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Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/176

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nous peu de grands vices, il y auroit aussi peu de grandes vertus ; et comme nous tomberions dans moins d’erreurs, nous serions aussi moins propres à connoître la vérité. Au lieu de nous égarer en adoptant des opinions, nous nous égarerions faute d’en avoir. Nous ne serions pas sujets à ces illusions, qui nous font quelquefois prendre le mal pour le bien : nous le serions à cette ignorance, qui empêche de discerner en général l’un de l’autre.

Quels que soient donc les effets que produise cette liaison, il falloit qu’elle fût le ressort de tout ce qui est en nous : il suffit que nous en puissions prévenir les abus ou y remédier. Or notre intérêt bien entendu nous porte à coriger nos méchantes habitudes, à entretenir ou même fortifier les bonnes, et à en aquérir de meilleures. Si nous recherchons la cause de nos égaremens, nous découvrirons comment il est possible de les éviter.

Les passions vicieuses suposent toujours quelques faux jugemens. La fausseté de l’esprit est donc la premiere habitude qu’il faut travailler à détruire.