CHAPITRE V.
NON-EXISTENCE DES INTÉGRALES UNIFORMES.
81.Reprenons nos équations canoniques
(1)
|
|
|

Je suppose d’abord que
qui ne dépend pas des
dépend
des
variables
et que son hessien par rapport à ces
variables
n’est pas nul.
Je me propose de démontrer que, sauf dans certains cas exceptionnels
que nous étudierons plus loin, les équations (1) n’admettent
pas d’autre intégrale analytique et uniforme que l’intégrale
Voici ce que j’entends par là :
Soit
une fonction analytique et uniforme des
des
et de
qui doit de plus être périodique par rapport aux
Je ne suis pas obligé de supposer que cette fonction soit analytique
et uniforme pour toutes les valeurs des
des
et de
Je suppose seulement cette fonction analytique et uniforme
pour toutes les valeurs réelles des
pour les valeurs suffisamment
petites de
et pour les systèmes de valeurs des
appartenant à
un certain domaine D ; le domaine D peut d’ailleurs être quelconque
et être aussi petit qu’on le veut. Dans ces conditions, la
fonction
est développable par rapport aux puissances de
et je
puis écrire

étant uniformes par rapport aux
et aux
et
périodiques par rapport aux 
Je dis qu’une fonction
de cette forme ne peut pas être une
intégrale des équations (1).
La condition nécessaire et suffisante pour qu’une fonction
soit une intégrale s’écrit, en reprenant la notation du no 3,
![{\displaystyle \left[\mathrm {F} ,\Phi \right]=0,}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/5f62a6438c1c55702f1b456691b66da4af4f473f)
ou en remplaçant
et
par leurs développements
![{\displaystyle {\begin{aligned}0&=[\mathrm {F} _{0},\Phi _{0}]+\mu \left([\mathrm {F} _{1},\Phi _{0}]+[\mathrm {F} _{0},\Phi _{1}]\right)\\&+\mu ^{2}\left([\mathrm {F} _{2},\Phi _{0}]+[\mathrm {F} _{1},\Phi _{1}]+[\mathrm {F} _{0},\Phi _{2}]\right)+\ldots .\end{aligned}}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/fd927dcb5b2cd38345270646e4660f24822b65df)
Nous aurons donc séparément les équations suivantes, dont je ferai
usage plus loin,
(2)
|
|
|
et
(3)
|
|
|
Je dis que je puis toujours supposer que
n’est pas une fonction
de 
En effet, supposons que l’on ait

Je dis que la fonction
sera une fonction uniforme en général,
quand les variables
resteront dans le domaine D.
Nous avons en effet

Nous pourrons résoudre cette équation par rapport à
et écrire

et
sera une fonction uniforme à moins que
ne s’annule à
l’intérieur du domaine D.
En remplaçant
par sa valeur
dans

il vient

est une fonction uniforme des
et des
si l’on y remplace
par la fonction uniforme
on obtiendra une fonction uniforme
de
de
et des
mais, par hypothèse, cette fonction
ne dépend que de 
Donc
est fonction uniforme de
Cela a lieu pourvu que
ne s’annule pas dans le domaine D ;
cela aura lieu également si l’une des dérivées
ne s’annule pas
dans le domaine D.
Cela posé, si
est une intégrale uniforme, il en sera de même de

est développable suivant les puissances de
et de plus
est divisible par
puisque
est nul. Posons donc

sera une intégrale analytique et uniforme et il viendra

En général,
ne sera pas une fonction de
si cela avait lieu,
on recommencerait la même opération.
Je dis qu’en recommençant ainsi cette opération, on finira par
arriver à une intégrale qui ne se réduira pas à une fonction de
pour
À moins toutefois que
ne soit une fonction de
auquel cas
les deux intégrales
et
ne seraient plus distinctes.
En effet, soit
le jacobien, ou déterminant fonctionnel de
et
de
par rapport à deux des variables
et
Je puis supposer
que ce jacobien n’est pas identiquement nul, puisque, si tous les
jacobiens étaient nuls,
serait fonction de
ce que nous ne
supposons pas.
sera manifestement développable suivant les puissances de
De plus
s’annulera avec
puisque
est fonction de
sera donc divisible par une certaine puissance de
par exemple
par
Soit maintenant
le déterminant fonctionnel ou jacobien de
et de
on aura

de sorte que
ne sera plus divisible que par 
Ainsi, après
opérations au plus, on arrivera à un jacobien qui
ne s’annulera plus avec
et qui correspondra, par conséquent, à
une intégrale qui ne se réduira pas pour
à une fonction de
Par conséquent, s’il existe une intégrale
analytique et uniforme
et distincte de
mais telle que
soit fonction de
on en pourra toujours trouver une autre de même forme et qui ne se
réduira pas à une fonction de
pour
Nous avons donc toujours le droit de supposer que
n’est
pas fonction de
82.Je dis maintenant que
ne peut dépendre des
Si en effet
dépend des
ce sera une fonction périodique de
ces variables, de sorte que nous pourrons écrire

les
étant des entiers positifs ou négatifs, les
des fonctions
des
et la notation
représentant pour abréger l’exponentielle
imaginaire qui multiplie 
Cela posé, nous avons
![{\displaystyle [\mathrm {F} _{0},\,\Phi _{0}]=\sum {\frac {d\mathrm {F} _{0}}{dx_{i}}}{\frac {d\Phi _{0}}{dy_{i}}},}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/5fb73a2d2d12f81fe45f1375db18a70d7407492a)
puisque
ne dépend pas des
et que les
sont nuls.
D’autre part,

de sorte que l’équation (2) s’écrit

et, comme ce doit être une identité, on aura, pour tous les systèmes
de valeurs entières des 

de sorte qu’on doit avoir identiquement, ou bien
(4)
|
|
|
ou bien
(5)
|
|
|
De l’identité (5) on déduirait, par différentiation,

