Le Testament de Jean Meslier/Édition 1864/Chapitre 2

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Texte établi par Rudolf Charles MeijerLibrairie étrangère (Tome 1p. 7-30).
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II.
Pensées et sentimens de l’auteur sur les religions du monde.

La source donc, mes chers amis, de tous les maux, qui vous accablent et de toutes les impostures, qui vous tiennent malheureusement captifs dans l’erreur et dans la vanité des superstitions, aussi bien que sous les loix tiranniques des grands de la terre, n’est autre que cette détestable politique des hommes, dont je viens de parler ; car les uns voulant injustement dominer sur leurs semblables et les autres voulant acquérir quelque vaine réputation de sainteté et quelquefois même de divinité ; ils se sont les uns et les autres adroitement servis, non-seulement de la force et de la violence, mais ont encore emploïé toutes sortes de ruses et d’artifices pour séduire les peuples, afin de parvenir plus facilement à leurs fins, de sorte que les uns et les autres de ces fins et rusés politiques abusant ainsi de la foiblesse, de la crédulité et de l’ignorance des plus faibles et des moins éclairés, ils leur ont facilement fait accroire tout ce qu’ils ont voulu, et ensuite leur ont fait recevoir avec respect et soumission, de gré ou de force, toutes les loix, qu’ils ont voulu leur donner, et par ces moïens, les uns se sont fait honorer et respecter ou même adorer comme des divinités, ou autrement comme des personnages d’une sainteté extraordinaire et spécialement députés de quelques divinités, pour faire connoître leur volonté au reste des hommes, et les autres se sont rendus riches, puissans et redoutables dans le monde, et s’étant les uns et les autres, par ces sortes d’artifices, rendus assez riches, assez puissans, assez vénérables ou assez redoutables pour se faire craindre ou obéir, ils ont ouvertement et tiranniquement assujetti leurs semblables à leurs loix.

À quoi leur ont grandement servi aussi les différends, les quérelles, les divisions et les animosités, qui naissent souvent entre les particuliers, car la plupart des hommes se trouvent fort souvent d’humeur, d’esprit et d’inclination fort différentes les uns des autres, ils ne sauroient s’accommoder longtems ensemble sans se brouiller et sans se diviser. Et lorsque ces troubles et ces divisions arrivent, pour lors ceux, qui se trouvent les plus forts, les plus hardis, et peut-être mêmes aussi les plus méchans, ne manquent point de profiter de ces occasions, pour se rendre plus facilement les maîtres absolus de tous.

Voilà, mes chers amis, la vraïe source et la véritable origine de tous les maux qui troublent la société humaine et qui rendent les hommes malheureux dans la vie. Voilà la source et l’origine de toutes les erreurs, de toutes les impostures, de toutes les superstitions, de toutes les fausses divinités et de toutes les idolatries quie se sont malheureusement répandues par toute la terre. Voilà l’origine et la source de tout ce que l’on vous propose comme de plus saint et de plus sacré, dans ce que l’on vous fait apeller pieusement religion. Voilà la source et l’origine de toutes ces prétendues saintes et inviolables loix que l’on veut, sous prétexte de pieté et de religion, vous faire si étroitement observer, comme des loix qui viennent de la part de Dieu-même. Voilà la source de toutes ces pompeuses, mais vaines et ridicules cérémonies, que vos prêtres affectent de faire avec faste dans la célébration de leurs faux mistères, et de leur faux culte divin. En un mot voilà la source et l’origine de tout ce que l’on vous fait respecter et adorer comme des divinités, ou comme des choses toutes divines. Voilà aussi l’origine et la source de tous ces superbes titres et noms de seigneur, de prince, de roi, de monarque et de potentat, qui tous sous prétexte de vous gouverner en souverains, vous opriment en tyrans : qui sous prétexte de bien public, vous ravissent tout ce que vous avez de plus beau et de meilleur : et qui, sous prétexte d’avoir leur autorité de quelque suprême divinité, se font eux-mêmes obéir, craindre et respecter comme des dieux. Et enfin voilà la source et l’origine de tous ces autres vains noms de noble, de gentilhomme, de comte etc. dont la terre fourmille, comme dit un auteur, et qui sont presque tous comme des loups ravissans qui, sous prétexte de vouloir jouir de leurs droits et de leur autorité, vous foulent, vous maltraitent, vous pillent et vous ravissent ce que vous avez de meilleur. Voilà pareillement la source et l’origine de tous ces prétendus saints et sacrés caractères d’ordre et de puissance ecclésiastique et spirituelle, que vos prêtres et vos evêques s’attribuent sur vous : qui, sous prétexte de vous conférer les biens spirituels d’une grace et d’une faveur toute divine, vous ravissent finement des biens qui sont incomparablement plus réels et plus solides que ceux qu’ils font semblant de vouloir vous conférer ; et qui, sous prétexte de vouloir vous conduire au ciel, et vous y procurer un bonheur éternel, vous empêchent de jouir tranquilement d’aucune véritable félicité sur la terre ; et qui enfin, sous prétexte de vouloir vous garantir dans une autre vie des peines imaginaires d’un enfer qui n’est point, non plus que cette autre vie éternelle dont ils entretiennent vainement pour vous, mais inutilement pour eux vos craintes et vos espérances, vous réduisent à souffrir dans cette vie, qui est la seule que vous aïez à prétendre, les peines réelles d’un véritable enfer.

