venir de moi, mon cher capitaine, et maintenant que voilà nos affaires réglées, causons : voulez-vous ?
— Mais, objecta don Ramon, ce diamant…
— Eh bien, c’est le prix de votre indigo et de votre café ; vous me les avez vendus avec un bénéfice de cent pour cent, voilà tout. Je vous donne un diamant parce que c’est plus portatif que de l’or ; serrez-le et n’en parlons plus. Dites-moi, qui est gouverneur de Cartagena, en ce moment ?
— Don José Rivas, comte de Figaroa, un digne gentilhomme qui a une fille charmante.
— Ah ! il a une fille, une enfant, sans doute ?
— Mais non, cher seigneur, doña Elmina a près de seize ans, autant que j’ai pu en juger.
— La fille du gouverneur se nomme doña Elmina ? dit Ourson qui tressaillit, et, belle comme vous le dites, cette jeune dame doit être fort courtisée.
— J’ignore si elle est courtisée ; seulement je sais qu’on parlait fort de son mariage prochain, au moment de mon départ.
— Doña Elmina se marie ! s’écria Ourson qui devint livide.
— À ce qu’on dit, du moins, répondit d’un ton placide don Ramon, qui était loin de se douter de la portée de ses paroles.
— Et quel est l’heureux mortel… ?
— Ma foi, cher seigneur, cet heureux mortel,