Les méthodes nouvelles de la mécanique céleste/Chap.04

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Gauthier-Villars et Fils (1p. 162-232).

CHAPITRE IV.

EXPOSANTS CARACTÉRISTIQUES.


Équations aux variations.

53.Il y a peu de chances pour que, dans aucune application, les conditions initiales du mouvement soient exactement celles qui correspondent à une solution périodique ; mais il peut arriver qu’elles en diffèrent fort peu. Si alors on considère les coordonnées des trois corps dans leur mouvement véritable, et, d’autre part, les coordonnées qu’auraient ces trois mêmes corps dans la solution périodique, la différence reste très petite au moins pendant un certain temps et l’on peut, dans une première approximation, négliger le carré de cette différence.

Soit

(1)

un système d’équations différentielles où les sont des fonctions données de

Soit

(1 bis)

une solution quelconque de ces équations que nous appellerons solution génératrice.

Soit

(1 ter)

une solution peu différente de la première.

Si l’on néglige les carrés des on pourra écrire

(2)

Les équations (2) seront ce que nous appellerons les équations aux variations des équations (1). On conçoit qu’on puisse dans une première approximation se servir de ces équations aux variations pour déterminer les

Ce qui précède suffit pour faire comprendre l’importance de ces équations aux variations. Nous allons donc en faire une étude détaillée, en insistant surtout sur les équations aux variations des équations de la Dynamique.

54.Reprenons les équations (1) du numéro précédent et les équations (2) qui en sont les équations aux variations.

Quand on connaît une solution des équations (1) contenant un certain nombre de constantes arbitraires, on peut en déduire des solutions particulières des équations (2).

Supposons, en effet, que les équations (1) soient satisfaites quand on y fait

(3)

Je suppose que la solution génératrice s’obtienne en faisant dans ces équations (3)

sont constantes arbitraires.

Il est clair que les équations (2) admettront les solutions particulières

Il faut, bien entendu, que dans ces dérivées on fasse après la différentiation

Supposons maintenant que l’on connaisse une intégrale des équations (1), et soit

cette intégrale.

On aura, pour la solution (1 bis),

et, pour la solution (1 ter),

et étant deux constantes numériques.

Si nous supposons que les soient très petits, il en sera de même de et, si l’on néglige les carrés de ces quantités, il vient

(4)

Dans les dérivées partielles il faut, bien entendu, faire après la différentiation

L’équation (4) nous donne alors une intégrale des équations (2) ; il importe d’observer que cette intégrale contiendra en général le temps explicitement.

Ainsi, si l’on connaît une intégrale des équations (1), on peut en déduire une intégrale des équations (2).

Application à la théorie de la Lune.

55.J’ai parlé plus haut, au no 53, des applications possibles des équations aux variations et de leur utilité pour l’Astronomie. Un exemple frappant nous en est fourni par l’admirable théorie de la Lune, de M. Hill.

J’ai dit au no 41 comment ce savant astronome, après avoir formé les équations du mouvement de la Lune, étudie en détail une solution particulière de ces équations qui diffère assez peu de la solution correspondant aux véritables conditions initiales du mouvement. Cette solution est périodique et de celles que j’ai désignées dans le Chapitre précédent sous le nom de solutions de la première sorte.

S’en tenir à cette solution, cela revient à négliger à la fois non seulement la parallaxe et l’excentricité du Soleil, mais les inclinaisons des orbites et l’excentricité de la Lune.

Néanmoins cette première approximation nous fait connaître assez exactement, ainsi que je l’ai dit au no 49, le coefficient de l’une des plus importantes inégalités de la Lune connue sous le nom de variation.

Soient maintenant

les coordonnées de la Lune dans cette solution particulière périodique.

Soient

les véritables coordonnées de la Lune.

Dans une deuxième approximation, M. Hill néglige les carrés des et il arrive ainsi à un système d’équations différentielles linéaires. En d’autres termes, il forme les équations aux variations en prenant pour solution génératrice la solution périodique qu’il avait d’abord étudiée.

