Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume I/YASNA/Hâ32.

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Traduction par James Darmesteter.
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux (I. La Liturgie (Yasna et Vispéred) (Annales du Musée Guimet, tome 21)p. 234-242).




HÂ 32 — GÂTHA ÂHUNAVAITI 5



1-5. Les prétendues vertus sociales et laïques ne sont rien par elles-mêmes sans la foi, sans les vertus religieuses et morales, représentées par la religion de Mazda. Le bon parent (hvaêtush), le bon confrère (verezéna), le bon serviteur (airyaman) 1[1] se présentent à Ahura, lui demandant les récompenses qu’il promet à ses suivants ; il les repousse, parce qu’ils sont infidèles : « Vous n’êtes que des Daêvas ; vous adorez le Mensonge et l’Orgueil, vous arrêtez la marche de la Parole Sainte (3) ; vous égarez les hommes, qui s’éloignent de Vohu Manô (la Bonne Pensée) et perdent l’intelligence des choses divines (4) ; vous les perdez dans les deux mondes en faisant régner Ahriman (5).

6-7. Mais Ahura tient le compte des œuvres et les mondains seront punis : ils ne savent pas les tortures qui attendent à la fin du monde, dans le bain de métal fondu, ceux qui auront fait régner les doctrines du mal.

8-9. Yima leur avait en vain appris qu’on doit donner aux justes la part de sa table. La fortune est une bonne chose, quand on en use bien : mais eux nous dépouillent.

10-15. Invectives contre les diverses sortes de persécuteurs ; contre celui qui jette le mauvais œil, celui qui donne au méchant et qui insulte le juste ; contre celui qui rend la campagne inculte (10) ; celui qui abuse de la force, celui qui dépouille les justes de leurs biens ou de leur foi (11) ; celui qui gaspille la vie animale on la vie humaine, qui ne veut le pouvoir que pour faire le mal, qui préfère l’argent au droit (12) ; celui qui se plaît à faire couler les larmes et empêche d’enseigner la Religion (13) ; celui qui vend la justice ; celui qui tue les animaux pour le plaisir de tuer (1 4) ; qui, ayant le plein pouvoir, n’en use pas pour développer la vie (15).

15-16. Les oppresseurs, aveugles et sourds à la loi d’Ahura (les Kavis et les Karapans), seront anéantis : ceux qui suivent cette loi seront portés par les anges au Paradis. La plus excellente des choses, c’est l’enseignement du bien donné avec clarté et intelligence.

Dhikart, IX ; 9 [Sùtkar)\ 32 ( Varshtmcinsar) ; 54 (/ ? rtiA’). — Le Chn l Gâsûn (p. 14) fait de ce Hâ celui de Spendurmal, la Terre, et de ses seize stances (§ 7) le symbole des seize contrées énumérées dans le Vcndidad 1.

1. Ahyâcâ hvaêtush. — Ils lui demandaient [ses faveurs]’comme parents, comme confrères, comme serviteurs^. « Nous, Daêvas, [disaient-

1. ahyâcâ… yâsat, sous-entendu znk jânî 6.

2. Trois démons, dit le Dînkart, se présentent devant Ahura et lui demandent ses récompenses : « l’un dit qu’il est parent fidèle, l’autre confrère fidèle, l’autre vassal fidèle : nous sommes, disent-ils, les esprits qui font régner la loyauté entre parents, entre vassaux et confrères… ta religion et ta loi sont les nôtres et nous faisons ton désir ; qui t’est ami, nous l’aidons ; qui t’est ennemi, nous le mordons ( ?) : nous te demandons une place dans le Paradis, la récompense des justes » [êvak aigh khvêshUi t adrûjishn havâam.., êvnk-ic aîg/i [v]ârûn^ih î adrùjishn, êvak algh a’irmâmh î adrûjishn havâam gùflan pun danâ atgh : zak ma’tnôg havâ-cm amat nafshâ alrrnân U vârûn êvak Ivatâ tant mitrô là drûjênd… Dinkart, IX, 32, 2).

Ces trois termes hvaêtu, verezéna, airyaman, marquent les trois relations sociales les plus importantes de la vie dans le système des Gàthas :

1® hvaêtu est le parent (ph. p. khvêsh), c’est le lien naturel.