Or cela ne peut avoir lieu que de deux manières :
Ou bien si

ou bien si le hessien de
est nul.
Or nous avons supposé au début que le hessien n’était pas nul.
Donc
doit être identiquement nul, sauf pour le terme où
tous les
sont nuls.
Cela revient à dire que
se réduit à un seul terme qui ne
dépend pas des
C.Q.F.D.
Examinons maintenant l’équation (3). Comme
et
ne
dépendent pas des
cette équation peut s’écrire

D’autre part,
et
sont périodiques par rapport aux
et,
par conséquent, développables suivant les exponentielles de la forme

les
étant des entiers positifs ou négatifs.
Pour abréger, je désignerai, comme plus haut, cette exponentielle
par
et j’écrirai

les
et les
étant des coefficients dépendant des
seulement.
On aura alors

de sorte que l’équation (3), divisée par
s’écrira

Comme cette équation est une identité, nous devrons avoir pour
tous les systèmes de valeurs entières des 
(6)
|
|
|
La relation (6) doit avoir lieu pour toutes les valeurs des
Donnons alors aux
des valeurs telles que
(7)
|
|
|
le second membre de (6) s’annule. Nous devrons donc avoir,
toutes les fois que les
satisferont à l’équation (7), ou bien
(8)
|
|
|
ou bien
(9)
|
|
|
La fonction
est une des données de la question et il en est
de même, par conséquent, des coefficients
Il est donc aisé de
reconnaître si l’égalité (7) entraîne l’égalité (8). En général, on
constatera qu’il n’en est pas ainsi et on devra conclure que l’égalité
(9) est une conséquence nécessaire de l’égalité (7).
Soient maintenant
un certain nombre d’entiers.
Imaginons que l’on donne aux
des valeurs telles que
(10)
|
|
|
On pourra trouver une infinité de systèmes d’entiers
tels que

Pour chacun de ces systèmes d’entiers, on devra avoir

et, par conséquent,

La comparaison de ces deux équations montre que l’on doit avoir

c’est-à-dire que le jacobien de
et de
par rapport à deux
quelconques des quantités
doit être nul.
Cela doit avoir lieu pour toutes les valeurs des
qui satisfont
à des relations de la forme (10), c’est-à-dire pour toutes les
valeurs telles que les
soient commensurables entre eux. Dans
un domaine quelconque, quelque petit qu’il soit, il y a donc une
infinité de systèmes de valeurs des
pour lesquels ce jacobien
s’annule, et, comme ce jacobien est une fonction continue, il doit
s’annuler identiquement.
Dire que tous les jacobiens de
et de
sont nuls, c’est dire
que
est fonction de
Or cela est contraire à l’hypothèse que
nous avons faite à la fin du numéro précédent.
Nous devons donc conclure que les équations (1) n’admettent
pas d’autre intégrale uniforme que
C.Q.F.D. Cas où les
s’annulent.
83.Dans la démonstration qui précède, nous avons supposé que
les coefficients
n’étaient pas nuls. Si un ou plusieurs de ces
coefficients s’annulaient (et surtout si une infinité d’entre eux
s’annulaient), il y aurait lieu d’examiner le raisonnement de plus près.
Pour rendre possible l’énoncé des conséquences auxquelles je
vais être conduit, je serai forcé d’introduire une terminologie nouvelle.
À chaque système d’indices
(où les
sont
des entiers) correspond un coefficient
Je dirai que ce coefficient
devient séculaire quand les
prendront des valeurs telles que
(7)
|
|
|
Voici ce qui peut justifier cette dénomination.
Lorsque, dans le calcul des perturbations, on suppose que le
rapport des moyens mouvements soit commensurable, quelques-uns
des termes de la fonction perturbatrice cessent d’être périodiques,
et l’on peut dire alors qu’ils deviennent séculaires ; ce qui
se passe ici est tout à fait analogue.
Je dirai que deux systèmes d’indices
et
appartiennent à la même classe lorsqu’on aura

et que deux coefficients
appartiennent à la même classe
lorsqu’ils correspondent à deux systèmes d’indices appartenant à la même classe.
Pour démontrer le théorème du numéro précédent, nous avons
supposé qu’aucun des coefficients
ne s’annule en devenant séculaire.
Pour que le résultat soit vrai, il suffit que, dans chacune des
classes, il y ait au moins un des coefficients
qui ne s’annule pas
en devenant séculaire.
Supposons en effet que le coefficient
qui correspond au système
s’annule, mais que le coefficient
qui
correspond au système
ne s’annule pas.
Si l’on donne aux
des valeurs telles que

on aura également

et par conséquent

De la première de ces égalités on ne peut pas déduire

parce que
est nul ; mais, comme
n’est pas nul,
la seconde égalité nous donne

et, par conséquent,

Le reste du raisonnement se fait comme dans le numéro précédent.
Avant d’aller plus loin, considérons d’abord le cas particulier où
il n’y a que deux degrés de liberté.
Il n’y aura alors que deux indices
et
et une classe sera
entièrement définie par le rapport de ces deux indices. Soit
un
nombre commensurable quelconque ; soit
la classe d’indices où
Je dirai, pour abréger, que cette classe
appartient au
domaine D, ou est dans ce domaine si l’on peut donner aux
un
système de valeurs appartenant à ce domaine, et telles que

Je dirai qu’une classe est singulière lorsque tous les coefficients
de cette classe s’annulent en devenant séculaires et qu’elle est ordinaire
dans le cas contraire.
Je dis que le théorème sera encore vrai si l’on suppose que, dans
tout domaine δ faisant partie de D on peut trouver une infinité de
classes ordinaires.
Soit en effet un système quelconque de valeurs de
et
tel
que l’on ait en ce point

