Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume I/YASNA/Hâ43.

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Traduction par James Darmesteter.
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux (I. La Liturgie (Yasna et Vispéred) (Annales du Musée Guimet, tome 21)p. 277-285).




GÂTHA USHTAVAITI



La Gâtha Ushtavaiti, ainsi nommé du Hâ qui l’ouvre (Hâ Ushtâ ahmâi), contient quatre Hàs, composés sur le rythme 5 (4 + 7) : c’est-à-dire que la strophe est formée de cinq vers 1[1] et que chaque vers compte onze syllabes, divisées par la césure en deux hémistiches de quatre et de sept syllabes.

La première strophe de la Gâtha(XLIII, 1) est répétée à la fin de chacun des quatre hâs qui la composent, comme pour l’Ahunavaiti : ce refrain est suivi de trois Ashem vohû, de l’invocation du Hâ et d’un Yênhê hâtâm ; mais il ne contient pas l’Ahuna vairya qui est propre à l’Ahunavaiti (v. page 203).

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HÂ 43 (42). — GÂTHA USHTAVAITI 1



1-3. Récompense promise à l’homme qui fait du bien à l’homme et à Dieu. Il recevra les joies de la vie éternelle. Celui qui nous enseigne dans le bien recevra le bonheur dans ce monde et dans l’autre.

4-6. Puissance et bienfaisance d’Ahura qui étend sa force secourable dans les deux mondes, qui décide entre le bien et le mal par le feu brûlant du Var nirang (v. XXXI, n. 13) ; qui, dès le début, a fixé le sort de bonheur et de misère qui adviendra aux bons et aux méchants à la fin du monde, alors qu’il se manifestera victorieusement avec Khshalhra, lo Pouvoir juste, et Vohu Manô, la Pensée vertueuse. 7-10. Le Prophète a rencontré Vohu Manô, qui lui demande à qui il est cl ce qu’il veut. Il veut écraser le méchant, assurer le bonheur et le triomphe du juste en louant Mazda et se donnant à lui. 11 veut servir le feu d’Ahura et se consacrer au bien tout entier. Mais que Mazda le guide, lui donne la sainteté à laquelle il aspire, la parfaite communion avec le Bien. Pour obtenir cette sainteté, répond Mazda, qu’il l’interroge : plus il interrogera Dieu, plus il sera fort.

H-14. Il est difficile, se plaint Ahura, d’amener les hommes à la vérité : c’est à cette œuvre que le Prophète veut se consacrer. Mais que Dieu ne lui reproche pas l’indocilité des hommes tant qu’il n’aura pas, pour faire triompher sa loi, l’appui d’un lidèle puissant qui suive les inspirations du Prophète (Vîshlâspa).

Nul comme Zoroaslre n’a enseigné Ahura aux hommes : qu’il obtienne donc son vœu de l)onheuràla vie future ! Qu’il soit récompensé d’avoir instruit les hommes !

15-16. Il demande un signe auquel on puisse reconnaître le bon du méchant. Puissent les mortels en qui vient prendre corps la sainteté obtenir vie et force !

Cette Gâtha étant, au moins dans ses premières hgnes, celle de l’espoir et de la joie méritée, est récitée par l’âme des justes, dans les trois jours qui suivent la mort et où elle attend l’instant d’être emporté par sa daêna au Paradis (Vt. X.I, 2)’ ; cf. l’Introduction au Hâ XLVI. Cf. Dînkarl, IX, 13 [Sûlkar) ; 36 [Varshtmânsar) ; 58 (Bak). Le Ràspî lave la main droite du Zôt, le Zôt prend en main le tâê et tous deux disent :

Prière aux saintes Gâthas !

1. 11 s’agit probablement du seul Hà Ushtaviati et non des quatre Hâs delà Gâtha. 1. Ushtâ. — Le bien à quiconque fait du bien à âme qui vive* ! Que Mazda le tout-puissant lui donne [ses dons]M Vigueur et force de loi je désire ^ Si je soutiens le Bien^, donne-moi en récompense, ô Ârmaiti, la gloire, la fortune et la vie que donne Vohu Manô ® fois).

