chanteur. Les joues, mouillées de la rosée des larmes, s’enflammèrent doucement ; le désir survivant à la jouissance annonça l’union des âmes.
La plus parfaite sagesse des sages, la douceur des bons, la puissance des forts, la grâce des plus nobles, vous les confondîtes dans une même image, que vous entourâtes d’une auréole. L’homme tressaillit devant l’inconnu ; il s’éprit pour ce reflet de lui-même, et d’illustres héros brûlèrent de ressembler au grand Être. Le premier son du type primitif de toute beauté, vous le fîtes retentir dans la nature.
L’impulsion fougueuse des passions, les jeux déréglés du hasard, la contrainte des devoirs et des instincts, vous les disposez avec un sentiment judicieux, les dirigeant, d’après une règle rigoureuse, vers le but. Ce que la nature, sur sa grande scène, sépare, et place à de lointaines distances, devient sur le théâtre, dans un poème, une partie, facile à saisir, de l’ensemble régulier. Effrayé par le chœur des Euménides, le meurtre, bien qu’ignoré de tous, déduit pour lui-même de ce chant la sentence de mort. Longtemps avant que les sages risquent leur jugement, une Iliade résout les énigmes de la destinée à nos devanciers jeunes encore. Du chariot de Thespis, la Providence descendait sans bruit dans le cours des événements du monde.
Pourtant dans le grand train du monde votre symétrie fut trop tôt portée. Comme la sombre main de la destinée ne dénouait pas à vos yeux ce qu’à vos yeux elle nouait, et que la vie se perdait dans l’abîme, avant d’avoir achevé le beau cercle commencé, votre audace arbitraire prolongea la courbe dans la nuit de l’avenir ; vous précipitant sans frissonner dans le sombre océan de l’Averne, vous retrouvâtes, par-delà l’urne fatale, l’existence évanouie. Là se montra, appuyée sur Castor, une torche renversée à la main, la florissante image de Pollux : l’ombre parut sur la face de la lune et l’arrondit, avant que se fût rempli son beau disque d’argent.
Cependant le génie créateur s’éleva, plus haut toujours, à des