Néanmoins cette seconde approximation lui donne quelques-uns des éléments les plus importants du mouvement de la Lune, à savoir le mouvement du périgée, celui du nœud et le coefficient de l’évection.

À la vérité, les résultats ne sont publiés qu’en ce qui concerne le mouvement du périgée (Cambridge U. S. A., 1877, et Acta mathematica, t. VIII), mais le chiffre obtenu est extrêmement satisfaisant.

Équations aux variations de la Dynamique.

56.Soit une fonction d’une double série de variables

et du temps

Supposons que l’on ait les équations différentielles

(1)

Considérons deux solutions infiniment voisines de ces équations :

qui servira de solution génératrice et

les et les étant assez petits pour qu’on puisse négliger leurs carrés.

Les et les satisferont alors aux équations différentielles linéaires

(2)

qui sont les équations aux variations des équations (1).

Soit une autre solution de ces équations linéaires, de sorte que

(2′)

Multiplions les équations (2) et (2′) respectivement par et faisons la somme de toutes ces équations, il viendra

ou
ou enfin
(3)

Voilà une relation qui lie entre elles deux solutions quelconques des équations linéaires (2).

Il est aisé de trouver d’autres relations analogues.

Considérons quatre solutions des équations (2)

Considérons ensuite la somme des déterminants

où les indices et varient depuis 1 jusqu’à On vérifierait sans peine que cette somme est encore une constante.

Plus généralement, si l’on forme à l’aide de solutions des équations (2) la somme de déterminants

cette somme sera une constante.

En particulier, le déterminant formé par les valeurs des quantités et dans solutions des équations (2) sera une constante.

Ces considérations permettent de trouver une solution des équations (2) quand on en connaît une intégrale et réciproquement.

Supposons, en effet, que

soit une solution particulière des équations (2) et désignons par et une solution quelconque de ces mêmes équations. On devra avoir

ce qui sera une intégrale des équations (2).

Réciproquement, soit

une intégrale des équations (2), on devra avoir

d’où en identifiant
ce qui montre que

est une solution particulière des équations (2).

Si maintenant

est une intégrale des équations (1),

sera une intégrale des équations (2), et par conséquent

sera une solution particulière de ces équations.

Si sont deux intégrales des équations (1), on aura

C’est le théorème de Poisson.

Considérons le cas particulier où les désignent les coordonnées rectangulaires de points dans l’espace ; nous les désignerons par la notation à double indice


le premier indice se rapportant aux trois axes rectangulaires de coordonnées et le second indice aux points matériels. Soit la masse du ième point matériel. On aura alors


étant la fonction des forces.

On aura alors pour l’équation des forces vives

Posons ensuite

d’où
(3)
et
(1′)

Soit

(4)


une solution de ces équations (1′), une autre solution sera


étant une constante quelconque.

En regardant comme infiniment petit, on obtiendra une solution des équations (2′) qui correspondent à (1′) comme les équations (2) correspondent à (1)

désignant un facteur constant très petit que l’on peut supprimer quand on ne considère que les équations linéaires (2′).

Connaissant une solution

de ces équations, on peut déduire une intégrale

Mais cette même intégrale s’obtient très aisément en différentiant l’équation des forces vives (3).

Si les points matériels sont soustraits à toute action extérieure, on peut déduire de la solution (4) une autre solution

et étant des constantes quelconques. En regardant ces constantes comme infiniment petites, on obtient deux solutions des équations (2′)

On obtient ainsi deux intégrales de (2′)

On peut obtenir ces intégrales en différentiant les équations du mouvement du centre de gravité

Si l’on fait tourner la solution (4) d’un angle autour de l’axe des on obtient une autre solution

En regardant comme infiniment petit, on trouve comme solution de (2′)

d’où l’intégrale de (2′)

que l’on pouvait obtenir aussi en différentiant l’intégrale des aires de (1′)

Supposons maintenant que la fonction soit homogène et de degré par rapport aux ce qui est le cas de la nature.

