Le Talon de fer/Transformation

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Traduction par Louis Postif.
Edito-Service (p. 321-334).


19. Transformation


— Il faut te transformer de fond en comble, m’écrivait Ernest. Il faut cesser d’exister et devenir une autre femme, non seulement en changeant ta façon de t’habiller, mais en faisant peau neuve sous l’habit. Il faut te refaire complètement et si bien que moi-même je ne puisse te reconnaître, en modifiant ta voix, tes gestes, tes manières, ton maintien, ta démarche et toute ta personne.

J’obéis à cet ordre. Je m’exerçai, plusieurs heures par jour, à enterrer définitivement l’Avis Everhard de jadis sous la peau d’une nouvelle femme que je pourrais appeler mon autre moi-même. Ce n’est qu’à force de travail qu’on peut obtenir de pareils résultats. Rien qu’aux détails de mon intonation, je m’appliquai presque sans relâche jusqu’à ce que la voix de mon nouveau personnage fût fixée et devenue automatique. Cet automatisme acquis était la condition essentielle pour bien jouer mon rôle. Je devais parvenir à me faire illusion à moi-même. On éprouve quelque chose d’analogue quand on apprend une nouvelle langue, le français, par exemple. Tout d’abord, on le parle d’une façon consciente, par un effort de volonté. On pense en anglais, et l’on traduit en français, ou bien on lit en français, mais il faut traduire en anglais avant de comprendre. Plus tard, l’effort devient automatique, l’étudiant se sent en terrain solide, il lit, écrit et pense en français, sans recourir du tout à l’anglais.

De même, pour nos déguisements, il était nécessaire de nous exercer jusqu’à ce que nos rôles artificiels fussent devenus réels, jusqu’à ce que, pour redevenir nous-mêmes, il nous fallût un effort d’attention et de volonté. Au début, naturellement, nous tâtonnions un peu à l’aveugle et nous nous égarions souvent. Nous étions en train de créer un art nouveau, et nous avions beaucoup à découvrir. Mais le travail progressait partout : de nouveaux maîtres se développaient dans cet art, et tout un fonds de trucs et d’expédients s’accumulaient peu à peu. Ce fonds devint une sorte de manuel qui passait de mains en mains et faisait partie, pour ainsi dire, du programme d’études de l’école de la Révolution[1].

C’est à ce moment que mon père disparut. Ses lettres, qui m’étaient parvenues régulièrement, cessèrent d’arriver. On ne le revit plus à notre quartier central de Pell Street. Nos camarades le cherchèrent partout. Toutes les prisons du pays furent fouillées par notre service secret. Mais il était perdu aussi complètement que si la terre l’avait englouti, et jusqu’à ce jour on n’a pu découvrir le moindre indice de la manière dont il périt[2].

Je passai six mois de solitude dans le refuge, mais ils ne furent pas perdus. Notre organisation marchait à grands pas, et des montagnes de travail s’amoncelaient toujours devant nous. De leurs prisons, Ernest et les autres chefs décidaient ce qu’il y avait à faire, et c’était à nous autres du dehors de l’accomplir. Le programme comportait, par exemple, la propagande de bouche en bouche ; l’organisation de notre système d’espionnage avec toutes ses ramifications ; l’établissement de nos imprimeries clandestines : et ce que nous appelions notre chemin de fer souterrain, c’est-à-dire la mise en communication de nos milliers de refuges nouveaux lorsqu’il manquait des anneaux dans la chaîne établie à travers tout le pays.

Aussi, comme je le disais, le travail n’était jamais fini. Au bout de six mois, mon isolement fut rompu par la venue de deux camarades. C’étaient des jeunes filles, de braves âmes, des amantes passionnées de la liberté : Laura Petersen, qui disparut en 1922 et Kate Bierce, qui plus tard épousa Du Bois[3], et qui demeure encore avec nous, attendant la prochaine aurore de l’ère nouvelle.

