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une exhortation. Mais je ne sache pas qu’Ésope ait adressé ses fables aux enfants et qu’il en ait négligé l’application morale. En réalité αἶνος est un vieux mot employé par les poètes pour désigner un récit, une historiette en général ; μῦθος est un terme plus récent et qui vise particulièrement la fiction qui fait le fond de la fable, et λόγος s’applique à la fable en tant qu’elle est un récit en prose. Ésope est appelé tantôt μυθοποιός tantôt λογοποιός ; mais les manuscrits des fables portent toujours le titre d’Αἰσώπου μῦθοι.


Les diverses sortes de fables.

À côté des fables d’Ésope, les anciens reconnaissaient plusieurs autres espèces. Il est question chez Eschyle (fr. 42) de fables libystiques, et Aristote (Rhét. II, 20) associe aux fables ésopiques les fables libyques. Les rhéteurs énumèrent en outre des fables sybaritiques, phrygiennes, ciliciennes, cariennes, égyptiennes, cypriennes[1]. Ils citent même des noms d’auteurs : Kybissès ou Kybissos pour les fables libyennes, Thouris pour les fables sybaritiques, Konnis pour les fables ciliciennes. Y avait-il entre ces espèces de fables des différences de nature ? Le scholiaste d’Aristophane (Oiseaux, 471) prétend que les fables ésopiques se distinguent des sybaritiques en ce que, dans les premières, les personnages sont des animaux, dans les secondes, des hommes, et il ajoute : « Quelques-uns appellent sybaritiques les fables courtes et concises, comme Mnésimaque dans le Φαρμακοπώλης (Koch, II, 299). » Les anciens, on le voit, n’étaient pas d’accord sur ce point. Parce que certaines fables ou un Sybarite est en scène sont des traits de naïveté hyperbolique, certains philologues modernes ont voulu voir dans la naïveté exagérée à plaisir la marque particulière des fables sybaritiques. En réalité toutes ces fables ne diffèrent que de nom. D’après Théon, la seule différence qu’il y ait entre elles, consiste dans la citation d’auteur qui est faite au début ; une fable est dite ésopique ou lybienne, quand elle commence par : Ésope a dit, un Libyen a dit, et ainsi des autres ; si aucune addition ne désigne l’espèce, on l’appelle communé-

  1. Nicolaos, Προγυμ. ch. 6 περὶ μύθου ; Théon, Προγυμ. ch. 3 περὶ μύθου ; Hermogène, Προγυμ. ch. 1 ; Aphthonios Προγυμ. ch. 1 ὄρος μύθου.