Supposons que
soit commensurable et que la classe qui correspond
à cette valeur de
soit ordinaire ; le raisonnement du numéro
précédent pourra alors s’appliquer à ce système de valeurs et on
devra conclure que, pour ces valeurs de
et de
le jacobien de
et de
par rapport à
et à
s’annule.
Mais, par hypothèse, il existe, dans tout domaine δ si petit qu’il
soit faisant partie de D, une infinité de pareils systèmes de valeurs
de
et de
Par conséquent notre jacobien doit s’annuler en
tous les points de D ; ce qui montre que
est une fonction de
On en conclurait, comme dans le numéro précédent, qu’il n’existe
pas d’intégrale uniforme distincte de
Il n’en serait plus de même si l’on pouvait trouver un domaine D
dont toutes les classes soient singulières.
On pourrait se demander alors s’il ne peut pas exister une intégrale
qui reste uniforme non pas pour toutes les valeurs des
mais quand ces variables ne sortent pas du domaine D. On verrait,
en général, qu’il n’en serait pas ainsi ; il suffirait, pour s’en assurer,
d’envisager dans l’équation
![{\displaystyle [\mathrm {F} ,\,\Phi ]=0.}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/11e3ebcf4565f982b2407e0244b1befb96439426)
non plus seulement le terme indépendant de
et le terme en
mais le terme en
et les termes suivants.
Je n’insiste pas, cela n’a pas d’intérêt, car je ne crois pas que,
dans aucun problème de Dynamique, se posant naturellement, il
arrive que toutes les classes d’un domaine D soient singulières sans
que tous les coefficients
s’annulent en devenant séculaires.
Passons maintenant au cas où il y a plus de 2 degrés de liberté. Les résultats seront analogues, bien que l’énoncé en soit plus compliqué.
Soient

nombres entiers quelconques. Considérons tous les systèmes
d’indices
qui satisfont à la condition

Je dirai que tous les coefficients correspondants appartiennent à
une même famille.
Soient
classes définies par les systèmes d’indices suivants

Si l’on ne peut trouver
entiers,

tels que l’on ait

je dirai que ces
classes sont indépendantes.
Je dirai qu’une famille est ordinaire si l’on y peut trouver
classes indépendantes et ordinaires, et qu’elle est singulière dans
le cas contraire. Elle sera singulière du premier ordre si l’on peut
y trouver
classes indépendantes, ordinaires et singulières du
ième ordre, si l’on peut y trouver
classes indépendantes
et ordinaires et qu’on n’en puisse trouver davantage.
Je dirai qu’une famille définie par les entiers
appartient à un domaine D s’il existe dans ce domaine des valeurs
des
telles que

Cela posé, je dis que, si l’on peut trouver dans tout domaine δ faisant partie de D une infinité de familles ordinaires, il ne pourra
exister aucune intégrale uniforme distincte de
Le raisonnement du numéro précédent est en effet applicable
à tout système de valeurs des
qui correspond à une famille
ordinaire.
Les jacobiens de
et de
par rapport à deux quelconques
des variables
devraient donc s’annuler une infinité de fois dans
tout domaine δ faisant partie de D, ce qui ne peut arriver que s’ils
sont identiquement nuls.
Je dis maintenant que, si l’on peut trouver dans tout domaine δ
faisant partie de D une infinité de classes singulières du
ième ordre,
le nombre des intégrales uniformes distinctes que peuvent comporter
les équations (1) est au plus égal à
(en y comprenant
l’intégrale
).
Supposons en effet qu’il y ait
intégrales distinctes ; soient

ces intégrales et supposons que pour
elles se réduisent à
(11)
|
|
|
Soit un système de valeurs des
correspondant à une famille
irrégulière du
ième ordre. Posons

Il existera dans cette famille
classes ordinaires. Soient

les systèmes d’indices correspondant à ces classes.
On aura pour les valeurs des x considérées
.\end{array}}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/4fccdd8535ddb136f78d08165b6e72d81e75b4d8)
On en déduira que les jacobiens des
fonctions (11) par
rapport à
quelconques des
doivent s’annuler pour les
valeurs considérées des
Et comme cela doit avoir lieu une infinité de fois dans chaque
domaine δ, on en conclura que ces jacobiens s’annulent identiquement
et par conséquent que nos
intégrales ne peuvent pas
être distinctes.
Ces considérations ne présentent pas d’ailleurs d’intérêt pratique
et je ne les ai présentées ici que pour être complet et rigoureux.
On peut évidemment construire artificiellement des problèmes où
ces diverses circonstances se rencontreront ; mais, dans les problèmes
de Dynamique qui se posent naturellement, il arrivera
toujours, ou bien que toutes les classes seront singulières, ou bien
qu’elles seront toutes ordinaires, à l’exception d’un nombre fini
d’entre elles.
Cas où le hessien est nul.
84.Passons maintenant au cas où
ne dépend pas de toutes
les variables
Je supposerai que
dépend de
et
seulement et que son
hessien par rapport à ces deux variables n’est pas nul.
Pour bien marquer la différence entre ces deux variables
et
et leurs conjuguées
et
d’une part, et les autres variables
et
d’autre part, je conviendrai de désigner

par la notation

On observera d’abord que les conclusions du no 81 subsistent
et que, s’il existe une intégrale uniforme
distincte de
il est
toujours permis de supposer que
n’est pas fonction de
Cela posé, nous devons d’abord avoir
![{\displaystyle [\mathrm {F} _{0},\,\Phi _{0}]={\frac {d\mathrm {F} _{0}}{dx_{1}}}\,{\frac {d\Phi _{0}}{dy_{1}}}+{\frac {d\mathrm {F} _{0}}{dx_{2}}}\,{\frac {d\Phi _{0}}{dy_{2}}}=0.}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/e13d7544540c9d75cbbb5dcc3f892c8e1370e7e6)
Posons

nous pouvons écrire

les
étant des coefficients dépendant de
des
et des 
Il vient alors

Cette relation doit être une identité, et, d’autre part, le hessien
de
n’étant pas nul, on ne peut avoir identiquement

