CHAPITRE IV.
EXPOSANTS CARACTÉRISTIQUES.
Équations aux variations.
53.Il y a peu de chances pour que, dans aucune application, les
conditions initiales du mouvement soient exactement celles qui
correspondent à une solution périodique ; mais il peut arriver
qu’elles en diffèrent fort peu. Si alors on considère les coordonnées
des trois corps dans leur mouvement véritable, et, d’autre part,
les coordonnées qu’auraient ces trois mêmes corps dans la solution
périodique, la différence reste très petite au moins pendant un
certain temps et l’on peut, dans une première approximation,
négliger le carré de cette différence.
Soit
(1)
|
|
|
un système d’équations différentielles où les
sont des fonctions
données de

Soit
(1 bis)
|
|
|
une solution quelconque de ces équations que nous appellerons
solution génératrice.
Soit
(1 ter)
|
|
|
une solution peu différente de la première.
Si l’on néglige les carrés des
on pourra écrire
(2)
|
|
|
Les équations (2) seront ce que nous appellerons les équations
aux variations des équations (1). On conçoit qu’on puisse dans
une première approximation se servir de ces équations aux variations
pour déterminer les 
Ce qui précède suffit pour faire comprendre l’importance de
ces équations aux variations. Nous allons donc en faire une étude
détaillée, en insistant surtout sur les équations aux variations des
équations de la Dynamique.
54.Reprenons les équations (1) du numéro précédent et les
équations (2) qui en sont les équations aux variations.
Quand on connaît une solution des équations (1) contenant un
certain nombre de constantes arbitraires, on peut en déduire des
solutions particulières des équations (2).
Supposons, en effet, que les équations (1) soient satisfaites quand
on y fait
(3)
|
|
|
Je suppose que la solution génératrice s’obtienne en faisant dans
ces équations (3)

où
sont
constantes arbitraires.
Il est clair que les équations (2) admettront les
solutions particulières

Il faut, bien entendu, que dans ces dérivées
on fasse après la différentiation

Supposons maintenant que l’on connaisse une intégrale des équations (1), et soit

cette intégrale.
On aura, pour la solution (1 bis),
![{\displaystyle \mathrm {F} \left[\varphi _{1}(t),\,\varphi _{2}(t),\,\dots ,\,\varphi _{n}(t)\right]=c,}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/ebf346b225913754f8c2a6f67c88ea9ada1753b0)
et, pour la solution (1 ter),
![{\displaystyle \mathrm {F} \left[\varphi _{1}(t)+\xi _{1},\,\varphi _{2}(t)+\xi _{2},\,\dots ,\,\varphi _{n}(t)+\xi _{n}\right]=c'.}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/179d14e2a38ef4dbc413dc04e8e26c6a78ad542d)
et
étant deux constantes numériques.
Si nous supposons que les
soient très petits, il en sera de
même de
et, si l’on néglige les carrés de ces quantités, il
vient
(4)
|
|
|
Dans les dérivées partielles
il faut, bien entendu, faire après
la différentiation

L’équation (4) nous donne alors une intégrale des équations (2) ;
il importe d’observer que cette intégrale contiendra en général le
temps explicitement.
Ainsi, si l’on connaît une intégrale des équations (1), on peut en
déduire une intégrale des équations (2).
Application à la théorie de la Lune.
55.J’ai parlé plus haut, au no 53, des applications possibles des
équations aux variations et de leur utilité pour l’Astronomie. Un exemple frappant nous en est fourni par l’admirable théorie de la
Lune, de M. Hill.
J’ai dit au no 41 comment ce savant astronome, après avoir
formé les équations du mouvement de la Lune, étudie en détail
une solution particulière de ces équations qui diffère assez peu de
la solution correspondant aux véritables conditions initiales du
mouvement. Cette solution est périodique et de celles que j’ai
désignées dans le Chapitre précédent sous le nom de solutions de la première sorte.
S’en tenir à cette solution, cela revient à négliger à la fois non
seulement la parallaxe et l’excentricité du Soleil, mais les inclinaisons
des orbites et l’excentricité de la Lune.
Néanmoins cette première approximation nous fait connaître
assez exactement, ainsi que je l’ai dit au no 49, le coefficient de
l’une des plus importantes inégalités de la Lune connue sous le
nom de variation.
Soient maintenant

