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Page:Œuvres de Schiller, Poésies, 1859.djvu/247

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riches trésors Ce qui charme le plus ton âme, Et jette-le dans cette mer ! »

Et il lui répond, ému de crainte : « Dans tout ce que mon île enserre, Cet anneau est mon bien le plus précieux. Je veux le consacrer aux Furies, Peut-être alors me pardonneront-elles mon bonheur. » Et il lance le joyau dans les flots.

Aux premières lueurs de la prochaine aurore, Se présente, le visage radieux, Un pécheur devant le prince : « Seigneur, dit-il, j’ai pris un poisson, Comme jamais encore il n’en est entré dans mes filets, Je te l’apporte en présent. »

Et quand le cuisinier eut dépecé le poisson, Il accourt tout hors de lui, Et s’écrie, le regard stupéfait : « Vois, seigneur, l’anneau que tu portais, Je l’ai trouvé dans le ventre du poisson, Oh ! ton bonheur est sans bornes ! »

Alors l’hôte se détourne avec horreur : « Je ne puis donc séjourner ici plus longtemps, Tu ne peux être désormais mon ami. Les dieux veulent ta perte ; Je fuis, pour ne pas périr avec toi. » Il dit et s’embarque au plus vite.


CHANT FUNÈBRE D’UN NADOESSIS[1].


Voyez, il est là assis sur sa natte, assis droit, dans l’attitude qu’il avait lorsqu’il voyait encore la lumière.

  1. Ce chant est de 1797. Schiller en avait pris l’idée et la plupart des détails dans le Voyage de l’Anglo-Américain Th. Carver, qui, vers le milieu du xviii siècle, avait passé sept mois chez les Nadoessis, tribu sauvage de l’Amérique du Nord.