Et comme la force de ces sortes de gouvernemens tiranniques ne subsistent que par les mêmes moïens et les mêmes principes qui les ont établis, et qu’il est dangereux de vouloir combattre les maximes fondamentales d’une religion, aussi bien que d’ébranler les loix fondamentales d’un état ou d’une république ; il ne faut pas s’étonner, si les personnes sages et éclairées se conforment aux loix générales de l’état, si injustes qu’elles puissent être, ou s’ils se conforment, au moins en aparence, à l’usage et à la politique d’une religion qu’ils trouvent établie, quoiqu’ils en reconnoissent suffisamment les erreurs et la vanité, parce que telle répugnance qu’ils puissent avoir à s’y soumettre, il leur est néanmoins beaucoup plus utile et avantageux de vivre tranquilement en conservant ce qu’ils peuvent avoir, que de s’exposer volontairement à se perdre eux-mêmes, en voulant s’oposer au torrent des erreurs communes, ou en voulant résister à l’autorité d’un souverain qui veut se rendre maitre absolu de tout : joint d’ailleurs que dans de grands états et gouvernemens, comme sont les roïaumes et les empires, étant impossible que ceux, qui en sont les souverains, puissent seuls par eux-mêmes, pourvoir à tout, et maintenir leur puissance et leur autorité dans de si grandes étendues de païs, ils ont soin d’établir partout des officiers, des intendans, des gouverneurs, et quantité d’autres gens, qu’ils paîent largement aux dépens du public, pour veiller à leurs intérêts, pour maintenir leur autorité, de sorte qu’il n’y a personne qui osât se mettre en devoir de résister, ni même de contredire ouvertement une autorité si absolue, sans s’exposer en même tems à un danger manifeste de se perdre. C’est pourquoi les plus sages et les plus éclairés sont contraints de demeurer dans le silence, quoiqu’ils voïent manifestement les abus et les désordres d’un gouvernement si injuste et si odieux.

Ajoutez à cela les vûës et les inclinations particulières de tous ceux qui possèdent les grandes, les moïennes ou même les plus petites charges, soit dans l’État civil, soit dans l’état ecclésiastique, ou qui aspirent à les posséder. Il n’y a certainement guères de tous ceux-là qui ne pensent beaucoup plus à faire leur profit, et à chercher leur avantage particulier, qu’à se procurer sincèrement le bien public des autres. Il n’y en a guères qui ne s’y portent par quelques vûës d’ambition ou d’intérêt, ou par quelqu’autres vûës qui flattent la chair et le sang. Ce ne seront point ceux qui ambitionnent les charges et les emploïs dans un état qui s’oposeront à l’orgueil, à l’ambition ou à la tirannie d’un prince qui veut tout soumettre à ses loix : au contraire ils le flattent bien plûtot dans ses mauvaises passions et dans ses injustes desseins, dans l’espérance de s’avancer et de s’agrandir eux-mêmes sous la faveur de son autorité. Ce ne seront point non plus ceux qui ambitionnent les bénéfices ou les dignités dans l’église, qui s’y oposeront : car c’est par la faveur et par la puissance même des princes qu’ils prétendent y parvenir, ou s’y maintenir, quand ils y seront parvenus : et bien loin de penser à s’oposer à leurs mauvais desseins, ou de leur contredire en aucune chose, ils seront les premiers à les aplaudir et à les flatter dans tout ce qu’ils font. Ce ne seront point eux non plus qui blâmeront les erreurs établies, ni qui découvriront aux autres les mensonges, les illusions, ni les impostures d’une fausse religion : puisque c’est sur ces erreurs et ces impostures-là, qu’est fondée toute leur dignité, et toute leur puissance avec tous les grands revenus qu’ils en tirent. Ce ne seront point de riches avares, qui s’oposeront à l’injustice du prince, ni qui blâmeront publiquement les erreurs et les abus d’une fausse religion ; puisque c’est souvent par la faveur même du prince, qu’ils possédent les emploïs lucratifs dans l’état ou de riches bénéfices dans l’église. Ils s’apliqueront bien plutôt à amasser des richesses et des trésors, qu’à détruire des erreurs et des abus publics, dont ils tirent les uns et les autres de si grands profits. Ce ne seront point encore ceux qui aiment la vie douce, ou les plaisirs et les commodités de la vie qui s’oposeront aux abus dont je parle ; ils aiment bien mieux jouir tranquilement des plaisirs et des douceurs de la vie que de s’exposer à souffrir des persécutions, pour vouloir s’oposer au torrent des erreurs communes. Ce ne seront point les devots hipocrites qui s’y oposeront, parce qu’ils n’aiment qu’à se couvrir du manteau de la vertu et à se servir d’un spécieux prétexte de pieté et de zèle de religion, pour cacher leurs plus méchans vices, et pour parvenir plus finement aux fins particulières qu’ils se proposent, qui est toujours de chercher leurs intérêts et leurs satisfactions, en trompant les autres par de belles aparences de vertu. Enfin, ce ne seront point les foibles ni les ignorans qui s’y oposeront, parce qu’étant sans science et sans autorité, il n’est pas possible qu’ils puissent déveloper tant d’erreurs et d’impostures dont on les entretient, ni qu’ils puissent résister à la violence d’un torrent, qui ne manqueroit pas de les entrainer s’ils faisoient difficulté de le suivre : joint d’ailleurs qu’il y a une telle liaison et un tel enchainement de subordination et de dépendance entre tous les différens états et conditions des hommes ; et il y a aussi presque toujours entr’eux tant d’envie et tant de jalousie, tant de perfidie et de trahison, même entre les plus proches parens, que les uns ne sauroient se fier aux autres ; et par conséquent ne sauroient rien faire, ni rien entreprendre, sans s’exposer en même tems à être decouverts, et trahis par quelqu’un. Il ne seroit pas même sûr de se fier à un ami, ni à un frère, dans une chose de telle conséquence, que seroit celle de vouloir reformer un si mauvais gouvernement. De sorte que n’y aïant personne qui puisse ni qui veuille ou qui ose s’oposer à tant d’erreurs, à tant d’impostures, et à la tirannie des grands de la terre, il ne faut pas s’étonner, si ces vices règnent si puissamment et si universellement dans le monde. Et voilà comme les abus, les erreurs, les superstitions et la tirannie se sont établis dans le monde.

