Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/154

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— Oui, c’était suffisant, ajouta Pierre Legrand.

— Et voilà, matelots, comment nous sommes en route pour prendre Carthagène ; n’est-ce pas, Ourson ?

— C’est l’exacte vérité, dit en souriant le capitaine.

L’explication était claire, simple, et surtout elle parut très-logique à ces hommes qui n’avaient même pas besoin de prétextes quand il leur plaisait de courir sus aux Espagnols.

— Messieurs, dit Ourson au bout d’un instant, la nuit s’avance, nous avons tous besoin de repos avant de nous séparer, je désire m’entendre avec vous, au sujet d’une mesure urgente qu’il nous faut prendre sans retard.

Le silence se rétablit aussitôt.

— Nous vous écoutons, capitaine, dit le Poletais.

— Voici ce dont il s’agit, messieurs, reprit le capitaine ; notre armement a été si vivement fait que nos hommes n’ont que les trois livres de farine réglementaires et les cinq livres de viande boucanée, qu’ils sont tenus d’apporter avec eux. Les magasins de Port-Margot étaient si mal fournis, et les marchands élevaient si haut leurs prétentions que je me suis vu contraint de refuser de traiter avec eux ; de sorte que nos soutes sont vides. Nous avons de la poudre, des balles et des boulets en abondance, mais nous manquons complétement de