Le Züt seul :

2. Donne-lui la félicité suprême®. Que l’homme qui fait le bonheur reçoive le bonheur’de ta reconnaissance®, ô Mazda, Esprit très bienfaisant ! [Qu’il reçoive], pour avoir bien observé les règles de Vohu Manô, la joie de la longue vie qui dure toujours !

3 *®. Que cet homme atteigne le bonheur suprême " qui nous enseignera les voies pures de la bienfaisance ! [Qu’il l’atteigne] dans le monde des corps

1. ushtà ahiuài jahmài ushtà kahmàicit ; formule rendue obscure par l’absence du verbe et par l’hypersymétrie grammaticale ; litt. « bien à celui à qui bien à quiconque », c’est-à-dire : « le bien advient » ou optativement « le bien advienne à qui fait le bien à quiconque ». D’après le Dinkart, IX, 36, 1, cette Gàtha a pour objet « la grande récompense de l’homme qui, par sa bonne conduite, fait du bien à l’homme et à la sainteté de la religion ». — Cf. le commentaire avestéen de ce vers, dans le Baghàn Yasht, Y. XXI, 3-4.

2. Ou peut-être : « que Mazda lui donne d’être tout-puissant ! » — Les deux premières ligues de la Gàtha sont citées comme paroles d’Ahura dans le Yasna XXI, 3 4 : les gloses marginales ont conformément, au premier vers, pasukii gavislinih i Auhrmazd « réponse d’Auhrmazd » (voir l’explication de cette glose, Y. XXI, note 9) ; au second vers, jân î Zartûsht « récompense de Zoroastre ».

3. Noter, comme exemple du procédé étymologique, l’enclitique gat (cf. grec yi) traduite ptm xjâmatîinislin « à venir ; je désire de toi qu’ils viennent ». — utayùitî tevisliim ; dvaudva imparfait, le premier terme étant seul au duel.

4. ashem dercdyâi ; litt. « de soutenir l’Asha, donne-moi cette récompense » ; cf. pour la construction, la stance 13, note 41.

5. C’est-à dire la vie éternelle [aUjham apagayèliè al yahvàndt).

6. Litt. « à Ini de toutes choses la meilleure ».

7. Litt. « que l’homme de bonheur soit donné le bonheur… par lajoie (urvàdaiihà), etc… » ; hvâthrùyà (peut-être une fausse lectui’e pourhvâthravà), khvârlk-ômand.

8. lliwà cîcîtli^và « par ta connaissance ».

9. yà dào aslià.. inàyào : construire yâ-dào (cf. yà-varena) ; litt. « lesquelles mesures de Vohu Manô sont données justement ». Ces mesures de Vohu Manô sont la religion, din.

10. Cette strophe sert de début à la Dahma Âfritish, Y. LX, 1.

11. Litt. « ce qui est meilleur que le bien » (vanhéusli vahyô).

280 ANNALES UU MUSÉE GUIMET

et dans celui de l’esprit oui.dans les mondes même ** où réside Ahura ; l’homme généreux, pareil à toi, connaissant le bien et bienfaisant, ô Mazda.

4. J’ai reconnu ta puissance et ta bienfaisance, ô Mazda, dans la force secoiirable que tu étends sur les deux mondes dans la justice que tu rends entre le méchant et le juste, avec ton feu brûlant puissant pour le bien, et parce que tu m’envoies [celui qui est] la force de Vohu Manô

5. J’ai reconnu ta bienfaisance, ô Mazda Ahura, quand je t’ai vu premier [des êtres] à la naissance du monde ; et quand tu as fixé la récompense [qui] par ton génie [sera donnée] aux œuvres et aux paroles — le mal pour les méchants et bonne fortune pour les bons, — à la révolution finale du monde ** ;