2“ verezéna est traduit en pehlvi vârûn ou vâlûn, qui en dérive et qui a disparu en persan : mais il est traduit en sanscrit svapankti « qui est du même groupe », et quelquefois il est glosé en pehlvi hamsâyak ; hamsâyak signifie littéralement « qui vit sous la même ombre » ; il signifie en persan moderne « voisin » hamsâya (Y. XXXlll, 4 é, cf. note 15 ; XLVI, le ; LXIV, 25, éd. Sp.). Mais le mot « voisin » doit se prendre naturellement dans un sens technique et plus précis que le mot français : ce sont les vicini du droit germanique, c’est-à-dire les membres de la même guild, de la même corporation, ce que rend bien le sanscrit svapankti. La confraternité de sva-pankti peut être, soit celle du clan, soit celle de la corporation, l’une et l’autre ils], notre âme, comme la sienne ^ mérile les joies d’Ahura Mazda. Nous voulons être tes messagers, repousser de loi ceux qui te veulent du mal. »

2. Mais Ahura Mazda, en pleine maîtrise de Voliu Manô du fond de Khshathra et en amitié avec le bel Aslia ®, leur répondit :

« C’est la bonne Spenta-Armaiti que nous aimons’: qu’elle soit en nous !

3. « Mais vous, Daêvas, vous êtes tous l’engeance d’Akem Manô^ ; et celui qui vous sacrifie grandement appartient à la Druj et à l’Orgueil et

si puissante en Orient, l’une et l’autre entraînant voisinage, et la corporation étant le clan en ville ; verezéna semble être resté dans le vieux persan barzan « quartier ». Je traduis verezéna par « confrère », mot qui se prête aux deux directions indiquées.

3“ airyaman est traduit âdeçika « l’obéissant », traduction qui concorde avec la constitution du mot qui est le concret d’àrmaiti ; il marque un lien d’homme à homme, un lien d’hommage ; « ami » qui est le sens du sanscrit aryaman est trop égalitaire, bien que dans un passage (Yasna XL, 4, 10) il soit remplacé dans la nomenclature par hakhemà, hamkhâk\ « homme-lige, vassal » serait peut-être l’équivalent le plus exact ; nous traduisons « serviteur », en prenant le mot au sens le plus relevé.

La traduction littérale du premier vers est : « Il demandait à lui comme parent ; [il demandait] à lui comme confrère, en compagnie du serviteur ». — yàsat, au singulier, chacun des trois mécréants étant supposé parler à part (voir la citation du Dlnkart).

3. Litt. « La joie d’Auhrmazd de lui (Zoroastre) [appartient] à notre pensée, démons » ; c’est-à-dire que « notre pensée est aussi vertueuse que celle de Zoroastre » et nous avons droit aux joies qu’Ahura lui donne.

4. téng : dàrayô ; pluriel d’un adjectif verbal [tèng-] dàri.

5. sâremnô vohù mananhà : « dans la maîtrise de Vahûman, c’est-à-dire que Vahùman loge en lui » ; sàremno, dénominatif de sàra « tête, primauté ».

6. Incarnant la bonne pensée, la souveraineté juste, la sainteté, les vertus des trois premiers Amshaspands.

7. Ce que j’aime avant tout, c’est la piété docile et soumise, et non les vertus civiles dont vous vous réclamez. — Dinkart, l. A, § 6 : « pour s’abstenir des [œuvres des] démons il faut héberger en soi Armaiti [madam pâhi’îjî min shêdâân râi bûndak minishnih pun tan mâhmdnînUan). — C’est à cause de ce vers que le Shâyast consacre ce Hâ à Spenta-Armaiti et à la terre.

8. Vous paraissez là où est Akem Manô « la Mauvaise Pensée » (l’adversaire de Vohu Manô).

9. Suppléer hô devant dmjascà pour le vers et pour le sens. Pehlvi : « celui qui vous sacrifie beaucoup devient plus faux [drôjantar) et plus orgueilleux ». Le culte des vertus mondaines encourage la déloyauté et l’orgueil. à sa suite progresse l’erreur qui fait cesser la sainte parole’* sur les sept parties de la terre

4. « Car vous égarez l’esprit 13 dans les deux mondes 14 et pervertissez les hommes 15 : et les hommes se mettent à dire les choses qu’aiment les Daêvas 16, s’éloignent de Vohu Manô 17, dépérissent de l’intelligence d’Ahura Mazda 18 et de la sainteté.

