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LETTRES PARISIENNES (1840).

jeunes femmes, toutes jolies et toutes admirablement mises. On le sait, aux fêtes de madame la duchesse d’Orléans, on ne porte que des robes neuves ; c’est pour ces jours-là que se réservent les parures les plus fraîches, les diamants les plus beaux et les fleurs les plus nouvelles. Comme ce sont des réunions d’élite, chacun est fier d’en faire partie et chacun se met en frais pour y venir. Quand on se voit l’objet d’un choix flatteur, on devient tout de suite très-difficile pour soi-même ; les préférences ont cela de bon, qu’elles inspirent toujours un peu le désir de les mériter.

Le second bal, donné au théâtre de la Renaissance, était une vraie fête royale ; on n’a jamais rien vu de plus riche, de plus magnifique, de plus grandiose, de mieux ordonné et de plus élégant. D’abord, pour arriver, point de file : six voitures s’arrêtaient en même temps sous le péristyle, où chacun parvenait sans le moindre embarras. Là commençaient les enchantements : dans l’escalier, des glaces, des tapis, des fleurs et des flots de lumières ; dans les corridors, des glaces, des tapis, des fleurs et des flots de lumières ; dans le foyer, des tapis, des glaces, des fleurs, des flots de lumières, des canapés et des femmes éblouissantes. La salle offrait un coup d’œil dont rien ne peut donner l’idée ; les loges, sans portes, étaient tendues de riches étoffes et éclairées par de superbes candélabres en bronze doré. Le lustre était ce beau modèle renaissance, chef-d’œuvre de Chaumont, que tout le monde a admiré à l’Exposition de l’industrie cette année.

Que tout cela avait bon air ! En bas, vingt valets de pied en grande livrée ; en haut, quinze valets de chambre en grande tenue ; dans les corridors, quinze huissiers ornés de leur chaîne ; dans la salle, messieurs les commissaires portant à leur boutonnière les insignes de leur grade : un ruban bleu et la médaille de la Charité. Mesdames les patronnesses occupaient une estrade à l’entrée de la salle de bal ; elles étaient resplendissantes de parures. Leur présence expliquait l’empressement du public, on comprenait que tout le monde élégant de Paris voulût être d’une fête dont elles faisaient les honneurs.

Dans le foyer, on allait admirer les lots qui allaient se tirer à la loterie. Une poupée en cire, habillée en mariée, était