Elles arrivèrent dans l’état de fièvre où peuvent se trouver des jeunes filles qui viennent d’échapper à un danger de mort soudaine. Dans l’équipage du bateau de pêche qui les transportait à travers la baie de San-Pablo, il y avait un espion, une créature du Talon de Fer, qui avait réussi à se faire passer pour révolutionnaire et à pénétrer profondément dans les secrets de notre organisation. Sans doute, il était sur ma trace, car nous savions depuis longtemps que ma disparition avait sérieusement préoccupé le service secret de l’Oligarchie. Heureusement, comme le prouva la suite des événements, il n’avait révélé ses découvertes à personne. Il avait évidemment remis son rapport à plus tard, dans l’espoir de mener tout à bonne fin en trouvant mon asile et en s’emparant de ma personne. Ses renseignements périrent avec lui. Sous un prétexte quelconque, lorsque les jeunes filles débarquèrent à Pétaluna Creek et montèrent à cheval, il s’arrangea pour quitter son bateau.

En cours de route vers la Sonoma, John Carlston laissa les jeunes filles aller devant avec son cheval, et revint à pied sur ses pas. Ses soupçons avaient été éveillés. Il s’empara de l’espion, et d’après son récit, nous pûmes nous faire une idée de ce qui s’était passé, si peu doué d’imagination que fût le narrateur.

— Je lui ai fait son affaire, dit-il simplement. Je lui ai fait son affaire, répéta-t-il, et une sombre lueur brillait dans ses yeux, et ses mains déformées par le travail s’ouvraient et se fermaient éloquemment. Il n’a pas fait de bruit. Je l’ai caché, et cette nuit je retournerai l’enterrer profondément.

Durant cette période, je m’étonnais souvent de ma propre métamorphose. Tour à tour il me semblait invraisemblable, soit que j’eusse jamais vécu dans le calme d’une ville universitaire soit que je fusse devenue une révolutionnaire aguerrie à des scènes de violence et de mort. L’une ou l’autre de ces deux choses paraissait impossible : si l’une était une réalité, l’autre devait être un songe, mais laquelle ? Ma vie actuelle de révolutionnaire cachée dans un trou représentait-elle un cauchemar ? Ou bien pouvais-je me croire une révoltée rêvant d’une existence antérieure où elle n’avait connu rien de plus excitant que le thé et la danse, les réunions contradictoires et les salles de conférence ? Mais, après tout, je suppose que c’était là une expérience commune à tous les camarades ralliés sous la rouge bannière de la société humaine.

Je me rappelais souvent des personnages de cette autre existence, et, assez curieusement, ils apparaissaient et disparaissaient de temps à autre dans ma vie nouvelle. Tel était le cas de l’évêque Morehouse. En vain nous l’avions cherché, après le développement de notre organisation. Il avait été transféré d’asile en asile. Nous avions suivi sa trace de la maison de santé de Napa à celle de Stockton, puis à l’hôpital d’Agnews, dans la vallée de Santa Clara. Mais là se terminait la piste. Son acte de décès n’existait pas. Il avait dû s’échapper de façon ou d’autre. Je ne me doutais guère des terribles circonstances où je devais le revoir, ou plutôt l’entrevoir, dans le tourbillon de mort de la Commune de Chicago.

Je ne revis jamais Jackson, l’homme qui avait perdu un bras aux filatures de la Sierra, et déterminé ma conversion à la Révolution ; mais nous savions tous ce qu’il avait accompli avant de mourir. Il ne s’était jamais joint aux révolutionnaires. Aigri par son destin, couvant dans son esprit le souvenir du mal qu’on lui avait fait, il devint anarchiste, non pas au sens philosophique, mais comme un pur animal affolé par la haine et le désir de la vengeance. Et il se vengea bien. Une nuit que tout le monde dormait au palais Pertonwaithe, trompant la vigilance des gardiens, il le fit sauter en miettes. Pas une âme n’échappa, pas même les gardiens. Et dans la prison où il attendait son jugement, l’auteur du désastre s’étouffa sous ses couvertures.

