Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume I/YASNA/Hâ44.

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Traduction par James Darmesteter.
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux (I. La Liturgie (Yasna et Vispéred) (Annales du Musée Guimet, tome 21)p. 286-294).




HÂ 44 (SP. 43). — GÂTHA USHTAVAITI 2




Ce Hâ semble le développement du vers 10 du Hâ précédent où Ahura conseillait au Prophète de l’interroger pour être maître de la religion. Il est composé d’une série de questions portant sur les mystères du monde matériel et du monde moral et religieux. Zoroastre, après avoir repoussé la tentation d’Ahriman, récite ce Hâ, qui est donc comme une sorte de résumé de la révélation (Vendidad XIX, 10).


Analyse. — 1. Qu’Ahura lui révèle la vérité, pour qu’il apprenne aux hommes à le servir et à penser vertueusement.

2-5. Quel est le bien suprême dans le monde ? Quel est le fondateur de l’Asha ? Qui a frayé leur route au soleil et aux étoiles ? Qui a réglé les phases de la lune (§ 3) ? Qui a fixé la terre sans supports ? Mis en route vents et nuées (§ 4) ? Qui a fait la lumière et les ténèbres, le sommeil et la veille (§ 5) ?

5-7. Qui fera paraître un jour l’arbitre de justice (§ 5) ? Comment rendre claire aux hommes la puissance que la vertu donne (§ 6) ? Qui donne l’aspiration au bien ? Qui a créé l’amour paternel (§ 7) ?

8-10. Comment on reconnaît le bien (§ 8) ? Comment il fera régner la religion, au moyen d’une Royauté droite (§ 9) ? Comment la religion fait prospérer le monde et comment la richesse suit la sagesse (§ 10) ?

11-15. Quand les sentiments de piété parfaite pénétreront-ils les hommes ? A quel signe reconnaître les méchants ? Pourquoi on ne reconnaît pas à sa démarche l’infidèle qui veut nous égarer (i ; i 2) ? Quand seront écrasés les incrédules, rebelles à la religion ; et ceux qui l’enseignent sans la pratiquer (§ 13) ; et les hérétiques endurcis qui ne reviennent pas de l’erreur et sont en guerre contre la vérité (î^ 14) ? El à l’heure finale, qui Ahura récompensera-t-il ? Qui chàtiera-t-il ?

16. Quel est le victorieux qui protégera la doctrine que le Prophète prêche ? Quand verra-t-il son œuvre accomplie (5 ; 17) ? Quand les hommes rechercheront-ils sa parole, lui apporteront-ils leurs dons et le salaire auquel il adroit (§ 18) ? Quelle peine doit atteindre sur terre même l’homme qui ne paie pas le prêtre (§ 19) ? Un mécréant peut-il être uu bon roi ? Comment sera puni celui qui s’oppose au bien (§ 20) ?

Dlnkarl, IX ; 14 (Sùtkar) ; 37 {Varsklmdnsar) ; 5"J [Bah). 1. Tat th’wâ peresâ. — J’ai une chose à te demander : dis-moi la vérité, Ahura. Accordez ma prière comme j’accorde la vôtre ’. Mazda, je veux te ressembler et enseigner mes amis à te ressembler-, afin de te donner pieuse et amicale assistance ’ et de nous rencontrer avec Vohu Manô

