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Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/177

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Dans l’enfance tous les hommes auroient naturellement l’esprit juste, s’ils ne jugeoient que des choses qui ont un raport plus immédiat à leur conservation. Leurs besoins demandent d’eux des opérations si simples, les circonstances varient si peu à leur égard et se répetent si souvent, que leurs erreurs doivent être rares, et que l’expérience ne peut manquer de les en retirer.

Avec l’âge nos besoins se multiplient, les circonstances changent davantage, se combinent de mille manieres, et plusieurs nous échapent souvent. Notre esprit, incapable d’observer avec ordre toute cette variété, se perd dans une multitude de considérations.

Cependant les derniers besoins que nous nous sommes faits, sont moins nécessaires à notre bonheur, et nous sommes aussi moins dificiles sur les moyens propres à les satisfaire. La curiosité nous invite à nous instruire de mille choses qui nous sont étrangeres ; et [520] dans l’impuissance où nous sommes de porter de nous-mêmes des jugemens, nous consultons nos maîtres,