Bien différentes de celle-là furent les destinées du Dr  Hammerfield et du Dr  Ballingford. Ils restèrent fidèles à leur râtelier et en furent récompensés par des palais épiscopaux où ils vivent en paix avec le monde. Tous deux sont des apologistes de l’Oligarchie. Tous deux sont devenus très gras. — « Le Dr  Hammerfield, expliquait un jour Ernest, est parvenu à modifier sa métaphysique de façon à assurer au Talon de Fer la sanction divine, puis aussi à y faire entrer largement l’adoration de la Beauté, et enfin à réduire à l’état de spectre invisible le vertébré gazeux dont parle Haekel, — la différence entre le Dr  Hammerfield et le Dr  Ballingford consiste en ce que ce dernier conçoit le Dieu des Oligarques comme un peu plus gazeux et un peu moins vertébré. »

Peter Donelly, le contremaître jaune des filatures de la Sierra, que j’avais rencontré au cours de mon enquête sur le cas Jackson, nous ménageait à tous une surprise. En 1918, j’assistais à une réunion des rouges de Frisco[4]. De tous nos Groupes de Combat c’était le plus formidable, le plus féroce et sans pitié. Il ne faisait pas précisément partie de notre organisation. Ses membres étaient des fanatiques, des fous. Nous n’osions pas encourager un pareil état d’esprit. Cependant, bien qu’ils ne fussent pas des nôtres, nous restions en termes amicaux avec eux. C’était une affaire d’importance capitale qui m’avait amenée parmi eux ce soir-là. J’étais, au milieu d’une vingtaine d’hommes, la seule personne non masquée. Mon affaire terminée, je fus reconduite par l’un d’eux. En passant dans un corridor sombre, mon guide enflamma une allumette, l’approcha de son visage et se démasqua. J’entrevis les traits passionnés de Peter Donelly, puis l’allumette s’éteignit.

— Je voulais seulement vous montrer que c’était moi, dit-il dans l’obscurité. Vous rappelez-vous Dallas, le surintendant ?

Je me souvins de la face de renard de ce personnage.

— Eh bien, je lui ai fait son affaire d’abord, dit Donnelly avec orgueil. Puis je me suis fait recevoir parmi les Rouges.

— Mais, comment se fait-il que vous soyez ici, demandai-je. Votre femme ? Vos enfants ?

— Morts, répondit-il. C’est pour cela… Non, poursuivit-il vivement, ce n’est pas pour les venger. Ils sont morts tranquillement dans leurs lits… la maladie, vous savez, un jour ou l’autre. Tant que je les avais, ils me liaient les bras ; et maintenant qu’ils sont partis, c’est la revanche de ma virilité flétrie que je cherche. Naguère j’étais Peter Donelly, le contremaître jaune. Mais aujourd’hui, je suis le numéro 27 des Rouges de Frisco. Venez, maintenant, je vais vous faire sortir.

J’entendis de nouveau parler de lui plus tard. Il m’avait dit la vérité à sa manière en déclarant que tous les siens étaient morts. Il lui restait un de ses fils, Timothy, mais le père le considérait comme mort parce qu’il s’était enrôlé parmi les Mercenaires[5] de l’Oligarchie. Chaque membre des Rouges de Frisco s’engageait par serment à accomplir douze exécutions par an, et à se suicider s’il ne réussissait pas à atteindre ce nombre. Les exécutions n’avaient pas lieu au hasard. Ce groupe d’exaltés se réunissait fréquemment et prononçait des sentences en série contre les membres et serviteurs de l’Oligarchie qui s’étaient signalés à sa vindicte. Les exécutions étaient ensuite distribuées au sort.

L’affaire qui m’avait amenée ce soir-là était précisément un jugement de ce genre. Un de nos camarades qui, depuis plusieurs années, réussissait à se maintenir comme commis dans le bureau local du service secret du Talon de Fer, avait éveillé la vigilance des Rouges de Frisco, et son jugement se poursuivait ce jour même. Naturellement il n’était pas présent, et ses juges ignoraient qu’il fût un des nôtres. J’avais pour mission de témoigner de son identité et de sa loyauté. On se demandera comment je pouvais être au courant de cette affaire. L’explication est très simple. L’un de nos agents secrets faisait partie des Rouges de Frisco. Il nous était nécessaire d’avoir un œil ouvert sur les amis comme sur les ennemis, et ce groupe de fanatiques était trop important pour échapper à notre surveillance.