2. J’ai une chose à te demander : dis-moi la vérité, Ahura. Quelle est la première des choses dans le monde du bien^ ? Le bien qui comble les désirs de qui le poursuit " ? Car celui qui t’est ami, ô Mazda, 1. uemanhô àjatlià nenié tihshmàvatô ; litt. « de ma prière, juste comme la votre». C’est-à-dire : je vous accorde votre prière, en faisant ce que vous ordonnez : accordez-moi la vôtre. Vers cité Y. LVIII, 3 : v. /. /. et Y. X, 20, texte et note 60. 2. Litt. « Mazda, que [l’homme] semblable à toi instruise l’ami semblable à moi », c’est-à-dire je veux le ressembler et former mes disciples sur mon idéal. Glose : « je suis content quand, dans mes actes, je suis devenu, autant que possible, semiilable à toi ». — sahyàt est traduit d’après paitish-sahyàt, stance 9 c [nôk nôk àmùkhlêt). 3. Litt. « A nous pour [te] donner [c’est-à-dire de sorte que nous te donnions] par sainteté des coopérations (hâkurenà, hamkavlàr ; v. Y. XXXIII, n. 36j amies » ; il s’agit des adhérents actifs que Zoroastre veut gagner à Aulirmazd. 4. D’avoir les pensées d’un juste ; pour la construction, v. le Hà précédent, note 21. 5. " Quel est le bien le plus désirable ? » (P.).

6. Litt. « pour que prospère dans son désir celui qui toujours à nouveau recherche change toujoiiis le mal eu bien’ el règne spirituellement dans les deux mondes.

3. J’ai une chose à te demander : dis-moi la vérité, Ahura. Qui* fut le procréateur", le père premier de l’Asha ? Qui a frayé un chemin au soleil’" et aux étoiles ? Qui fait que la lune croît el décroît" ? Voilà les choses et d’autres encore que je veux savoir, ô Mazda. 4. J’ai une chose à te demander : dis-moi la vérité, Ahura. Qui, sans supports’-, a tenu la terre sans tomber" ? Qui a fait les eaux et les plantes ? Qui a mis en roule rapide ’* les vents et les nuées ? Quel est le créateur de Vohu Manô’ ô Mazda ?

5. J’ai une chose à te demander : dis-moi la vérité, Ahura. Quel bon artiste a fait la lumière et les ténèbres ? Quel bon artiste a fait le sommeil et la veille ? Qui a fait l’aurore, le midi et la nuit ? Qui fait paraître l’arbitre de la justice ""’ ?

6. J’ai une chose à te demander ; dis-moi la vérité, Ahura. [Dis-moi] les choses qu’il faut dire pour rendre claire cette vérité ", que ce bien ». Glose : ■< celui qui recherche toujours ces deux choses, l’Avesla et le Zend ».

7. ashâ speftlô irikhtein : pun fràrûnlh afzdijinU olâc i rXplak, vindskartâr « augmente en vertu le méfait ». — irikhtcm est la forme zend de êrakht, dans bôkkt u êrakht{. page 228, n. 15) ; — vîspôibyô, pun harvist zamân, « en tout temps ». — Au vers suivant hârô, sardàr, svâmî.

8. kasuà, formé de kah et de l’enclitique nâ(=na) ;cf. yathanâ. 9. zàthà, sscr. janitâ ? — Peut-être : « Qui fut la naissance ? » (P. zdk ; N. jananï). 10. hvéii{î, forme parallèle de hvare ; voir p. 166, n. 30 ; cf. Y. XLV, n. 36. 11. Litt. « quel est celui par qui... » — Imité dans le Màh Yasht, § 2. 12. adénaliàoscà (Geldner adé nabâoscà) : pun adârisluiUi aîghash dâshtàrê î glll iô’U « n’ayant rien qui la tienne, c’est-à-dire qu’elle n’a point de support matériel ». 13. deretà.. avapastôish « les a fixés contre la chute » . 14. ô khvcshkdrik « vers leur fonction », pour remplir leur tâche. = dvàmaibyascà, u abr ; — yaoget, c’est-à-dire *yaoklit, 3° personne d’aoriste ; cf. n. 21. 15. Litt. « quelle création est celle de Vohu Mano ? » (il n’y a pas d’e-vemple certain de dàmi au sens de créateur).