à moins que
et
ne soient nuls tous deux.
On en conclurait, comme au no 82, que
ne dépend ni de
ni de
Écrivons ensuite l’équation (3), nous aurons

Posons encore

Quand il sera nécessaire de mettre les indices en évidence, j’écrirai

Il viendra

Cette relation doit être une identité : nous pouvons donc égaler à 0
le coefficient d’une quelconque des exponentielles
Nous donnerons
de plus aux
des valeurs telles que
(12)
|
|
|
de façon à faire disparaître les termes qui dépendent de 
Il viendra
(13)
|
|
|
Nous considérons comme appartenant à une même classe deux
coefficients
tels que

et je dirai, pour abréger, que le coefficient
appartient à la
classe
Il suit de cette définition que le coefficient
appartient à la fois à toutes les classes.
D’après ce qui précède, si l’on donne aux
des valeurs qui satisfont
à la relation (12), la relation (13) devra avoir lieu pour les
coefficients
de la classe
Soient alors
et
deux entiers premiers entre eux, tels que

Posons

et

Si l’on donne aux
des valeurs telles que
(12 bis)
|
|
|
on devra avoir
(13 bis)
|
|
|
et cela pour toutes les valeurs entières de
positives, négatives ou nulles.
Cela ne peut avoir lieu que de deux manières :
1o Ou bien si l’on a

d’où

On en déduirait par un raisonnement tout semblable à celui du
no 82 que
est fonction de
ce qui est contraire
à l’hypothèse faite au début.
2o Ou bien, si le jacobien de
quelconques des fonctions
par rapport aux
variables
et
est nul.
On en conclurait que, si l’on donne à
et à
des valeurs constantes
satisfaisant à la condition (12 bis), il en résulte une relation
entre
quelconques des fonctions
de telle sorte que
toutes ces fonctions peuvent s’exprimer à l’aide de
d’entre elles.
On peut énoncer encore ce résultat d’une autre manière :
Considérons les expressions suivantes
(14)
|
|
|
Si l’on suppose que l’on donne à
et
des valeurs constantes
satisfaisant à l’équation (12 bis), ces expressions (14) dépendent
de
variables seulement, à savoir des
et des 
S’il existe une intégrale uniforme, toutes ces expressions sont des
fonctions de
d’entre elles ; ou, en d’autres termes, on peut
trouver une relation entre
quelconques d’entre elles.
Quelle est la condition pour qu’il existe trois intégrales uniformes distinctes

Soient
et
ce que deviennent ces trois intégrales pour
On démontrerait, comme plus haut, que l’on peut toujours
supposer qu’il n’y a aucune relation entre
et
On trouverait ensuite, en posant

que l’on a
(13 ter )
|
|
|
Ainsi l’équation (12 bis) entraîne, comme conséquence nécessaire,
non seulement l’équation (13 bis), mais l’équation (13 ter).
Par un raisonnement tout pareil à celui qui précède, on verrait
que cela ne peut arriver que de deux manières :
Ou bien s’il y a une relation entre
et
ce qui est contraire à l’hypothèse que nous venons de faire ;
Ou bien si le jacobien de
quelconques des fonctions
est nul ainsi que tous ses mineurs du premier ordre.
Il en résulterait que, si
et
satisfont à la condition (12 bis),
il y a entre
quelconques des
non pas une,
mais deux relations.
En d’autres termes, les expressions (14) peuvent se calculer à
l’aide de
d’entre elles.
Les expressions (14) qui dépendent des coefficients du développement
de la fonction
sont des données de la question et
on pourra toujours vérifier s’il y a entre
de ces expressions
une ou deux relations.
Généralement, on constatera qu’il n’y en a pas une seule et on
en conclura qu’il n’existe pas d’intégrale analytique et uniforme
autre que
Qu’arriverait-il cependant s’il n’en était pas ainsi ? Pour pouvoir
énoncer le résultat d’une manière complète et rigoureuse, je vais
me servir d’une terminologie analogue à celle du numéro précédent.
Je dirai qu’une classe est ordinaire s’il n’y a pas de relation
entre
des expressions (14) formées avec les coefficients de
cette classe, qu’elle est singulière du premier ordre s’il y en a une,
singulière du second ordre s’il y en a deux, etc. Plus généralement,
une classe sera singulière d’ordre
s’il y a
relations entre
quelconques des quantités
Soit δ un domaine quelconque comprenant une infinité de systèmes
de valeurs de
des
et des
Si l’on peut trouver dans le domaine δ des valeurs de
et
satisfaisant à la condition (12 bis), je dirai que la classe
appartient
à ce domaine. J’ai dit des valeurs de
et de
et non des
valeurs de
des
et des
parce que le premier membre
de (12 bis) ne dépend que de
et de
Je pourrai alors énoncer le résultat suivant :
Je désignerai par D un domaine comprenant une infinité de
systèmes de valeurs de
, des
et des
Si, dans tout domaine δ faisant partie de D, on peut trouver une
infinité de classes ordinaires, on pourra être certain qu’il n’existe
pas en dehors de
d’autre intégrale qui soit analytique et uniforme
par rapport aux
aux
aux
et aux
et de plus
périodique par rapport à
et à
et qui reste telle pour toutes les
valeurs réelles de
et de
pour les valeurs suffisamment petites
de
et pour les valeurs de
des
et des
qui appartiennent au domaine D.
Si, dans tout domaine δ faisant partie de D, on peut trouver
une infinité de classes singulières du
ième ordre, il ne pourra pas
exister plus de
intégrales uniformes distinctes, en y comprenant
Application au problème des trois Corps.
85.Je vais m’occuper maintenant d’appliquer les notions qui
précèdent aux divers cas du problème des trois Corps.
Commençons par le cas particulier défini au no 9. Dans ce cas,
nous avons 2 degrés de liberté seulement et quatre variables