Les équations (1′) ne changeront pas quand on multipliera par les par et les par étant une constante quelconque. De la solution (4) on déduira donc la solution suivante :

Si l’on regarde comme très voisin de l’unité, on obtiendra comme solution des équations (2′)

ou
(5)

d’où l’intégrale suivante des équations (2′), laquelle, à la différence de celles que nous avons envisagées jusqu’ici, ne peut être obtenue en différentiant une intégrale connue des équations (1′)

Application de la théorie des substitutions linéaires.

57.Avant d’aller plus loin, je suis obligé de rappeler quelques-unes des propriétés des transformations linéaires qui nous seront utiles dans la suite.

Soit

(1)

une substitution linéaire qui lie les variables aux variables Le déterminant de cette substitution est

et l’équation
(2)

est ce qu’on appelle l’équation en de la substitution (1). Si l’on fait subir aux et aux une même substitution linéaire, c’est-à-dire si l’on pose

les étant des constantes ; les et les seront liés entre eux par des relations linéaires de même forme que (1), et l’on aura

(3)

La substitution linéaire (3) s’appellera alors la transformée de la substitution (1).

La théorie des substitutions linéaires nous apprend :

1o Que la nouvelle équation en

ne diffère pas de l’ancienne équation en (2)' ;

2o Que si le déterminant est nul ainsi que tous ses mineurs jusqu’aux mineurs de l’ordre inclusivement, il en sera de même du déterminant

Les mineurs d’ordre de sont, en effet, des combinaisons linéaires des mineurs d’ordre de

3o Que l’on peut choisir les de façon à ramener la substitution (2) à une forme aussi simple que possible, dite forme canonique. Voici en quoi consiste cette forme :

Si l’équation en a toutes ses racines simples, on peut annuler à la fois

Si l’équation en a une racine double, on peut annuler à la fois on a alors

Si l’équation en a une racine triple, on peut s’annuler à la fois et on a alors

Dans tous les cas, on peut toujours supposer que les ont été choisis, de telle sorte que

Si l’équation en a une racine nulle, est nul et réciproquement.

Supposons maintenant que ait tous ses mineurs du premier ordre nuls ; alors il en sera de même de Mais comme

il y a trois des mineurs de qui se réduisent à

ils ne peuvent s’annuler que si deux des trois quantités et sont nulles.

Mais ces trois quantités sont les trois racines de l’équation en Donc, si les mineurs de sont tous nuls, l’équation en a deux racines nulles.

La réciproque n’est pas vraie.

En effet, l’équation en

a deux racines nulles et tous ses mineurs ne sont pas nuls.

Nous avons supposé, pour fixer les idées, que nous avions affaire à une substitution linéaire portant sur trois variables seulement : mais le même raisonnement s’applique, quel que soit le nombre des variables.

Si le déterminant d’une substitution linéaire est nul, ainsi que tous ses mineurs du premier, du second, etc., du ième ordre ; l’'équation en aura racines nulles.

58.Soient, comme dans le Chapitre précédent,

un système d’équations différentielles. Soit

une solution périodique de ces équations de période

Soit, dans une solution voisine de cette solution périodique, la valeur de pour et la valeur de pour

Envisageons le déterminant fonctionnel des par rapport aux

On peut le regarder comme le tableau des coefficients d’une substitution linéaire

Si l’on fait subir aux un changement linéaire de variables, les et les subiront ce même changement linéaire, et la substitution linéaire se changera dans la substitution transformée au sens du numéro précédent.

Nous pourrons donc choisir le changement linéaire de variables subi par les les et les de façon à simplifier autant que possible le tableau des coefficients de ainsi qu’il a été expliqué plus haut. Nous pouvons donc toujours supposer que l’on a fait un changement linéaire de variables tel que

(1)

toutes les fois que

Dans ce cas les racines de l’équation en relative à la substitution sont

On peut d’ailleurs choisir le changement de variables que subissent les les et les de façon que ces racines de l’équation en se présentent dans tel ordre que l’on veut. Si, par exemple, l’équation en a deux racines nulles, on peut choisir ce changement de variables de telle façon que,

Si l’équation en n’a qu’une racine égale a on pourra encore choisir le changement de variables, de telle sorte que l’on ait en outre

(2)

Supposons donc que l’équation en ait une racine nulle et une seule ; nous pourrons d’après ce qui précède supposer que cette racine nulle est de sorte que

et choisir en même temps le changement de variables, de façon à satisfaire aux conditions (1) et (2).

