Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/208

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non sans s’être assuré auparavant, que le comte et son escorte avaient disparu dans les méandres de la route, et que, si loin que la vue pouvait s’étendre dans toutes les directions, aucune créature humaine n’apparaissait.

Don Torribio fit alors un brusque crochet sur la droite, un second quelques instants après sur la gauche ; puis il se trouva à l’entrée de la forêt et s’engagea au galop dans un chemin creux, bordé de chaque côté d’arbres touffus, dont l’épais feuillage formait une voûte impénétrable au-dessus de sa tête.

Au bout d’un quart d’heure à peine, il atteignait un misérable jacal, fait de branches sèches entrelacées, tel que les coureurs de bois, les chasseurs et les habitants de la campagne ont l’habitude d’en construire, pour se mettre à l’abri des rayons ardents du soleil ou des averses furieuses.

Au bruit du galop du cheval, un grand gaillard, aux traits pâlis et émaciés par la misère et les privations, mais aux regards ardents, à l’expression sombre et énergique, parut subitement sur le seuil du jacal.

Cet homme, dans la force de l’âge, était orgueilleusement drapé dans des guenilles sordides et indescriptibles ; il avait un long couteau et une hache à la ceinture et les deux mains croisées sur l’extrémité du canon d’un fusil de boucanier, dont