16. Litt. « [quel est celui] par qui [paraîtra] celui qui décide (cazdôùjfhvaùtem, vicartdr ) les mesures (mauaothrîsL, palmdn) de la justice » (arethahyâ, dinà), c’est-à-dire la répartition de la justice finale. Glose : « qui a fait l’époque oii viendra (j/àmalùnêt ) Sôshyans ? »

17. yâ fravakiishyâ yczi là atlià haithyà « quelles choses sont à dire (ou peut-être : « quelles choses je dirai » ; voir le début du Hà suivant), si ces choses sont ainsi


par les œuvres d’Asha se fortifie Ârmaiti, et qu’aux tiens Vohu Manô donne l’empire 18[1]. Pour qui as-tu formé la vache Azî, riche en dons 19[2] ?
7. J’ai une chose à te demander : dis-moi la vérité, Ahura.

Qui a créé avec Khshathra l’aspiration de la Piété parfaite 20[3] ? Qui a mis l’amour au cœur du père quand il obtient un fils 21[4] ? — Avec ces créatures, je veux énergiquement t’aider 22[5], ô Mazda, ô bienfaisant Esprit, créateur de toutes choses.
8. J’ai une chose à te demander : dis-moi la vérité, Ahura,

[Dis-moi] par cinq fois ta doctrine 23[6], ô Mazda ; et les paroles que révèle dans ses entretiens Vohu Manô 24[7] ; et comment on sait parfaitement dans le monde ce qui est bien 25[8] ; et comment mon âme pourra aller et trouver la joie du bien dans les deux mondes 26[9].
9. J’ai une chose à te demander : dis-moi la vérité, Ahura.

Comment j ’établirai dans sa pureté la Religion pure " ?

— En l’enseignant sans cesse à une royauté sage -^

— Par une royauté droite celui qui te ressemble, ô Mazda, ira vile habiter avec Asha et Vohu Manô ^°,

10. J’ai une chose à te demander : dis-moi la vérité, Ahura. Dis-moi la Religion, qui est la plus excellente des choses qui sont, et qui. par la sainteté, fera prospérer les mondes qui la suivent’". Qu’elle fasse donc le bien avec les paroles et les actions d’Armaiti. A sagesse de moi, richesse de toi et joie ^’, ô Mazda.

11. J’ai une chose à te demander : dis-moi la vérité, Ahura, (Juand Ârmaiti viendra-t-elle à ceux à qui je prêche ta loi’- ? C’est toi, avant tous les autres", dont je demande la sollicitude ; et avant tous autres je me garde’* de la malice de l’Esprit [mauvais]. 12. J’ai une chose à te demander : dis-moi la vérité, Ahura. Des hommes avec qui je converse ’^ lequel est bon, lequel mauvais ? Celui-ci ou tel autre est-il mauvais ? Le méchant qui m’envie ton bienfait’", 27. Glose : « Commenlje ferai régner la religion ? » 28. Réponse d’AhUra, selon la glose marginale (pa^MAA frâj gavishnVd Auhrmazd).

— Principe de l’union du trône et de l’autel (cf. p. 163). 29. hademôi, ham damûnih [ . page 217, note 37) ; « est habitant en cohabitation avec Asha... c’est-à-dire en amitié » [ham klididh) ; n^ishiish, pun tiz’th (fémininplu. riel de àsiskta, employé adverbialement).

30. Litt. « qui suivie me fera prospérer les mondes par la sainteté ». Glose : « car cette religion produit la fortune par la vertu ». 31. mahyâo cistùish tLwà îshtish mazdà. Exemple typique du style des Gâthas : litt. « de sagesse mienne, fortune tienne, en joie, ô Mazda », c’est-à-dire en récompense de ma sagesse, tu me donneras fortune et joie(usen, part, présent pris adverbialement, « en se réjouissant » ; cf. mizen, note 66). — Cf. Y. XLVI, note 8. 32. Quand les sentiments de piété parfaite les pénétreront-ils ? 33. Avant les Amshaspands. Glose : « donne-moi le bien, toi le premier d’entre les Amshaspands ».