5. « Vous trompez les hommes et sur le bonheur de la vie et sur l’immortalité quand le mauvais esprit, avec vos pensées mauvaises, ô démons, avec vos actions et vos paroles mauvaises, rapporte l’empire au Méchant »

6. Les criminels seront punis à l’heure et par les instruments qui ont été

10. shyaornàm aipî daibitànà : « en progrès ensuite [sont] les mensonges ».

11. yàisli asrùtlùm « par lesquels il y a non-audition » ; cf. Y. XXXIII, n. 25.

12. « Sur la septade de la terre », sur les sept karshvares de la terre : voir Vispéred X, 1, texte et note.

13. yatyùslitâ (Geldner yùslità) framîmatbà. — f l’aniimatbà est traduit frâj minishn varünêt « vous détournez la pensée », traduction étymologique, le scoliaste ayant cru reconnaître dans la syllabe mî un parent de man ; mais le sens général est exact, quoique 1’ « esprit » ne soit pas exprimé directement : mîmatbà semble un redoublement de mjitb (le sanscrit mantb « agiter » ), pour *inîmanlbatbâ ( ?) ; yùsb est « vous », comme au § 3 ; néanmoins le pehlvi qui, au § 3, rend correctement yùsb par lakûm, le rend ici par ayûjishn « union », comme s’il avait afiaire à un dérivé de yuj ; mais comme il entend par là le couple des deux mondes, le monde céleste et le terrestre, il est possible qu’il n’y ait là qu’une étymologie, les deux mondes étant représentés par le duel tà : cf. tà au vers 5 a.

14. En ce qui touche leurs devoirs envers les êtres du ciel et ceux de la terre.

15. Litt. « en quoi les hommes (deviennent) faisant le pis » (acisbtâ daùtù ; superlatif, quant au sens, de duzh-dào, akù-dào).

16. IJlnkart, l. L, 4 : « ils en viennent à considérer comme le bien parfait ce qui fait plaisir aux démons » (frâj pun ahlâyîhic pdhlûm zak t shêddn dôsidt mlnênd).

17. sizbdyamnà ; P. sîshd aigkshân min rakiük ; N. teslidm dekât Gvahmanas dure dsie.

18. C’est-à-dire qu’ils perdent l’intelligence (Dlnkart : frâj khart barâ nasânênd) ; cf. strophe 9.

19. Glose : « Quand vous dites que c’est par vous que se fait la bonne vie et le nonmourir ».

20. Quand vous faites régner Ahriman par le mal que vous faites, vous détruisez le bonheur des hommes dans ce monde et dans l’autre. — Ici s’arrête le discours d’Auhrmazd. Les vieux manuscrits ont au § 3 la glose marginale pasukhi Aulirmazd « réponse d’Auhrmazd » et aux §§ 4-5 frâj gavishni Aulirrnazd « discours d’Auhrmazd » : ils mettent les strophes suivantes dans la bouche de Zoroastre. dits-*. 0 Aluira, lu sais d’un excellent esprit" faire juste compte*’, et quand toi et Asha aurez l’empire, les hommes seront instruits et sauront.

7, Ces pécheurs ne savent pas le châtiment éclatant *’qu’ils attirent sur eux par leurs enseignements *®, le châtiment annoncé, au moyen du pur métal mais toi, Ahura Mazda, tu connais bien leurs crimes

8. Ces pécheurs avaient pourtant entendu Yima, fils de Vîvanliat, qui enseigna aux hommes de nous donner une part de la viande qu’ils mangent

21. pouru-aènào énàkhshtà:énàkhshtâ est rendu, par fausse étymologie, Mn hoyaIninUiU « vengeance est désirée », ënîi étant rapproché de acnah; énàklishtà est sans doute un désidératif de àz. — Ils seront punis « à l’heure où les âmes rentreront dans les corps »:en ce moment « l’airain fondu, versé à Ilot sur la terre, torturera les méchants, laissera les justes indemnes » [Dhikorl, l. L. 25).

