Les Confédérés vérolés (recueil)/Arrivée de J.-F. Maury chez son père
ARRIVÉE DE J.-F. MAURY
CHEZ
M. SON PÈRE
Air de l’Enfant prodigue.
Qui t’amène en ma maison,
Fils indigne de mon nom ?
N’as-tu pas trahi ton père,
Tes parents et nos amis ?
Fuis, évite ma colère ;
De chez moi je te bannis.
Je suis membre du clergé,
Et j’étois bien partagé.
Pour le salut de la France,
Il falloit rendre mes biens ;
Pouvois-je mettre en balance
Vos intérêts et les miens ?
Osois-tu bien, scélérat,
Renier le Tiers-État ?
Ne t’ai-je pas donné l’être ?
Si tu savois mon métier,
Au lieu d’être mauvais prêtre,
Tu serois bon savetier.
À vous uni par le sang,
Mais désuni par le rang,
Sachant qu’au nouveau régime
Je perdois mes revenus,
Pouvoit-on me faire un crime
De soutenir les abus ?
Non, tu n’es plus mon enfant,
Aristocrate insolent :
Pour conserver ta richesse,
Tu ruineras ton pays :
Va consumer ta mollesse
Chez les filles de Paris.
Apaisez votre courroux ;
Souffrez qu’un fils à genoux
Réclame votre clémence :
Ayez pitié de mon sort,
Si je cède à l’évidence,
C’est que je suis le moins fort.