les coordonnées de la Lune dans cette solution particulière périodique.
Soient

les véritables coordonnées de la Lune.
Dans une deuxième approximation, M. Hill néglige les carrés
des
et il arrive ainsi à un système d’équations différentielles
linéaires. En d’autres termes, il forme les équations aux variations
en prenant pour solution génératrice la solution périodique qu’il
avait d’abord étudiée.
Néanmoins cette seconde approximation lui donne quelques-uns
des éléments les plus importants du mouvement de la Lune, à
savoir le mouvement du périgée, celui du nœud et le coefficient
de l’évection.
À la vérité, les résultats ne sont publiés qu’en ce qui concerne
le mouvement du périgée (Cambridge U. S. A., 1877, et
Acta mathematica, t. VIII), mais le chiffre obtenu est extrêmement
satisfaisant.
Équations aux variations de la Dynamique.
56.Soit
une fonction d’une double série de variables

et du temps
Supposons que l’on ait les équations différentielles
(1)
|
|
|
Considérons deux solutions infiniment voisines de ces équations :

qui servira de solution génératrice et

les
et les
étant assez petits pour qu’on puisse négliger leurs
carrés.
Les
et les
satisferont alors aux équations différentielles linéaires
(2)
|
|
|
qui sont les équations aux variations des équations (1).
Soit
une autre solution de ces équations linéaires, de sorte que
(2′)
|
|
|
Multiplions les équations (2) et (2′) respectivement par
et faisons la somme de toutes ces équations, il viendra

ou
![{\displaystyle \sum {\frac {d}{dt}}\left[\eta '_{i}\xi _{i}-\xi '_{i}\eta _{i}\right]=0}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/fa14c7d1425a85a9c28c8f95671d174a584e8a34)
ou enfin
(3)
|
|
|
Voilà une relation qui lie entre elles deux solutions quelconques
des équations linéaires (2).
Il est aisé de trouver d’autres relations analogues.
Considérons quatre solutions des équations (2)

Considérons ensuite la somme des déterminants

où les indices
et
varient depuis 1 jusqu’à
On vérifierait sans
peine que cette somme est encore une constante.
Plus généralement, si l’on forme à l’aide de
solutions des
équations (2) la somme de déterminants

cette somme sera une constante.
En particulier, le déterminant formé par les valeurs des
quantités
et
dans
solutions des équations (2) sera une
constante.
Ces considérations permettent de trouver une solution des équations (2) quand on en connaît une intégrale et réciproquement.
Supposons, en effet, que

soit une solution particulière des équations (2) et désignons par
et
une solution quelconque de ces mêmes équations. On devra avoir

ce qui sera une intégrale des équations (2).
Réciproquement, soit

une intégrale des équations (2), on devra avoir

d’où en identifiant

ce qui montre que

est une solution particulière des équations (2).
Si maintenant

est une intégrale des équations (1),

sera une intégrale des équations (2), et par conséquent

sera une solution particulière de ces équations.
Si
sont deux intégrales des équations (1),
on aura

C’est le théorème de Poisson.
Considérons le cas particulier où les
désignent les coordonnées
rectangulaires de
points dans l’espace ; nous les désignerons par
la notation à double indice

le premier indice se rapportant aux trois axes rectangulaires de
coordonnées et le second indice aux
points matériels. Soit
la masse du
ième point matériel. On aura alors

étant la fonction des forces.
On aura alors pour l’équation des forces vives

Posons ensuite

d’où
(3)
|
|
|
et
(1′)
|
|
|
Soit
(4)
|
|
|
une solution de ces équations (1′), une autre solution sera

étant une constante quelconque.
En regardant
comme infiniment petit, on obtiendra une solution
des équations (2′) qui correspondent à (1′) comme les équations
(2) correspondent à (1)

désignant un facteur constant très petit que l’on peut supprimer
quand on ne considère que les équations linéaires (2′).
Connaissant une solution

de ces équations, on peut déduire une intégrale

Mais cette même intégrale s’obtient très aisément en différentiant
l’équation des forces vives (3).
Si les points matériels sont soustraits à toute action extérieure,
on peut déduire de la solution (4) une autre solution

et
étant des constantes quelconques. En regardant ces constantes
comme infiniment petites, on obtient deux solutions des
équations (2′)

