suivit immédiatement son exemple.
  4. C’est le mot d’intimidation dont s’était servi Saint-Just, le 4 avril 94, pour enlever le vote contre Danton.
  5. Cette date est donnée par Rouget de Lisle. Il faut lire le 26, puisque Tallien fit son rapport le 27 juillet (9 thermidor).
  6. Rouget de Lisle, Historique et souvenirs de Quiberon.
  7. Cette supposition se présente forcément à l’esprit, quand, d’une part, on constate cette intervention décisive de Lanjuinais dans ce 9 thermidor d’un nouveau genre et que, d’autre part, on sait que Tallien était, dès cette époque, compté par le comte de Provence au nombre de ses partisans et qu’on le voit, à la Restauration, non seulement excepté en fait du bannissement prononcé contre les régicides, mais gratifié d’une pension sur la cassette de Louis XVIII.
  8. Peut-on trouver un trait qui peigne mieux l’âme de ces conventionnels, à qui l’on pouvait demander de paraître donner créance à des mensonges de ce calibre ?
  9. Un aussi glorieux succès, un aussi remarquable effort de lâcheté parlementaire méritait bien les honneurs du triomphe. Les applaudissements de la Convention, qui ne lui avaient pas été épargnés, parurent sans doute à Tallien une trop maigre récompense ; il voulut célébrer cette belle journée par un banquet. Lanjuinais tint à honneur d’y figurer au premier rang et d’ouvrir la série des toasts. Et l’on envoya à tous les journaux un compte rendu détaillé de ces agapes vraiment républicaines.
  10. Rouget de Lisle, Historique et souvenirs de Quiberon.
  11. Moreau de Jonnès, Aventures de guerre, t. Ier, p. 227.
  12. Beauchamp, Hist. de la Vendée et des Chouans, édition de 1806, t. III, p. 234.