Lotus de la bonne loi/Chapitre 17

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Lotus de la bonne loi
Version du soûtra du Lotus traduite directement à partir de l’original indien en sanscrit.
Traduction par Eugène Burnouf.
Librairie orientale et américaine (p. 209-215).
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CHAPITRE XVII.

INDICATION DU MÉRITE DE LA SATISFACTION.

f. 184 b.Ensuite le Bôdhisattva Mahâsattva Mâitrêya parla ainsi à Bhagavat : Celui qui, ô Bhagavat, après avoir entendu cette exposition de la loi pendant qu’elle lui est enseignée, en témoignera de la satisfaction, que ce soit un fils ou une fille de famille, combien, ô Bhagavat, en recueillera-t-il de mérites ? Ensuite le Bôdhisattva Mahâsattva Mâitrêya prononça en ce moment la stance suivante :

1. Celui qui, après l’entrée du grand héros dans le Nirvâṇa complet, viendrait à entendre un tel Sûtra, et après l’avoir entendu, à en témoigner de la satisfaction, combien grand serait son mérite ?

Alors Bhagavat parla ainsi au Bôdhisattva Mahâsattva Mâitrêya : Je suppose, ô toi qui es invincible, que, depuis l’entrée du Tathâgata dans le Nirvâṇa complet, un fils ou une fille de famille écoute, pendant qu’on la lui explique, cette exposition de la loi, que ce soit un Religieux ou un fidèle, de l’un ou de l’autre sexe, un homme instruit, un jeune homme ou une jeune fille ; qu’après l’avoir entendue, il en témoigne de la satisfaction, et que se levant après avoir entendu la loi, il aille dans un autre lieu, dans un Vihâra, ou dans une maison, ou dans la forêt, ou dans une rue, ou dans un village, ou dans une province, pour le motif et dans le dessein suivant : exposer la loi comme il l’aurait entendue, comme il l’aurait saisie, et selon ses forces, à une autre créature, soit à sa mère, soit à son père, soit à un parent, soit à quelqu’un qui s’en montre satisfait, soit à quelqu’un avec lequel il soit lié, f. 185 a.soit à une autre personne quelle qu’elle soit ; que ce dernier, après l’avoir entendue, en exprime de la satisfaction, puis après cela, l’expose à un autre ; que cet autre à son tour après l’avoir entendue, agisse de même, exposant la loi à un autre qui en exprime de la satisfaction, et ainsi de suite successivement jusqu’au nombre de cinquante ; eh bien, ô toi qui es invincible ! cet homme qui se trouverait ainsi le cinquantième à entendre cette loi et à en exprimer de la satisfaction, ce fils ou cette fille de famille, je vais t’indiquer l’accumulation des mérites attachés à la satisfaction qu’il exprime. Écoute et grave bien ceci dans ton esprit ; je vais parler.