On obtient ainsi deux intégrales de (2′)

On peut obtenir ces intégrales en différentiant les équations du mouvement du centre de gravité

Si l’on fait tourner la solution (4) d’un angle
autour de l’axe
des
on obtient une autre solution
![{\displaystyle {\begin{aligned}x_{1i}&=\varphi _{1i}\cos \omega -\varphi _{2i}\sin \omega ,&{\frac {y_{1i}}{m_{i}}}&=\varphi '_{1i}\cos \omega -\varphi '_{2i}\sin \omega ,\\[1ex]x_{2i}&=\varphi _{1i}\sin \omega +\varphi _{2i}\cos \omega ,&{\frac {y_{2i}}{m_{i}}}&=\varphi '_{1i}\sin \omega +\varphi '_{2i}\cos \omega ,\\[1ex]x_{3i}&=\varphi _{3i},\quad &{\frac {y_{3i}}{m_{i}}}&=\varphi '_{3i}.\end{aligned}}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/0fa4ec95debb06aa322962000726643abf048e19)
En regardant
comme infiniment petit, on trouve comme solution de (2′)

d’où l’intégrale de (2′)

que l’on pouvait obtenir aussi en différentiant l’intégrale des aires de (1′)

Supposons maintenant que la fonction
soit homogène et de
degré
par rapport aux
ce qui est le cas de la nature.
Les équations (1′) ne changeront pas quand on multipliera
par
les
par
et les
par
étant une constante quelconque.
De la solution (4) on déduira donc la solution suivante :

Si l’on regarde
comme très voisin de l’unité, on obtiendra
comme solution des équations (2′)

ou
(5)
|
|
|
d’où l’intégrale suivante des équations (2′), laquelle, à la différence
de celles que nous avons envisagées jusqu’ici, ne peut être obtenue
en différentiant une intégrale connue des équations (1′)
![{\displaystyle {\textstyle \sum }\left(2x_{ki}\eta _{ki}+y_{ki}\xi _{ki}\right)=3t\left[\sum \left({\frac {y_{ki}\eta _{ki}}{m_{i}}}-{\frac {d\mathrm {V} }{dx_{ki}}}\xi _{ki}\right)\right]+\mathrm {const.} }](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/fefcb783d9a6d474e2ee79746843be9e7f80d74a)
Application de la théorie des substitutions linéaires.
57.Avant d’aller plus loin, je suis obligé de rappeler quelques-unes
des propriétés des transformations linéaires qui nous seront
utiles dans la suite.
Soit
(1)
|
|
|
une substitution linéaire qui lie les variables
aux variables
Le
déterminant de cette substitution est

et l’équation
(2)
|
|
|
est ce qu’on appelle l’équation en
de la substitution (1).
Si l’on fait subir aux
et aux
une même substitution linéaire,
c’est-à-dire si l’on pose

les
étant des constantes ; les
et les
seront
liés entre eux par des relations linéaires de même forme que (1), et l’on aura
(3)
|
|
|
La substitution linéaire (3) s’appellera alors la transformée de la
substitution (1).
La théorie des substitutions linéaires nous apprend :
1o Que la nouvelle équation en

ne diffère pas de l’ancienne équation en
(2)' ;
2o Que si le déterminant
est nul ainsi que tous ses mineurs
jusqu’aux mineurs de l’ordre
inclusivement, il en sera de même
du déterminant

Les mineurs d’ordre
de
sont, en effet, des combinaisons
linéaires des mineurs d’ordre
de
3o Que l’on peut choisir les
de façon à ramener la substitution
(2) à une forme aussi simple que possible, dite forme canonique.
Voici en quoi consiste cette forme :
Si l’équation en
a toutes ses racines simples, on peut annuler
à la fois
Si l’équation en
a une racine double, on peut annuler à la
fois
on a alors
Si l’équation en
a une racine triple, on peut s’annuler à la
fois
et
on a alors
Dans tous les cas, on peut toujours supposer que les
ont été
choisis, de telle sorte que