— azem fravôivîdê « je suis à être veillé » : pour vid, « voir à, prendre soin », v. XXXIII, n. 40.

34. vîspéiig anyeùg’. . . spasyâ « entre tous autres je me garde » (spasyà, ^asjodn»îam ; spas, sscr. spaç, lat. spec-io).

35. yàis percsà : man hampûrsêl.

36. yé inà... tliwà sayà paiti-eretè, « qui s’oppose pour moi à ton bienfait » ; ce bienfait est la religion d’Auhrmazd (pun and i lak dln) ; paitî-eretê, patyâr’mit, cf. paityàra, nom des réactions d’Ahriman contre le bien. pourquoi no puis-je reconnaître sa malice à sa démarche’ ?

3. J’ai une chose à te demander : dis-moi la vérité, Ahura. 

Quand chasserons-nous, quand chasserons-nous la Druj ’^ ? Et les indociles qui se rebellent [contre la religion] ’", ou qui enseignent le bien sans le pratiquer^" et n’aiment point les entretiens de Vohu Manô^’. 14. J’ai une chose à te demander : dis-moi la vérité, Ahura. Quand livrerai-je la Druj aux mains de la Vérité’-, pour la faire périr par les paroles de ton enseignement ; pour frapper du coup de destruction

  • ^ ô Mazda, les méchants qui ne reviennent pas de l’erreur et cherchent

à détruire la vérité *^.

37. cyanhat hvô nôit ayém aftgrô manyêtê, ?rtin ma amat bnafshâ oldshân pun yâtûnishn là zanâk mhidm, aîg/i ma rài amat oldshân kkazitûnam ashân pun shaidâ là shnâsam « pourquoi est-ce que dans leur aller je ne les reconnais pas comme pernicieux ; c’est-à-dire pourquoi, quand je les vois, je ne les reconnais pas pour démons ?

» (ayém « l’aller » ; de ay-a). Cf. XLIII, note 50. 

Se rappeler les vers d’Euripide [Hippolyte, 923, éd. Boissonade) : $£j ! ypTi’i jîpsTïvj’. TÙv ç’),(i)v T ;-/. ;j.r,p ;:v caçî ? Tt y.EwOa’. y.ai b.iyiui^’.i çpîvwv,

tc-.’.ç t’ àX-rfi-fii ècT’.v, ï ; -zt [A-r ;, ipOvO ? • •/.. ■ :. X. Et ne devrait-on pas à des signes certains

Reconnaître le cœur des perfides humains ?

(Racine, Phèdre, IV, 2.)

38. nîsli nâshâmâ ; les deux mots sont traduits comme étant de la même racine, ni (ni-i ?), phi. yazal ^=.vazal, N. nirgachu s'en aller >> ; nâsliâmâ est à ni comme le persan bâsh àbû, c’est-à-dire suppose un thème futur nàyish. — Drajem : » la Druj de la tyran nie», drûji sâslàrh.

39. asrushtôisli perenâonhô, pun anyôkshilâr’ih paikârênd pun akart-êrpatistàn’ih « ils luttent avec non-écouter, c’est-à-dire avec enseignement non suivi. » Ils ne suivent pas les leçons du maître spirituel et s’insurgent contre la religion. 40. noît agilahyâ âdivjèinti hacémnà : là ahlâyih amatshân nikizênd apdkinênd, aigh mandûm î frârûn amatshân yamalalùnd hic là obdûnênd « même quand ils montrent le bien, ils ne le suivent pas ; c’est-à-dire que quand ils disent le bien, ils n’en font rien : ;. Malgré l’accord des manuscrits, je crois qu’il faut lire âdisyêiûtî au lieu de âdivyêintî, nikiz étant la traduction normale de dis (cf. Y. XLIII, n. 36). M. « Ils n’aiment pas les conversations vertueuses » (P.). 42. La Druj de l’hérésie {Aharmôkih} : « les docteurs (dht bùrtârdn) la feront périr » (P.).