C’est, ô toi qui es invincible, comme si se trouvaient réunis tous les êtres qui existent dans quatre cent mille Asam̃khyêyas(185 a) d’univers, après y être entrés dans les six voies de l’existence, qu’ils soient nés d’un œuf, ou d’une matrice, ou de l’humidité, que leur origine soit surnaturelle, qu’ils aient ou qu’ils n’aient pas de forme, qu’ils aient ou n’aient pas de conscience, qu’ils n’aient ni conscience ni absence de conscience, qu’ils n’aient pas de pieds, ou qu’ils soient bipèdes, quadrupèdes, ou polypodes, tous les êtres en un mot qui sont réunis et rassemblés dans le monde des créatures. Qu’il vienne à naître un homme, ami de la vertu, ami du bien, qui donne à ce corps tout entier des êtres, le plaisir, les jeux, le bonheur, les jouissances que ces êtres désirent, qu’ils aiment, qu’ils recherchent, qu’ils affectionnent. Qu’il donne à chacun d’eux f. 185 b.le Djambudvîpa tout entier, pour son plaisir, ses jeux, son bonheur, et ses jouissances. Qu’il leur donne de l’or, des Suvarnas, de l’argent, des joyaux, des perles, du lapis-lazuli, des conques, du cristal, du corail, des aliments, des chars traînés par des chevaux, par des bœufs et par des éléphants, des palais et des maisons à étages élevés. Que de cette manière, ô toi qui es invincible, ce maître de libéralité, ce grand maitre de libéralité, répande ses dons pendant quatre-vingts années complètes. Qu’ensuite, ô toi qui es invincible, ce maître de libéralité, ce grand maître de libéralité, fasse cette réflexion : Tous ces êtres tiennent de moi les jeux, les plaisirs et une heureuse existence ; ces êtres sont couverts de rides ; ils ont la tête blanchie ; ils sont vieux, usés, cassés, âgés de quatre-vingts ans ; ils sont bien près d’achever leur temps. Puissé-je maintenant les faire entrer dans la discipline de la loi expliquée par le Tathâgata ! Puissé-je les y instruire ! Qu’alors, ô toi qui es invincible, cet homme communique ses enseignements à tous ces êtres, et que, les leur ayant communiqués, il les fasse entrer dans la discipline de la loi expliquée par le Tathâgata, qu’il la leur fasse adopter. Que ces êtres entendent de lui la loi, et qu’au même moment, au même instant, dans le même temps, ils deviennent tous des Çrôtâpannas(185 b), qu’ils obtiennent les avantages de l’état de Sakrïdâgâmin et d’Anâgâmin, jusqu’à ce qu’enfin ils deviennent des Arhats, exempts de toute faute, livrés à la contemplation, à la grande contemplation, à celle des huit délivrances. Comment comprends-tu cela, ô toi qui es invincible ? Est-ce que ce maître de libéralité, ce grand maître de libéralité recueillera, f. 186 a.comme conséquence de cette conduite, beaucoup de mérites, des mérites immenses, incalculables. Cela dit, le Bôdhisattva Mahâsattva Mâitrêya répondit ainsi à Bhagavat : Oui certes, ô Bhagavat, oui certes, ô Sugata ; à cause de cela, ô Bhagavat, cet homme recueillera beaucoup de mérites, lui qui aura fait don, à tant de créatures, de tout ce qui peut servir à leur bonheur ; à bien plus forte raison, s’il les a établies dans l’état d’Arhat.

Cela dit, Bhagavat parla ainsi au Bôdhisattva Mahâsattva Mâitrêya. Je Vais te parier, ô toi qui es invincible, je vais t’instruire. Plaçons d’un côté ce maître de libéralité, ce grand maître de libéralité, qui après avoir fait don de tout ce qui peut servir au bonheur de tous les êtres qui se trouvent dans quatre cent mille Asam̃khyêyas d’univers, et après les avoir établis dans l’état d’Arhat, en retirera des mérites, et d’un autre côté l’homme placé au cinquantième rang dans la transmission successive de la loi, qui après avoir entendu ne fût-ce qu’une seule stance ou qu’un seul mot de cette exposition de la loi, en témoignerait de la satisfaction. De la masse des mérites attachés à la satisfaction de ce dernier, et de celle des mérites attachés et à la libéralité de ce maître, de ce grand maître de libéralité, et à l’action qu’il a faite en établissant les êtres dans l’état d’Arhat, la plus considérable est celle de l’homme placé au cinquantième rang dans la transmission successive de la loi, f. 186 b.qui après avoir entendu ne fût-ce qu’une seule stance ou qu’un seul mot de cette exposition de la loi, en témoignerait de la satisfaction. En face de la masse des mérites, ô toi qui es invincible, de la masse des vertus attachées à l’expression de cette satisfaction, la masse des mérites que j’ai indiquée la première, celle qui est attachée à la libéralité et à l’action d’établir les êtres dans l’état d’Arhat, n’en égale pas même la centième partie, ni la millième, [etc., comme ci-dessus]. Ainsi est immense et incalculable, ô toi qui es invincible, la masse des mérites que recueille l’homme placé au cinquantième rang dans la transmission successive de la loi, qui après avoir entendu une seule stance ou un seul mot de cette exposition de la loi, en témoigne de la satisfaction. Que dire, à plus forte raison, ô toi qui es invincible, de l’homme qui entendrait en ma présence cette exposition de la loi, et qui après l’avoir entendue, en témoignerait de la satisfaction ? Je déclare que la masse des mérites de cet homme serait de beaucoup plus immense et plus incalculable que celle de l’autre.