Si l’équation en
a une racine nulle,
est nul et réciproquement.
Supposons maintenant que
ait tous ses mineurs du premier
ordre nuls ; alors il en sera de même de
Mais comme

il y a trois des mineurs de
qui se réduisent à

ils ne peuvent s’annuler que si deux des trois quantités
et
sont nulles.
Mais ces trois quantités sont les trois racines de l’équation en
Donc, si les mineurs de
sont tous nuls, l’équation en
a deux
racines nulles.
La réciproque n’est pas vraie.
En effet, l’équation en

a deux racines nulles et tous ses mineurs ne sont pas nuls.
Nous avons supposé, pour fixer les idées, que nous avions affaire
à une substitution linéaire portant sur trois variables seulement :
mais le même raisonnement s’applique, quel que soit le nombre
des variables.
Si le déterminant d’une substitution linéaire est nul, ainsi
que tous ses mineurs du premier, du second, etc., du
ième
ordre ; l’'équation en
aura
racines nulles.
58.Soient, comme dans le Chapitre précédent,

un système d’équations différentielles. Soit

une solution périodique de ces équations de période 
Soit, dans une solution voisine de cette solution périodique,
la valeur de
pour
et
la valeur de
pour
Envisageons le déterminant fonctionnel des
par rapport aux

On peut le regarder comme le tableau des coefficients d’une substitution
linéaire 
Si l’on fait subir aux
un changement linéaire de variables, les
et les
subiront ce même changement linéaire, et la
substitution linéaire
se changera dans la substitution transformée au
sens du numéro précédent.
Nous pourrons donc choisir le changement linéaire de variables subi par les
les
et les
de façon à simplifier autant que
possible le tableau des coefficients de
ainsi qu’il a été expliqué
plus haut. Nous pouvons donc toujours supposer que l’on a fait
un changement linéaire de variables tel que
(1)
|
|
|
toutes les fois que 
Dans ce cas les racines de l’équation en
relative à la substitution
sont

On peut d’ailleurs choisir le changement de variables que subissent les
les
et les
de façon que ces racines de l’équation en
se présentent dans tel ordre que l’on veut. Si, par exemple, l’équation
en
a deux racines nulles, on peut choisir ce changement de
variables de telle façon que,

Si l’équation en
n’a qu’une racine égale a
on pourra encore choisir le changement de variables, de telle sorte que l’on ait en outre
(2)
|
|
|
Supposons donc que l’équation en
ait une racine nulle et une
seule ; nous pourrons d’après ce qui précède supposer que cette
racine nulle est
de sorte que

et choisir en même temps le changement de variables, de façon à
satisfaire aux conditions (1) et (2).
Si donc l’équation en
a une racine nulle et une seule, il est
toujours permis de supposer que
![{\displaystyle {\begin{alignedat}{5}{\frac {d\psi _{1}}{d\beta _{1}}}&={\frac {d\psi _{1}}{d\beta _{2}}}&=&\ldots &=&{\frac {d\psi _{1}}{d\beta _{n}}}&=&0,\\[0.5ex]{\frac {d\psi _{1}}{d\beta _{1}}}&={\frac {d\psi _{2}}{d\beta _{1}}}&=&\ldots &=&{\frac {d\psi _{n}}{d\beta _{1}}}&=&0.\end{alignedat}}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/c004fad1e01f06fa017646f450339bc8e4bf8889)
Définition des exposants caractéristiques.
59.Soit
(1)
|
|
|
un système d’équations différentielles où
seront des fonctions données de
Nous pourrons supposer, ou bien que le temps
n’entre pas explicitement dans ces fonctions
ou au contraire que ces fonctions
dépendent non
seulement de
mais encore
du temps
mais dans ce dernier cas les
devront être des fonctions
périodiques de 
Imaginons que ces équations (1) admettent une solution périodique

