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Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/318

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MAURIN DES MAURES

CHAPITRE XXXIX


Comme quoi, grâce à l’ingéniosité de Maurin, les Gonfaronnais virent enfin voler un âne et comment le roi des Maures connut, à l’instar de tous les vrais héros, son heure d’impopularité.


Les chasseurs gonfaronnais, amis de Maurin, n’étaient pas chez eux. Ils étaient allés battre la montagne.

Maurin se demandait s’il n’irait pas chercher un gîte, sur la route des Mayons-du-Luc, chez un vieux paysan de sa connaissance, et il était là, au mitan de la place, devant l’église, son chien sur ses talons, incertain de ce qu’il ferait.

Voyant un « étranger du dehors », un à un, quelques écoliers qui ne le connaissaient pas s’attroupèrent autour de lui, parlant de lui à voix basse, s’étonnant de son immobilité, de son air indécis et singulier.

Les générations nouvelles ignorent celles qui les ont immédiatement précédées, et tel reconnaîtrait Henri IV sur la grand’route, qui voit passer un Maurin des Maures sans se retourner.

Donc les enfants chuchotaient entre eux :

— Que cherche-t-il celui-là ?… Il a perdu quelque chose ?…

Derrière les enfants, peu à peu, se forma un cercle de vieilles radoteuses dont la présence attira quelques jeunes paysans sans expérience qui rentraient du travail ; et tout ce monde regardait Maurin.