De plus, ô toi qui es invincible, le fils ou la fille de famille qui étant sorti de sa maison pour entendre cette exposition de la loi, se rendrait dans un Vihâra, et qui y étant arrivé, f. 187 a.y entendrait, ne fût-ce qu’un seul instant, l’exposition de la loi, soit debout, soit assis, cet être, grâce à l’accomplissement de cette œuvre méritoire dont il doit recueillir le fruit, lorsqu’il reviendra à la vie, au temps de sa seconde existence, quand il reprendra un second corps, deviendra possesseur de chars traînés par des bœufs, par des chevaux, par des éléphants, possesseur de palanquins, de bateaux, de véhicules attelés de buffles et de chars divins. De plus, si s’asseyant dans le Vihâra, ne fut-ce qu’un seul instant, pour entendre la loi et ce Sûtra, il venait à écouter cette exposition de la loi, ou s’il faisait asseoir un autre homme, ou s’il partageait son siège avec lui, par l’accomplissement de cette œuvre méritoire, il deviendra possesseur des sièges de Çakra, de ceux de Brahmâ, des trônes d’un Tchakravartin. Si un fils ou une fille de famille, ô toi qui es invincible, dit à un autre homme : Viens, ô homme, et écoute l’exposition de la loi nommée le Lotus de la bonne loi, et que cet homme vienne en effet sur cette invitation, et qu’il l’écoute, ne fût-ce qu’un seul instant, ce fils de famille, pour avoir fait cette invitation qui est une racine de vertu, obtiendra l’avantage de rencontrer des Bôdhisattvas ayant acquis la possession des formules magiques. Il ne sera pas stupide, ses sens seront pénétrants, il aura de la sagesse ; pendant le cours de mille existences, sa bouche n’exhalera jamais de mauvaise odeur, et il ne souffrira pas des maladies qui rendent la bouche et la langue fétide. Il n’aura les dents ni noires,f. 187 b. ni inégales, ni jaunes, ni mal rangées, ni brisées, ni de travers ; il aura toutes ses dents. Il n’aura les lèvres ni pendantes, ni trop serrées, ni tournées de travers, ni fendues, ni retroussées, ni noires, ni laides. Il n’aura le nez ni plat, ni de travers ; la figure ni longue, ni large, ni noire, ni d’un aspect désagréable. Bien au contraire, ô toi qui es invincible, il aura les lèvres, les dents et la langue petites et bien faites, le nez long, le contour du visage plein, les sourcils bien formés, le front très-haut. Il possédera d’une manière parfaite tous les organes de la virilité. C’est de la bouche du Tathâgata qu’il recevra les avis et l’enseignement, et il obtiendra bientôt l’avantage de rencontrer des Buddhas bienheureux. Vois, ô toi qui es invincible, combien est grand le mérite que recueillera ce fils de famille pour avoir excité un seul être à entendre la loi ; que dire de celui qui après avoir honoré la loi, l’écouterait, la réciterait et l’enseignerait ?

Ensuite, Bhagavat prononça, dans cette occasion, les stances suivantes :

2. Écoute quel est le mérite de celui qui, placé au cinquantième degré dans la transmission de ce Sûtra, n’en entendrait qu’une seule stance, et qui, l’esprit calme, en témoignerait de la satisfaction. 3. Supposons qu’il existe un homme qui comble sans cesse de ses dons des myriades de kôṭis de créatures, de ces créatures dont j’ai précédemment indiqué le nombre sous forme d’exemple, et qu’il les comble de joie pendant le cours de quatre-vingts ans.

4. Que cet homme voyant que la vieillesse est venue pour ces êtres, qu’ils sont couverts de rides, que leur tête est blanchie, vienne à s’écrier : Hélas ! tous ces êtres sont livrés à la corruption [du mal]. Ah ! puissé-je les instruire au moyen de la loi !

5. Que cet homme alors leur expose la loi et qu’il leur explique ce que c’est que le terrain du Nirvâṇa ; [qu’il leur dise :] Toutes les existences sont semblables à un mirage(188 a) ; sachez promptement vous détacher de toutes les existences.