Mais revenons à Peter Donnelly et à son fils. Tout alla bien pour le père jusqu’au jour où, dans le lot d’exécutions que le sort lui avait attribuées, il trouva le nom de son propre enfant. C’est alors que se réveilla l’esprit de famille qu’il possédait jadis à un si haut degré. Pour sauver son fils il trahit ses camarades. Ses plans furent en partie contrecarrés, mais néanmoins une douzaine des Rouges de Frisco furent exécutés, et le Groupe presque anéanti. En représailles, les survivants donnèrent à Donnelly la fin que méritait sa trahison.

Son fils ne lui survécut pas longtemps. Les Rouges de Frisco s’engagèrent par serment à l’exécuter. L’Oligarchie fit tous ses efforts pour le sauver. Il fut transféré d’une partie du pays à une autre. Trois des Rouges perdirent la vie en vains efforts pour l’avoir. Le groupe ne se composait que d’hommes. À la fin, ils eurent recours à une femme, à une de nos camarades, qui n’était autre qu’Anna Roylston. Notre cercle intime lui défendit d’accepter cette mission, mais elle avait toujours eu une volonté à elle et dédaignait toute discipline. En outre, elle avait du génie et attirait l’affection, si bien que l’on ne pouvait en venir à bout d’aucune manière. Elle formait une classe par elle-même et ne répondait à aucun type de révolutionnaire.

Malgré notre refus de lui permettre cet acte, elle persista à vouloir l’accomplir. Or, Anna Roylston était une créature tout à fait séduisante, à qui il suffisait d’un signe pour fasciner un homme. Elle avait brisé par douzaines les cœurs de nos jeunes camarades, et en avait capturé d’autres par vingtaines pour les amener à notre organisation. Cependant, elle refusait obstinément de se marier. Elle aimait tendrement les enfants, mais elle pensait qu’un bébé à elle la détournerait de la Cause, et c’est à la Cause qu’elle avait voué sa vie.

Ce fut un jeu d’enfant pour Anna Roylston de gagner le cœur de Timothey Donnelly. Elle n’éprouva aucun remords de conscience, car juste à ce moment eut lieu le massacre de Nashville, où les Mercenaires, sous les ordres de Donnelly, assassinèrent littéralement huit cents tisserands de cette cité. Cependant, elle ne tua pas Donnelly de ses propres mains. Elle le remit, prisonnier, à celles des Rouges de Frisco. Cela se passait l’an dernier seulement, et maintenant elle a été rebaptisée. Les révolutionnaires de partout l’appellent « la Vierge Rouge »[6].

Le colonel Ingram et le colonel Van Gilbert sont deux personnages plus connus que je devais rencontrer plus tard. Le colonel Ingram s’éleva très haut dans l’Oligarchie et devint ambassadeur d’Allemagne. Il fut cordialement détesté par le prolétariat des deux pays. C’est à Berlin que je le retrouvai, lorsqu’en qualité d’espionne internationale accréditée par le Talon de Fer, il me reçut chez lui et m’accorda une aide précieuse. Je puis déclarer ici que mon double rôle me permit d’accomplir certaines choses de grande importance pour la Révolution. Le colonel Van Gilbert devint célèbre sous le nom de « Van Gilbert le rageur ». Il joua son rôle le plus important dans l’élaboration du nouveau code après la Commune de Chicago. Mais avant cela, comme juge criminel, il s’était attiré une condamnation à mort par sa méchanceté démoniaque. Je fus l’une des personnes qui le jugèrent et le condamnèrent, Anna Roylston mit la sentence à exécution.