22. Avec justice parfaite.

23. liàtà marànè… vùistà « tu sais compter les choses » (marànê, infinitif de mar ; cf. iirvànè, Y. XXXI, 2, n. 5); de là le nom d’Ahura, hâta marenish, Yt. I, 7. — Cf. Mazdâo sahvâré mairishtù, Y. XXIX, 4 a, n. 18.

24. séùghù vidàm « il y a enseignement de sachants ». Glose:« Quand vous aurez la souveraineté parfaite, chacun connaîtra la vertu ».

25. àj « ’)i (K® ; Geldner aojùl ; le pehlvi zanishn prouve la lecture âjoi, traité comme àz dans le upâzananàm iipâzoît du Vendidad, madam zanishn madam zanêt) hàdrùyâ ; zanish rôshan. Glose ; « ils ne savent pas quel châtiment et combien grand attend leur âme ». àjùl était sans doute analysé en â-jùi; voir note suivante.

26. yà jôyâ séùghaitè : man zanish amùkhütid, « quel châtiment ils enseignent », c’est-à-dire que « pour les choses qu’ils enseignent leur âme sera frappée ». jùyà est un dérivé de ja = jan ; jùya est pour jâ-ya ; âjôi (note précédente) est à-jôl de à-ja.

27. « Qui les mordra ». Il s’agit du métal fondu qui doit torturer et consumer les impuretés humaines à la résurrection ; voir plus haut, Y..XXX, 11, note 39. — hvaènà ayaiihâ est rendu dans Nériosengh uttamena lohena : il semble donc voir dans hvaêna un dérivé de hu ; je traduis « pur » par conjecture : hvaêna a le suffixe des noms de matière : serait-ce « le métal de bonne qualité » ?

28. Ou peut-être « les criminels » : irikhtem : P. raspak ; N. krûrakarmakritdm (qui accomplissent des actes cruels). C’est erekhtem qui forme le second terme de l’expression ùôkht. êrakhl (voir Y. XXXI, note 15), où il s’oppose à hôkhl « pur, innocent ».

29. Yé mashyéng cikhshnushô ahmakerig gâush l)agâ hvâremnù : manasli 6 anshûlâân cdshit aîgh landîgdn basryd pnn hajishn vashtamûmt « qui enseigna aux hommes à manger avec distribution (N. daxinayd) de viande aux nôtres ». — cihhshnushù, de khshnu « savoir, faire savoir » ; cf.khshnùt « connaissance » Y. XXXI, note 11. On serait tenté de traduire : « qui réjouit les hommes (de khshnu « réjouir », d’où khshnaothra), en nous donnant une part de la viande qu’il mange » ; c’est ainsi qu’entend le Dînkart, l. /., § 12 [a.sh. shnâymU mariûm) ; dans un cas comme dans l’autre, hvâremnù se rapporte à Yima : « il enseigna (ou il réjouit) les hommes, Ceux d’entre eux qui sont ainsi à moi, ô Mazda, seront plus tard tes élus

9. La parole du mauvais maître^* fait périr par ses enseignements l’intelligence des vivants Ils m’enlèvent les biens de la fortune, qui sont pourtant une chose désirable [quand ils appartiennent] à Yohu Manô^^. C’est pour ces paroles de ma pensée^® que vers vous, ô Mazda et Asha, je pleure.

10. Cet bomme-là fait périr ma parole qui jette le mauvais œil et le charme sur le bœuf etsurlesoleiP’; et aussi celui qui donne au méchant^® ;

mangeant avec ciislribution de viande à nous ». La paraphrase de Dînkart est très obscure : elle semble indiquer qu’il ne faut pas gaspiller et jeter la viande, ni tuer inutilement, mais seulement pour son besoin et celui de ses serviteurs (Cf. Y. XXIX, note 8 et plus bas stance 14).