Il sembleroit, au moins dans un tel cas, que la religion et la politique ne devroient pas s’accommoder, et qu’elles devroient pour lors se trouver réciproquement contraires et oposées l’une à l’autre, puisqu’il semble que la douceur et la pieté de la religion devroient condamner les rigueurs et les injustices d’un gouvernement tirannique ; et qu’il semble d’un autre côté, que la prudence d’une sage politique devroit condamner et reprimer les abus, les erreurs et les impostures d’une fausse religion. Il est vrai que cela devroit se faire ainsi ; mais ce qui devroit se faire, ne se fait pas toujours. Ainsi, quoiqu’il semble que la religion et la politique dussent être si contraires et si oposées l’une à l’autre, dans leurs principes et dans leurs maximes ; elles ne laissent pas néanmoins de s’accorder assez bien ensemble, lorsqu’elles ont une fois fait alliance, et qu’elles ont contracté amitié ensemble : ou pouroit dire qu’elles s’entendent pour lors, comme deux coupeurs de bourses ; car pour lors elles se défendent et se soutiennent mutuellement l’une l’autre. La religion soutient le gouvernement politique si méchant qu’il puisse être ; et à son tour le gouvernement soutient la religion si sote et si vaine qu’elle puisse être. D’un côté les prêtres, qui sont les ministres de la religion, recommandent sous peine de malédiction et de damnation éternelle, d’obéir aux magistrats, aux princes et aux souverains, comme étant établis de dieu pour gouverner les autres ; et les princes de leur côté, font respecter les prêtres, leurs font donner de bons apointemens et de bons revenus, et les maintiennent dans les fonctions vaines et abusives de leur faux ministère, contraignant le peuple de regarder comme saint et comme sacré tout ce qu’ils font et tout ce qu’ils ordonnent aux autres de croire ou de faire, sous ce beau et spécieux prétexte de religion et de culte divin. Et voilà, encore un coup, comme les abus et comme les erreurs, les superstitions, les illusions et la tromperie se sont établis dans le monde, et comme ils s’y maintiennent au grand malheur des pauvres peuples, qui gémissent sous de si rudes et si pésans jougs.