Encore un revenant de mon ancienne existence, — l’avocat de Jackson. C’était bien le dernier personnage que j’aurais cru revoir, ce Joseph Hurd, et ce fut une étrange rencontre que la nôtre. Deux ans après la Commune de Chicago, un soir, très tard, Ernest et moi arrivâmes ensemble au Refuge de Benton Harbour[7], dans le Michigan, sur la rive du lac opposée à Chicago, juste au moment où venait de se terminer le jugement d’un espion. La sentence de mort avait été prononcée, et l’on emmenait le condamné. À peine nous avait-il aperçus que le malheureux s’arracha aux mains de ses gardiens et se précipita à mes pieds, embrassant mes genoux comme dans un étau et implorant ma pitié dans un accès de délire. Quand il leva vers moi sa figure épouvantée, je reconnus Joseph Hurd. De toutes les choses terribles que j’ai vues, aucune ne m’a éprouvée comme le spectacle de cette créature affolée demandant grâce. Follement attachée à la vie, il se cramponnait pitoyablement à moi malgré les efforts d’une douzaine de camarades. Et lorsqu’enfin on l’entraîna après lui avoir fait lâcher prise, je glissai à terre évanouie. Il est moins pénible de voir mourir des hommes braves que d’entendre un lâche implorer la vie.


  1. Durant cette période, le déguisement devint un art véritable. Les révolutionnaires entretenaient des écoles d’acteurs dans tous leurs refuges. Ils dédaignaient les accessoires des comédiens ordinaires, tels que perruques, fausses barbes et faux sourcils. Le jeu de la révolution était un jeu de vie ou de mort, et ce camouflage serait devenu un piège. Le déguisement devait être fondamental, intrinsèque, devait faire partie de l’être, comme une seconde nature. On raconte que la Vierge Rouge était devenue une adepte de cet art, et c’est à cela qu’il faut attribuer le succès de sa longue carrière.
  2. Ces disparitions étaient une des horreurs de l’époque. Elles reviennent constamment, comme un motif, dans les chansons et les histoires. C’était un résultat inévitable de la guerre souterraine qui fit rage pendant ces trois siècles. Le phénomène était presque aussi fréquent parmi les oligarques et les castes ouvrières que dans les rangs des révolutionnaires. Sans avertissement et sans traces, des hommes, des femmes et même des enfants disparaissaient ; on ne les revoyait plus, et leur fin restait enveloppée de mystère.
  3. Du Bois, le bibliothécaire actuel d’Ardis, descend en droite ligne de ce couple révolutionnaire.
  4. Abréviation de San Francisco. (Note du Traducteur.)
  5. Outre les castes ouvrières, il s’en était formé une autre, la caste militaire, une armée régulière de soldats de profession, dont les officiers étaient membres de l’Oligarchie, et qui étaient connus sous le nom de Mercenaires. Cette institution remplaçait la milice, devenue impossible sous le nouveau régime. En dehors du service secret ordinaire du Talon de Fer, on avait institué un service secret des Mercenaires, qui formait la transition entre l’armée et la police.
  6. Ce ne fut qu’après l’écrasement de la seconde révolte que le groupe des Rouges de Frisco recommença à prospérer. Et, pendant deux générations, il fut florissant. Alors un agent du Talon de Fer réussit à s’y faire admettre, en pénétra tous les secrets et amena sa destruction totale. Cela se passa en l’an 2002. Les membres du groupe furent exécutés un par un, à trois semaines d’intervalle, et leurs cadavres furent exposés dans le Ghetto du travail de San Francisco.
  7. Le refuge de Benton Harbour était une catacombe, dont l’entrée était habilement dissimulée dans un puits. Elle a été conservée en bon état, et les visiteurs peuvent actuellement parcourir son labyrinthe de corridors jusqu’à la salle de réunion, où sans doute se passa la scène décrite par Avis Everhard. Plus loin se trouvent les cellules où étaient enfermés les prisonniers et la chambre de mort où avaient lieu les exécutions ; plus loin encore est le cimetière, ensemble de longues et tortueuses galeries creusées en plein roc ; de chaque côté s’étagent des alvéoles où reposent les révolutionnaires déposés là par leurs camarades depuis tant d’années.