Prenons cette solution comme solution génératrice et formons
les équations aux variations (voir no 53) des équations (1), en posant

et négligeant les carrés des 
Ces équations aux variations s’écriront
(2)
|
|
|
Ces équations sont linéaires par rapport aux
et leurs coefficients
[quand on y a remplacé
par
] sont des fonctions périodiques de
Nous avons donc à intégrer des équations
linéaires à coefficients périodiques.
On a vu au no 29 quelle est en général la forme des intégrales
de ces équations ; on obtient
intégrales particulières de la forme suivante
(3)
|
|
|
les
étant des constantes et les
des fonctions périodiques
de
de même période que les 
Les constantes
s’appellent les exposants caractéristiques de
la solution périodique.
Si
est purement imaginaire de façon que son carré soit négatif,
le module de
est constant et égal à 1. Si au contraire
est
réel, ou si
est complexe de telle façon que son carré ne soit pas réel,
le module
tend vers l’infini pour
ou pour
Si donc tous les
ont leurs carrés réels et négatifs, les quantités
resteront finies ; je dirai alors que la solution périodique
est stable ; dans le cas contraire, je dirai que
cette solution est instable.
Un cas particulier intéressant est celui où deux ou plusieurs
des exposants caractéristiques
sont égaux entre eux. Dans ce
cas les intégrales des équations (2) ne peuvent plus se mettre sous
la forme (3). Si, par exemple,

les équations (2) admettraient deux intégrales particulières qui s’écriraient

et

les
et les
étant des fonctions périodiques de
(voir no 29).
Si trois des exposants caractéristiques étaient égaux entre eux,
on verrait apparaître, non seulement
mais encore
en dehors des signes trigonométriques et exponentiels.
Équation qui définit ces exposants.
60.Reprenons les équations (1) du numéro précédent ; considérons
une solution quelconque

Soit
la période de la solution périodique génératrice
soit
la valeur de
pour
et
la valeur de
pour
Comme les
s’annulent avec les
et sont développables suivant
les puissances croissantes des
nous pouvons écrire, par la formule
de Taylor,

Si la solution considérée diffère assez peu de la solution périodique
pour qu’on puisse négliger les carrés des
on pourra également
négliger les carrés des
et il restera

Considérons une des solutions particulières des équations aux
variations (2), nous aurons pour

et pour 

Parmi ces solutions particulières, nous avons vu au no 59 qu’il
y en a
qui sont d’une forme remarquable : ce sont les solutions
(3) ; soit

l’une de ces solutions (3), ou, en supprimant l’indice
pour abréger
l’écriture,

Les fonctions
sont des fonctions périodiques de
de
période
on a donc, pour

et, pour 

ou, en remplaçant
par sa valeur,

En éliminant
entre des
équations,
il vient

d’où la règle suivante
Pour obtenir les exposants caractéristiques
on forme le déterminant
fonctionnel des
par rapport aux
on forme l’équation
en
correspondante : les racines de cette équation sont égales à
Dans les dérivées partielles
il va sans dire qu’il faut,
après les différentiations, annuler tous les
Cas où le temps n’entre pas explicitement.
61.Quand le temps
n’entre pas explicitement dans les
équations (1) du no 59, l’un au moins des exposants caractéristiques est
nul. Soit, en effet,

la solution génératrice ; si l’on fait

étant une constante quelconque, on aura encore une solution des
équations (1) ; alors, d’après le no 51, on aura une solution des
équations aux variations, en faisant
(4)
|
|
|
Mais,
étant une fonction périodique de
il en sera de même de
sa dérivée 
La solution (4) est bien de la forme (3) (c’est-à-dire égale à une
exponentielle multipliée par une fonction périodique de
). Seulement
ici l’exponentielle se réduit à l’unité et l’exposant caractéristique
est égal à 0. C.Q.F.D.
D’ailleurs nous avons vu déjà au Chapitre précédent que, dans
ce cas, le déterminant fonctionnel des
par rapport aux
est nul.
Nouvel énoncé du théorème des nos 37 et 38.
62.Nous avons, dans le no 37, envisagé d’abord le cas où les
équations (1) dépendent du temps
et d’un paramètre
et
admettent pour
une solution périodique et une seule. Nous
avons vu que, si le déterminant fonctionnel

les équations admettront encore une solution périodique pour les
petites valeurs de 
Ce déterminant peut s’écrire