6. Cette révolution où tu viendras, bienfaisant Esprit Mazda, avec Khshathra et avec Vohu Manô par les œuvres de qui le monde grandit en Bien et avec ceux qu’enseigne le maître parfait^®, possédé de ton intelligence que rien ne trompe,

12. Dans ce monde et dans l’autre.

13. liaithyéù(j àstish « évidemment dans les mondes… »

14. liyat ta zastà yâ tù hafsliî avào ; litt. « quand sur ces deux mondes (tà = zak kulâ 2) tu fais (liafshi ; cf. Y. XXXI, 22, bapti — obdûnênd) secours par la force qui est tienne » (zastâyâ tù, pun tavân lak bnafshâ\ tù, forme obscure ; mais le vers est incomplet, il manque une voyelle ; lire yâ tavâ ?).

15. Dans l’épreuve du Var nîrang où « il manifeste le bôkht et Vêrakht » (voir Y. XXXI, note 15).

16. Litt. « parce que viendra à moi la Force de Vohu Manô » (Vanhéusli hazé maiianbù), c’est-à-dire « Sôshyans », le héros de la résurrection, qui triomphe d’Ahriman : cf. pour bazù pris eu bonne part, Y. XXXI1I, 12 c.

17. Litt. « que tu fais les œuvres et les pai’oles ayant leurs récompenses » (mizbdavàn).

18. dàmùisb urvaêsè apémê, dâ7n afdûrn ic varlêl’, peut-être : « jusqu’à la dernière révolution » : car les châtiments durent « jusqu’à la dernière révolution du monde, où a lieu la Rénovation à souhait du monde » [od zak î afdûrn ahvdn vartiskn amat Frashkarf, pun kâmak dar ahvân yahbûnihêt’, Üâdlstân, XLI, 6). — Cité dans le Khorshîd Nyâyish du soir, Y. LXVIII, 23.

19. Cité Vp. II, 5, 11.

20. aêibyù ratùsb séùg ; baiti ârmaitisb ; olâshân maii rat àmôzêt pun bundak mînishnik Sôshyans « ceux qu’enseigne un maître avec sagesse parfaite : Sôshyans », Sôshyans étant le Dastûr suprême des derniers jours. Ces élèves de Sôshyans sont sans doute les trente immortels, hommes et femmes, qui viennent l’assister dans son œuvre et dans celui dorospril’-, oui, dans los mondes mémo on rYiside Ahura ; l’homme généreux, pareils toi, connaissantlo bien et bienfaisant, ô Mazda. 4. J’ai reconnu ta puissance et ta bienfaisance, ô Mazda, dans la force secourable que tu étends sur les deux mondes"*, dans la justice que tu rends entre le méchant et le juste, avec ton feu brûlant ’^ puissant pour le bien, et parce que tu m’onvoies [celui qui est] la force de Vohu Manô ’^ 5. J’ai reconnu ta bienfaisance, ô Mazda Ahura, quand je t’ai vu premier [des êtres] à la naissance du monde ; et quand tu as fixé la récompense [qui] par ton génie [sera donnée] aux œuvres et aux paroles ", — le mal pour les méchants et bonne fortune pour les bons, — à la révolution finale du monde ’^ ;

6. Celte révolution où tu viendras, bienfaisant Esprit Mazda, avec Khshathra et avec Vohu Manô par les œuvres de qui le monde grandit en Bien et avec ceux qu’enseigne le maître parfait^", possédé de ton intelligence que rien ne trompe.

12. Dans ce monde et dans l’autre.

13. haithyéùjj ; âstish « évidemment dans les mondes... » 14. Lyat ta zastà yà tù hafsliî avâo ; litt. « quand sur ces deux mondes (ta z= zak kuld 2) tu fais (hafshi ; cf. Y. XXXI, 22, bapti == obdûnênd) secours par la force qui est tienne » (zastà yâ tù, pun tavdn lak bnaf.shà ; tù, forme obscure ; mais le vers est incomplet, il manque une voyelle ; lire yà tavà ?). 15. Dans l’épreuve du Var nîrang où « il manifeste le bôkht et Vêrakht » (voir Y. XXXI, note 15).