Vous penserez peut-être, mes chers amis, que dans un si grand nombre de fausses religions qu’il y a dans le monde, mon intention seroit d’excepter au moins de ce nombre la religion catholique, dont nous faisons tous profession, et laquelle nous disons être la seule qui enseigne la pure vérité, la seule qui reconnoit et adore comme il faut le vrai dieu, et la seule qui conduit les hommes dans le véritable chemin du salut et d’une éternité bienheureuse ; mais désabusez-vous, mes chers amis, désabusez-vous de cela et généralement de tout ce que vos pieux ignorans, ou vos moqueurs et intéressés prêtres et docteurs s’empressent de vous dire et de vous faire accroire, sous le faux prétexte de la certitude infaillible de leur prétendue sainte et divine religion. Vous n’êtes pas moins séduits ni moins abusés que ceux qui sont les plus séduits et abusés. Vous n’êtes pas moins dans l’erreur que ceux qui y sont les plus profondement plongés. Votre religion n’est pas moins vaine, ni moins superstitieuse qu’aucune autre ; elle n’est pas moins fausse dans ses principes, ni moins ridicule et absurde dans ses dogmes et maximes ; vous n’êtes pas moins idolatres, que ceux, que vous blâmez et que vous condamnez vous-même d’idolatrie. Les idées des païens et les votres ne sont différentes que de nom et de figure. En un mot tout ce que vos docteurs et vos prêtres prêchent avec tant de zèle et d’éloquence, touchant la grandeur, l’excellence et la sainteté des mistères qu’ils vous font adorer, tout ce qu’ils vous racontent avec tant de gravité de la certitude de leurs prétendus miracles, et tout ce qu’ils vous débitent avec tant de zèle et d’assurance touchant la grandeur des récompenses du ciel, et touchant les effroïables châtimens de l’enfer, ne le sont dans le fond que des illusions, des erreurs, des mensonges, des fictions et des impostures, inventées prémiérement par des fins et rusés politiques, continuées par des séducteurs et des imposteurs ; et ensuite reçuës et cruës aveuglément par des peuples ignorans et grossiers et puis enfin maintenues par l’autorité des grands et des souverains de la terre qui ont favorisé les abus, les erreurs, les superstitions et les impostures, et qui les ont autorisés par leurs loix, afin de tenir par là le commun des hommes en bride et faire d’eux tout ce qu’ils voudroient.

Voilà, mes chers amis, comme ceux, qui ont gouverné ou qui gouvernent encore, maintiennent les peuples, abusent présomptueusement et impunément du nom et de l’autorité de Dieu pour se faire craindre respecter eux-mêmes, plutôt que pour faire adorer et servir le Dieu imaginaire de la puissance duquel ils vous épouvantent. Voilà comme ils abusent du nom spécieux de piété et de religion pour faire accroire aux foibles et aux ignorans tout ce qu’il leur plait : et voilà enfin comme ils établissent par toute la terre un détestable mistère de mensonges et d’iniquités, au lieu qu’ils devroient s’apliquer uniquement les uns et les autres à établir partout le règne de la paix, de la justice et de la vérité, qui rendroit tous les peuples heureux et contens sur la terre.

Je dis qu’ils établissent partout un mistère d’iniquité ; parce que tous ces ressorts cachés de la plus fine politique, aussi bien que les maximes et les cérémonies les plus pieuses de la religion ne sont effectivement que des mistères d’iniquité. Je dis mistères d’iniquité pour tous les pauvres peuples, qui se trouvent misérablement les dupes de toutes ces momeries-là, aussi bien que les jouèts et les victimes malheureuses de la puissance des grands : mais pour ceux qui gouvernent ou qui ont part au gouvernement des autres, et pour les prêtres, qui gouvernent les consciences, ou qui sont pourvus de quelques bons bénéfices, ce sont comme des mines ou des toisons d’or ; ce sont comme des cornes d’abondance, qui leur font venir à souhait toutes sortes de biens : et c’est ce qui donne à tous ces beaux messieurs le moïen de se divertir et de se donner agréablement toute sorte de bon tems, pendant que les pauvres peuples abusés par les erreurs et par les superstitions de la religion, gémissent tristement, pauvrement et paisiblement néanmoins sous l’opression des grands, pendant qu’ils souffrent patiemment leurs peines, pendant qu’ils s’amusent vainement à prier des Dieux et des saints qui ne les entendent point, pendant qu’ils s’amusent à des dévotions vaines, pendant qu’ils accomplissent dévotement les pœnitences et les mortifications, qui leur ont été enjointes après la vaine et superstitieuse confession de leurs péchés, et enfin pendant que ces pauvres peuples s’épuisent jours et nuits au travail en suant sang et eau pour avoir chétivement de quoi vivre pour eux, et pour avoir de quoi fournir abondamment aux plaisirs et aux contentemens de ceux, qui les rendent si malheureux dans la vie.

