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Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/149

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qu’elles éprouvent des changemens successifs, il faut qu’elles durent, et par conséquent il faut qu’elles commencent et qu’elles puissent finir.

[504] Mais, s’il est nécessaire que tout être limité dure, il ne l’est pas que la succession soit absolument la même dans tous, en sorte que la durée de l’un réponde à la durée de l’autre, instans pour instans. Quoique le monde et moi nous soyons créés dans la même éternité, nous avons chacun notre propre durée. Il dure par la succession de ses modes, je dure par la succession des miens ; et parce que ces deux successions peuvent être l’une sans l’autre, il a duré sans moi, je pourois durer sans lui, et nous pourions finir tous deux.

Il suffit donc de réfléchir sur la nature de la durée, pour apercevoir, autant que notre foible vue peut le permettre, comment le premier principe, sans altérer son immutabilité, est libre de faire naître ou mourir les choses plutôt ou plus tard. Cela vient uniquement du pouvoir qu’il a de changer la succession des modes de chaque substance. Que, par exemple, l’ordre