(cf. no 9) ; on a d’ailleurs

Le hessien de
est nul, mais on peut, par l’artifice du no 43,
ramener le problème au cas où ce hessien n’est pas nul.
Si donc il existait une intégrale uniforme, il faudrait que, dans
le développement de
(qui est la fonction perturbatrice des
astronomes), suivant les sinus et les cosinus des multiples de
et
tous les coefficients s’annulent au moment où ils deviennent séculaires.
L’examen du développement bien connu de la fonction perturbatrice
montre qu’il n’en est pas ainsi.
Nous devons donc conclure que, dans ce cas particulier du problème
des trois Corps, il n’y a pas d’intégrale uniforme distincte de
Dans mon Mémoire des Acta mathematica (t. XIII), je me
suis servi pour établir le même point de l’existence des solutions
périodiques et du fait que les exposants caractéristiques ne sont
pas nuls. La démonstration que je donne ici ne diffère de celle des
Acta que par la forme, mais elle se prête mieux à la généralisation
qui va suivre.
Considérons maintenant un cas un peu plus général du problème
des trois Corps, celui où le mouvement se passe dans un plan, el
supposons qu’on ait réduit le nombre des degrés de liberté à 3,
ainsi qu’on l’a dit au no 15.
Nous avons alors six variables conjuguées, à savoir

Supposons que l’on développe la fonction perturbatrice
de
la manière suivante

les coefficients
seront fonctions de
et 
Soient
et
deux entiers quelconques premiers entre eux ;
formons les expressions
(14)
|
|
|
Donnons à
et à
des valeurs satisfaisant à la condition
(12 bis), c’est-à-dire telles que le rapport des moyens mouvements soit égal a
Pour que le problème admît une intégrale uniforme autre que
l’intégrale des forces vives, il faudrait qu’il y eût une relation entre
deux quelconques d’entre elles (
), c’est-à-dire
que toutes ces expressions (14) fussent des fonctions de
c’est-à-dire de la partie séculaire de la fonction perturbatrice. Or
l’examen du développement bien connu de cette fonction montre
qu’il n’en est pas ainsi.
Nous devons donc conclure que, en dehors de l’intégrale des
forces vives, le problème n’admet pas d’intégrale uniforme de la
forme suivante

périodique en
et 
Mais cela ne nous suffit pas, il nous faut encore démontrer que
le problème n’admet pas d’intégrale de la forme suivante

où la fonction
dépend d’une manière quelconque de
et de
au lieu de dépendre seulement de la différence 
Pour cela il faut prendre le problème avec 4 degrés de liberté,
ainsi que nous l’avons fait au no 16.
Nous aurons alors huit variables conjuguées

Les coefficients
et les expressions (14) dépendent alors
de
et
Quand on aura donné à
et à
des valeurs constantes telles que le rapport des moyens mouvements
soit égal à
les expressions (14) ne dépendront plus que des
quatre variables
et
Pour qu’il y ait une intégrale uniforme autre que celle des forces
vives, il faut que l’on ait une relation entre quatre quelconques
(
) des expressions (14) ; c’est ce qui arrive
puisque toutes ces expressions sont fonctions seulement des trois
variables
et
Rien ne s’oppose donc à ce qu’il existe une intégrale autre que
celle des forces vives, et il en existe une en effet, à savoir l’intégrale
des aires.
Pour qu’il y eût deux intégrales, il faudrait qu’il y eût une relation
entre trois quelconques de ces expressions ; c’est-à-dire que
toutes ces expressions dépendissent seulement de deux d’entre
elles. Il n’en est pas ainsi.
Donc, en dehors de l’intégrale des forces vives et de celle des
aires, le problème n’admet pas d’autre intégrale uniforme.
Passons enfin au cas le plus général du problème des trois Corps,
et posons le problème comme au no 11, c’est-à-dire avec 6 degrés
de liberté et avec les douze variables :

Les expressions (14), après qu’on a donné à
et à
des valeurs
constantes convenables choisies comme plus haut, dépendent
encore des huit variables
Pour qu’il y eût
intégrales uniformes distinctes de
il faudrait
qu’il y eût une relation entre
quelconques des expressions (14).
Il est aisé de vérifier que ces expressions dépendent seulement
de cinq variables, à savoir de

et de l’angle des plans des deux orbites osculatrices.
Il y a donc une relation entre
quelconques des
expressions (14).
Rien ne s’oppose donc à l’existence de trois intégrales nouvelles
et elles existent effectivement : ce sont les intégrales des aires.
Mais il n’y a pas de relation entre
quelconques des
expressions (14).
Donc, le problème des trois Corps n’admet pas d’autre intégrale
uniforme que celles des forces vives et des aires.
Je me suis borné, pour ne pas interrompre le raisonnement, à
affirmer qu’il n’existe pas de relations entre les expressions (14) ;
je reviendrai plus loin sur cette question.
On sait que M. Bruns a démontré (Acta mathematica, t. II)
que le problème des trois Corps n’admet pas de nouvelle intégrale
algébrique, en dehors des intégrales déjà connues.
Le théorème qui précède est plus général en un sens que celui
de M. Bruns, puisque je démontre non seulement qu’il n’existe
pas d’intégrale algébrique, mais qu’il n’existe même pas d’intégrale
transcendante uniforme, et non seulement qu’une intégrale
ne peut pas être uniforme pour toutes les valeurs des variables,
mais qu’elle ne peut même pas demeurer uniforme dans un
domaine restreint défini plus haut.
Mais, en un autre sens, le théorème de M. Bruns est plus général
que le mien ; j’établis seulement, en effet, qu’il ne peut pas exister
d’intégrale algébrique pour toutes les valeurs suffisamment petites
des masses ; et M. Bruns démontre qu’il n’en existe pour aucun
système de valeurs des masses.
86.Il y a des problèmes où l’on connaît l’existence d’une intégrale
uniforme et où l’on peut se proposer de vérifier que les conditions
énoncées dans les numéros qui précèdent sont effectivement
remplies.
Prenons comme exemple le problème du mouvement d’un point
mobile M, attiré par deux centres fixes A et B.
Je supposerai, pour simplifier, que le mouvement se passe dans
un plan ; je supposerai de plus que la masse de A est grande,
tandis que celle de B est égale à une quantité très petite
de
telle façon que l’on puisse regarder l’attraction de B comme une
force perturbatrice.
Nous définirons alors la situation du point M par les éléments
osculateurs de son orbite autour de A et nous désignerons ces
éléments par les lettres
et
comme au no 10. Nous aurons alors

