Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/61

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moment où le soleil commençait à disparaître derrière les flots bleus de l’Atlantique, le capitaine, sourd aux rumeurs de la ville, se promenait nonchalamment sur la plage, le cigare à la bouche, la tête penchée sur la poitrine, les bras derrière le dos, et suivi pas à pas par ses chiens et ses sangliers.

— Holà ! lui cria tout à coup une voix joyeuse, que fais-tu donc là, rêveur endiablé, lorsque toute la ville est en liesse ?

Le capitaine releva la tête et tendant, avec un sourire, la main à son interlocuteur, un des chefs les plus renommés de la flibuste :

— Tu le vois, mon cher Vent-en-Panne, répondit-il, je me promène en admirant le coucher du soleil.

— Beau plaisir ! dit en riant le flibustier. Viens plutôt avec moi, au lieu de rester ici errer seul, comme une âme en peine, sur la plage.

— Que veux-tu, cher ami, chacun prend son plaisir où il le trouve.

— Je n’ai rien à redire à cela ; mais pourquoi refuses-tu de m’accompagner ?

— Je ne t’ai pas refusé encore ; cependant, si cela t’est égal, je n’irai pas avec toi : tu vas jouer et, tu le sais, je déteste le jeu.

— Cela t’empêche-t-il de regarder jouer les autres ?

— Nullement, mais ce spectacle m’attriste.