Ah ! Mes chers amis, si vous connoissiez bien la vanité et la folie des erreurs, dont on vous entretient, sous prétexte de religion, et si vous connoissiez combien injustement et combien indignement on abuse de l’autorité, que l’on a usurpé sur vous, sous prétexte de vous gouverner, vous n’auriez certainement que du mépris pour tout ce que l’on vous fait adorer et respecter, et vous n’auriez que de la haine et que de l’indignation pour tous ceux, qui vous abusent, qui vous gouvernent si mal, et qui vous maltraitent si indignement. Il me souvient à ce sujet d’un souhait que faisoit autrefois un homme, qui n’avoit ni science ni étude ; mais qui, selon les aparences ne manquoit pas de bon sens pour juger sainement de tous les détestables abus et de toutes les détestables cérémonies, que je blâme ici. Il paroit par la manière d’exprimer sa pensée, qu’il voïoit assez loin et qu’il pénétroit assez avant dans le mistère d’iniquité, dont je viens de parler, puisqu’il en reconnoissoit si bien les auteurs et les fauteurs. Il souhaitoit, disoit-il, par raport au sujet dont je parle, que tous les grands de la terre et que tous les nobles fussent pendus et étranglés avec les boïaux des prêtres[1]. Cette expression ne doit point manquer de paroître assez rude et grossière, mais il faut avouer qu’elle est franche et naïve. Elle est courte, mais elle est expressive ; puisqu’elle exprime assez en peu de mots tout ce que ces sortes de gens-là méritent. Pour ce qui est de moi, mes chers amis, si j’avois un souhait à faire sur ce sujet (et je ne manquerois pas de le faire, s’il pouvoit avoir son effet) je souhaiterois d’avoir les bras et la force d’un Hercule pour purger le monde de tout vice et de toute iniquité, et pour avoir le plaisir d’assommer tous ces monstres d’erreurs et d’iniquité, qui font gémir si pitoïablement tous les peuples de la terre. Ne pensez pas, mes chers amis, que je sois poussé ici par aucun désir particulier de vengeance, ni par aucun motif d’animosité ou d’intérêt particulier ; non, mes chers amis, ce n’est point du tout la passion, qui m’inspire ces sentimens-là, ni qui me fait parler et écrire ainsi : ce n’est véritablement que le zèle que j’ai pour la justice et pour la vérité que je vous vois d’un côté si indignement oprimée, et l’aversion que j’ai du vice et de l’iniquité, que je vois d’un autre côté si insolemment régner partout. On ne sauroit trop avoir de haine ni trop d’aversion pour des gens, qui causent partout tant de si détestables maux et qui abusent si universellement les hommes. Quoi ! n’auroit on pas raison de banir et de chasser honteusement d’une ville et d’une province des charlatans trompeurs, qui, sous prétexte de distribuer charitablement au public des remèdes et des médicamens salutaires et efficaces, ne feroient qu’abuser de l’ignorance et de la simplicité des peuples, en leur vendant bien chèrement des drogues et des onguens nuisibles et pernicieux ? Oui, sans doute, on auroit raison de les banir et de les chasser honteusement comme des infames trompeurs. De même n’auroit-on pas raison de blâmer ouvertement et de punir sévèrement tous ces brigands et tous ces voleurs de grands chemins, qui se mêlent de dépouiller, de tuer et de massacrer inhumainement ceux, qui ont le malheur de tomber entre leurs mains ? Oui, certainement, ce seroit bien fait de les punir sévèrement, on auroit raison de les hair et de les détester ; et ce seroit même très-mal fait de souffrir qu’ils exerçassent impunément leurs brigandages. À plus forte raison, mes chers amis, aurions-nous sujet de blâmer, de hair et de détester, comme je fais ici tous ces ministres d’erreurs et d’iniquités, qui dominent si tiranniquement sur vous, les uns sur vos consciences, les autres sur vos corps et sur vos biens, les ministres de la religion, qui dominent sur vos consciences, étant les plus grands abuseurs de peuples, et les princes et autres grands du monde, qui dominent sur vos corps et sur vos biens, étant les plus grands voleurs et les plus grands meurtriers, qui soient sur la terre. Tous ceux, qui sont venus, disoit Jesus-Christ, sont des larrons et des voleurs. Omnes quotquot venerunt, fures sunt et latrones. Jean, X : 8.