d’où

pourra se développer sous la forme suivante

Les coefficients
dépendent alors de
et
et, pour qu’il existe une intégrale, il faut qu’il y ait une relation entre deux
quelconques des coefficients d’une même classe (
je dis
au lieu de
parce que
dépend, non plus
de deux variables
et
comme aux nos 84 et 85, mais d’une
seule variable) quand on donne à
une valeur satisfaisant à la
relation (12 bis).
Mais ici tous les coefficients
(qui n’ont plus qu’un seul indice) appartiennent à une même classe et une relation (12 bis)
s’écrit simplement

ou
Il ne pourrait donc y avoir de difficulté que pour les
valeurs infinies de
Si donc nous reprenons le langage abrégé
des numéros précédents, et si l’on appelle D un domaine quelconque
formé par une infinité de systèmes de valeurs de
et
mais tel que, pour tous ces systèmes, la valeur de
soit finie, la
classe dont font partie tous ces coefficients
n’appartiendra pas
au domaine D ; rien ne s’opposera donc à l’existence d’une intégrale
qui reste uniforme dans ce domaine D.
Passons à un autre problème ; celui du mouvement d’un corps
pesant autour d’un point fixe.
Ce problème a été intégré dans trois cas particuliers différents
par Euler, par Lagrange et par Mme de Kowalevski (cf. Acta mathematica,
12). Je crois savoir que Mme de Kowalevski a découvert
encore de nouveaux cas d’intégrabilité.
On peut donc se demander si, dans ce problème, les considérations
exposées dans ce Chapitre s’opposent à l’existence d’une
intégrale uniforme autre que celles des forces vives et des aires.
Je supposerai que le produit du poids du corps par la distance
du centre de gravité au point de suspension est très petite, de telle
façon que l’on puisse écrire les équations du problème sous la forme
![{\displaystyle {\begin{array}{c}{\dfrac {dx_{i}}{dt}}={\dfrac {d\mathrm {F} }{dy_{i}}},\qquad {\dfrac {dy_{i}}{dt}}=-{\dfrac {d\mathrm {F} }{dx_{i}}},\\[1ex]\mathrm {F} =\mathrm {F} _{0}+\mu \mathrm {F} _{1}.\end{array}}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/06cfe7df26308593982f219ab5bf41ffa22757b4)
Les
et les
forment trois couples de variables conjuguées ;
désigne l’énergie totale du système ;
est sa demi-force vive ;
est une quantité très petite et
représente le produit du poids
du corps par la distance du centre de gravité à un plan horizontal
passant par le point de suspension.
Dans le cas où
est nul (c’est-à-dire où le centre de gravité
coïncide avec le point de suspension), le mouvement du corps
solide se réduit à un mouvement à la Poinsot. Comme nous supposons
très petit, c’est ce mouvement à la Poinsot qui va nous servir de première approximation, à la façon du mouvement képlérien
dans l’étude du problème des trois Corps par les approximations
successives.
Je dois, avant d’aller plus loin, définir deux quantités
et
que j’appellerai les deux moyens mouvements et qui joueront un
rôle important dans ce qui va suivre. Dans le mouvement à la
Poinsot, l’ellipsoïde d’inertie roule sur un plan fixe : soit P le pied
de la perpendiculaire abaissée du point de suspension sur ce plan
fixe et Q le point de contact. Ce point de contact appartient à
une courbe fixe par rapport à l’ellipsoïde et appelée polhodie. Au
bout d’un certain temps
le même point de la polhodie reviendra
en Q′ en contact avec le plan fixe. Soit
l’angle QPQ′. Nous
poserons

et
et
seront les deux moyens mouvements.
Cela posé, les équations du mouvement à la Poinsot pourront s’écrire de la manière suivante.
Soient
et
les coordonnées d’un point quelconque du corps
solide en prenant l’origine des coordonnées au point de suspension
et l’axe des
vertical.
Posons

et
étant deux constantes d’intégration.
Soient
et
trois fonctions de
et
périodiques de période
en
(ces fonctions, comme on le sait, dépendent des
fonctions elliptiques) ; soient
et
deux nouvelles constantes
d’intégration ; on aura

Si l’on suppose que le point
est le centre de gravité
du corps solide,
se réduit à un facteur constant près à
de
sorte que nous pourrons écrire

les coefficients
dépendant seulement de
de
et de 
Lorsqu’on donnera à
et à
des valeurs constantes satisfaisant
à la condition (12 bis), les
ne dépendront plus que de
de
sorte qu’il y aura une relation entre deux quelconques d’entre eux.
Les
ne dépendront que de
et de
en posant,
comme dans les numéros précédents,

Il y aura donc une relation entre
quelconques des
Toute classe sera donc singulière du premier ordre.
Rien ne s’oppose donc à l’existence d’une intégrale uniforme
distincte de celle des forces vives et nous savons, en effet, qu’il en
existe une, à savoir celle des aires.
Mais la question est de savoir s’il peut en exister une troisième.
À cet effet, cherchons quelles sont les classes qui sont singulières
du deuxième ordre. Il faut pour cela et il suffit qu’il y ait
entre trois quelconques des
deux relations et, par conséquent,
que tous les
soient fonctions d’un seul d’entre eux. Nous serons
ainsi conduits à distinguer plusieurs sortes de classes :
1o La classe
qui contient tous les coefficients
Celle-ci est singulière du deuxième ordre. On a en effet

ne dépendant que de
et de
et devant, par conséquent,
être regardé comme une constante, puisqu’on a supposé qu’on
donnait à
et à
des valeurs constantes. On a alors