16. Litt. « parce que viendra à moi la Force de Vohu Manô » (VanUéusb Lazé mananhù), c’est-à-dire « Sôshyans », le héros de la résurrection, qui triomphe d’Ahriman : cf. pour Lazô pris en bonne part, Y. XXX1II,12 c. 17. Litt. « que tu fais les œuvres et les paroles ayant leurs récompenses » (inizbdavrm).

18. dàmôish urvaêsè apémê, dâm afdàm ic varlêt ; peut-être : « jusqu’à la dernière révolution » : car les châtiments durent « jusqu’à la dernière révolution du monde, où a lieu la Rénovation à souhait du monde » [od zak ? afdthn ahvàn vart/shn amat Frashkart. pini kàmak dar ahvàn yahbûnihêl ; Dàdutdn, XLI, 6). — Cité dans le Khorshid Nyâyish du soir, Y. LXVIII, 23.

19. GitéVp. II, 5, 11.

20. aèibyô ratùsli sôùjfbaiti ârmaitisb ; oldshân mati rat dmôzêt pun bundak mhiis/inih Sôshyans « ceux qu’enseigne un maître avec sagesse parfaite : Sôshyans », Sôshyans étant le Dastùr suprême des derniers jours. Ces élèves de Sôshyans sont sans doute les trente immortels, hommes et femmes, qui viennent l’assister dans son œuvre 7 . J’ai reconnu ta bienfaisance, ô Mazda Ahura, quand je rencontrai Vohu Manô cl il me demanda^’ : Qui es-tu ? A qui es tu" ? Et quels signes, en ces jours de nos entreliens, te donnerai-je pour ton monde et ta personne -’ ? 8. Et je lui répondis tout d’abord : [Je suis] Zaralhushtra. Ce que je désire, c’est d’écraser ouvertement le méchant ; c’est d’apporter au juste la force et la joie ", c’est de lui donner à la fin des temps -’ la toute-puissance, tandis que je te loue, ô .Mazda, et te fais mien - 9. J’ai reconnu la bienfaisance, ô Mazda Ahura, quand je rencontrai Vohu Manô. 11 -’me demanda : Que désires-tu savoir -’ ? [Bund. XXX, 17). il se peut qu’il faille commencer la phrase avec aèiliyù qui désigaera les hommes en général. « Alors un maître parfait enseignera les hommes... » 21. D’après le Zanlusht Nfima la mission de Zoroastre débute par une entrevue avec Bahman (Vohu .Manô) qui précède les entrevues avec Ormazd et les Amshaspands. Dans le Diukart.VII (p. 88), qui malheureusement abrège la légende, Vahùman adresse à Zoroastre la même question qu’ici : inan zak liacàl ? Zarlûhaskt havâam u Qui es-lu ? ^ Je suis Zoroastre. » — Observer la construction neutre et impersonnelle de pairijas construit avec l’accusatif et l’instrumental : « quod me curn Vohu Manô conveuit, il me rencontra avec Vohu Manô » ; cf. XLIV, 1 e, jatlià né à voliù jimat mananhà ; Y. VIII, note 12 et XLVI 3 d (même construction avec pairî dadaiti). 22. Auquel des deux principes appartiens-tu ? Cf. Y. X, 16, 45 sq. 23. Le sens général est : Quel signe attends-tu de moi comme preuve que je suis le bien ? Qu’attends-tu de moi dans la conduite du monde et dans celle de tapi’opre destinée ? La construction de ayàréet de ferasyài (cf. J% K’, elle rythme) est obscure. daklisliùi’à, dakhs/ial ; « signe » ; dislià « je montrerai » (’dis-sli-àz^ nimût yakoyainûtiêt ; aigh cigûn dakhshak ohdùnam) ; ayàré, yôm « jour » ; liampûrsih « entretien, conférence ».