30. aèshàmcit [yôi] à ahml thwabmi Mazda vîcitliôi aipi : « de ceux-là, ceux qui [sont] en moi (— à moi), seront, ô Mazda, en ton choix plus tard ». ahnii « en moi » est glosé dar zak gâsân « dans les Gâthas » et li pun gàsânîgili barâ dôsliH « ils m’aiment dans la religion des Gâthas ». Fràmji ; « Ceux qui aiment la parole de mes Gàthas, toi aussi, Hormazd, tiens-les pour bons. »

31. Les mauvaises doctrines.

32. La détruit ; cf. strophe 4. — jyàtéush « la vie, ce qui a vie » [zivishnômand) est un collectif.

33. apayaùtà, àpûrt ; cf. Il b, n. 42, apayèiti = skôcrûnad.

34. A la Bonne Pensée, c’est-à-dire quand ils sont aux mains de croyants qui en font bon usage [amat pun frârûnih yakksanûnand) et en suivant les indications de Zoroastre [khvâstak pun dastôbar i li apâgat dàsklan). L’hérésie et l’incrédulité vident la caisse religieuse.

35. ta ukhdhà mauyéush maliyà ; la bonne parole et la bonne pensée étant méprisées : « de ce que la religion des Gâthas ne marche pas, je me plains ».

36. « Il fait que la Religion ne marche pas » [aigkash aravâkik ô dîn gahbûnêt) ; car il fait précisément le contraire de ce que Zoroastre ordonne.

37. Litt. « qui parle en regardant très méchamment de ses deux yeux le bœuf et le soleil » (cf. Y. IX, 29, 91). Cette strophe est récitée comme exorcisme contre le mauvais œil [Rivàyat J.D. p. 40 a).

38. dàthéùg drejjvatù dadàt « qui donne des dons au méchant « . Cf. XXXI, 14, n. 54 et XLVI, notes 67, 78. — « Quand l’on fait une largesse ou une libéralité, dit le Saddar, chap. xxix, il faut la faire à des gens qui en sont dignes. Il faut se demander : Cet homme à qui je fais ce don est-il digne ou non ? Et il faut bien prendre peine pour ne pas donner à l’indigne. Car dans la Loi (zz : l’Avesta), si quelqu’un lait une libéralité à l’indigne, on appelle cela œuvre sotte et don sans profit. Chaque jour grandit pour le donateur le châtiment et la torture, et l’objet donné, c’est comme s’il l’avait détruit. » et celui qui désole la campagne^’* ; et celui qui insulte le juste^".

1 1. Et me font aussi périr les méchants qui cherchent leur vie dans [les abus de] la force^*:celui qui enlève leurs biens à la maîtresse et au maître de maison’^— ; et ceux qui dépouillent de Vohu Manô le juste excellent’’h ô Mazda;

12. et ceux qui vont meurtrissant les hommes et s’écriant que c’est la plus belle des choses^:ceux-hà Mazda les maudit et ceux qui massacrent les animaux de gaîté de cœur^®, elle Karapan qui préfère l’argent au droit et cherche le pouvoir pour faire le mal;

39. vàstrâ TÎvàpat:vâstar vîydpânînU « qui rend les champs incultes ». viyâpân, persan Inâbân; cf. p. 119, note 10.

40. vadaré vôizbdat ashâunê : pmkafatayâ nindâm dadnti muktâtmanâm : Cf. Y. IX, notes 92, 96.

41. Cette traduction ne rend que le sens général qui est établi par les gloses ; « ils disent : si l’on veut vivre, ce n’est que dans notre voie… ils font le mal dans la qualité de chef et de suivant [pun pêshôpâih û pasûpâih vinâs obdûnênd). Le détail est douteux, à cause de l’énigmatique cikoiteresh.

42. apayèiti raêkbiianhô vaèdêm : shôcrûnad zâk rêkhn vindisim, « il enlève possession des biens » (raèkbuô, ph. rêkhn-, Fr.\mji : matâ « biens » ; c’est le védique rèknas). Ils confisquent le bien des particuliers « pour le donnner à leurs amis » aïyh khvdstak bard 6 hamîh [ ? lire hamkhah : Framjî : poldnâ ydrônê^ yahbûnêt).

43. De sa vertu. Il s’agit de l’Ashemaogha « qui ébranle le caractère du juste affermi dans la vertu » (nihdfak î shapirdn pun frdrûn\h anakhtûnt bard ramttûnU) P.