Pour que les
soient fonctions d’un seul d’entre eux, il faut que
tous les
s’annulent, à l’exception d’un seul d’entre eux, ou
que la fonction
se réduise à une exponentielle

Mais, pour satisfaire à la condition (12 bis), il faut donner à
la
valeur 0 ; quel est donc le mouvement à la Poinsot pour lequel
? Un peu d’attention montre que c’est celui qui correspond
à la rotation uniforme autour de l’un des axes d’inertie. Dans un
pareil mouvement, la fonction
est une constante indépendante de
Cela prouve que tous les
sont nuls pour ces valeurs particulières de
et de
à l’exception de
La classe est donc singulière du deuxième ordre.
2o Les classes de la forme
qui ne contiennent que trois coefficients

Ces classes ne peuvent être singulières du deuxième ordre que si

ou, ce qui revient au même, si dans le développement de
et de
suivant les puissances positives et négatives de
il
n’y a pas de terme en
(en supposant
et
réels).
Cela n’arrivera pas, en général, quand l’ellipsoïde d’inertie ne
sera pas de révolution ; mais, si cet ellipsoïde est de révolution, on aura

étant des constantes.
Il en résulte que l’on aura

à moins que
ou 
Toutes les classes
seront alors singulières du deuxième ordre,
à l’exception des classes
et
3o Toutes les autres classes se réduisant au seul coefficient
seront singulières du deuxième ordre.
En résumé, si l’ellipsoïde est de révolution, toutes les classes
sont singulières du deuxième ordre, à l’exception des classes
et
Rien ne s’oppose donc à ce qu’il existe une troisième intégrale
uniforme et même à ce qu’elle soit algébrique, pourvu que le jacobien
des trois intégrales s’annule quand on fait
ou
(Cette dernière condition n’est pas nécessaire dans le cas de
Lagrange, c’est-à-dire si le point de suspension est sur l’axe de
révolution, parce qu’alors
et
se réduisent à des constantes.)
Si, au contraire, l’ellipsoïde n’est pas de révolution, il y a une infinité de classes qui ne sont pas singulières du deuxième ordre,
à savoir des classes
mais envisageons un domaine D comprenant
une infinité de systèmes de valeurs de
et
et supposons que, pour aucun de ces systèmes,
ne soit multiple de
aucune des classes
n’appartiendra à ce domaine. Rien ne s’oppose
donc encore à ce qu’il existe une troisième intégrale uniforme,
pourvu que le jacobien des trois intégrales s’annule dès que
est
multiple de
d’où il résulte que cette troisième intégrale ne peut,
en général, être algébrique.
Les conditions énoncées dans ce Chapitre étant nécessaires,
mais non suffisantes, rien ne prouve que cette troisième intégrale
existe ; il convient, avant de se prononcer, d’attendre la publication
complète des résultats de Mme de Kowalevski[1].
Intégrales non holomorphes en 
87.Jusqu’ici nous avons supposé que notre intégrale uniforme
était développable suivant les puissances entières de
Il est facile
d’étendre le résultat au cas où l’on renoncerait à cette hypothèse.
Supposons, par exemple, que
soit développable suivant les
puissances entières de
nous pourrons écrire

et
étant développables suivant les puissances entières de 
Si
est une intégrale, on devra avoir identiquement
![{\displaystyle [\mathrm {F} ,\,\Phi ]=[\mathrm {F} ,\,\Phi ']+{\sqrt {\mu }}\,[\mathrm {F} ,\,\Phi '']=0.}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/f6f0fab85e62e4c7cbee92e4a74f1e47cc55dadb)
Comme
et
sont développables suivant les puissances
entières de
on devra avoir séparément
![{\displaystyle [\mathrm {F} ,\,\Phi ']=[\mathrm {F} ,\,\Phi '']=0.}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/b4ce003e5a95fa8017f7d84477a51eb0ec40955b)
Donc
et
doivent être toutes deux des intégrales.
Si donc on a démontré qu’il ne peut pas exister d’intégrale
uniforme développable suivant les puissances entières de
on
aura démontré qu’il ne peut pas exister non plus d’intégrale uniforme
développable suivant les puissances entières de
Plus généralement, soient
(1)
|
|
|
fonctions quelconques de 
Supposons que
soit de la forme
(2)
|
|
|
les
étant des fonctions des
et des
indépendantes de

Nous pouvons toujours supposer qu’il n’y a pas entre les
fonctions (1) de relations de la forme
(3)
|
|
|
étant développables suivant les puissances de
S’il en était ainsi en effet, l’une des fonctions
ne contiendra pas
en facteur ; car, si toutes ces fonctions contenaient
en facteur, le premier membre de (3) serait divisible
par
et l’on effectuerait la division.
Supposons, par exemple, que
ne s’annule pas avec
on
pourra résoudre l’équation (3) par rapport à
et on aura

seront développables suivant les puissances
de
et si l’on remplace
par cette valeur dans l’expression (2), on aura
réduit d’une unité le nombre des fonctions (1).
Supposons donc que ces fonctions ne soient pas liées par une relation de la forme (3).
Nous pourrons écrire