Or les exposants caractéristiques
sont donnés par l’équation

Dire que
est nul, c’est donc dire que l’un des exposants caractéristiques
est nul ; de sorte que nous pouvons énoncer ainsi le premier
des théorèmes démontrés au paragraphe précédent :
Si les équations (1) qui dépendent d’un paramètre
admettent
pour
une solution périodique dont aucun des exposants
caractéristiques ne soit nul, elles admettront encore une
solution périodique pour les petites valeurs de
63.On peut arriver à un résultat analogue quand on suppose,
comme au no 38, que le temps n’entre pas explicitement dans les
équations différentielles.
Nous avons vu au no 38 que la condition suffisante pour qu’il y
ait encore des solutions périodiques pour les petites valeurs de
c’est que pour
tous les déterminants contenus dans la matrice

ne soient pas nuls à la fois.
Cela posé, considérons l’équations en

Ses racines sont, comme nous l’avons vu au no 60, égales à
étant la période et
un exposant caractéristique. Le temps
n’entrant pas explicitement dans les équations, un de ces exposants
doit être nul d’après ce que nous avons vu au no 61.
L’équation en
a donc au moins une racine nulle ; je dis que
si elle n’en a qu’une, il y aura encore des solutions périodiques
pour les petites valeurs de
En effet, d’après ce que nous avons vu au no 58, il est toujours
permis de supposer que

Le premier membre de l’équation en
s’écrit

Si donc l’équation en
n’a qu’une racine nulle, le déterminant fonctionnel
de
par rapport à
ne sera pas nul.
Alors le déterminant obtenu en supprimant dans la matrice la
première colonne se réduit à

Je dis qu’il n’est pas nul ; en effet,
ne peut s’annuler pour la
raison suivante :
On ne peut pas avoir à la fois

S’il en était ainsi, cela voudrait dire que, si l’on considère la solution périodique

qui correspond à
et qui nous sert de point de départ, on a
pour
(et par conséquent encore pour toutes les valeurs de
)

de sorte que
seraient des constantes,
ce que nous ne supposerons pas.
D’autre part, je dis que

Nous avons, en effet, comme on l’a vu plus haut, page 91

Or
nous avons donc une série d’équations linéaires

et, comme le déterminant de ces équations (c’est-à-dire
) n’est pas
nul, il vient

Comme nous avons exclu le cas où
sont des constantes, cas qui sera examiné à part,
au no 68, nous en concluons que
C.Q.F.D.
Ainsi, si les équations différentielles ne contiennent pas le temps
explicitement, si elles admettent une solution périodique pour
l’un des exposants caractéristiques de cette solution sera
toujours nul ; si, de plus, aucun autre de ces exposants n’est nul, il
y aura encore une solution périodique pour les petites valeurs de
64.Supposons que les équations
(1)
|
|
|
où les
sont des fonctions uniformes de
et de
périodiques de période
par rapport à
admettent une solution
périodique de période 

de telle sorte que
est une intégrale indépendante du temps

uniforme par rapport à
Je dis qu’un des exposants
caractéristiques est nul, sauf dans un cas exceptionnel dont je parlerai plus loin.
Définissons, en effet, les quantités
et
comme au no 37, et
envisageons le déterminant fonctionnel des
par rapport aux
Je dis que ce déterminant est nul.
En effet, on a identiquement
![{\displaystyle \mathrm {F} \left[\varphi _{i}(0)+\beta _{i}+\psi _{i}\right]=\mathrm {F} \left[\varphi _{i}(0)+\beta _{i}\right],}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/c9d1be36bf9f1bf319e2a5352691098c25d9444a)
en écrivant, pour abréger,
au lieu de

En différentiant cette identité par rapport à
on trouve
(2)
|
|
|
Il faut, dans
remplacer
par
Nous pouvons faire dans les équations (2)
nous avons donc
équations linéaires par rapport
aux
quantités

Alors de deux choses l’une : ou bien le déterminant de ces équations
(2), c’est-à-dire le déterminant fonctionnel des
par rapport
aux
sera nul, et alors, d’après ce que nous avons vu au no 62, l’un
des exposants caractéristiques sera nul.
Ou bien on aura à la fois
(3)
|
|
|
Ces équations devront être satisfaites pour

ou, ce qui revient au même, pour

Mais l’origine du temps est restée entièrement arbitraire ; nous
devons donc conclure que les équations (3) seront satisfaites, quel
que soit
pour