44. J à ràoûbayeii sravaiibà | vabisbtàt sbyaotbauât maretànù ; litt. « par laquelle parole ils font le mal aux hommes de par excellente action » ; le pelilvi, renversant verbe et substantif, traduit : « man rêsh srdyind pahlûm kuniskn ô anshûtddn, ceux qui chantent que faire le mal est la plus belle action à l’égard des hommes » : il s’agit « des tyrans qui se jouent de la vie humaine » [sdsldrdn apatmdn kûshishnî/i ; Nériosengh a lu kôkhshishnïh « les luttes continuelles des tyrans » et traduit anydyindm apramdnayuddhatvam).

45. akâ mraot : P. zanishn yûft’, N. vighdtam abravU, « leur annonce le coup ».

46. urvfikbsbukbtî « en parlant gaiement » [urvdkhmanîh yamlalûnand). Ils tuent le bétail sans besoin et en riant ; cf. stance 14, note 59.

47. Litt. « Et ceux par qui l’argent est préféré au droit, le karapan » (le tyran sourd à la parole divine ; v. Yasna, IX, n. 55) ; grcbma, l’argent mal gagné ; le ph. garde le mot yrakmak (grahrnak min ahldyi/i dôshît-tar ;… aîghskân khvdstak shapir maduiiimùnil aîgh kàr u karfak « ils aiment le grahrnak plus que la vertu ; c’est-à-dire qu ils considèrent l’argent comme meilleur que les bonnes œuvres » ). N. a laiicd, corruption, concussion (phi. pdrak, 13 a).

48. Litt. « et [il préfère] la fraude (ou la Druj) cherchant le pouvoir ». Glose ; « et ils désirent le pouvoir avec fraude ». « Broyer le Hôm et rUrvarâm ; sonner avec le Hâvan ; verser le zôhv, liltrer sur le filtre à Hôm placé sur le vase à lait^ »  » •

13. et ceux qui désirent le pouvoir pour en faire argent^", hantés des plus viles pensées^’; et ces destructeurs de ce monde qui ne désirent que gémissements ô Mazda, et qui empêchent l’apôlre de ta parole d’enseigner le Bien

14. Celui qui vend le pouvoir pour l’argenl^^ a livré son intelligence aux Kavis^“ ; et aussi le juge fourbe®^ qui vient au secours du méchant et celui qui faisant égorger le bœuf raille et dit que la boucherie est le secours qui écarte la mort

49. Hôm U urvardm kôflan, ukàvan skikdflan, zÔ7’dar karlan, pun hôm-pdlak kartan man rnadam rôlshài jtvddn ijakoijamCinêt.

50. Litt. « Le pouvoir que désire le grebma » (note 47).

51. Litt. « dans la demeure delà très mauvaise pensée » ; c’est lui-même ()ui est cette demeure. Glose : « il se dit : Je donne cent, je recevrai deux cents » : yrehma est ici l’usure.

52. Le pehlvi l’entend du monde spirituel : « ils détruisent le lieu de là-bas », (ou « sa place là-bas » ) ; le Uinkart, l. L, § 22, entend les deux mondes : « ils détruisent leur âme et détruisent le monde ».

53. yaécà… jigerezat kùmé ; litt. « et ceux que on gémit à leur souhait », c’est-àdire « dans leur domination, ce qu’ils désirent, c’est que les hommes soient en lutte l’un avec l’autre ».

54. Litt. « il garde (— il empêche) l’apôtre de ta parole » (c’est-à-dire le chef de la religion « pêshpdl pun dm) de la démonstration de l’Asha ». Glose : c’est-à-dire que « l’Aharmôk l’empêche de faire bonnes œuvres » ; ou peut-être : « il empêche l’Aharmôk de faire bonnes œuvres » (en empêchant les missionnaires de l’éclairer).

55. aliyâ grebmô à-hùithôi ; traduction conjecturale : old yuan pun grahmak masïh, « celui pour qui grandeur est dans le grahmak, c’est-à-dire qui donne pouvoir pour corruption ». Litt. « de lui corruption dans l’âhôitba », àhôitha signifiant masih, mahattvam.

