Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/113

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Il jeta un regard narquois sur les Espagnols, et, après un instant de silence qui fit courir un frisson de crainte dans les veines des vaincus, il se décida enfin à prendre la parole de sa voix goguenarde :

— Ah ! ah ! dit-il, caballeros, vous vous êtes enfin décidés ?

— Seigneurie, dit humblement l’alferez, notre devoir de soldats nous empêchait de mettre bas les armes devant des forces inférieures.

— Et maintenant, reprit le Poletais d’un air narquois, vous avez reconnu votre erreur ?

— Oui, seigneurie. Aussi, vous le voyez, nous n’avons pas hésité.

— Je vois, dit brutalement le Poletais, en riant sans cérémonie au nez de l’alferez, que vous êtes des imbéciles et des poltrons.

— Seigneurie ! fit l’officier qui se redressa.

— Pardieu ! allez-vous reprendre vos airs de matamores maintenant ; je vous avertis qu’ils ne sont plus de saison. Vous vous êtes rendus à six hommes, ajouta-t-il avec une incroyable effronterie. Il est vrai, ajouta-t-il avec un orgueil superbe, que ces six hommes sont des Frères de la Côte et que chacun d’eux vaut dix de vous autres.

— Malédiction ! s’écria l’officier avec rage.

— Trêve de doléances et exécutez-vous de bonne grâce, mes maîtres, reprit sèchement le boucanier. Señor lieutenant, faites attacher vos hommes.

— Mais quelles conditions ?…