Si donc l’équation en a une racine nulle et une seule, il est toujours permis de supposer que

Définition des exposants caractéristiques.

59.Soit

(1)

un système d’équations différentielles où seront des fonctions données de Nous pourrons supposer, ou bien que le temps n’entre pas explicitement dans ces fonctions ou au contraire que ces fonctions dépendent non seulement de mais encore du temps mais dans ce dernier cas les devront être des fonctions périodiques de

Imaginons que ces équations (1) admettent une solution périodique

Prenons cette solution comme solution génératrice et formons les équations aux variations (voir no 53) des équations (1), en posant

et négligeant les carrés des

Ces équations aux variations s’écriront

(2)

Ces équations sont linéaires par rapport aux et leurs coefficients [quand on y a remplacé par ] sont des fonctions périodiques de Nous avons donc à intégrer des équations linéaires à coefficients périodiques.

On a vu au no 29 quelle est en général la forme des intégrales de ces équations ; on obtient intégrales particulières de la forme suivante

(3)

les étant des constantes et les des fonctions périodiques de de même période que les

Les constantes s’appellent les exposants caractéristiques de la solution périodique.

Si est purement imaginaire de façon que son carré soit négatif, le module de est constant et égal à 1. Si au contraire est réel, ou si est complexe de telle façon que son carré ne soit pas réel, le module tend vers l’infini pour ou pour Si donc tous les ont leurs carrés réels et négatifs, les quantités resteront finies ; je dirai alors que la solution périodique est stable ; dans le cas contraire, je dirai que cette solution est instable.

Un cas particulier intéressant est celui où deux ou plusieurs des exposants caractéristiques sont égaux entre eux. Dans ce cas les intégrales des équations (2) ne peuvent plus se mettre sous la forme (3). Si, par exemple,

les équations (2) admettraient deux intégrales particulières qui s’écriraient

et

les et les étant des fonctions périodiques de (voir no 29).

Si trois des exposants caractéristiques étaient égaux entre eux, on verrait apparaître, non seulement mais encore en dehors des signes trigonométriques et exponentiels.

Équation qui définit ces exposants.

60.Reprenons les équations (1) du numéro précédent ; considérons une solution quelconque

Soit la période de la solution périodique génératrice soit la valeur de pour et la valeur de pour

Comme les s’annulent avec les et sont développables suivant les puissances croissantes des nous pouvons écrire, par la formule de Taylor,

Si la solution considérée diffère assez peu de la solution périodique pour qu’on puisse négliger les carrés des on pourra également négliger les carrés des et il restera

Considérons une des solutions particulières des équations aux variations (2), nous aurons pour

et pour

Parmi ces solutions particulières, nous avons vu au no 59 qu’il y en a qui sont d’une forme remarquable : ce sont les solutions (3) ; soit

l’une de ces solutions (3), ou, en supprimant l’indice pour abréger l’écriture,

Les fonctions sont des fonctions périodiques de de période on a donc, pour

et, pour

ou, en remplaçant par sa valeur,

En éliminant entre des équations, il vient

d’où la règle suivante

Pour obtenir les exposants caractéristiques on forme le déterminant fonctionnel des par rapport aux on forme l’équation en correspondante : les racines de cette équation sont égales à

Dans les dérivées partielles il va sans dire qu’il faut, après les différentiations, annuler tous les

Cas où le temps n’entre pas explicitement.

