Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Les dix onces, seigneurie, s’écria vivement le pilote dont les yeux brillèrent de convoitise.

— Bien, marché conclu ; maintenant prends le commandement et fais-nous entrer dans le port.

Le pilote s’inclina et se mit en mesure d’obéir.

L’Espagnol avait bravement pris son parti de sa mésaventure, les dix onces d’or promises si généreusement en avaient fait, temporairement du moins, un séide des Frères de la Côte.

Il les guida avec une adresse extrême dans la passe, et bientôt la frégate se trouva à demi-portée de canon du village, plongé encore dans le silence le plus complet.

Le réveil devait être rude.

Le capitaine laissa tomber l’ancre et fit carguer les voiles ; puis, donnant le commandement de la frégate à Pierre Legrand, il se fit mettre à terre, en ayant soin de prendre le pilote avec lui.

Trois embarcations, montées par une centaine de flibustiers, suivaient celle du capitaine. Les quatre embarcations atteignirent le rivage en quelques coups d’aviron.

Ourson, de crainte de surprise, dès qu’elles eurent débarqué leur monde, leur ordonna de se tenir au large ; puis se tournant vers le pilote :

— Quelles sont les autorités du village ? lui demanda-t-il.

— Il n’y en a qu’une seule, seigneurie, répondit-il, un alcade.