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Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/61

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ait cru le toucher nécessaire pour aprendre aux yeux à se coriger de deux erreurs où il ne leur est pas possible de tomber.

On demandera sans doute comment dans mes principes il peut se faire qu’on voie quelquefois double ; il est aisé d’en rendre raison.

Lorsque le toucher instruit les yeux, il leur fait prendre l’habitude de se diriger tous deux sur le même objet, de voir suivant des lignes qui se réunissent au même lieu, de raporter chacun au même endroit la même sensation ; et c’est pourquoi ils voient simple.

Mais, si dans la suite quelque cause empêche ces deux lignes de se réunir, elles aboutiront à des lieux diférens. Alors les yeux continueront chacun de voir le même objet, parce qu’ils ont l’un et l’autre contracté l’habitude de raporter au-dehors la même sensation ; mais ils verront double, parce qu’il ne leur sera plus possible de raporter cette sensation au même endroit : c’est ce qui arrive, par exemple, lorsqu’on se presse le coin d’un œil.

Lorsque les yeux voient double, c’est