61.Quand le temps n’entre pas explicitement dans les équations (1) du no 59, l’un au moins des exposants caractéristiques est nul. Soit, en effet,

la solution génératrice ; si l’on fait

étant une constante quelconque, on aura encore une solution des équations (1) ; alors, d’après le no 51, on aura une solution des équations aux variations, en faisant

(4)

Mais, étant une fonction périodique de il en sera de même de sa dérivée

La solution (4) est bien de la forme (3) (c’est-à-dire égale à une exponentielle multipliée par une fonction périodique de ). Seulement ici l’exponentielle se réduit à l’unité et l’exposant caractéristique est égal à 0. C.Q.F.D.

D’ailleurs nous avons vu déjà au Chapitre précédent que, dans ce cas, le déterminant fonctionnel des par rapport aux est nul.

Nouvel énoncé du théorème des nos 37 et 38.

62.Nous avons, dans le no 37, envisagé d’abord le cas où les équations (1) dépendent du temps et d’un paramètre et admettent pour une solution périodique et une seule. Nous avons vu que, si le déterminant fonctionnel

les équations admettront encore une solution périodique pour les petites valeurs de

Ce déterminant peut s’écrire

Or les exposants caractéristiques sont donnés par l’équation

Dire que est nul, c’est donc dire que l’un des exposants caractéristiques est nul ; de sorte que nous pouvons énoncer ainsi le premier des théorèmes démontrés au paragraphe précédent :

Si les équations (1) qui dépendent d’un paramètre admettent pour une solution périodique dont aucun des exposants caractéristiques ne soit nul, elles admettront encore une solution périodique pour les petites valeurs de

63.On peut arriver à un résultat analogue quand on suppose, comme au no 38, que le temps n’entre pas explicitement dans les équations différentielles.

Nous avons vu au no 38 que la condition suffisante pour qu’il y ait encore des solutions périodiques pour les petites valeurs de c’est que pour tous les déterminants contenus dans la matrice

ne soient pas nuls à la fois.

Cela posé, considérons l’équations en

Ses racines sont, comme nous l’avons vu au no 60, égales à étant la période et un exposant caractéristique. Le temps n’entrant pas explicitement dans les équations, un de ces exposants doit être nul d’après ce que nous avons vu au no 61.

L’équation en a donc au moins une racine nulle ; je dis que si elle n’en a qu’une, il y aura encore des solutions périodiques pour les petites valeurs de

En effet, d’après ce que nous avons vu au no 58, il est toujours permis de supposer que

Le premier membre de l’équation en s’écrit

Si donc l’équation en n’a qu’une racine nulle, le déterminant fonctionnel de par rapport à ne sera pas nul.

Alors le déterminant obtenu en supprimant dans la matrice la première colonne se réduit à

Je dis qu’il n’est pas nul ; en effet, ne peut s’annuler pour la raison suivante :

On ne peut pas avoir à la fois

S’il en était ainsi, cela voudrait dire que, si l’on considère la solution périodique

qui correspond à et qui nous sert de point de départ, on a pour (et par conséquent encore pour toutes les valeurs de )

de sorte que seraient des constantes, ce que nous ne supposerons pas.

D’autre part, je dis que

Nous avons, en effet, comme on l’a vu plus haut, page 91

Or nous avons donc une série d’équations linéaires

et, comme le déterminant de ces équations (c’est-à-dire ) n’est pas nul, il vient

Comme nous avons exclu le cas où sont des constantes, cas qui sera examiné à part, au no 68, nous en concluons que

C.Q.F.D.

Ainsi, si les équations différentielles ne contiennent pas le temps explicitement, si elles admettent une solution périodique pour l’un des exposants caractéristiques de cette solution sera toujours nul ; si, de plus, aucun autre de ces exposants n’est nul, il y aura encore une solution périodique pour les petites valeurs de

Cas où les équations admettent des intégrales uniformes.

64.Supposons que les équations

(1)

où les sont des fonctions uniformes de et de périodiques de période par rapport à admettent une solution périodique de période

de telle sorte que est une intégrale indépendante du temps

uniforme par rapport à Je dis qu’un des exposants caractéristiques est nul, sauf dans un cas exceptionnel dont je parlerai plus loin.

Définissons, en effet, les quantités et comme au no 37, et envisageons le déterminant fonctionnel des par rapport aux Je dis que ce déterminant est nul.

