Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/112

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soldats espagnols entraient dans les savanes, ils commençaient par décharger leurs fusils et faire des feux de file tant qu’il leur restait de la poudre, dans le but d’avertir les boucaniers de leur présence et de les engager ainsi à s’en aller d’un autre côté, ce que ceux-ci ne manquaient pas de faire, non par crainte, mais pour ne pas être dérangés dans leurs chasses.

Cette précaution d’armer de lances des soldats destinés à combattre des ennemis porteurs d’excellents fusils et d’une adresse si renommée, qu’à cinq cents pas ils coupaient avec une balle la queue d’une orange sur la branche, faisait à la fois la critique des soldats et du gouvernement qui les employait.

En effet, quelle confiance devait-on mettre en de tels hommes, en cas de rencontres ; et que penser de l’humanité de ce gouvernement qui envoyait froidement et de parti pris ces pauvres diables à un massacre certain ?

La Cinquantaine, son alferez en tête, était rangée en bataille à une dizaine de pas tout au plus du bois, dans un endroit assez découvert, mais de tous les côtés entouré d’épais buissons, que la terreur des Espagnols peuplait d’ennemis invisibles.

Les lances et les sabres étaient réunis en monceaux devant eux sur le sol.

Cependant le Poletais marchait un peu en avant de ses compagnons.