Vous-direz, peut-être, mes chers amis, que c’est en partie contre moi-même que je parle, puisque je suis moi-même du caractère et de la même profession de ceux, que j’apelle ici les plus grands abuseurs de peuples. Je parle, il est vrai, contre ma profession, mais nullement contre mon inclination, ni contre mes propres sentimens : car, comme je n’ai jamais guères été de légère croïance, ni guères enclin à la superstition, et que je n’ai jamais été si sot, que de faire aucun état des mistérieuses folies de la religion ; je n’ai jamais eu non plus d’inclination d’en faire les exercices, ni même d’en parler avec honneur, ni avec aprobation ; au contraire j’aurois toujours bien plus volontiers témoigné ouvertement le mépris que j’en faisois, s’il m’eût été permis d’en parler suivant mon inclination et suivant mes sentimens. Et ainsi, quoique je me sois laissé assez facilement conduire dans ma jeunesse à l’état ecclésiastique, pour complaire à mes parens, qui étoient bien aises de m’y voir, comme étant un état de vie plus doux, plus paisible et plus honorable que celui du commun des hommes ; cependant je puis dire avec vérité que jamais la vûë d’aucun avantage temporel ne m’a porté à aimer l’exercice d’une profession si pleine d’erreurs et d’impostures. Je n’ai jamais pu me faire au goût de la plupart de ces gaillards et plaisans messieurs, qui se font un si grand plaisir de prendre et de recevoir avec avidité les grosses rétributions des vaines fonctions de leur ministère. J’avois encore plus d’aversion de l’humeur railleuse et boufone de ces autres messieurs, qui ne pensent qu’à se donner agréablement du bon tems avec les gros revenus des bons bénéfices, qu’ils possèdent, qui se raillent plaisamment entr’eux des mistères, des maximes et des cérémonies de leur religion, et qui se moquent encore de la simplicité de ceux, qui les croïent et qui dans cette croïance leur fournissent si pieusement et si abondamment de quoi se divertir et vivre à leur aise. Témoin ce pape[2], qui se moquoit lui-même de sa dignité, et cet autre[3], qui disoit en plaisantant avec ses amis, ah ! que nous sommes enrichis par cette fable de Christ. Ce n’est pas que je blâme les risées, qu’ils font agréablement de la vanité des mistères et des momeries de leur religion, puisqu’ils sont effectivement dignes de risées et de mépris, (bien simples et bien ignorans sont ceux, qui n’en voïent pas la vanité), mais je blâme cette apre, cette ardente et cette insatiable cupidité, qu’ils ont de profiter des erreurs publiques, et cet indigne plaisir, qu’ils prennent de se railler de la simplicité de ceux, qui sont dans l’ignorance, et qu’ils entretiennent eux-mêmes dans l’erreur. Si leur prétendu caractère, et si les bons bénéfices, qu’ils possèdent, leur donnent lieu de vivre si grassement et si tranquilement aux dépens du public, qu’ils soient donc au moins un peu sensibles aux misères de ce même public, qu’ils n’agravent point la pésanteur du joug des pauvres peuples, en multipliant par un faux zèle, comme font plusieurs, le nombre des erreurs et des superstitions, et qu’ils ne se moquent point de la simplicité de ceux, qui, par un si bon motif de piété leur font tant de bien, et qui s’épuisent pour eux. Car c’est une ingratitude énorme et une perfidie détestable que d’en user ainsi envers des bienfaiteurs, comme sont les peuples envers les ministres de la religion, puisque ce n’est que de leurs travaux et de la sueur de leur corps, qu’ils tirent toute leur subsistance et toute leur abondance.

Je ne crois pas, mes chers amis, vous avoir jamais donné sujet de penser que je fusse dans ces sentimens-là, que je blâme ici ; vous auriez pû au contraire avoir remarqué plusieurs fois, que j’étois dans des sentimens fort contraires et que j’étois fort sensible à vos peines. Vous auriez pû remarquer aussi que je n’étois pas des plus attaché à ce pieux lucre des fonctions de mon ministère, les aïant assez souvent faites sans en rechercher les rétributions, comme j’aurois pû faire, et n’aïant jamais été un couveur de gros bénéfices, ni un chercheur de messes et d’offrandes. J’aurois toujours pris beaucoup plus de plaisir à donner qu’à recevoir, si j’eusse eu le moïen de suivre en cela mon inclination ; et en donnant j’aurois toujours eu volontiers plus d’égards pour les pauvres que pour les riches, suivant cette maxime du Christ, qui disoit, qu’il vaut mieux donner que recevoir, beatius est magis dare quam accipere[4], et suivant cet autre du Sr. de Montagne[5], qui recommandoit à son fils de regarder toujours plutôt vers celui, qui lui tendroit le bras, que vers celui qui lui tourneroit le dos. J’aurois volontiers fait comme faisoit le bon Job[6] dans le tems de sa prospérité, j’étois, disoit-il, le père des pauvres, j’étois l’œil de l’aveugle, le pié du boiteux ; oculus fui cœco et pes claudo, pater eram pauperum… J’aurois volontiers ravi aussi bien que lui, la proïe des mains des méchans, et je leur aurois, aussi volontiers que lui, cassé les dents et les machoires conterebam malas iniqui, et de dentibus illius auferebam prœdam[7]. Il n’y a que les grands cœurs, disoit le sage Mentor à Telemaque[8], qui cherchent combien il y a de gloire à être bon. Et à l’égard des faux et fabuleux mistères de votre religion, et de tous ces autres pieux, mais vains et superstitieux devoirs et exercises que votre religion vous impose, vous savez bien aussi, ou du moins vous aurez pû assez facilement remarquer, que je ne m’attachois guères à la bigoterie, et que je ne faisois guères d’état de vous en recommander la pratique. J’étois néanmoins obligé de vous instruire de votre religion et de vous en parler au moins quelque fois, pour m’acquiter comme de ce faux devoir auquel je m’étois engagé en qualité de curé de votre paroisse, et pour lors j’avois le déplaisir de me voir dans cette facheuse nécessité d’agir et de parler entièrement contre mes propres sentimens, d’avoir le déplaisir de vous entretenir moi-même dans de sotes erreurs et dans de vaines superstitions, que je haïssois, que je condamnois et que je détestois dans le cœur : mais je vous proteste que ce n’était jamais qu’avec peine, et avec une extrême répugnance, que je le faisois ; c’est pourquoi aussi je haïssois grandement toutes les vaines fonctions de mon ministère, et en particulier toutes ces idolatriques et superstitieuses célebrations de messes, et ces vaines et ridicules administrations de sacremens, que j’étois obligé de vous faire. Je les ai mille et mille fois maudites dans le cœur, lorsque j’étois obligé de les faire, et particulièrement lorsqu’il me falloit les faire avec un peu plus d’attention et avec un peu plus de solemnité qu’à l’ordinaire : car voïant pour lors que vous vous rendiez avec un peu plus de dévotion à vos Églises, pour assister à quelques vaines solemnités, ou pour entendre avec un peu plus de dévotion, ce que l’on vous fait accroire être la parole de Dieu même, il me sembloit que j’abusois plus indignement de votre bonne foi, et que j’en étois par conséquent d’autant plus digne de blâme et de reproche ; ce qui augmentait tellement mon aversion pour ces sortes de vaines cérémonieuses fonctions, que j’ai été cent et cent fois sur le point de faire éclater publiquement et indiscrètement mon indignation, ne pouvant presque plus dans ces occasions-là cacher mon ressentiment, ni retenir dans moi-même l’indignation que j’en avois. J’ai cependant fait en sorte de la retenir, et je tâcherai de la retenir jusqu’à la fin de mes jours, ne voulant pas m’exposer durant ma vie à l’indignation des prêtres, ni à la cruauté des tyrans, qui ne trouveroient point, ce leur sembleroit-il, de suplices assez vigoureux, pour punir une telle prétendue témérité. Je suis bien aise, mes chers amis, de mourir aussi paisiblement que j’ai vécu, et d’ailleurs ne vous aïant jamais donné sujet de me souhaîter du mal, ni de vous réjouir s’il m’en arrivoit aucun, je ne crois pas que vous seriez bien aise de me voir persécuté et tirannisé pour ce sujet : c’est pourquoi j’ai résolu de garder le silence.