24. Litt. « que je sois joie puissante au juste ». Ce juste est le protecteur de Zoroastre, le roi Gushtàsp.

25. àbùshtisli, mot inconnu. Le pehlvi décompose étymologiquement en àliùuslità, et traduit amat zak ynhvùnêl nivokih aîg/i lan i pas’in ijahvîinét « quand se produit ce bien, c’est-à-dire quand se produit la résurrection » ; d’après la glose, qui donne le sens, et faisant abstraction de l’étymologie qui cherche la justification de ce sens, on peut songera voir dansâbùsliti un dérivé debù, indiquant l’avenir. On peut aussi construire « que je donne tes àliùshti de la toute-puissance », àbùsliti indiquant la venue à l’existence, la production ; on traduira dans ce cas : « et de lui faire obtenir la toute-puissance ». — Lire dayà avec J* et K% pour le vers. 26. yàvat ; dans la mesure où je te loue.

27. Auhrmazd. Ahya ferasém est traduit old [.uhrmazd] pursit. ferasém étant substantif, il faut construire : « question de lui ». Glose marginale : frashni Auhrmazd « question d’.uhrmazd ».

28. Litt. <’ pour qui désires-tu savoir » ; glose : aighal pàhriz man opinai amat T. 1. 36 — Donner à ton feu l’offrande de prière 29. Ma pensée sera au bien, de toute la force de mon désir 30.

10. Mais toi, donne-moi la sainteté que j’appelle de mes vœux 31, dans ma parfaite communion avec la Piété parfaite 32.

— Demande donc ce que tu as à nous demander 33. Autant tu demanderas, d’autant tu seras fort 34 ; le Souverain te fera aussi fort que tu désires 35.

11. J’ai reconnu ta bienfaisance, ô Mazda Ahura, quand je rencontrai Vohu Manô et que vos paroles me furent révélées pour la première fois 36. « C’est chose difficile, me disiez-vous, de faire progresser [la religion] parmi les hommes 37 » et c’est cette œuvre, que vous m’avez déclarée la plus excellente, que je veux entreprendre.


khavttûnî « c’est-à-dire de quoi faut-il que tu saches prendre soin ». Pour cet emploi de vid au sens de « voir à, veiller », v. Y. XXXIII, 3 b, note 10.

29. Glose marginale  : pasukh gavishni Zartûsht « réponse de Zoroastre... — L’accusatif râtàm « action de donner » dépend du verbe vashi dans la question  : « [je désire] donner... »

30. Litt. « autant que je désire ». — ashaliyà mâ... manyài « je pense de bien en moi », ma étant employé comme le français me dans « je me meurs ». Cf. la note suivante.

31. ashemhyat mâ zaozaomi « l’Asha que je me demande en prière »  ; voir la note précédente. C’est-à-dii*e, enseigne-moi toute la religion.

32. Ou « avec Armaiti ».

33. Glose marginale de PU  : farmâyislmi Aukrmazd « paroles d’Auhrmazd ». — Ces questions font le sujet du Hâ suivant. C’est une bonne œuvre que d’adresser des questions sur les choses de la religion aux dépositaires de la vérité  : voir le développement de cette idée Vd. XVlll, 60, 122 sq.  ; cf. Y. XXAVlll, note 3.

34. Répéter dans ce vers le verbe dyât du vers suivant.

35. Glose  : «c’est-à-dire que si tu parles religion, tu obtiendras force ». — khshayàs  : shalUâ, Aukrmazd.

36. didainhê, pun niklzishn nikizêt, « est révélé en révélation» ; le sens littéral est  : « quand révélation vôtre par vos paroles tout d’abord » ; ces paroles sont l’Avesta (f/tn). didainhê suppose une forme Mîdahyâ ou *didaha, qui se présente comme une forme redoublée de dah, être sage, savoir (v. XLV, n. 36) et a le sens verbal de dis « montrer », nikîz étant la traduction ordinaire de dis (cf. Vlll, 3,8  : disyala— nikizêt aigh padtâk harâ obdûnand XLIV, notes 23 et 40) et de dares (XLIV, 15 rf ; XLIX, 2 c ; L, 5 c).

