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Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/150

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de l’univers eût été tout autre ; le monde, comme on l’a prouvé ailleurs, compteroit des millions d’années, ou seulement quelques minutes, et c’est une suite de l’ordre établi que chaque chose naisse et meure dans le tems. La premiere cause est donc libre, parce qu’elle produit dans les créatures telle variation et telle succession qui lui plaît, et elle est immuable, parce qu’elle fait tout cela dans un instant, qui coexiste à toute la durée des créatures.

La limitation des créatures nous fait concevoir qu’on peut toujours leur ajouter quelque chose. On pouroit, par exemple, augmenter l’étendue de notre esprit, en sorte qu’il aperçût tout à-la-fois cent idées, mille ou davantage, comme il en aperçoit actuellement deux. Mais, par la notion que nous venons de nous faire du premier être, nous ne concevons pas qu’on puisse rien lui ajouter. Son intelligence, par exemple, ne sauroit s’étendre à de nouvelles