Mais puisque cette raison m’oblige présentement de me taire, je ferai au moins ensorte de vous parler après ma mort : c’est dans ce dessein que je commence à écrire ceci, pour vous désabuser, comme j’ai dit, autant qu’il seroit en mon pouvoir, de toutes les erreurs et de toutes les superstitions dans lesquelles vous avez été élévés et nourris et que vous avez, pour ainsi dire sucés avec le laict. Il y a assez longtems que les pauvres peuples sont misérablement abusés de toutes sortes d’idolatrie et de superstitions ; il y a assez longtems que les riches et les grands de la terre pillent et opriment les pauvres peuples : il seroit tems de les désabuser par tout, et de leur faire connoître par tout la vérité des choses. Et si, pour adoucir l’humeur grossière et farouche du commun des hommes, il a fallu autrefois, comme on le prétend, les amuser par de vaines et superstitieuses pratiques de religion, afin de les tenir plus facilement en bride par ce moïen-là, il est certainement encore plus nécessaire maintenant de les désabuser de toutes ces vanités-là, puisque le remède dont on s’est servi est devenu avec le tems pire, que n’étoit le premier mal. Ce seroit à faire à tous les gens d’esprit et aux personnes les plus sages et les plus éclairés à penser sérieusement, et travailler fortement à une si importante affaire, en désabusant partout les peuples des erreurs, où ils sont ; en rendant partout odieuse et méprisable l’autorité excessive des grands de la terre ; en excitant partout les peuples à secouer le joug insuportable des tyrans, et en persuadant généralement à tous les hommes ces deux importantes vérités : que pour se perfectioner dans les arts, qui sont utiles à la société et à quoi les hommes doivent principalement s’emploïer dans la vie, ils ne doivent suivre que les seules lumières de la raison humaine ; et que pour établir de bonnes loix, ils ne doivent suivre que les seules règles de la prudence et de la sagesse humaine, c’est-à-dire les règles de la probité, de la justice et de l’équité naturelle, sans s’amuser vainement à ce que disent des imposteurs, ni à ce que font des idolâtres déicoles ; ce qui procureroit généralement à tous les hommes mille et mille fois plus de biens, plus de contentement et plus de repos du corps et de l’esprit, que ne sauroient faire toutes les fausses maximes, ni toutes les vaines pratiques de leurs superstitieuses religions.