37. sâdrâ... zarazdâitish, vitang... ravâk-dahishnih « difficile est la propagande » ; glose  : « c’est-à-dire qu’il est difficile défaire marcher la religion ». Cf. Yt. V, 26 ;yà 12. Tu me disais alors : « Va vers le bien avec énergie ^ » Mais loi, ne me fais pas reproche de l’indocilité [des hommes] ’^ tant que ne s’est pas levé pour venir à moi le saint Sraosha, qui suit le grand directeur*", et qui tranchera entre les deux adversaires selon la justice et pour le bien. 13. J’ai reconnu ta bienfaisance, ô Mazda Ahura, quand je rencontrai VohuManô. J’ai fait connaître votre loi : accordez-moi mon désir ", à la vie future •*- ; car nul autre que moi ne vous a enseigné [aux hommes] * [nul] de tout ce monde du désir" que l’on dit dans votre empire ^ 14. Pour le bien que l’homme fait à son ami en l’instruisant*", donnezmè daènàm zaraseà dàt ; zarascâ dàt := : ’zarazdâitimca kereniiyàt. Peut-être /.araz-dâ est-il *zarad-dâ « donner son cœur », credo [Etudes iraniennes, II, 120), zaras-[cà] étant né par analogie de zaraz-[dà].

38. fràkhshnenê, kahad. Forme obscure, semble dérivée de frac (sscr. prâc) combiné avec le suffixe ishn- plus tard si fréquent en pehlvi : cf. pehlvi-persan ^l_,3. 39. at tù moi nuit asrushtà pairjaoghzlià : asrushti, l’indocilité à la loi, l’opposé de sraosba ; tù = tùm ; pairjaojfbzbâ, impératif de pairi-aogbzh « dire par-dessus » [madam gûfl ; litt. « ne me parle pas par-dessus dans l’indocilité » : le sens précis de madam gùft Ao’iièXve. quelque chose comme reprocher ou accuser : cf. la note suivante. 40. Litt. « Avant que vienne à moi, en se levant, le saint Sraosha accompagné du grand directeur » ; on a vu plus haut (Y. XXVII, note24)quele saint sraosha désigne ici, pour la tradition, le Adèle obéissant par excellence, Vishtàspa [Srôsli àhli Vishtàsp) et que le grand directeur, le grand Ratu, est Zoroastre [mas rat Ivatâ Zartûsht), Vishtàsp étant à Zoroastre ce que Srôsh est à Ormazd : cf. Y. XLIV, n. 50 ; LVI, n. 33. mas rat traduit le zend màzàraya ; le ms. Pt’ a mas rât et Nériosengh avait le même texte, car il traduit mahâdntrà. La lecture mas rât se concilie plus facilement avec l’analyse de màzàraya ^ màzâ de maz « grand », et rài « fortune, biens » ; cf. védique màhayat-rayi ; mais la glose Zarlltftht prouve qu’il faut lire mas rat ; rat suppose un mot ra, synonyme de ratu, comme khra, synonyme de khratu (p. 124, n. 15). 41. Litt. « de faire connaître votre loi (aretbà vôizlidyài ; cf. note 4), donnez-moi ceci de mon désir. » Glose : « celui qui fait connaître votre loi, donnez-moi la récompense de celui-là » ; N.).

42. Litt. « mon désir de la longue vie », c’est-à-dire au temps de la résurrection. 43. ycm vâo naècish dàreslit itê ; litt. « moi que nul autre ne va vous montrer ». dàresht itè, corrigé dans Mf en dàreshtitê, est probablement pour dâresLti itê, pun niktzishn sdtùnét « ne va montrer » de (dares).