43. sinâm, nnsânishn.

44. â îsh dvafshéiig mazdâ anâshê âstâscâ ; litt. « ceux-là dans l’erreur, ô Mazda, ne revenant pas et détruisant », c’est-à-dire : « après avoir reconnu qu’ils sont trompés 15. J’ai une chose à le demander : dis-moi la v6rit(^, Ahura. A l’heure où, prolecleur du Bien, lu régneras dans ce monde, où se réuniront les troupes immorlellos", suivant les lois que lu as révélées, ô Mazda, qui chàlieras-lu, el à qui as-lu donné le bonheur" ? 16. .l’ai une chose à le demander : dis-moi la vérité, ô Mazda. Quel est le victorieux qui protégera la doctrine"* ? Manifeste clairement que je suis le liuide pour les deux mondes ^". (jue mon Sraosha vienne avec Yohu Manô^", pour [proléger] moi et quiconque tu veux, ô Mazda ^’ ! 17. J’ai une chose à le demander : dis-moi la vérité, Ahura. {alJiai- hltarîlùnd (ihjli fnfl i/id-ih/amîojiin), ils ne vont pas à la religion {an-i/àh’inis/i)t !li luivii-nd, (lighhard o danù din là ydtànd) et font négation, c’est-à-dire rendent ineflicace la parole d’autrui » {andstbar, aUjh gavis/ini aishdn akdr obdànd). anâshâ est traduit comme an-àisL (Y. XXVIIJ, 9, note 33) ; une série de manuscrits, mais inférieurs, litanùish : la forme anâsliè est obscure et rompt le rythme. Sur àstàscâ, voir XLVl, n. 80.

45. asLà-pôi, en protection de l’.^sha (dans le pehlvi corriger yjarf/rf/iiVi enpdnakîh, d’après 16 b).

46. Lyat hém spâdâ anaocanhà jamaètê : je traduis anaocanhà d’après Nériosengti [anctçvaram), mais avec doute. la lecture pehlvie étant incertaine {a-ôk ; ôk^aocà) et anaçvararn suggérant trop facilement une confusion avec anaoshan^iâ. Ces troupes sont les troupes des âmes : « quand les âmes rentreront dans les corps. » Ce vers nous donne peut-être la définition du liamaspathmaêdhaya z= hama-spàda-maètha « réunion des armées [des âmes] » ; Lama répond à hém, spath à spâdha (cf. dath r : dadh), maèdha (r3 mactha) à jam ; cf. page 41.

47. kuthrà aj’âo Itahmâi vananàm dadào : man min olnshnn pdlfràs obdîinîhit, ô rnan shajnrih yahbùnihU pàlakhshahîh « qui de ceux-là sont châtiés et à qui est donné le bien, la domination ? » Litt. « où as-tu donné châtiment (ayâo = : pntfrds) et à qui le bien {xananàm, shaplrîh ; cf. XXXl.X, n. 4).

48. C’est-à-dire « quel est celui qui châtiera les criminels suivant ta loi » ? Il s’agit ici d’un pouvoir terrestre.

49. cithrà mùi dâm ahùmbish ratùm cizhdi ; litt. « enseigne-moi clairement guide dans la création, couple de mondes » : dam est grammaticalement obscur ; on peut hésiter entre un accusatif féminin de dà rr d’ifdshn dàmân, el un locatif neutre dàm (pour daman ? cf. hvabml dâm Vp. XIV, 2 ; tluvahmi àdàm, .XLVlll, 7 ;XLIX, 10). D’après le Vp. XIV, 2, il semblerait que cithrà, dàm et ratùm forment une série corrélative : nous suivons la glose de notre passage : « il est clair que je dois être considéré comme daslùbav ici et là-bas » (pour ce qui touche ce monde et ce qui touche l’autre). 50. Sraosha est pris ici comme nom commun, « le fidèle Obéissant », et désigne le Sraosha de Zoroastre, le roi Vishtàspa : « c’est-à-dire que Vishtâsp viendra à la religion ». Cf. Y. XXVll, n. 24 ; XLlll, n. 40.