Mais puisque personne ne s’avise de donner cet éclaircissement-là aux peuples, ou plutôt puisque personne n’ose entreprendre de le faire, ou même, puisque les livres et les écrits de ceux, qui auroient déjà voulu l’entreprendre, ne paroissent pas publiquement dans le monde, que personne ne les voit, qu’on les suprime à dessein, et qu’on les cache après aux peuples afin qu’ils ne les voïent pas, et qu’ils ne découvrent pas, par leur moïen, les abus, les erreurs et les impostures, dont on les entretient, et qu’on ne leur montre au contraire que les livres d’une multitude de pieux ignorans ou hipocrites séducteurs qui, sous ombre de piété, ne se plaisent qu’à entretenir et même à multiplier les abus, les erreurs et les superstitions, puis, dis-je, que cela est ainsi, que ceux qui, par leur science et par leur bel esprit, seroient les plus propres à entreprendre, et à exécuter heureusement pour les peuples, un si beau, un si bon, un si grand et un si louable dessein, que seroit celui de désabuser les peuples, ne s’attachent eux-mêmes dans les ouvrages, qu’ils donnent au public, qu’à favoriser, qu’à maintenir et augmenter le nombre des erreurs, et d’agraver le joug des superstitions, au lieu de tâcher de les abolir, et de les rendre méprisables, et qu’ils ne s’attachent aussi qu’à flatter eux-mêmes les grands, et à leur donner lachement mille louanges indignes, au lieu de blâmer hautement leurs vices, et de leur dire généreusement la vérité, et qu’ils ne prennent un si lâche et si indigne parti, que par des vues de basse et d’indigne complaisance, ou par de laches motifs de quelque intérêt particulier, pour mieux faire leur cour, et pour en mieux valoir eux et leurs familles ou leurs associés etc, j’essaïerai, moi, tout foible et tout petit génie que je puisse avoir, j’essaïerai ici, mes chers amis, de vous découvrir ingénuement la vérité, et de vous faire clairement voir la vanité et la fausseté de tous ces prétendus si grands, si sains, si divins et si adorables mistères, que l’on vous fait adorer, comme aussi la vanité et la fausseté de toutes les prétenduës grandes et importantes vérités que vos prêtres, vos prédicateurs et que vos docteurs vous obligent si indispensablement de croire, sous peine, comme ils vous disent, de damnation éternelle. J’essaïerai, dis-je, de vous en faire voir la vanité et la fausseté : que les prêtres, que les prédicateurs, que les docteurs, et que tous les fauteurs de tels mensonges, de tels erreurs et de telles impostures s’en scandalisent et qu’ils s’en fâchent tant qu’ils voudront après ma mort ; qu’ils me traitent alors s’ils veulent d’impie, d’apostat, de blasphémateur et d’athée ; qu’ils me disent pour lors tant d’injures et qu’ils me chargent de tant de malédictions qu’ils voudront, je ne m’en embarasse guères, puisque cela ne me donnera pas la moindre inquiétude du monde. Pareillement qu’ils fassent pour lors de mon corps tout ce qu’ils voudront ; qu’ils le hachent en pièces, qu’ils le rotissent ou qu’ils le fricassent et qu’ils le mangent encore, s’ils veulent, à quelle sausse ils voudront, je ne m’en mets nullement en peine. Je serai pour lors entièrement hors de leurs prises ; rien ne sera plus capable de me faire peur. Je prévois seulement que mes parens et mes amis pouront, dans cette occasion-là, avoir du chagrin et du déplaisir, de voir ou d’entendre tout ce que l’on pourra faire ou dire indignement de moi après ma mort. Je leur épargnerois effectivement volontiers ce déplaisir ; mais cette considération, si forte qu’elle soit, ne me retiendra cependant pas : le zèle de la vérité et de la justice, le zèle du bien public, et la haine et l’indignation, que j’ai de voir les erreurs et les impostures de la religion, aussi bien que l’orgueil et l’injustice des grands si impérieusement et si tiranniquement dominer sur la terre, l’emporteront dans moi, sur cette autre considération particulière, si forte qu’elle puisse être. D’ailleurs je ne pense pas, mes chers amis, que cette entreprise-ci me doive rendre si odieux, ni m’attirer tant d’ennemis, que l’on pouroit penser. Je pourois même me flatter que si cet écrit tout informe et tout imparfait qu’il est (pour avoir été fait à la hâte et écrit avec précipitation) passoit plus loin que vos mains, ou qu’il eût le sort de devenir public, et que l’on y examinat bien tous mes sentimens et toutes les raisons, sur lesquelles ils seront fondés, j’aurai peut-être, au moins parmi les gens d’esprit et de probité autant d’aprobateurs, que j’aurai ailleurs de mauvais censeurs ; et je puis dès maintenant dire que plusieurs de ceux qui, par leur caractère ou par leur profession de juges et de magistrats, ou autrement seroient par respect humain obligés de me condamner extérieurement devant les hommes, m’aprouveroient intérieurement dans leur cœur.



  1. Erganes, Roi d’Ethiopie, fit mourir tous les prêtres de Jupiter dans une de ses villes, parce qu’ils avoient remplis la ville d’erreurs et de superstitions. Dict. Histor. Le Roi de Babylone fit la même chose aux prêtres de Bel. Dan. XIV : 21.
  2. Jules III.
  3. Boniface VIII.
  4. Acte XX : 35.
  5. Essai de Montagne, Livr. III, Ch. 13.
  6. Job. XXIX : 15, 16.
  7. Ibidem, ibid. 17.
  8. Telem. Tome : 2, pag. 84.