Aller au contenu

Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/379

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
361
MAURIN DES MAURES

lui dis-je, en attendant que je revienne. J’ai oublié de faire boire le mulet ! — Tu iras plus tard, » me dit-elle.

« Mais tout de même j’y allai tout de suite, content de lui montrer que si, un moment, les femmes nous font perdre l’idée de ce que nous avons à faire, on la retrouve bientôt et l’on s’y tient quand on est vraiment un homme ! Malheureusement, cette histoire ; je l’ai contée à un collègue, et des plaisanteries, là-dessus, toute la vie on m’en a fait… Quand je vous le dis, mes amis de Dieu, qu’on parle toujours trop !… Vé, vé ! attention, Hercule ! Doucement, Panpan !… Deux fusils c’est vraiment beaucoup… Oh ! la belle lièvre !…

Un lièvre détalait, celui sans doute qu’avait manqué Maurin une demi-heure auparavant.

Le coup de fusil de Pastouré fut plus heureux.

— Il en tient !

« Apporte, Panpan ! À Maurin ce coup de fusil, qu’il entend là-bas, fait comprendre que je le veille, car j’ai tiré avec son fusil ; et son maître en reconnaîtrait le son entre mille… Il faut qu’il leur échappe, voleur de sort ! c’est euss qui rentreront sans rien au carnier, canaille de sort !

À peine venait-il d’attacher le lièvre par les pattes, de façon à pouvoir le porter en bandoulière comme une musette, qu’il s’arrêta dans ses gestes, au moment précis où son gibier, tenu en l’air à deux bras, le couronnait d’un trophée de victoire.

Dans cette attitude, il demeura un instant silencieux, la tête un peu inclinée et l’oreille tendue comme s’il écoutait attentivement un bruit encore éloigné.

— Je crois, murmura-t-il, que le tonnerre approche !