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Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/145

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connoissance de ce qu’il produit, qui, sans dessein, sans vue, raporte cependant chaque être à des fins particulieres subordonnées à une fin générale ? Si l’objet est trop vaste, qu’on jette les yeux sur le plus vil insecte : que de finesse ! que de beauté ! que de magnificence dans les organes ! que de précautions dans le choix des armes, tant offensives que défensives ! que de sagesse dans les moyens dont il a été pourvu à sa subsistance ! mais pour observer quelque chose qui nous est plus intime, ne sortons pas de nous-mêmes. Que chacun considere avec quel ordre les [502] sens concourent à sa conservation, comment il dépend de tout ce qui l’environne, et tient à tout par des sentimens de plaisir ou de douleur. Qu’il remarque comment ses organes sont faits pour lui transmettre des perceptions ; son ame pour opérer sur ces perceptions, en former tous les jours de nouvelles idées, et aquérir une intelligence qu’elle ose refuser au premier être. Il conclura sans doute que celui qui nous enrichit de tant de sensations diférentes, connoît le présent qu’il nous fait ; qu’il ne donne point