Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume I/YASNA/Hâ15-2.

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Traduction par James Darmesteter.
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux (I. La Liturgie (Yasna et Vispéred) (Annales du Musée Guimet, tome 21)p. 139-140).

APPENDICE



La kiryâ indienne que j’ai suivie dans ce Hâ a laissé tomber un nirang compliqué, qui se trouve dans les manuscrits liturgiques et, qu’il m’aurait été impossible d’interpréter sans l’assistance amicale de M. Tahmuras. M. Tahmuras a bien voulu relever le texte du nirang dans le Vendidad Sadé et le Yasna Sadé de la Bibliothèque Mulla Firoz (Mf2, Mf1) : je prends comme base le texte Mf1 qui est le plus complet et le plus correct :

Au mot sastica :

Zôt Râspîg sastica kâla 2 barâ gavishn ; Barsôm madam vakhdûnishn U bâra 2 nîm lakhvâr kunishn, 8 pun dûkân kûn (lire dûkânakô) min dashan ham ôshmûrtan, êvak tâk râsttar u satpartar pun datûsh kartan, barâ afrâztnishn ; Barsôm var i (Pt4 et Mf2 ol) Mâhrûî asarûnishn.

Littéralement : « Le Zôt et le Râspî disent tous deux sastica. Prendre le Barsôm, le diviser en deux, compter huit tiges en partant de la droite, prendre pour datûsh une tige plus droite et plus forte que les autres, la dresser ; lier le Barsôm sur le Mâhrû. »

Pour éclaircir ces indications obscures, je ne saurais mieux faire que traduire en la résumant une lettre de M. Tahmuras :

« J’ai eu quelque peine à trouver l’explication de la kriyâ dont vous me demandez le sens, par la raison que cette kriyâ n’est pas accomplie par les Mobeds Shahansais et par suite je ne pouvais trouver personne pour me l’expliquer. En continuant mes recherches, j’ai trouvé qu’elle est suivie par les Mobeds Iranis et dans l’Inde même par ceux de la secte Kadmi. Je vous envoie les éclaircissements qu’ils m’ont fournis ......

« Avant de prononcer le mot sastica, le prêtre lève le Barsôm avec la main gauche, puis il le fait dû-gânak, c’est-à-dire qu’il divise le Barsom en deux parties, ce qu’il fait comme il suit. Tenant le Barsom dans sa main gauche, lié comme il est, il compte les tiges deux à deux, en commençant par celles qui sont plus près de sa droite. Il sépare une première paire qu’il lève 1[1] en murmurant en bâj le mot yazdân (les dieux) ; une seconde paire, en murmurant vahân (les gens de bien), une troisième, une quatrième, une cinquième en murmurant Humat (bonne pensée), Hûkht (bonne parole), Hvarsht (bonne action) ; total dix tiges 2[2]. Cela fait, il tire une tige unique, la onzième, et l’insère dans le nœud de l’Evanghin, presque à angle droit avec le Barsom. Il continue alors à compter les tiges par paires, en murmurant dans l’intervalle les mots Shast, Haft, Bist, Yand-o-deh (Yanzdeh ?) ; puis après une formule pazende analogue à celle du Mînônâvar, il replace le Barsom sur le Mâhrû et reprend l’Avesta, vañtaca, etc. S’il y a vingt et une tiges, comme dans le Yasna ordinaire, on aura cinq paires d’un côté, cinq paires de l’autre et une tige insérée verticalement dans le nœud (voir aux planches). D’après les prêtres Iranis cette tige droite s’appelle datûsh. Je crois que ce mot n’est autre que le zend dathushô ; car en prononçant le mot dathushô au Hâ XXIV, le prêtre touche précisément la gauche de la tige dite datûsh avec la coupe de hôm et d’urvarâm » (voir plus bas, Hà XXIV, 12 ; le datûsh reparaît encore Hâ XXVII, et Hâ LIX, 28 où son rôle prend fin et où il rentre dans les rangs).

Le reste du nîrang est en accord avec la kiryâ.

Après les mots : « dans l’amour de la bonne Religion mazdéenne » : sûkarak lakhvâr râst vakhdûnishn, jiv lakhvâr khalkûnishn « redresser la coupe et y verser le lait par portions » (cf. p. 138, la kiryâ du § 2, 7).

Après les mots : « je confère toutes les faveurs de la fortune » : Frâgâm û jâm ( ?) ol vari girâhi Barsôm bûrtan « porter le Frâgâm et la coupe ( ? lire jîvâm ?) contre le nœud du Barsom », c’est-à-dire toucher le nœud de l’Evanghin avec le Frâgâm et le Zôr taê ( ? cf. p. 138, la kiryâ du § 2, 7).


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  1. 1. Sans la retirer du faisceau ; il n’y a que la onzième tige, le datûsh, qui en est retirée pour être insérée dans le nœud de l’Evanghin et qui divise le faisceau en deux parties de dix tiges chacune.
  2. 2 Huit dans le manuscrit.