6. Et que tous ces êtres, ayant entendu la loi de la bouche de cet homme généreux, deviennent en ce moment même des Arhats affranchis de toute faute et parvenus à leur dernière existence.

7. Eh bien, il recueillera beaucoup plus de mérites que cet homme, celui qui entendra une seule stance de la loi qui lui aura été transmise, et qui en témoignera de la satisfaction. La masse des mérites de celui dont j’ai parlé le premier n’est pas même une partie des mérites du second.

8. Voilà quels seront les mérites, mérites infinis et sans mesure, de celui qui aura entendu ne fût-ce qu’une stance de cette loi qu’on lui aura transmise ; que dirai-je de celui qui l’entendrait de ma bouche !

9. Et si quelqu’un excite en ce monde ne fût-ce qu’un seul être, en lui disant : Viens et écoute la loi, f. 188 b.car ce Sûtra est bien difficile à comprendre, dût-on y consacrer plusieurs myriades de kôṭis de Kalpas ;

10. Et si l’être ainsi excité vient à entendre ce Sûtra, ne fût-ce qu’un seul instant, écoute quelle est la récompense de cette action : Jamais il n’a aucune maladie de la bouche.

11. Jamais sa langue n’est malade ; jamais ses dents ne tombent, elles ne sont jamais ni noires, ni jaunes, ni inégales ; jamais ses lèvres n’offrent un aspect repoussant.

12. Sa face n’est ni de travers, ni blafarde, ni trop longue ; son nez n’est pas aplati ; au contraire, son nez, son front, ses dents, ses lèvres et le contour de son visage sont parfaitement formés.

13. Son aspect est toujours agréable pour les hommes qui le voient ; jamais sa bouche n’exhale de mauvaise odeur ; un parfum semblable à celui du lotus bleu s’en échappe sans cesse.

14. Qu’un homme plein de fermeté sorte de sa maison pour aller dans un Vihâra entendre cette loi, et qu’y étant arrivé, il l’écoute un seul instant, apprenez la récompense qu’en recevra cet homme dont l’esprit est calme.

15. Son corps est d’une blancheur parfaite ; cet homme plein de fermeté s’avance porté sur des chars traînés par des chevaux ; il monte des chars élevés, attelés d’éléphants et embellis de pierres précieuses.

16. Il possède des palanquins couverts d’ornements et portés par un grand nombre d’hommes ; car c’est là la belle récompensef. 189 a. qu’il reçoit lorsqu’il est allé entendre ce Sûtra.

17. Lorsqu’il s’est assis au milieu de l’assemblée, il devient, en récompense de la pure action qu’il a faite, possesseur des siéges de Çakra, de Brahma et de ceux des Chefs des hommes.


Notes du chapitre XVII

CHAPITRES XVII ET XVIII.

f. 185 a. Asam̃khyêyas.] Ce mot signifie « innumérable. » On trouvera une note sur ce terme à l’Appendice, no XX.

f. 185 b. Des Çrôtâpannas.] Sur ce terme et sur les suivants, voyez l’Introduction à l’histoire du Buddhisme indien, t. I, p. 291 et suiv. Sur les huit délivrances ou affranchissements, voyez ci-dessus, chap. vi, f. 82 b, p. 386. et Appendice, no XV.

f. 188 a. St. 5. Semblables à un mirage.] Ajoutez, « et à de l’écume. »

f. 189 b. Le chameau.] Un des manuscrits de M. Hodgson lit l’éléphant ; un autre manuscrit omet le mot. La leçon du manuscrit qui substitue l’éléphant au chameau est la meilleure, parce que le cri du chameau va être indiqué une ligne plus bas.

f. 191 a. St. 15. Les Akanichṭhas et les Dêvas Abhâsvaras.] Quant au nom de ces divinités, voyez Introduction à l’histoire du Buddhisme indien, t. I, Appendice, p. 184 et 616, et de plus, p. 611 et 612.