44. vairyào stôisli ; le monde animé, moral, responsable. 45. Glose : dans tout ce monde « il n’y a eu personne tel que moi ». 46. Pour le bien que je fais aux hommes en leur enseignant la vérité (vaêdamnô, âkâsdahislm ; vaèd a le sens causal ; cf. Y. XXXI, 22, n. 80 ; XXXIV, n. 20 ; LI. n. 64 ; isvâ, sût). moi, ô Mazda, la joie qui est vôtre *’, en abondance. Car Ivhshalhra, saintement inspiré, t’a dit : « Je veux élever les maîlres de l’enseignement *’, avec tous ceux qui diront (a parole". »

15. J’ai reconnu ta bienfaisance, ô Mazda Ahura, quand je rencontrai Vohu Manô. Que l’intelligence du champion du bien ail un signe de reconnaissance ^", pour que les hommes ne cherchent pas cà faire plaisir aux pervers et ne traitent pas les justes en méchants ’". 16. Ahura, ô Mazda, Zarathushtra aime l’Esprit très bienfaisant et toute créature en qui il descend^-. Puisse la Sainleté incarnée dans les corps avoir la force de vie" ! puisse la Piété parfaite avoir l’Empire dans la sphère du Soleil "* ! et puissent les bonnes œuvres recevoir leur récompense par Vohu Manô ’ !

47. Le bonheur dont vous disposez.

48. uzereidyàiazéiQ. Peut-être faut-il prendre « élever » au sens de « faire paraître », non au sens de « faire monter en pouvoir ou en dignité ». C’est ainsi que l’entend le pehlvi : aîgh Zartùslit yahbûn « c’est-à-dire, donne-moi Zoroastre ». C’est Khshathra, la Royauté, qui demande à Aulirmazd de lui envoyer un sage, un Dastùr [dànâk, daslôhar, glose de saredanâo, qui est traduit lui-même sardâr, maître ; le sens littéral est « les maîtrises, les autorités »). 49. Les élèves de ce sage, de ce maître, les apôtres qu’il forme [dîn bûrtârdn). 50. A quel signe reconnaître le juste et le méchant ? C’est une question qui préoccupe souvent le prophète Cf. le Hû suivant, note 37. — tlakhsb.ij usliyâi tusLnà luaitish vahisbtà ; je traduis ilakhsliat comme un verbe à cause du nominatif maitish : que la pensée excellente ait un signe à TinteUigence » ; tushnà, pehlvi lùsht, est énigmatique ; je traduis hypothétiquement d’après Nériosengh, qui traduit le pehlvi lûsht par muhunjoddhd ; tushnà serait donc « qui est en lutte [avec les méchants ] ».

51. nà pourusli : et t.zXim. — cikhsbnusliô, adjectif verbal désidératif de kksbnu (ci-khsbnu-sh). — anjfrénjf àilaré, pûn zandk yakksanknand. 52. Litt. « Ce Zoroastre aime (vereùlè, 3= sg. moyen de var, conjugué sur la 7" classe) l’Esprit (mainyùm) ; ô Mazda ;, en quiconque vient (yastè) le Très-Bienfaisant » (spénisbtô). Le pehlvi voit Vohu Manô « la Bonne Pensée » dans Mainyu : mais spénisbiù, dans le second vers, fait plutôt penser à l’Esprit du Bien en personne. 53. astvat asbem, » Asha incarné » dans le corps du juste : ushlàuà aojôùjjbvat X fort parla vie ».

54. Litt. « qu’Armaiti soit en empire qui voit le soleil » ; elle va régner dans la sphère du soleil, c’est-à-dire au Paradis [sûnjapade prasddo ’sli, N.) ; cf. XXXVL 6. 55 Au Paradis dont Vohu Manô est l’introducteur.

Zôt et Râspi ensemble :


17. Le bien à quiconque fait du bien à âme qui vive ! Que Mazda le tout-puissant lui donne [ses dons] !

Vigueur et force de toi je désire. Si je soutiens le Bien, donne-moi en récompense, ô Armaili, la gloire, la fortune et la vie que donne Vohu Manô. (A répéter 2 fois.)

Ashem vohu (3 fois).


Nous sacrifions au Hà Ushtavaiti.


Yènhê hâtàm.





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  1. 1. Sauf la strophe 15 du Hâ XLVI qui a perdu un vers (voir XLVI, n. 68).