Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/248

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— Elmina, chère Elmina, reprit la jeune fille en la baisant au front, ne te laisse pas ainsi abattre par la douleur ; reviens à toi, reprends courage. Ton malheur est grand, mais la puissance de Dieu est infinie.

— Non, Lilia ! non, ma chérie ! Dieu lui-même ne pourrait me sauver. Je suis sous la griffe puissante du tigre et, tu le sais, le tigre est implacable ; je mourrai.

— Mourir, toi !

— Oui, Lilia, je mourrai plutôt que d’accomplir le sacrifice affreux que mon père prétend m’imposer.

— Est-ce toi que j’entends ? toi si brave, si résolue, si pleine d’espoir encore il y a deux heures à peine !

— J’espérais, tu as raison ; quoi ? je l’ignore moi-même. On espère toujours, hélas ! quand on souffre ; et je souffre, Lilia, ma chérie.

— Pauvre et chère amie, reviens à toi ; je te le répète, ne te laisse pas abattre ainsi ; ce qui s’est passé pendant la visite de ton père n’a rien qui doive te surprendre, tu t’y attendais ; sois forte, reprenons notre causerie si malencontreusement interrompue, achève cette confidence à peine effleurée, peut-être…

— N’insiste pas, ma chère Lilia, interrompit vivement doña Elmina en redressant la tête, ce ne sont que des folies créées par mon imagination en