On peut d’ailleurs s’en rendre compte de la manière suivante :
Supposons que les équations (3) soient satisfaites pour un système
de valeurs de
je dis qu’elles le seront encore pour un système infiniment voisin
pourvu que l’on ait, conformément aux équations différentielles,

En d’autres termes, je dis que les équations (3) entraînent les suivantes,


En effet, on a identiquement (puisque
est une intégrale des
équations différentielles)

En différentiant cette identité par rapport à
il vient

ou, en vertu des équations (3),

C.Q.F.D.
Ainsi, si les équations différentielles admettent une intégrale
uniforme, l’un des exposants caractéristiques d’une solution périodique
quelconque sera nul, à moins que toutes les dérivées partielles
de l’intégrale ne s’annulent en tous les points de cette solution
périodique. Cette dernière circonstance ne pourra se présenter
qu’exceptionnellement.
65.Supposons encore que les équations différentielles (1) contiennent
le temps explicitement et soient, par rapport à cette
variable, des fonctions périodiques de période
Je dis que si les équations différentielles admettent deux intégrales
uniformes,
et
deux des exposants caractéristiques
seront nuls.
On trouvera, en effet, comme dans le numéro précédent,
(2)
|
|
|

![{\displaystyle \left[\,x_{1}=\varphi _{1}(0),\quad x_{2}=\varphi _{2}(0),\quad \ldots ,\quad x_{n}=\varphi _{n}(0)\,\right].}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/5e166fcfd251dfd69ee47da0742877304f283fd7)
Nous pouvons en conclure que, non seulement le déterminant fonctionnel des
par rapport aux
est nul, mais qu’il en est de même de tous ses mineurs du premier ordre, à moins que l’on n’ait à la
fois
(3)
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Mais, d’après le no 57, cela ne peut avoir lieu que si l’équation
en
formée à l’aide du déterminant fonctionnel des
a deux
racines nulles, c’est-à-dire (puisque ces racines sont égales à
) s’il y a deux exposants caractéristiques nuls.
Si donc il y a deux intégrales uniformes, il y aura deux exposants
caractéristiques nuls, à moins que les équations (3) ne soient
satisfaites en tous les points de la solution périodique, ce qui évidemment
ne peut arriver qu’exceptionnellement.
On démontrerait de même que s’il y a
intégrales uniformes,
des exposants caractéristiques seront nuls à
moins que tous les déterminants contenus dans la matrice

ne s’annulent en tous les points de la solution périodique considérée.
66.Imaginons maintenant que le temps n’entre pas explicitement
dans nos équations différentielles et, de plus, que ces équations
admettent une intégrale uniforme

indépendante du temps 
Je dis que deux exposants caractéristiques seront nuls.
Nous avons vu d’abord qu’un de ces exposants est toujours nul quand le temps n’entre pas explicitement. Si de plus il y a une intégrale
on aura, comme au no 64,
![{\displaystyle \mathrm {F} \left[\varphi _{i}(0)+\beta _{i}+\psi _{i}\right]=\mathrm {F} \left[\varphi _{i}(0)+\beta _{i}\right],}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/c9d1be36bf9f1bf319e2a5352691098c25d9444a)
et, en différentiant cette relation par rapport à
et à
il viendra


On en conclura ou bien que l’on a à la fois

pour tous les points de la solution périodique, ou bien que tous
les déterminants contenus dans la matrice

sont nuls à la fois.
Or nous avons vu, au no 63, que cela ne peut avoir lieu que si
deux exposants caractéristiques s’annulent.
67.Je me propose maintenant d’établir ce qui suit :
Supposons encore que le temps n’entre pas explicitement dans
nos équations différentielles ; supposons que ces équations
admettent
intégrales analytiques et uniformes et où le temps
n’entre pas non plus explicitement. Soient
ces
intégrales.
Alors, ou bien
exposants caractéristiques seront nuls, ou bien tous les déterminants contenus dans la matrice
