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Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/131

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Les réflexions que nous venons de faire sur l’instinct et sur la raison, démontrent combien l’homme est à tous égards supérieur aux bêtes. On voit que l’instinct n’est sûr qu’autant qu’il est borné et que si, étant plus étendu, il ocasionne des erreurs, il a l’avantage d’être d’un plus grand secours, de conduire à des découvertes plus grandes et plus utiles, et de trouver dans la raison un surveillant qui l’avertit et qui le corige.

L’instinct des bêtes ne remarque dans les objets qu’un petit nombre de propriétés. Il n’embrasse que des connoissances pratiques ; par conséquent, il ne fait point, ou presque point d’abstractions. Pour fuir ce qui leur est contraire, pour rechercher ce qui leur est propre, il n’est pas nécessaire qu’elles décomposent les choses qu’elles craignent ou qu’elles desirent. Ont-elles faim, elles ne considerent pas séparément les qualités et les alimens : elles cherchent seulement telle ou telle nouriture. N’ont-elles plus faim, elles ne s’ocupe plus des alimens ni des qualités : en un mot, les choses, ou, comme parlent les philosophes, les substances sont le seul objet de le desirs.

Dès qu’elles forment peu d’abstractions,