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quatre-vingts enfants ; la fable du Mulet chargé de sel, puis d’éponges n’est encore chez lui qu’une idée de Thalès qui conseille à des âniers dont l’âne chargé de sel se laissait tomber dans l’eau, de substituer à la charge de sel une charge d’éponges. Enfin les œuvres morales de Plutarque sont égayées sans cesse de bons mots et d’historiettes, de γέλοια comme ceux qu’on prêtait à Ésope au temps d’Aristophane. Tel est le mot de la femme en travail qui ne veut pas qu’on l’étende sur son lit, parce que c’est là que son mal lui est advenu. Phèdre avait déjà versifié ce mot plaisant. De même l’anecdote du poète latin Scurra et Rusticus se lit également dans les Propos de Table de Plutarque, sous le nom du bateleur Parménon. On retrouve également chez l’un et chez l’autre le même mot sur les animaux naissant avec des têtes d’hommes : « Si tu veux écarter ce prodige, donne des femmes à tes bergers (à tes palefreniers, dit Plutarque). » De ces rencontres on peut conclure que Phèdre et Plutarque ont puisé aux mêmes sources.


La fable au IIe siècle. Lucien.

Au IIe siècle, Galien nous fait connaître deux fables : Les deux Besaces et L’Âne et le petit Chien. Mais c’est surtout chez Lucien que nous trouvons à cueillir, presque autant que chez Plutarque. Il est vrai qu’au lieu de citer, Lucien se borne généralement à des allusions rapides, et que nous connaissons déjà par des écrivains plus anciens les fables qu’il rappelle. En voici quatre pourtant qui sont signalées chez lui pour la première fois : L’ Homme qui compte les flots, L’Âne revêtu de la peau du lion, Les Singes dansants, Le Chien et le Cheval. Ajoutons-y quelques autres qu’on trouve chez les auteurs du même temps : chez Hermogène, Les Singes qui bâtissent une ville ; chez Maxime de Tyr, Le Renard et le Berger, Le Berger et le Boucher ; chez Élien, Le Cochon et le Renard.


Nicostrate.

Dans ce même siècle, le rhéteur Nicostrate, contemporain de Marc Aurèle, publia une Δεκαμυθίαν, ou dix livres de fables. Un autre rhéteur du même temps, Hermogène (Περὶ ἰδεῶν § 394) nous apprend que Nicostrate avait inventé beaucoup de fables, non seulement ésopiques, mais encore dramatiques.