En effet, on a identiquement

en écrivant, pour abréger, au lieu de

En différentiant cette identité par rapport à on trouve

(2)

Il faut, dans remplacer par

Nous pouvons faire dans les équations (2) nous avons donc équations linéaires par rapport aux quantités

Alors de deux choses l’une : ou bien le déterminant de ces équations (2), c’est-à-dire le déterminant fonctionnel des par rapport aux sera nul, et alors, d’après ce que nous avons vu au no 62, l’un des exposants caractéristiques sera nul.

Ou bien on aura à la fois

(3)

Ces équations devront être satisfaites pour

ou, ce qui revient au même, pour

Mais l’origine du temps est restée entièrement arbitraire ; nous devons donc conclure que les équations (3) seront satisfaites, quel que soit pour

On peut d’ailleurs s’en rendre compte de la manière suivante :

Supposons que les équations (3) soient satisfaites pour un système de valeurs de je dis qu’elles le seront encore pour un système infiniment voisin pourvu que l’on ait, conformément aux équations différentielles,

En d’autres termes, je dis que les équations (3) entraînent les suivantes,

En effet, on a identiquement (puisque est une intégrale des équations différentielles)

En différentiant cette identité par rapport à il vient

ou, en vertu des équations (3),


C.Q.F.D.

Ainsi, si les équations différentielles admettent une intégrale uniforme, l’un des exposants caractéristiques d’une solution périodique quelconque sera nul, à moins que toutes les dérivées partielles de l’intégrale ne s’annulent en tous les points de cette solution périodique. Cette dernière circonstance ne pourra se présenter qu’exceptionnellement.

65.Supposons encore que les équations différentielles (1) contiennent le temps explicitement et soient, par rapport à cette variable, des fonctions périodiques de période

Je dis que si les équations différentielles admettent deux intégrales uniformes, et deux des exposants caractéristiques seront nuls.

On trouvera, en effet, comme dans le numéro précédent,

(2)

Nous pouvons en conclure que, non seulement le déterminant fonctionnel des par rapport aux est nul, mais qu’il en est de même de tous ses mineurs du premier ordre, à moins que l’on n’ait à la fois

(3)

Mais, d’après le no 57, cela ne peut avoir lieu que si l’équation en formée à l’aide du déterminant fonctionnel des a deux racines nulles, c’est-à-dire (puisque ces racines sont égales à ) s’il y a deux exposants caractéristiques nuls.

Si donc il y a deux intégrales uniformes, il y aura deux exposants caractéristiques nuls, à moins que les équations (3) ne soient satisfaites en tous les points de la solution périodique, ce qui évidemment ne peut arriver qu’exceptionnellement.

On démontrerait de même que s’il y a intégrales uniformes, des exposants caractéristiques seront nuls à moins que tous les déterminants contenus dans la matrice

ne s’annulent en tous les points de la solution périodique considérée.

66.Imaginons maintenant que le temps n’entre pas explicitement dans nos équations différentielles et, de plus, que ces équations admettent une intégrale uniforme

indépendante du temps

Je dis que deux exposants caractéristiques seront nuls.

Nous avons vu d’abord qu’un de ces exposants est toujours nul quand le temps n’entre pas explicitement. Si de plus il y a une intégrale on aura, comme au no 64,

et, en différentiant cette relation par rapport à et à il viendra

On en conclura ou bien que l’on a à la fois

pour tous les points de la solution périodique, ou bien que tous les déterminants contenus dans la matrice

sont nuls à la fois.

Or nous avons vu, au no 63, que cela ne peut avoir lieu que si deux exposants caractéristiques s’annulent.

67.Je me propose maintenant d’établir ce qui suit :

Supposons encore que le temps n’entre pas explicitement dans nos équations différentielles ; supposons que ces équations admettent intégrales analytiques et uniformes et où le temps n’entre pas non plus explicitement. Soient ces intégrales.

Alors, ou bien exposants caractéristiques seront nuls, ou bien tous les déterminants contenus dans la matrice