Aller au contenu

Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il me semble que l’éducation pouroit prévenir la plus grande partie de nos erreurs. Si dans l’enfance nous avons peu de besoins, si l’expérience veille alors sur nous pour nous avertir de nos fausses démarches, notre esprit conserveroit sa premiere justesse, pourvu qu’on eût soin de nous donner beaucoup de connoissances pratiques, et de les proportionner toujours aux nouveaux besoins que nous avons ocasion de contracter.

Il faudroit craindre d’étouffer notre curiosité, en n’y répondant pas ; mais il ne faudroit pas aspirer à la satisfaire entièrement. Quand un enfant veut savoir des choses encore hors de sa portée, les meilleures raisons ne sont pour lui que des idées vagues ; et les mauvaises, dont on ne cherche que trop souvent à le contenter, sont des préjugés dont il lui sera peut-être impossible de se défaire. Qu’il seroit sage de laisser subsister une partie de sa curiosité, de ne pas lui dire tout, et de ne lui rien dire que de vrai ! il est bien plus avantageux pour lui de desirer encore d’aprendre, que de se croire instruit,