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LETTRES PARISIENNES (1837).

tribune ; nous ne croyons pas ces appréciations littéraires convenables lorsqu’il s’agit de l’éloquence religieuse ; nous ne nous reconnaissons pas le droit de juger un prêtre qui parle au nom de Dieu, comme nous jugeons un député qui parle au nom de ses commettants. Si la représentation nationale est respectable, la représentation divine est sacrée ; il nous semble même que c’est faire injure à ces austères inspirés que de les louer comme des hommes de talent, que de jeter au milieu de leurs saintes pensées des préoccupations de rhétorique et de grammaire. Nous ne croyons pas, par exemple, que M. de Brézé soit très-flatté qu’on loue la grâce de sa diction, sa parole pleine de suavité et d’élégance ; nous ne croyons pas non plus que M. l’abbé Dupanloup puisse trouver convenable que l’on vante son langage fleuri. Quant à M. l’abbé Combalot, nous savons déjà ce qu’il pense de la publicité donnée dans les journaux aux sermons de l’Église, et nous citerons à l’appui de notre opinion le passage d’une lettre qu’il écrivait à monseigneur l’évêque d’Agen, au sujet des sténographes qui faisaient imprimer les conférences. : « Que deviendrait la prédication catholique en France, si on sténographiait tous les discours des orateurs chrétiens ? Travestir un prédicateur, ce n’est pas rendre service à l’Église ; reproduire ses inspirations par la presse, c’est tuer sa parole : car, si le prédicateur évangélique fait imprimer ses discours (et lui seul a ce droit), il faut qu’il renonce à la chaire. »

Nous dirons donc ce qui est vrai, c’est que la foule se porte à Notre-Dame pour écouter M. l’abbé de Ravignan ; qu’elle envahit Saint-Roch, où prêche M. l’abbé Dupanloup ; Saint-Thomas d’Aquin, où prêche M. Deguerry ; Saint-Sulpice, où l’on entend M. Grivel, et Saint-Eustache, où l’on entend M. l’abbé Combalot. Mais nous dirons cela comme un fait, pour constater un retour à la religion, dont nous sommes heureux, et non pour faire valoir l’éloquence de ces orateurs suprêmes, qui parlent pour notre salut et non pas pour leur gloire, et que nous croyons au-dessus des succès.

Nous sommes allé au Salon ; nous y allions en bourgeois pour y chercher des impressions de peinture, mais bientôt nous nous y sommes vu malgré nous changé en philosophe, entraîné