Aller au contenu

Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

autres à l’homme, et qu’il borne les bêtes aux premieres. Mais en vain je réfléchis sur ce que j’éprouve en moi-même, je ne puis faire avec lui cette diférence. Je ne sens pas d’un côté mon corps, et de l’autre mon ame ; je sens mon ame dans mon corps ; toutes mes sensations ne me paraissent que les modifications d’une même substance ; et je ne comprends pas ce qu’on pouroit entendre par des sensations corporelles.

D’ailleurs, quand on admettroit ces deux especes de sensations, il me semble que celles du corps ne modifieroient jamais l’ame et que celles de l’ame ne modifieroient jamais le corps. Il y auroit donc dans chaque homme deux moi, deux personnes, qui, n’ayant rien de commun dans la maniere de sentir, ne sauraient avoir aucune sorte de commerce ensemble, et dont chacune ignoreroit absolument ce qui se passeroit dans l’autre.

L’unité de personne supose nécessairement