f. 191 b. Du Djâtika.] Lisez, « de la Djâtikâ. » Voici la synonymie de ces noms d’après Wilson. La Djâtikâ, qui plus bas, st. 28, est nommée Djâtiyâ, est probablement la même plante que la Djâti ou le jasminum grandiflorum. La Mallikâ est le jasminum zambac ou jasmin d’Arabie. Le Tchampâka est le Mitchelia tchampaka. Le Pâṭala est la Bignonia suaveolens, ou la fleur en trompette. L’Utpala est le nymphæa cærulea, ou le nymphæa bleu. Le Padma est le nelambium speciosum. Le Kumuda est le nymphæa rubra. Le Pandarika est le lotus blanc, sans doute le nymphæa alba. Le Sâugandhika est le nymphæa lotus, ou lis blanc d’eau. Il faut en outre voir sur ces derniers noms qui désignent des plantes aquatiques, les recherches de M. E. Ariel, qui s’est attaché, dans l’Inde même où il réside, à fixer avec précision la synonymie des noms indiens, et leur rapport avec les végétaux mêmes qu’il avait sous les yeux[1]. En sanscrit Tchandana est le sirium myrtifolium. Le Tamâlapatra est à proprement parler la feuille du Tamâla, qui serait soit le xanthocymus pictorius, soit le laurus cassia. Le Tagara est le Tabernæmontana coronaria. L’Agaru est l’aquilaria agalloca ou l’aloès.

Des fleurs divines du Pâridjâta.] Nous trouvons ici des noms de plantes ou d’arbres qualifiés de divins ou célestes. À ce compte ils n’auraient pas le droit de nous occuper, parce que nous pouvons ignorer à jamais comment se les représentait l’imagination indienne. Quelques-uns de ces noms ont cependant des synonymies terrestres, et ce sont celles-là qu’il faut relever. Le Pâridjâta est l’Erythrina fulgens ou l’arbre de corail. Le Kôvidâra est le Bauhinia variegata ou une espèce d’ébène. Le Mandârava nous a déjà occupés ci-dessus, chap. I, f. 4 a, p. 306 ; ce serait, selon Wilson, un autre nom de l’Erythrina fulgens. Il en faut dire autant du Mañdjûchaka ou du Mahâmañdjûchaka, dont le premier, nommé par Wilson Mandjûchâ, désigne la garance du Bengale. Il est aisé de reconnaître que pour se représenter les arbres divins, on a pris les végétaux les plus remarquables par la beauté de leurs fleurs.

f. 194 b. Seront toutes, il faut aussi le savoir, des saveurs divines.] La comparaison des trois manuscrits qui sont actuellement sous mes yeux me prouve que je n’ai pas rendu ce passage assez exactement ; on doit lire ainsi toute la phrase : « produiront toutes, il faut le savoir, des goûts excellents, et il les percevra ainsi. » Une correction analogue doit être faite à la phrase suivante : « et les saveurs désagréables elles-mêmes, etc. ; » cette phrase doit être remplacée par ce qui suit : « et les saveurs désagréables » elles-mêmes qui viendront se déposer sur sa langue, produiront des goûts divins. »

f. 195 b. Les rois Balatchakravartins eux-mêmes.] Après ces mots les deux manuscrits de M. Hodgson ajoutent : « et les rois Tchakravartins ; » ces derniers mots doivent être rétablis dans le texte, et leur présence est ici d’autant plus nécessaire, que c’est à eux que se rapporte l’épithète de « possesseurs des sept choses précieuses. » On sait en effet que les Tchakravartins ont seuls le privilége de posséder sept objets de grand prix qui sont énumérés dans beaucoup de livres, et notamment dans le Lalita vistara[2]. Je renvoie le lecteur aux remarques que j’ai exposées sur le titre de Tchakravartin, ci-dessus, chap. 1, f. 4 b, p. 307 et 308, et chap. vii, f. 89 a, p. 387 et 388.

f. 197 b. Il exposera tout ce qui aura été dit par le Tathâgata.] Le rapprochement de la phrase suivante prouve qu’il faut faire rapporter le mot tout à Tathâgata, et traduire ainsi : « il exposera ce qui aura été dit par tous les Tathâgatas. »


  1. Ariel, Tchorapantchaçat, dans Journ. Asiat. IVe série, t. XI, p. 531.
  2. Rgya tcher rolpa, t. II, p. 14 et suiv. Conf. ci-dessus, p. 321, et Appendice, no VIII.