56. Les tyrans aveugles à la vérité (voir Y. IX, note 55).

57. Traduction tout à fait hypothétique : varecâo hicà fraidivâ ; le texte pehlvi a : varjândn apdrùn ddndkdn u frdî-ddtistdn, man pun apdrûnth anband ( ?) pun babâ yak/isanûnd. varecâo désigne ici l’habileté mauvaise (apdrùn ddndkdn-, cf. Vd. XX, 1 où varjômand, non qualifié, est dândk) : fraidivâ — frâi ddlistdn P., prabhûta nydya N., ce qui semble désigner les excès de la justice : le texte de la glose pehlvie est mal établi : le mot que je transcris anband (d’après une glose marginale du Yasna de Burnouf) peut être hûbôd-, et le sanscrit samcayam prouve que Nériosengh lisait anbdr : J* et Pt* ont bùn au lieu du babd&Q Spiegel : mais le dvdra de Nériosengh prouve babd-, rien ne répond à bîcâ et l’on serait tenté de corriger en varcâonhicâ, si les manuscrits n’étaient tous d’accord dans la coupe.

58. En rendant jugement en sa faveur.

59. saocayat, traduit gûft « il dit » ; je le traduis d’après saoca « raillerie » [afsôs, 15. Puisqu’ils ne se convertissent pas*^®, les sourds et les aveugles seront anéantis®— ; et ceu.A-là aussi qui, ayant le plein pouvoir, ne donnent point la vie®\.. Mais les tiens seront portés par les deux [anges] dans la demeure de Vohu Manô®®.

1 6. La plus excellente des choses, c’est l’enseignement vertueux [donné] avec intelligence®®, par l’homme capable, ô Mazda Ahura, d’éclaircir mes doutes®’; car au méchant viendra la soutîrance et [viendra] la récompense qu’il mérite à celui qui désire proclamer [la loi].

17. Dans ma prière, les mains tendues… (Y. XXVIII, 1 ; 2 fois).

Yathà ahù vairyô (4 fois).

Ashem vühù (3 fois).

Nous sacrifions au Hà Ahyâcâ hvaêtush.

Yénhê hâtàm.

Yt. XXII, 13 ; cf. Etudes iraniennes, II, 131), et d’après urvâkhshukLti (plus haut, stance 11, note 46).

60. anàîsli (~ an-àish) : an-yâlûnishn râi, amat harâ 6 danà din là yâtûnand : « pour ne pas venir, c’est-à-dire s’ils ne viennent pas à cette religion » : cf. Y. XXVIII, 9, note 33.

61. Voir Y. IX, note 55.

62. à vi nénàsâ, hard avin ijahvûnand « deviennent invisibles, s’évanouissent ».

63. Qui, ayant ta pleine puissance, n’en usent pas pour protéger ou développer la vie du monde.

64. « Haurvatât et Ameretât » qui nourrissent les âmes des bienheureux au Paradis : Yt. 1, 25.

65. M Dans le Garôthmân », le Paradis ; cf. Vd. XIX, 31, 102.

66. yé ushuruyê syascit dahmayà (Geldner dahiuahyà ; l’enseignement de l’homme de bien) ; punfrâkh ôshih àmûkhtiskn zak i dàhraihâ i veh martihâ « l’enseignement (syascit) avec large intelligence vertueusement ». La traduction adverbiale dàhmllid, véh marlikd, favorise la lecture dahmayà contre dahmahyà ; frdkli ôshih est une traduction étymologique, ushuru, dans lequel ru est sans doute un simple suffixe, étant décomposé en ushi et vouru.

67. yèhyà mà aithishclt dvacthà : aitliish est rendu dshkdrak’, faudrait-il corriger en haithish, dshkdrak étant la traduction ordinaire de haithya ? Ce qu’il y a d’étrange, c’est que le dernier vers de la strophe semble présenter une faute d’orthographe du même genre : ahhayà est traduit arjdnigih, ce qui semble renvoyer à banayâ ; ce sont deux fautes, si faute il y a (car il faudrait en supposer une encore au Hâ L, 3 a), qui s’e.xpliqueraient assez bien dans l’hypothèse que dans la copie d’où dérivent nos manuscrits cette strophe a été écrite sous la dictée.


  1. 1. Voir la note 2.