51. Cette strophe est récitée parle prêtre qui marche en tête des funérailles (Vd. VIll, 20) et appliquée à Sraosha, dieu et. psychopompe. Quand vcrt-iu-jo l’heure, ô Mazda, où sera accomplie voire œuvre^^ ? Où les hommes rechercheront ma parole" .’ Où je serai maître de Haurvatàt et Ameretâl, récompense de la sainteté promise par votre loi ^’. 18. J’ai une chose à te demander : dis-moi la vérité, Ahura. Comment mériterai-je honnêtement ce salaire : dix cavales pleines et un chameau ^% afin que je te donne ^’^ tout ce que je connais de Ilaurvalàt et d’Ame retàl, ô Mazda.

19. J’ai une chose à te demander : dis-moi la vérité, Ahura. Celui ^* qui ne donne point son salaire au [prêtre] méritant, le salaire que le fidèle donne à l’homme aux paroles droites^", quel sera son châtiment tout d’abord""’.' Je sais ce qu’il sera à la fin des temps. 20. Jamais, ô xMazda, les Daêvas ont-ils été de bons rois"’ ? Quel est le châtiment ’^-, je te le demande, pour ceux qui s’opposent"’ 52. zarem, zamân « temps » : âskeitîni, Aa ?Vflri/t « action » ; sens littéral : « à quelle époque (kathà zarem) ferai-je de vous votre accomplissement » ; — glose : « c’est-à-dire, quand sera accomplie l’œuvre religieuse de vous » ? 53. « C’est-à-dire : quand régnera la religion ? » (P.). 54. Où je recevrai les biens matériels que le fidèle doit au prêtre en retour de ses services ; voir la strophe qui suit.

55. Évaluation de la daxinâ du prêtre ou, comme on disait en Iran, de son mrmat : nous n’avons pas malheureusement de données pour la conversion en argent de ces valeurs en nature. Dans les premiers siècles qui suivent la conquête arabe, le j !ÎJ-ma/ du prêtre pour un office complet était de 350 à 400 dirhems [Dddistdn, LXXXVIII, 1-2).

56. Tout ce qu’il a et tout ce qu’il fait appartenant à Ahura. — Lire talbyô (PI’, Mf ; cf. Y. .XX1V, 1 b, et le pehlvi lak).

57. C’est-à-dire tout ce qu’on lui a donné. — apivaitî, locatif verbal « en ma connaissance ».

58. yastat ; il est difficile ici de ne pas voir dans yastat une combinaison du relatif avec l’enclitique, bien que le pehlvi le traduise, comme d’ordinaire, comme une forme verbale de yat « venir ».

59. Tià, sitapîr gabrd ; — ereszhukhdhâi, l’homme aux paroles droites ; peut-être celui qui prononce les Ars/iùkhI (c’ost-à-direl’Avesta ; cf.XVI, n. 2). Geldnerliterezhukhdliâ, ce qui donnerait : « Celui qui ne donne point son salaire au [prêtre] méritant qui lui donne les Paroles bien dites » (c’est-à-dire qui récite pour lui l’Avesta). 60. ici-bas.

61. Un mécréant peut-il faire un bon roi ?

62. kàm se rapporte à mainish de la strophe précédente, vers d. 63. yôi pesfayéiûtî « ceux qui empêchent les hommes de faire les bonnes œuvres » (P.). — pesh est probablement le doublet de peret « lutter, faire obstacle ». fau bien] ? Ceux par qui le Sourd et l’Usij livrent le bétail au brutal  ; l’Aveugle qui reste impassible devant le crime"’ et tous ceux qui, pour rien au monde "^^ ne voudraient faire œuvre de bien. Z6t et R ;Yspî ensemble :

21. Le bien soit à quiconque fait du bien à âme qui vive ! (Jue Mazda le loul-puissantlui donne [ses dons] ! etc. (XLIII, 1). Asiiem voliù [3 fois).