étant développables suivant les puissances de
Si
est une intégrale, on aura
(4)
|
|
|
Je dis qu’on aura séparément
(5)
|
|
|
Car, s’il n’en était pas ainsi, comme les quantités
sont développables suivant les puissances de
la relation (4) serait de la forme (3), ce qui est contraire à l’hypothèse
que nous venons de faire.
Donc les relations (5) ont lieu.
Donc
sont des intégrales.
Si donc on a démontré qu’il ne peut pas y avoir d’intégrale uniforme
développable suivant les puissances de
on aura démontré
qu’il n’y a pas non plus d’intégrale uniforme de la forme (2).
J’ajouterai que le raisonnement s’applique quand les fonctions
(1) sont en nombre infini.
Discussion des expressions (14).
88.Je reviens sur le sujet que j’avais réservé plus haut, à
savoir sur la démonstration de ce fait qu’il n’existe pas de relation
entre
quelconques des expressions (14) dans le cas du
problème des trois Corps.
Nous avons, pour définir les expressions (14), supposé que la
fonction perturbatrice
avait été développée sous la forme suivante
(1)
|
|
|
les coefficients
étant des fonctions des autres variables

ou

Ce n’est pas sous cette forme qu’on développe d’ordinaire la
fonction perturbatrice dans les traités de Mécanique céleste.
On prend comme variables :
Les grands axes, les excentricités, les inclinaisons, les longitudes
moyennes et les longitudes des périhélies et des nœuds.
Mais il est aisé de voir que cela revient au même.
Si nous posons

il viendra
(2)
|
|
|
Le facteur exponentiel ne dépend que des longitudes moyennes

et le facteur
ne dépend que des autres variables, grands
axes, excentricités, inclinaisons, longitudes des périhélies et des
nœuds. Nous retomberons donc ainsi sur le développement habituel
de la fonction perturbatrice.
Les expressions (14) peuvent alors s’écrire

Pour qu’il y ait une intégrale uniforme, il faut donc qu’il y ait
une relation entre
quelconques (
dans le plan,
dans l’espace) des expressions
(14 bis)
|
|
|
formées à l’aide des coefficients du développement (2).
Ainsi, pour appliquer les principes du présent Chapitre, il n’est
pas nécessaire d’effectuer un nouveau développement de la fonction
perturbatrice à l’aide de nouvelles variables, tel que serait le
développement (1). On peut se servir du développement déjà usité
par les astronomes, c’est-à-dire du développement (2).
Les coefficients
sont développables suivant les puissances
croissantes des excentricités et des inclinaisons. Considérons donc
le développement de l’un de ces coefficients suivant les puissances
des excentricités et des inclinaisons. On sait (cf. no 12) que
tous les termes de ce développement seront de degré
au moins par rapport à ces quantités et, si leur degré diffère
de
la différence est un nombre pair.
Nous pourrons donc écrire

représentant l’ensemble des termes du développement qui sont de degré

par rapport aux excentricités et aux inclinaisons.
Nous dirons que
est le terme principal de
et que les autres termes en sont les termes secondaires.
Il y aura exception pour le coefficient
dans ce cas,

ne dépend que des grands axes ; si ces grands axes sont
regardés momentanément comme des constantes, ainsi que nous
l’avons fait dans les numéros précédents [c’est, en effet, en supposant
les grands axes constants que l’existence d’une intégrale uniforme
entraîne celle d’une relation entre
expressions (14)] ;
si donc les grands axes sont des constantes,
sera aussi une
constante qui ne jouera aucun rôle dans le calcul.
C’est donc
qui est du second degré par rapport aux excentricités
et aux inclinaisons que nous conviendrons d’appeler le
terme principal de
Si alors nous remplaçons le développement (2) par le suivant
(3)
|
|
|
nous dirons que nous avons écrit le développement de la fonction
perturbatrice
réduite à ses termes principaux.
Cela posé, quelle est la condition pour qu’il y ait une relation
entre
quelconques des expressions
(14)
|
|
|
Formons un tableau composé d’une infinité de lignes formées comme il suit :
Les différentes lignes correspondront aux diverses valeurs entières
de l’indice
positives, négatives ou nulles.
Le premier élément de la ligne d’indice
sera

les autres seront les dérivées de
par rapport aux diverses
variables

c’est-à-dire par rapport aux excentricités, aux longitudes des périhélies,
aux inclinaisons et aux longitudes des nœuds.
Eh bien, la condition nécessaire et suffisante pour que l’on ait
une relation entre
(
dans l’espace) des
expressions (14), c’est que tous les déterminants formés en prenant dans
ce tableau neuf lignes quelconques soient nuls.
Inutile d’ajouter que, dans les cas plus simples, par exemple
lorsque les trois Corps se meuvent dans un plan, le nombre des
colonnes et des lignes de ces déterminants est plus petit que 9.
Nous avons vu que tous les termes du développement de
sont de degré
au moins. Donc, parmi les éléments de la
ligne d’indice
(que je suppose développés suivant les puissances
des excentricités et des inclinaisons), le premier
commence par des termes de degré

II en est de même des dérivées de
par rapport aux
et aux
tandis que les dérivées de
par rapport aux
et aux
commenceront par des termes de degré

Pour la ligne d’indice 0, le premier terme se réduit à 0 ; les développements
de dérivées de
par rapport aux
et aux
commenceront par des termes du second degré, et ceux des dérivées de
ar rapport aux
et aux
commenceront par des termes du premier degré.
Nos déterminants sont à leur tour susceptibles d’être développés
suivant les puissances des
et des
Si un déterminant
est formé
par les lignes d’indices

tous les termes de son développement seront alors au moins de degré

Je pose cette quantité égale à 
Il y a exception dans le cas où
tous les termes sont alors
au moins de degré

Je poserai encore cette quantité égale à 
Le déterminant
devant être identiquement nul, l’ensemble des
termes de degré
devra aussi être identiquement nul. Or on obtiendra
ces termes de degré
en remplaçant dans le déterminant
chacun des coefficients
par son terme principal
(ou
si
).
Le déterminant
ainsi obtenu devra donc être identiquement
nul ; or que signifie cette condition

Formons les expressions
(14 bis)
|
|
|
obtenues en remplaçant, dans les expressions (14), chacun des coefficients
par son terme principal.
Si, dans l’expression (14), nous faisons
cette expression se réduit à

dont le terme principal est