Nous sacrifions au Hâ Tat thwa peresâ.

Yêiîliê hâtâm.

64. Qui laifisent maltraiter les animaux (cf. Y. XXIX, 1) ; sur le Sourd ou karapan, voir Y. IX, note 55 ; usij, a-a ; ’f^-{ii.viz’t, autre désignation de mécréant ; purement transcrit dans le pehlvi. Le mot usij dans les Védas est une épithète du prêtre, que l’on est généralement convenu de traduire « zélé » ; il semble aussi employé comme nom propre de prêtres mythiques (Berciigne, Religion védique, I, 57 sq. ; II, 322sq.). usij sera peut-être devenu en Iran le mauvais prêtre. 67. yâcà kavà .^nménè nrùdôyatâ : ânménê, a-stùb « non troublé » (voir Y. XXX, 7 i, note 23) ; urùdôyatà, rdnakih dâtâr « donneur de faute » (cf. urûraodha, P. rdnakinU, N. pratyaskhalayam ; Y. I, 59). Litt. « et l’aveugle (Y. IX, note), par qui est péché sans trouble ».

66. mîzen, locution adverbiale, comme usen (note 31) : pun ic mizdu même pour récompense ». Ils ne feraient le bien, selon l’expression anglaise, neilher foi’ love, nor for money. Cf. Y. XXXI, 15, note 58.


    claires. » « Ces choses » désignent, selon la glose, soit la résurrection et le sort des justes et des méchants (voir la fin de la strophe précédente), soit la religion : c’est dans ce dernier sens que nous prenons l’expression, en la rapportant à ce qui suit. — « Les œuvres d’Asha » ou mieux « les œuvres saintes » ; debàzaiti, satpar… yahvûnêt (bàz sscr. baňh ; παχ-ύζ).

  1. 18. taêibyo (J2, K3 ; Nériosengh tvadîyebhyo ; Geldner taihyò ; le pehlvi peut se lire dans les deux sens : man âni lak ou man ô lak) ; cinas, câsht.
  2. 19. La vache Azî : voir Y. XXIX, note 24. — rânyô-skeretim, râtih kartâr.
  3. 20. Qui inspire aux puissants (Khshathra) l’intention d’exercer le pouvoir pour le bien de la religion ?
  4. 21. uzemem côret̪, dôstih kart « a fait amitié » (côret̪ * càr-t ; cf. * yaokh-t, n. 14) ; vyânayâ, amat vandînit « quand il obtient » (d’un thème vyânayâ, de vî-â-nî ?). Glose ; « de sorte qu’il l’élève ». Le premier couple mangea ses deux premiers enfants à cause de la tendresse de leur chair : Dieu changea l’esprit des parents et leur inspira l’amour paternel (Bund, XV, 22-23 ; Albîrûnî, Chronology, p. 108). — Le Dînkart, IX, 37 e, semble entendre uzemem non de l’amour des enfants, mais du désir d’en avoir.
  5. 22. frakhshnî avâmî : frakhshnî, kabad. Le sens général est sans doute : je veux amener ces créatures — les hommes — à ton service.
  6. 23. meñdaidyâi, panj dahishn : v. Y. XI, note 24. Y aurait-il une allusion aux cinq Gâthas ? On serait tenté de penser qu’ici meñdaidyâi n’est point le nom de nombre du Y. XI, et que c’est un dérivé et un synonyme de man ; « à penser ; que je puisse penser ». — àdishtish, nikîzishnîh « action de montrer, révélation » (dis sscr. diç) ; cf. XLIII, n. 36.
  7. 24. Les pensées de vertu et de piété. — frashi, aoriste passif de fras, pares.
  8. 25. La science du bien et du mal.
  9. 26. Cité LXX, 5.